Publié le 23 février 2015

Bonsoir bonsoir ! Comme à chaque début de fanfic, je suis toute pleine d'engouement et de joie et d'amour pour les futurs lecteurs ! En bref, bienvenue à toi. Jusque-là, j'ai écrit du HPDM, eu l'impression d'avoir vidé mes entrailles et toute ma passion dedans et donc eu envie de creuser autre chose. Pourquoi pas Snape, tiens ?

Fiche technique haha : La fic sera longue (15-20 chapitres), s'étendra sûrement sur quelque chose comme 6 mois. L'update se fera tous les 7-10 jours. Je finis toujours ce que je commence, question de principe (surtout quand l'idée me plaît bien et que j'en rêve la nuit !)

En quelques mots, Une histoire de la soumission c'est : une huitième année à Poudlard / le plus fidèle possible au canon / l'évolution de l'obsession croissante de Harry pour feu Severus Snape.

Il y a un drôle de grimoire, appelé Une histoire de la soumission, qui est censé montrer que Harry et Snape ont eu, durant toute leur vie, une relation de dominant et soumis. Ce grimoire, c'est Hermione qui l'a. Mais elle ne veut pas que Harry le lise, elle dit que c'est dangereux pour lui, et qu'il pourrait en devenir fou (dans les deux sens du terme)...

Avec ou sans grimoire, Harry développe une obsession désespérée pour celui qui fut un jour son Maître de Potions. Une histoire d'amour entre le Survivant et un mort, qui va s'exprimer, par énigmes, au travers de différents médiums, tous images et trahisons de Severus Snape.

Mais ne partez pas sur ces paroles qui semblent annoncer, trompeusement, un discours pseudo-intelligent ! Ca risque d'être quand même plus ou moins divertissant (l'humour vaseux me guette), un peu mystérieux, un peu dramatique, beaucoup insensé, et pas mal chelou aussi /o/

Sur ce, bonne lecture, on se retrouve, j'espère, en bas !

PS : Le nom du chapitre n'a (presque) strictement rien à voir avec le contenu du-dit chapitre.

UPDATE, fic finie (août 2015) : Bienvenue aux lectrices de fic finie :) La fic compte finalement 12 chapitres et un épilogue. Elle est relativement dramatique. Je vous mets aussi en garde contre le style d'écriture qui est cru. J'aime que les choses soient décrites comme elles sont dans la réalité. Pas de corps d'athlètes, mais de la sueur, du sang et des larmes.

N'hésitez pas à me laisser des petits mots d'amour ou de haine !


UNE HISTOIRE DE LA SOUMISSION

Chapitre 1 : Le chibre du Chevalier du Catogan


- Hermione, me dis pas que tu es en train de lire ?

- Je ne vois pas ce qu'il y a de si étonnant, répliqua la sorcière, sans lever les yeux de son bouquin.

- Il y a qu'on n'a même pas encore eu les emplois du temps ! s'écria Ron, outré. Tu peux pas travailler maintenant alors que les cours commencent seulement tout-à-l'heure !

Sa copine ne prit pas la peine de répondre, tellement elle était absorbée par sa lecture. C'est à peine si elle se contenta d'une mine moqueuse. Révolté, Ron Weasley s'assit néanmoins à côté d'elle et entreprit de se remplir la panse avec toutes sortes de viennoiseries magiques. Il lui jetait de temps à autre des regards scandalisés, comme s'il l'avait surprise en train de se masturber en public.

Il était tout-à-fait indécent de lire un si gros bouquin à seulement 7H30 du matin. De lire pendant le petit-déjeuner tout court, en fait.

Quelques instants plus tard, Harry, qui avait traîné sous la douche, les rejoignit. Il trouva le couple bien silencieux, en comparaison avec le reste de la table de Gryffondor qui, malgré l'heure matinale, s'appliquait à faire un tapage tel que les murs en tremblaient. Si on voulait être indulgent avec eux, il fallait aussi prendre en compte que Poudlard n'avait jamais compté autant d'élèves.

xXx

En effet, alors que Voldemort avait définitivement été vaincu en mai dernier, la plupart des septième années avaient accepté, avec une joie variable, de revenir à l'école en septembre. Aucun d'eux n'avait réellement eu le luxe d'étudier, pendant l'angoisse et le trouble de la Guerre. Ne parlons pas de la session des ASPICS de juin 1998, qui avait tout bonnement été annulée : la communauté sorcière britannique avait été bien trop occupée à violer tous les articles du Code du Secret Magique pour s'intéresser à l'organisation des examens de fin de cycle.

Bref, les septième années avaient reçu une invitation de la part de Poudlard pour, en quelque sorte, redoubler.

Mais même si rejoindre le Professeur Binns et la révolte des Gobelins ne les enchantaient que moyennement, tous ceux qui avaient répondu présents désiraient que cette huitième année soit placée, contrairement à celle passée sous le règne des Carrow, sous le signe d'une bonne humeur et d'une frivolité peut-être excessive, mais qui fait chaud au cœur.

La Guerre était finie, ils pouvaient bien perdre un an de plus à emmagasiner des connaissances qui ne leur seraient plus d'aucune utilité une fois les examens derrière eux : ils avaient désormais tout leur temps.

Ils étaient nombreux à avoir perdu des amis, de la famille. Entre les rangs, quelques têtes disparues hurlaient leurs absences : Colin Crivey, Vincent Crabbe... et même à la table des Professeurs, il manquait le visage paisible d'Albus Dumbledore ainsi que les cheveux noirs et gras d'un certain Severus Snape.

