Arrivé à l'Académie ! [PV Anya Michiyo]

Kimihiro :

Kimihiro était assis à l'arrière d'un taxi, un carnet de croquis sur les genoux, un stylo dans les mains, avec comme qui dirait le moral à zéro. Le souvenir de son amie humaine était encore très présent dans son esprit. Le fait d'aller dans un établissement de grande renommée ne le réjouissait qu'à peine. Autrefois, il aurait bondi de joie : il n'avait jamais supporté la vie de vagabond que ses parents lui avaient imposé.
Mais comme il le disait souvent : il faut aller de l'avant. Il baissa les yeux vers son carnet encore vierge. Finalement, il n'avait aucune envie de dessiner.

*Il y a sûrement plein de jolies humaines pour me réconforter* pensa Kimihiro avec humour.

Il s'étira. Il avait tout de même dormi pendant tout le trajet en taxi. Le chauffeur lui précisa qu'il allait arriver. Le jeune garçon rangea alors son carnet dans son sac et glissa son stylo dans sa poche. La voiture ralentit avant de s'arrêter. Kimihiro vit l'Académie Cross et cela le fit sourire.

*Dire que dedans des humains et des vampires se côtoient.*

Cela lui avait semblé étrange au premier abord. Il s'y était habitué, depuis. Il paya le taxi, prit sa seule valise et son sac à dos et marcha un peu, avant de s'arrêter dans le hall d'entrée grouillant de monde. Il était près de midi, et l'endroit était plein d'humains.

"-Je vais me plaire ici." pensa-t-il à voix haute.

Il eut un sourire en coin. Il semblait attendre, et pourtant il n'avait rien à attendre. Il regardait simplement le mouvement de la foule...

Anya :

Anya retraversait pour la énième fois aujourd'hui l'immense hall d'entrée et se dirigeait d'un pas rapide vers le réfectoire. Malgré la cohabitation quotidienne avec les autres élèves et professeurs, elle répugnait toujours autant le moment où elle devait se mêler à la foule. Le grésillement des voix intempestif et les filles qui gloussaient un peu trop fort dès qu'elle voyait un beau jeune homme (qui ne se révélait pas si terrible) la faisaient frissonner ; il lui était de plus en plus difficile de supporter tout ça. Si seulement les gens pouvaient garder une distance raisonnable d'environ trois mètres, ce serait... Correct. Du moins, suffisant pour que ses mains ne descendent pas jusqu'à ses dagues et qu'elle les caresse du bout de doigts. Doigts qui la démangeaient énormément d'ailleurs. Ainsi que tout le reste de son corps. Un peu de sport de combat ne lui aurait pas fait de mal. Sauf qu'un arbre n'avait pas beaucoup de répondant et qu'elle en avait assez de s'acharner sur un pauvre tronc qui ne lui avait rien demandé. Un adversaire.

C'était les seuls humains qu'elle supportait toucher ; les combats rapprochés le nécessitaient de toute façon et tant qu'elle pouvait frapper, c'était positif. Parce qu'elle avait besoin d'expulser, besoin de cracher son malaise journalier et sa frustration.

Devant les portes d'entrée, elle avisa un nouveau venu. Celui-ci n'avait pour seul bagage qu'un sac à dos et une valise. Elle détourna le regard quand il fit un pas.

Anya se figea. Cette grâce. Cette sauvagerie camouflée et cette précision dangereuse. Ce teint. Un peu trop pâle. Et ces yeux. Elle sentit une bouffée de colère l'envahir. Ses dagues lui brûlaient les cuisses et elle n'avait qu'une envie : les planter dans quelque chose pour les refroidir. Ce garçon. Il n'était pas normal. Elle ne savait pourquoi, mais elle en était certaine. Elle fixa son visage ; il observait la salle, jetant quelques coups d'œil par-ci, par-là, comme le font les personnes arrivées dans un nouveau lieu et qui n'osent demander leur chemin. Elle serra les poings.
Il avait des cheveux d'un noir profond. En bataille, mais qui avaient pourtant l'air soigné. Il était grand, mince, mais dégageait une combattivité dont elle ne pouvait donner la provenance. Son visage était doux, mais elle devinait qu'il ne l'avait pas toujours été. Elle le sentait.

Ses yeux...

Sans s'en être rendu compte, elle s'était approchée du garçon et n'était plus qu'à deux mètres de lui. Ils se transperçaient du regard. Aucun d'entre eux ne comprenait. Elle préférait ne pas savoir, mais... C'était trop tard. Il l'avait intriguée. Elle devait confirmer sa première idée. D'une manière ou d'une autre.
Anya se contenta d'observer le garçon, ses pupilles vissées dans les siennes. Elle était consciente qu'il devait la trouver bizarre, mais une personne de plus ou de moins ne faisait pas grande différence. Ses bras étaient relâchés, donc proches de ses armes, mais tout le reste de son corps était tendu. Prêt à bondir. Il aurait fallu d'un mouvement suspect. Un seul.

