28/04/2019 ~ Here we go
Cette histoire est en préparation depuis Noël dernier. Vous n'imaginez pas à quel point nous étions impatientes de poster. Nous ? Oui, nous. Car tout ce que vous allez lire est le fruit d'une collaboration entre les cerveaux malades d'AngellaN et de votre humble serviteur.
Disclaimer : l'univers d'Harry Potter et tous ses personnages appartiennent à J. K. Rowling. Merci à elle de nous laisser rêver à partir de son œuvre.
Merci du fond du cœur à Emilie pour sa bêta lecture de qualité !
Trêve de blablabla, nous vous laissons avec ce prologue en espérant qu'il vous plaira. Et en attendant le prochain chapitre, vous pouvez nous retrouver sur le compte instagram dédié à cette fic : lessouvenirsdufutur. Nous y postons régulièrement des fanarts autour de l'histoire !
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Les souvenirs du futur
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Prologue
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«Gregorovitch, le célèbre fabricant de baguettes, retrouvé assassiné.»
C'était le titre de la première page du journal, maintenant daté de quelques jours, qui reposait sur le sol de la cellule.
Gellert Grindelwald regarda le plafond à travers ses longs doigts pâles et osseux. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait plus vu la lumière du jour, ni mangé à sa faim. Il venait d'apprendre la mort de celui à qui il avait volé la baguette de sureau, la plus puissante de toutes. Il en était devenu maître des années auparavant et l'avait perdu bien trop tôt à son goût. Il avait ressassé ses souvenirs tellement souvent qu'il avait parfois l'impression d'en inventer.
Depuis sa plus tendre enfance, Gellert possédait un pouvoir de prémonition qu'il n'avait jamais vraiment compris. Parfois, ses rêves lui semblaient tellement réels qu'il avait l'impression d'être dans une pensine. Ils se déroulaient toujours de la même manière : une scène de vie anecdotique, puis les actions s'enchaînaient et finissaient irrémédiablement de manière tragique, le réveillant en sursaut. Glacé d'effroi, trempé de sueur, et le cœur battant à tout rompre, seule la magie qui crépitait jusqu'au bout de ses doigts lui indiquait qu'il ne venait pas de faire un simple cauchemar.
Il avait mis un moment à comprendre comment utiliser au mieux ses visions mais elles étaient finalement devenues les pièces maîtresses de son ascension vers le pouvoir. Ainsi, la vision de sa mort en Europe de l'est au début du siècle, couplée à un article sur d'étranges phénomènes en Amérique, lui avait permis de disparaître des scrutoscopes et de trouver un obscurial. Certes, tout ne se passait pas toujours comme prévu, mais il ne connaissait aucune déconvenue qui ne soit insurmontable.
Jusqu'à ce duel de 1945. Année maudite où il n'avait pas su prévoir l'issue de son combat contre Albus Dumbledore. Dumbledore était, selon l'opinion publique, le sorcier le plus puissant que le monde magique eût jamais connu. Grindelwald avait toujours estimé que son adversaire était le plus puissant mais que sa propre ruse et son audace lui permettraient de le vaincre en duel. Pour assurer ses arrières, il avait tout de même soufflé à un Albus encore adolescent, l'idée d'un pacte magique entre eux. La perte du pendentif témoin de leur promesse avait laissé Gellert dans une rage folle.
Il était évident qu'Albus Dumbledore finirait par venir à sa rencontre.
Leur combat s'était révélé acharné, les deux jouant leur vie, se jetant à corps perdu dans la bataille. Mais alors qu'il était tout près de gagner, Gellert n'avait pas pu lancer l'impardonnable. En effet, le mage noir le plus craint de cette époque ne voulait pas la mort de son ancien ami. Malgré toutes ses attaques contre lui, et depuis toujours, il le voulait à ses côtés, régnant sur le monde. Il était le seul digne d'être à cette place, à ses yeux.
Et alors qu'il hésitait, il s'était fait désarmer par un simple expelliarmus. Puis, avant qu'il n'ait pu cligner des yeux, des cordes s'étaient enroulées autour de lui. Il entendait encore Albus lui dire ses droits, la gorge clairement nouée. Ses yeux bleus habituellement pétillants de joie et de malice étaient humides. Gellert avait essayé de le convaincre une dernière fois :
- Albus, mon tendre ami, je t'en prie. Viens avec moi. Sans toi, je ne suis rien.
- J'ai été aveugle, Gellert. Je n'ai pas su voir qui tu étais. Parce que je t'aimais trop, je t'admirais trop pour ça. Et ça n'arrivera plus.
Le magicien avait détourné son regard d'azur, les joues légèrement teintées de rose. Puis, quand il l'avait de nouveau planté dans les yeux suppliants de Gellert, ce dernier avait pu y lire toute sa détermination. C'était la dernière fois que le mage noir avait pu le voir en chair et en os. Depuis il avait eu plus de cinquante ans pour songer à ses dernières paroles. Il n'avait pas été capable de prévoir sa défaite et n'avait plus jamais eu de vision depuis ce moment.
Quand il avait appris la mort de son ancien ami, un an plus tôt, quelque chose s'était brisé en lui. S'il avait été réellement romantique, il aurait pu dire que c'était son cœur. Mais il était pragmatique, il ne comprenait pas cette tristesse qui l'envahissait, ni ces sentiments étranges pour cet homme qui l'avait enfermé et n'était plus jamais venu le voir. Pourquoi n'était-il jamais venu lui rendre visite ?
