Bonjour à tous!

Me revoilà pour vous présenter ma dernière création, mwahaha (champagne).

Voici l'ouverture d'une nouvelle fanfiction dédiée à Natsuki et Shizuru (pour changer). J'espère qu'elle vous plaira. Mon esprit tordu a encore frappé.

Je n'en dis pas plus, place à la lecture!

Disclaimer: Et non, Mai Hime n'est pas à moi

Ah, et oui, quand même: Merci Miyaki, qui a eu la gentillesse de me corriger ^^.


DES CERISIERS SOUS LA NEIGE

Prologue

Personne ne devrait être seul.

C'était ce qu'elle se disait toujours. Depuis toujours. Toujours vraiment ? Non. Mille fois non, imbécile. Ça n'était pas possible, on ne pouvait pas se dire depuis toujours que personne ne devrait être seul.

Elle traversait le couloir de son immeuble à pas aériens sans prêter attention à ce qui l'entourait. Peu lui importait que les murs soient blancs et que le papier peint se décolle. Les enfants ne se rendent même pas compte de ce qu'est la solitude. À moins que ce ne soient justement ceux qui la reconnaissent le mieux ? Les enfants sont toujours si barbares les uns envers les autres, peut-être ressentent-ils eux aussi ce que c'est que d'être seul au monde. Oublie ça. Les enfants sont trop jeunes. Haha, très drôle. Alors ils n'y pensent tout simplement pas.

C'est quand on est seul que l'on décide que personne ne devrait l'être. Et surtout pas soi-même. Tant que c'est les autres, ça n'est jamais un problème. C'était ça, l'humanité.

Moi moi moi. Toi ? Laisse-moi rire. Haha.

Voilà. C'était cela qu'elle se disait lorsqu'elle mit la clé dans la serrure. La porte de son appartement était bleue, à l'origine, mais à présent elle était verte, un peu jaune aussi. Les couleurs s'étaient ternies avec le temps.

La solitude ne devrait pas exister. Parce que celui qui était seul n'existait pas vraiment. À moins que ce ne soit l'inverse ? Quand on est seul au monde, on existe mille fois plus que quand on est mille. Non ? Elle ouvrit la porte et se glissa à l'intérieur de la pièce, dans le noir. Elle ne savait pas. Elle s'en fichait.

Mais il y avait une chose qu'elle savait. Et que personne ne pourrait jamais l'empêcher de savoir. C'est qu'elle était seule. Seule. Et ça, elle ne s'en fichait pas, ça non.

On ne peut pas ne pas se formaliser de la solitude. Celui qui le dit est un menteur. Et Natsuki, tristement, n'était pas une menteuse. Enfin, elle le croyait très fort. C'était ce qu'avait dit le psy, la dernière fois qu'elle l'avait vu. Qu'elle ne savait pas mentir. Vous êtes quelqu'un d'honnête, mademoiselle.

Elle tendit la main pour poser son trousseau de clés quelque part sur le meuble à côté de la porte. Enfin, pas très loin. C'était il y a un mois. Deux peut-être ? Dans le noir, c'était difficile de savoir. Était-il à un ou deux mètres de cette fichue porte ?

Elle lâcha aveuglément le trousseau de clés. Qui vivra verra.

Il tomba. Sur le sol. Raté.

Elle n'aimait pas les psychologues de toute façon. Toujours à vouloir tout savoir. Et toujours certains d'avoir raison et de vous connaître mieux que vous-même. Freud ? Mon oeil, des voyeurs, voilà ce qu'ils étaient. Des imbéciles. Des ignorants. Qu'aurait-il dit si elle lui avait raconté qu'elle était morte une fois ?

Un asile. C'est là qu'elle aurait été envoyée. Parce qu'évidemment, la résurrection, ça n'existait pas. Mademoiselle, voyons... vous vous rendez compte de ce que vous dites ? Il fallait être fou, ou avoir la foi, pour le croire. Natsuki n'était pas l'un et n'avait pas l'autre. La foi ? Qu'est-ce que c'était la foi, d'abord ? Elle ne croyait en rien. Et certainement pas en Dieu. C'était bien de ne pas y être retournée, il l'énervait à toujours lui donner des conseils stupides. Pas Dieu. Le psychologue.

