Chapitre 1 :
Prologue : Ceux qui ne dorment pas
DISCLAIMER : Aucun personnage ne m'appartient, sauf Alicia, Soluènn, William, Arkon, Baku, Jug, Ohana, Bill, Nako, Pips et Quick.
Salut ! Je suis de retour avec la suite de la fic « La Promesse des Trois ». Donc, si jamais de nouveaux lecteurs ouvrent cette fic, je leur conseille de d'abord lire la fic dont je viens de parler, sinon ils risqueraient de ne pas comprendre.
J'espère que cette suite vous plaira. Sur ce, bonne lecture !
Gaïa, Mont Nibel, réacteur Mako…
L'eau émettait constamment un léger gargouillis, à l'intérieur du tube. C'était toujours ainsi depuis des années, dans ce réacteur du Mont Nibel où les humains avaient osé l'enfermer.
Parfois, quand de rares personnes venaient, en général des ouvriers chargés d'entretenir le réacteur, les choses changeaient un peu : le bruit des pas qui résonnaient de façon différente pour elle, il était amplifié par la résonance du métal constituant les murs reliés à sa prison de verre. Les voix portées par l'écho lui rapportaient des discussions techniques ou banales, concernant la vie futile de ces stupides humains.
Parfois, des curieux s'approchaient du tube et tentaient de discerner quelque chose à travers l'immense réseau de fils et la sculpture masquée érigée devant le tube. Ils renonçaient vite, soit parce qu'ils se décourageaient devant ces obstacles, ou reculaient quand enfin ils entrevoyaient l'horreur qui flottait dans la Mako du tube.
Mais Jenova s'en moquait. Ils la croyaient morte, ils pensaient qu'elle n'était plus qu'un corps pourri, conservé tant bien que mal dans un aquarium géant. Mais non. Elle était vivante, son esprit était conscient et n'avait jamais cessé de penser depuis plus de trente ans. Trente ans… Dire que pendant plus de deux mille ans, elle avait dû s'éloigner de son corps, à cause des sortilèges puissants qu'avaient érigés les Cetras pour l'enfermer dans la glace. Elle avait renoncé, plus par découragement qu'autre chose.
Elle n'avait pas perdu espoir. Car ce qu'ignoraient les Cetras, ce qu'ignorait la planète elle-même, c'était qu'elle n'était pas venue seule, oh non ! Personne ne les avait vues, mais en fait, d'autres personnes s'étaient trouvées dans le Météore qui l'avait amenée ici.
Comment était-elle venue ? Pourquoi ? Elle le savait parfaitement, elle. Ainsi que ceux qui l'avaient suivie, et emmené son esprit en lieu sûr une fois son corps enfermé dans la glace.
Quand les scientifiques l'avaient sortie de là, ses serviteurs avaient enfin laissé son esprit revenir ici, pour constater l'étendue des dégâts. Elle n'avait plus de bras, ses ailes étaient en mauvais état, son ventre percé. Fâcheux, elle ne pouvait plus du tout s'en servir. Ces idiots avaient été jusqu'à lui trouver un nom : Jenova. Ridicule. Mais bon, elle devrait s'en contenter.
Car de toute façon, depuis tout ce temps, le visage de celle qu'on avait surnommée la Calamité des Cieux ne regardait pas à travers l'eau glauque dans laquelle flottaient ses restes.
Elle réfléchissait.
Des variations insolites et contrariantes avaient commencé à se former dans le complexe enchaînement d'évènements qu'elle avait déclenchés il y a si longtemps, des évènements qu'elle avait étudiés, voire délicatement modifiés durant plus de deux milliers de jours sans soleil. Ces variations avaient causé une flétrissure dans son dessein. Ce n'était pas irréparable, bien sûr – les ouvrages tissés par la Calamité des Cieux étaient robustes, et il faudrait en détruire complètement plus de quelques fils avant que son triomphe final ne fût menacé – mais les réparations prendraient du temps, et des soins, et la concentration absolue dont seule elle était capable.
Les ailes de chair se plissèrent légèrement, faisant trembler l'eau dans la colonne de verre. Un ouvrier en uniforme, occupé à pianoter sur une calculatrice près du tube, sursauta et se tourna vers elle, puis haussa des épaules avant de se remettre au travail.
Loin au fond du réacteur, au cœur même des ténèbres du tube où s'échappaient les filaments de Mako détruits, recrachés par le réacteur, des créatures ouvrirent leurs yeux, à peine plus jeunes que ceux de la Calamité, puis tendirent leurs vieilles oreilles pour écouter.
Deux des nombreuses silhouettes se détachèrent du lot et s'approchèrent de l'arbre de métal au sommet duquel trônait la capsule de verre de Jenova.
S'agenouillant, ils placèrent les talons de leurs mains devant leurs yeux.