Il se souvenait parfaitement de chacun des moments qu'ils avaient partagés, des plus anecdotiques aux plus intimes. Celui qu'il chérissait entre tous restait ce jour où ils avaient entremêlé leur sang, leurs doigts et leur magie. Grindelwald avait, bien avant cela, compris que l'affection que lui portait l'aîné des Dumbledore était plus qu'amicale. Il en avait joué puis s'était enflammé. Il avait cru que leur lien pousserait Albus à tout lui pardonner, et à tout faire pour vivre avec lui, laissant famille et amis derrière lui. Mais il s'était trompé.
Il ne comprenait rien à l'amour. Cela lui faisait un point commun avec celui qui se faisait appeler le seigneur des ténèbres.
Il l'attendait, il finirait par venir. Comme tout sorcier en quête de puissance, il était à la recherche de la baguette invincible. Et s'il était remonté jusqu'au vieux vendeur de baguette, ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne retrouve le vieil homme que la prison avait fait de lui. Pas besoin de prémonitions pour le deviner...
Aussi, quand il sentit une magie qu'il avait presque oublié courir de nouveau dans ses veines, comme une source électrique, il su immédiatement. Voldemort l'avait trouvé, et allait le tuer ce soir.
Et tandis qu'il se jouait de son homologue contemporain, il comprenait, après plus de cinquante ans de silence, la véritable nature de ses visions. Elles étaient des souvenirs du futur qu'un autre lui même lui envoyait en héritage dans l'espoir d'éviter sa mort.
Il éclata de rire en comprenant que depuis toujours il était le maître de la mort sans avoir besoin de posséder les reliques. Et s'il n'avait pas pu prévoir son échec face à Dumbledore, c'était que ce dernier n'avait jamais eu l'intention de le tuer. Et même s'il n'était pas bien traité, il n'avait jamais risqué de mourir en prison. Depuis tout ce temps et malgré son absence, celui qui l'avait fait chuter de son piédestal le protégeait. Et l'empêchait, sans le savoir, d'avoir une deuxième chance.
Mais maintenant, elle lui était offerte, il n'avait qu'à s'envoyer un souvenir de son duel. Ainsi il lui suffirait de se cacher quelques temps et jamais il ne finirait enfermé dans sa propre prison. Mais tel qu'il le connaissait, il savait que Dumbledore ferait tout pour le retrouver. Depuis toutes ces années, il avait eu le temps de réfléchir, de reconstruire le monde avec des si, et il savait que ça ne suffirait pas. Gellert riait au nez de Voldemort. Il sentait sa magie s'emballer joyeusement. Il voulait une deuxième chance.
Et s'il était possible de tout recommencer ?
Il commença par le souvenir du pacte. Il était important, comme première scène. Sa magie papillonnait dans son ventre. Puis vint son impardonnable sur Abelforth, le frère d'Albus, leur combat, et la mort de leur sœur Ariana. Ces souvenirs lui étaient pénibles, mais ils ne devaient pas avoir lieu. C'était, selon lui, ce qui avait détruit tout ce qui avait et aurait pu exister entre les deux sorciers surdoués. Il ajouta sa fuite du magasin de baguettes, le bâton de la mort entre les doigts, puis sa défaite de 1945. Et enfin, incontrôlables, les dernières images de sa vie, sa mort dans un éclair de lumière verte.
Lorsque le sort le toucha en pleine poitrine, ses souvenirs remontèrent le temps à une vitesse indescriptible jusqu'en 1899.
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Gellert se réveilla en sursaut. Des éclairs blancs illuminaient sa chambre en courant tout autour de son corps. Jamais une de ses visions n'avait été aussi nette. Il était partagé entre l'effroi et l'excitation. L'effroi de se reconnaître mourant, vieillard édenté, squelettique et emprisonné. L'excitation de se voir posséder la plus puissante des reliques qu'il cherchait.
Gellert se prit la tête entre les mains, ramenant ses cheveux blonds trempés en arrière. Il mit un moment à se souvenir qu'il était dans sa chambre de l'institut Durmstrang. Des nuages de buée se formaient devant sa bouche alors qu'il haletait. Il attendit quelques minutes le temps de reprendre son souffle puis se leva. Il grimaça lorsque ses pieds nus touchèrent le sol glacial. A Durmstrang, on allumait des feux uniquement pour la pratique de la magie.
Il frotta ses mains l'une contre l'autre pour les réchauffer et se dirigea vers la fenêtre couverte de givre. Le froid l'avait opacifiée au point que Gellert voyait son reflet dedans. Ses yeux vairons le dévisageaient. C'était une partie de son corps qu'il aimait beaucoup, particulièrement le droit qui était d'un bleu presque blanc, car ils lui donnaient un air à la fois mystérieux et effrayant. D'un geste de la main il frotta la vitre et observa au dehors. Tout était calme. Le grand navire noir à l'allure spectrale trônait sur le lac, ses voiles se balançant doucement au rythme du vent. D'ici quelques heures les sportifs seraient sur son pont, à plonger dans l'eau froide du lac. Un peu plus loin, entre deux montagnes, la gorge dans laquelle les élèves les plus téméraires allaient voler, affrontant des rafales tellement violentes que même les pins et les sapins avaient renoncé à y pousser.
