Bon... Cet écrit, ça fait presque deux semaines que j'hésite à le publier, sans vraiment pouvoir m'expliquer pourquoi... C'est une expérimentation totale, et en même temps, je crois qu'il me tient particulièrement à cœur... Enfin... Voilà. Je ne vous apprends pas que j'aime passionnément Howard Stark et Peggy Carter, et ceci est un hommage en leur honneur. Et aussi en Bucky, parce qu'il a trop souffert, ce pauvre bébé !
Les dates importantes sont toutes confirmées par le site du MCU (et je me suis aperçue que Howard avait eu Tony HYPER TARD. Voilà. C'était le détail inutile, mais qui m'a un peu choquée). Sinon, vraiment, faites gaffe aux dates de chaque lettre, certaines sont plus importantes que d'autres !
Je n'ai pas restitué chaque lettre, mais je vous laisse combler les blancs, l'imagination est là pour ça, après tout ;)
Sur ce, il me reste juste à vous souhaiter une bonne lecture, en espérant que ça vous plaira !
12 juin 2016
Cher Tony,
J'ai appris que Steve t'avait écrit pour s'excuser. Ça lui ressemblerait bien à lui, qui n'a rien à se faire pardonner.
Quand tu liras ces mots, je serais retourné en cryostase. C'est mieux pour tout le monde, et je pense que tu seras d'accord avec moi.
Je sais que tu m'en veux, et tu en as toutes les droits. M'excuser une fois de plus, je pense, n'y changera rien, aussi n'est-ce pas la raison de cette lettre. Il y a avec toi certains points que je souhaitais éclaircir en ce qui concerne tes parents.
Tu l'ignores sans doute, mais ton père m'a écrit des centaines et des centaines de lettres. J'imagine qu'il était trop logique pour écrire dans un journal intime, aussi préférait-il continuer à envoyer des lettres à mon appartement comme si j'étais en vie. Une sorte de thérapie : c'est également ce que m'a conseillé la psychiatre wakandienne que je consulte en ce moment. Une histoire pour se débarrasser de la culpabilité… Mais Howard, toi et moi partageons un point en commun : nous ne croyons pas vraiment à toutes ces conneries thérapeutiques et psychologiques, alors penchons-nous plutôt sur les vraies raisons de ces lettres : je manquais à Howard. Je le sais, parce qu'il me l'a écrit encore et encore. Il me manque aussi, et en lisant tout ce qu'il m'avait écrit, j'avais l'impression de le retrouver une dernière fois.
Ceci, Tony, a été la seule thérapie dont j'avais besoin, alors j'imagine que je peux, une fois de plus, remercier Howard Stark de m'avoir apporté une aide précieuse.
Cependant, en plus de m'avoir aidé à comprendre certaines choses sur moi-même, il m'a également apporté un éclairage nouveau sur toi et sur ton enfance.
Je sais que tu n'aimais pas vraiment ton père. Tu cherchais son affection et son contact, et lui ne te rendait rien, au contraire, il paraissait même t'éviter en se plongeant dans le travail.
Le souci est que les choses sont plus compliquées qu'il n'y paraît au premier abord. Elles le sont toujours. Alors j'espère que te permettre d'avoir le point de vue de ton père, Howard Stark, un ami cher et un homme que je respectais profondément, t'aidera à comprendre ses raisons et ses motivations.
Ci-jointes, les lettres que m'a envoyé Howard.
Cordialement,
Bucky Barnes
18 novembre 1969
Cher Bucky,
Ma main tremble quand je t'écris ces mots. Pas d'inquiétudes, ce n'est pas rien d'horrible, au contraire. C'est certes, totalement terrifiant et on ne peut plus surprenant, mais c'est également la plus belle chose qui pouvaient m'arriver.
Dans ma précédente lettre, je te disais que Peggy avait été malade et avait même fait un malaise, et je t'y avais exprimé toutes mes inquiétudes. Oh mon dieu, Bucky, Peggy est enceinte !
PEGGY CARTER EST ENCEINTE
Elle et moi allons avoir un enfant.
Je vais être père, Bucky. Père.
J'aimerais que tu sois là pour voir ça.
Oh, Bucky, je n'ai jamais été aussi heureux. Peggy semble rayonner d'une lueur que je ne lui ai jamais vue, et moi… Moi j'ai l'impression de flotter dans un univers parallèle où tout n'est que joie et bonheur.
Désolé pour la courte lettre, mais j'ai une femme enceinte dont je dois m'occuper.
Avec amitié,
Howard
21 novembre 1969
Cher Bucky,
Es-tu déjà passé de la joie la plus intense à la peur la plus atroce ? Sans doute que oui : ton meilleur ami était Steve Rogers après tout.
J'ai lu beaucoup de choses sur la maternité, la grossesse et surtout, sur les risques d'avoir un enfant à un âge avancé. Peggy et moi ne sommes pas des vieillards mais nous n'en sommes pas loin. Elle a déjà quarante-huit ans. Et si elle ne survivait pas à l'accouchement ?
Je veux un enfant, mais pas au prix de ma femme. Si elle mourrait, j'en mourrais également, Bucky. J'ignore quoi faire… La grossesse oblige Peggy à quitter le SHIELD pour quelques temps, et je la suis. Nous laissons les commandes au Colonel Phillips, ainsi qu'aux agents Sousa et Thompson. Ils ne sont pas aussi compétents que nous, mais ils se débrouilleront.
Ils n'ont pas le choix, de toute manière : ma vie de couple, de famille maintenant, passe avant le travail, tout important qu'il soit.
J'ai peur, Bucky. J'ignore quoi faire. Devrais-je conseiller à Peggy d'avorter ? Je sais bien que c'est mal vu, mais nul ne sait qu'elle est enceinte, et je me fiche du regard des autres, je ne me soucie que d'elle. Je refuse qu'elle meurt à cause d'un enfant. Nous avons vécu sans jusqu'à présent, nous pourrions continuer.
J'ai tellement besoin d'elle, Buck. J'ai besoin d'elle, et de toi. J'aimerais que tu sois avec moi pour me conseiller. Un seul de tes grands sourires stupides suffirait à m'aider.
Avec affection,
H.
1er décembre 1969
Buck,
Sache que Peggy Carter a une manière bien à elle de remettre en place les idées de son mari : une paire de claques et une crise de larmes. Je ne sais pas si j'arriverais à tenir jusqu'à la fin de la grossesse.
Tu te rappelles quand on provoquait Peggy quand on était certain qu'elle avait ses règles, et qu'elle finissait par nous mettre tous les deux au tapis ? C'est mille fois pire. Elle crie pour un rien, s'enthousiasme pour un rien, pleure pour un rien. J'ai l'impression de vivre avec un enfant – un enfant avec qui je fais l'amour tous les soirs. La grossesse n'a pas QUE des désavantages.
En plus, Peg' commence à grossir. Vraiment je veux dire. Avant, ça ne se voyait pas vraiment mais maintenant c'est inratable. Je le sais parce qu'elle a passé une heure et demie à se regarder nue dans le miroir, avant de s'effondrer en larmes dans mes bras en criant qu'elle était hideuse.
Et… je crois que je l'entends pleurer. Bon dieu.
Tu m'as jamais autant manqué, vieux.
Howard
3 janvier 1970
Très cher Bucky,
Tout d'abord, bonne année. Désolé de t'avoir oublié pendant si longtemps, je te promet que tu étais dans toutes mes pensées pendant les fêtes mais je n'ai malheureusement jamais eu le temps de t'écrire.
