Titre : We don't wanna be like them - "Mistletoe".
Nombre de parties : 1/?.
Pairing : Neuvième Docteur/Rose Tyler.
Synopsis : "Oh, elle avait essayé et essayé, mais elle n'avait jamais rien trouvé de stable. Comme elle n'avait aucun diplôme, elle n'était jamais assez qualifiée pour aucun patron et ils l'avaient tous exploitée avant de la rejeter avec si peu d'argent qu'elle ne pouvait quasiment rien acheter."
A/N : Les personnages et l'univers de la série ne m'appartiennent pas. Ils sont l'entièrement propriété de Russell T. Davies, Phil Collinson, Susie Liggat, Steven Moffat et la BBC. Pour le reste, tout appartient à mon imagination.
A/N 2 : Cette histoire a originellement été postée en tant que deux shots dans Brèves de TARDIS (chapitres 17 et 25), mais on m'a demandé d'en faire une série, et puisqu'il y aura une troisième partie (si jamais je trouve le temps de l'écrire), j'ai décidé de la poster en tant qu'histoire à part entière et de lui donner un titre propre.
A/N 3 : Ce one-shot fait partie du #DoctorWhoChristmasChallenge que je fais actuellement. Les règles pour participer sont sur mon Tumblr (shadowsprodpresent) et mon Instagram (theoncomingpolicebox). Ce travail est une entrée de claraswolf (Instagram).
Docteur: Ninth.
Pairing: Docteur/Rose.
Prompt: Rose est une mère célibataire et sans abri, incapable de trouver un travail stable ou une maison décente.
Temps/Lieu: Pas de temps spécifique.
AU ou non AU: AU.
C'était Noël de nouveau, et Rose Tyler avait encore la sensation d'être la plus mauvaise femme et mère du coin. L'année passée, elle s'était promise d'être une meilleure mère pour son petit garçon, de trouver un travail permanent et une maison permanente, mais elle n'avait toujours pas rempli cette promesse et elle était déçue par elle-même. Oh, elle avait essayé et essayé, mais elle n'avait jamais rien trouvé de stable. Comme elle n'avait aucun diplôme, elle n'était jamais assez qualifiée pour aucun patron et ils l'avaient tous exploitée avant de la rejeter avec si peu d'argent qu'elle ne pouvait quasiment rien acheter. Elle n'avait jamais dépensé cet argent pour elle-même et avait toujours acheté tout ce dont son petit garçon avait besoin à la place. Il serait toujours sa première priorité. Elle se sacrifiait pour lui donner une bonne vie, tout comme ses parents l'avaient fait pour elle quand les temps étaient durs pour eux. Ils avaient réussi à lui donner une vie qui valait la peine de se battre jusqu'à ce qu'elle ait seize ans.
Ils étaient décédés dans un accident de voiture une nuit d'hiver. La voiture avait glissé sur la route gelée et avait quitté la route pour s'écraser contre un arbre. Ils n'avaient pas souffert et étaient morts sur le coup. Rose avait détesté la saison hivernale depuis ce jour. Elle n'avait pas été dans la voiture pourtant. Cette nuit-là, elle avait dormi chez son petit-ami. Jimmy Stone était plus vieux qu'elle. Il avait vingt ans quand elle n'en avait que seize, mais il était gentil et poli et charmant. Du moins, c'était sa façon d'être quand ils s'étaient rencontrés. Elle n'avait que seize ans à ce moment et elle avait été naïve. Si naïve. D'abord, il lui avait fait abandonner ses études. Au grand dam des parents de Rose. Puis, ça n'avait été que des petites choses, mais il essayait encore de contrôler sa vie, et elle ne l'avait réalisé que trop tard, quand il l'avait forcée à rester à l'intérieur de l'appartement insalubre dans lequel ils vivaient.