Un violent tremblement arracha Gellert à sa contemplation. Il passa une épaisse fourrure par dessus sa chemise de nuit mais ne prit pas la peine de revêtir l'uniforme de l'institut. Il se glissa dans des chaussons fourrés puis hors de sa chambre.
Il avait grand besoin de s'aérer l'esprit et de se dégourdir les jambes.
Ses pas le menèrent jusqu'au quatrième et dernier étage du château, juste devant l'escalier qui menait à la minuscule tourelle dans laquelle se trouvait l'oisellerie. De nombreux oiseaux y nichaient, principalement des corbeaux dont un albinos, mais également quelques chouettes harfang et d'autres espèces plus exotiques appartenant à certains élèves. L'adolescent monta les marches de pierre. Un courant d'air glacé s'engouffra dans sa chemise et le fit claquer des dents.
Son rêve tournait et retournait dans sa tête comme un vieux disque rayé. Gellert mordit ses lèvres bleuies par le froid. La seule idée qui lui venait était de demander son avis à sa grand-mère Alexa von Rosen, une sorcière rouge célèbre dans le monde pour ses rituels puissants et ses invocations, mais avant tout une femme de bon conseil. Elle était intelligente, réfléchie, et n'avait pas la langue dans sa poche.
Alexa était la mère de sa mère, et Gellert n'avait pas l'occasion de la voir souvent. En vérité avant ses sept ans, il ne la connaissait même pas, Petra sa mère étant partie s'installer en Suisse avec Winkelried, son père, lors de leur mariage. Il avait rencontré Alexa juste avant sa rentrée à Durmstrang, et depuis il passait toutes ses vacances de Noël dans son manoir situé dans la campagne sibérienne.
Malgré leur éloignement physique, une complicité s'était nouée entre la sorcière et son petit-fils.
Gellert prit du parchemin et une plume dans les tiroirs destinés aux élèves. Il commença à écrire, d'une manière un peu brouillonne.
Alexa,
J'ai encore fait le même rêve, bien que celui-ci eut été un peu différent des autres. J'ai l'impression d'avoir vu défiler ma vie, une longue vie triste, comme si j'avais fait une erreur, comme si j'étais dans le faux. Je sais que c'était un avertissement, mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi.
Cette fois j'ai vu mourir une jeune fille que je ne connaissais pas et cette vision m'a plus secouée que ce que je ne voudrais bien admettre. Je n'arrête pas d'y penser. Je ne sais plus ce qu'il convient de faire.
J'étouffe ici et je sens que je suis destiné à quelque chose de plus grand.
Il ne pouvait décemment pas parler de ça à sa grand-mère. Consterné, Gellert se piqua le bout du doigt avec la plume, et lorsqu'une goutte perla et tomba sur le parchemin alors qu'il se concentrait, ce dernier prit feu dans un aboiement sourd, éveillant un corbeau qui le regarda d'un air courroucé. Gellert lui rendit son regard avec la même intensité et se débarrassa des cendres restées sur ses mains.
- Sale Gosse ! croassa le corbeau avant de se rendormir.
Gellert rigola et s'échappa de l'oisellerie, un sourire encore flottant sur ses lèvres. Les corbeaux étaient infiniment plus drôles que les chouettes. Il était satisfait de ce sortilège qui lui permettait d'enflammer un objet sans l'aide de sa baguette magique. Les flammes bleutées qui en résultaient nécessitaient en effet de moins en moins de sacrifice, à mesure qu'il les maîtrisait. Il espérait un jour ne plus en avoir besoin du tout. Il retournait à sa chambre lorsqu'une voix grave le fit sursauter :
- Grindelwald ! Que faites-vous dans les couloirs à cette heure-ci ?
Son professeur de duel le regardait l'air sévère. Résigné, Grindelwald décida de lui avouer la vérité.
- Je me suis réveillé en sursaut et j'avais besoin de me dégourdir les jambes Professeur.
- Un cauchemar, évidemment… Voulez-vous en parler ?
- Bon j'admets que j'ai menti, menti Gellert avec un petit sourire coupable, Je me rendais à la réserve pour voir si je pouvais trouver un livre intéressant afin de tromper mon insomnie.
- Grindelwald, si vous voulez emprunter un livre demandez-le à des horaires convenables, ne le faites pas en pleine nuit. Vous avez pleinement les capacités pour devenir quelqu'un d'exceptionnel, si seulement vous - le professeur renifla d'un ton méprisant - vous donniez la peine de vous intéresser au monde qui vous entoure…
Pour toute réponse, Gellert haussa les épaules.
Il méprisait la moitié des élèves de cette école, et ignorait l'autre moitié cordialement. Il passait son temps à corriger ses professeurs sur des inexactitudes, lorsqu'il prenait la peine de se rendre en classe. L'école était pour lui une véritable prison qui le freinait. En fait une seule chose l'intéressait ici : les nombreux livres de la bibliothèque. Il était sans cesse à la recherche d'informations historiques sur la famille Peverell et les reliques de la mort.
