Titre : Mais puisqu'avec lui rien n'est simple.

Auteure : Callendra

Genre : Romance/Humour

Disclaimer : Encore une fois... merci beaucoup à Sir Arthur Conan Doyle pour avoir créé un personnage aussi génial 8D XD

Avis aux lecteurs/lectrices ^^. Comme dit dans le résumé, cette fic est la suite d'Une simple expérience. Je l'ai commencée il y a... ouh la ! de nombreux mois et je l'ai arrêtée. Je tiens à préciser que je ne l'ai pas terminée et que donc, si jamais elle est toujours en cours d'écriture quand le dernier chapitre fini sera posté, et bien vous devrez attendre u_u et je vous demande de m'en excuser d'avance. Sur ce... j'espère que ce premier chapitre, et que cette fic toute entière ^^, vous plairont ;) Je ne posterai la suite que si je considère avoir eu assez de reviews ^^ (comme ça me donnera aussi le temps d'écrire XD) Bonne lecture =D


Je pousse un nouveau soupir abyssal en me calant un peu plus confortablement dans mon fauteuil, le regard toujours perdu sur la façade de l'immeuble d'en face, mon esprit flottant bien au-delà. Je n'ai nullement besoin de lever la tête vers mon colocataire pour savoir qu'il a levé les yeux vers moi, abandonnant de ce fait quelques instants son travail d'écriture pour me scruter avec une légère insistance. Comment je le sais ? Eh bien n'étant ni malvoyant ni sous l'emprise d'une drogue, il m'est inutile de concentrer mes pupilles sur son visage pour discerner son expression. Il me regarde un moment avant de baisser le menton et de se remettre à gratter le papier. Je le fixe à mon tour de mes yeux vifs puis les détourne à nouveau. Je contemple le plafond quelques secondes avant de les fermer.

La noyade d'Oliver Andrew, aristocrate britannique qui a fait l'objet d'un article du Times répertorié dans mon index… J'étends le bras droit et saisis à l'aveugle mon Stradivarius et mon archet… un mystère insondable à première vue… Une suite de notes légèrement saccadée s'échappe de la caisse de résonance en une douce mélodie… dont les composantes se sont en fin de compte révélées être d'une simplicité navrante. Comment un riche propriétaire terrien de Boscombe Valley peut-il, par un malheureux concours de circonstances, être retrouvé sans vie dans les eaux de la Tamise ? Il ne peut décemment pas. La thèse du suicide ? Prise en compte par Lestrade et Gregson, bien vite écartée par mes soins, évidemment. Un assassinat ?... Mes phalanges impriment un air plus rapide… Assurément. Mais pour quelles obscures raisons ?

Fils ainé de Sherrinford Andrew, quinquagénaire descendant d'une lignée de gentlemen-farmers depuis deux siècles, Oliver se considérait plus que prêt à prendre les rênes de la propriété, comme nous l'auront expliqué son frère et son oncle, une fois l'enquête résolue.

Un petit séjour dans le domaine familial, deux ou trois observations adroites suivies de déductions logiques – notamment après la découverte d'un cabinet secret derrière un pan de mur de sa chambre contenant le plus moderne attirail du parfait chimiste, à m'en faire presque rougir d'envie – m'ont permis d'établir mes premières conclusions… Mes doigts glissent sur les cordes dans un long crescendo harmonique

Un alcaloïde, poison fulgurant et quasi indécelable quand il est toxique, retrouvé dans un tube à essai, ses constituants soigneusement rangés et étiquetés sur une étagère. Il préparait un meurtre… La cadence s'accélère… Qui avait-il intérêt à tuer ? Son épouse ? Par jalousie ? Non. Elle n'avait pas d'amant. Par convoitise ? Non. Sa maigre fortune provenant de ses heures de dactylographie. Son fils ? Non. Agé de seulement dix ans, il serait son successeur puisque son frère avait eu une fille.

Une réflexion des plus banales m'a mené jusqu'à la seule victime possible : le père, qui refusait, par manque de confiance et par cupidité, de lui léguer ses terres avant sa mort. Cet affront s'ajoutant à leur relation déjà très conflictuelle, Oliver ne l'a pas supporté… C'était la simplicité même… Le morceau commence à s'endiabler… Comment l'assassin se retrouve-t-il être la victime ? Note à moi-même : ne jamais laisser traîner mes expériences et mes documents sur mon plan de travail et surtout, ne jamais négliger la fermeture de la porte de mon territoire.

Oliver Andrew était négligent. C'est ainsi qu'il a eu la très mauvaise surprise de retrouver quelques unes de ses lettres maculées de taches d'encre, signe qu'une personne autre que lui les avait lues et donc était entré dans son bureau. Dès lors, m'a confié une des domestiques, sa méfiance envers les autres membres de la maisonnée s'est considérablement accrue.

Oliver était négligent, certes, mais prévoyant. Ainsi, pour se protéger de potentielles indiscrétions, il avait mis au point une encre qui ne sèche pas, précipitant dans ce piège les imprudents qui poseraient le doigt sur une des lignes… Tout le mystère entourant sa mort restait à être élucider… Théoriser sans les faits est une grossière erreur. Il était donc nécessaire de pousser mon inspection plus avant pour vérifier mes suppositions, déjà plus que vraisemblables… Le morceau se radoucit

Dans les poches intérieures du gilet d'Oliver avait été trouvée, épargnée par le fleuve, une carte de membre du Bar of Gold, une fumerie d'opium située à l'extrême est de la City, dans Upper Swandam Lane. Ne pouvant me montrer depuis que le tenancier a juré de se venger de moi, je m'y suis rendu sous les traits d'un vieux conducteur de fiacre. Arrivés dans la rue que nous cherchions – tapie derrière les hauts quais qui longent la rive nord du fleuve à l'est de London Bridge – j'ai commencé par arpenter la rue, concentrant mon attention sur les plus petits détails que je pouvais déceler… La gamme monte d'une octave…