Elle était restée piégée avec Jimmy Stone durant des années. Ça avait été des années de mauvais traitements, de violence, d'agressions sexuelles et d'humiliation, mais elle n'avait jamais rien dit. Jusqu'à ce qu'elle découvre qu'elle était enceinte. Elle n'avait que vingt-quatre ans à ce moment. Elle n'avait aucun diplôme, aucun travail, aucune famille. Elle n'avait rien d'autre qu'un petit bébé grandissant dans son ventre, et un petit-ami alcoolique et violent. Jimmy Stone cuvait l'alcool qu'il avait bu à une fête où il était allé sans elle quand elle avait décidé qu'il était temps de partir. Elle avait pris ses affaires et avait quitté l'appartement. Elle n'était jamais revenue et n'avait jamais regretté sa décision, bien que cela fut très difficile pour elle. Elle était enceinte et n'avait personne pour l'aider à traverser la grossesse. Elle ne pouvait pas se payer d'examens médicaux, ni de médecin alors elle avait fait de son mieux pour rester en vie et garder son bébé en sécurité. Même si Jimmy était le père biologique, elle avait voulu le garder.
Un an après avoir quitté Jimmy, elle vivait dans les rues, se cachant dans des refuges pour sans-abris et allant dans des dispensaires quand elle en avait besoin. Elle savait que Jimmy la cherchait et elle ne voulait pas qu'il la trouve. S'il l'avait trouvée, il aurait su qu'elle était enceinte et l'aurait enfermée dans son appartement pour toujours. Mais, par chance, il ne l'avait jamais trouvée. Rose accoucha de son petit garçon seule, dans les rues. Oh, elle avait été si terrifiée quand elle avait perdu les eaux, quand le travail avait commencé. Elle avait souhaité que sa mère soit là dans ce moment difficile, mais elle n'était pas là. Elle ne rencontrerait jamais son petit-fils. Elle ne saurait jamais ce que sa fille était devenue. Peut-être était-ce pour le mieux. Si elle avait su ce que Jimmy Stone lui avait fait, son cœur de mère aurait été brisé. Et Jimmy Stone aurait sûrement regretté d'avoir provoqué la famille Tyler.
Après la naissance du plus beau et merveilleux des petits garçons, Rose s'était promise de lui donner une bonne vie. C'était difficile. C'était vraiment difficile de tenir cette promesse quand elle survivait à peine avec l'aide qu'elle pouvait obtenir des refuges et des soupes populaires et des vols dans les magasins quand ce n'était pas assez. Elle mourait de faim et de froid la plupart du temps, mais tant que son petit Elliot allait bien et avait tout ce dont il avait besoin, elle s'en fichait. Elle avait perdu beaucoup de poids, mais elle n'était pas malade comme un chien comme la majorité des sans-abris qu'elle avait rencontrés. C'était ainsi que s'était déroulée sa vie durant six ans. Elle avait pensé que ses problèmes étaient sur le point d'être résolus, qu'elle allait voir la fin de ce tunnel sombre quand elle avait trouvé un travail et un petit appartement quelques mois plus tôt, mais ce matin, son patron – qui était aussi son propriétaire – l'avait jetée dehors pour une faute professionnelle qu'elle n'avait même pas commise et avait refusé de la payer.
C'était ainsi que Rose Tyler avait atterri dans la rue une nouvelle fois avec le peu de choses qu'elle avait et son petit garçon au matin du réveillon de Noël. Elle avait travaillé si durement pour lui donner le meilleur des Noëls cette année et elle avait échoué une nouvelle fois, et c'était trop pour elle. Elle errait dans les rues de Londres, un sac à dos avec toutes leurs affaires sur le dos, tenant fermement la main d'Elliot pour qu'il ne se perde pas dans la foule de gens heureux qui couraient partout pour finir leurs courses de Noël. Personne ne prêtait attention à la femme qui marchait dans les mêmes rues qu'eux avec son dos voûté, son visage triste, tenant la main de son petit garçon et pensant tristement que, cette année encore, elle ne serait pas capable de lui offrir un cadeau. Elle avait la sensation d'être la pire mère au monde de ne pas pouvoir rendre son petit garçon heureux un jour pareil. Elle se sentit encore pire quand ils passèrent devant un petit magasin vendant des ours en peluche, les mêmes ours en peluche qu'il avait rêvé d'avoir un jour.
Elliot leva les yeux vers sa mère, tenant toujours fermement sa main. Il savait qu'elle était triste de ne pas pouvoir lui acheter de cadeau pour Noël, et il était triste aussi mais il savait que leur vie était plus difficile que celle des autres et que sa mère faisait de son mieux. Du haut de ses six ans, il savait déjà qu'être avec elle, qu'être aimé par elle était suffisant, peu importait la dureté du combat qu'il devait mener pour avoir une vie décente.