Presque tous les élèves avaient rejoint le réfectoire.

Kimihiro :

Le soleil qui passait par les portes grandes ouvertes du hall chauffait le dos de Kimihiro. La salle se vidait peu à peu sous ses yeux. Sans doute les humains allaient ils déjeuner. Il passa sa main dans ses cheveux, les ébouriffant encore un peu, en pensant qu'il devrait aller poser ses affaires dans sa chambre. Encore faudrait il qu'il sache où elle est... Fatigué, il soupira. Puis, se sentant quelque peu observé, il balaya encore la pièce du regard. Elle était presque vide, mais il remarqua une jeune fille, tout près, aux cheveux blancs dont le regard noisette était hostile. Elle le regardait avec haine, droit dans les yeux. Kimihiro se sentit comme électrisé par tant de colère dans ses yeux. Il savait qu'elle était comme un animal sauvage. Tendue, prête à bondir. Il resta immobile, sachant qu'un mot ou un mouvement de trop l'aurait fait attaquer. L'atmosphère était très tendue. Lui, nonchalant, la fixait d'un air presque indifférent, mais tout ses sens étaient en éveil et il se tenait prêt à réagir si il le fallait. Mais il était fatigué et il aurait aimé se reposer dans sa chambre.

*Et merde...*

Kimihiro et la jeune fille se regardaient encore, les yeux dans les yeux. Il attendait. La salle était vide à présent, les élèves étaient partis, il se retrouvait seul avec elle. Il ouvrit alors la bouche et dit d'une voix basse et calme, comme si il parlait à un fauve, mais comme à son habitude, dans ses paroles il y avait une certaine chaleur :

"-Nous sommes seuls. Si tu veux me tuer, je ne t'en empêche pas."

Le jeune homme était conscient d'avoir commis des horreurs dans son passé. Il aurait voulu oublier, tout oublier, ses parents, ses victimes, ses fuites incessantes et son amie morte. Tant pis. Les flammes dans le regard de cette fille faisaient tout remonter en lui. Il ne bougeait toujours pas. Cette humaine avait bien compris qu'il était un vampire et il se demandait pourquoi. Avait-elle eu une expérience avec un vampire dans son passé ? Si oui, elle avait dû vivre quelque chose de traumatisant, pour le regarder avec un air aussi féroce. Il ne pouvait s'empêcher de la comparer à un animal sauvage. Il pensa alors qu'il aimerait beaucoup la peindre. Surpris de sa propre pensée, il se mit à rire intérieurement, tout en gardant un visage impassible. Comment pouvait-il penser à la peindre alors qu'elle était sur le point de se jeter sur lui ? La force de l'habitude, sans doute. La peinture prenait une grande place dans sa vie. Il remarqua que les mains de la jeune fille étaient tendues, comme si elle s'apprêtait à prendre une arme. Donc, elle était sans doute armée, et toute sa personne laissait penser qu'elle savait se battre. Si ça dégénérait, ce serait un adversaire coriace. Il se tendit un peu plus et attendit une réaction de la jeune fille...

Anya :

Tous les élèves étaient à présent partis déjeuner. Ils ne restaient désormais plus qu'eux dans le hall d'entrée. Un silence pesant s'était installé et les deux adolescents continuaient de se toiser du regard sans bouger d'un pouce. Anya sentait la lame sur sa peau. Celle-ci semblait lui lancer un appel qui remontait le long de ses nerfs jusqu'à parvenir au bout de ses doigts qu'elle maintenait à grand peine tant ils avaient envie de saisir cette arme. C'était si facile. Il lui aurait fallu d'un geste. Un mouvement maitrisé, un sifflement dans l'air. Carotide sectionnée. Le sang...
Elle repensa à ses parents. Son oncle. Cet être ignoble, suceur d'hémoglobine qui l'avait séparée des siens. Non. Elle ne voulait pas ressembler à ces monstres. Pourtant... L'envie de vengeance bouillonnait en elle. Son cœur lui hurlait d'accomplir ce qu'elle avait tant attendu, là, immédiatement ; mais sa raison l'en dissuadait : son père et sa mère n'auraient pas voulu ça. Quand bien même, trop de personnes pouvaient arriver au moment où on s'y attendait le moins et elle ne préférait pas courir de risques. Les gêneurs, comme toujours...

"-Nous sommes seuls. Si tu veux me tuer, je ne t'en empêche pas."

Elle savait qu'il ne le pensait pas. Elle savait aussi qu'il était sans doute rapide et entrainé et qu'il ne se laisserait pas faire. De toute façon, ce n'était ni le bon endroit, ni le bon moment. Il ne perdait rien pour attendre. Elle croisa les bras, signifiant ainsi qu'elle avait abandonné toute idée d'attaquer. Pour le moment.

