Prologue : Le jour où on perd son coeur
Extrait du journal d'Axel, 2965 jours après son entrée dans l'Organisation.
« Le jour où on perd son coeur, on ne peut pas être vraiment préparé.
J'ai la chance – ou la malchance – de me souvenir parfaitement de ma vie d'humain, à tel point que parfois, j'ai l'impression d'être resté le même. Mais même si souvent, j'ai l'impression de ne faire qu'un avec mon « ancien moi », je ne me voile pas la face ; je suis vide à l'intérieur de moi ; et je ne regrette pas du tout mon « bagage émotionnel » qui ne fait que m'encombrer un peu plus chaque jour. Je me souviens donc parfaitement de ce fameux jour, celui où mon coeur m'a quitté définitivement, le jour où je suis mort, pour que je devienne ce que je suis aujourd'hui.
Le jour où on perd son coeur, donc, on ne peut pas être vraiment préparé. Et...je n'étais pas préparé du tout. Mais si je vous raconte la scène de ma mort d'humain, maintenant, directement, sans l'introduire un peu, vous ne comprendrez rien (il n'y a que moi qui pourrais me comprendre, et alors, où serait l'intérêt de l'écrire?). Donc il faut peut-être d'abord planter le décor...
J'habitais dans un Monde appelé « le Jardin Radieux ». Encore un nom bourré de guimauve...mais toute plaisanterie mise à part, la ville valait vraiment cette appellation de conte de fée. Parce que c'était un véritable conte. Une petite utopie tranquille, dirigée par un vieux sage, Ansem, respecté et aimé de tous ses sujets...de l'eau à profusion, de la nourriture sans restrictions, des « Bonjour ! » joyeux en allant acheter le pain...bref, un définition concrète du bonheur.
Mais depuis quelques temps, quelque chose n'allait plus dans la paisible cité : un peu plus de Sans-coeurs, une pluie d'étoiles filantes, des cris effroyables venant du donjon, étaient venus perturber le déroulement de mes journées. En réalité, mais je ne le sus qu'après, tous ces événements étaient liés : Ansem, voulant travailler sur les Ténèbres dans les coeurs, afin d'éradiquer les Sans-coeurs, avait fait des expériences sur son premier disciple Xehanort.
Même quand il abandonna les recherches qui devenaient trop dangereuses, son apprenti, entêté, persévéra dans ses expériences, pour finir par devenir un véritable monstre, enlevant des habitants, les traitant comme des animaux, juste pour comprendre, juste pour maîtriser. Il entraîna dans sa chute inhumaine les cinq autres disciples d'Ansem : Braig, Dilan, Even, Aeleus, et Ienzo, qui l'aidèrent à avancer toujours plus loin dans sa folie.
Ils finirent par quitter leur corps pour embrasser les Ténèbres, et devenir une forme d'être supérieur, capable de diriger les Sans-coeurs. En faisant cela, ils plongèrent la ville dans le chaos et la désolation, détruisant des milliers de vies. Ansem fut exilé dans l'abysse la plus sombre, et la plus noire, de toutes les Ténèbres réunies. Et ma vie prit alors un tournant décisif...
Cette histoire – mon histoire – prend place une poignée de jours avant ces atroces événements. Quand j'y repense, je me dis que j'aurais peut-être pu prévoir, j'aurais pu me douter. Quoique...quand on a un coeur, on est tellement plus sensible, tellement plus insouciant, que quand on est un Simili.
Demandez à Saïx, vous verrez bien...! »