— Ça va, maman. Tant qu'on est tous les deux, tout ira bien, tenta-t-il de la rassurer.
Rose baissa les yeux vers lui et sourit tristement. Il était si beau avec ses yeux verts et ses cheveux brun clair. Son nez était un peu rouge à cause du froid. Il lui sourit en retour et il y avait tant de chaleur dans ce sourire que Rose sentit son cœur fondre et elle manqua de craquer. Comment pouvait-il lui montrer tant d'amour et de bonheur quand elle était la pire mère au monde ? Elle s'arrêta de marcher et s'agenouilla, passant ses bras autour de lui et le serrant fermement dans ses bras. Elle embrassa tendrement sa tête.
— Je t'aime, murmura-t-elle dans son oreille.
— Pour toujours, compléta-t-il.
De la neige commençait à tomber tout autour d'eux et le froid commençait à réellement les atteindre maintenant, mais Elliot regardait les petits flocons tomber du ciel avec émerveillement. Il aimait la neige. Il la trouvait très belle, mais il n'avait jamais su pourquoi sa mère avait l'air si triste chaque fois qu'il neigeait. Elle ne lui avait rien dit à propos de ses grands-parents, et elle ne lui dit pas combien elle était près de craquer à ce moment. La neige la fit presque pleurer et elle chassa quelques larmes en clignant des yeux alors que la douleur agrippait son cœur. Elliot frissonna quand un flocon glissa dans son cou et cela le fit légèrement rire. Noël était une période magique. Quelque chose de bien allait leur arriver. Il avait prié assez longtemps pour que cela arrive. Il voulait que sa mère soit heureuse. Il détestait la voir si triste.
Rose le vit frissonner et posa immédiatement le sac à dos au sol. Elle enleva son manteau rapiécé qu'elle avait eu sur un stand de la Croix Rouge quelques mois plus tôt et l'enveloppa dedans. Elle ferma la fermeture éclair et tapota légèrement le nez d'Elliot avec un petit sourire. Elle remit le sac à dos sur son dos et reprit la main de son fils avant de recommencer à marcher. Elle entra dans un centre commercial. Ils seraient protégés du froid ici. Elle le fit s'assoir sur un banc près d'une boutique de nourriture et posa le sac à dos à côté de lui. Elle caressa son visage gentiment.
— Je vais aller t'acheter quelque chose à manger. Je ne serai pas longue. Tu m'attends ici, et tu ne parles, ni ne suis personne, d'accord ?
Elle se détestait de faire ça. Elle n'allait rien acheter. Elle allait voler cette nourriture, et elle ne voulait pas qu'il la voie faire. Elle n'avait pas d'autre choix que de voler pour être sûre qu'il puisse manger car elle ne pouvait pas payer. Et elle détestait le laisser seul ici pendant qu'elle commettait un délit. Elliot hocha la tête.
— Je t'attends. Je ne bouge pas. Je ne parle à personne, et je ne suis personne.
C'était une leçon qu'elle lui avait apprise au cours des années. Quand elle disait qu'elle allait se procurer de la nourriture, il devait attendre à un endroit particulier – généralement à un endroit où personne ne l'ennuierait, quelque part où il serait en sécurité pour quelques minutes – et il lui était interdit de parler ou de suivre un étranger. Elle s'arrangeait pour qu'il soit en sécurité pendant qu'elle prenait tous les risques possibles pour qu'il puisse manger. Rose déposa un doux baiser sur sa tête et lui murmura une nouvelle fois combien elle l'aimait avant d'entrer dans le magasin alimentaire.
Elliot Tyler était un enfant très obéissant. Il avait appris très vite que c'était inutile d'essayer de se battre contre sa mère pour quelque chose. L'idée ne lui était jamais venue à l'esprit pourtant. Sa mère était si tendre, et aimante, et protective et il n'avait pas besoin de plus. Bien entendu, leur vie était difficile, et il essayait de son mieux de ne pas être un méchant garçon pour ce que ce soit plus facile pour eux. Donc, quand sa mère lui demandait de l'attendre et ne parler à personne, de ne suivre personne, il obéissait. Personne ne venait jamais lui demander ce qu'il faisait tout seul de toute façon. C'était comme si les gens savaient qu'il était le fils d'une femme à la rue et qu'ils faisaient de leur mieux pour l'éviter. Ils demandaient également à leurs enfants de rester loin de lui, comme s'il était contagieux. Cela faisait mal à l'intérieur, mais un câlin de sa mère et tout était oublié. Elle était la seule personne dont il se préoccupait, la seule personne qui se préoccupait de lui.
