To feel something

A chaque fois fois que Dean vient ici, il le sait. Il sait que l'humidité de la rosée matinale qui imprègne le sol, donnant à la terre cette odeur si particulière lui donnera des frissons. Il sait que son blouson usé ne le protégera pas totalement du froid glacial et moite qui s'incruste sous les différentes couches de vêtements qu'il porte. Il sait également qu'il n'y aura personne, personne pour le déranger si tôt le matin mais personne aussi pour l'attendre. Il sait enfin qu'il ne sera pas là puisque de toute évidence il n'est plus là.

Malgré cela il revient quand même comme un sorte de pèlerinage. Revenir sur les lieux où ils sont allés ensemble juste pour avoir l'impression pendant quelques précieuses minutes qu'il peut encore partager quelque chose avec lui, qu'il n'est pas complètement parti mais que quelque part il est un peu là, avec lui. Alors oui, un peu trop souvent sans aucun doute, il prend sa voiture et conduit des heures durant, ne s'arrêtant que l'orsqu'il arrive à destination.

Alors il se gare non loin et il marche. Il marche rapidement jusque là-bas, jusqu'à ce petit parc, l'envie de courir le faisant sursauter à chaque pas. Oui il aura froid et sera une fois de plus déçu... Mais tout cela n'a aucune importance puisque pendant ces précieuses petites minutes il aura l'impression d'être en vie, d'être capable de ressentir.

Puis il replongera comme à chaque fois. Il aura mal, tellement mal... Puis il retournera dans cette sorte de transe, cet état catatonique dans lequel il se trouve depuis des mois. Se lever, trouver une affaire, chasser, protéger Sam, manger sans envie, dormir par habitude et recommencer le lendemain parce que c'est ça qu'est devenue sa vie. Une suite d'évennements répétitifs, sans intérêt.

En arrivant vers le parc, une silhouette au loin occupe la place qui est devenue son refuge. Sûrement une ombre de plus dans cette ville fantôme qui a besoin, comme lui, de sentir le froid mordant du vent et le parfum unique de l'herbe mouillée pour tenter de rester en vie, de survivre plutôt. Survivre dans cette existence où le manque et la solitude se font ressentir à chaque instant. Il passe dans le dos de son compagnon de naufrage sans s'attarder sur lui, apercevant une place potentielle un peu plus loin.

L'homme le suit lentement du regard alors que Dean le regarde sans le voir. Puis, comme au ralenti, son cerveau tente tant bien que mal d'analyser chaque images que ses yeux lui envoient, ses yeux voient mais lui, il ne se rend pas vraiment bien compte, l'information ne remonte pas jusque dans son crâne alors qu'instinctivement son corps lui s'est stoppé, lui l'a vu.

Un léger sourire remonte à ses yeux bleus empreints de douceur et le temps se remet en vitesse normale. Alors que des dizaines de questions devraient affluer, Dean reste pétrifié, subjugué par la vision en face de lui. Car tout lui dit que c'est une vision, une vision que son esprit fatigué lui envoit pour l'apaiser. Il ne peut pas être là en face de lui, comme si de rien n'était, comme s'il n'était pas mort sous ses yeux, ses longues ailes noires incrustées dans le sol après que Lucifer l'ait poignardé. C'est sans aucun doute une hallucination. Ou alors il est bien là à un mètre de lui, lui souriant.

« Hello Dean »