Hello! Voici le spin-off de ma fanfiction Obstination (Seth-OC), comme promis. Je pense que cette histoire peut se lire sans avoir lu la fanfic dont elle dépend. Elle fera 3 chapitres.

Bonne lecture!

Résumé : Parce qu'Adrian était le plus insupportable de tous les humains auxquels il avait eu à faire… Pourtant, Victor ne pouvait s'empêcher d'être attiré par celui qui illuminait son immortalité aussi sûrement que le soleil. Alors, quand il le crut mort, il ne put que se laisser aller à la folie, car foi de Victor Whitelaw, ces loups dégénérés allaient le payer !

Aliénation


Chapitre 1

Aujourd'hui, Adrian avait décidé de ne pas faire attention aux regards des autres. Oh, bien sûr, il sentait le poids des yeux étrangers qui le dévisageaient et restaient fixés sur une certaine partie de son visage. Tout le long du trajet qui l'emmenait à son stage d'été, on ne l'avait pas épargné. Et arrivé au travail, ça n'avait pas été pour s'arranger…

– Sérieux, il t'est arrivé quoi ? demanda pour la troisième fois un des autres stagiaires avec qui il s'entendait plutôt bien.

Il venait de passer dans la salle de repos pour prendre un café, mais celle-ci était bien remplie et Adrian n'avait pas échappé à une inspection en règle. Ce n'est pas qu'il s'inquiétait de l'opinion des autres, mais il ne voulait pas qu'on se fasse de fausses idées.

– Bah, tu vois, commença Adrian en prenant son air jovial habituel et son éternel sourire qui lui collait aux lèvres, un putain de vampire a essayé de me vider de mon sang hier, alors que je rentrais tranquille chez moi. Heureusement que ma coloc' m'a sauvé la mise, mais bon, je me suis pris un mur dans la tronche en passant.

Le jeune homme haussa les épaules et passa une main détendue dans ses cheveux noirs, révélant un peu plus l'énorme hématome sur sa pommette droite. Ses collègues ne tardèrent pas à rire puis à le charrier.

– Bon, le seul truc vrai, c'est que tu t'es pris un mur, c'est ça ? lança Ryan en secouant la tête. C'est pas croyable comme t'es maladroit !

Ça ne faisait que trois semaines qu'Adrian avait commencé son stage dans l'un des vingt-cinq commissariats de police que comptait la ville de Chicago, mais sa réputation de maladroit avait déjà fait le tour de son service…

Bientôt, les autres le laissèrent et le jeune homme partit se faire un café. Le silence fit place à la précédente agitation, ce qui l'apaisa légèrement. Après ce qu'il avait vécu le soir précédent, il n'aspirait qu'à un repos bien mérité. Pourtant, un froissement de tissu se fit soudainement entendre, et Adrian jeta un œil par-dessus son épaule.

L'un des inspecteurs de son service l'observait attentivement, les bras croisés sur sa poitrine large. Il devait le dépasser d'au moins une tête et ses cheveux blonds captaient la lumière dans des tons dorés. Adrian ne lui avait jamais adressé la parole, il connaissait seulement son nom : Victor Whitelaw. Il n'était pas possible de lui donner un âge même s'il devait osciller autour de la trentaine. Toujours froid, toujours distant, les autres ne l'appréciaient pas vraiment. Finalement, il se détacha du mur sur lequel il prenait appui et s'approcha d'Adrian d'un pas lent et mesuré.

– Le truc lorsqu'on raconte des faits qui semblent improbables, c'est que les gens ne les prennent pas au sérieux.

Sa voix était douce, mais son timbre grave la rendait terriblement sensuelle. Pourtant, Adrian le regarda s'approcher et les poils de ses bras se hérissèrent. Il se trompait rarement dans ses intuitions et là, la peur le gagnait. Son cœur s'accéléra soudainement et l'autre lui adressa un sourire amusé en s'arrêtant à peine à deux mètres de lui.

Ils s'observèrent en silence pendant un instant, puis Adrian finit par tendre lentement le bras vers lui. Il toucha du bout des doigts la main de l'inspecteur et la froideur de sa peau lui confirma ce qu'il soupçonnait. Enfin, au moins, il ne pouvait rien lui arriver pour le moment. Certes, ils étaient seuls, mais les bureaux n'étaient qu'à quelques mètres.

– Vous allez me tuer ? demanda simplement Adrian en se reculant prudemment d'un pas.

À sa plus grande surprise, Victor se contenta de rire légèrement et de secouer la tête.

– Tous les vampires ne tuent pas les honnêtes gens, gamin.