Tu m'as manqué… Je me rappelle, il y a toutes ces années, quand toi et moi nous étions promis que nous passerions le prochain Noël tous les deux… Sauf qu'il n'y a jamais eu de Noël suivant pour toi.
Je sais ce que tu me dirais, là, tout de suite. « Howard Stark, espèce d'abruti, tu as une femme, tu vas avoir un enfant, arrête de t'apitoyer sur ton sort et laisse-moi en paix dans la mort avec mon Steve adoré ».
Okay, Buck, tu as gagné. J'arrête de m'apitoyer sur mon sort et je te tiens au courant de la nouvelle du siècle : ce sera une fille ! On a passé – enfin, surtout Peggy – une échographie. Elle était moche, floue – l'échographie, hein, pas Peggy – et le bébé était horrible. Mais, c'est une fille ! Et je suis sûr qu'en grandissant, elle deviendra magnifique ! Il paraît que j'étais un bébé très laid, et regarde-moi maintenant !
J'aimerais que tu sois là pour voir ça, Bucky.
Je voulais l'appeler Jamie, mais il paraît que ça rendrait Steve jaloux alors j'ai abandonné. Quand Peggy a ses humeurs, je suis prudent, et je me tais.
On a fini par se mettre d'accord sur Antonia. Je trouve ça plutôt beau et toi ?
De la part d'un homme épuisé par sa femme et son futur enfant mais qui pense toujours autant à toi,
Howard Stark
9 janvier 1970
Salut Bucky,
C'est Howard. Encore et toujours Howard.
Aujourd'hui, cela fait jour pour jour vingt-cinq ans que tu es mort. Un putain de quart de siècle.
Et honnêtement, j'ai l'impression d'être encore au premier jour, quand Steve est revenu et m'a appris ce que j'ai refusé de croire.
Les Howlings sont revenus pour une commémoration, bien évidemment. On a bu un verre à ta santé, et pensé à toi.
Ça m'a fait sourire, de voir qu'ils en savaient si peu sur toi, comparé à moi.
Le sergent Bucky Barnes, l'homme à femmes.
Tu parles. J'étais donc le seul à voir que ce n'était pas les femmes que tu aimais ?
On en a jamais parlé à cœur ouvert, mais soyons honnêtes, tu étais aimais autant les femmes que moi j'aime les hommes – c'était à dire que c'était bien une fois, pour une expérience, mais qu'après, autant retourner à ce qu'on aime vraiment.
Et puis Steve. J'ai vraiment du mal à croire que personne n'ait jamais vu comment tu regardais Steve… De cet air tellement aimant, et en même temps tellement protecteur. J'ai jamais été un grand poète, ou ce genre de niaiseries stupides, mais on lisait ton amour pour Steve dans tes yeux. C'était comme si tu étais toujours là pour dire « je ne laisserais personne le toucher ».
Captain America ne survivrait pas trois jours sans le Sergent Barnes. C'est ce que le Colonel Phillips a dit, une fois, alors qu'on discutait de Steve et de son impact sur la société. Il avait presque raison.
Steve a survécu exactement un mois et vingt cinq jours sans toi.
Et il est mort.
Et il ne restait plus personne.
Tu me manques, Bucky. Mon meilleur ami. Mon seul ami.
J'ai d'autres proches, maintenant. Une femme, bientôt un enfant. Des amis…
Nul ne parviendra jamais à te remplacer.
C'est une promesse.
Howard Stark
10 mars 1970
Joyeux anniversaire Bucky,
Je t'annonce avec bonheur que tu fêtes aujourd'hui ton cinquante-troisième anniversaire – soit que pour exactement cinq mois et cinq jours, tu es plus vieux que moi.
Peggy et moi, on va bien, comme toujours. Peggy vomit tous les matins, sur moi une fois sur deux, mais on s'y habitue. La petite fille insupportable qui grandit dans son ventre paiera quand je serais vieux et que JE lui vomirais dessus. On appelle ça le karma, j'imagine.
Comme toujours, je suis allé poser un bouquet de fleur sur ta tombe. TA tombe. Pas ce mémorial ridicule où ton nom est perdu au milieu de tant d'autres.
On n'a retrouvé ni ton corps, ni celui de Steve, alors je me suis dit que vous seriez heureux d'être ensemble, au moins dans la mort.
Sa pierre tombale est donc juste à côté de la tienne, et tu te rappelles de cette histoire, de Tristan et Iseult, avec le truc bizarre de la plante qui grandissait sur les deux tombes ? (je crois que c'était un chèvrefeuille et une vigne… Elles étaient liées et on ne parvenait pas à les séparer)… Bah c'est pareil pour vous deux. Sauf que c'est une mauvaise herbe, et que j'arrive pas à la couper, c'est tout.
Mais bon, soyons romantiques comme aucun de nous deux ne l'a jamais été et disons que c'est ce qui vous lie toujours à travers la mort.
Mes mains d'artistes ne sont pas faites pour avoir des ampoules, en plus.
Je pense à toi, encore plus en ce jour.
Avec toute mon affection et mon amitié,
Howard Walter Stark
18 mai 1970
Buck,
Je t'écris une lettre éclair avant de partir pour l'hôpital. Angie s'occupe de Peggy pour l'instant.
J'espère que tu as bien reçu tous mes comptes rendus de la grossesse précédemment. La prochaine lettre contiendra une photo de mon adorable petite fille.
Je ne pourrais peut-être pas t'écrire pendant quelques jours, mais je pense à toi.
H.
21 mai 1970
Bucky,
Depuis hier à 19h23, je suis père.
J'ai un sourire béat sur le visage que je ne parviens pas à effacer.
Je suis père.
Ah, au passage, c'était un petit malin dont le kiki devait être dissimulé entre les jambes pendant l'échographie.
Tu es donc officiellement le parrain d'Anthony Edward Stark. Félicitations, mon pote.
En vérité, c'est plutôt officieux, car Peggy a insisté pour qu'on lui choisisse un parrain et une marraine vivants. Elle est vraiment fermée d'esprit depuis sa grossesse, si tu veux mon avis.
Angie Martellini, une amie de Peggy, sera donc sa marraine, tandis que moi, qui n'ai pas vraiment d'ami, je me contenterais de nommer Jarvis comme étant son parrain.
Mais tu ne m'ôteras pas de l'esprit que, comme je te l'avais promis, tu restes le parrain de cet enfant.
Je ne sais pas si c'est ce bébé qui me rend plus sensible ou le fait que Peggy ait survécu à l'accouchement, mais j'en ai les larmes aux yeux.
J'aimerais tellement que tu sois là pour le voir, que Steve et toi puissiez le rencontrer, juste… juste être présents.
Juste pour faire de ce bébé un homme aussi accompli que vous l'étiez tous les deux.
Bébé Tony s'est remis à pleurer, alors je vais t'abandonner. Je préférerais qu'il ne réveille pas Peggy, elle a besoin de sommeil.
Je t'aime, Bucky. Où que tu sois dans la mort, je ne t'oublie pas.
Howard Stark, ton ami
31 mai 1970
Mon pote,
Oublie tout ce que je t'ai dit. Je vais commettre un infanticide. Je n'ai pas dormi une nuit complète depuis exactement onze jours. Ce bébé est un monstre. J'ai l'impression qu'il attend que je sois endormi pour se mettre à hurler. Et bien sûr, on ne peut pas compter sur l'ex-femme enceinte, qui est encore plus épuisée que moi.
Dieu merci, Angie est très présente, tout comme Jarvis. Sousa et Thompson sont également venu nous rendre une petite visite, et tu ne m'ôteras pas de l'esprit que leur amitié est un peu trop proche de celle que tu partageais avec Steve. Enfin bon, je n'ai apparemment rien le droit de dire, parce que Peggy est amie avec Daniel Sousa.
