Chapitre I

Génésis avait dix ans lorsqu'il intégra le Soldat sur les recommandations de son père adoptif. A son idée, jamais cet homme ne l'avait considéré comme son fils, et était pressé de s'en débarrasser. Quand à Angeal, c'était une autre histoire. Ses parents travaillant tous deux pour la Shinra, ils furent horrifiés à l'idée que leur fils unique s'engage dans un tel processus. Néanmoins, son père, Hollander Hewley, voyait là un avantage, après réflexion, et il convainc sa femme de laisser partir leur fils.

C'est ainsi que Génésis et Angeal grossirent les rangs du Soldat. Génésis qui n'avait, à l'époque du moins, que des pensées pacifistes, répugnait à l'idée de devoir prendre une arme dans l'unique but d'abattre son voisin. Angeal partageait ce point de vue.

Le directeur du Soldat les remarqua tous deux à la mine déconfite qu'ils affichaient entre leurs camarades.

- Comment vous appelez-vous ?

- Angeal Hewley, répondit le plus âgé.

Le second, bien fluet pour faire un Soldat, bredouilla :

- Génésis… Rhapsodos.

- Que faites-vous ici ?

Aucun des deux ne donna de réponse. Ce fut Génésis qui prit la parole le premier :

- Parce que nos parents nous ont engagés.

- Oh…

Lazard se souvint tout à fait des paroles des docteurs Hojo et Hollander. Il devina le potentiel des deux jeunes recrues.

- Dites-moi… quels sont vos rêves ?

Pour le coup, ni Angeal, ni Génésis, ne purent répondre.

Le garçon aux cheveux noirs darda sur le directeur son regard gris :

- Pourquoi ?

Lazard sourit, mais ne répondit pas. Il se redressa, puis poursuivit son inspection. Il se souviendrait du nom de ces deux recrues.

Par un étrange hasard, Angeal et Génésis passèrent avec brio le concours d'entrée dans le Jeune-Soldat, qui abritait toutes les recrues de moins de quinze ans.

Ils se révélèrent extrêmement doués, si bien qu'on les compara bientôt à Séphiroth, le plus jeune première classe du Soldat. A douze ans, celui-ci avait une force et des talents prodigieux. Génésis, qui n'appréciait pas d'être comparé à un génie de cette espèce, se renfrognait à chaque fois que le jeune garçon était évoqué.

Séphiroth, pour sa part, n'était pas resté sourd aux « recrues prometteuses » dont lui avait parlé le Président et le directeur Lazard.

Angeal démontra une force impressionnante plus tôt que son ami, attirant ainsi l'attention du professeur Hojo, pour son malheur. C'est ainsi qu'il rencontra Séphiroth pour la première fois. Le professeur l'avait convoqué à son laboratoire, et le garçon avait dut répondre à l'appel.

- Je peux t'accompagner ? demanda Génésis.

Angeal posa un regard affectueux sur le jeune garçon pale aux cheveux roux foncés qui lui tombaient sur le visage, dont les yeux verts sombre exprimaient une vive inquiétude.

- Je n'en ai pas pour longtemps, lui assura Angeal.

Le regard que lui rendit Génésis le déstabilisa. On aurait presque crut que le garçon savait ce qui attendait son ami.

- Euh… d'accord.

Ils se rendirent au bureau du directeur du Soldat. Lazard parut ravi que Génésis se trouve là également, même s'il décréta que c'était un peu tôt.

- Tôt pour quoi ? s'étonna Angeal.

- Comme il a un an de moins que toi, il est encore un peu tôt pour les « examens ». Mais je pense que ça n'a aucune importance.

- Les « examens » ? répéta un Génésis sceptique.

Lazard eut un sourire rassurant.

Peu après arriva le professeur Gast. Ses yeux pétillants rassurèrent Angeal. Après de brèves présentations, il les mena dans l'ascenseur, où il leur parla de tout et de rien. Angeal fut charmé par le charisme de Gast. Celui-ci s'étonna de la sagesse du garçon, qui n'avait que onze ans.