"Si on me l'avait dit. Un vampire. Ici, dans cette école."

Sa voix tremblait de rage. Elle aurait tellement voulu lui régler son compte. Maintenant. Il aurait payé pour les autres, tout simplement. Cette race ne servait qu'à tuer, à détruire les gens. Il aurait été légitime que l'un d'entre eux périsse également. N'importe lequel.

*Ne juge pas sans connaître. Peut-être ne sont-ils pas tous pareils ?*

Si, ils l'étaient ! Ils l'étaient forcément ! Ils devaient l'être... Sinon, l'unique espoir qu'elle avait bâti s'effondrerait. Elle ne vivait plus que pour venger les siens. Elle avait attendu tellement longtemps. Il ne pouvait en être autrement. Les vampires étaient une horreur. Elle les détestait depuis toujours. Alors, seulement quand elle en aurait détruit un ; seulement quand elle sentirait que toute rancœur avait disparu, là, elle pourrait vivre. Elle passerait à autre chose. Aviserait.

Elle tourna le dos au garçon, cependant l'oreille aux aguets.

"Si on m'avait dit ça, je ne l'aurais pas cru. Un vampire... J'imagine que tu ne dois pas être le seul."

Elle se surprit elle-même à ricaner. C'était un rire dépourvu de conviction et de joie. Elle se sentait crispée, trahie et à la fois soulagée.

"J'aurais quand même espéré que le directeur m'en parle. Quoique, je ne sais pas si j'aurais pu me maîtriser alors."

Elle sentit le garçon se détendre, mais il restait tout de même sur ses gardes. Anya ne savait rien de lui. Au fond, peut-être aurait-elle pu se jeter sur lui, il n'aurait rien pu faire. Cependant, sous la chemise du garçon, elle devinait un corps puissant. Il ne pouvait être aussi nonchalant et faible qu'il le prétendait.

"Je m'appelle Anya. Si je te donne mon prénom, c'est pour que tu te souviennes d'une chose..."

Soudainement, elle saisit la dague qui collait à sa cuisse gauche, la délogeait et la lança avec force vers le garçon. Elle siffla à son oreille après lui avoir effleuré la joue. Joue dans laquelle elle laissa une légère griffe dont perla une goutte vermillon. L'arme s'était plantée dans une poutre avec un bruit sourd.

"Ne me sous-estime pas."

Elle se tourna à nouveau vers lui, avança dans sa direction, passa à ses côtés et alla déloger sa dague qu'elle rangea à nouveau. Elle attendit. Il n'allait certainement pas rester muet...

Kimihiro :

En voyant la jeune fille croiser les bras, Kimihiro avait détendu ses muscles mais il n'avait pas relâché son attention. Ses yeux étaient toujours fixés sur l'adolescente qu'il regardait sans ciller.

"Si on me l'avait dit. Un vampire. Ici, dans cette école."

Le jeune vampire ne répondit rien. Il avait écouté la voix de la jeune fille silencieusement. Une belle voix, mais marquée par la colère. Sans manifester aucune émotion particulière, il repassait cette voix dans sa tête, intéressé.

"Si on m'avait dit ça, je ne l'aurais pas cru. Un vampire... J'imagine que tu ne dois pas être le seul"

"J'aurais quand même espéré que le directeur m'en parle. Quoique, je ne sais pas si j'aurais pu me maîtriser alors."

La jeune fille s'étais mise à ricaner. Kimihiro haussa un sourcil, sentant la frustration de son interlocutrice. Son rire sonnait faux, comme un sarcasme. Il ne répondit rien, continuant à observer son comportement.

*Combien d'humains sont au courant, pour les vampires ?" pensa-t-il soudain. *Y aurait il d'autres humains voulant notre mort ?*

Le jeune vampire se crispa. Quelque chose s'était brisé en lui. Il était venu ici pour ne plus avoir à tuer, pour la tranquillité, pour se repentir. Mais si d'autres humains cherchaient à tuer les vampires... Kimihiro se rendit alors compte qu'en tant que vampire, il n'aurait jamais l'esprit tranquille. Devra-t-il toujours se battre, lui qui ne voulait que vivre en paix ? Malgré lui, il poussa un long soupir, avant de reconcentrer son attention sur la jeune fille.

"Je m'appelle Anya. Si je te donne mon prénom, c'est pour que tu te souviennes d'une chose..."

Elle lança une dague dans sa direction. Ayant bien compris qu'elle n'avait pas porté ce coup pour le tuer, et que l'arme ne ferait que l'effleurer, il ne bougea pas. L'arme passa sur sa joue avec un sifflement aigu. Kimihiro se rendit à peine compte de la légère blessure sur sa joue. Par contre, l'odeur métallique qui s'en échappa, il la sentit très bien. Celle du sang. De son sang, qui plus est. Il ferma les yeux une seconde pour ne pas succomber à la tentation, pour chasser de sa tête l'odeur qui stimulait tant son odorat.

