Héritiers des Ténèbres
Note au lecteur : Cette fiction est basée sur l'œuvre originelle de J.K. Rowling, la saga "Harry Potter". Tous les personnages, lieux, etc. ... lui appartiennent.
Toute ressemblance avec des personnages, lieux ou évènements réels est purement fortuite (ou pas !). L'auteur de cette fic tient également à vous préciser qu'aucune créature magique n'a été blessée au cours de son écriture.
Cette histoire est la suite de "Don't touch Severus, he's mine".
Chapitre 1 : Un très déplaisant cadeau d'anniversaire
De l'avis de tous, Mr et Mrs Potter étaient des jeunes gens dynamiques, souriants et fort aimables, et qu'ils apportaient la fraicheur et le renouveau dans le village. Les plus mauvaises langues s'empresseront de dire qu'ils étaient également excentriques, pour ne pas dire étranges et intrigants.
Mais les Potter se moquaient bien de savoir ce que la plupart de leurs voisins pensaient d'eux car, en règle générale, ils se mêlaient peu aux autres habitants du village. Ils préféraient la compagnie de leurs nombreux amis, des personnages haut en couleur qui n'étaient certainement pas du coin. Certains trouvaient cela plaisant de voir de nouvelles têtes trainer dans les parages, alors que d'autres se montraient ouvertement méfiants, pour ne pas dire hostiles. Après tout, personne ne les connaissaient, ces étrangers ! Allez savoir ce qui peut bien leur passer derrière la tête...
Lorsque les commères osaient demander directement au jeune couple ce qu'ils faisaient dans la vie, elles apprenaient toutes la même chose : Mrs Potter avait été une remarquable athlète et jouissait à présent d'une agréable retraite comme journaliste sportive. Quant à son mari, il travaillait directement sous les ordres d'un ministre et avait pour mission de poursuivre les plus grands criminels du pays.
Cette dernière nouvelle tranquillisait les gens du coin. N'était-il pas rassurant d'avoir pour voisin quelqu'un qui travaillait pour les forces de l'ordre et évoluait dans les plus hautes sphères ? De toute évidence, les Potter étaient des gens biens, honnêtes et fiables. Plus d'une personne venait voir Mr Potter pour lui demander des conseils pour améliorer la sécurité d'une propriété, ou pour avoir son avis sur les dernières décisions des autorités locales.
Les Potter avaient trois enfants, deux garçons de cinq et trois ans, et une fillette de tout juste un an. Ils étaient adorables, polis et pleins de vie, mais avaient hérité de l'excentricité de leurs parents. Les vieilles dames du village cancanaient à loisir, chez le boucher comme à l'épicerie, sur les jeux des deux garçons.
- Rendez-vous compte, les deux gamins passent leurs journées à s'amuser à chevaucher des dragons imaginaires, quand ils ne passent pas leur temps à se battre en duel avec de fausses baguettes magiques. L'autre jour, j'ai vu le jeune James Potter affirmer au petit Wilkins qu'il pouvait se vanter de tout ce qu'il voulait, jamais il ne saura voler sur un balai.
- Ils sont jeunes et des rêves pleins la tête, les défendit une jeune femme en hochant la tête. Aujourd'hui, ils rêvent de magie, de dragons, de sorcières, mais demain ? Demain, ils voudront être chanteurs, acteurs, musiciens, comme leurs idoles. Et quand ils seront suffisamment matures pour comprendre que les rêves ne nourrissent pas, ils souhaiteront devenir architectes, médecins, ou... plombiers, policiers... enfin, quelque chose de plus réaliste !
- D'accord, mais quand même, qu'est-ce qu'ils sont étranges, les enfants Potter, ajoutait une autre femme à peine convaincue. Vous savez que leurs parents ne les envoient même pas à l'école !
Mais quoi que disaient les langues bien pendues du village, cela n'atteignait jamais les Potter, ni même leurs enfants. Ils avaient leur vie bien à eux, dans une jolie petite maison légèrement excentrée du village et dont le faible éloignement leur permettait de mener une existence tranquille loin des regards d'autrui.
Et heureusement, car personne ne se doutait que derrière la respectabilité normale et rassurante qu'ils affichaient se cachait un grand secret : ils étaient des sorciers. Ils pratiquaient la magie matin, midi et soir et n'avaient pas du tout envie que leurs voisins les surprennent en train de lancer un sort. Déjà, il n'était pas toujours évident de modérer les ardeurs de leurs enfants, surtout quand les deux fils s'entêtaient de sortir leurs balais-jouets pour jouer au quidditch à vingt centimètres au dessus de la pelouse du jardin. Ce n'était pas non plus une sinécure lorsque la petite dernière, alléchée par l'odeur d'un délicieux gâteau au chocolat apporté par la voisine en visite, faisait léviter jusqu'à elle le plat.
