Auteur : Kitty Gets Loose

Traductrice : Arlia Eien

Rating : M

Disclaimer: Daiya no A ne m'appartient pas, évidemment, mais appartient à Terajima Yuuji.

Disclaimer bis : De mon côté, l'histoire est la création de Kitty Gets Loose uniquement ! Je ne suis propriétaire que de la traduction.

NdT : Quelle aventure qu'a été la traduction de cette fic… ce résumé pourrait paraître évident rien que par la taille totale du texte (je peux d'ores et déjà annoncer qu'il y a 20 chapitres) mais aussi par sa complexité. Point de vue changeant systématiquement d'un chapitre à l'autre, style complexe, extérieur et assez adulte auquel j'ai eu du mal à m'habituer, tournures de phrases peu évidentes…

(Rare preuve en est, j'ai sollicité de l'aide en relecture sur l'intégralité de l'histoire. Alors, Magellan, si tu passes par-là, merci encore, avoir un regard extérieur m'a vraiment rendu service !)

Je suis néanmoins hyper fière d'en être arrivée au bout, et je remercie sincèrement Kitty de m'avoir autorisée à entreprendre cette traduction. Parce que je peux retourner les choses dans tous les sens, mais cette fic retraçant l'ensemble de la série / l'acte I du manga est décidément ma favorite dans le genre !


Being grown-up about it

Un regard d'adulte


Commission

Où Miyuki Kazuya essaye de jouer au plus fin avec Takashima Rei.


Miyuki Kazuya était le seul élève de Seidô qui pouvait s'adresser à Takashima Rei de la façon dont il le faisait sans écoper d'heures de colle. Takashima savait qu'elle aurait dû mettre le holà dès le départ, mais ce garçon était un cas particulier pour tant de raisons différentes qu'elle avait abandonné l'idée de le réprimander pour son insolence très tôt dans leur relation. A présent, plus de trois ans étaient passés depuis leur première rencontre, et Takashima ne relevait plus, sous réserve qu'il garde les pires impertinences pour les fois où personne n'écoutait leur conversation.

Mais bien qu'elle soit habituée à ce que Miyuki ne s'adresse pas à elle avec la déférence attendue d'un élève envers un professeur, cela la prit tout de même de court quand le gamin augmenta d'un cran le niveau quelques semaines après le début de sa deuxième année à Seidô. Bien entendu, cela était complètement lié au nouveau lanceur gaucher de première année qu'elle avait été si déterminée à recruter.

« Reiii-chaaan. »

Le ton moqueur de Miyuki la prit par surprise alors qu'elle marchait seule le long des cabanons de stockage un après-midi printanier.

« Tu ne me devrais pas une commission ? »

Elle s'arrêta dans son élan et se tourna pour regarder l'adolescent se prélasser, dos contre la partie ombragée du plus grand cabanon, lançant et rattrapant une balle de baseball de la main droite, ses yeux marron mutins brillant derrière les lunettes enveloppantes avec une lueur complètement inappropriée pour un gamin de seize ans.

« Qu'est-ce que tu fais ici alors que le reste de l'équipe s'entraîne ? » Demanda-t-elle de ce ton neutre qu'elle avait appris à utiliser avec lui lors de ces occasions, quand elle savait d'avance que paraître sévère s'avérerait inutile.

« Alors ? Il vaut combien ? » La pressa Miyuki. « Et quel est mon pourcentage ? »

« Miyuki-kun, tu vas devoir être plus explicite. » Déclara-t-elle platement tout en réajustant ses lunettes pour lui jeter un regard plus dur. Mais naturellement, elle savait déjà où il voulait en venir – il semblait qu'elle le connaissait un peu trop bien.

« Tu m'as complètement mis à contribution pour lever ce bruyant gaucher qui vient de Nagano, non ? »

Il se mit à rire.

« Je suis presque sûr qu'il a finalement choisi ce lycée parce qu'il a eu ce délicieux avant-goût de ma personne en tant que premier partenaire digne de ce nom. Et il s'améliore petit à petit – ce n'était pas du tout une mauvaise affaire – alors quel est mon pourcentage pour avoir putassé à ta place et aidé Seidô à le harponner ? »

Ses mots avaient délibérément été choisis pour choquer, et d'une certaine façon, Takashima était un peu prise au dépourvu par la métaphore brutale. Mais elle ne cilla même pas parce que… eh bien, il s'agissait de Miyuki Kazuya, et s'il y avait bien une chose à laquelle ce garçon consacrait presqu'autant d'efforts qu'à jouer au baseball, c'était devenir maître en l'art de convaincre chaque personne de sa connaissance qu'il était le connard par excellence.