Les informations dont j'avais besoin se trouvaient sous mes yeux : les traces de roue caractéristiques de la voiture privée des Andrew étaient clairement reconnaissables sur la terre humide. J'ai pris un soin méticuleux à examiner les empreintes de pas – les unes appartenant à un homme grand et robuste et les autres à un homme petit et laissées par des bottes sur mesure – qui partaient de l'endroit où avait stationnée la voiture et qui suivaient le fleuve jusqu'à s'arrêter au bord de la Tamise, là où ils s'étaient débarrassé du corps, puisque les traces revenaient ensuite vers le fiacre. Les deux assassins avaient sans le moindre doute suivi Oliver jusqu'au bouge et lui avaient réglé définitivement son compte à l'abri de tous les regards. Pour vérifier cette théorie, il nous fallait inspecter les lieux… Les accords se fluidifient…

Je me suis donc enquis auprès du Lascar si un homme correspondant à la description d'Oliver Andrew avait fait partie de la clientèle deux jours plus tôt et s'il avait vu deux hommes en sa compagnie. Il a confirmé mes deux hypothèses ainsi que ma déduction concernant leurs physionomies. Je venais de découvrir une nouvelle partie du puzzle.

Le gérant m'ayant indiqué le coin où il s'était installé ce soir-là, je suis allé l'examiner à la lueur d'une lampe à huile. Les petites taches brunâtres qui couvraient sa couchette n'ont pas échappé à ma puissante lentille convexe. Je n'ai eu aucun mal à prouver qu'elles étaient du sang, grâce au réactif du test « Sherlock Holmes », réactif que j'avais pris soin d'emporter, le cadavre d'Oliver Andrew comportant des blessures au visage.

De là, il m'a suffit de rencontrer les deux hommes pour y mettre des noms, en plus de celui que je connaissais déjà. Lorsque je les ai interrogés, j'ai immédiatement constaté que leur aspect, ainsi que leurs semelles, corroboraient mes conclusions. Les entailles aux jointures de leurs mains, signes évident de coups, n'ont fait que renforcer mes convictions. N'étant pas en mesure de fournir d'explications valables, l'oncle sur un ton agressif, le frère d'une voix hésitante malgré la ressemblance de leur déposition, j'ai formé un épilogue à cette affaire.

Pensant justement être découverts, les deux hommes ont décidé de prendre la fuite, de se mettre au vert pendant un moment. Tout ce qu'il m'a resté à faire était d'indiquer à Gregson et Lestrade où je savais qu'ils se rendraient : dans une taverne de Cirencester dont les coordonnées avaient été fort bêtement inscrites sur une note, puis brûlée par la suite. Ils ne s'attendaient vraisemblablement pas à être découverts et encore moins à avoir affaire à un chimiste de premier ordre. Une petite manipulation des plus élémentaires l'aura à nouveau rendue lisible. Ils auraient mieux fait de l'emporter avec eux… mais si on soumettait mes facultés à des crimes parfaits, je serais bon pour me trouver un nouveau gagne-pain… Un brin de gaieté s'immisce dans la mélodie depuis la pulpe de mes doigts

J'ai été ravi de pouvoir rire au nez des deux inspecteurs, plus qu'amusé par leur déconfiture. Après tout, une fois de plus, je leur ai prouvé, par une argumentation des plus justes, combien leur théorie était ridicule. Comment le banquier, aidé par un quelconque complice, aurait-il pu le jeter dans la Tamise, puisque je sais de source sûre qu'il se trouvait à Londres pour affaires depuis une semaine ? La meilleure bonne volonté du monde n'est pas suffisante pour résoudre une enquête. Mais rendons-leur justice : ils ont du potentiel. Potentiel qui se trouve malheureusement biaisé par leur rivalité.

Cette affaire aura été, au bout du compte, un jeu d'enfant à dénouer, un nouveau champ de manœuvre pour l'exercice de mes capacités. Je dois tout de même reconnaître que certains points auront été d'un certain intérêt, comme l'ironie qui entoure l'arme du crime : le poison même qui aurait dû servir à tuer Sherrinford Andrew.

Les deux assassins n'ayant pas daigné coopérer durant mon investigation, ils ne bénéficieront pas de mon aide lors du procès. Comme on le dit en français, pour eux, advienne que pourraJe cesse soudainement de gratter les cordes, sur une note aigüe...

Maintenant que cette histoire est terminée, et comme à chaque fois, je suis victime du contrecoup de la vague d'énergie qui m'a transporté. Je me retrouve donc ainsi, à maugréer intérieurement sur la vacuité de ces journées d'oisiveté à venir, affalé dans ce fauteuil, à gratter mon Stradivarius sans délicatesse en face de mon ami qui retranscrit les faits survenus il y a quelques jours.

Trois jours m'auront été nécessaires pour faire la lumière sur ce que j'ai qualifié de « Small murders in family ». Appellation qu'a d'ailleurs reprise Watson pour intituler son récit… Mes doigts se remettent à bouger sur les cordes, sans que je m'en aperçoive véritablement, et y imprègnent un air joyeux… Je réprouve sa légère tendance au romanesque, à développer des détails insignifiants de nos intrigues. La sentimentalité n'a nullement sa place dans une étude scientifique. Je peux cependant affirmer, après avoir lu tous ses écrits, qu'ils sont tout de même d'une qualité appréciable… Je prends mon archet et le laisse glisser à la place de ma main, avec la même gaieté manifeste


Voilà voilà ^^ en espérant que ça vous a plu ^^