La vérité, c'était que Ginny Potter avait été une grande joueuse de Quidditch au sein des Holyhead Harpies et s'était reconvertie comme chroniqueuse sportive lorsqu'elle eut décidé de fonder une famille. Son expertise dans le domaine était très apprécié, bien que régulièrement contesté par Rita Skeeter au travers d'articles assassins, et lui valait d'obtenir très souvent pour sa famille des billets gratuits pour les grands matches nationaux de Quidditch.
Harry Potter était, quant à lui, un brillant auror -un chasseur de mages noirs- à la carrière exemplaire. Il était célèbre depuis tout petit, lorsque, à l'âge de un an, il avait défait par miracle le plus grand mage noir de l'époque, Lord Voldemort. Un exploit qu'il avait maintes fois réitéré lorsqu'il étudiait à Poudlard, pour définitivement le vaincre durant sa dernière année d'étude. Malheureusement, tous ces combats lui avaient valu de perdre de nombreuses personnes à qui il tenait.
Ces sombres années étaient cependant loin, et à présent, la famille Potter pouvait jouir d'une belle tranquillité, avec pour seuls soucis les ragots amusants de leurs voisins et les nombreuses bêtises de leur progéniture.
Du moins, c'était ce qu'ils croyaient.
Le matin du 31 juillet, un amas de cadeaux attendait Harry sur la table du salon. Outre ceux offerts par sa femme, il avait reçu de nombreux présents de la part de ses beaux-parents qui l'adoraient comme un fils, ainsi que de ses nombreux beaux-frères et belles-sœurs. Les Weasley étaient une famille nombreuse dont Ginny était la plus jeune fille. Tout le monde considérait Harry comme un membre à part entière depuis son entrée à Poudlard, surtout Mrs Weasley.
Il y avait aussi des cadeaux envoyés par des amis de la famille, que Harry n'avait jamais cessé de chérir. Beaucoup étaient de vieux camarades d'école, d'autres étaient des anciens de l'Ordre du Phénix. D'où qu'ils venaient et comment ils se connaissaient, Harry était touché par leurs marques d'affection.
Il était décidément bien loin le temps où Harry, petit garçon, passait le jour de son anniversaire en compagnie des Dursley, la seule famille qui lui restait, qui ne faisaient rien pour que cette journée reste mémorable. Au contraire, la tante et l'oncle de Harry avaient tout fait pour que chaque anniversaire de ce dernier soit pire que le précédent. Et généralement, Dudley, leur fils, leur fournissait volontiers les moyens.
Aujourd'hui, toutefois, en observant l'immense tas, il se sentit rougir. Il fit le tour des paquets pour lire les noms, estimer les tailles, les formes, le nombre. Malgré lui, il esquissa un fin sourire devant le cadeau mal emballé de son cousin Dudley, avec qui il avait de meilleurs relations, que ce dernier avait fait parvenir par la poste moldue.
- Personne ne t'a oublié, affirma fièrement Ginny qui retenait la petite Lily d'empoigner un des cadeaux de son papa pour pouvoir l'ouvrir.
James et Albus s'étaient approchés de la pile de cadeaux avec de grands yeux ronds et envieux. Même si James grondait son frère qui touchait du bout du doigt les emballages des cadeaux, il ne pouvait s'empêcher de jeter des regards curieux. Des regards qui n'échappaient pas à Harry.
Dans un sourire ravi, il fit approcher ses enfants de la table et les autorisa à déballer avec lui les cadeaux. Aucun d'eux ne se fit prier, et les trois enfants déchirèrent allègrement les papiers cadeaux en montrant leurs prises de guerres dans un grand hurlement de joie. La petite Lily riait en voyant faire ses frères et mettait systématiquement le papier à sa bouche pour le mâchonner.
- Oh non, Lily ! gémit Ginny en retirant les débris de papier de la bouche de la petite dernière. Beurk ! ajouta-t-elle en s'essuyant les doigts plein de bave de bébé avec un torchon.
Harry et ses fils éclatèrent de rire, bientôt imités par Lily, même si elle ne comprenait pas vraiment pourquoi son père et ses frères se montraient si hilares.
- Oh ! Oncle George a encore envoyé une nouveauté de sa boutique, s'exclama James en exhibant son trophée, une boite de métal renfermant des bonbons ronds et colorés.