"Ne me sous-estime pas."

L'adolescente, Anya donc, reprit sa dague, plantée derrière lui, d'un geste sec. Il la regarda d'un air un peu plus froid, contrarié qu'elle ait réveillé sa soif de sang, mais aussi surpris que cette fille puisse porter une arme sur elle. D'autres élèves portaient ils des armes ? Lui n'en avait aucune. Peut être pourrait il s'en procurer une, au cas où.

"-Un autre vampire t'aurait peut être tuée rien que pour l'avoir visé avec une arme."

Kimihiro lui prit le poignet d'un geste vif et le serra, sans faire mal à la jeune fille, juste assez pour qu'elle ne puisse pas se dégager. Il la regarda d'un peu plus près, plantant de nouveaux ses yeux dans les siens.

"-Je suis enchanté de faire ta connaissance... mais ce n'est pas réciproque j'imagine. Je m'appelle Kimihiro."

Il sourit, attendant de voir comment elle réagirait. Mal, sans aucun doute...

Anya :

"-Un autre vampire t'aurait peut être tuée rien que pour l'avoir visé avec une arme."

Oui, peut-être. Il aurait essayé, du moins. C'aurait pu être intéressant.
Quand le garçon lui saisit le poignet, Anya dut se retenir à grand peine pour ne pas lui trouer la peau à coups féroces de dagues. S'il continuait à la chercher, il la trouverait.

"-Je suis enchanté de faire ta connaissance... mais ce n'est pas réciproque j'imagine. Je m'appelle Kimihiro."

"Tu imagines bien."

A ces mots, elle sortit sa seconde dague de sa main libre et la plaça contre la jugulaire du vampire. Elle ne le quittait pas des yeux ; il ne faut jamais quitter la proie qu'on a attendu depuis si longtemps.
Anya sentait l'excitation montée en elle. Un vampire se tenait devant elle. Elle aurait pu lui trancher la gorge à cet instant précis. Comme ça, sans remords. Cependant, un autre sentiment l'en dissuadait ; n'importe qui aurait pu surgir et il aurait été plutôt gênant d'expliquer pourquoi un cadavre se trouvait sur le sol et pourquoi elle tenait une dague dans chaque main. Elle aurait pu également se débarrasser du "gêneur", mais elle savait qu'elle n'en aurait pas été capable ; elle ne s'en prenait pas aux innocents.

*Et en quoi Kimihiro était-il coupable ?*

Eh bien, il...
Il était un vampire. Voilà. Il n'y avait rien d'autre à ajouter. Anya n'avait pas à se justifier ; elle n'avait plus à le faire.
Elle ravala sa frustration et fusilla le jeune homme du regard qui ne daigna pas la lâcher.

"Et maintenant, lâche-moi."

Elle bougea légèrement son bras, mais le garçon ne desserra pas sa prise. Fallait en plus qu'elle tombe sur un têtu ! Elle fit une nouvelle tentative, mais apparemment, l'envie de la relâcher était loin de lui. Anya fronça les sourcils. Tu veux jouer à ça, mon grand ?
Œil pour œil, dent pour dent, elle déplaça légèrement son arme et la pressa contre la peau parfaite et pâle de Kimihiro. Un filet de sang s'en échappa. Elle savait combien les vampires étaient réceptifs à l'odeur de l'hémoglobine, et combien ça les stimulait. Il n'allait pas tenir longtemps. Elle lisait dans son regard qu'il avait faim. Se doutant qu'il n'allait pas se manger lui-même, elle était sans doute le "repas" tout désigné. Qu'il essaye pour voir...

"Je te propose un marché : tu me lâches et j'arrête de te... "torturer". Il serait embêtant que tu agresses une élèves dès ton premier jour ; tu ne crois pas ?"

Elle imaginait ses canines dissimulées derrières ses lèvres et savait combien elles étaient dangereuses. Elle devinait aussi qu'il était très certainement entraîné et prêt à agir. Si elle avait été trop loin, il n'éprouverait alors plus de remords et se jetterait sur elle. Pourtant, Anya n'avait pas peur. Au contraire, elle attendait ça avec impatience car si elle lui faisait quoi que ce soit - de douloureux, espérait-elle - ç'aurait été de la légitime défense.
Elle se demanda alors qui était le plus coincé des deux ; elle dont le poignet était immobilisé ? Ou lui ? Intérieurement, il lui faisait presque pitié...

Kimihiro :

"-Te lâcher ?"

Kimihiro eut un sourire. Ce n'était pas un sourire moqueur ou ironique. C'était plutôt un sourire serein, tranquille.

"-Non, je n'en ai pas envie."

