L'Amour avec un grand A n'est-il pas le signe que l'on a découvert l'âme sœur ? Que lorsque les deux êtres se rencontrent un lien inébranlable, incassable, immuable se crée ? Le cœur tambourine dans la poitrine, les regards sont fuyants mais irrémédiablement attirées vers ceux de son âme sœur. « Les yeux sont le miroir de l'âme ».
Flamboyant, d'une pâleur inexplicable, l'homme, le regard livide, observait le foyer, illuminant la pièce d'un rouge orangé éclatant. Le bois crépitait tandis que son cœur souffrait : l'amour n'est que souffrance, désarroi, illusion, mensonge. Son cœur, cette chose qui battait au creux de sa poitrine, s'était éteint laissant place à un vide. Cette place inoccupée avait laissé place à un être monstrueux, sanguinaire, dépourvu de toute humanité. Pourtant, cette humanité avait refait surface grâce à une femme. Sa peau olive, ses yeux marron remplis à la fois de malice et de tendresse, de longs cheveux châtains soyeux : une déesse taillée dans un diamant pur. Symbole d'amour et d'éternité. Au début, il voulait seulement l'utiliser à des moyens démoniaques : devenir un objet, un abreuvoir de sang, pouvant être jeté à tout moment. Mais dès son intrusion chez elle, lors d'un dîner, tous ces projets machiavéliques avaient été bouleversés.
Flashback :
_« Cette année, les choses sont différentes. Ce qui comptait ne compte plus. »
_ « Alors oublie. Arrête, vas de l'avant. Problème résolu. Tadadam. »
_ « Certaines choses peuvent encore changer. »
_ « Peut être. Mais ça me semble irréel. »
_ « Désolée. Pour Katherine. Tu l'as également perdue. »
Ce mot, ce seul mot avait modifié son comportement. Pourquoi avait-elle dit ça ? Elle n'avait rien à se reprocher, elle n'a jamais rien eu à se reprocher. Un doux visage où apparait un sourire radieux et sincère lui suffisait. Il était devenu l'esclave de cette femme, chaque mot qu'elle soufflait pouvait plier sa volonté. Elle ne l'avait jamais craint malgré ses canines acérées, sa force titanesque mais aussi devant son charisme naturel, son sarcasme qui rongeait son petit frère. Elle ne l'avait jamais hait malgré la mort fictive de son frère et de celle de celle de sa meilleure amie.
Flashback :
_ « Soyons clairs. Si ça se joue entre Bonnie et toi, je la laisserai mourir avec joie. Je te choisirai toujours. »
De nombreuses questions se bousculaient : pouvait-il lui avouer son amour ? Cette fois-ci, sans supercherie, sans manipulation surnaturelle. Elle pourrait ainsi choisir : son Frère ou Lui. Choix cornélien. Devait-il s'éloigner de Mystic Falls, disparaître à jamais de sa vie ? Redevenir le monstre sanguinaire d'atan ? Manipuler, détruire, arracher, dévorer, aspirer la vie en effaçant toute conscience de son âme ? Ne disait-il pas : Attraper, manger et effacer, entraînant mort et désespoir dans le sillage de sa « non-vie » ?
Allongée sur la toiture de sa maison, ses jambes longilignes croisées, les bras croisés derrière sa tête, la jeune femme semblait bouleversée par le spectacle qui s'offrait à elle. Le ciel arborait ses plus beaux habits : des milliers d'étoiles scintillaient et la lune était à son paroxysme. Pureté. Le vent apportait une brise légère soufflant ses cheveux soyeux, murmurant de douces paroles. Mais au fond de son âme, une guerre commençait à éclater. Elle s'étira et rejoigna sa salle de bains. Elle s'observa longuement dans le miroir. Miroir qui lui offrait cette éclatante vérité. Son regard avait perdu de cette malice d'atan, ses épaules saillaient, sa peau olive soyeuse avait fait place à une peau blanchâtre, cadavérique. Cette témérité qui l'avait soutenu s'était évaporé. Elle se sentait pathétique. Née pour mourir. Vie d'une doppleganger. S'apitoyer sur son sort : depuis combien de temps ne croyait-elle plus à la vie ? Subitement, une frénésie s'empara d'elle. Un cri déchira la maison. Terrifiant, Incontrôlable. Le miroir gisait au sol en milliers d'éclats translucides, du sang perlait sur les mains de la jeune femme, ses jointures blanchissaient rapidement. Puis, un silence accabla la maison. Elle tomba au sol, sous le poids de l'affliction devenue insupportable, les genoux appuyés contre le sol et les mains ensanglantées enfouies dans son visage. Les sanglots de la jeune femme persistaient, des gouttes d'eau salées percutaient le sol. Ses pleurs incessants commençaient à lui brûler les yeux et l'empêchaient de respirer correctement. Des murmures inaudibles et plaintifs s'échappaient de sa bouche. « Pourquoi ? Pourquoi le plus vieux vampire de tous les temps en a après moi ? Pourquoi suis-je de la lignée des Petrova ? » Elle se releva, les cheveux ébouriffés et entremêlés de minuscules morceaux de verre, le sillage des larmes toujours visibles, les traces de sang sur toutes les parties du visage décrivant des traces factices de griffures. Une nouvelle idée avait germé dans son esprit ranimant sa volonté. Elle apercevait maintenant une lueur d'espoir au fond de ce tunnel ténébreux. « Avant ou après qu'il ne tue tous ceux que j'aime, y compris vous deux ? » Un sentiment de satisfaction, un frisson d'exaltation, l'envahit de tout son être. Elle avait enfin trouvé la Solution.