Harry pouvait nommer beaucoup de victimes de la Guerre, même au sein d'une communauté restreinte comme Poudlard. Pourtant, il y en avait tant d'autres ! Tellement de morts dont il ignorait jusqu'à l'existence.

Certains élèves semblaient avoir plus de mal que les autres à rire ouvertement, à se charrier insouciamment. Et, quand Harry Potter était paru dans la Grande Salle, les rougissements, interpellations et évanouissements s'étaient faits plus nombreux et bruyants que les années précédentes, preuve que tous le considéraient comme le véritable héros de la Guerre, lui qui avait mis fin aux jours du plus grand Mage Noir de tous les temps.

Mais, malgré les cicatrices fraîches qui avaient du mal à se refermer, dans l'ensemble, ce premier petit-déjeuner de l'année scolaire avait cet air de jour de rentrée banal dont Harry avait rêvé tout l'été. Un air que, mine de rien, Poudlard n'avait pas connu depuis que Voldemort était revenu, à la fin de leur quatrième année, plus de trois ans auparavant.

xXx

- Tu lis quoi, Hermione ? s'enquit le brun poliment.

Il en avait assez de voir tout le monde discuter bruyamment tandis que lui s'amusait à touiller sa tasse de café vide, à regarder le Sinistros s'y dessiner à chaque tour de cuillère.

Avant que la jeune fille n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche, Ron avait déjà répondu à sa place :

- Je sais pas, mais c'est visiblement plus intéressant que me demander si j'ai bien dormi ou si j'ai passé de bonnes vacances.

- Ron chéri, on s'est vus hier soir, tu te souviens ? intervint Hermione, en claquant son livre, avec un regret non dissimulé. J'imagine qu'il ne t'est rien arrivé d'exceptionnel en l'espace de dix heures, non ?

- Comment tu pourrais savoir, vu que tu m'as pas posé la question ? J'aurais pu agoniser des douleurs d'un poison mortel, t'aurais pas levé les yeux de ton bouquin !

Les deux Gryffondors se lancèrent dans une dispute aussi stupide que réconfortante – car elle signifiait qu'on pouvait enfin se consacrer pleinement, sans culpabiliser, à des broutilles. Tandis qu'ils enchaînaient sur « - Et toi, tu m'as demandé comment allaient mes parents ? ; - Tu peux parler, t'as refusé de passer une semaine au Terrier ! ; - Ron, bien sûr que non je n'avais pas envie de perdre sept jours à dégnomer ton jardin en compagnie de Fleur ! », Harry jeta un coup d'œil curieux au grimoire que Hermione lisait tantôt. Après tout, c'était là le dangereux élément déclencheur de leur querelle. Enfin, pas comme s'ils en avaient vraiment besoin. Disons, pour être méticuleux, que ce livre était le prétexte de leur dispute.

xXx

Un bien étrange ouvrage, tout du moins. Il ne venait certainement pas de la bibliothèque de l'école – bien trop subversif. De toute façon, même s'il s'agissait là de la deuxième – tout compte fait, de la première – maison de Hermione, vu qu'ils étaient arrivés la veille au soir, quand aurait-elle eu le temps de s'y rendre ?

En plissant les yeux, le Survivant réussit à déchiffrer le titre du bouquin. C'était un exercice ardu, en partie parce que les lettres étaient à moitié effacées, en partie parce qu'il n'était pas certain de croire qu'il avait vraiment ça entre les mains. Mais il finit par se rendre à l'évidence.

Hermione lisait, au saut du lit, en sirotant du thé Russe sans sucre, un livre intitulé Dominants et dominés chez les Sorciers : Une histoire de la soumission.

Il eut beau examiner la couverture sous tous ses angles, impossible d'y trouver le nom d'un auteur, le symbole d'un éditeur quelconque ou même une date de parution.

Poussé par la curiosité, il ouvrit l'étrange grimoire. Les pages étaient jaunies par le temps et comportaient de nombreuses taches brunes, comme si on y avait renversé des litres de café et de thé sur plusieurs générations. Les coins étaient cornés ; le papier usé et filandreux. L'encre avait pâli et quelques bouts de mots manquaient, çà et là.

La reliure, qui avait pourtant l'air sophistiquée, montrait des signes de faiblesse. De fait, les fils qui retenaient les pages semblaient pouvoir lâcher à tout moment à tel point que, dès qu'il s'en aperçut, Harry décida de refermer immédiatement l'ouvrage.

Aussi hétérodoxe et intriguant que puisse paraître ce livre, le garçon-qui-avait-survécu ne voudrait pour rien au monde abîmer un grimoire qui appartenait à Hermione Granger. Pour un délit aussi grave, qui sait ce qu'elle pourrait inventer comme châtiment. Surtout si elle laissait son imagination subir les influences de sa lecture actuelle...

Non, pour le bien-être de la potentielle progéniture de Harry Potter, il valait mieux qu'il garde sa maladresse le plus loin possible de ce livre singulier.

xXx

- Ron, tu penseras à mettre cette robe au sale ? Elle est absolument...

- Oui, Hermione chérie, je le ferai, promis.

Harry ne savait quand, mais son couple d'amis avait arrêté de se disputer. Comme à chaque fois, ou presque, Ron avait déclaré forfait et avoué tous les crimes qu'il avait jamais commis, ce qui n'empêchait manifestement pas Hermione de continuer à lui reprocher mille et une bagatelles. Une liste de reproches à laquelle le rouquin mit fin avec astuce :

- Tu sais, si je m'habille tel un pouilleux, c'est pour mieux faire ressortir ton charme, ta beauté, que dis-je, ta splendeur naturelle !