La situation semblait presque l'amuser. Pourtant, l'odeur de son sang titillait ses narines et il était en position de faiblesse. Alors, avec sa main libre, il essuya délicatement le sang qui coulait sur sa peau et porta ses doigts ensanglantés à ses lèvres. Il ferma les yeux, se délectant du goût métallique et profond de son sang. Décidément, il était irrécupérable. Mais c'était un vampire...
Ce n'était pas une excuse. Dans sa tête, cela sonnait plutôt comme une sentence. Il n'y a que la vérité qui blesse, après tout. Le sourire amical du vampire se transforma en sourire résigné, et un nuage de tristesse passa dans ses yeux.
Puis Kimihiro se reprit, et redevint de marbre.

"Quand à ton marché, je ne l'accepte pas. Je sais me maîtriser. Je ne mordrais pas une belle demoiselle comme toi en plein milieu d'un endroit public, ce serait trop stupide."

Le jeune vampire sentait toujours la lame glacée sur sa peau. C'était désagréable. Mais il était décidé à ne pas se laisser faire. Cette jeune fille était très intéressante, il ne pouvait pas laisser passer une occasion comme celle ci. De sa main valide, il plaça son index sous le menton de la jeune Anya. Il rapprocha son visage du sien pour l'observer sous toutes les coutures. Elle aurait beau se débattre, le couper pour de bon, il ne changerait pas d'avis et ne lâcherait sous aucun prétexte. Kimihiro était trop buté pour ça.

"Mais je vais t'en proposer un autre, de marché. Je te lâcherais si tu m'accordes une chose. Une seule. Tu pourras même m'affronter si l'envie te prend"

Il la laissa mariner un peu, cinq petites minutes, avant de reprendre. Il y avait plus de chance qu'à sa demande, la jeune fille tente de le déchiqueter plutôt que d'accepter, mais il ne lâcherait pas son coup. Pas question. Même pas en rêve. C'était trop important pour lui.

"Anya, c'est ça ? Tu m'intéresses. Rassure toi, je ne veux ni ta vie ni ton sang. Laisse-moi juste te dessiner."

Il attendit alors l'explosion de la jeune humaine.

Anya :

"-Non, je n'en ai pas envie."

Non mais... Il allait voir ce qu'il allait voir ce petit crétin ! S'il pensait pouvoir l'empêcher de bouger, il se trompait lourdement.

"Quant à ton marché, je ne l'accepte pas. Je sais me maîtriser. Je ne mordrais pas une belle demoiselle comme toi en plein milieu d'un endroit public, ce serait trop stupide."

Bon, ça faisait au moins une chose sur laquelle ils étaient d'accord. C'était toujours ça de gagner. "Apprécie tes amis, mais rapproche-toi encore plus de tes ennemis." Cette maxime convenait parfaitement. Surtout dans un cas comme celui-ci.
Cependant, quelque chose avait intrigué Anya. Quand Kimihiro avait aspiré son sang, elle avait cru déceler quelque chose au fond de ses yeux ; une sorte de manque, de tristesse et de résignation. Il avait donc une faiblesse. Elle devait la connaître pour mieux le détruire.
Eh... Attends... Il croyait faire quoi avec son doigt, là ?! Mais elle allait le mordre, ma parole !
Quand elle vit le visage du jeune homme s'approcher du sien, Anya crut vraiment qu'elle allait perdre les pédales et qu'elle allait lui trancher la gorge - et cette foutue prétention au visage magnifique - pour de bon. Difficilement, très difficilement, elle retint les tremblements de sa main qui ne réclamait qu'une chose ; couvrir la lame froide et aiguisée de sang. Elle avait envie de retirer cette espièglerie trop "humaine" de ces yeux bleus. Elle avait toujours considéré les vampires comme des monstres sanguinaires et se dire à présent que beaucoup d'entre eux fréquentaient la même école qu'elle (si bien qu'elle ne les avait pas reconnus au premier coup d'œil) la mettait hors d'elle. On s'était bien foutu d'elle. Royalement. Elle était sûre que son visage était crispé de fureur. Et puis peu importe !
Autre chose encore ; il avait dit qu'elle était... "belle" ? Boire son propre sang ne lui allait pas du tout. Vraiment pas. Ca lui bousillait le cerveau et la vue.

"Mais je vais t'en proposer un autre, de marché. Je te lâcherais si tu m'accordes une chose. Une seule. Tu pourras même m'affronter si l'envie te prend."

Elle le sentait mal. Très mal. Elle était coincée et elle était certaine que ce qu'il allait lui proposer n'allait pas lui plaire du tout. C'est bien quelque chose qu'elle ne supportait pas ; être coincée ; comme un animal en cage. La seule chose positive dans tout ça, c'est qu'il acceptait de se battre. Elle avait presque envie de dire "Demain, à l'aube. Je t'attendrai." , comme dans les vieux westerns, mais ça ne le faisait que très moyennement. Anya attendit donc, retenant toujours le besoin de sectionner une ou deux artères du garçon qui se tenait en face d'elle.