Il rapprocha le sac à dos de lui et enroula ses bras autour, regardant tous les gens autour de lui. Ils semblaient tous pressés d'en finir et de se rendre ailleurs. Aucun d'eux ne semblait vraiment heureux de courir ainsi partout. Ils avaient probablement tous une meilleure vie que la sienne mais aucun d'eux ne semblait heureux et Elliot se rendit compte que si c'était à ça que ressemblait une « vie normale », il n'en voulait pas. Il préférait vivre dans les rues avec sa gentille et aimante mère qui lui donnerait tout ce dont il avait besoin, sans se soucier de ce qu'elle devrait faire pour l'obtenir. Elliot continua de regarder les gens autour de lui, alors que personne ne lui accordait un seul regard. Il y était habitué. C'était facile d'obéir à sa mère ainsi. Il ne s'était pas attendu à ce que quelqu'un finisse par s'arrêter près de lui et lui parler.
— Que fais-tu ici tout seul ?
La voix était calme et définitivement masculine. Elliot leva les yeux vers l'homme qui se tenait près de lui. Il était très grand et ses yeux étaient du bleu le plus clair qu'il ait jamais vu dans sa courte vie. L'homme portait une chemise blanche, un jean noir et un long manteau. Tout à son sujet indiquait qu'il faisait partie des riches. Quelqu'un avec une grande maison et des tas de choses inutiles. Quelqu'un qui ne mourait jamais de faim ou de froid. Quelqu'un qui ne s'arrêtait généralement jamais pour parler à un garçon sans-abri. Elliot détourna le regard et ne répondit pas à la question. C'était l'une des règles. L'homme ne partit pas pourtant. Il s'assit sur le banc, gardant un petit écart entre eux.
— Où est ta maman ? Et ton papa ?
Encore une fois, Elliot resta silencieux. Les règles étaient les règles. Il ne pouvait pas les briser parce que quelqu'un avait finalement posé les yeux sur lui. Sa mère serait bientôt de retour. Il devait seulement attendre un peu plus longtemps et ignorer l'homme de son mieux.
— Oh, la règle 'ne parle pas aux étrangers'. Ta maman est probablement dans le coin. Je suis Maxence, mais tout le monde m'appelle Max. Je t'ai vu assis ici tout seul et ça m'a semblé étrange. Je n'aime pas les enfants seuls. Surtout le jour du réveillon de Noël. Tout le monde devrait être heureux aujourd'hui.
— Ils n'ont pas l'air heureux.
Les mots lui avaient échappés alors qu'il observait les gens courir partout. L'homme semblait gentil, bien qu'il soit un peu insistant, et Elliot avait un avantage certain. L'homme avait donné son nom, que ce soit son vrai nom ou non.
— Ils le seront. Eventuellement. Ce soir, ils partageront tous un dîner familial, et ouvriront leurs cadeaux.
Pas Elliot, car sa mère était sa seule famille et ils ne pouvaient pas faire toutes les choses que les gens faisaient habituellement lors du réveillon de Noël. Ils chercheraient un nouveau refuge pour ne pas rester dehors en cette froide et neigeuse nuit d'hiver pendant que tous ces gens se ressembleraient autour d'une table pour partager un repas chaud et des cadeaux.
— Ma maman achète à manger.
Acheter était un grand mot. Il ne savait pas exactement comment sa mère se procurait toute cette nourriture qu'elle lui donnait alors qu'elle ne mangeait quasiment rien, ou ne mangeait que des trucs qu'elle trouvait dans une poubelle la plupart du temps.
— Lâchez-moi ! Laissez-moi tranquille ! Bande de stupides enfoirés ! Lâchez-moi !
Elliot se retourna quand il entendit sa mère hurler. Deux hommes la tenaient fermement et tentait de la tirer en-dehors du magasin alimentaire pendant qu'elle se débattait pour leur échapper. Maxence suivit son regard et observa la femme blonde se débattre contre les deux gorilles.
— C'est ma maman !
