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# La première fois #
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La première fois. On imagine des caresses, de l'amour dans l'air, des râles de plaisir, une délicatesse un peu bestiale, un assouvissement de fantasme, n'importe quoi sauf Ca.
Sauf cette violence dans le regard, sauf cette phrase qui résonne encore deux ans plus tard :
- Après tout t'as l'habitude non ?
On pense que dire que l'on n'est pas prête, que dire non suffit. Mais murmurer ou crier un mot n'est pas suffisant. On a beau savoir dire non, ça ne nous préserve pas. Alors on serre les poings en essayant de croire que ça va passer, qu'on l'aime suffisamment, qu'après tout un jour il fallait bien que ça arrive.
Et puis au bout d'un moment c'est fini. Les larmes coulent sur les joues, silencieusement.
Les tremblements commencent, doucement, puis de plus en plus vite. Tu pleures, tu as mal mais ce n'est pas le mal physique le plus difficile à accepter, celui là passe vite. Mais il reste l'angoisse, déchirante, cette peur que ça recommence, encore, encore, et encore.
On te prends dans les bras, on te parle tout bas :
- Je suis désolé, je pensais que tu avais l'habitude. Pourquoi n'as tu rien dit ?
Et tu pleures encore. Quelque chose en toi est cassé, sans espoir d'être réparé.
- Je n'ai rien entendu. Est-tu sûre de l'avoir dit ?
- J'attendrais que tu sois prête.
Mais les phrases ne sont que mensonges, la tristesse n'est qu'une façade. Et semaines après semaines ça recommence. Tu pleures, expliques, tempête. Mais rien n'y fait. Il y a toujours cette phrase, j'attendrais qui résonne entre vous. Et la constatation flagrante.
C'est trop tard.
Petit à petit la douleur s'éloigne, tu penses qu'elle ne reviendras pas. Tu penses que l'amour c'est ça. Se sacrifier pour la personne qu'on aime même si ce qu'elle nous fait ne nous plaît pas.
Mais tu as mal lorsque ses mains se posent sur ton corps. Tu n'as plus son empreinte sur ton corps. Tout te révulse. Tu veux oublier ce que tu es. Les douches sont longues mais ne suffisent pas. Parfois tuer resterait la seule solution pour te remettre.
Officiellement tout va très bien.
Officieusement vous ne vous comprenez plus.
Tu ne vis plus, tu ne dors plus, tu n'espères plus.
Tu reste dans ton rêve. Ce rêve ou les gens bien existent et ou tu es heureuse.
C'est un rêve. Un si joli et inutile rêve.
L'étouffement te saisi, de plus en plus souvent. Tu refuses ses gestes, ses baisers, ses cadeaux. Tu refuses sa présence, tu vas à reculons aux rendez-vous.
Tu pleures souvent, presque tous les soirs.
Le voir te saoûle, lui téléphoner aussi.
Pour une fois tes études semblent bien plus fascinantes.
Bien plus intéressantes.
Toi qui ne t'y intéressais plus.
- On ne pourra pas se voir. J'ai trop de travail.
- Nan je sais pas, peut être samedi soir ou dimanche matin.
Peut être jamais.
Et puis l'été arrive. Les vacances, la douleur. L'ignorance. La haine que tu ressent à sentir son corps près du tien. Tu rejettes tout.
Tout.
Et finalement septembre arrive.
Le bonheur de revenir en cours. De revoir les amis. Ceux qui te semblaient il y a peu si insignifiants.
Tu revois du monde, sort, passe ton temps à écrire des lettres. Le week end des mails quand dans ta chambre moldue, tu passes le temps en écoutant de la musique. Les écouteurs sur les oreilles, le son à fond dans l'espoir vain de te noyer, de ne plus penser à rien.
Tout est fini.
Et cette phrase sur cette lettre.
- Tu as joué la comédie pendant toute notre relation
Personne ne peut l'effacer de ton âme. C'est inscrit.
Tu pensais que tu pouvais avoir confiance, que cette fois, cette unique fois, tu ne serais pas trahie. Pourtant tu l'as été. Tu te sentais nulle avant. Maintenant tu te sens sale. Toi le chat qui ne voulait te laisser apprivoiser par personne, tu te sens bafouée dans tout ce que tu es.
Bafouée dans ta chair, dans ton sang.
Et les pleurs ne t'apportent plus ni réconfort ni calme.
Et les coups que tu donnes dans ton sac aucun soulagement.
Il faut que tu affrontes la vérité.
L'amour n'est pas forcer les gens. L'amour ce n'est pas omettre la volonté et les désirs de l'autre.
L'amour c'est la complétude. L'acte charnel n'est pas simplement fermer les yeux et attendre que ça passe en espérant que ce soit la dernière fois que l'on force le passage ainsi.
Mais ça ne suffit pas.
Penser ainsi ne suffit pas pour que tu te sentes moins sale.
Penser ainsi ne te rends pas plus forte. Penser ainsi te rends juste, la parcelle d'humanité que tu avais enfermée au fond de toi pour survivre.
Maintenant il faut que tu trouves la force de redevenir celle que tu étais avant.
Il faut que tu deviennes, ce que tu es au fond de toi.
Une fille blessée
Il faut toujours avancer. Et croire que demain, peut être, avec de la chance, tu trouveras le bon.
Il faut que tu restes aux yeux des autres, aux yeux de ta famille ce que tu as toujours été. Une fille forte. Même si pour ça tu dois leur mentir, leur cacher cette haine quand tu entends son prénom, leur cacher pourquoi tu ne veux plus voir son visage ou n'importe quelle partie de son corps dans cette maison. Leur cacher pourquoi tu te sens si sale. Terriblement sale.
Parce que les autres n'ont pas besoin de savoir. Parce que tu as toujours été seule. Parce que finalement, c'est peut être mieux comme ça.
C'est pourquoi ce jour là, j'ai décidée que tout était fini.
J'ai décidé qu'espérer un changement ne m'avancerai à rien. Que jamais rien ne changerait. Qu'on ne s'était jamais compris et qu'on ne se comprendrait jamais. Qu'il n'y avait plus rien à faire, plus rien à sauver. Voilà deux ans que tout était mort. Voilà deux ans que je m'accrochais à un souvenir qui ne m'apportait rien.
On voudrait qu'il n'y ait jamais eut de début pour qu'il n'y ait jamais de fin. J'ai perdu deux ans et demi de ma vie. J'ai perdu une parcelle de moi qui voulait croire que les gens, pouvaient aimer véritablement.
Oui Ron, le jour ou tu as abusé de moi, j'ai perdu mon innocence, mon espoir en l'amour.
Pourtant bêtement, je le cherche encore.
C'était il y a trois mois.
Et je recommence enfin à rire… avec mon cœur.
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Hermione Granger¤
Il y aura une suite…
Alfa
