Bonjour, ceci est un projet que j'avais en tête depuis quelques temps. Cette histoire possède de nombreuses références mythologique, mais je vais m'efforcer de les rendre les plus compréhensibles possibles. Cette histoire de Surnaturel se déroule juste après l'épisode 19 de la saison 5, «Hammer of the Gods». Même si j'y met mon grain de sel, le récit suit la trame originelle de la série.

Il s'agit de ma première fic sérieuse, et même si j'ai un beta reader formidable (merci Sorcikator), soyez compréhensible. :3

Les gens naissent, vivent plus au moins longtemps et finalement, meurent. Et c'est là qu'ils interviennent ; les faucheurs, ces êtres éthérés récupérant les âmes perdues et les guidant vers leurs destinations finales.

Ceux qui se matérialisent près de ce qui reste de l'hôtel l'Élysée ne se déplacent pas pour rien, que du gros gibier. En apparence, rien ne les différencie des autres ; pâles figures aux formes vaguement humanoïdes, peut-être un peu plus foncés et plus robustes que leurs collègues. Mais le plus important détail, ils ne sont jamais seuls et se déplacent toujours par groupe de deux. C'est qu'avec ce type d'âme, on ne sait jamais…les immortels se pensent toujours au-dessus des lois.

Être des messagers de la Mort ne fait pas de vous un être apprécié –c'est un sale boulot, mais il faut bien que quelqu'un le fasse-. On peut bien diaboliser les faucheurs tant qu'on veut, leur donner le nom que l'on veut, ils appartiennent aux lois les plus élémentaires de l'univers. Réalité que bien peu semblent saisir. Tout le monde veut aller au ciel, mais personne ne veut mourir.

Cette fois, ils sont bien gâtés, sa collège et lui. S'il est vrai que depuis le début de l'apocalypse, ces âmes spécifiques tombent comme des mouches, l'une d'elles se démarque par sa beauté. Jamais le faucheur n'en a vu d'aussi brillantes. Avec un sentiment presqu'enfantin, il est heureux de l'avoir saisi avant sa collège et de pouvoir la transporter. Ce genre d'âme n'arrive pas tous les jours.

C'est alors qu'il les entend. Des pleurs, suffisamment fort pour capter son attention, à sa grande surprise. Durant sa longue existence, les pleurs ont été trop courants pour qu'il s'en émoie à chaque fois. Il se retourne donc et voit une petite fille, qui ne doit pas avoir plus de dix ans. Elle est pâle et porte de longs cheveux noirs où quelques mèches blanches apparaissent ici et là. Elle ne porte qu'un pyjama rose avec l'une de ces mascottes d'animaux difformes que les humains trouvent fascinant, Hello Kitty ou quelque chose comme ça. Recroquevillée sur elle-même, la petite appelle dans le vide.

-Papa! Papa, viens! J'ai peur! Où es-tu papa ?

Soudain, l'enfant lève la tête vers les deux faucheurs et les regarde de ses grands yeux humides.

-Monsieur, madame, je suis perdue ! S'il vous plaît, il faut que je retrouve mon père !

À ces mots, les deux faucheurs s'immobilisent, sous le choc de la surprise. Elle peut les voir, ce qui n'est pas normal ; en principe, seuls les morts, les agonisants et certains médiums peuvent les voir. Après tout, ce n'est pas à la portée de tout le monde de voir deux agents de la Mort !

Les faucheurs se regardent mutuellement, puis leur regard revient vers l'enfant. Mieux ne vaut pas l'effrayer. Puisqu'ils ont, aux yeux des humains, l'apparence d'un couple à l'allure banal, il n'y a aucune raison de révéler à cette gamine ce qu'elle n'a pas encore besoin de savoir, même si ce n'est le lieu peu anodin pour une rencontre

-Tu nous vois ? Demande l'homme.

-Bien sûr, pourquoi ne pourrais-je vous voir ? Réponds la fillette comme si c'était une évidence même.

Elle s'approche tranquillement de lui et lui prend la main, le regardant droit dans les yeux. L'étrange fillette a les yeux hétérochromies un vert aux reflets dorés et un bleu tirant sur le gris.

-Il faut que je retrouve mon papa et je sais qu'il est ici. S'il vous plaît, aidez-moi.

Maintenant qu'il peut voir la fillette de proche, le faucheur remarque sa peau blafarde, presque…maladive. Bien sûr, il aurait dû deviner tout de suite. C'est probablement une médium mourante, et ses mèches blanches sont probablement un symptôme d'une maladie mortelle. Son père est sans doute déjà mort, et le désespoir fait errer cette pauvre enfant.

-Tu dois avancer vers la lumière, explique le faucheur avec une froide compassion. Avec un peu de chance, tu y retrouveras ton père.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les faucheurs ne sont pas cruels. C'est même tout le contraire leur rôle est de montrer aux morts que le dernier voyage n'est pas une souffrance en soi. Les humains sont des créatures craintives, et il faut parfois beaucoup de douceur ou de délicatesse pour les raisonner.

-Non, pas aujourd'hui, rétorque-t-elle d'une voix brusquement plus hostile. Tu as son âme, donne là moi.

Ce changement de ton inattendu fait reculer malgré lui le faucheur. La petite fille ne pleure plus et l'observe avec un regard perçant, insistant, autoritaire. Le voile de douceur enfantine s'est déchiré, pour ne laisser qu'un masque dur.

-Ça ne marche pas comme ça, tente d'expliquer le faucheur. Tu peux nous suivre maintenant et rejoindre ton père, ou rester là et ne plus le revoir.