Maxence haussa un sourcil. Elliot sauta tout de suite à terre et se précipita dans le magasin. Il essaya de repousser les hommes retenant sa mère et lui faisant du mal, mais ils le mirent facilement de côté.
— Lâchez-la !
Il essaya d'aider sa mère mais il fut une nouvelle fois repoussé, un peu plus brutalement cette fois. Elliot tomba au sol, rendant sa mère encore plus furieuse.
— Ne le touchez pas ! Je le jure devant Dieu !
— Hey ! intervint Maxence qui avait suivi Elliot dans le magasin. On ne vous a jamais dit d'être gentils avec les enfants ?
Maxence souleva le petit garçon et le remit sur ses pieds. Il vérifia qu'il allait bien, qu'il n'avait pas été blessé dans sa chute. Elliot allait parfaitement bien. Il voulait seulement protéger sa mère contre ces hommes qui étaient grossiers et qui la brutalisaient. C'était quelque chose qu'il ne pouvait pas accepter. Maxence regarda les deux hommes qui avaient cessé de bouger quand il était intervenu.
— Pourquoi brutalisez-vous cette pauvre femme ?
— Nous l'avons chopé en train de voler de la nourriture et de tenter de s'enfuir.
— Et c'est une façon de traiter les gens ? Lâchez-la.
— Monsieur…
— Lâchez-la.
— Oui, monsieur.
Les deux gorilles lâchèrent Rose qui se précipita tout de suite vers Elliot. Elle s'agenouilla et l'enveloppa dans ses bras, s'assurant qu'il allait bien, même si l'homme qui prenait sa défense avait déjà vérifié si son petit garçon n'était pas blessé. Elle le regarda alors qu'il sortait son portefeuille de sa poche et en extrayait quelques billets.
— Quoiqu'elle ait pris, rendez-le-lui. Ce devrait être assez pour le dédommagement.
Il glissa l'argent dans la poche de poitrine de l'un des hommes et rangea son portefeuille dans la poche de son long manteau. L'autre homme disparut et revint avec quelques trucs. Il les mit dans un sac et le donna à Rose. Maxence remarqua que ce n'était que de la nourriture, et il réalisa que la femme blonde ne voulait pas de nourriture pour elle – elle était si mince qu'elle n'avait probablement pas mangé un vrai repas depuis un moment – mais pour son fils, et, à en croire les vêtements de mauvaise qualité, et leur apparence dure, ils devaient vivre dans la rue depuis un moment. Il la trouvait belle pourtant, avec son apparence sauvage. Elle prit le sac de nourriture et quitta rapidement le magasin avec son fils, courant presque hors du centre commercial. Maxence la regarda partir jusqu'à ce qu'elle soit hors de sa vue. Puis, il quitta le magasin. Il devait la retrouver. Il ne pouvait pas la laisser passer Noël dans les rues avec son fils.
Rose courait presque vers la sortie du centre commercial en tenant le sac de nourriture, le sac à dos et la main de son fils tout à la fois. Elle voulait sortir d'ici le plus vite possible avant que quiconque ne puisse la rattraper et l'empêcher de donner à manger à son fils. Elle avait un poids sur la poitrine qui l'empêchait de respirer, qui lui faisait mal. Ce n'était pas la première fois qu'elle devait échapper à quelqu'un, mais c'était la première fois que quelqu'un l'aidait. Probablement la dernière aussi. Et aujourd'hui, Rose Tyler en avait assez de cette vie. Elle ne pouvait pas continuer ainsi. Elle voulait que tout s'arrête. Et soudain, elle craqua, au milieu de cette rue couverte de neige. Elle lâcha tout et se laissa tomber à genoux. Des larmes coulaient déjà sur ses joues lorsqu'elle courait. A présent, elle sanglotait, et la seule personne qui osait la regarder et tenter de la réconforter était son petit garçon.
— Personne ne devrait pleurer aujourd'hui.
Rose reconnut la voix comme appartenant à l'homme qui l'avait aidé dans le magasin. C'était déjà assez humiliant d'avoir été attrapée alors qu'elle se procurait de la nourriture pour Elliot et d'avoir tout le monde pour témoin de sa déchéance, inutile d'ajouter une autre humiliation sur la liste. Il s'agenouilla à côté d'elle et lui donna quelques mouchoirs en papier. Rose les prit et le remercia, tentant de se calmer, mais elle avait eu ce poids sur la poitrine depuis si longtemps qu'il n'était pas simple de se calmer maintenant qu'elle avait craqué. L'homme lui frotta gentiment le dos et attendit qu'elle se sente mieux. Elle leva les yeux vers lui et croisa son regard bleu glacé. Un regard qu'elle pouvait jurer avoir déjà vu quelque part.