Mais depuis les vacances de Noël, un petit livre manuscrit à la couverture rouge les avait reléguées au second plan. Il l'avait subtilisé à sa grand-mère Alexa alors qu'il passait les vacances chez elle. Le carnet rouge contenait divers rituels, probablement transmis de génération en génération et soigneusement annotés par sa grand-mère ou un autre de ses aïeuls. Il en connaissait déjà la plupart que sa mère lui avait transmis oralement depuis son enfance, mais certains étaient totalement inédits, intéressants, voire même un peu effrayants.
Le lendemain, durant le cours d'Étude théorique des magies anciennes, à la grande surprise de toute la classe, Gellert leva la main.
- Professeur Veternus, pourquoi étudier la théorie sans jamais passer à la pratique ? demanda-t-il lorsque son professeur l'autorisa à parler d'un signe de tête.
Le professeur de magie ancienne était un vieil homme qui semblait avoir dépassé l'âge de la retraite depuis bien longtemps. Il regardait Gellert par dessus ses petites bésicles rondes posées sur son nez crochu. Les cheveux blancs qui auréolaient son visage le faisaient ressembler à un pissenlit géant.
Veternus grimaça et Gellert crut qu'il venait de perdre une dent, mais il reprit.
- La magie ancienne, est comme son nom l'indique, ancienne. Elle n'a plus à être utilisée.
- Dans ce cas pourquoi l'étudier ?
- Comme vous pouvez étudier des langues anciennes, apprendre le latin vous permettra de mieux comprendre les extravagances orthographiques d'une langue complexe comme le français et par là-même d'être plus doué dans ce domaine, il en va de même avec la magie.
Ce n'était pas tout à fait la réponse qu'attendait Gellert. Si sa mère, puis sa grand-mère lui avaient appris les fondations de la magie rouge, il ne comprenait pas pourquoi cette magie devait être interdite à la pratique. Il regarda le professeur Veternus avec un air de défi.
- Et si malgré tout quelqu'un l'utilisait ?
- Vous ne parlez pas de vous, j'espère, Grindelwald ? Et bien, l'utilisation en soi n'est pas un délit, comme nous l'avons appris au cour du deuxième trimestre, plusieurs cérémonies sorcières sont issues de la magie rouge : le mariage, le baptême, l'adoption…
Veternus s'approcha de Gellert qui se balançait légèrement sur sa chaise, les bajoues frémissantes.
- En revanche, l'intention en fait un délit. Et comme je suppose que vous ne souhaitez pas officier un mariage sorcier, cela explique que vous n'ayez pas à pratiquer.
Gellert se remit droit sur sa chaise brusquement. Il se leva, ses deux mains sur son pupitre.
- Mais professeur, et les boucliers dont nous avons parlé au premier trimestre, comment pouvons-nous les maîtriser si jamais nous n'apprenons à le faire ?
- Grindelwald, rasseyez-vous, je vous prie, soupira le professeur. Un protego maxima et un salveo maleficia issus tous deux de la magie blanche seront bien plus efficaces que n'importe lequel des rituels de protection que nous avons étudiés cette année. Et surtout, contrairement à un rituel, ils ne nécessitent pas de sacrifice.
Toute la classe était pendue à leurs lèvres, attendant avec impatience le dénouement de cette joute verbale. Gellert se rassit néanmoins. Un autre élève du nom de Rocky von Rott, que Gellert connaissait de nom pour être un descendant de la célèbre sorcière Maximilia von Rott, prit la parole sans lever la main.
- Professeur, mes parents disent que la magie rouge est plus puissante que la magie blanche mais aussi plus dangereuse et que c'est pour ça que l'école refuse de nous faire pratiquer.
- La puissance dépend du sorcier, von Rott, pas de la magie qu'il utilise. Mais en effet la directrice de l'école, Gratia Zauberer refuse que les élèves utilisent leur propre sang pour faire de la magie.
Veternus éluda toutes les autres questions sur le sujet et reprit son cours sur les sceaux d'Agrippa, traçant celui de Jupiter au tableau. Gellert croisa le regard de von Rott. Il était visiblement aussi peu satisfait que lui par la réponse du professeur.
Ce ne fut que quelques jours plus tard que von Rott vint le trouver, lors de leur heure matinale de bien commun. En effet, tous les élèves de Durmstrang devaient, quatre heures par semaine, participer à la vie de l'institut, en nettoyant, préparant les repas, et s'occupant des diverses tâches d'entretien de l'école. L'usage de la magie pour ce faire n'était que très peu toléré car la directrice Zauberer considérait que les élèves devaient apprendre à se débrouiller sans magie, chose que Gellert trouvait totalement stupide.
Le jour n'était pas encore levé lorsque von Rott l'attrapa par le bras.
- Les autres disent que tu pratiques la magie rouge dans ta famille. C'est vrai ?
Gellert le jaugea du regard avant d'acquiescer.
- Mes parents m'ont appris quelques rituels basiques, reprit von Rott, mais tu crois que tu pourrais m'apprendre des choses un peu plus élaborées ?
- C'est contraire au règlement, von Rott, et puis je ne sais pas si j'ai le niveau pour…
- Oh arrête ta fausse modestie, Grindelwald, tu sais très bien que tu es le meilleur élève que cette école ait jamais connu. Tu reprends même les professeurs sur leur spécialité !