Anthony pleure encore. C'est au tour de sa mère, cette fois. Moi, j'en peux plus. Je vais aller m'enfermer dans mon laboratoire pour dormir sous une table et prier qu'on ne me retrouve jamais. Ou qu'on me retrouve mort. Comme ça, plus personne m'emmerdera jamais.
Tu n'imagines même pas combien tu me manques. À toi, au moins, je n'aurais jamais hésité à te confier Anthony pendant trois mois pendant que je prenais des vacances avec Peg'.
Fatigueusement – on va dire que ce mot existe, okay ?
Howard Stark, futur mort de fatigue
4 juillet 1970
Mon très cher Sergent James Buchanan Barnes,
Est-ce que les hormones de la grossesse durent encore après l'accouchement ou est-ce le fait de devenir mère qui a rendu Peggy aussi sensible ? Dans tous les cas, elle ne cesse de pleurer depuis plusieurs heures. D'après ce que j'ai compris, elle aurait voulu qu'Anthony rencontre Steve. J'ai essayé de lui remonter le moral en lui expliquant qu'ils se rencontreraient quand ils seraient morts – s'il existe une vie ou un monde pour après la mort, ce dont je doute, mais on réconforte comme on peut ! – ça n'a fait que la faire pleurer encore plus.
Dans tous les cas, si tu es quelque part dans un autre monde avec Steve, dis-lui que je lui souhaite un joyeux anniversaire.
Soyons honnête, je vais rallonger cette lettre au maximum parce que les moments où je t'écris sont les seuls où Peggy, Angie, Jarvis et Maria Carbonell, la nourrice dont je t'ai parlé, me lâchent la grappe. Le reste du temps, il y a TOUJOURS quelqu'un pour me saouler.
« Oui, Howard, Tony doit créer des liens avec son papa » (ça, c'est Peggy. Elle ne trouve pas que je créé assez de liens quand je me lève pour lui faire des câlins à n'importe quelle heure de la nuit?)
« Oui, Howard, je sais pas où sont les couches/le biberon/les vêtements de Tony » (ça, c'est Angie. Elle a beau être adorable, elle a une mémoire de poisson rouge. Ou elle le fait exprès pour m'emmerder, ce qui ne m'étonnerait pas.)
« Oui, monsieur Stark, Tony vous demande » (ça, c'est Jarvis. Encore, ce genre de dérangements n'en est pas vraiment un. C'est beau que mon fils ai besoin de moi, non ? J'ai beau dire, je crois que je l'aime, ce gamin…)
Quant à Maria, je crois qu'elle est un peu amoureuse de moi. C'est normal, bien sûr, je veux dire, même marié, papa, et bientôt âgé de cinquante-trois ans, je suis toujours aussi sexy, intelligent et attirant. Mais c'est un peu gênant, parce que je crois que Peggy est jalouse.
Ce serait sexy qu'elle se batte pour moi, tu ne crois pas ?
Bien sûr, même si Peggy perdait – ce qui ne risque pas d'arriver – je la choisirais quand même.
Après tout, retiens bien ça, Bucky, parce que tu seras le seul à qui je le dirais :
Peggy Carter est et sera l'unique amour de ma vie.
Bon, et toi, tu es et sera mon unique meilleur ami.
Je la sentais, ta jalousie, mec. Je la sentais !
Sur ce, avec toute mon amitié, on m'appelle.
Encore.
Joyeux anniversaire à Steve !
Howard S.
15 août 1970
Bucky,
C'est bon, tu peux arrêter de faire la gueule, on a le même âge. Tony commence à se calmer la nuit (enfin!). Peggy n'en peut plus, comme je te l'ai dit dans mes lettre précédentes, elle bouillonne d'impatience et n'a qu'une envie : retourner sur le terrain. Je crois qu'elle serait prête à tuer Thompson rien que pour prendre sa place (personnellement je tuerais Thompson, même sans rien avoir en échange, son absence serait déjà une récompense suffisante).
Et Tony m'appelle « papa ! ». Bon, il dit plutôt quelque chose comme « babababa ». Mais c'est proche de papa, même si Peggy ne veut pas me croire. D'après elle, ça ne parle pas encore à cet âge-là. Si tu veux mon avis, elle est juste jalouse parce qu'il n'a jamais dit « maman » !
Mon anniversaire se déroulera avec des effectifs réduits, c'est-à-dire Peggy, Tony et moi. Ouais, je sais, c'est vraiment réduit, mais d'après Peggy « les fêtes comme ça, ça se fête en famille ». Moi ça me va : passer du temps avec ma femme et mon fils ne pourra jamais être un fardeau.
Avec affection,
Howard.
21 décembre 1970
Bucky,
Ça doit faire trois ou quatre semaines que je ne t'ai pas envoyé de lettres et j'en suis navré. Peggy est retournée sur le terrain à mi-temps, et personnellement, j'ai abandonné le SHIELD pour l'instant. Tony a besoin de nous, après tout.
En parlant de Tony… Cet enfant est adorable – si on oublie qu'il continue de me réveiller la nuit, bien sûr. Il a prononcé son premier mot il y a cinq semaines, et si je ne m'abuse c'était le sujet de ma dernière lettre. Maintenant, en plus de « doudou », il sait dire « papa », « man-man » et « mathématiques ».
Mon fils est un futur génie (bon, le dernier mot, ça ressemble plus à « ahéhahik » mais c'est forcément ça qu'il veut dire ! C'est mon fils, après tout!).
Je crois que Peggy est un peu fatiguée par les derniers événements – j'imagine que la grossesse ça épuise mille fois plus que toutes les missions de terrain qu'elle ait déjà pu faire. Je te raconte : hier, je suis rentré dans la cuisine pour chercher quelque chose, et comme il n'était que quatorze heures, je ne m'attendais pas vraiment à l'y voir (j'avoue, j'avoue, j'espérais piquer un truc à manger discrètement). Je l'ai embrassée, mais elle n'a pas vraiment réagi. Comprenant qu'elle était plongée dans ses pensées – ça m'arrive aussi, et très souvent – je l'ai laissée tranquille. Quatre heures plus tard, j'y suis retourné, et elle n'avait pas bougé. Quand je lui ai parlé, elle a sursauté et m'a demandé ce qu'on mangeait à midi.
Bref, Peggy est à bout, elle doit être épuisée. Elle ne se rappelle même pas avoir passé l'après-midi dans la cuisine, c'est pour te dire !
Si ça n'avait pas été Peggy, j'aurais presque pensé qu'elle était ivre (ce n'était bien sûr pas le cas. Peggy Carter est la seule femme du monde à me battre aux concours de boissons).
Bref, Buck, entre Peggy qui s'épuise et Tony qui nous épuise, je peux t'assurer qu'on en a pas fini ! Heureusement qu'Angie, Jarvis et Maria sont là !
Sur ce, je vais te laisser, j'ai un millier de choses à faire (Howard Stark, génie, milliardaire, héros de guerre est aujourd'hui relégué au changeage de couche d'un bébé baveux).
Tu me manques,
Howard Stark
1er janvier 1971
Joyeux Noël, bonne année, et tout ça.
Je crois que je suis un peu déchiré, alors je vais me dépêcher de finir cette lettre.
J'AI PASSÉ UNE SOIRÉE GÉNIALE !
J'avais pas bu depuis des lustres – ordre de ma femme – et putain, c'était cool ! Je crois que le plus cool c'est quand j'ai roulé un patin à Thompson. T'aurais vu sa gueule !