Hermione leva les yeux au ciel mais accepta de passer à autre chose. Harry laissa ses deux amis se réconcilier à coups de déclarations mièvres et ridicules pour chercher du regard ses autres camarades, qu'il n'avait pas revus depuis le début de l'été.

La Grande Salle était vraiment pleine à craquer, si bien qu'il était difficile d'y discerner qui que ce soit.

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Les enfants qui avaient été répartis la veille au soir étaient quichés tout au bout de chaque table, sûrement intimidés par le bordel et le bruit qui régnaient chez leurs aînés.

Alors que Harry avait craint que les gamins envoyés à Serpentard ne se fassent boycotter, huer ou soient même traités par les trois autres Maisons comme de futurs Néo-Mangemorts (ce qui était totalement absurde), il était surpris de la façon doit ils avaient été accueillis.

Il n'y avait eu aucun scandale durant la Répartition. Chaque nouvel étudiant avait été applaudi modestement. Peut-être que le discours du Choixpeau, qui avait mis l'école en garde contre une potentielle guerre interne qui détruirait complètement Poudlard, y était pour quelque chose. Peut-être que les élèves avaient aussi conscience que ce n'était pas la Maison qui forgeait les personnalités mais les élèves eux-mêmes qui orientaient leur Maison.

Serpentard avait abrité des praticiens de la magie noire, tout comme Gryffondor, Serdaigle et Poufsouffle. Sa seule différence, c'était qu'elle avait jusque-là eu une fâcheuse tendance à s'en vanter. Toutefois, il suffisait que les nouveaux étudiants, ainsi que les anciens, choisissent d'agir autrement, de montrer leurs qualités – ruse, verve, pragmatisme – pour rendre à la Maison vert et argent la dignité qu'elle méritait.

Pour l'instant en tout cas, ils faisaient profil bas. Harry espérait que cette année verrait une plus grande solidarité entre les élèves, toutes Maisons confondues. Hermione avait même émis l'hypothèse que McGonagall abolirait le système ancestral des Maisons : c'était une belle idée mais, quand même, c'aurait été bien dommage...

Finalement, ce furent ses amis qui trouvèrent Harry avant qu'il ne les trouve.

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Luna Lovegood lui adressa de grands signes de main rêveurs de la table de Serdaigle. Anthony Goldstein, à côté d'elle, se contenta d'un humble salut. Michael Corner, lui, eut un sourire incertain. Harry savait qu'il avait participé à la rébellion contre les Carrow et qu'il avait été torturé pour cela. Et puis, maintenant que le Gryffondor n'avait plus aucune espèce d'attirance pour Ginny, il ne se sentait plus du tout en rivalité avec le Serdaigle. Harry lui rendit son sourire. Padma Patil, ainsi que sa bande d'amies – elles devaient être dix, au bas mot – lui envoyèrent des cœurs du bout de leurs baguettes. Contre toute attente, cela provoqua un rire charmant chez Harry.

Tout compte fait, il préférait largement ça plutôt que le continuel danger de mort qui pesait sur eux quand ils étaient à la recherche des Horcruxes.

Chez les Poufsouffles, Ernie MacMillan lui fit un bref signe de tête tandis que Justin Finch-Fletchey s'inclina bien bas, avec sa grandiloquence habituelle. Harry ne vit Zacharias Smith nulle part. Ce dernier avait du décliner l'offre d'une année supplémentaire à Poudlard et Harry en était secrètement soulagé. Il avait appris que le sorcier, pendant la Bataille Finale, avait bousculé des premières années pour fuir le château. Il n'aurait su comment réagir s'ils s'étaient retrouvés de nouveau face à face.

Neville et Ginny, qui venaient seulement d'arriver, chamboulèrent tout l'ordre établi pour s'asseoir en face de lui. Ils lui indiquèrent que Dean et Seamus étaient encore dans la Salle Commune, à faire ils ne voulaient savoir quoi.

Peu après, le Professeur Flitwick distribua les emplois du temps, faisant ainsi fuser en tous sens des cris d'effroi et d'affliction.

Quand Harry put s'exclamer, dégoûté, qu'ils commençaient par un cours de Potions, il sut qu'il avait fait le bon choix en revenant à Poudlard, même si c'était un peu douloureux : comment aurait-il pu garder du château, comme dernier souvenir, la Bataille Finale qui l'avait dévasté ?

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- Comme vous l'avez appris hier soir, je suis le Professeur Patience, votre nouveau professeur de Potions. Il me semble que vous avez bénéficié jusque-là de très bons maîtres en la matière : le Professeur Snape, que nous avons malheureusement perdu durant les tristes événements du début d'année ainsi que le Professeur Slughorn, qui a finalement pris sa retraite. Vous êtes exceptionnellement de retour à Poudlard dans le but de recommencer une septième année et afin de passer les ASPICS dans des circonstances normales. Comprenez que la Directrice vous offre là une chance d'intégrer la société avec des bases plus affirmées, avec une plus grande maturité que celles que vous auriez eues si vous aviez décliné son offre. Pour la majorité d'entre vous, sinon pour tous, vous êtes majeurs et de ce fait, adultes. J'attends donc de votre part de la discipline, une volonté de travail et surtout une conscience de l'enjeu que constitue l'obtention des ASPICS.

Le Professeur Patience était une femme qui ne semblait pas avoir plus de trente ans mais qui arborait déjà une allure sévère. Elle donnait cependant l'impression d'être impartiale, contrairement à ses deux prédécesseurs. En effet, elle interrogea autant les Serpentards que les Gryffondors et, pour la première fois dans cette salle de classe, Harry ne reçut aucun traitement particulier. Le Professeur Patience ne lui témoigna ni une sympathie démesurée ni une animosité injustifiée et cela lui allait très bien.