« Miyuki-kun. » Dit-elle d'un ton léger, un petit sourire étirant presque ses lèvres habilement maquillées de gloss. « Je crois me souvenir que tu t'es toi-même porté volontaire pour servir de partenaire au garçon au moment où Azuma-kun a décidé d'en découdre. En fait, je ne savais même pas que tu étais là quand je lui présentais notre établissement – jusqu'à ce que tu interviennes et demandes à l'essayer. »

« Oh, allons, Rei-chan. Tu savais parfaitement que je traînais tout le temps dans ce coin là à l'époque – surtout si j'avais une chance d'assister au spectacle d'Azuma-san mettant en charpie un nouveau. Et tu savais forcément que je ne pourrai pas résister et que je ferai en sorte de le faire manger dans ma main une fois qu'il m'aurait été vendu comme un très intéressant potentiel. » Répondit Miyuki, son sourire s'élargissant.

« Même si tu as structuré ton argumentation de sorte qu'elle paraisse plausible à première vue, c'est hors de propos. Quoiqu'il en soit, même s'il y avait un fond de vérité là-dedans, je te dirai que tu as déjà largement pris ton pourcentage. »

« Eh ? » Demanda Miyuki alors que son sourire se tintant de curiosité. « Ce serait possible d'être un peu plus descriptive, Rei-chan ? »

« Voyons voir… » Sourit gentiment Takashima, ajustant à nouveau ses lunettes de quelques millimètres avant de croiser les bras et de lancer un regard vif à Miyuki. « Tu n'arrives pas à garder tes mains dans tes poches du moment que tes yeux se posent sur lui – tu es sur lui en permanence, et je ne t'ai jamais vu rechercher le contact physique avec quiconque auparavant. Ce garçon fait une bonne peluche, n'est-ce pas ? Rien que toutes ces fois où tu le pelotes et où il se contorsionne sous ton bras t'auraient couté une bonne liasse de yens, mais ce n'est pas tout. »

« Ah non ? » S'enquit Miyuki, le sourire toujours fixé à son exacte place.

« Bien sûr que non. Tu te sers de lui très régulièrement pour satisfaire tes tendances masochistes, et ce depuis le premier jour. Tu provoques Sawamura-kun encore et encore depuis le début de l'année scolaire, sachant parfaitement qu'il va t'attraper par le col et te secouer un peu – et tu adores ça, non ? Tu croyais que je ne le savais pas ? »

Le sourire de Miyuki était toujours en place, mais il avait perdu un peu de son éclat.

Takashima continua :

« En fait, Miyuki-kun, tu n'attends que ça, non ? Grâce à cette réputation épineuse que tu prends tant de soin à peaufiner, personne à part cette brute de Kuramochi ne se montre violent avec toi – et même lui ose seulement un coup de pied de temps en temps quand tu deviens trop insupportable. Mais Sawamura-kun a un tempérament explosif et manque d'expérience, et tu sais que tu peux compter sur lui pour te donner ce dont tu as besoin de l'exacte façon que tu aimes, sans qu'il réalise que tu apprécies et qu'il devrait peut-être te faire payer ça cash et à la minute. Je dirai donc que tu as largement perçu ta commission, et qu'il était très plaisant de faire affaire avec toi. »

Miyuki fixa la vice-présidente pendant un court moment, puis il éclata de rire, d'un rire inimitable, enroulant un bras autour de sa taille, comme pour empêcher ses entrailles de se déverser.

« Ha ha ha ! J'aurais dû savoir que je ne pourrais pas faire pression sur Rei-chan et la faire raquer d'une façon ou d'un autre ! »

Elle ne répondit rien, se contentant de le regarder alors qu'il se remettait de son amusement et remettait ses lunettes en place pour son prochain mouvement stratégique. C'était quelque chose qu'il n'avait pas fait depuis longtemps, mais auquel il avait eu recours une ou deux fois quand quelque chose qu'elle avait dit était un peu trop proche de la vérité et qu'il ne voyait pas immédiatement d'issue à leur discussion qui lui serait favorable

Ce mouvement consistait à déplacer ses jolis yeux marron vers son décolleté, et de lorgner un petit moment ses atouts. C'est quelque chose qu'il avait fait quand il avait treize ans, lors de leur toute première rencontre, et Takashima avait su immédiatement que ce garçon, talentueux ou non, allait être pénible. Pour être juste envers lui, il avait la bienséance de ne pas l'avoir reluquée de façon éhontée depuis qu'il était élève à Seidô, mais une fois de temps en temps, quand il n'arrivait pas à avoir le dessus sur elle, il recourait à cette tactique juste parce qu'il avait vu sa désapprobation et son rougissement trois ans plus tôt, et qu'il voulait la faire réagir.

« Rei-chan est aussi généreuse que d'habitude… dans son raisonnement. » Rit l'adolescent, regardant enfin son visage plutôt que ses seins.

