Je te regarde vivre. J'ai beau être détruit par le fait de t'avoir perdu, de ne plus pouvoir te toucher, de ne plus pouvoir sentir ton souffle contre le mien et entendre ta douce voix me murmurer ces mots d'amour que tu me susurrais, je continue de te regarder rire, pleurer, te disputer, haïr et aimer tous ceux qui t'entourent, vivre ta vie sans que je n'y sois pour y agir. Je n'y peux rien après tout...

J'aurais pu éviter cette balle ; j'aurais pu refuser d'aller à cette bataille ; mais j'ai voulu me battre jusqu'au bout et je suis sûr que tu me comprends mieux que personne. Mais Dieu a choisi de me faire quitter ce monde. Ou le destin. À toi de choisir en qui croire. Je suis heureux qu'à présent tu aies une femme, un fils que tu aimes tant... même si je ne te cache pas ma jalousie, qui a toujours existé mais que je ne devais pas faire paraître. Mais l'important c'est que tu sois heureux. Es-tu heureux? J'essaie de m'en persuader, et pourtant les cernes sous tes yeux et les larmes que je te vois verser parfois lorsque tu es seul dans ta chambre m'en empêchent. Aurais-tu été plus heureux si j'étais resté en vie..? "Sans doute" serait la réponse évidente. Mais peut-être avec le temps aurais-je été un fardeau pour toi qui t'es maintenant plongé dans le travail. J'ai beau te le répéter, même si tu ne m'entends pas, s'il te plaît, ne sois pas triste. Ne sois pas triste de ma mort, sois plutôt heureux que ceux que tu aimes soient toujours à tes côtés.

Je suis désolé si je ne répondais pas à tes lettres... ou si je ne répondais que très simplement et que j'essayais de contourner le sujet, tandis que toi, tu écrivais avec une passion ardente combien tu m'aimais à la folie et combien je te manquais. Je crois que j'avais peur de cette flamme d'amour trop forte qui essayait de sortir de mon cœur, qui m'était encore inconnue et que je ne comprenais pas. Je ne voulais pas non plus que tu ne regrettes trop ma mort, que je savais probable d'arriver à tout moment. Que si je t'avouais que je t'aimais plus qu'il n'est possible d'aimer, tu ne m'aimes encore plus jusqu'à être bien plus détruit que tu ne l'as été après ma disparition. Mais je te l'avoue à présent, Alexander, my Alexander, je t'aime, je t'aime, je t'aime, passionnément, intensément, à la folie.

J'aurais aimé vivre avec toi plus longtemps... j'aurais aimé aller à ce bar avec Lafayette, Mulligan et toi encore de nombreuses fois, j'aurais aimé te faire l'amour toutes les nuits jusqu'à ce que tu n'en puisses plus, j'aurais aimé te présenter toutes les espèces de tortues que j'avais découvertes et dessinées, j'aurais aimé te consoler lorsque tu ne croyais plus en toi, j'aurais aimé pouvoir t'aider à évoluer et à affronter la dure vie que tu es destiné à mener... tant de désirs qui ne prenaient vie que dans mes rêves irréalisables.

Je n'ai pas vécu pour voir notre gloire... mais j'ai vu la tienne d'en haut et j'en suis comblé. Je sais qu'un jour, l'on se souviendra de toi comme celui qui a fait de l'Amérique un grand pays, et que tu seras acclamé par tous.

Tu es né pour changer le monde, Alexander Hamilton. Et je sais que c'est que tu feras, jusqu'à ce que tu viennes me rejoindre...