— Vous êtes…
— Maxence Spitz.
— Spitz, comme…
— De la famille Spitz, oui.
— Que faites-vous quelqu'un comme moi, M. Spitz ?
— Je vous aide. C'est ce que je fais de mieux. Aider les gens.
Elle avait probablement l'air misérable à présent avec ses yeux bouffis, son visage rouge et trempé de larmes, ses vêtements rapiécés et sales. Elle était trempée et gelée à cause de la neige qui tombait encore, mais elle n'avait pas besoin de l'aide de cet homme. Elle était toujours parvenue à vivre sa vie sans aide. Ça n'allait pas changer aujourd'hui.
— Je…
— Je vous offre seulement le gîte et le couvert pour la nuit. Vous n'êtes pas forcée de rester si vous ne le voulez pas.
— …
— Ma famille donne une petite réception pour Noël, dans le manoir là-haut. Ça va être ennuyeux, mais il y aura de la nourriture, et je peux facilement trouver une chambre d'amis pour vous et votre adorable garçon.
Rose le regardait encore dans les yeux. Elle semblait fascinée par eux. Elle était sur le point de refuser de nouveau. Elle ravala le nœud qu'elle avait dans la gorge et finit par acquiescer. Juste pour ce soir. Tout irait bien, juste pour ce soir. Elle pouvait le faire, elle pouvait accepter son aide et offrir un véritable Noël à Elliot. Maxence lui sourit et l'aida à se relever. Il ramassa ses affaires alors qu'elle soulevait Elliot et il les conduisit à sa voiture. Ils montèrent tous à l'arrière, et le chauffeur les conduisit au manoir Spitz.
Maxence Spitz était supposé aider sa famille avec les décorations du manoir, et avec la préparation de la salle de réception. Au lieu de ça, il passa tout l'après-midi à courir dans le manoir avec Elliot Tyler, à jouer avec lui, et à lui montrer comment glisser le long d'une rampe d'escalier. Ils s'amusèrent beaucoup tous les deux et Rose était heureuse de voir son petit garçon rire et s'amuser après tous les temps difficiles qu'ils avaient traversés. Alors qu'ils s'égayaient, Rose profita d'une longue et chaude douche – à sa grande surprise, elle faisait confiance à Maxence pour Elliot – et quand elle sortit de la salle de bains, elle trouva des vêtements propres sur le lit avec une note disant qu'ils étaient pour elle. Elle les enfila, appréciant le contact de vêtements propres et neufs après des mois à porter toujours les mêmes. Elle parvint à récupérer son fils et à lui donner un bain – il n'en avait pas eu depuis des mois, son dernier bain avait été dans le lac de Hyde Park. Il eut aussi droit à des vêtements propres et neufs.
Elliot se précipita hors de la chambre pour aller chercher Maxence sitôt qu'elle eut finit de le laver et de l'habiller. Rose usa de ce temps pour se reposer. Elle se sentait inexplicablement en sécurité dans ce manoir et savoir que son petit garçon s'amusait pour la première fois depuis très longtemps l'aidait à rester détendue. Elle dormit quelques heures, jusqu'à ce que quelqu'un frappe à la porte. Elle l'ouvrit et quelqu'un lui tendit une robe et un petit costume dans une housse de protection. Elle fut surprise par le geste.
— C'est pourquoi ?
— Monsieur Spitz m'a demandé de vous amener la robe, et le costume pour votre fils.
— Mais…
— C'est pour la réception, madame.
— Je me demandais si vous accepteriez d'être ma cavalière pour la nuit.
Maxence apparut soudain derrière la femme. Elliot était joyeusement perché sur son dos. Rose sourit au bonheur de son fils et s'appuya contre le chambranle de la porte, les joues légèrement rouges face à la gêne provoquée par la demande de Maxence.
— Je suis sûre qu'il y a de nombreuses femmes là dehors qui attendent que vous leur demandiez d'être votre cavalière, monsieur Spitz.