Comme l'esprit de Jenova les considérait ainsi que la tâche qu'elle allait leur confier, elle regretta un instant la perte du seul Cetra qu'elle ait réussi à corrompre autrefois, Arkon – mais ce regret ne dura qu'un très court instant. Jenova était la dernière des plus vieilles créatures de son espèce : elle n'avait pas survécu à tous ses pairs à travers les siècles en s'attardant à des émotions inutiles.
Arkon l'avait servie au moment où elle en avait eu le plus besoin : il avait capturé l'âme de nombreux Cetras, absorbé leur détresse, leurs désillusions, leur chagrin et surtout leur manque d'amour pour écrire une pièce. Loveless. Cette œuvre magique, dispersée en plusieurs exemplaires, avait semé la graine des ténèbres dans le cœur de nombreux esprits, apportant ainsi, au fil des siècles, des forces à Jenova.
Mais aujourd'hui, deux mille cinquante-cinq ans plus tard, le flot s'était brusquement arrêté. Jenova avait eu des visions de son serviteur affrontant une bande d'humains et de gobelins, avec trois Soldats parmi eux.
Tant pis. Arkon avait été d'une dévotion et d'une loyauté absolue dans ses missions, et il avait les qualités particulières de sa nature Cetra qui satisfaisaient aux visées de Jenova, mais il n'avait néanmoins été qu'un instrument, quelque chose que l'on utilise puis que l'on abandonne. Pour d'autres tâches, il y aurait d'autres serviteurs.
Les deux serviteurs s'inclinèrent devant elle, et rouvrirent les yeux comme s'ils s'éveillaient d'un rêve. Les désirs de leur maîtresse avaient été versés en eux comme le lait d'une cruche. Ils se tournèrent et disparurent, aussi agiles, rapides et silencieux que des ombres fuyant l'aube.
OoOoOoOoOoOoOoO
Région de Cosmo Canyon, dans les falaises, à quelques kilomètres de la ville…
Nako ouvrit les yeux. Il lui fallut un moment pour reconnaître la chambre où il dormait. Ce n'était qu'une des grottes de la région de Cosmo Canyon. Les murs étaient de pierre rouge feu, si foncé qu'il prenait une teinte brune. Une lampe à huile était accrochée au plafond, diffusant une lumière douce et tamisée. Sur le sol, de nombreux coussins moelleux étaient éparpillés.
En voyant sa compagne allongée près de lui, dormant paisiblement, Nako se sentit un peu mieux. Gaesha mettrait bientôt bas, les esprits de la planète disaient que le petit viendrait dans au moins trois jours.
Le fauve s'étira et, jugeant que le sommeil ne reviendrait pas facilement, sortit dehors, sur le bord de la falaise à droite de la porte de chez lui.
La vision des étoiles dans le ciel lui fit du bien. Il avait fait un mauvais rêve : deux créatures quittaient l'ombre d'un réacteur Mako et partaient en direction de sa ville.
Pourquoi ? Que comptaient-ils faire ?
Le regard de Nako se posa sur le bas de la falaise. Il apercevait au loin les lumières de la Bougie Cosmo, symbole de la sagesse et la force de la ville où un des leurs, Nanaki, avait vécu jusqu'à ce que la Shinra l'enlève.
Le Rouge soupira. Il aurait aimé rencontrer Nanaki, mais les rares Rouges survivants avaient choisi de disparaître pour se protéger.
Les Rouges n'étaient guère nombreux, ils avaient une vie plus longue que celle des humains et prenaient donc plus le temps d'étudier leurs sentiments avec l'esprit, avant d'écouter leur cœur.
Cela avait été le cas pour Nako, encore que Gaesha lui reprochait parfois l'empressement qu'il avait – apparemment – exprimé dans le passé. Il savait qu'elle ne faisait que le taquiner. Les sentiments qu'éprouvaient les Rouges les uns envers les autres étaient sincères, ils ne vivaient que par la vérité.
Nako soupira, et regarda le bracelet ornant sa patte avant gauche. Il portait un petit bijou particulier : un cœur couronné, protégé par deux mains. Le symbole de la Ligue du Savoir fondée il y a des siècles par les derniers Cetras, que les premiers Rouges avaient rencontrés.
Les Rouges étaient alors sauvages et n'approchaient pas les humains. Ils ne savaient pas parler, ils ne connaissaient que la chasse, la nature et le langage de la planète, qu'ils comprenaient inconsciemment. Soit c'était bon, soit c'était mauvais. Ils n'avaient pas encore le concept des nuances.
La rencontre des Cetras avait changé leur vie. Ils avaient appris à parler, découvert le savoir et réalisé l'horreur que représentait Jenova. De par leurs pouvoirs liés aux étoiles, les Rouges avaient réussi à percer l'horrible vérité entourant la Calamité des cieux. La Ligue du Savoir avait alors vu le jour, dans le but de protéger cette vérité.