Bon, je suis allé tout de suite m'excuser auprès de Peggy, et elle a dit que comme c'était nouvel an c'était pas si grave…
En fait, c'était tellement la fête que je crois que tu m'as encore plus manqué que d'habitude. Parce que la dernière fois que je me suis défoncé comme ça, c'était avec toi. Je suis sûr que tu t'en rappelles. On avait bu comme des trous, et le colonel Phillips nous avait empêché de nous noyer dans notre vomi. Il nous en a voulu pendant des jours, comme Peg et Steve, d'ailleurs.
C'était le bon temps.
Le temps où je me souvenais des traits exacts de ton visage.
Je vire au mélodramatique, alors je vais juste aller me coucher je crois. C'est pas normal. Je suis pas censé avoir l'alcool triste.
Mais je t'en veux de m'avoir abandonné. Tu es injuste. Ce que t'as fait, c'était dégueulasse. On ne laisse pas quelqu'un s'attacher à soi avant de mourir.
T'es un connard, Bucky Barnes.
2 janvier 1971
Salut Bucky,
J'imagine que j'ai des excuses à t'adresser… Je sais pas trop en fait. Peut-être que je devais te le dire pour me sentir enfin soulagé.
Je suis quand même désolé pour hier. J'espère que tu m'en veux pas.
Parce que tu peux être le plus gros connard de la terre, tu restes mon meilleur ami.
Je vais aller récupérer Tony, Maria s'en est chargé toute la soirée du Nouvel An et toute la journée d'hier…
Tu me manques, trouduc.
H.
9 janvier 1971
Buck,
Aujourd'hui, c'est censé être ton jour anniversaire, je sais, mais j'ai besoin de me confier…
Alors, d'abord, tu me manques, comme toujours. Si on se voyait maintenant, tu ne me reconnaîtrais sans doute pas. J'ai pris vingt-six ans depuis la dernière fois qu'on s'est vu, et crois-moi quand je te dis que vieillir, c'est nul.
J'ai besoin de parler à quelqu'un, mais je n'ai suffisamment confiance en personne…
Peggy est bizarre, et ça m'effraie, je crois.
La nuit dernière, elle s'est blottie contre moi et ça m'a réveillé. Je lui ai souris, et elle m'a dit qu'elle avait hâte d'accoucher.
Sur le coup, j'ai été surpris. Je veux dire… je suis même pas certain que ce soit encore possible d'avoir des enfants à notre âge. Je pense que Peggy est en pleine ménopause.
Alors je lui ai demandé ce qu'elle voulait dire, et elle m'a parlé de Tony.
Ou plutôt d'Antonia. La petite fille qu'on attendait. Un peu inquiet, je l'ai emmené dans la chambre de Tony, celle attenante à la notre. Quand elle l'a vu, elle est devenue toute pâle, elle a vacillé, et elle a mis plusieurs minutes à se reprendre. Finalement, elle m'a souri et m'a dit qu'elle était juste encore endormie.
Mais je la connais, Bucky. J'ai bien vu qu'elle avait encore plus peur que moi.
Elle était persuadée que nous n'avions pas encore d'enfant.
C'était vraiment trop étrange.
Je sais pas qui en parler… Si ça se trouve, je me fais des films. Peut-être qu'elle va bien.
J'aimerais que tu sois là pour me donner ton avis. Putain, Barnes, t'as vraiment choisi ton moment pour disparaître ! La guerre, c'est rien à côté d'une vie de famille.
Howard S.
1er février 1971
Bucky,
J'avoue, je suis bourré. Totalement bourré… Mais malheureusement pas assez. Je voulais oublier à la base. Oublier que j'ai une femme qui refuse de pleurer et qui est partie loin. Oublier que j'ai un bébé qui lui, pleure toutes les larmes de son corps pour que je m'occupe de lui.
J'ai une putain de vie de merde.
Je hais ma vie.
J'ai tout ce que je pourrais vouloir, mais j'ai rien de ce qu'il me faut vraiment.
J'étais chez le médecin avec Peggy aujourd'hui. On était tous les deux trop inquiets pour que les choses continuent normalement.
Une fois, alors que j'étais dans mon labo, elle est venue et m'a dit que toi et Steve vous lui manquiez, qu'elle avait hâte que vous rentriez. Quand je lui en est reparlé plus tard, elle ne s'en souvenait pas.
En un mois il y a eu un milliard d'incidents étranges comme ça.
L'autre fois, elle a passé une demi-heure à chercher un mot sans parvenir à le trouver. C'était « soldat ». Pas le genre de mot qu'on oublie.
Elle m'a demandé ce qu'elle faisait ici. Chez elle. Chez moi. Chez nous. Elle était persuadée qu'elle habitait encore à Londres.
Alors on est allés voir le médecin.
Elle a Alzheimer.
Une forme d'Alzheimer rapide et intrusive.
Dans quelques années, elle ne se souviendra même pas de moi.
Dans quelques années, elle ne se souviendra plus de Tony.
Je veux oublier. Peggy elle, n'aura pas le choix.
Je n'ai aucune idée de ce qu'on va pouvoir faire. Je ne sais pas ce que je pourrais faire sans elle. Je ne sais pas ce que Tony et moi on deviendra quand elle nous regardera comme si nous étions des étrangers.
Je crois que j'ai la solution toute trouvée.
Je vais aller boire une bouteille de plus.
2 février 1971
Cher Bucky,
Je n'ai plus la gueule de bois. Peggy est rentrée hier soir, après avoir déambulé dans la ville pendant des heures. Aucun de nous deux n'a rien dit. Tony était dans les bras de Maria, et quand elle a tenté de le donner à Peggy, elle a reculé d'un pas, l'air terrorisé.
Tony a fini dans mes bras pour la soirée. Je n'avais jamais remarqué à quel point il avait les mêmes yeux que sa mère…
Je ne peux pas la perdre, Bucky. Je ne peux juste pas. Si Peggy disparaît, qu'est-ce que je pourrais bien devenir ? Si je ne suis plus rien pour elle…
J'ai couché Tony, et après, Peggy et moi sommes allés nous coucher.
Je lui ai promis que je trouverais une solution, que j'allais la sauver.
Elle m'a répondu que même moi je n'étais pas un faiseur de miracles.
Le pire, c'est qu'elle a raison. Tout ce que j'ai jamais su faire, c'est créer la destruction. J'ai l'impression que ma femme paie pour tous mes crimes, et c'est injuste. S'IL Y A UN PUTAIN DE DIEU, QU'IL SACHE QU'IL EST A CHIER CE CONNARD ! FAIS QUELQUE CHOSE, MERDE ! ELLE N'A PAS MÉRITÉ ÇA !
Désolé. Je viens chercher du réconfort, et au lieu de ça, je finis par m'énerver… Tu n'as pas mérité ça, vieux. Et j'aimerais penser que je ne l'ai pas mérité non plus…
Je vais retourner au laboratoire. Trouver un moyen de sauver Peggy. Je ne peux pas abandonner.
Howard Stark
21 février 1971
Elle est partie.
24 février 1971
Elle vit chez Sousa pour l'instant. Refuse de m'adresser la parole.
25 février 1971
Bien… Les dernières lettres que je t'ai adressées étaient plus que brèves, alors il est maintenant temps de m'expliquer.
Peggy est partie. Tout simplement. Elle a quitté la maison avec quelques affaires. Et elle n'a pas l'intention de revenir. Tout ce qu'elle m'a laissé, c'est une foutue lettre.