Toutefois, dès qu'elle leur eut expliqué les différentes étapes de concoction de la Potion sans Rêve, Harry regretta soudain ce cher Slughorn... ainsi que son ancien Manuel de Potions, qui lui auraient été tous deux bien utiles pour comprendre ce bordel de charabia. Cette année, il allait devoir compter sur ses propres – et maigres – facultés.

La mort dans l'âme, il se mit à regrouper des ingrédients un peu au hasard, essayant en vain de comprendre ce que Hermione trafiquait avec son chaudron éteint et cette chose biscornue qu'elle avait dans la main gauche. Alors qu'il suivait distraitement les indications de son Manuel flambant neuf, son esprit s'éclipsa loin des Cachots.

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Comme c'était étrange de s'imaginer que le Manuel du Prince de Sang-Mêlé, qu'il avait considéré comme un véritable trésor pendant presque une année entière, avait appartenu à Snape, avait été rempli de son âme !

Après avoir assisté au meurtre de Dumbledore et appris par le Maître de Potions lui-même l'identité du Prince de Sang-Mêlé, Harry avait été horrifié d'avoir chéri le Manuel. Il avait haï Snape de tout son cœur, presque autant qu'il détestait Voldemort. Mais Jedusor ne l'avait pas trahi, Jedusor avait au moins eu le mérite d'afficher clairement son camp...

Snape, Snape en qui Dumbledore avait eu une absolue confiance, n'avait pas hésité à tuer le vieil homme, à le balancer dans le vide ! Snape était l'auteur de ces commentaires si ingénieux qui avaient permis à Harry de se faire passer pour doué en potions !

Oui, l'année que Harry avait passée à chercher et à détruire les Horcruxes, il l'avait aussi passée à formuler des désirs noirs de vengeance. Il s'imaginait sa prochaine rencontre avec le Maître de Potions, il s'imaginait, et c'était jouissif, lui arracher ses cheveux sales, lui écraser son nez trop long, tordre ses ongles crasseux un à un...

Mais, maintenant que Harry savait que le défunt Maître de Potions avait, depuis l'assassinat de Lily et James dix-sept ans auparavant, montré une fidélité sans faille à l'Ordre du Phénix, il avait beaucoup moins de mal à accepter l'idée que le propriétaire de cet inestimable Manuel de Potions ait été Severus Snape.

Était-ce si effroyable d'avoir pu compter sur les précieux commentaires de Snape ? Était-ce si abominable d'avoir eu la preuve que l'homme avait toujours été extrêmement intelligent, à défaut d'être facile à vivre ? Était-ce si incroyable que, au travers de quelques notes narquoises, le Prince de Sang-Mêlé, c'est-à-dire Severus Snape, ait dégagé une aura si séduisante qu'il était rapidement devenu une sorte de compagnon pour Harry ?

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- Mr Potter, je sais bien que nous sommes le premier jour de classe et que cette huitième année est assez délicate à envisager, après les horreurs toute récentes, mais j'aimerais que vous ne détruisiez pas le matériel de l'école. Si possible.

Harry, qui était jusque-là en plein questionnement sur La Salle sur Demande (avait-elle été entièrement détruite ? Pourrait-il récupérer son Manuel, s'il en formulait un désir viscéral ?), se rendit soudain compte que son chaudron bouillonnait furieusement et que les éclaboussures occasionnées attaquaient le bois de sa table avec un entrain étonnant.

Ron l'aida à nettoyer, Hermione leva les yeux au ciel mais Malfoy, du fond de la salle, continua à travailler en silence, sans même l'ombre d'un ricanement.

Même à bord du Poudlard Express, le Serpentard s'était fait très discret. Harry l'avait simplement aperçu en compagnie de Goyle et Zabini, une expression affreusement neutre sur le visage. En tout cas, le Gryffondor était parfaitement prêt à l'ignorer, ou même, si le blond en manifestait l'envie, à sympathiser avec lui. Mais comme cela n'était pas prêt d'arriver, il se satisfaisait très bien de cette trêve tacite.

Il souhaitait que cette année soit la plus agréable possible.

xXx

- Tu vas quelque part ? On a cours de Sortilèges dans cinq minutes ! dit Ron, en voyant son meilleur ami jeter ses affaires dans son sac à toute vitesse, renversant de nouveau une partie de son chaudron sur la table.

- Je veux vérifier un truc ! lui répondit Harry, avant de sortir de la salle de Potions, laissant le rouquin nettoyer derrière lui en grognant qu'il lui revaudrait ça.

xXx

Des Cachots où il était actuellement à la Salle sur Demande, il y avait une multitude d'escaliers et, surtout, une masse d'admirateurs qui feraient tout pour lui soutirer un autographe ou un poil pubien. Heureusement, même après un an passé loin de Poudlard, il n'avait toujours aucun mal à repérer les nombreux passages secrets parsemés sur son chemin, passages secrets qui lui permirent d'atteindre le septième étage sans avoir croisé plus de cinq personnes – dont trois fantômes.

Quand il vit la tapisserie représentant Barnabas le Follet et ses Trolls en tutus roses, le brun eut malgré lui des frissons d'anticipation familiers.

Au fond de lui, il savait que la Salle était condamnée. Le Feudeymon était un sort terriblement puissant, qui anéantissait tout. Harry était d'ailleurs persuadé que même une créature immortelle comme le Phénix n'y survivrait pas.