L'un des derniers membres de cette ligue, William Scott, était un terrien. Mais il était originaire de Gaïa, il avait vécu ici autrefois, à Cosmo Canyon. Mais il détenait des pouvoirs de Cetra, de par son héritage ancestral, avec les premiers membres de la Ligue du Savoir.
Il avait découvert un des exemplaires de Loveless et choisi de l'emmener loin d'ici, sur une autre planète, pour protéger Gaïa.
Nako avait gardé le contact avec William par le pouvoir des étoiles mêlé à celui des Cetras et de la Planète. Il avait ainsi aidé son ami dans les recherches pour percer les secrets du manuscrit. Tous deux espéraient ainsi détruire le réseau magique qui absorbait l'énergie des âmes et donnait de la force à Jenova.
Mais depuis maintenant huit ans, plus rien. William était mort. Sa fille, Soluènn, avait découvert toute son histoire et utilisé ses pouvoirs pour venir ici. Elle avait repris le flambeau de son père.
Et hier soir, le dernier exemplaire de Loveless avait été détruit, sur Terre, dans la maison où elle et sa famille avaient vécu. Nako s'en était réjoui.
Mieux encore : la matéria d'ambre, issue des pouvoirs de tous les Rouges et Cetras unis au fil des siècles, s'était fondue dans le corps de la jeune fille. Et elle avait rencontré un homme. Genesis Rapsodhos, Soldat Première Classe, d'après les données dans son dernier message télépathique. Ils étaient ensemble depuis plus d'un an maintenant, et Soluènn était tombée enceinte.
Nako n'avait pas voulu en parler à Soluènn, mais la venue de cet enfant serait très importante pour le futur. Il le savait, il l'avait appris il y a longtemps, dans l'une des prophéties que les Rouges avaient apprises des étoiles. Tout allait donc pour le mieux.
Mais ce soir… Ce soir, voilà qu'un cauchemar le hantait. Le chef des Rouges survivants sentait qu'une nouvelle menace se profilait à l'horizon. Tout n'était pas fini. Jenova était affaiblie, certes, mais pas vaincue.
Nako secoua la tête. Non, pas Jenova. Ce n'était même pas son vrai nom, juste celui qu'un des scientifiques avait donné au spécimen.
Soudain, un bruit fit sursauter Nako. Le fauve sentit son poil se hérisser sur son dos. Ce bruit ne faisait pas partie de ceux de la nuit. C'était autre chose. Et cette aura…
Avec lenteur, il se retourna. Et il vit les deux ombres de son cauchemar debout devant lui, le regardant avec un sourire insolent sur les lèvres.
« Trouvé ! » chantonna la première ombre.
« Enfin… » dit l'autre.
Nako se mit en garde. Ces maudits avaient même amené des fantômes Gi avec eux ! Il pouvait les voir derrière, armés de leurs terribles lances empoisonnées.
Les fantômes Gi étaient laids. Leur corps était long, maigre, comme un épouvantail peint en bleu.
Nako comprit, avec regret, qu'il ne verrait pas son fils venir au monde. Car ce qu'il allait faire exigeait un sacrifice.
Se dressant sur ses pattes, il se mit à rugir, pour donner l'alerte. Les lances se plantèrent dans son corps. La douleur fit naître la colère en Nako.
Il se retourna et fonça sur les guerriers, commençant à déchiqueter leurs corps de ses griffes.
Les deux ombres restèrent immobiles, en retrait, regardant ce spectacle avec un léger sourire attendri, comme deux parents regardant des enfants se chamailler.
Qu'importe si les Gis mourraient. Nako allait mourir, et ils pourraient lui prendre ce qu'ils désiraient. Bientôt, ils pourraient aller sur Terre exterminer les autres membres de la Ligue du Savoir.
Voilà ! Le premier chapitre s'arrête là, désolée.
Dites-moi si vous aimez et si vous voulez connaître la suite. J'espère sincèrement que cela vous plaît, et ce que ce n'est pas trop compliqué ni rien.
Le mot « Rouge » désigne les membres de l'espèce de Nanaki. Je ne sais pas quel est leur vrai nom, mais vu que Hojo l'appelait Red XIII, j'ai jugé qu'on pouvait les appeler comme ça.
Quant à Jenova et ce qu'elle est vraiment, on verra plus tard. Néanmoins, je tiens à rassurer l'auteur Ayame-Nightbreed : cela n'aura rien à voir avec les Yuu'Gure ni tout ce qu'elle a écrit, ni avec les Oakans de Lunastrelle. Je respecte les droits d'auteur. Je n'aimerais pas moi-même qu'on se serve de mes histoires de façon frauduleuse !
Bon, eh bien, je crois que j'ai tout dit pour ce chapitre. Merci et à bientôt, j'espère.