En effet, Gellert se savait être bien plus doué que la plupart des sorciers de l'institut mais c'était toujours agréable d'entendre quelqu'un le lui dire, fût-t-il moins bon que lui. Il hésita un instant, ce n'était pas vraiment l'idée qu'il avait en tête quand il demandait à étudier la pratique de la magie rouge à l'école, il pensait plutôt à être élève pour en apprendre encore plus. Mais il avait le carnet rouge d'Alexa de son côté, et il était certain qu'apprendre à quelqu'un d'autre était le meilleur moyen de consolider ses propres acquis.
- Bien. Mais tu t'occupes de l'organisation, trouver un lieu, des élèves - je ne fais pas dans le cours particulier - et un horaire.
Von Rott s'était brillamment acquitté de sa mission, et Gellert donna des cours pratiques de magie rouge à quelques élèves de la neuvième à la onzième classe, pendant quelques mois sans aucun problème. Les élèves apprenaient divers rituels, les plus simples pour commencer. Au bout de deux mois la moitié d'entre eux maîtrisait le rituel des flammes bleues, et Gellert s'enorgueillait de pouvoir apprendre à des élèves plus âgés que lui.
L'école n'était plus aussi ennuyeuse et il commençait même à s'y amuser. Jusqu'à ce qu'il reçoive cette lettre officielle de l'école qui lui demandait de cesser ses cours non officiels sous peine de renvoi.
Gellert eut le sentiment qu'on venait de lui couper les ailes. Il froissa la lettre et de colère la fit brûler dans une gerbe de flammes bleues. Il se rendit compte dans un état second qu'il n'avait même pas eut besoin de faire de sacrifice. Il avait l'impression de brûler de l'intérieur, de bouillonner de rage. Comment la direction avait-elle été mise au courant ? Tous les élèves de sa classe désiraient plus que tout apprendre et devenir plus forts, ils n'avaient aucun intérêt à le dénoncer.
Mais il avait de plus en plus d'adeptes. Peut-être que l'un d'entre eux n'était pas aussi intéressé par ses cours qu'il le disait ? Comment savoir ? Il réfléchit un moment puis convoqua ses élèves à minuit dans l'entrée du château. Ils étaient tous là, même les plus jeunes. Il leur fit signe de s'asseoir et s'installa face à eux, debout, les bras ouverts.
- Durmstrang se targue d'être la plus ouverte des écoles de magie, mais freine des quatre fers lorsqu'il s'agit d'explorer de nouvelles voies !
Les élèves le regardaient, buvant ses paroles. Une belle bande d'hypocrite. Gellert les détestait tous, n'ayant aucun moyen de déterminer le véritable coupable.
- Je pensais que nous avions les même envies... mais ce n'est pas le cas de l'un d'entre vous, ou de plusieurs, peut-être. N'est ce pas ?
Il lisait la peur et l'incompréhension sur les visages de ses camarades désormais. Il savoura un instant cet effet. Il aimait inspirer la peur et le respect.
- Est-ce que la magie noire vous fait peur ? Est-ce que la magie rouge vous effraie ? Est-ce qu'elles vous rappellent votre propre vulnérabilité face à la mort et aux pulsions de votre coeur ?
Il ponctuait ses phrases de grand mouvement de bras, s'adressant à la foule entière. Il dévisageait chacun des élèves attentivement, essayant de déterminer l'identité du coupable. Chacun d'entre eux était silencieux. Ils sentaient que quelque chose n'allait pas, ce cours ne ressemblait à aucun des autres qu'ils avaient déjà eus.
- Et pourquoi ? Parce qu'une bande de clowns a décidé que ce n'était pas moral ? Simplement parce qu'ils ne connaissent pas, cela les effraie. Avec moi, vous avez découvert que votre pouvoir était bien plus étendu que vous ne le soupçonniez.
Les élèves se regardaient entre eux. Cela faisait quelques mois qu'ils s'entraînaient ensemble et avaient commencé à former une communauté soudée. Il leur était impensable autant qu'à Gellert qu'un traître soit parmi eux.
- Peut-être qu'ils ont - à juste titre - peur de perdre le pouvoir. Alors ils aveuglent les masses, ils endoctrinent leurs élèves. Pourquoi devrait-on craindre la magie noire et le côté sombre de la magie rouge ? Parce que les possibilités sont illimitées ? Je peux grâce à elles laisser ma marque dans ces murs, et personne ne pourra jamais l'enlever. J'exprime ainsi ma désapprobation envers ce système qui nous opprime.
De la pointe de sa baguette il toucha sa paume gauche et y traça une ligne sanglante, les mâchoires légèrement crispées. Des fourmillements se répandaient le long de son bras tandis que des gouttes de son sang tombaient sur le sol de pierre.
- Ils pensent que le sacrifice d'une quantité importante de sang est trop dangereuse pour être étudiée. Foutaises !
Après avoir rangé sa baguette dans sa poche, il toucha sa plaie béante du bout des doigts puis traça sur le mur ce symbole qui l'obsédait depuis quelques années. Un cercle et un triangle imbriqués, coupés en deux par une ligne verticale. Et alors qu'il fermait les yeux, se concentrant sur le sortilège, la pierre se creusa, se tordant et fondant, fumant, crachant.
Devant les bouches bées de sa foule d'admirateurs, le symbole des reliques de la mort était apparu dans le mur de pierre.