– Donc, vous tuez des criminels ? répliqua Adrian en écarquillant les yeux. C'est pour ça que vous travaillez ici ?

– C'est l'une des raisons, en effet, lui répondit l'autre d'une voix calme. Ta colocataire laisse sur toi une odeur bien particulière. J'imagine que ce n'est pas la première fois que tu te fais attaquer par un vampire.

Adrian haussa les épaules et soupira légèrement.

– Elle ne me laisse pas me promener seul la nuit, d'habitude, mais là, j'avais une course à faire et ça m'emmerde qu'elle me colle dès que je suis dehors le soir.

– Et elle ne t'a jamais attaqué elle-même ? demanda Victor en haussant un sourcil intrigué.

– Pourquoi elle ferait ça ? s'indigna le jeune homme en lui adressant un regard furibond. Élisabeth se nourrit avec des poches de sang uniquement. Merde, elle est chirurgienne cardiaque, elle sait se contrôler !

– Un vampire médecin ! s'étonna Victor. J'ai un vieil ami qui a également suivis cette voie. Ce n'est pas la plus simple… Pourrais-je rencontrer ton amie ? Il y a peu de vampires civilisés à Chicago, la plupart de mes semblables laissent un carnage derrière eux et la tâche me revient de masquer leurs traces.

Adrian resta songeur un moment, soupesant le pour et le contre. Finalement, son instinct le poussait à accepter et il hocha la tête.

– Elle est là ce soir. Je pars d'ici à dix-sept heures trente.

– Je t'attendrais à l'entrée du bâtiment, déclara l'inspecteur de police avant de faire brusquement volte-face.

Alors, Adrian se retrouva seul avec son café et il se demanda un instant s'il avait fait le bon choix.

x

Le soir, Victor l'attendait de pied ferme au pied des marches du bâtiment. Adrian réalisa à cet instant que sa très chère colocataire allait le tuer. Bien entendu, il n'avait pas pris la peine de la prévenir : elle était tellement paranoïaque avec les autres vampires qu'elle serait accourue ici pour le chercher avant de l'enfermer à double tour dans l'appartement pour ne plus qu'il n'en ressorte jamais. Le jeune homme savait très bien qu'elle faisait un transfert sur lui. Elle avait perdu son fils lorsqu'elle était encore humaine et son instinct maternel avait trouvé une nouvelle cible en la personne d'Adrian.

Pas que ça le dérangeait. Il était orphelin depuis ses douze ans et passer de famille d'accueil en famille d'accueil n'avait pas arrangé ses affaires. Élisabeth était la seule depuis la mort de ses parents à avoir accepté Adrian comme il était. Lui, ses bizarreries, son caractère plus qu'exalté, sa maladresse, sa manière de parler trop fort lorsqu'il était excité. Très souvent, il finissait par exaspérer les gens. Il avait quelque chose qui épuisait rapidement ceux qu'il côtoyait.

Le trajet jusqu'à l'appartement se fit en silence. Victor n'était pas quelqu'un de bavard et Adrian était trop occupé à imaginer l'accueil qu'il recevrait en rentrant. Élisabeth allait l'enfermer à vie ! Jamais plus il ne pourrait sortir sans être accompagné par quelqu'un. Elle était toujours tellement excessive quand il s'agissait de la sécurité d'Adrian. À croire qu'il allait être agressé à tous les coins de rue ! Enfin, le soir précédent avait effectivement confirmé les craintes de son amie…

Ainsi, planté devant sa porte d'entrée, Adrian hésita. Il sentait la présence silencieuse du vampire derrière lui, mais cela ne l'effrayait pas. Non, ce qui l'effrayait actuellement était sa colocataire à l'intérieur de l'appartement. D'ailleurs, la porte finit par s'ouvrir avec brusquerie et Élisabeth apparut sur le seuil. Ses yeux passèrent de l'un à l'autre et elle haussa un sourcil, surprise.

– Victor ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Adrian écarquilla les yeux de stupéfaction. Ils se connaissaient ?

– Élisabeth, heureux de te revoir. J'ignorais où tu vivais, mais je me disais bien que tu correspondais assez bien à la description que ce jeune homme m'avait faite au poste. Une vampire médecin à Chicago, ça ne court pas les rues.

Élisabeth rit de bon cœur, avant de l'inciter à entrer, laissant Adrian seul devant la porte, à se demander ce qu'il venait de se passer. Pris d'une impulsion, il rentra et claqua la porte derrière lui pour se précipiter dans le salon.

– Attendez une minute, vous vous connaissez ? s'exclama-t-il avant de trébucher sur le tapis.

