Chapitre 1 : Sur le chemin d'Imladris
- Legolas ? Ion nin ! Nous devons reprendre la route sans tarder.
Thranduil regardait son fils descendre agilement d'un large chêne aux frontières de Vert-Bois, prêt des montagnes de l'Ouest, pour mieux appréhender la route qui s'étendait devant lui et le paysage qui s'offrait à ces yeux. Bien que son corps fût celui d'un adulte depuis des siècles, l'elfe était encore jeune pour son peuple, et il n'avait que rarement l'occasion de franchir les frontières du royaume de son père. Sa curiosité était à son apogée en ce frais matin de printemps, et sa vue d'elfe détaillait le monde d'un air avide.
Père et fils se rendait Imladris dans le but de fêter le solstice d'été qui aurait lieu la semaine suivante, le jour même de la lune noire, un présage de mauvais augure, d'après Elrond le Semi-Elfe.
Les deux seigneurs elfes se retrouvaient également pour parler des affaires du monde, et plus particulièrement de l'ombre qui s'étendait peu à peu à l'Est, menaçant les enchantements de Vert-Bois de basculer dans l'ombre. Cette ombre, le roi Thranduil la redoutait plus qu'il ne voulait bien l'admettre, mais un soir, les yeux tournés vers les étoiles qui lui murmuraient de noirs présages, il avait ordonné à son peuple de commencer à bâtir une forteresse autour de la ville et en dessous loin de la cime des arbres. Un refuge qui les éloignerait de la lumière, et qui, il l'espérait, ne servirait jamais.
Le roi Thranduil était désireux d'instruire son unique héritier de ces choses, et bien qu'honoré que son père le juge suffisamment mûr pour prendre pleinement part de aux discussions politiques entre les deux rois, il était également impatient de retrouver les fils d'Elrond. Ils étaient ces aînés de peu et des amis depuis l'enfance, c'étaient de jeunes elfes espiègles et joyeux, et de tels compagnons manquaient dans sa forêt natale. Il y avait bien le jeune Elros, son cadet, mais ce dernier était un artiste né, alors que comme lui, les jumeaux étaient des guerriers, et ils aimaient mesurer leurs forces et leurs habilités au court de leurs rencontres trop rares.
Approchant de la terre ferme, un bruit inhabituel attira l'attention du prince. Trop discret pour être un orque, mais trop maladroit pour être un animal de la forêt. Il fit un signe à son père qu'il s'y rendait, qui semblait l'avoir perçu lui aussi, et se dirigeait dans cette direction. Il entendit un bruissement de feuilles, et il se dirigea d'un pas sur vers l'origine du bruit, l'arc à la main, prêt à abattre un éventuel ennemi, mais quand il vit enfin ce qui avait attiré son attention, il lâcha son arc, sous le choc.
- Adaaaaaa ! Hurla-t-il.
Près des chevaux, Thranduil se figea au son de la voix pleine de détresse et s'élança dans la forêt, la panique étreignant son c?ur. D'un même mouvement, les six elfes de l'escorte tirèrent leurs épées et se précipitèrent en direction du cri. Le Grand Roi des Elfes les avaient devancés, et il sentit son estomac se nouer en apercevant du sang sur le sol prêt du bosquet où il devinait son fils agenouillé sur le sol. Legolas était un guerrier, fier, et l'appeler de manière si enfantine de lui ressemblait pas...
Il écarta le feuillage d'un buisson avec appréhension, ses yeux bleus vifs cherchant une éventuelle blessure ou un adversaire à combattre. Il constata avec horreur que la tunique verte de son fils était maculée de sang, hors celui-ci semblait ne souffrir d'aucunes blessures. Agenouillé sur le sol, il serrait dans ces bras le corps très jeune d'une elfe aux cheveux roux. Ces vêtements, déchirés, étaient maculés de boue et de sang, et ces membres étaient aussi sales que sanguinolents.
Thranduil s'accroupit près d'elle et chercha un pouls sur son poignet décharné. La peau de la petite elfe était comme la glace, son c?ur battait encore faiblement, retenant presque par miracle cette vie si jeune dans son corps supplicié.