Elle était devenue douée pour gérer les adolescents et ne rougissait plus quand Miyuki faisait ça, peu importe combien il pouvait être beau. En fait, elle trouvait amusant qu'il continue à essayer cette tactique alors qu'il savait certainement que cela revenait à lui concéder la victoire.

« Je suis heureuse que tu t'en sois aperçu. » Dit-elle de façon très terre à terre. « Je dois être au top de ma forme pour gérer ce troupeau de félins qui compose l'équipe de baseball de Seidô, surtout quand l'insolent Cheshire entre tous jette son dévolu sur le nouveau chaton crédule. »

« N'importe quoi. » Rit-il. « Kantoku m'a officiellement apparié avec Monster Kitten et cela me convient très bien. »

« Monster Kitten-kun a ses propres attraits, mais il ne fait pas battre le cœur de la même façon que le Koneko aux yeux de chiot, n'est-ce pas ? »

« Tu es en train de mélanger les espèces – il faudrait choisir, Rei-chan. »

« Je peux bien les mélanger à volonté, c'est un véritable zoo ici. Plus sérieusement, Miyuki-kun, fais attention. Tu es encore suffisamment neutre pour t'enthousiasmer à l'idée de travailler avec n'importe quel lanceur intéressant et cela doit continuer ainsi. Mais ce gamin arrive à t'atteindre plus que quiconque, et tu as de la chance que je sois la seule à qui tu aies montré ça jusqu'à présent. »

« Eh ? »

« Quand il a insulté Chris-kun par ignorance, la façon dont tu lui es tombé dessus… bien sûr, je sais que c'est en partie lié au fait que tu admires beaucoup Chris, mais c'est aussi lié au fait que ce soit Sawamura qui ait prononcé ces mots, n'est-ce pas ? D'autres ont dit pire concernant des personnes que tu respectes énormément, et tu n'as jamais perdu le contrôle à ce point. Il te fait faire des choses que tu ne ferais pas autrement, pas vrai, ce chaton aux yeux pétillants ? »

« Huh. » Se moqua Miyuki. « Il n'y a que toi et ta capacité bizarre à voir des choses que personne d'autre ne voit pour dire un truc pareil. »

« C'est ma capacité bizarre à voir des choses que personne d'autre ne voit qui fait de moi une excellente recruteuse, tu ne crois pas ? Tu étais ma première proie quand j'ai commencé à chasser pour ce lycée, après tout. »

Miyuki lui ré-adressa un sourire mesquin alors qu'il disait d'une voix trainante :

« Un bon coup d'œil concernant le talent, certes. Mais j'étais tellement jeune quand tu as tenté de me débaucher. Pédophile. »

« Dommage pour toi que tu sois bien trop âgé pour encore intéresser cette pédophile. » Lui fit-elle remarquer avant de se détourner et de reprendre son chemin entre les cabanons en direction du bureau des coaches. « Mais rappelle-toi bien – surveille tes hormones adolescentes autour de Kawaii Koneko-kun. »

« Des hormones adolescentes ? » Reprit-il dans son dos, élevant un peu la voix pour s'assurer qu'elle entende chaque syllabe malgré le battement régulier de ses talons hauts sur le chemin de terre. « Je n'ai rien de si terre à terre. »

« La dernière chose que je souhaite c'est une bagarre de chats de gouttière autour de Holler Kitty. » Remarqua-t-elle, ignorant son dernier commentaire sans même prendre la peine de tourner la tête. « Tu n'es pas le seul à ne pas savoir garder tes mains sur toi, tu sais ? Ton cher Chris-senpai et ton seul et unique ami Kuramochi-kun sont aussi accros que toi – et ce petit est encore trop gentil et stupide pour leur demander une redevance. »

Elle ne le regardait plus, mais elle ressentit un certain plaisir à l'entendre souffler en guise de réponse – ce soupir aurait dû sonner moqueusement, mais Takashima Rei, qui le connaissait si bien, pouvait percevoir la pointe d'agacement et la prise de conscience naissante s'échapper et emplir l'air printanier devant le visage de Miyuki Kazuya.


NdA : Je n'ai pas prévu de donner à cette histoire un rythme traditionnel totalement chronologique ou séquentiel. Il s'agira d'une sorte d'enchainement de chapitres plus ou moins liés où nous verrons les choses par les yeux des adultes de Seidô.


NdT - Annonce : Depuis début février, j'ai pu publier cinq autres traductions d'OS Daiya no A sur Archive of Our Own (The Thrill of the Ride, Clear Water, A Misadventure at the Seidô Training Camp, Luck of the Draw, Frost) n'hésitez pas à aller voir si ce n'est déjà fait ! :)