Pourtant, il avait encore ce fol espoir, ce besoin insensé de voir, sous ses yeux, encore une fois, la Salle pour Cacher, la Salle pour Se cacher, la Salle pour Réunir une armée clandestine... C'était comme si son corps ne voulait pas admettre ce que son cerveau savait. Il était devant la tapisserie, comme avant. Et comme avant, elle devrait dévoiler l'entrée de la Salle Va-et-Vient. C'était dans l'ordre des choses, non ?

Il passa plus de dix fois devant la tenture, en fermant fort les yeux, en ayant peur de les rouvrir. Quand il finit par décoller ses paupières, des sueurs froides le prirent aussitôt. Une porte était apparue.

Comment était-ce possible ?

La Salle Sur Demande avait donc survécu aux flammes maléfiques ?

Le cœur battant, les poils de ses aisselles mouillés d'une transpiration désagréable, il poussa la porte.

Un vulgaire placard à balais. Voilà ce qu'était devenue une de pièces les plus extraordinaires de Poudlard.

Quand le Feudeymon l'avait ravagée, il avait englouti avec elle les secrets de milliers d'élèves, Vincent Crabbe, ainsi que le Manuel de Potions du Prince de Sang-Mêlé. Harry ne savait pas pourquoi, mais il aurait vraiment voulu récupérer le livre.

C'était à prévoir, il arriva en retard au cours de Sortilèges.

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- Ha non, Hermione, là, je suis pas d'accord ! s'exclama Ron, en se redressant.

Tous sursautèrent, y compris la jeune fille interpellée de la sorte.

Harry, Dean, Seamus, Neville, Ginny et Ron étaient enfoncés dans les fauteuils cabossés de la Salle Commune de Gryffondor. Ils avaient tous fini les cours à 16 heures et discutaient depuis lors de tout et de rien, en observant parfois le ballet des autres élèves autour d'eux, ou les motifs que dessinaient les flammes dans l'âtre.

Ils n'étaient qu'en Septembre mais les Elfes de Maison, peut-être pour rendre la pièce plus accueillante qu'elle ne l'était déjà, avaient allumé un feu de cheminée. C'était une chic idée, même si Hermione aurait certainement parlé de gaspillage d'énergie, si elle n'avait pas été entièrement captivée par tout autre chose.

Elle revenait tout juste de son cours d'Arithmancie, qui se déroulait de 16 heures à 18 heures – une nouvelle fois, Harry s'était félicité de ne pas avoir choisi cette matière. Enfin, pas comme s'il avait déjà éprouvé un attrait quelconque pour elle, bien au contraire.

Si Ron, qui était alors en train de vanter les bienfaits de la Glace à la Citrouille, s'était soudain interrompu pour s'exclamer si fort, c'était parce que Hermione, après avoir passé le Portrait de la Grosse Dame, s'était assise sur un pouf et avait directement sorti un livre de son sac.

- Tu as toute la soirée, toute la nuit, s'il le faut, pour lire !

La colère ne permit sûrement pas à Ron de reconnaître l'ouvrage que sa copine avait entre les mains. Harry, lui, vit tout de suite que c'était le fameux grimoire qu'elle lisait ce matin-même : Dominants et dominés chez les Sorciers : Une histoire de la soumission.

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Ron ne comprenait pas qu'elle consacre tant de temps à étudier et si peu en leur charmante compagnie. Harry, lui, était certain que ce n'était pas là un "livre pour les cours", comme on dit. Son amie devait être tellement passionnée par sa lecture qu'elle la poursuivait sûrement dès qu'elle en avait l'occasion. D'ailleurs, à l'emplacement du marque-page, il devina qu'elle l'avait bien avancé, depuis ce matin. A la louche, il dirait qu'elle avait lu au moins deux cents pages depuis.

Il était sûr que, pendant la pause du matin, elle ne s'était pas précipitée aux toilettes du fait d'une grosse colique (ça, c'était l'hypothèse de son charmant petit ami). Non, selon le brun, Hermione s'était simplement assise sur le couvercle des toilettes pour lire dix minutes tout son aise.

Ce livre était décidément bien mystérieux. En moins de douze heures, il avait été à l'origine de deux disputes du couple de Gryffondors.

Harry Potter avait toujours aimé les mystères, même s'il avait désormais une nette préférence pour ceux qui paraissaient inoffensifs – ou qui, du moins, ne mettaient pas sa vie et celle de ses copains en péril. Il aimait les mystères qui se résolvaient facilement, où il avait juste à déclencher un petit mécanisme. Les grosses énigmes bien juteuses, qui nécessitaient un doigté délicat, il les laissait à Hermione.

En réalité, depuis qu'il avait découvert le titre du livre ce matin-là, il était fermement convaincu que sa meilleure amie, qui avait toujours affiché des airs de sainte Nitouche, s'intéressait de près au sadomasochisme.

C'était carrément le style de Hermione, avait-il décidé. Dès qu'elle voulait tester une nouvelle chose, même au pieu, elle se sentait obligée de lire tout ce qui avait été écrit sur ce sujet. Bref, elle risquait de parler à Ron de cette envie de jeu de domination que plusieurs mois plus tard, si elle lui en parlait jamais.

Comme il serait plus simple qu'elle le clame aujourd'hui haut et fort ! Et tellement plus drôle !

Le couple pourrait essayer le soir-même, au lieu d'attendre que la sorcière ait lu toutes les publications des dix dernières années traitant du SM.

Voilà le mystère que pensait avoir à résoudre Harry Potter : pousser Hermione Granger à avouer son désir de jeux érotiques dissidents. Rien de bien méchant, en somme. De quoi l'occuper pendant quelques jours.

