Recueil de la dépouille d'un héros de l'ombre
L'enthousiasme de la victoire s'était peu à peu calmé, l'épuisement des combats et le chagrin des pertes avaient repris leurs droits. Harry se sentait trop fatigué pour pleurer, encore qu'il avait déjà fait un premier deuil avant l'affrontement final, et surtout que sa propre mort l'avait un peu anesthésié même si l'adrénaline et la détermination l'avaient envahi pour le dernier round. Maintenant il se sentait un peu comme s'il flottait dans un fin brouillard blanc, presque comme s'il se retrouvait à nouveau dans la gare de King Cross de sa tête. Seuls les couleurs et les mouvements autour de lui lui rappelaient qu'il était encore vivant. Il ne savait même pas s'il avait faim, ou envie de se reposer - mais le faire ici en ayant potentiellement un cadavre dans le lit d'à côté ne le tentait pas trop. C'est alors qu'il repensa au Professeur Rogue. Lui n'était pas allongé sur des draps blancs entourés de ses proches. Enfin pour les proches ça risquait d'être difficile, c'est pas parce qu'il avait été un héros que ça allait effacer son sale caractère. Mais peut-être que certains professeurs auront plus qu'un vague sentiment de reconnaissance envers lui. Et s'il n'avait été qu'un cauchemar envers lui toute sa vie, Harry avait assez vu de son cœur pour le veiller avec un sentiment de perte. Profitant que personne ne faisait trop attention à lui, Harry s'éclipsa. Il devrait bien réussir à tenir un leviossa tout le long du chemin, il ne pouvait pas laisser son protecteur de l'ombre pourrir dans le sang et la poussière.
Quand il revint avec son fardeau, les gens s'écartèrent avec respect même si leurs sentiments étaient en demi-teinte pour certains. Après tout, il restait l'abominable chauve-souris des cachots et puis c'était difficile de remplacer l'image du professeur infect et du dangereux mangemort par celle du héros jeté à la face de Voldemort par Potter. Mais personne ne s'insurgea qu'il repose au milieu des autres morts, et Minerva vint s'asseoir près de lui, du regret dans les yeux. Harry la rejoint et le visage pâle et bordé de sang de son professeur s'effaça alors que les souvenirs de la pensine rejouaient devant ses yeux. Snape enfant, si semblable à lui-même. La même joie d'avoir enfin un(e) ami(e). L'excitation d'aller à Poudlard. La colère de servir de souffre-douleur à des enfants pourris-gâtés. L'envie de se venger. La douleur de perdre quelqu'un de cher. Harry ne s'était jamais senti aussi proche de son professeur. Il aurait aimé lui dire... mais c'était trop tard - sauf s'il obtenait son tableau de Directeur de Poudlard. Mais au moins il avait été là pour ses derniers instants. Harry remerciait l'instinct qui l'avait poussé à le rejoindre, assistant à sa fin dans un silence respectueux et lui offrant le réconfort de sa présence et de ses yeux verts, en même temps que la possibilité de finir sa mission.
ADIEU PROFESSEUR SNAPE
MERCI DE M'AVOIR PROTÉGÉ
ET D'AVOIR SAUVÉ LE MONDE SORCIER
AVEC AUTANT SI CE N'EST PLUS DE COURAGE
- ne le prenez pas comme une insulte -
QU'UN GRYFFONDOR
et adieu Alan Rickman et son "Not... so quick, Potter !" / "Pas... si... vite, Potter !"
