Rédigés dans le cadre de la Croisade d'Erwin Smith de l'APDES, je suis en route pour un nouveau pas, celui de Précepteur.

J'ai pris comme thème général, les cinq doigts de la main.

En avant pour mon premier texte. Bonne lecture.

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Le coup de pouce


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La nuit entamait ses heures les plus sombres lorsqu'un cri d'agonie extirpa l'homme d'une trentaine d'années de son sommeil imagé. Il reconnut immédiatement le râle de sa pauvre femme qui se tenait allongée à côté de lui. Wilfried* bondit de son lit devenu humide à un endroit localisé puis il se précipita vers le petit meuble de bois, un brin sommaire mais efficace, pour y récupérer du linge propre.

« ça y est, pensa-t-il, le moment tant attendu est enfin arrivé »

Oui, cela faisait des semaines entières, des mois même, qu'il trépignait d'impatience. Il se rappela du jour où sa tendre épouse lui avait annoncé la nouvelle : il en était fou de joie. Mais le stress avait également fait son apparition. Comment allait-il gérer cela ? Il n'y connaissait rien mais il avait réussi à glaner quelques informations auprès de son entourage : il en avait appris les bases.

Son regard bleuté trahissait un état nerveux -même si celui-ci fût relativement à prendre dans le bon sens du terme- mais il ne montra aucune émotion négative devant les yeux d'Elena.* Non, Wilfried était un bon mari et il n'allait pas engendrer du stress supplémentaire et inutile à sa femme. Elle souffrait le martyre, il la voyait se tenir le ventre en essayant de maintenir une respiration plus ou moins régulière et elle se sentit très rapidement à court d'air.

Les choses s'accélèrent et l'homme se sentit peu à peu dépasser par la situation. Il souffla un instant tout en fermant les yeux puis quand il ouvra doucement ses paupières, il sut immédiatement comment réagir. Premièrement il se devait d'aller récupérer de l'eau pour humidifier les blancs.

Aussitôt pensé, il se mit à la réalisation de cet acte. Il ne traîna pas et prit le seau en bois qui attendait dans un coin de la pièce, il embrassa le front de sa femme qui ruisselait de sueur puis il la quitta un instant.

Le liquide précieux se trouvait à l'extérieur de la maison et par chance, l'action ne se déroulait pas au beau milieu de l'hiver, et même si le vent devenait froid, la température ne permettait pas encore à l'eau de passer dans un état solide. Wilfried se gela néanmoins ses doigts lorsqu'il plongea le seau dans le liquide transparent mais ce n'était pas bien grave. Son visage exprima la béatitude, oui, il était vraiment heureux.

Quand il rentra à nouveau chez lui, sa femme se trouvait au milieu du lit, les jambes écartées -qui lui relevaient sa robe de nuit- et le visage en feu. Ses yeux étaient inondés de larmes et quand elle le vit pénétrer dans son champ de vision, elle hurla sur son mari et le somma de se dépêcher tellement la douleur était intenable. Elle avait l'impression de se prendre des coups de massue dans les reins et ce à cause du tiraillement dans le bas de son dos. A la vue presque terrifiante de sa chère et tendre -elle l'était nettement moins à présent- ses pensées s'orientèrent vers un « j'ai eu de la chance de naître dans un corps d'homme » puis il se secoua la tête comme pour faire valser cette idée au loin et s'installa auprès d'Elena.

Pendant le court instant où la jeune femme brune l'avait copieusement insulté -oui après tout, c'était de sa faute- Wilfried ne s'était pas tourné les pouces et le voilà en train de poser la bassine d'une eau plutôt chaude sur le petit meuble qui s'apparentait à une table de nuit. Il trempa le linge présent dans sa main gauche puis il le tamponna sur le front transpirant afin de l'humidifier. Sa main de libre se lia à Elena mais Wilfried le regretta aussitôt lorsque la jeune femme aux yeux verts lui broya littéralement cette dernière.

- Tout ça, c'est de ta faute ! Je te hais !

Wilfried sourit malgré lui. Oui c'était de sa faute mais il en fût heureux d'être le seul responsable.

- Plus jamais, tu m'entends ? Plus JA-MAIS ! Aaah.

Son cri traduisit ce que Wilfried pensait tout bas. Sa femme se tordit de douleur face aux coups répétés dans le ventre comme si on l'entaillait avec un poignard des plus tranchants. Ses maux se rapprochèrent à une vitesse grand V et le blond aux cheveux impeccable appliqua les ordres qu'on lui avait enseigné pour ce moment précis.