"Anya, c'est ça ? Tu m'intéresses. Rassure toi, je ne veux ni ta vie ni ton sang. Laisse-moi juste te dessiner."

L'intéresser ? Elle... L'intéressait ? En quoi ? Pour du dessin ? Mais elle n'avait rien d'un modèle ! Il était idiot ou quoi ? Elle aurait encore préféré qu'il lui demande de... De quoi après tout ? Elle ne lui devait rien ! De toute manière, pourquoi la dessiner ? Qu'avait-elle de particulier ? Rien. Elle était maigrichonne, sans forme, ni belle, ni généreuse, alors. C'était ridicule de lui demander ça. Surtout quelque chose d'aussi futile.

"Je..."

Elle devait avouer qu'elle était complètement déstabilisée. La dessiner. Autant prendre une photo, non ? C'aurait été plus simple. Pourtant, elle savait qu'elle n'avait pas le choix et loin d'elle l'envie de savoir qui des deux au jeu de "Je-suis-le-plus-chiant-et-je-m'en-vais-te-le-prouver-après-tout-j'ai-tout-mon-temps" allait l'emporter. Elle soupira, résignée.

"Soit. J'accepte."

Et un peu bêtement, elle ajouta :

"Tant que je ne dois pas poser nue."

Reprenant vite contenance et son regard furieux, elle pressa à nouveau la dague contre le cou de Kimihiro, lui rappelant qu'il s'agissait d'un marché.

"Lâche-moi. Maintenant."

Kimihiro :

"Je..."

Ah ! Kimihiro avait réussi à déstabiliser la jeune humaine. L'orage qu'il avait vaguement espéré n'était pas arrivé mais, mieux encore, elle était troublée. Donc, malgré son caractère disons... un peu fort, elle avait également des faiblesses. Le jeune vampire jubilait intérieurement. C'était comme un bon point pour lui. Mais il ne dit rien et attendit une réponse.

"Soit. J'accepte."

Sceptique, Kimihiro haussa les sourcils. Pas d'éclats de colère ? Pas de coup de dague bien placé ? Rien ? Une réponse positive ? Ravi, il afficha alors un grand sourire radieux. Il retira avec délicatesse son doigt du menton d'Anya mais n'éloigna pas son visage. Enfin un modèle digne de ce nom ! Le corps de la jeune fille n'était pas inintéressant mais ce qu'il avait envie de représenter, c'était les sentiments, le caractère, les expressions... c'était ça la difficulté dans un dessin. Un beau visage, sans expression, ne valait rien pour lui.

"Tant que je ne dois pas poser nue."

Surpris, le jeune vampire éclata de rire.

"Je ne dessine pas de nus, c'est pas mon truc."

Prenant un air très sérieux, il baissa la tête pour regarder le visage de la jeune fille par en dessous.

"Pourquoi ? Tu voudrais ?" demanda-t-il.

Et il se mit à rire de nouveau. Sentant venir le coup de dague, il précisa avec un sourire en coin :

"Je plaisante."

La jeune humaine avait repris son regard haineux et il sentit qu'elle avait appuyé la dague sur sa jugulaire. Le sang recommençait à couler. C'était tentant...

"Lâche- moi. Maintenant."

Sans dire un mot, il baissa lentement les yeux vers la dague acérée et avec son index, il la repoussa doucement, avant de lâcher délicatement le poignet de Anya et de s'écarter de quelques pas. Par réflexe, Kimihiro passa sa main dans son cou pour essuyer le filet de sang. La manche de sa chemise blanche était maintenant tachée de rouge, ce qui n'était pas vraiment très discret. On risquerait de lui poser des questions. Il replia le bord de sa manche une ou deux fois pour cacher.

*Quel gâchis* pensa le jeune vampire malgré lui.

Tant pis, cette fois il saurait s'en passer. Il fouilla dans son sac et en sortit son carnet de dessin et un crayon à papier. Rien que le fait de tenir son habituel crayon lui donnait des fourmis dans les doigts. Il s'adossa contre un mur et plaça de nouveau son regard amical sur Anya.

"Bon, autant le faire maintenant, comme ça je serais sûr de ne pas oublier ! Ça te va ?"

Anya :

Quand Anya entendit le jeune homme éclater de rire, elle ne savait plus comment se comporter ; c'était la première fois qu'elle faisait de l' "humour" et que quelqu'un y réagissait. Or, savoir que c'était un vampire, un être supposé monstrueux, qui en riait la troublait. Elle avait toujours cru que ces suceurs de sang étaient dépourvus d'âme et de scrupules et se rendre compte qu'il pouvait s'amuser comme une personne normale était... déstabilisant.

"Pourquoi ? Tu voudrais ?"