Dans un réflexe, Ginny confisqua aussitôt la boite, de peur que George ait encore envoyé une de ses inventions dangereuses et douteuses de sa boutique de farces et attrapes.
- "Bulles Volubilis, une nouvelle voix à chaque bonbon", lut à haute voix la jeune mère qui fronçait les sourcils, suspicieuse.
- Et bien, ça va faire fureur à Poudlard, prédit Harry avec un sourire connaisseur. Les élèves ne vont pas cesser de s'amuser à changer de voix dans les couloirs de l'école.
- Et pendant les cours pour les plus téméraires, acheva Ginny en levant les yeux au ciel. McGonagall va être folle.
- Je pourrai en goûter ? demanda James en fixant la boite de bonbon avec gourmandise.
- Moi aussi ! renchérit Albus qui salivait autant que son ainé.
- Ce sont les bonbons de papa, répondit fermement leur mère en rangeant les sucreries magiques hors de portée de ses rejetons.
Les deux garçons se tournèrent, pleins d'espoir, vers leur père, mais ce dernière secoua la tête en leur disant, d'un ton sans réplique :
- Quand je le décide et seulement si vous le méritez.
Un peu déçus et boudeurs, les deux garçons entreprirent de continuer leur pêche aux cadeaux.
- Une nouvelle montre, fit Harry après avoir ouvert un magnifique écrin qui contenait effectivement une superbe montre gousset en or, décorée d'un cerf en forêt, objet raffiné que collectionnait Harry depuis qu'il avait récupéré celle de Sirius peu après la bataille de Poudlard.
En effet, le jeune homme était revenu de temps en temps au 12 square Grimmaurd pour mettre en ordre la vieille maison de Sirius, et dans la chambre de ce dernier, il avait retrouvé quelques objets que son parrain avait l'habitude de porter sur lui, ou d'utiliser régulièrement. En dehors de sa montre gousset, il avait ramené une vieille bécane que Harry avait nettoyé et réparé. Mr Weasley avait essayé de le convaincre d'y jeter lui-même un coup d'œil et de le "bidouiller" un peu pour que l'engin soit un peu plus... pratique. Mais Mrs Weasley s'était retournée en beuglant que jamais elle ne le laisserait "arranger" un objet d'origine moldu que Harry comptait utiliser ou stocker chez lui. De toute évidence, elle n'avait toujours pas digérée l'histoire de la Ford Anglia "améliorée".
- Elle est superbe, remarqua Ginny. Elle vient de qui ?
- Hermione et Ron, répondit son mari en lisant la carte qu'Hermione avait envoyée de la part de toute sa famille. Et le dessin vient de Rose.
Il tendit le dessin très rose et jaune de la fille de ses meilleurs amis à Ginny qui alla l'accrocher avec plaisir sur le mur spécialement dédié aux œuvres d'art des enfants. Pendant ce temps, les enfants s'émerveillaient devant la montre luxueuse de leur papa, touchant du bout du doigts et lançant quelques "ooooh, c'est beau !"
Ce fut Albus qui déballa le cadeau suivant, un pull vert avec un cerf argenté à la mode Weasley, des biscuits maisons, et un bel album photo fait main où étaient conservé toutes les photos de famille prises ces dernières années. Harry n'eut pas besoin de lire la carte qui accompagnait tous ces cadeaux pour savoir qu'ils avaient été envoyés par Mr et Mrs Weasley, ses beaux-parents. Leurs présents lui firent chaud au cœur, et il s'empressa d'essayer le pull avant de compulser l'album photo en compagnie de sa femme et de ses enfants.
- Dis papa, fit Albus très sérieusement en fronçant les sourcils. Si ça continue avec les bonbons et les gâteaux, on va être obligé de t'aider à les manger.
Tout le monde éclata alors de rire, y compris Albus .
- Promis, je partagerai, déclara Harry en caressant affectueusement la tête de son fils. Mais je constate que tu ne perds pas le nord.
- Oh, regarde ce cadeau-là, s'exclama Ginny en prenant des mains de Lily l'énorme livre qu'elle venait d'extraire de son papier (après l'avoir un peu mâchouillé au passage). " Vie et habitats des animaux fantastique, nouvelle édition enrichie".
Etonné, Harry prit à son tour l'épais volume et commença à en tourner les premières pages. A sa plus grande surprise comme à sa plus grande joie, le nom de Luna Lovegood et de son mari figuraient comme co-auteurs en plus de celui de Norbert Dragonneau, et la première page était longuement dédicacée par sa vieille amie de Serdaigle.