— Peut-être, mais elles ne sont pas aussi fascinantes que vous.
Maxence prit la housse de protection des mains de la femme et la remercia avant qu'elle ne s'en aille. Il entra dans la chambre et posa les vêtements et le garçon sur le lit. Il regarda Rose dont les joues étaient plus rouges encore et lui sourit timidement.
— Je ne suis pas une personne si intéressante, vraiment, bredouilla-t-elle.
— Oh, je suis certain que vous avez des tas de choses à raconter. Pas comme moi. Ma vie est ennuyeuse. Votre histoire semble bien plus intéressante mais, encore une fois, je ne vous force pas à faire quelque chose que vous ne voulez pas faire.
Il était nerveux, même s'il le cachait très bien, et cela la fit sourire. Elle était aussi nerveuse que lui, si ce n'était plus que lui. L'homme était charmant, et beau. Peut-être pouvait-elle lui donner une chance. Juste pour ce soir.
— Comment pouvez-vous être certain que cette robe m'ira ?
— Oh, euh… (Il se gratta l'arrière de la tête. Quelqu'un a pris vos mesures pendant que vous dormiez). Elliot a été un très gentil garçon et n'a pas bougé pendant que je le mesurais.
— Oh, répondit Rose, gênée que quelqu'un ait mesuré son maigre corps pendant qu'elle dormait. Eh bien, cela serait injuste de ma part de décliner votre invitation après tout ce que vous avez fait pour moi aujourd'hui.
— Je suis ravi que vous acceptiez. (Il prit sa main et pressa légèrement ses lèvres sur ses jointures.) Je viendrai vous chercher vers sept heures.
Il tapa dans le poing d'Elliot et tous deux rirent avant que Maxence ne quitte la chambre. Cela fit sourire Rose et elle embrassa la tête de son petit garçon.
— On dirait que tu t'es fait un ami.
— Max est trop cool !
— Alors, c'est Max maintenant ?
— Il m'a demandé de ne pas l'appeler Monsieur Spitz. Il préfère Max.
— Si c'est lui qui te l'a demandé alors je n'ai rien à dire.
Il lui adressa un nouveau sourire et Elliot lui raconta combien son nouvel ami était cool et ce qu'ils avaient fait tout l'après-midi. Le garçon avait des étoiles dans les yeux. Rose ne l'avait jamais vu aussi heureux auparavant et elle était ravie d'avoir accepté l'aide de Maxence, même si elle n'abuserait pas de son hospitalité trop longtemps. Alors, ils partiraient probablement aussitôt que Noël serait terminé. Rose ouvrit la fermeture éclair de la housse de protection et en sortit le petit costume. Elliot allait être très beau dedans. Elle jeta un œil à la robe et fut impressionnée. Elle était très belle. D'un bleu profond, elle lui couvrait ses épaules et une partie de ses bras, et elle lui arrivait aux genoux. C'était près du corps – mais pas trop pour ne pas accentuer sa maigreur – au niveau de ses hanches et plus ample autour de son bassin et de ses jambes. Elle n'avait jamais porté quelque chose de si beau dans toute sa vie. Des talons hauts de la même couleur que la robe – pas trop hauts pour ne pas qu'elle tombe – lui furent donnés, ainsi que des chaussures de ville pour Elliot. Ils se préparèrent rapidement lorsque l'heure approcha. Elle observa son fils. Il était absolument magnifique dans ce petit costume avec la petite cravate.
— Tu es très beau, lui dit-elle en lui tapotant le nez.
Il sourit et lui répondit qu'elle était aussi belle que lui. Elle se sentait légèrement mal à l'aise dans ces vêtements qu'elle n'avait pas l'habitude de porter. Elle avait pris un peu de temps pour se maquiller et trouver une coiffure. C'était simple et léger. Elle avait laissé ses cheveux détachés tomber sur ses épaules et seule une barrette retenait deux mèches de cheveux à l'arrière de sa tête. Elle ne portait aucun bijou. Elle n'en avait aucun en sa possession. On frappa à la porte. Elle se dirigea vers elle et l'ouvrit. Maxence se tenait là, absolument magnifique dans son costume trois pièces. Il ne portait pas de cravate, mais avait une petite fleur blanche sur la poche de poitrine de sa veste.
— Vous êtes tout à fait magnifique, murmura-t-il, vraiment impressionné.