- La magie rouge n'est pas faite pour ça, Grindelwald. Mais tu le saurais si ta mère n'avait pas quitté la Russie comme une voleuse.
Son oncle et professeur d'enchantements venait d'apparaître, suivi par quelques élèves de dernière année. Istvan von Rosen était le petit frère de Petra, la mère de Gellert. Âgé de huit ans de moins qu'elle, il n'avait que dix ans lorsqu'elle avait quitté la Russie pour la Suisse. Très attaché à cette grande soeur qui s'occupait de lui depuis sa naissance, il l'avait vécu comme une véritable trahison. Et tout dans son attitude envers Gellert Grindelwald indiquait qu'il n'avait pas réussi à tourner la page. Istvan avait les mêmes cheveux blond roux - mais avec une coupe au carré ridicule - que Petra, des yeux d'un bleu limpide, et les lèvres ourlées caractéristiques des von Rosen.
- Visiblement ta propre mère m'a plus transmis qu'à toi, von Rosen, cracha Gellert.
Le professeur grimaça.
- Professeur von Rosen, je te prie. Et laisse Alexa en dehors de cette histoire. Ce n'est pas elle qui te pousse à détruire les murs de cette école et endoctriner ses élèves.
- Endoctriner ? Parce qu'ici c'est moi qui impose une façon de penser, des règles de conduite, qui dicte aux gens comment agir ?
- Tu incites les élèves à la révolte en leur montrant de la magie qui n'est pas appropriée.
Gellert se retourna et soigna sa blessure d'un coup de baguette. Il inspira longuement prenant le temps de trouver les mots.
- Tu en parles comme cela car tu as peur de ce que tu ne maîtrises pas. Alexa m'a montré comment...
- Ce n'est pas ma décision mais celle de la direction, le coupa Istvan.
- Tu pourrais avoir une influence… Tout le monde ici le pourrait.
Le jeune sorcier marcha autour de son oncle et des trois élèves qui s'abritaient derrière le professeur. Il passa la main dans le cou de l'un d'entre eux du nom de Karl Meyendorff. Il étant grand et massif, brun, avec le visage constellé de boutons d'acnée.
- Me touche pas espèce de dégénéré !
Gellert retira sa main, prenant un air vexé.
- Même toi, Meyendorff, tu pourrais influencer la Direction en leur demandant une nouvelle salle de Duel, un cours de numérologie…
Il s'approcha des deux autres garçons, une grande perche blonde du nom d'Anastas Orlov et un petit un peu rondouillard appelé Fedor Brudberg. Il s'approcha tellement près du visage d'Anastas que leurs nez se touchaient presque.
- Je ne sais pas à quoi tu joues Gellert, gronda Istvan von Rosen, mais ça va mal se terminer.
- Je réclame au moins un apprentissage pratique de la magie rouge pour tous les étudiants qui le désirent ! Qu'on ne soit plus obligé de le faire clandestinement, dans le dos des professeurs.
Gellert passa chacun de ses bras autour des épaules d'Anastas et de Fedor. Les faisant se rapprocher de lui dans un cri étouffé.
- Et je suis certain que mes deux amis sont d'accord avec moi.
Istvan se pinça l'arrête du nez. Il semblait en proie à un dilemme insoluble.
- Gellert, je te promets d'en parler à la direction, si tu me promets de ne plus pratiquer tant que tu es élève à l'institut.
- Cela va de soi, sourit Gellert un peu amèrement et en s'éloignant du groupe.
- Mais professeur, si on laisse la magie rouge s'installer, pourquoi pas la magie noire tant qu'à faire ? Je n'ai pas envie que mon école devienne un repaire pour la mauvaise magie, protesta Anatas.
- Il n'y a PAS de mauvaise magie, argumenta Gellert, seuls les sorciers qui s'en servent peuvent avoir de mauvaises intentions. Mais théoriquement, toutes les magies peuvent blesser. Un incarcerem peut étrangler à mort. Une potion peut rendre fou. Une métamorphose peut permettre de se faire passer pour quelqu'un d'autre. De même que toutes les formes de magie peuvent être belles. Le mariage sorcier, c'est de la magie rouge, et la magie noire peut nous faire revoir des être chers disparus…
- Gellert. Je t'ai dit que j'en parlerai. Mais en attendant, tiens-toi à carreau.
- Bien. Mais à condition que je n'aie pas à souffrir du comportement de ces trois là.
Gellert remonta jusqu'à sa chambre, et s'assit contre la porte qu'il venait de refermer. Il était à deux doigts d'exploser de colère, mais se força à respirer lentement pour reprendre le contrôle des choses. Il avait discrètement récupéré des cheveux de chacun des élèves qui l'avaient dénoncé à son oncle sans vraiment savoir ce qu'il allait pouvoir en faire. Une fois calmé, il les rangea soigneusement dans une petite boite en fer qu'il cacha sous son lit.
Le lendemain matin, très tôt, il était déjà dehors, la neige fraîche crissant sous ses pas. Le fait de devoir abandonner son rôle de professeur clandestin l'avait affecté. Il n'avait jamais été jaloux de qui que ce soit, aussi l'attitude des trois élèves qui l'avait dénoncé le révoltait. Il supposait que la jalousie en était à l'origine, mais cela pouvait également être la peur de l'inconnu. Qu'importe, il ne méritait pas qu'on s'en prenne ainsi à ce qu'il aimait .