Ils n'ont pas de temps à perdre à répondre aux caprices d'une gamine mal élevée. Les morts n'attendent pas. Si elle ne veut pas mourir, alors elle n'a qu'à devenir un spectre.

-Viens, on assez trainer ! Lui lance sa collègue, beaucoup moins patiente que lui. Laisse cette petite peste faire qu'elle veut et allons-y.

Mais l'enfant ne lâche pas prise et dans son regard, là où brillaient quelques instants auparavant des larmes, est maintenant froid comme l'acier.

-Mon père, crache-t-elle. Tout de suite. Sinon, tu vas le regretter…faucheur.

Cette fois c'est la voix de quelqu'un qui a l'habitude qu'on obéir à ses ordres.

Un souvenir s'impose leurs esprits. Ces cheveux, ces yeux et cette force qu'on sent à travers sa peau. C'est l'une des leurs, ceux qui pouvaient les tenir en laisse autrefois. Mais le temps n'a pas été tendre avec eux, et ils ont finis perdre leurs privilèges. Mais la petite diablesse semble faire exception malgré qu'elle ne soit plus au goût du jour depuis longtemps. Elle a beau avoir déserté son poste et ne plus recevoir que les restes, ces pouvoirs sont restés immenses.

Sa collègue pose son regard sur elle et puis sur lui. La panique se lit sur son visage. Elle fait des gestes désespérés pour se téléporter ailleurs, mais rien ne se passe.

L'enfant lui geste un regard d'ennuis et claque des doigts. Un feu nait dans le ventre du pauvre faucheur qui a repris sa véritable forme et l'être se consume sous les yeux horrifiés de son collègue. Les âmes qu'elle transportait se sauvent et vont se poser près de l'enfant. Puis, la fillette tourne son attention vers lui de nouveau. Quand elle lui parle, il n'y a plus de petite fille terrorisée, mais seulement une terrible reine parfaitement consciente de ses capacités.

-Bon, soyons clairs. Je sais que vous devez faire votre travail, surtout depuis que le patron s'est réveillé. Mais là, maintenant, c'est moi que tu devrais craindre. Je suis celle qui mange le désir, poignarde la famine, dort dans le lit des mourants, s'habille de leurs malheurs et s'assoit sur les gloires passées. Alors, sois un bon petit faucheur et donne-moi l'âme de mon père !

Plus aucun doute sur sa vraie nature, maintenant. Quelque chose de sombre qui fut adoré et craint il y a longtemps. Celle qui faisait trembler tout un peuple et lui faisait demander grâce pour ses êtres chers. Elle et ses terribles frères qui impressionnaient même leurs semblables. Celle qui fut arrachée aux entrailles brûlantes de sa mère, marquée du sceau de leurs maitres et renaquit comme terrible princesse au point que son nom devint symbole d'obscurité.

-Non, dit-il en secouant sa tête, s'efforçant de se donner une contenance.

Il tremble de peur, un sentiment presque inconnu de ses semblables, mais il ne la laissera pas faire ça. Il a le devoir d'accomplir sa tâche, quoiqu'il arrive. Jamais il n'a échoué à guider une âme, et il ne va quand même pas…abandonner…Il tente d'utiliser ses pouvoirs contre elle. Celle-ci le lâche et tombe sur son derrière, surprise. Puis elle lui jette un regard qui pourrait tuer et qui l'a peut-être déjà fait pour ce qui l'en sais.

-Méchant ! Ce n'est pas courtois de traiter les dames comme ça.

Il est projeté à ses pieds et elle lui prend le visage à deux mains. Puis, ses yeux se ferment comme si elle faisait un rêve. Pendant un instant, il se demande s'il vaut la peine de supplier. L'ironie ne lui échappe pas.

Quand elle ouvre de nouveau les paupières, a la place de ses yeux, il n'y a plus que des flammes qui gagnent son corps et celui du malheureux faucheur. Ce dernier hurle et brûle rapidement, laissant à son tour derrière lui les âmes qu'il avait collectées. Ses derniers instants ne sont remplis que de douleur et d'interrogation quant à son sort.

Pendant que le faucheur se consume, la fillette ne se soucie pas d'avoir une bonne partie du visage brûlé. Ses côtes sortent en partie de sa petite poitrine et ses os sont visibles à travers ce qui reste de son bras droit et de sa jambe gauche. Lorsque les âmes se rassemblent autour d'elle, elle tend sa main intacte dans leur direction.

-Je suis désolée de vous avoir dérangé, mais il me fallait la récupérer. Vous comprenez, n'est-ce pas ?

Pour la première fois, la fillette semble mal à l'aise. Les âmes se collent à elle comme de petits animaux effrayés. Malgré la cruauté de ses derniers gestes, elle aime chacune de ces âmes et refuse de les laisser errer.

-Je vais vous envoyer là où étiez attendu, il ne faut pas vous inquiéter ! Surtout d'aussi jolies âmes que vous. Allez, prêtes pour le grand voyage ?

Un sourire qui se veut rassurant apparaît sur son visage, mais l'effet est gâché par son visage brûlé à différents degrés. Une à une, les âmes s'envolent jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une seule, la plus brillante remarquée par le faucheur. Étincelant comme un soleil miniature, l'âme va docilement se poser dans la paume offerte. Une nouvelle couche de peau a commencé à se former sur son corps, qui il guérit lentement mais sûrement de ses plaies. Ce n'est pourtant pas ce qui intéresse le petit monstre, qui est habitué.

-Papa, souffle la petite au comble du bonheur.

Elle se saisit de l'âme et l'avale sans plus de manière.