Elle tâtonna quelques instants sur le mur avant d'appuyer sur l'interrupteur.

C'était quand même plus convivial quand l'appartement était éclairé. Elle se sentait moins... moins seule. C'était bien de cela qu'il s'agissait. On y revenait toujours de toute façon. Elle s'accroupit et empoigna son trousseau en soupirant avant de le poser sur le meuble. Il était effectivement à deux mètres de la porte d'entrée. Pas un. Deux. Elle saurait s'en souvenir. Enfin, elle le croyait. Elle l'espérait. Ça faisait quand même deux ans qu'elle habitait dans le même appartement. Et deux ans que le trousseau de clés tombait sur le sol lorsqu'elle rentrait chez elle. Le temps passe si vite, tu ne trouves pas ?

Elle enleva son blouson noir et se tourna vers le porte-manteau pour l'accrocher. C'était un très vieux blouson. Le cuir était usé de partout, mais elle l'aimait bien.

Elle était fatiguée. C'était pour cela qu'elle bâillait d'ailleurs. On ne bâille que lorsque l'on est fatigué, n'est-ce pas ? Tout le monde est toujours fatigué. Elle marcha lentement vers la cuisine. Pour y aller, il fallait traverser le petit salon. Le canapé était dans le passage. Ou lorsque l'on s'ennuie. Et Natsuki s'ennuyait toujours. Parce qu'elle était seule ? Ne l'avait-elle pas toujours été de toute façon ? Ma mère est partie, mon père est parti, Shizuru est partie, je n'ai pas de frères et soeurs. Dommage. Je n'ai plus non plus d'amis. Enfin, pas vraiment.

Dommage en effet. Dans le frigo il y avait une assiette toute prête.

Mai.

Il ne lui restait plus qu'à la faire réchauffer. Merci. Home sweet home. Bonsoir. Il serait peut-être temps qu'elle commence à considérer la jeune femme rousse comme une amie. Car s'en était une, n'est-ce pas ? Toujours là quand il le fallait. Toujours prête à tout pour rendre son existence un peu plus tolérable. Même si cela signifiait juste qu'elle trouverait toujours un plat préparé dans le frigo lorsqu'elle rentrait chez elle le soir. Plutôt la nuit d'ailleurs. Elle travaillait toujours très tard.

Le micro-ondes sonna et la sortit momentanément de ses pensées. Ça sentait délicieusement bon. La cuisine de Mai sentait toujours délicieusement bon. C'était comme ça. Comme une sorte de constante. Ça l'a toujours été, ça l'est et ça le sera toujours. À croire que le temps n'avait pas d'effet sur les aliments. Mais non imbécile, tu le comprendras le jour où tu mangeras une pomme pourrie. Évidemment que le temps altère les aliments. C'est la cuisine de Mai qui ne change pas. Pas le temps qui l'empêche de changer. Tu comprends ?

Oui. Non. Peu importe. Est-ce qu'on parle de la même chose, en fait ? Je ne vais pas me creuser la tête avec ça toute la soirée, si?... Pourquoi pas, ça n'était pas comme si elle avait autre chose à faire de toute façon.

Lorsqu'elle eut fini son assiette, elle la déposa avec délicatesse dans l'évier. Elle ferait la vaisselle plus tard. Elle n'allait pas gaspiller de l'eau pour une seule assiette, c'était ridicule. Elle était ridicule. Sa vie était ridicule.

Tout cela n'avait pas de sens.

Depuis quand faisait-elle quelque chose avec délicatesse ? Elle contempla l'assiette solitaire avec curiosité avant de la reprendre. Elle la lâcha ensuite sans faire attention et la regarda tomber avec fracas dans l'évier. C'était mieux. Natsuki n'était pas délicate. Elle était maladroite. Nuance.

Elle soupira, épuisée. Elle aimerait pouvoir arrêter de penser. Mais ça, c'était impossible, n'est-ce pas ? Les êtres humains pensent. C'est pour cela que ce sont des êtres humains. Sinon, ce seraient de simples animaux. Mais qui avait dit que les animaux ne pensaient pas, d'abord ? Les philosophes. Ah oui. Ces crétins. Elle le savait, elle, que Duran pensait. Elle le savait, elle, que la résurrection n'était pas juste un rêve chrétien. Elle le savait, même si elle n'avait pas la foi. Mais qui pourrait la croire ?