« Howard, blablabla, sache que je t'aime, blablabla, je fais ça pour Tony et pour toi blablabla »
TU PARLES
SI ELLE M'AIMAIT ELLE NE SERAIT PAS PARTIE
C'est possible d'aimer et de détester une personne, tu crois ?
Je la hais pour le choix qu'elle a fait.
Elle n'avait pas le droit de me quitter. Pas comme ça. Pas avec un enfant qui se demande où est passée sa maman. Tony sait ce qui se passe, je crois. Il s'en doute, en tout cas. Il a passé des heures et des heures à pleurer en appelant Peggy. J'ai eu beau le prendre dans mes bras, tenter de le rassurer, il était inconsolable.
Même Maria qui habituellement sait le calmer comme pas deux n'est parvenue à rien avec lui.
Je vais tenter de me calmer un peu et de te résumer la situation, maintenant.
Depuis qu'on sait que Peggy est malade, les choses sont tendues entre nous. Elle hurle pour un rien, et moi je suis tellement sur les nerfs que je m'énerve aussi, et c'est l'escalade. On finit par tous les deux hurler si forts que je pense qu'on réveille les voisins malgré les trente ares de terrain autour de la maison.
Merde, je suis con. C'est au passé tout ça. Imagine le dernier paragraphe au passé. Parce que c'est fini.
Elle s'inquiète pour Tony. Tout le temps. Une fois, elle m'a hurlé au visage « qu'est-ce que ce serait pour un enfant de grandir avec une mère qui ne souvient pas de lui ». Sur le coup, je n'ai pas su répondre. Le lendemain, elle était partie.
Elle m'a juste laissé sa foutue lettre d'excuse.
Tu parles d'une courageuse. Elle a fui lâchement. Je cherchais une solution ! J'allais finir par trouver ! Je suis Howard Stark, je suis censé pouvoir tout faire si je m'y investis assez !
Mais bien sûr, ça, elle n'en a pas parlé dans sa lettre.
Juste des « je t'aime », « je veux faire le bon choix pour Tony », « ce sera plus facile pour toi de tourner la page ».
C'était à moi de choisir si je voulais tourner la page ! Elle n'avait pas à faire ce foutu choix à ma place !
Dis, Buck ? Ça te dirait que je te rejoigne ? Ça me semble être une solution simple et logique.
Moi aussi, je peux la prendre, la solution de facilité.
Howard Stark
3 mars 1971
Elle m'a envoyé les papiers de divorce. Géré par Phillips et le SHIELD. Je n'ai pas mon mot à dire.
6 mars 1971
Je suis officiellement divorcé de Margaret Carter. Un enfant à charge à temps plein.
10 mars 1971
Joyeux anniversaire. Tony pleure. Je dois y aller.
3 juin 1971
Je me sens vide. Ce n'est même plus de la tristesse. C'est juste rien du tout.
Tu me manques, Bucky. Toi tu aurais su quoi faire.
Je n'ai pas revu Peggy depuis des mois. Quand j'interroge Sousa, qui vit encore avec elle, je n'ai pas beaucoup de détails. Quelques « elle s'en sort ».
Tony ne s'en sort pas, lui.
Il cherche sa maman.
Moi je ne m'en sors pas non plus.
Je cherche aussi sa maman.
15 août 1971
Joyeux anniversaire moi-même.
Je l'ai fêté en comité restreint, seul avec moi-même et une bouteille de vodka.
Tu veux connaître la meilleure, Buck ?
Il l'appelle maman.
Tony appelle Maria « maman ».
Et moi je n'arrive plus à regarder mon fils dans les yeux parce que je vois Peggy. Tout en lui me rappelle sa mère. Son regard brun, ses sourires hésitants et ses babillements joyeux.
C'était Peggy avant.
Quand elle ne me manque pas autant, je la hais de m'avoir abandonné.
3 février 1972
Toutes mes félicitations à moi-même. Je suis aujourd'hui un homme marié.
Ça, tu vois, c'est ce que tu m'aurais jamais laissé faire, Bucky.
Mais t'es pas là, et Peggy non plus d'ailleurs.
Alors voilà. Je me suis marié avec Maria. Ouais. La nourrice. Elle n'avait que quelques années de moins que moi. Presque le même âge que Peggy.
Ça a été un grand mariage. On va se retrouver dans les premières pages des magazines peoples.
Ça doit être le fait que j'ai été complètement bourré tout le long qui les a surpris.
Je m'en fous. J'aurais pas supporté cette connerie si j'avais été sobre.
Voilà. Le « papa » et la « maman » de Tony sont mariés.
Bordel.
J'ai la gueule de bois, je vais me coucher.
Mais merde, Bucky, pourquoi vous me quittez tous ?
Pourquoi ?
6 mai 1973
Salut Bucky,
Devine qui j'ai vu à une réunion du SHIELD aujourd'hui ?
Peggy.
Elle n'avait pas l'air trop mal. Plus de cheveux blancs qu'avant. L'air un peu désolée de me voir.
C'est en la voyant, en l'entendant, que je me suis aperçu que mes souvenirs ne lui rendaient pas justice.
Elle me manque encore plus maintenant.
Pourquoi est-ce que je ne fais que m'accrocher à des gens qui ont un putain de destin de merde ?
Steve et toi. À chier.
Peggy ? Pire que tout.
Je lui ai donné des nouvelles de Tony. Je crois qu'elle avait besoin d'en avoir. Elle a failli pleurer.
Je l'ai convaincu de venir le voir.
Il parle maintenant.
Jarvis et Maria s'occupent de lui.
Moi, j'essaie de m'occuper de moi. C'est pas très concluant, je crois.
Tu me manques toujours. Même après toutes ces années.
Howard
21 mai 1973
Salut Buck,
Ouais, encore et toujours moi. Mais bon, tu devrais être habitué, maintenant, non ?
Je me demande si je suis le seul à t'envoyer des lettres.
Sans doute. Quand on y réfléchit, ton appartement est à moi, maintenant. Juste pour pouvoir continuer de t'envoyer des lettres que tu ne liras jamais. Les caprices d'un milliardaire…
Peggy est venue aujourd'hui. Pour les trois ans de Tony. Je n'ai aucune idée de ce qui a pu passer par la tête de Maria quand elle l'a invitée. Ça n'aidera personne.
Ça n'aidera absolument personne.
Et je ne peux pas…
J'arrive pas…
Oh merde, je suis pourtant pas le genre à faire des crises de panique. J'ai la main qui tremble, mec.
Parce que Tony l'a appelée « tante Peggy ».
Et moi j'avais envie de hurler « mais c'est ta mère putain » mais j'ai rien dit.
Je ne dirais jamais rien de toute façon.
Peggy et moi on a un peu parlé. Elle remonte un peu la pente en ce moment. Apparemment, aller sur le terrain lui fait du bien. Elle est toujours persuadée que sa décision était la meilleure. Ce que je ne supporte pas, c'est qu'elle ne m'ait laissé aucun choix, aucune marge de manœuvre. Aucun moyen de la récupérer.
Parce que putain, je l'aime encore.
Elle avait l'air bien. Pas trop malade. Un peu plus vieille que son âge.
Mais il y avait des petits trucs. Parfois, l'espace d'un instant, elle avait l'air perdue. Elle ne m'appelait pas par mon prénom, jamais. Elle bafouillait un peu. Parfois, elle levait les mains pour imager ce qu'elle disait, et brusquement, se retrouvait figée, incapable d'exécuter le geste prévu.
Je n'ai rien dit.
Elle me manque.
H.
12 novembre 1973
Cher Buck,
Est-ce que ma vie peut partir plus en bordel que maintenant ?