Non mais... Pour qui il la prenait ?! Exposer son corps à un "presqu'inconnu" ? Et à un vampire qui plus est ? Non, ça, il en était définitivement hors de question ! En plus, qu'aurait-il à dessiner ? Rien. Elle n'avait aucune courbure harmonieuse. Elle n'avait pas de forme. Elle était bien trop mince et pas assez "généreuse". Elle n'avait rien de beau. Autant en surface qu'en intérieur.
Et est-ce qu'il allait reculer son visage, bon sang ! S'il continuait à la provoquer ainsi, ça risquait vraiment de dégénérer. Surtout qu'elle n'était pas d'humeur. Le seul point positif qu'elle voyait dans tout ça était le combat qu'il lui avait promis. Rien qu'à cette idée, un sourire carnassier manqua de se former sur ses lèvres, mais elle demeura impassible, se contentant de lancer des éclairs avec ses pupilles. Il avait beau plaisanter, elle n'aimait pas qu'on se moque d'elle, encore moins lorsqu'il s'agissait d'un de ses ennemis. Il le lui paierait. Plus tard.
Montrant son mécontentement, elle pressa à nouveau la dague contre le cou de Kimihiro dont perlèrent à nouveau quelques gouttes de sang. Elle remarqua qu'il tressaillit ; apparemment, il n'était pas aussi à l'aise qu'il le prétendait. Elle adorait le mener à mal. Il repoussa sa dague de l'index (geste qu'elle eut envie de corriger en lui tranchant une ou deux phalanges), puis relâcha son poignet. Elle écarta les doigts du garçon d'un geste sec et rangea sa dague, ignorant alors le jeune homme. Elle lissa sa robe, remit ses cheveux en place ; bref, tout un tas de gestes futiles et impersonnels, mais qui fonctionnaient plutôt bien dans le genre : "Tu-es-juste-à-côte-de-moi-mais-je-vais-faire-comme-si-ce-n'était-pas-le-cas". Elle le devina sortir un crayon et un bloc, mais Anya ne réagit toujours pas. Elle ne lui ferait pas ce plaisir.

"Bon, autant le faire maintenant, comme ça je serais sûr de ne pas oublier ! Ca te va ?"

Elle poussa un soupir et répondit d'un air tendu, entre ses dents :

"Tsk. Comme si j'avais vraiment le choix."

Elle s'en voulait d'avoir cédé si facilement à l'ennemi ; sa fierté en prenait un coup, mais il valait mieux ça plutôt que de commettre un meurtre en plein milieu de la journée, surtout dans un endroit fréquenté comme celui-ci. De plus, elle était sûre que Kimihiro ne se laisserait pas faire et elle préférait éviter toute blessure ; elle devrait d'abord se réentraîner avant de passer à l'attaque. Et elle attendait ça. Avec avidité.

"A part ça, tu comptes faire ça où ? Sache que je n'ai pas l'intention de "poser", et encore moins ici, dans un lieu où n'importe qui pourrait nous voir ensemble."

Elle redressa enfin les yeux vers le jeune homme, celui-ci toujours appuyé contre la poutre, semblant déjà estimer certains traits du visage d'Anya plus importants que d'autres.

"Alors... Picasso ?"

Kihimiro :

"Tsk. Comme si j'avais vraiment le choix."

Comme si il n'avait pas entendu, Kimihiro se redressa. Il plaça son bloc de feuilles sous son bras et coinça son crayon entre ses dents, pensif. Il commença à le mordiller d'un air distrait, les yeux dans le vague. Il cherchait quel endroit serait le mieux éclairé, et donc qui mettrait Anya en valeur. Il se demandait aussi dans quelle position il la représenterait. Et aussi comment faire ressortir son tempérament de feu…
Toutes ces questions faisaient frémir d'excitation et d'impatience le jeune vampire, le faisant mourir d'envie de laisser le crayon guider sa main sur une feuille vierge, pour la noircir d'esquisses…
Mais il ne devait pas dessiner sans avoir une idée précise en tête. Aussi Kimihiro garda la tête froide.

"A part ça, tu comptes faire ça où ? Sache que je n'ai pas l'intention de "poser", et encore moins ici, dans un lieu où n'importe qui pourrait nous voir ensemble."
"Alors... Picasso ?"

"Picasso" ne releva pas la remarque. Le jeune vampire passa une main dans ses cheveux déjà ébouriffés, ce qui les décoiffa encore un peu. Il sourit à l'adolescente, imperturbable.

"Ah bon, pourquoi ? Ça te gêne ?" demanda-t-il

Il pensa qu'il devrait éviter de la provoquer pour le moment, et décida de prendre sur lui. Kimihiro demanda alors d'un air vaguement exaspéré, bien qu'il ne le soit pas du tout, son crayon toujours coincé dans sa bouche comme une cigarette :

"Bon, où est-ce que toi, tu voudrais aller ?"

Mais avant de la laisser parler, ce fut plus fort que lui. Il posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis qu'il avait remarqué cette humaine pleine de haine et de rancœur contre lui, alors qu'elle ignorait jusqu'à son nom :

"Dis-moi, pourquoi détestes-tu les vampires ? Si ce n'est pas trop indiscret."