Il s'assit sur un rocher blanchi par le froid et ouvrit le carnet rouge. Il n'avait enseigné que des rituels de métamorphose ou d'apparition à ses élèves, ainsi que quelques rituels de protection, mais le carnet était bien plus complet que ça. Il tomba sur un rituel sexuel pour accroître la puissance qui le fit rougir et tourna la page sans plus s'y attarder; sur un pacte qui lui rappela curieusement sa vision, mais il ne s'y intéressa pas plus, décidant qu'il aurait bien le temps d'y repenser si un jour elle se réalisait; il arrivait ensuite aux pages sur les invocations. Celles-ci étaient notées de cinq étoiles de complexité et il doutait de parvenir à les maîtriser.
Le rituel titré "La punition des pécheurs" lui plaisait bien. Il faisait référence à celui nommé "L'appel des démons" qu'il parcourut également. Les deux pentacles d'invocation étaient identiques en tout point, mais l'intention n'était pas du tout la même. La différence résidait dans le fait de déposer un morceau du corps de la personne à punir le pentacle et dans l'incantation qui accompagnait le rituel.
Il se demandait s'il avait la puissance de gérer un tel rituel. Il ne lui arrivait que rarement de douter de ses capacités, mais dans ces moments-là, il se sentait démuni. Il sursauta tandis qu'un vol d'une centaine d'étourneaux, remontant curieusement du sud malgré la fraîcheur du temps, passait très près de lui dans un pépiement assourdissant. Il plaqua les mains sur ses oreilles en levant la tête pour les suivre du regard.
Lorsqu'il se pencha de nouveau sur le carnet, une minuscule plume d'un gris marron parsemé de taches blanches était posée sur l'illustration du pentacle. Gellert la prit délicatement entre ses doigts.
- Évidemment, s'exclama-t-il à voix haute, brisant le silence revenu, rien ne m'empêche de commencer par quelque chose de plus simple !
Il attendit patiemment jusqu'à une heure avancée de la nuit afin d'être certain de ne réveiller personne. Le pentacle qu'il avait tracé sur son bureau n'avait nécessité que très peu de sang et faisait à peine la taille de ses de mains réunies. Il avait posé la plume au centre du pentacle puis fermé les yeux et récitant l'invocation sans vraiment y croire.
La magie le traversa soudain, le surprenant beaucoup plus qu'il ne l'aurait voulu. Un petit oiseau se trouvait à la place de la plume. Il semblait retenu par des liens invisibles et se débattait comme un diable. Gellert le regarda mourir lentement devant lui, fasciné par cette vision. L'invocation ne l'avait presque pas épuisé et il s'en voyait ravi.
Il se doutait que ce ne serait pas la même chose avec des être humains - est-ce qu'il voulait vraiment les faire mourir ? - il n'en était pas sûr. Il déciderait le moment venu. Mais il fallait qu'il s'entraîne. Un oiseau était une petite chose fragile et facile à manipuler.
Il passa les jours suivants enfermé dans la bibliothèque de l'institut. Son oncle essaya plusieurs fois de lui parler mais il l'ignora. Il trouva enfin quelque chose dans un livre d'Histoire de la musique Magique qu'il avait ouvert machinalement sans faire attention au titre. L'histoire d'un sorcier allemand du treizième siècle qui avait envouté tous les rats d'un village grâce à une mélodie jouée à la flûte. La partition était retranscrite à la fin de la page, et s'il pouvait réussir à la jouer parfaitement, il attirerait les rats du château et pourrait les utiliser pour ses expériences.
Il mit quelques jours de plus à maîtriser la mélodie, qu'il jouait sur une flûte de verre invoquée pour l'occasion. La première fois qu'il attira les rats, il utilisa sa baguette pour arracher les poils de trois d'entre eux et les utilisa pour le rituel. Il se débarrassa ensuite des corps en les jetant dans le lac. Puis il recommença avec six. Puis dix. Puis cent. Il ne faisait plus vraiment ça pour assouvir une vengeance, mais plus pour pousser plus loin la découverte de sa magie, sa puissance.
Enfin, un soir, il se sentit prêt pour la version finale de "La punition des pécheurs". Il s'entailla la main bien plus largement que pour ses autres invocations et traça sur le sol de sa chambre, conformément aux instructions, le même pentacle que pour "L'appel des démons". Il se soigna ensuite d'un coup de baguette, puis chanta presque l'incantation jointe au rituel :
- Par la force de ma volonté, que vos corps soient amenés, déchiquetés et déchirés, que jusqu'au plus profond de vos entrailles vous souffriez, afin d'expier vos péchés.
Il posa ses deux mains au sol et dans un cri canalisa la magie dans le pentacle. Il était essoufflé et dégoulinant de sueur lorsque ses trois camarades apparurent dans le pentacle. Allongés sur le sol, ils se tordaient de douleur, criant et pleurant. Gellert se mit à respirer plus vite tellement il exultait.
- Vous n'auriez pas dû me dénoncer à mon oncle. Vous n'étiez pas obligés de me suivre. Vous avez choisi de vous opposer à moi. Vous auriez dû vous douter que je n'aurai pas d'autre choix que vous affronter. Et vous auriez dû savoir que j'allais gagner.