En arrivant au département scientifique, le professeur Hojo les accueillit. Il jaugea les deux garçons comme s'ils étaient des objets précieux, un sourire peu plaisant sur les lèvres. Il invita Angeal à le suivre, tandis qu'il « s'occuperait » de son ami plus tard. L'ami en question ne retint pas un frissonnement en voyant les portes d'un ascenseur mineur se refermer derrière Angeal. Gast se voulut rassurant, et le conduisit dans une salle à côté. Pour se calmer, Génésis récita les vers de Loveless, qu'il connaissait depuis qu'il avait appris à lire. Gast l'écouta avec attention. Le garçon répétait souvent les mêmes vers de l'acte un.

Lorsque a porte de la salle s'ouvrit, Génésis esquissa un sourire, espérant voir apparaître Angeal. Il se figea lorsqu'un garçon, un plus âgé que lui, avec un teint d'une pâleur mortelle, des cheveux argentés, et surtout des yeux verts dont la pupille semblait fendue comme celle d'un serpent, entra. Génésis le regarda entrer avec un mélange de fascination et de dégoût.

- Séphiroth ! s'exclama Gast en se levant. Comment te sens-tu ? les tests se sont bien passés ?

Séphiroth eut un sec hochement de tête, puis son regard vert vint se poser sur Génésis, qui ne l'avait pas lâché des yeux. Ce qui le frappa d'abord, c'était que le garçon ne détourne pas le regard. C'était inattendu. Personne n'avait jamais supporté son regard plus de quelques secondes. Il finit par être intrigué.

- Qui es-tu ? demanda-t-il d'une voix trop grave pour être celle d'un enfant.

- Génésis, murmura l'interpellé sans le quitter des yeux.

Gast assistait à l'échange avec soulagement. Le rouquin ne semblait pas avoir peur de son protégé. Peut-être étais-ce parce que personne ne lui avait raconté les rumeurs qui couraient sur le jeune prodige.

Lorsqu'Angeal reparut, il n'avait pas l'air au mieux de sa forme. Il était accompagné du docteur Hollander. Séphiroth s'étonna de ne pas voir Hojo.

Si Génésis appréciait Gillian, la mère d'Angeal, il ne pouvait pas en dire autant du père de ce dernier. Il n'arrivait pas à lui faire confiance.

- Voilà. Surtout, repose-toi bien… conseilla Hollander.

Angeal inclina la tête. Génésis tenta de se faire le plus petit possible sur son siège. Il ne voulait pas qu'Hollander le voit. La tentative échoua, mais le scientifique ne lui demanda pas de le suivre, à son grand soulagement, et s'entretint un moment avec Gast.

Angeal en profita pour s'asseoir à côté de son ami, qui le trouva bien pâle. Il se tenait le bras droit comme s'il le faisait souffrir.

Séphiroth comprit, mais n'osa pas intervenir. Génésis le fit le premier :

- Qu'est-ce qu'ils font, là-bas ? demanda-t-il.

Séphiroth parut surpris.

- Des tests, répondit-il, un peu décontenancé.

- Mais… des tests de quoi ?

- Je ne sais pas.

Génésis étudia Séphiroth avec attention, avant de lâcher :

- Ils t'en font aussi, pas vrai ?

Séphiroth acquiesça en silence.

- Angeal, ça va ?

L'interpellé opina rapidement. En réalité, ça n'allait pas du tout. Son bras le lançait furieusement.

Séphiroth prit son courage à deux mains et entreprit d'examiner Angeal. Une sorte de bosse se formait à l'endroit où on avait introduit l'aiguille. Il n'était pas le mieux placé pour produire un diagnostic efficace, mais il ne voulut pas déranger Gast.

Celui-ci gardait un œil sur son protégé, et fut tout d'abord surpris qu'il échange avec autant d'aisance avec les deux autres garçons. La surprise passée, il fut ravi de voir que Séphiroth s'était fait des amis.