" Chers Harry (et Ginny !),
lorsque tu fêteras ton anniversaire, je serais en Chine, à la recherche du très rare oiseau à neuf têtes. C'est une très belle créature, très difficile à trouver, et c'est dommage qu'il soit aussi mal considéré dans son pays d'origine. Personnellement, et mon mari est d'accord avec moi, ces histoires comme quoi en voir un est de mauvais augure est complètement absurde. Lorsque nous l'auront trouvé et étudié, nous rentrerons en Angleterre où nous publieront un article complet sur ce magnifique et énigmatique animal dans le journal de papa. Je t'en enverrai un exemplaire.
En attendant, je t'offre cette édition enrichie et corrigée des animaux fantastiques. Comme tu l'auras remarqué, j'en suis le co-auteur. Je suis flattée que mon travail soit enfin publié et qu'il sera étudié à Poudlard (le professeur McGonagall m'a envoyé une copie de la liste scolaire de Poudlard, et mon édition y figurait !).
Mais je tenais surtout que tu en possèdes un exemplaire, car tu es un ami très cher. Ginny aussi. Votre avis est important pour moi et vos encouragements m'ont été précieux.
Je ne vous oublie jamais, et la prochaine fois que nous nous verrons, nous pourrons parler de nos travaux respectifs. J'ai hâte de gouter une fois de plus aux délicieux biscuits de Ginny.
Ton amie Luna.
P.S. : J'ai adoré le dernier article de Ginny sur les Pies de Montrose. C'était très pertinent, et je ne comprends pas les critiques acerbes de Rita Skeeter sur sa façon d'écrire. En même temps, Rita Skeeter n'aime pas grand monde, et je crois bien qu'elle ne voit pas d'un bon œil le talent grandissant de Ginny. "
- Elle a raison, affirma Harry avec un sourire. Rita Skeeter est jalouse de toi.
- Et moi, je préfèrerai qu'elle crache son venin sur quelqu'un d'autre, déclara sèchement Ginny qui gardait encore en mémoire la dernière critique de cette horrible femme dans Sorcière-Hebdo.
- Laisses tomber, elle ne vaut pas la peine que tu t'énerves contre elle, conclut Harry qui laissait James feuilleter le livre de Luna pour admirer les superbes illustrations de créatures magiques qu'il renfermait.
Le cadeau suivant était une boite en bois exotique finement ouvragée qui contenait un ensemble de graines pour la serre du couple. Neville Londubat s'était encore surpassé pour dénicher des essences de plantes magiques rares, pour le plus grand plaisir de Ginny.
- Parfait ! Je vais pouvoir les faire pousser, se délectait Ginny. J'adore les plantes que nous déniche Neville, et mes amies sont jalouses chaque fois que je leur fait visiter notre serre. Et puis Albus et Lily adorent se promener entre les fleurs, les arbustes et les légumes. Oh, tiens, il y a une graine de pommier aurifère. J'espère que ce n'est pas illégal d'en posséder une, ou d'en faire pousser.
Elle lança à Harry un regard inquiet, mais ce dernier était persuadé que malgré son enthousiasme légendaire pour la botanique, jamais Neville ne leur aurait envoyé quelque chose de prohibé.
- Je me renseignerai auprès d'Hermione, la rassura-t-il. Tiens, Neville nous annonce dans sa carte que le professeur Chourave prend sa retraite et que McGonagall lui a proposé la place, ce qu'il a accepté sans hésiter.
- Quelle bonne nouvelle, commenta Ginny avec plaisir.
Harry était également ravi pour Neville. Plus que quiconque, il méritait que sa passion pour la botanique soit reconnue, et enseigner sa matière à Poudlard devait être une merveilleuse récompense.
- Neville va être professeur à Poudlard ? questionna James.
- Oui.
- Génial ! Comme ça, quand je serais élève là-bas, il pourra me donner des bonnes notes !
- Seulement si tu travailles bien, le gourmanda Ginny qui le fusillait du regard. Pas question que Neville s'amuse à te privilégier.
James rentra sa tête entre ses épaules devant l'expression de dragon furieux de sa mère. Ainsi énervée, Ginny ressemblait terriblement à sa mère, et Harry se sentit aussi coupable que son fils en cet instant, même s'il ne savait pas pourquoi.