Pourtant, s'il avait su où Dominants et dominés chez les Sorciers : Une histoire de la soumission allait le mener, il ne s'y serait peut-être pas tant intéressé. Mais après tout, s'il n'avait pas été curieux, il n'aurait pas été Harry Potter.

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- Ron n'a pas tort, 'Mione, dit-il, mine de rien. On n'a même pas de devoir, comment est-ce que tu as pu trouver matière à travailler ?

Hermione ne se laissa pas impressionner par cette remarque. Elle haussa un sourcil façon Malfoy.

- J'ai lu L'Histoire de Poudlard bien avant de savoir que j'atterrirai à Gryffondor et fréquenterai Harry Potter et Ronald Weasley, rétorqua-t-elle. Contrairement à vous deux, j'aime faire marcher mon cerveau même lorsque ce n'est pas « un devoir ».

Sur ces mots, elle prit son livre sous son bras, attrapa son sac tout en marmonnant qu'il était impossible de se concentrer dans la Salle Commune et disparut dans le dortoir des filles. Vu l'agacement qui agitait sa masse capillaire, il était peu probable qu'elle reparaisse pour dîner.

« En fait, pensa Harry, elle aura terminé ce livre avant demain matin. »

Elle devait même jubiler intérieurement d'avoir pu se retirer aussi tôt et sans même avoir à s'excuser. Oui, Harry s'était fait un avis catégorique sur cette lecture. Hermione se renseignait sur le sadomasochisme car elle fantasmait là-dessus. Comme la plupart des hypothèses que formulaient Harry Potter, celle-ci était totalement à côté de la plaque. Il ne le découvrirait qu'un mois plus tard.

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- Je pensais qu'après tout ce qu'on a vécu, elle prendrait ENFIN le temps de profiter de la vie ! grommela Ron. Mais c'est seulement notre première journée de cours et elle passe de nouveau son temps fourrée dans des pages moisies...

- Ah, Ron, tu devrais pas être jaloux de simples objets, le réconforta Seamus.

- Enfin, peut-être qu'il devrait quand même faire attention à certains objets, remarqua Dean, avec un sourire coquin.

- Effectivement, des objets que Hermione cacherait par exemple sous ses larges ro...

- Oh, ça suffit les gars, intervint Ginny, quoique amusée. Arrêtez d'emmerder mon pauvre frère !

- Ton pauvre frère, protesta Ron, n'a pas besoin de sa cadette pour se défendre devant ses propres amis, merci pour lui !

- C'est ainsi que tu me remercies ? Et bien, viens, Neville, nous allons dîner.

- Mais... s'étonna l'autre Weasley. C'est même pas six heures et demie !

- Nous fuyons ta compagnie, tout comme ta copine a eu raison de le faire, rétorqua malicieusement Ginny, avant de faire claquer le portrait derrière elle.

Au bruit que ça faisait (Aïe – Outch – Hey !) elle traînait vraisemblablement Neville par le bras.

Harry sourit à son meilleur ami, l'air de dire « Ha, ces femmes alors ! » mais, dans son for intérieur, il était en joie. Si Hermione finissait son livre ce soir, si avec un peu de chance elle n'en avait pas acheté dix autres, peut-être qu'après-demain matin, Ron reviendrait échevelé, et les joues encore plus rouges qu'à l'ordinaire. Mais il la connaissait bien et il savait qu'elle ne se sentirait prête que d'ici une ou deux saisons. Bien trop long.

Ho, il avait tellement hâte que Hermione aborde le sujet avec lui – okay, c'était quand même peu probable –, bon, du coup, que Ron vienne un jour le voir, les joues rouges, pour lui dire qu'enfin, ils...

Non, c'était trop bon, il fallait qu'il s'imagine ça proprement.

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Plusieurs mois plus tard.

Disons mi-avril. Car le mois d'avril sembler chanter la saison des Amours, le sexe dans les champs et les cuisses écarlates écartées.

RON, l'air embarrassé, se triturant les mains : Harry, on peut parler ?

HARRY, faussement étonné : Mais qu'est-ce qu'il se passe, Ron ? Tu es tout rouge !

RON, (au public) : Il se passe que c'est une conversation privée. Sortons.

RON amène HARRY dans une salle de classe déserte.

HARRY, en faisant des grimaces d'incompréhension : Je comprends de moins en moins. Est-ce que c'est grave ?

RON montre des signes de nervosité. Court silence.

RON : Hermione m'a proposé hier d'essayer... (suit un marmonnement inaudible)

HARRY : Excuse-moi, mon vieux, je n'ai pas bien entendu.

RON (à toute vitesse) : Hermione et moi on a commencé à faire du sadomasochisme.

HARRY : Ho ! Mais quelle drôle d'idée ! Comment diable en êtes-vous arrivés là ?

RON : Pour tout t'avouer, c'est Hermione qui s'y intéressait. Elle m'a avoué qu'elle n'a pas arrêté d'y penser après avoir lu un grimoire anonyme intitulé Dominants et dominés chez les Sorciers : Une histoire de la soumission. Tu connais ?

HARRY, l'air malicieux : Seulement de nom...

Comme il avait hâte !

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Le mois de Septembre passa à une vitesse effroyable. Harry était heureux d'être de retour à Poudlard et de voir le château quasiment au meilleur de sa forme. Dès qu'un escalier n'en faisait qu'à sa tête, qu'un portrait lui racontait des sornettes ou qu'une armure lui riait à la gueule, les souvenirs de la Grande Salle dévastée par les Mangemorts se faisaient de moins en moins vifs, paraissaient de plus ou plus fantaisistes. L'école se battait vaillamment pour retrouver sa prestance d'antan et Harry Potter, qui avait toujours montré un profond respect pour l'édifice, en était profondément ému.