- Inspire par le nez et expire dans la bouche.

Il joignit le geste à la parole et sa femme l'imita sans sourciller. Elle sentit son stress disparaître de seconde en seconde puis elle se détendit jusqu'au prochain lancinement qui lui arracha un hurlement plus aigu qu'à l'accoutumé. Wilfried voyait sa femme dans un triste état et il se désola de ne pouvoir l'aider davantage. Les pleurs d'Elena s'intensifièrent et elle pestiféra de la libérer de cette affreuse douleur. Elle était à bout de force et cela se voyait sur son visage de porcelaine.

- Encore un effort, ma chérie ..

- CA SE VOIT QUE CE N'EST PAS TOI QUI EN… AAH.

- Calme-toi, s'il te plaît.

Elle hocha la tête à l'ordre de son mari puis elle reprit son exercice de respiration qui l'avait bien aidé il y a encore quelques secondes de cela. La main de Wilfried fût encore endolorie par la force insoupçonnée de sa femme puis elle la libéra brusquement. L'homme en profita pour regarder entre les jambes de sa femme -même si il ne voulait pas s'enticher d'une vision pareille- et il aperçut une petite tête qui pointait le bout de ses cheveux. Il sourit bien plus que de raison puis il intima sa compagne de bloquer sa respiration et de pousser un court instant. Elle répéta cet enchaînement jusqu'à ce que son corps ne puisse plus le permettre. Mais la libération eût bien lieu et les cris du nouveau-né emplirent la pièce et les oreilles des parents fraîchement adouber de cette tâche.

- Il est magnifique.

- Il ? C'est .. un ..

- Repose-toi ma chérie.

Wilfried prit le soin de laver le bébé, après en avoir couper le cordon ombilical qui le reliait encore à sa mère, et sa femme se laissa aller dans des pleurs heureux. Elle était épuisée mais elle n'en avait que faire. Elle avait donné naissance à son premier enfant et rien ne pouvait entraver ce bonheur. Sa respiration reprit correctement ses droits après quelques minutes de bataille et le corps d'Elena se mirent à trembler sous l'excitation mais aussi à cause du grand effort qu'elle venait d'offrir. Mais elle fût immédiatement mal à l'aise lorsqu'elle sentit toutes sortes de fluide sous ses jambes allongées.

- Wil ! Wilfried !

Le blond déposa l'enfant propre dans son petit berceau qu'il avait lui-même confectionné puis il aida sa femme à se relever et il l'installa dans le petit canapé situé de l'autre côté de la pièce, proche du petit être. Elle le regarda de ses grands yeux et elle remarqua à quel point il ressemblait à son père. La même couleur de cheveux, la même couleur d'iris, la même forme de visage. Il n'avait hérité d'elle que la couleur de sa peau. Elle était exténuée mais la vue de cette petite merveille surpassa sa fatigue.

Quand son mari eût fini de changer les linges sales, il la retrouva et posa une main sur son épaule. Ils se regardèrent et sans dire mot, le dénommé Wil prit le petit et le mit dans les bras de sa mère. Elle le serra tendrement et le père s'installa auprès de sa femme. Ses yeux étaient rivés sur son enfant tandis que sa mère le berça tout doucement. Il ne pleurait plus et ses iris bleus étaient toutes grandes ouvertes. Wilfried ne pût retenir ses larmes plus longtemps et Elena rit de cette explosion de sentiments. La main droite, autrefois broyé par sa douce compagne, se glissa sur le bras d'Elena jusqu'à son enfant puis sans aucune autre forme de procès, le petit agrippa le pouce de son père dans sa petite main gauche. Un frisson de bien-être enveloppa Wilfried et le sourire se dessina jusque ses oreilles. Les pleurs redoublèrent : il était devenu Papa et sa femme était devenue Maman. C'était le plus beau jour de sa vie.

Sa femme tourna légèrement la tête vers lui et d'un sourire tendre, elle lui dit :

- Tu penses qu'Erwin lui ferait un beau prénom ?

Aucun doute. Erwin Smith. Ce prénom lui sciera à merveille.

Ce fût en ce jour, ou cette nuit, du 14 octobre que le futur treizième Major du Bataillon d'Exploration naquit.


* Je ne pense pas que Hajime Isayama ait donné des noms aux parents d'Erwin (si c'est le cas, veuillez immédiatement me le dire !) alors de ma grande imagination, je vous présente Wilfried (qui veut dire "volonté" et "paix" et est d'une "grande intuition" .. Je trouve que ça correspond assez bien au père de notre cher Erwin) et Elena Smith.