En plus de ces précieux présents, Harry devint le propriétaire d'une nouvelle collection de plumes de qualité (venant de Percy Weasley), d'un nouveau lot de gâteaux de Roumanie de la part de Charlie ("papa, j'en veux !") accompagné de photos et de nouvelles de Norberta, le dragon que Hagrid avait élevé pendant les deux premières semaines de sa vie. Harry ne manquerait pas de transmettre les nouvelles au garde-chasse de Poudlard, lui arrachant comme toujours quelques sourires et larmes émues.
Bill et Fleur lui avaient offert des billets pour la prochaine Coupe du Monde de Quidditch. "En France", avait écrit Fleur de sa magnifique écriture déliée, "c'est merveilleux non ? Ma famille vous invite tous pour l'évènement. Je vous ferais personnellement visiter mon pays."
- Et bien, j'ai rarement vu Fleur aussi enthousiaste, plaisanta Ginny qui adorait toujours autant taquiner sa belle-sœur sur son chauvinisme.
- Ce sera fantastique, dit Harry qui admirait les billets. Et puis, ce sera l'occasion pour les enfants de visiter un pays étranger. Hermione a déjà passé des vacances en France, elle ne va pas arrêter de nous en parler.
- J'entends déjà Ron grommeler, riait Ginny.
Elle prit alors un air boudeur et imita parfaitement la voix de son frère :
- "C'est terrible, elle passe son temps à nous faire cours sur les us et coutumes français. J'espère qu'elle ne va pas me forcer à lire des livres sur la France, je ne le supporterai pas !"
Ils éclatèrent de rire, tandis que James expliquait à Albus qu'ils verraient la prochaine Coupe du monde de Quidditch en France, dans la famille de Tante Fleur, et où ce trouvait ce pays.
Duddley Dursley avait envoyé son propre cadeau par voie moldue, et Ginny était allée chercher le paquet la veille au bureau de poste le plus proche. Outre une carte d'anniversaire et le dessin de ses propres enfants, Duddley avait offert un lot de cravates en soie. Harry fut touché par l'attention, et il se promit de les porter pour le travail.
Le dernier paquet sur la table était énorme, et la carte était signée par Andromeda Tonks et son petit-fils, Teddy Lupin, le filleul de Harry. Ginny le lui tendit en rougissant, ses deux fils juste derrière elle, observant leur papa avec une malice enfantine.
- Andromeda et Teddy ont fait cadeau commun avec nous pour ton dernier cadeau, expliqua Ginny.
Surprit, Harry prit le volumineux paquet, qui s'avéra étrangement léger pour sa taille. Il arracha le papier kraft et découvrit une cage à oiseau. Vide. Harry était désarçonné. Il ne comprenait pas pourquoi on lui offrait une cage vide.
- James, va la chercher, murmura Ginny à l'oreille de son fils ainé.
- Chercher qui ?
Mais Ginny ne répondit pas à son époux et se contenta de lui sourire d'un air faussement innocent. A côté d'elle, Albus pouffait de rire en jetant des regards en coin à son père. James était parti en courant dans le garage, mais en revint en marchant calmement et surtout précautionneusement.
- Une chouette ! s'exclama Harry avec de grands yeux ronds lorsqu'il vit la magnifique chouette au plumage blanc qui ressemblait beaucoup à sa regrettée Hedwige.
- TA chouette, rectifia fièrement Ginny.
Harry rougit violemment. Traumatisé par la perte de sa chouette qui s'était sacrifiée pour lui sauver la vie, il n'avait jamais remit les pieds dans une animalerie magique pendant des années. Ces dernières semaines, il avait manifesté le désir de reprendre un animal, ayant assez de passer par hibou postal pour envoyer son courrier personnel. Le superbe animal se posa élégamment sur le bras de son nouveau propriétaire, émettant un faible hululement ravi lorsque Harry lui caressa tendrement son plumage immaculé.
Après que tous se furent extasiés devant la beauté de la nouvelle chouette (Lily avait faillit arracher quelques plumes en essayant de la caresser), Ginny apporta un somptueux gâteau d'anniversaire, un authentique chef-d'œuvre de crème fouettée et de chocolat, surmonté d'un grand nombre de bougies multicolores. Harry ferma les yeux, et tout comme lors de son onzième anniversaire, fit un vœu et souffla énergiquement ses bougies devant les regards enthousiastes de toute sa joyeuse famille. Lily se mit à applaudir en gloussant de rire, ses frères pressèrent leur mère de couper le gâteau, chacun guettant la part la plus grosse dans l'espoir de se la réserver.