Sans doute pas…
Les choses sont compliquées en ce moment. Peggy et moi, on était censé bosser ensemble au SHIELD. Sauf qu'elle n'est pas là, la moitié du temps. Sousa la remplace. Thompson aussi parfois.
Celui-là, plus il vieillit, moins il est chiant. C'est bizarre parce que d'habitude c'est l'inverse, mais là… Je crois que Jack Thompson est exactement comme moi.
Il a peur de mourir seul.
Et Tony est venu me voir aujourd'hui. Trébuchant sur ses petites jambes du haut de ses trois ans et quelques. Il est monté sur mes genoux, et a murmuré mon oreille « elle rentre quand ma vraie maman ? »
Je suis resté stupéfait. Mets-toi à ma place… qu'est-ce que tu voulais que je réponde ?
Tony a sans doute des très vieux souvenirs de sa mère, mais il ne l'a pas reconnue les quelques fois où elle est venue. Après tout, elle s'est tout de même occupée de lui pendant presque un an avant de disparaître. Je crois qu'il se doute que Maria n'est pas sa vraie mère. Comme un instinct d'enfant.
Dans l'immédiat, ça m'a procuré une espèce de réconfort. Se dire que Tony savait, au moins un peu, pour Peggy. Et puis j'ai du répondre à la question.
Qu'est-ce que je pouvais répondre, Buck ?
Qu'est-ce que je devais répondre ?
Que maman ne rentrerait plus jamais ?
J'ai pas pu. Je l'ai embrassé sur le front, et je lui ai murmuré « c'est compliqué ». Une réponse de lâche.
Je ne pouvais répondre d'autre.
Je crois que je lui en veux de m'avoir posé cette question. C'est injuste, presque cruel je crois. Mais je lui en veux. J'essaie d'oublier Peggy, autant que je peux, mais le monde a décidé qu'il en serait autrement.
Avec toute mon amitié,
Howard S.
15 août 1976
Cher Bucky,
C'était étrange aujourd'hui.
Mon anniversaire, que j'ai préféré passer tout seul.
Sauf que Tony en avait décidé autrement. Il est venu dans mon laboratoire et m'a posé des questions. Des tas et des tas de questions, comme s'il cherchait à me connaître.
Un enfant obligé d'interroger son père pour apprendre à le connaître.
C'est comme ça qu'on repère les mauvais pères, je présume.
Et on a parlé des amis. Tony savait pour Steve, et c'était mignon la manière dont il souriait en parlant de « Captain America ». Je crois qu'il a un crush pour Steve. Tu as de la concurrence, mon pote. C'est un Stark, je te rappelle, et fruit de l'amour des deux personnes les plus géniales de ce monde.
T'as aucune chance.
Bref.
On a évoqué le sujet des « meilleurs amis du monde ». C'était le moment pour parler de toi. J'en ai été incapable. J'ai rien dit.
C'était comme si je ne pouvais pas te partager avec les autres. Comme si tu étais mon secret.
Comme si j'avais besoin d'être le seul à savoir pour toi…
Alors j'ai éludé le sujet.
Et une fois de plus, j'ai raté une occasion de me rapprocher de mon fils.
Avec toute mon affection,
Howard
4 décembre 1977
Mon très cher Bucky,
Je crois que je viens de passer la pire journée de ma vie.
Mes mains tremblent.
J'ai les larmes aux yeux.
J'ai besoin d'aide.
J'ai personne.
Ça a commencé ce matin. J'étais au laboratoire pour terminer le plan du réacteur Arc, et je suis finalement remonté dans mon bureau. Mon bureau, c'est ma pièce. C'est là où je t'écris, là où je réfléchis, là où je pleure.
C'est tout ce que j'ai d'une certaine manière.
J'y ai retrouvé Tony. Vu comme ça, ça ne paraissait pas si grave…
Mais il fouillait. Et pas n'importe où, Buck. Il fouillait dans mon tiroir. Ce tiroir, c'est… Mon intimité. Mon passé. Dedans, j'ai de vieux dessins de Steve (dont ce vieux portrait nu de toi que je n'ai jamais voulu mais qui était dans tes affaires. J'étais le seul proche quand Steve est mort, alors j'ai tout récupéré), les petits mots qu'on se faisait passer pendant les réunions des Howlings (ils nous traitaient toujours de gamins quand Steve, Peggy ou Phillips parvenaient à intercepter l'un d'entre eux, la plupart du temps composé de dessins et de blagues salaces), ou même des lettres que Peggy et moi nous étions envoyés. Il y avait de tout. L'un de tes vieux uniformes, la robe de mariage de Peg, et le costume débile de Steve quand il faisait de la propagande. Tu t'en rappelles sans doute mieux que moi, quand on passait notre temps à siffloter « Le porte-bannière étoilé » à chaque fois qu'on le croisait.
Comme je te l'ai dit… C'était mon intimité.
C'était comme si Tony l'avait tout simplement violée.
C'était juste un gamin de sept ans qui cherchait un crayon de papier dans le bureau de son père et qui est tombé sur le mauvais tiroir.
Je l'ai attrapé par le bras, et sorti de la pièce violemment. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je suis incapable de m'expliquer. Incapable de me justifier.
Parce que quand il a essayé de s'excuser, de s'expliquer, la gifle est partie toute seule.
J'ai frappé mon fils de sept ans.
Je sais qu'une claque de temps en temps n'est pas néfaste pour l'éducation… Mais il était trop petit, et mon coup est parti bien trop fort.
J'ai honte, Bucky. Je me suis excusé auprès de Maria et auprès de lui.
Je ne veux pas être comme mon père, qui me frappait dès que j'avais raison et lui tort (ce qui arrivait souvent. J'étais un génie, et j'étais bien plus intelligent que lui). Mais la gifle est partie toute seule, sans que je puisse me retenir.
Encore maintenant, je suis incapable de soutenir son regard. On me dit qu'il me ressemble, mais je trouve que plus il grandit, plus il ressemble à Peggy. Il a ses yeux, et ça ne changera pas. Il a son sourire aussi. Un sourire qu'il me montre de moins en moins fréquemment. Jarvis et Maria y ont droit, eux.
Pas moi. Parce que je vois Peggy à travers lui, et que je n'arrive pas à me frayer un chemin derrière cette apparence.
Ce gosse ignore à quel point il me terrifie.
Rien que ça suffirait à faire de cette journée une mauvaise journée, mais ce n'est pas fini. Incapable de rester dans ce manoir stupide, j'ai rejoint les QG du SHIELD. Sousa m'avait prévenu que Peggy était dans une mauvaise phase, une de ses journées « sans » comme il disait.
J'avais juste besoin de la voir.
Quand je suis rentré, elle m'a souri. Je lui ai souri aussi, et j'avais l'impression de retomber un peu plus amoureux. Et elle m'a dit « je peux faire quelque chose pour vous, monsieur ? ».
Il n'y a pas mieux pour briser l'illusion.
Je suis rentré quand même, et j'ai dit tout et n'importe quoi. Je me suis présenté, j'ai déblatéré tout un blabla sur Stark Industries, et j'ai parlé, parlé et parlé. Je suis doué pour parler de moi, tu dois le savoir maintenant, mais là, tout ce dont j'avais envie, c'était que Peggy m'interrompe et qu'elle me parle d'elle.
De nous.
Brusquement, elle m'a interrompue, comme si elle avait une migraine. Elle s'est frotté les tempes, les yeux fermés. Ça avait l'air douloureux. Je me suis approché d'elle, de l'autre côté du bureau, et je lui ai demandé si ça allait.