Un sourire méprisant retroussa les lèvres du jeune mage rouge. Il ramena ses cheveux en arrière et rangea le manuscrit dans sa malle. Puis il s'assit sur son bureau tapotant le bois de ses doigts.
- Je crois que je vais vous regarder mourir, mais soyez gentils, dépêchez-vous, je n'ai pas que ça à faire.
Brudberg pleurait en silence, comme s'il avait cassé sa voix à force de crier. Orlov le suppliait dans une litanie incompréhensible et Gellert remarqua, partagé entre le dégoût et la satisfaction, que Meyendorff s'était évanoui, mouillant son pantalon. On frappa à la porte.
- Gellert ? Il faut vraiment que nous parlions, dit une voix que Grindelwald reconnu comme elle de son oncle.
- Tu peux repasser plus tard ? Je suis occupé, grinça Gellert espérant le faire partir.
- Il y a quelqu'un avec toi ? J'entends du bruit.
- Oui et c'est plutôt torride alors fais-moi le plaisir de disparaître.
La porte s'ouvrit à la volée, surprenant Gellert qui ne s'y attendait pas. Son oncle était plus perspicace qu'il ne l'aurait cru. En quelques instants, Gellert pu lire la surprise, puis le dégoût et la désapprobation sur son visage.
Celui-ci sortit sa baguette et l'agita faisant léviter le corps des trois élèves et les déplaçant vraisemblablement jusqu'à l'infirmerie. Puis il attrapa Gellert par le bras et l'entraîna dans le château. Gellert essaya de se dégager, en vain, la poigne d'Istvan ne se referma que plus douloureusement sur lui. Ils étaient arrivés devant le bureau de la directrice Gratia Zauberer.
- Gellert, murmura Zauberer, j'ai fermé les yeux sur tes agissements de nombreuses fois, malgré les avertissements de ton oncle, parce que tu étais doué, très doué.
Elle le regarda d'un air sévère. Ses cheveux courts et foncés rendaient son visage anguleux.
- J'étais prête à écouter tes revendications, Gellert. Mais tu es allé trop loin, maintenant. Je ne peux plus le tolérer… Je convoque le conseil de discipline.
Il essaya de protester mais d'un coup de baguette, elle lui souda les lèvres et il ne put plus rien dire.
Le lendemain, il était jugé dans une petite cour entourée de bancs de pierre, une pièce de l'école presque jamais utilisée dans laquelle on avait probablement dû jouer quelques anciennes pièces de théâtre. On le fit s'asseoir sur un pupitre qui avait été placé au centre de la pièce, tandis que le reste des élèves et des professeurs qui avaient souhaité assister au jugement s'installaient dans les gradins. Il vit le visage de son oncle Istvan dans la foule et lui jeta un regard haineux.
Un homme, qu'il supposa être le président du conseil de discipline, se gratta la gorge et pris la parole, lisant un long parchemin.
- Le conseil disciplinaire de l'école a été convoqué pour juger l'élève Gellert Grindelwald sur plusieurs incartades au règlement. Il lui est reproché d'avoir altéré les murs de l'école à l'aide de magie interdite, forcé des élèves à pratiquer cette même magie interdite…
- Objection, cria Gellert en s'attirant les foudres des autres membres du conseil, tous mes élèves étaient consentants.
- D'avoir insulté un professeur en la personne d'Istvan von Rosen, d'avoir pratiqué la magie rouge sur des sujets non consentants à des fins criminelles.
- Je plaide l'erreur involontaire, affirma Gellert avec aplomb.
- L'élève, continua le président comme si Gellert n'avait rien dit, encourt une peine de prison de deux ans avec sursis compte tenu de son jeune âge, le renvoi de l'école, la destruction de sa baguette magique. Le conseil va délibérer pour prendre une décision.
Les membres du conseil se retirèrent dans une petite salle. Il sembla à Gellert qu'une éternité s'était écoulée lorsqu'enfin ils sortirent tous et que le président s'avança vers lui l'air solennel.
- Une décision a été prise concernant Gellert Grindelwald, après délibération, le conseil d'administration a voté à l'unanimité pour le choix d'expulser de Durmstrang l'élève sus-nommé pour pratique inappropriée des arts occultes, tentative d'homicide sur certains de ses camarades et insubordination face au corps professoral. Sa baguette sera brisée, et il lui sera impossible d'obtenir son diplôme dans cette école, ni cette année, ni jamais.
Gellert eut un rictus lorsque le président du conseil cassa sa baguette en deux morceaux. Comme si l'absence de baguette allait le freiner, lui, héritier d'une grande famille de mages rouges. Il faisait de la magie sans baguette depuis qu'il était en âge de parler. Cette expulsion était pour lui une aubaine, l'occasion de s'enfuir de cette mascarade et de se tourner vers des projets plus ambitieux.
- Vous pouvez disposer. Un fiacre vous attend avec toutes vos affaires et un corbeau a été envoyé à vos parents, ajouta le président tout en lui remettant ce qui n'était plus qu'un bout de bois inutile.
Gellert laissa tomber le cadavre de sa baguette au sol, une lueur de défi dans ses yeux vairons, et tourna les talons et le dos à cette école qu'il ne reverrait plus jamais.
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Angie et Sam