Dans cette atmosphère festive et innocente, les Potter ne remarquèrent pas les deux silhouettes, dont l'une, minuscule, évoquait un enfant ou un homme de petite taille, qui s'avançaient d'un pas rapide dans l'allée de leur jardin. La sonnette de la porte d'entrée fit cesser les rires sans pour autant balayer la bonne humeur générale, et ce fut Ginny qui alla ouvrir tandis que son mari bataillait avec ses fils pour la distribution des parts du gâteau d'anniversaire.
Dans l'encadrement, la silhouette du ministre de la magie, un homme de belle carrure arborant un anneau doré à son oreille, lui sourit d'un air gêné, la saluant chaleureusement.
- Bonjour Kingsley, lança Ginny joyeusement. Entrez donc, nous étions en train de couper le gâteau d'anniversaire. Vous aurez une part comme ça.
Le sourire de Kingsley Shacklebolt se figea en un rictus navré, puis l'homme baissa la tête et annonça d'une petite voix :
- Navré Ginny, je sais que vous fêtez l'anniversaire de Harry, et j'aurais été ravi d'être de la partie, mais malheureusement, c'est le travail qui m'amène.
Avant que Ginny n'ai eu le temps de protester, il ajouta précipitamment :
- Je sais que ton mari est en congé pour la journée, hélas il s'agit d'une affaire urgente. Je ne peux confier une telle mission à personne d'autre. Mais rassures-toi, il n'aura pas à mettre le pied au ministère.
Même si elle ne parut pas convaincue par les arguments du ministre, qui était pourtant un vieil ami, elle l'invita à entrer. Ce fut lorsque Kingsley entra que ses yeux tombèrent sur la petite masse timide qui se cachait sous un capuchon vert foncé et qui trottinait dans le sillon du ministre.
- Kingsley ! Mais qu'est-ce que...
Le ministre leva alors la main en signe d'apaisement, et la posa ensuite sur la tête de ce qui semblait être un enfant. A moins que ce ne fut une créature magique de la taille d'un enfant.
- Harry ! appela la jeune femme sur un ton qu'elle espérait qu'il ne trahirait son trouble.
Quelques secondes plus tard, Harry apparut dans le vestibule tout sourire, James sur son dos et Albus qui essayait de le déloger de là.
- Kingsley ! Quel plaisir...
Mais sa voix se perdit quand ses yeux tombèrent à son tour sur la petite silhouette masquée par une épaisse cape de voyage qui le recouvrait de la tête aux pieds. Puis, son regard passa de Ginny, troublée et contrariée, à Kingsley, confus et navré, et comprit que son supérieur ne venait pas pour participer à la fête. Il supposa aussi qu'il n'allait pas beaucoup aimer le cadeau d'anniversaire qu'il lui destinait.
- Heu... nous devrions discuter en privé dans la cuisine, décida-t-il d'un air très sérieux en faisant descendre de son dos James avant de pousser ses fils vers le salon.
- Les enfants, veillez sur votre petite sœur, ordonna sa femme à l'adresse de ses deux garçons. Papa et maman n'en auront pas pour longtemps. Surtout, ne nous dérangez pas, à moins d'une urgence, d'accord ?
James et Albus approuvèrent d'un hochement de tête silencieux. D'instinct, ils savaient que quelque chose n'allait pas et qu'il valait mieux ne pas contrarier leurs parents. Ils se retournèrent vers Lily qui était occupée à grignoter un de ses jouets et salivait abondamment dessus. Elle était la seule dans la maison à ne pas se soucier de ce qui était en train de se passer. Lorsque la porte de la cuisine se referma derrière leurs parents et leurs visiteurs, les deux frères se disputèrent la meilleure place pour écouter à la porte. De toute évidence, ils avaient hérité de la curiosité de leur père.
Ginny s'était assise à côté de son époux et s'obstinait à se murer dans un silence digne et glacial. Elle avait du mal à pardonner Kingsley d'avoir osé les déranger le jour de l'anniversaire de son époux, simplement pour du travail, même urgent. Palpant sans mal la colère muette de son épouse, Harry préféra ne pas laisser durer son supplice et entra directement dans le vif du sujet.
- Je me doute que vous n'êtes pas venu me voir seulement pour me souhaiter un bon anniversaire, lança un Harry légèrement amer et inquiet.
- En effet, admit Kingsley après une grimace.
- Et donc...
Le ministre fixa Harry une seconde, croisant les mains devant lui dans une position qui n'était pas sans rappeler au jeune père de famille celle que prenait Dumbledore, assis derrière son bureau, quand ce dernier devait lui expliquer des choses très importantes et très pénibles au sujet de Voldemort. C'était il a des années, et depuis, Dumbledore comme Voldemort étaient morts. Cependant, la posture l'alarma.