Bien sûr, comme tout allait à toute vitesse et que Hermione l'avait vraisemblablement fini, il oublia bien vite le mystérieux ouvrage qui avait pourtant provoqué tant d'émois le jour de la rentrée. Tous les autres titres qu'elle avait lus depuis étaient ennuyeux au possible : Race, espèce et genre. Lexicologie sorcière et moldue comparée (tome I), Une catégorie historiographique nouvelle : les Ténèbres radicales ou encore Elfes de Maison, l'Histoire d'un esclavage. Le Survivant considéra l'affaire classée, sans même s'y être penché plus avant. C'est l'inconvénient des petits mystères : ils passent souvent à la trappe.

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Le premier mardi d'octobre, Harry croisa le Chevalier du Catogan, qui était exactement comme dans son souvenir. Cependant, sa loquacité et son exubérance n'emmerdèrent le Gryffondor pour rien au monde. Il passa plus de trois minutes à écouter le petit personnage lui parler de la taille extraordinaire de son chibre. Il se sentait l'oreille attentive et généreuse.

Bon, il est possible que le fait que son prochain cours était Divination y soit en partie pour quelque chose.

- Ho, jeune homme, si je vous racontais tout ce que j'avais fait avec mes deux épées, tout ce qu'elles ont pourfendu ! Oui, mes deux épées, mon ami, l'une est ici (le Chevalier brandit son arme), l'autre à l'abri sous mon armure, hahaha !

- Mais, attendez... dit Harry, perplexe mais intéressé (tout était bon pour arriver en retour chez Trelawney). Vous pouvez avoir des relations sexuelles, alors que vous êtes...

Il ne voulait pas froisser le portrait en lui rappelant sa condition – certains tableaux trouvaient que c'était là un acte d'une extrême inconvenance.

Quand il était encore en première année, il avait du passer plus de trois heures dans le couloir à attendre que la Grosse Dame consente à le laisser entrer, tout ça parce qu'il avait osé lui demander « Vous n'êtes qu'un portrait, vous faites seulement semblant de dormir, non ? ».

Heureusement, le Chevalier était si heureux de parler de sa belle bite que rien ne pouvait l'offusquer.

- Hardi gentilhomme, bien sûr que nous autres, êtres des murs, pouvons jouir des plaisirs de la chair ! Pourquoi donc les Moines Ivres inviteraient toutes les Dames à festoyer chaque soir avec eux, selon vous ?

- Mais, je n'ai jamais vu...

- Voyons, vous êtes aussi grand pour savoir qu'il y a certaines choses qui se passent dans l'ombre des rideaux, n'est-ce pas ? N'avez-vous jamais remarqué quelque cadre vide, la nuit, sur votre chemin ? Moi, Chevalier du Catogan, sais bien que vous aimez à vous promenez quand l'astre solaire est couché, bel ami !

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- Hermione, Hermione ! Par ici ! cria Harry, en lui faisant des grands gestes.

Hermione sortait d'un cours de Runes. En tout cas, c'est ce que le brun supposa, car elle affichait cet air supérieur qui signifiait « Vous avez encore perdu deux heures à étudier des sachets de thé usagés. Pendant ce temps-là, moi, j'ai traduit L'Odyssée en Runes Anciennes ».

- Salut Harry ! dit-elle avant de s'asseoir à côté de lui. Est-ce que tu t'es enfin rendu compte de mon infinie beauté ?

- Pour... quoi ? demanda son ami, perdu.

- Visiblement non. Pourquoi, alors, semblais-tu si enthousiaste de me voir ?

- Oui, pourquoi ? intervinrent Dean et Seamus en chœur, l'air exagérément curieux.

Quand Harry les voyait si synchrones, il ne pouvait s'empêcher de penser à Fred... Est-ce que Dean et Seamus, qui avaient toujours voué un véritable culte aux jumeaux Weasley, essayaient inconsciemment de les remplacer ?

- Hermione, dit-il, figures-toi que tout-à-l'heure, j'ai pris le temps de discuter avec le Chevalier du Catogan...

- Un portrait très intéressant, commenta la sorcière, tout en déposant un léger baiser sur les lèvres de Ron. Je t'écoute !

- Oui, très sympa comme type, enfin, il m'a parlé de son... Bref, tu savais que les portraits pouvaient... avoir des... enfin, baiser quoi ?

Hermione ne sembla pas vraiment étonnée mais Ron, Seamus, Dean et Neville ouvrirent des yeux tout ronds. On aurait dit que, sans prévenir, on leur avait enfoncé un Troll dans l'anus.

- Je pensais qu'ils ne pouvaient pas enlever les vêtements dans lesquels on les avait peints, dit Neville d'une voix incertaine.

- Cette information est formidable ! s'exclama Dean, qui venait de recouvrir ses esprits.

- Absolument extraordinaire, compléta Seamus.

- Je consacrerai le restant de mes nuits à essayer de surprendre ces petits fripons !

- Peut-être la moitié du restant de tes nuits, je te prie. Tu as d'autres choses à faire, n'oublie pas.

Harry se détourna des deux amis – il n'avait jamais cherché à comprendre jusqu'à quel point on pouvait parler d'amitié –, pour surprendre l'air songeur de Hermione

- J'ai lu récemment que les portraits avaient une certaine... autonomie dans les détails qui n'avaient pas été peints par l'artiste, dit la sorcière.

- Comment ça ? Quels détails ?