- Je ne sais pas quoi faire pour elle, ada, murmura Legolas, le regard paniqué.
Le roi se défit de son manteau rouge qui lui donnait une allure si seigneuriale et l'enroula doucement autour de la petite enfant en la prenant contre lui. Chassant les mèches de cheveux collées par le sang, il remarqua que son visage était couvert de contusions exacerbées par la pâleur de sa peau. À grandes enjambées, les elfes blonds regagnèrent leurs montures suivit par les gardes, qui écarquiller de grands yeux en voyant la mine décomposée du roi qui serrait un corps enfantin contre lui.
Les montures peu communes, soit d'immenses deux cerfs typiques du royaume sylvestre, connus pour leur grande célérité, mais aux caractères aussi incertain que celui du roi.
-Va t-elle mourir ? Souffla Legolas, les yeux remplis de tristesse.
- Non, répondit Thranduil à peine convaincu par la respiration irrégulière de la petite chose enroulée dans son manteau. Mais il faut faire vite, Elrond est son seul espoir, nous devons atteindre Imladris au plus vite.
Le crépuscule descendait sur la cité d'Imladris quand le cor de la garde sonna pour prévenir de l'arrivée du Seigneur Thranduil.
Dans ses appartements, le seigneur Elrond sourit et se leva de son bureau. Bien qu'au fil des années, il rencontrait de moins en moins le roi sylvestre, il appréciait sa présence. Sous ces airs trop fier et son caractère parfois taciturne, c'était un homme bon qui se révélait avec le temps, jovial, qui aimait la vie, la fête et le bon vin, et par-dessus tout, protecteur et soucieux des siens. Avec une lenteur gracieuse, il longea le couloir jusqu'au balcon ou il rencontra ces deux fils qui se dirigeaient également vers les portes de la ville pour accueillir les nouveaux venus. Tous trois entendirent avec surprise le cor raisonner une seconde fois, signal qu'une urgence les pressaient. Ils échangèrent un regard anxieux, ils lancèrent un regard inquisiteur aux cavaliers qui allaient à grand train sur les chemins sinueux de la vallée cachée, si bien que des chevaux se seraient sans doute tués depuis longtemps.
Hélas, aucun d'eux n'était encore capable de voir précisément les elfes, car le soleil les éblouissaient et rendait leurs vues d'elfes aussi impuissants que ceux d'un humain.
Courant d'un pas léger, Elrond et ces fils arrivèrent en hâte aux portes de la cité cachée et rencontrant Glorfindel, connu pour avoir une vue particulièrement brillante, souffla d'un air inquiet :
- Il semble qu'ils aient eu des ennuis. Les vêtements de Legolas sont tâchés de sang, et je crois qu'il y a un blessé sur la monture de Thranduil...
- Par les valars, je prie pour qu'aucun malheur n'afflige cette famille... Souffla Elrond, avec inquiétude.
Il avait vu Thranduil souffrir la mort de son père, et ce n'est que grâce au soutien de son épouse Faeriel, qu'il avait réussi à supporter cette épreuve et à endosser sans faillir ses nouvelles responsabilités de roi. Cette femme était toute sa vie, et il n'eut elfe plus heureux en ce monde quand elle lui offrit un hériter. Et les valars savent qu'il avait hâte d'en avoir d'autres.
Thranduil passa le premier les portes de la ville et démonta sans aucune forme de cérémonie, se précipitant vers Elrond qui l'avait rejoint, l'air grave.
- Nous avons trouvé cette petite seule dans la nature, déclara succinctement le roi de Vert-Bois, en entrouvrant son manteau devant le seigneur brun. Je ne sais pas si elle survivra...
Elrond tendit les bras et prit l'enfant à Thranduil, tandis que le reste du groupe sylvestre mettait pied à terre.
Elladan jeta un ?il inquiet à la petite rousse et poussa un gémissement d'horreur.
-Est-ce aussi grave que çà en à l'air ?
- Je vais la soigner sur-le-champ, elle a peut être encore une chance.. Fit tristement Elrond,.. Mes fils, je vous confie nos hôtes.