- Il y a une petite heure, expliqua Kingsley, un auror d'un pays étranger est venu frapper directement à ma porte, une femme d'une grande beauté aux traits orientaux, et m'a affirmé être actuellement en mission secrète. Elle était mortellement blessée et n'en avait plus longtemps à vivre. Néanmoins, elle est parvenue à me donner son identité et la nature de sa mission en me suppliant de faire en sorte de la continuer à sa place.
Les yeux émeraudes de Harry se posèrent tout naturellement sur la petite silhouette encapuchonnée qui était assise juste à côté de Kingsley, un peu tremblante, et depuis laquelle il avait l'impression d'être minutieusement scruté.
- Je suppose qu'elle n'a pas survécu, murmura Ginny sur un ton empli de pitié, rompant son silence boudeur.
- Ma foi, si, la rassura Kingsley. Elle a put être transporté à Ste Mangouste en urgence, mais les guérisseurs se sont montrés très réservés sur son état de santé. Disons que... à défaut d'être morte ou bien portante... elle survie.
- Vous avez vérifié qu'elle disait la vérité ? s'inquiéta Harry dont les longues années à combattre Voldemort, les mangemorts et autres mages noirs de tous horizons l'avaient rendu très méfiant de nature.
- Oui, affirma le ministre. Et tout semble vrai. Et c'est là le problème.
Harry arqua un sourcil étonné, ouvrit la bouche pour poser une nouvelle question, mais y renonça. Son regard avait été une nouvelle fois attiré par la silhouette sous le capuchon vert, qui venait de s'agiter discrètement. Kingsley le remarqua et se pressa de continuer :
- Elle s'est présentée comme étant Heather Greenwood, ancienne élève de Poudlard travaillant à l'étranger et veillant à la sécurité personnelle d'une de nos ressortissante britannique en exil. En effet, à la mort de Voldemort, cette dernière a craint des représailles des mangemorts, et plus généralement, des anciens ennemis de son défunt compagnon et a fuit le pays. Cependant...
Kingsley se racla alors la gorge, visiblement très ennuyé, et le couple Potter remarqua qu'il évitait soigneusement de regarder la personne qui l'accompagnait.
- Elle est revenue au pays, supposa Harry à voix haute dans l'espoir de dissiper la gêne soudaine qui venait de s'installer.
- Hum... oui, répondit Kingsley qui se passa une main lasse devant les yeux. Hier, plus exactement. Elle a passé la nuit au Chaudron Baveur avec Heather Greenwood, son garde du corps, et avec son fils, Phineas. Ils ont été attaqués tôt ce matin, par un groupe de sorciers masqués à l'identité inconnue. Mrs Rivers (c'est son nom) a été enlevée, d'après ce que la malheureuse a pu me révéler, et personne n'a la moindre idée de où elle peut être, ou qui a perpétré un tel crime. Mrs Greenwood est seulement parvenue à sauver le fils au péril de sa propre vie.
Harry et Ginny posèrent une fois de plus les yeux sur la petite silhouette encapuchonnée qui semblait à présent fuir leur regard. Kingsley, lui, ne parvenait toujours pas à s'y résoudre, et le couple se demanda ce qui révulsait tant leur ami chez cet enfant. Car ils supposaient que la personne qui l'accompagnait était le fameux fils de Mrs Rivers.
- Le pauvre garçon se retrouve donc sans sa maman et sans sa protectrice, gémit Ginny dont le cœur maternelle éprouvait désormais pitié et amour pour l'enfant.
- Heu... oui, fit Kingsley troublé, mais rassuré par le changement de comportement de la jeune femme. Je suis venu dans le plus grand secret vous confier la garde du garçon. J'ai une confiance aveugle en vous, et je suis certain que Phineas saura trouver ici un foyer d'adoption aimant et chaleureux. Il en a bien besoin. Il a besoin aussi qu'on le protège. Les assaillants ont montré une grande volonté de kidnapper également le garçon en plus de sa mère.
- Mais pourquoi ? questionna Ginny, devançant son époux.
Kingsley se racla à nouveau bruyamment la gorge, rattrapé par sa gêne. Il ferma les yeux, comme réfléchissant au meilleur moyen d'aborder un sujet difficile, puis s'y résolut enfin :
- Phineas n'est pas n'importe quel enfant, et sa mère, pas n'importe quelle femme. Mrs Rivers a été de nombreuses années la compagne secrète et fidèle d'un homme qui a joué un grand rôle dans la guerre contre Voldemort, un rôle trouble, difficile, et qui lui a valut de nombreux ennemis, même dans son propre camp. A dire vrai, je croyais qu'il s'agissait d'une rumeur grotesque jusqu'à ce matin où j'ai reçu une preuve qui m'a mis devant le fait accompli.