Et c'était étrange parce que quand elle a rouvert les yeux, son regard était clair. D'une voix très douce, elle a dit « Howard ». Je n'ai pas réfléchi, je l'ai serrée dans mes bras. Et juste après, je l'ai embrassée.
Elle n'a rien dit, mais elle a répondu à mon baiser.
Tu crois qu'il est possible de retomber d'une personne tout en ayant jamais cessé de l'aimer ?
Parce qu'à chaque fois que je revois Peggy Carter, je retombe un peu plus amoureux d'elle. C'est un enfer… et en même temps, c'est tellement doux.
Bon dieu. Je viens de dire que mes sentiments pour Peggy étaient doux. Je vais vomir.
Oh, c'est vrai, c'est déjà fait. J'ai vomi deux fois aujourd'hui. Le stress sans doute. Peut-être la vieillesse. Attends que je te raconte la suite.
J'ai finalement lâché Peggy, qui m'a rappelé sèchement que j'étais marié. J'avais envie de lui rappeler que ma première femme, la seule qui avait jamais compté, c'était elle, mais je n'ai rien dit. Je me suis contenté de profiter de la présence de ma Peggy, et pas de cette inconnue rongée par la maladie.
On a parlé de choses et d'autres pendant environ une demi-heure. Un peu de Tony. Étonnamment, elle ne s'est pas énervée contre moi quand je lui ai raconté l'incident du matin. C'est pour moi qu'elle s'est inquiété.
Et puis c'était fini. Elle m'a regardé comme si j'étais un inconnu. Et quand je lui ai dit qui j'étais, elle a éclaté de rire et m'a répondu que Howard Stark avait à peine vingt-cinq ans et qu'il était sans doute en train de prendre une cuite avec Bucky Barnes.
C'était fini, Bucky.
Et pour la première fois j'ai compris pourquoi Peggy était partie.
Pour la première fois, j'ai accepté et respecté sa décision.
Quand je suis sorti du bureau de Peggy, j'ai vomi. J'ai pas réussi à m'en empêcher. C'était horrible.
Je me suis demandé ce qui se serait passé si elle était restée.
J'ai imaginé Tony parlant avec sa maman, qui brutalement ne se souvenait plus de lui.
J'ai compris que peut-être, elle avait pris une décision sensée.
Peut-être qu'elle avait raison. Que j'étais l'égoïste et le lâche, et qu'elle était la courageuse.
J'aime toujours les plus courageux. Ceux qui se sacrifient pour les autres.
Steven Rogers.
Margaret Carter.
Toi.
Vous me manquez, tous les trois.
Je ne veux pas être le survivant. Je ne suis pas assez fort pour ça.
Bien à toi,
Howard Stark
13 février 1982
Cher Bucky,
Aujourd'hui, je me suis disputé avec Tony. J'aimerais dire que c'était la première fois, ou que c'est inhabituel, mais c'est faux. J'ai l'impression d'être en perpétuel conflit avec mon fils.
Il l'ignore, bien sûr… Personne ne voit à quel point il ressemble à Peggy. Tout le monde s'arrête aux apparences, ce qui donne droit à des « ah, Howard, c'est bien ton fils, c'est certain ! ». Personne ne voit donc l'étincelle dans ses yeux ? Il y a en lui une soif de justice et d'égalité qu'il ne peut tenir que de sa mère. Il y a sa moue boudeuse, et dans ces moments-là, ça me fait mal de le regarder parce que je ne vois que Peggy.
Je la vois partout, dès qu'il est là.
Parfois je le hais d'être là, Buck. Parfois, je me dis que sans lui, j'aurais oublié Peggy depuis longtemps.
Mais je l'aime. Je crois que c'est inexplicable, l'amour d'un père pour son fils.
Je me demande comment les choses vont se passer, après cet été… Il va partir au MIT. Maria est inquiète. Pas Peggy. Quand je lui en ai parlé la dernière fois, elle m'a dit que s'il avait un centième de ma capacité d'adaptation, il s'en sortirait partout. Elle en parle comme s'il était uniquement mon fils. Jamais elle n'évoque Maria. Jamais elle ne s'évoque elle-même.
Enfin…
Je ne sais pas trop si je peux encore croire en l'instinct de Peggy. Elle déteste mon nouveau partenaire, Obadiah Stane. Pour moi, ce n'est pas un homme détestable, c'est juste un parfait businessman. En plus, il s'entend bien avec Tony.
Et puis, après m'avoir fait un discours sur combien elle le détestait et combien il ne fallait pas lui accorder sa confiance, Peggy m'a souri et m'a remercié pour le cake à la carotte que j'avais ramené – ça sentait bon, d'après elle.
Elle n'aime pas les carottes. C'était un gâteau au chocolat, et je ne l'avais même pas sorti de mon sac.
Elle m'inquiète de plus en plus.
Je ne sais pas quoi faire. Le réacteur arc est opérationnel, mais je ne vois pas à quoi ça servirait d'en faire usage. J'ai fait toutes les recherches que j'ai pu sur la maladie d'Alzheimer. Il s'est avéré que Peggy était extrêmement forte pour avoir résisté tout ce temps, surtout à une branche aussi précoce de la maladie. Sans même le savoir, elle a lutté pendant des années.
Mais maintenant, je ne suis pas aveugle, elle sombre peu à peu.
Peggy est forte, ce n'est pas un mystère. Mais même elle ne peut pas lutter contre ça. Plus maintenant. C'est trop tard.
Depuis toujours, j'essaie de créer un monde parfait pour les autres. Un monde solide.
En un instant, Peggy est capable de détruire toutes les bases de mon univers et de me faire s'écrouler avec elle.
J'attends juste le moment où ça arrivera.
Howard S.
24 octobre 1983
Buck,
Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je me suis réveillé cette nuit avec un objectif.
Je vais recréer le sérum. Je suis vraiment stupide de ne pas y avoir pensé avant ! Tu parles d'un génie !
Steve était asthmatique. En fait, Steve avait toutes les maladies possibles et imaginables. Le sérum les a toutes soignées.
Alors imaginons, l'espace d'un instant, que ce sérum soigne toutes les maladies.
J'ai été un crétin, Bucky. Un véritable crétin. J'ai passé les douze dernières années à m'apitoyer sur mon sort alors que j'avais des solutions toutes prêtes ! Imagine, Bucky ! Je pourrais soigner Peggy !
Je vais soigner Peggy, Bucky. Je vais la soigner.
J'y arriverais, tu verras.
J'ai pas pu te sauver toi. Je la sauverais elle.
Je le jure.
Howard Walter Stark
14 décembre 1983
Bucky,
Peggy Carter est beaucoup trop intelligente.
J'imagine que je ne t'apprends rien… Peu importe. J'ai demandé des moyens au SHIELD en leur exposant mon projet. Bien sûr, tout le monde a été très enthousiaste… sauf elle. Elle m'a pris à part et m'a demandé « rassure-moi Howard… tu ne fais pas ça pour moi ? ». Elle me connaît trop bien, je pense.
Et ça a été compliqué de lui répondre.
La vérité l'aurait effrayée. Elle n'aurait pas cru un mensonge.
Alors je l'ai juste embrassée.
Crois-moi, c'est le moyen de distraction parfait pour une femme.
J'aimerais pouvoir m'accrocher moins aux gens que j'aime. Pouvoir tisser des liens plus facilement. Mais c'est comme ça, et je n'y peux rien.
Disons que je suis d'humeur affectueuse : Bucky… Peggy, Steve et toi, je vous aime.