Thranduil et Glorfindel talonnèrent le seigneur des lieux, inquiet, jusqu'à la salle de soin ou Elrond gardait tous ses remèdes et outils dédiés aux soins. C'était une vaste pièce ronde, presque central dans la cité, toujours ouverte, de longues tentures blanches en guise de porte, facile et rapide d'accès de n'importe où pour permettre que chaque blessé puisse être soigné dans les meilleurs délais.
Sortant l'enfant du manteau du seigneur Thranduil, ce dernier découvrit qu'elle était, en vérité, plus jeune qu'elle y paraissait. Vêtue comme une femme, une chemise rouge avec un large décoté surmontant un corset noir étroitement serré lui dessinait une taille féminine, et une jupe noire plutôt courte couvrait ses maigre cuisses. Des vêtements que l'on voyait davantage sur les prostituées et les tavernières de basse engeances, mais certainement pas sur une enfant de neuf ou dix ans...
- Pauvre petite enfant, fit tristement Glorfindel, alors qu'Elrond déposait avec douceur la fillette sur une table de bois sculpté, regardez ces cicatrices ! Et que fait-elle vêtu ainsi...
Son visage portait peu de marques de coup, mais le reste de son corps n'était qu'ecchymoses et lacérations, des zébrures sur son dos et ces bras indiqués qu'elle avait sans doute été corrigé avec un fouet, et ceux à de trop nombreuses reprises...
- Aucun enfant ne devrait jamais avoir à supporter pareil horreur... S'épouvanta Elrond. Glorfindel, pouvez-vous commencez à nettoyer ces plaies avec de l'eau mélangée à l'atelas ? Thranduil, n'hésitez pas à arroser généreusement sa chemise, le sang de ces cicatrices à adhérer au tissu et risque de se rouvrir si nous le retirons sec...
Glorfindel et Thranduil, blême, s'exécutèrent en silence, abattu par le spectacle qui s'offrait à leurs yeux.
Le Grand Roi des Elfes leur raconta rapidement l'histoire, tandis qu'Elrond nettoyait les plaies des membres inférieurs de l'enfant, appliquant généreusement un onguent d'herbe odorante sur les chaires meurtries.
- Elle a dû fuir l'endroit d'où elle venait, mais personne n'était à sa poursuite, conclut Thranduil, les sourcils froncés. Elle ressemble à une elfe sylvestre, mais aucun enfant n'a vu le jour à Vert-Bois depuis un siècle... Elle n'est pas si vieille...
- Je ne la reconnais pas non plus, fit Elrond, pensif. En Lorien non plus, aucun enfant n'a vu le jour récemment... Si nous pouvons apprendre le nom de son père, quand elle se réveillera, nous pourrons être en mesure de découvrir qui elle est, et qu'est-ce qui a bien pu lui arrivée...
- Quel âge pensez-vous qu'elle a ? Songea Glorfindel, une dizaine d'années ?
- Sans doute, fit Thranduil désolé, à peine sorti de la petite enfance...
Elrond commença délicatement à nettoyer les meurtrissures sur le dos trop maigre, tendant la peau de manière douloureuse sur des os saillant, ou se dessinait d'anciennes lacérations déjà cicatrisées et blanchies par le temps, témoignant que la petite rousse n'en était pas à sa première correction de ce genre, si sévère soit-elle.
Il fallut un long moment à Elrond pour nettoyer et soigner toutes les blessures considérables qui recouvraient le corps frêle de l'enfant. Arwen entra dans la pièce, et portant sa main prêt de sa bouche pour étouffer une expression de surprise horrifiée: Legolas nous a racontés... C'est terrible... Comment va-t-elle, adar ?
-Elle vivra, fit l'elfe guérisseur, mais il lui faudra beaucoup de repos et de calme... Nous ne pouvons rien faire de plus pour le moment...
- Je vais lui chercher des vêtements, déclara l'elfe brune. Je suis sur que mes anciens vêtements lui conviendront...
Elle disparut de la pièce, suivit de prêt par son père.
A suivre, si vous le souhaitez...
PS : D'avance, je rampe implorante à vos genoux pour vous supplier de pardonner mes fautes d'orthographes... Oui je me suis relue, mais elles m'échappent encore et encore...