Pourtant, il n'alla pas très loin que Victor le retenait par le bras pour l'empêcher de tomber. Adrian cligna des yeux, surpris. Il peinait toujours à se faire à la rapidité des vampires, même si sa colocataire avait pour habitude d'être assez prévoyante pour lui éviter les chutes et les accidents. Il était maladroit, tout simplement.

– Nous nous sommes rencontrés à l'hôpital, pendant une de mes enquêtes, lui répondit Victor en allant s'asseoir dans l'un des fauteuils du salon.

– Nous n'avons pas eu le temps d'échanger plus que quelques mots, ajouta Élisabeth en revenant de la cuisine avec deux verres de liquide écarlate. Mais c'est toujours plaisant de s'entretenir avec des vampires évolués.

– Merde, et moi qui avais peur que tu me hurles dessus pour l'avoir ramené, bougonna Adrian en jetant ses chaussures et sa veste dans un coin.

– Adrian, soupira sa colocataire, exaspérée.

– Quoi ? Ça va te prendre une demi-seconde pour ranger alors qu'à moi, ça me prendrait au moins deux minutes.

Puis il s'affala dans un fauteuil et attrapa la bouteille d'eau qui traînait sur la table basse pour en avaler une longue gorgée. Pendant ce temps, Élisabeth venait de ranger les affaires du jeune homme et de lui apporter ce qu'elle avait cuisiné pour lui, un hamburger.

– J'adore quand tu es en repos ! s'exclama Adrian tout en attrapant son sandwich pour y mordre à pleines dents.

Il grommela encore quelque chose qui fut étouffé par sa mastication.

– Adrian, on ne parle pas la bouche pleine.

– Je disais : « Putain, c'est trop bon ! »

Elle lui adressa un sourire, mais leva tout de même les yeux au ciel, car il avait tendance à jurer trop souvent. Adrian n'écouta qu'à moitié la conversation. Entendre deux vampires parler de leur époque et du temps qui passait avait quelque chose de vraiment déprimant. Victor resta quelques heures chez eux et Adrian profita des vertus particulièrement relaxantes de la voix de l'inspecteur pour s'endormir dans le salon, recroquevillé dans son fauteuil.

Ce ne fut pas la seule fois où Victor s'invita chez eux. Et, plus le temps s'écoulait, plus il devenait le troisième membre de leur petit groupe improvisé. Au moins, lui, il ne regardait jamais Adrian de travers lorsqu'il disait quelque chose, même si c'était particulièrement stupide. Victor gardait toujours cet air imperturbable et le grand dada d'Adrian était d'essayer de lui faire perdre son sang-froid. Inutile de dire que, jusqu'à maintenant, ça n'avait jamais marché.

Puis vint le jour où Adrian partit pour son voyage en solitaire : trois mois à sillonner l'Amérique du Nord de long en large et en travers. Il voulait le faire en stop ! Et Élisabeth piqua une crise le jour où elle l'apprit. Pourtant, pour une fois, Adrian l'ignora. Il avait toujours rêvé de partir à l'aventure, de découvrir des choses extraordinaires. Alors d'accord, côtoyer tous les jours des vampires était, en soi, une expérience peu commune, mais Adrian voulait voir le monde et personne ne l'en empêcherait !

Les deux premiers mois se déroulèrent sans anicroche. Il téléphonait trois fois par semaine à Élisabeth et le week-end à Victor. Tout se passait superbement bien jusqu'à son séjour à Berkeley. La veille, il avait dit vouloir repartir vers le nord, le long de la côte est, puis le lendemain, il disparaissait, tout simplement. Élisabeth devint folle et Victor lança des avis de recherche dans tout le secteur aux alentours de Berkeley, et même plus loin encore. Mais jamais ils ne le retrouvèrent.

Victor finir par se résoudre à utiliser son pouvoir, redoutant ce qu'il y découvrirait. Et à raison. Car voir de ses propres yeux des loups immenses se précipiter sur Adrian pour le tuer, voir l'obscurité s'étendre à travers les sens de celui qu'il avait appris à apprécier, tout cela, tout cela était beaucoup trop pour Victor. Alors, tandis que la colère et la tristesse se mêlaient au désespoir, l'inspecteur se fit une promesse. Peu importe le temps que ça lui prendrait, l'argent qu'il lui faudrait dépenser, les efforts qu'il devrait fournir. Peu importe tout cela. Il vengerait Adrian, coûte que coûte.


Alors, on apprend enfin qui est Adrian et un peu plus sur Victor ^^ Qu'en avez-vous pensé?