Et Tony… S'il avait la moindre idée de combien je l'aime, de la confiance que j'ai en lui… J'aimerais pouvoir lui montrer, mais j'en suis tout bonnement incapable.
Désolé, fils. J'aimerais faire mieux. J'aimerais pouvoir être un bon père.
Howard
1er janvier 1984
Putain.
J'ai du mal à y croire. Voilà une année qui s'annonce mal.
Le colonel Chester Phillips est décédé cette nuit.
Il avait cent sept ans.
Cette homme a survécu à deux guerres mondiales. C'était une force de la nature.
Et maintenant il est mort.
C'est étrange. Je ne trouve pas d'autres mots. Ce n'est pas comme si je me sentais triste… Enfin, si, bien sûr, mais c'est différent. Je suis comme… abasourdi.
Cet homme, c'était comme s'il allait survivre à tout… C'est très enfantin de dire ça, mais il était pas censé mourir. Il devait être immortel, et continuer de nous conseiller jusqu'à la fin.
J'espère que tu passeras une meilleure année, Buck.
Howard S.
28 janvier 1984
La mauvaise année se poursuit, Bucky…
Jack Thompson est mort sur le terrain.
Tu vois… c'était Thompson. Ça n'aurait rien du me faire. Ce n'était pas comme Phillips. Mais maintenant qu'il est mort, c'est… il me manque un peu. Ses remarques sexistes, ses idées crétines et ses plans faits à la va-vite… Tout ça me manque.
Parfois je ne me comprends pas moi-même.
Peggy, elle, perd un peu les pédales.
Elle a parlé avec Phillips, Thompson, Steve et toi pendant une demi-heure ce matin. C'était effrayant. Sousa et moi on a rien dit.
Je crois que Sousa n'a jamais été aussi malheureux… et c'est mauvais signe. Jusqu'à présent, il était le pilier de Peggy. S'il ne peut plus tenir, et qu'elle ne veut toujours pas de moi, alors elle va s'effondrer.
Mes recherches sur le sérum n'avancent pas grandement, mais je n'abandonnerais pas.
Je veux trouver un moyen de guérir Peggy. Ce n'est pas juste pour elle. C'est avant tout pour moi.
J'ai besoin d'elle.
H.
14 mai 1986
Mon très cher Bucky,
Tony a fini les cours au MIT. Major de sa promo à seulement seize ans. Je ne crois pas avoir été déjà aussi fier.
C'est un sentiment étrange, pour être honnête. Je n'ai jamais été proche de mon fils passé sa première année. Il me rappelait trop Peggy pour que je puisse l'aimer véritablement.
Mais c'est différent. Je le sais différent de moi, et je le sais différent d'elle.
Je sais qu'il a mon intelligence, pour ne pas dire mon génie…
Et il a pris tout le reste d'elle. Son besoin de justice, d'évolution, de changement. Sa vivacité et son habitude de frapper avant de réfléchir.
Je me rappelle de lui quand il avait six mois, que Peggy et moi étions blottis l'un contre l'autre, lui dans ses bras, elle dans les miens.
Je n'ai jamais autant aimé mon fils que dans cet instant d'infinité partagé avec sa mère.
Je suis désolé de ne pas avoir pu t'aimer à ta juste valeur, Tony. J'espère qu'au moins Maria l'a fait. J'espère qu'elle mérite le titre de « mère » que tu lui as offert.
Mais je m'égare, Buck… Je crois que le sérum avance… Encore quelques mois et les choses s'arrangeront.
Encore quelques mois…
Howard
30 juin 1989
Bucky,
Aujourd'hui, j'ai eu la preuve que les gens avec qui je travaille sont des abrutis finis. Enfin, Mitchell Carson est un abruti fini. Jamais je ne critiquerais Peggy, qui réussit le miracle d'être malade depuis plusieurs années, souriante et diplomate.
Comme toujours, elle a été parfaite. Bon, on a perdu Hank Pym et sa formule, mais j'en ai récupéré ce que je désirais. Je crois être au bout du super-sérum qui me tient tête depuis tant d'années.
Je sais, je te l'ai déjà dit plusieurs fois… Mais là, j'en suis certain. Je vais bientôt trouver.
Sinon, Peg est dans une de ses périodes où elle va bien. On a petit peu parlé. Elle tente un traitement expérimental pour tenir plus longtemps. Pour l'instant ça marche.
Une heure de conversation et elle n'a oublié ni mon prénom ni mon identité une minute.
Si il y a vingt ans on m'avait dit que ce serait un miracle pour moi…
Comme quoi les choses changent vite, parfois…
Howard Stark
27 novembre 1991
J'AI RÉUSSI !
Bucky, j'ai réussi.
Je crois que j'ai réussi à reconstituer le sérum. Quelques expérimentations pour le prouver, et je le confierais au SHIELD, après avoir convaincu Peggy de s'en injecter, bien sûr.
Si seulement tu pouvais être là, Bucky.
J'aimerais que tu sois là avec moi.
C'est fou comme parfois tu me manques, James Buchanan Barnes.
J'espère que tu reposes en paix, où que tu sois, et que mes lettres ne t'empêchent pas de trouver un repos bien mérité.
Howard Stark, ton éternel ami.
12 décembre 1991
Bucky…
Et voilà… Je me suis planté en beauté… Évidemment…
Le sérum agit sur beaucoup de choses… pas les maladies dégénératives.
C'est fini. Je ne vois pas ce que je peux faire de plus.
Je vais perdre Peggy. Toute ma vie tourne autour d'une femme qui refuse que je prenne soin d'elle, et d'un enfant qui n'en est plus un et que je n'arrive pas à regarder dans les yeux.
J'aime cet enfant.
D'une manière dérangée et insupportable.
Et autour de toi. Un soldat mort depuis quarante-six ans.
Tu parles d'un génie.
16 décembre 1991
Cher Bucky,
Je suis désolé. Le coup de la gueule de la dernière fois, tu ne le méritais pas.
Je suis dans la chambre d'hôpital de Peggy. Elle dort. C'est une période « sans ». Elle ne m'a pas reconnu quand je suis arrivé.
Maria attend dans la salle d'attente. Une fois que je ressortirais de cette chambre, nous irons en vacances quelque part au soleil, où qu'elle veuille aller. Peu importe, au fond. Je peux t'écrire de n'importe où.
Il faut aussi qu'on passe par le SHIELD, déposer les fioles tellement inutiles de super-sérum.
Ma vie est une ironie.
La femme que j'aime ne se souvient pas de moi, je suis marié à une femme qui a sans doute le béguin pour moi mais que je n'ai jamais réellement vu comme autre chose que la nourrice de mon fils, et j'écris à un ami dont je ne me souviens plus.
Ça fait quarante-six ans, Bucky. Des photos de Steve, il y en a partout, je ne risque pas d'oublier son visage. J'ai des photos de Peggy, qu'elle soit jeune ou plus âgée…
Mais toi… Quand je pense à toi, Buck, je me rappelle de ton rire. Oui, le son de ton rire m'est resté. Et c'est tout. Ton visage est flou, ta voix est étrange, et ton sourire me manque. Un sourire dont je ne parviens pas à me rappeler.
J'ai beau chercher encore et encore, je ne me souviens pas de la couleur de tes yeux…
Bucky, je donnerais tout pour te voir encore une fois. Juste une fois, Buck.
Une fois.
Reviens-moi. Rien qu'un instant.
Howard Stark.
Bon, j'imagine que la date du 16 décembre a assez été répétée dans CW (merci Zemo, vraiment).
Encore une fois, j'espère que ça vous a plu. Sur ce, je retourne sur Hearts and Minds ! Bisous !