— Merci, murmura-t-elle en retour, rougissant. Vous n'êtes pas mal non plus.
— J'ai un petit quelque chose pour vous.
— N'en avez-vous pas déjà assez fait ?
Il glissa la main dans sa poche et en sortit une petite boîte. Il l'ouvrit et lui montra. C'était une fine chaîne en or avec un petit saphir brillant comme pendentif. Elle écarquilla les yeux.
— Je ne peux pas accepter ce cadeau.
— Cela me ferait très plaisir si vous l'acceptiez.
— C'est beaucoup trop, Monsieur Spitz. Vous n'avez pas…
Il prit la chaîne entre ses doigts longs et fins et l'attacha gentiment autour de son cou avant qu'elle ne puisse dire autre chose. Il était têtu, il ne la laisserait pas refuser son cadeau.
— Maintenant, si vous voulez bien me suivre.
Il lui offrit son bras et elle y crocheta le sien. Sa main libre tenait celle d'Elliot alors qu'ils marchaient vers la salle de réception. Elle sourit timidement quand ils entrèrent dans la pièce pleine de monde alors qu'ils tentaient tous de parler à Maxence, mais il n'avait d'yeux que pour elle.
La réception était ennuyeuse comme il le lui avait dit mais il l'avait fait danser quelques fois et elle avait l'impression d'être en plein rêve. Rien ne pourrait se comparer à cette nuit qu'elle passait avec l'attentionné et gentil Maxence Spitz. Elle se trouva fort embarrassée pourtant quand leurs pas les menèrent sous une branche de gui. Ils se regardèrent tous les deux, rougissant, sachant que maintenant ils devaient s'embrasser comme le voulait la tradition. Maxence se pencha lentement et ferma les yeux en pressant ses lèvres contre celles de Rose. Le baiser fut court, mais assez long pour lui couper le souffle. Rose n'avait jamais été embrassée si tendrement par un homme, et cela la fit presque pleurer de savoir que ce serait la seule fois où cela arriverait, mais Maxence lui sourit et l'entraîna vers le buffet avant de la ramener sur la piste de danse. Bien qu'il y ait de nombreuses femmes lui réclamant une danse, il ne la délaissa jamais. Pour son plus grand plaisir, et soulagement. Elle ne connaissait personne d'autre que lui ici.
Passé minuit, passé les échanges de vœux de bonheur et de santé pour Noël, Maxence s'échappa de la réception en emmenant Rose et Elliot avec lui et déclara que c'était le moment de vraiment s'amuser. Il leur fit visiter le manoir, et apprit à Rose comment glisser le long d'une rampe d'escalier sans abîmer ses vêtements. Elle riait beaucoup en sa présence. Elle ne se souvenait avoir autant ri de toute sa vie. Quand Elliot commença à montrer des signes de fatigue, elle décida que la nuit était finie pour eux et qu'ils devaient aller se coucher. Maxence les raccompagna à leur chambre où un ours en peluche avec un énorme nœud attendait sur le lit. Elliot se précipita dessus et le prit dans ses bras.
— Joyeux Noël, Elliot.
Elliot se retourna pour regarder Maxence. Rose fit de même. Il s'expliqua en disant que tous les petits garçons devraient avoir un ours en peluche, et qu'il en avait fait la demande express au Père Noël en espérant l'avoir à temps. Elliot sauta dans les bras de Maxence et retourna câliner l'ours en peluche. Rose leva les yeux vers Maxence. Il était inutile de lui dire qu'il n'aurait pas dû faire ça. Il était têtu, et n'accepterait aucun refus.
— Merci.
— Tout le plaisir est pour moi.
— Ça ressemble à un rêve.
— Espérons que ça n'en était pas un. Je serais déçu. (Il lui sourit tendrement, ses yeux bleus la fixant.) Bonne nuit, mademoiselle Tyler.
Il lui embrassa tendrement le front et quitta la chambre en fermant la porte derrière lui. Rose se changea et enfila le pyjama qu'elle trouva sur le lit, et changea Elliot aussi. Son fils refusa de lâcher l'ours en peluche et insista pour dormir avec. Elle ne vit aucune raison de refuser et, cette nuit, pour la toute première fois, mère et fils s'endormirent très heureux, et pleins d'espoir que tous les lendemains seraient meilleurs.