- Réfléchis, Harry, dit-elle de son ton exaspéré coutumier. Un portrait peut te montrer son dos, non ? Pourtant, il n'a jamais été peint. Il peut bouger, et dévoiler le paysage qu'il y a derrière lui. Idem, chez les Moldus, on aurait au mieux un bout de toile vierge. Par ailleurs, si un portrait peut passer de tableau en tableau, il peut aussi interagir avec ses occupants. Et je suis presque certaine que le portrait de Greta Grandamour disparaît régulièrement dans celui devant les cuisines pour chiper quelques pommes. Bref, si les portraits peuvent manger, parler, dormir, il serait logique qu'ils puissent aussi avoir des rapports sexuels.

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Quand Dumbledore était mort et Harry totalement perdu, le Survivant avait plusieurs fois formulé le souhait de pouvoir parler à son portrait, qui demeurait, comme tous ceux des anciens Directeurs de Poudlard, dans le bureau gardé par la Gargouille.

Le portrait de Dumbledore pourrait les aider, leur donner d'autres indices qu'un livre de contes pour enfants, un vieux vif d'or et un déluminateur !

Mais Ron lui avait répété qu'un portrait imitait la vie à la perfection, mais ne pouvait l'égaler. Le portrait de Dumbledore, jusqu'à un certain point, restituait l'intelligence, la vivacité et l'humour douteux du sorcier. Mais ce n'était pas, ce n'était plus le même homme. Ce n'était même pas un homme. Bref, ils avaient du se débrouiller tous seuls – ils avaient réussi, au final.

Pourtant, après cette discussion avec le Chevalier du Catogan, Harry se questionnait de nouveau sur ce qui différenciait vraiment un tableau d'une personne réelle. Si les portraits pouvaient faire exactement tout ce que les êtres humains faisaient, ne pouvait-on pas dire qu'ils évoluaient dans un autre monde, un monde en deux dimensions, mais que leur degré d'existence était égal à celui des hommes ?

- Pourquoi est-ce que cela t'a tant étonné, Harry ? le questionna son amie.

Il était en effet rare que le Survivant se pose des questions relevant du domaine de la Magie Théorique.

- Et bien, j'aurais voulu... J'aurais voulu pouvoir parler à Snape, dit-il.

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Dès qu'il eut formulé ce vœu à voix haute, il se rendit immédiatement compte que c'était vrai, même s'il n'en avait absolument pas conscience quelques secondes plus tôt. Le fait que le Chevalier du Catogan saille régulièrement sa jument n'avait pas grand chose à voir avec son besoin de discuter avec le portrait de son ancien Maître de Potions, mais il y avait un lien, même tenu : la peinture. Oui, avoir parlé au Chevalier lui avait fait réaliser ce qui était désormais un besoin vital.

Une expression étrange, qu'il n'arriva pas à déchiffrer, passa sur le visage de sa meilleure amie.

- Je ne sais pas si ce serait une bonne idée, Harry. Même s'il est mort pour la bonne cause, au final, tu l'as détesté pendant tant d'années...

- Hermione, tu n'as pas vu ce qu'il m'a montré ! se révolta son ami. Le dernier instant de sa vie, il me l'a donné, il est mort en me confiant des souvenirs de ma mère ! Ma mère, Hermione ! Tout le monde me parle de mon père, je conn... j'ai connu ses trois meilleurs amis... mais même sa propre sœur, ma tante, ne m'a presque jamais parlé de Lily !

Harry avait crié.

- Harry, tu as fini de manger ? demanda Hermione, comme si elle n'avait pas entendu un mot de son discours.

- Tu te fous de ma... Ha heu, oui.

- Allons dans le Parc, tu veux ?

Les autres Gryffondors les regardèrent se lever dignement – même si Harry trébucha – et se diriger vers les portes de la Grande Salle.

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Dès qu'ils furent à plus de trois mètres de toute oreille indiscrète, Hermione dit :

- Harry, je comprends que tu veuilles en savoir plus sur Snape. Si, je t'assure. Mais il me semble que ce serait mauvais pour toi... Comment dire... Bon, assieds-toi là.

Harry regarda autour de lui, mais ne vit aucun élément sur lequel il puisse poser ses fesses.

- Ho, fais pas ta chochotte, c'est juste un peu de terre sur tes robes ! Il ne faut pas trop qu'on le voit. Ça pourrait... enfin, voilà.

Ils s'assirent dans l'herbe humide, sous un vent d'octobre particulièrement méchant. Hermione farfouilla dans son sac extensible en perles, qu'elle gardait toujours à l'intérieur de son grand sac de cours. « Plus pratique pour avoir mes livres à portée de main », lui avait-elle une fois dit.

- Holala, ça craint, ce temps. Protego ! marmonna-t-elle en pointant sa baguette sur un grimoire, qui parut étrangement familier à Harry.

La couverture sans couleur, nom d'auteur, au titre presque effacé... Dominants et dominés chez les Sorciers : Une histoire de la soumission.

- Bon, en fait, c'est à cause de ce livre qu'il me semble que tu devrais rester à l'écart de Snape. Il est dangereux.

- Mais Snape est mort !

- Justement, répliqua-t-elle.


A Suivre...


Voilà ! Un premier chapitre, c'est toujours délicat. En tout cas, merci d'avoir lu et aussi de reviewer (tout message faisant chaud à mon petit cœur). Est-ce que c'est inintéressant, chiant, est-ce que ça aura un rapport avec 50 shades of Grey (NON, je l'ai même pas lu, vilaine coïncidence !), est-ce que Snape cache des tablettes de chocolat sous sa cape (sincèrement... NON!), est-ce que Harry est puceau, bref, écris-moi.

A dans une grosse semaine !