C'était stupide. Elle n'allait sûrement pas répondre, où si elle répondait, elle rétorquerait que si, justement, c'était trop indiscret. Tant pis, il aurait essayé. C'était le goût du risque, encore une fois. Au pire, si elle le prenait vraiment mal et qu'elle l'attaquait, il aurait un nouveau point de vue sur son côté agressif.

Anya :

"Ah bon, pourquoi ? Ça te gêne ?"

Qu'on les voit ensemble ? Bien entendu que ça l'aurait gênée. Ca l'aurait horripilée même. Être surprise avec quelqu'un de son espèce était sans doute une des choses qui l'aurait mise le plus mal à l'aise ; il fallait donc éviter cette situation. À tout prix. Elle ne voulait pas que l'on soupçonne quoi que ce soit entre eux ; il était déjà allé trop loin et, encore une fois, la seule raison pour laquelle elle avait accepté ce "marché" ridicule était la possibilité de mener un combat contre ce vampire et, peut-être, en sortir vainqueur. A présent, le jeune homme avait intérêt à faire vite, car le sang d'Anya bouillonnait à l'idée qu'elle pourrait faire jaillir celui de Kimihiro. Le frapper. Sortir toute sa haine.

"Bon, où est-ce que toi, tu voudrais aller ?"

Il devait être complètement bouché. Peu importe où, quand, comment ; tant que personne ne les surprenait ensemble. Elle refusait de pactiser avec l'ennemi et y avoir été "obligée" de cette manière aussi futile lui donna l'impression que ses dagues lui hurlaient de les laisser se planter dans le front de Kimihiro. Pourquoi, alors que tout semblait si facile, elle n'avait pas la possibilité de mener à bien ce à quoi elle aspirait ? Sa vengeance avait enfin l'occasion d'être accomplie, elle pouvait se débarrasser de toute cette haine, de toute cette frustration... Elle souhaitait juste une chose ; que ces images, ces souvenirs disparaissent. Elle voulait juste recommencer à zéro. Oublier.

"Dis-moi, pourquoi détestes-tu les vampires ? Si ce n'est pas trop indiscret."

Le cœur d'Anya rata un battement ; elle se retourna immédiatement et commença à avancer vers la sortie, n'osant montrer son trouble. Pourquoi avait-il posé la question à laquelle elle ne voulait répondre ? Cette histoire la concernait entièrement. Mais parce qu'il était un vampire, il en faisait également partie. Elle détestait ces êtres parce qu'elle le devait ; ne rien ressentir face au meurtre de ses parents par un de ces monstres aurait été semblable à se comporter comme eux, à être inhumain. Depuis ce jour, son corps et son âme avaient soif de vengeance, de blessures à transmettre pour effacer les siennes, de combat, de sang. Elle avait envie de faire ressentir à ces créatures l'impression de voir la vie s'échapper de ses veines sans pouvoir la retenir. Elle voulait leur montrer la peur, la tristesse et la rage qu'elle ressentait depuis des années.

Anya serra les poings. Elle ne pouvait dire tout ça à Kimihiro. Elle ressassait tout cela depuis trop longtemps pour tout lâcher au premier vampire venu. Il fallait être patiente ; inspirer un grand coup et attendre, une fois de plus. Pour le moment, tout ce qui comptait, c'est qu'elle savait où trouver les adversaires qu'elle avait, bizarrement, espérés et attendus. Elle se demanda qui aurait mieux fait de ne pas croiser la route de l'autre.

Petit à petit, grâce à sa respiration, elle put reprendre son calme. Il n'avait pas à savoir et il ne saurait jamais. La provocation avait été bien trop loin. Il gribouillerait son visage s'il le désirait, mais ça ne changerait rien au fait qu'il était son ennemi désigné et qu'elle le haïrait aussi fortement que sa colère le pouvait. Toujours légèrement tendue, elle s'arrêta, inclina son visage dans la direction du garçon et dit du ton le plus calme qu'elle put (ce qui se révéla assez difficile) :

"Eh bien, si. C'est trop indiscret."

Elle se tenait dans le chambranle de la porte d'entrée, prête à sortir dans le parc ou tout autre endroit moins sensible d'accueillir des marcheurs.

"Je t'expliquerai cela le jour où je ressentirai envers toi autre chose que de la haine. En clair, n'espère rien de ma part."

Elle le fixa de ses prunelles noisette aux reflets dorés qui lui donnaient un air accusateur, avant de terminer :

"Je te laisse le choix de l'endroit. Mais encore une fois, fais en sorte que ce soit un lieu peu fréquenté."

La discussion était close. Elle n'avait plus rien à ajouter. Maintenant, il avait plutôt intérêt à se dépêcher de la "griffonner", car cette mascarade commençait à l'énerver. Sérieusement.