Personne. Personne ne pouvait croire à de telles sornettes. Et pourtant, elle savait qu'elle n'avait pas rêvé sa mort et celle de Shizuru. Elle l'avait sentie. Elle l'avait vue, touchée. Vécue. Mais c'était idiot de dire cela. On ne vit pas la mort, imbécile, c'est impossible. On la subit, c'est tout.

Elle était à présent sur le balcon. Parce qu'elle aimait regarder la Lune, souvent. Elle n'osait pas le dire, mais des fois elle espérait que l'étoile des Himes réapparaisse. Peut-être qu'elle reverrait Shizuru si c'était le cas.

Elle frissonna. Il faisait encore un peu froid pour un printemps. Le vent soufflait encore assez fort pour faire voler ses cheveux noirs autour d'elle comme une crinière en délire.

C'était il y a déjà quatre ans. Le Festival. Le Carnaval. Peu importe comment on l'appelait. La Mascarade lui allait bien aussi.

Quatre ans que c'était terminé. Vraiment ? Elle en doutait pourtant.

Comme elle le disait, elle avait subi la mort. Elle était morte, pour faire simple. Mais c'était une mort étrange. Elle avait entièrement disparu, son corps s'était dissout. En une multitude de particules de poussière colorées.

Ça avait été une magnifique mort. Comme dans les contes.

Seulement, on lui avait offert une seconde vie. Une seconde chance. Essaie encore. Oh oui, elle aurait aimé pouvoir utiliser cette deuxième existence, elle le voulait vraiment. Recommencer. Aimer. Qui ne rêvait pas de vivre plusieurs fois pour tout refaire en mieux ?

Essaie encore. Mais ça n'était pas un jeu. Je ne peux pas. La vie n'en était pas un, non. Shizuru n'avait pas eu de seconde chance.

Shizuru. N'était pas revenue. Jamais.

Elle s'était retrouvée seule dans cette ruine d'église, hagarde. Elle n'avait pas compris ce qu'il se passait. La voix de la princesse Suishou avait résonné à son oreille. Seconde chance. Essaie encore. Aime. Aime une nouvelle fois, mais aime mieux. Mais elle était seule. Pourquoi n'as-tu pas eu le droit à un autre essai, Shizuru? C'est toi qui en avais le plus besoin.

Elle avait vu le couple enlacé à quelques mètres d'elle. Yukariko et un homme qu'elle ne connaissait pas. Et c'était là. Elle agrippa la rambarde de ses mains blafardes et maigres en serrant les dents. La nuit semblait se moquer d'elle. Il y avait quatre ans déjà. Là. Qu'elle avait compris, enfin, que quelque chose n'allait pas.

Shizuru. N'était pas là. Pas. Là. Elle enlaçait de l'air.

Elle n'avait personne à aimer. Personne. Elle était seule. Où pouvait-on placer tout cet amour ? Que pouvait-elle bien en faire ? Il était là, qui pulsait dans sa poitrine comme un lion en cage, prêt à bondir, prêt à rugir. Mais prêt pour quelqu'un qui n'existait plus. Alors il mourrait lui aussi. Et elle mourrait avec lui. Sans espoir de pouvoir un jour utiliser cette seconde chance.

Disparue. Sans laisser aucune trace derrière elle.

Elle avait décidé alors. Personne ne devrait être seul. Jamais. C'était une hérésie. La solitude rendait fou.

Et Shizuru qui n'était pas là. Et elle, elle qui ne pensait qu'à elle. Elle qui continuait de mettre la table pour deux et d'acheter du thé. Elle qui marchait dans la rue avec la constante impression d'être suivie par ce visage élégant qui lui manquait tant. Ces yeux, rouges, si merveilleusement écarlates. Ces cheveux, bruns... À moins qu'ils ne soient blonds? Elle ne savait plus. Elle ne savait plus!

Et accoudée à son balcon, au milieu de la nuit, Natsuki pleurait parce qu'elle ne se souvenait plus de la seule personne qu'elle ait jamais aimée. De quelle couleur sont tes cheveux, Shizuru?

Personne ne lui répondit. La solitude était un poison.

Où es-tu ?


Mais comme vous êtes gentils, vous allez me laisser une petite review, non?