A mesure qu'il parlait, Kingsley se montrait de plus en plus ennuyé, contrarié. Etrangement, l'évocation d'un homme au rôle trouble, mais primordial, attirant à lui autant d'ennemis chez l'adversaire que chez ses alliés, n'était pas sans lui rappeler quelqu'un de bien précis, et Harry croisait discrètement les doigts sous la table en espérant qu'il se trompait.
- Phineas ressemble beaucoup à son père. Trop même, ajouta le ministre avec une pointe d'amertume. Son portrait caché. Je ne doute pas un instant que des gens feront aussitôt l'amalgame et s'en prendront à lui à défaut de pouvoir se venger directement sur le père.
Ginny avait les mains sur la bouche, proprement horrifiée que des adultes sains de corps et d'esprit osent s'en prendre à un enfant innocent pour se venger de son géniteur. Harry devinait le cheminement de ses pensées : elle songeait à ses propres enfants et à ce qui pourrait leur arriver si, un jour, un groupe de mangemorts rescapés de la purge post-guerre décidait de se venger de Harry Potter en s'en prenant à sa progéniture, plus aisée à attraper, plutôt qu'à leur ennemi en personne.
Le jeune homme posa une main rassurante sur sa cuisse, aussitôt serrée par la main tremblante de son épouse.
- Nous ferons le nécessaire, promit Harry.
Kingsley le fixa un moment, d'un œil insondable, et haussa les épaules.
- Dans ce cas, fit-il en sortant une lettre marquée du sceau de Poudlard. Phineas était venu avec sa mère pour acheter les fournitures pour Poudlard. Il doit y faire sa première rentrée. D'après lui, sa mère tenait beaucoup à ce qu'il fasse ses études dans la prestigieuse école où son compagnon et elle ont étudié dans leur jeunesse. Elle voulait qu'IL soit fier de son fils.
L'enfant sembla vouloir se ratatiner sur place, sans doute ému d'entendre quelqu'un parler de son père et de la fierté qu'il aurait de le savoir à Poudlard, l'école où il avait jadis étudié. Ginny se sentait également émue pour lui, et Harry sentit sa main serrer encore plus fort la sienne. Il était impossible de faire marche arrière, Ginny ne le tolèrerait pas. Pas plus que Harry n'arriverait à regarder ses enfants en face s'il savait qu'il avait condamné l'enfant d'un autre au danger et à l'incertitude du lendemain.
- Il faudra vous rendre sur le Chemin de Traverse avec lui, ils n'ont pas eut le temps de faire leurs achats.
Kingsley confia la lettre de Poudlard à Harry. Involontairement, ses yeux glissèrent sur le nom du destinataire du courrier et tressaillit. Son pire pressentiment venait de se confirmer à l'instant. Au même moment, comme devinant ce qui venait de se jouer, l'enfant retira son capuchon d'un geste brusque, laissant paraître des traits que ni Harry, ni Ginny, ne s'étaient imaginés revoir un jour.
Le teint cireux, pâle, mince, légèrement maladif, l'enfant les fixait nonchalamment de ses yeux noirs comme les ténèbres, des cheveux graisseux encadrant un visage sévère. Son aspect général donnait l'impression de se méfier de tout et d'être en permanence sur la défensive. Pourtant, il n'avait pas l'air négligé, comme Harry l'avait remarqué un jour, dans une pensine, pour son père. Pourtant, c'était comme revoir l'ombre de ce jour d'été, où trois enfants discutaient dans un parc...
Kingsley Shacklebolt n'avait pas menti : Phineas ressemblait trait pour trait à l'enfant qu'avait été son père au même âge. Le cœur battant à tout rompre, prit légèrement de panique, Harry se demanda si l'enfant avait également le même caractère que son défunt géniteur.
Comme voulant s'assurer une dernière fois de l'identité du garçon, Harry relut le nom sur l'enveloppe. "Mr Phineas Rogue".
Alors que ce qui semblait être la réincarnation personnifiée de l'ancien maître des potions le fixait de son intense regard sombre, Harry sentit sa femme glisser de sa chaise à côté de lui et la retint de justesse.
- Impossible, murmura-t-elle d'une voix tremblante.
Et pourtant, après un rapide calcul, Harry n'eut pas le choix de reconnaître que l'âge du garçon correspondait... Il était né au moment où Severus Rogue était mort.
