Bonsoir :D *super contente d'être de retour*

Je reviens avec une histoire un peu plus longue, avec une atmosphère très différente de celle de ma première fic' (mais rassurez-vous, pour ceux qui voudraient me voir renouveler l'expérience, j'ai une autre fic' dans le genre de la première en cours d'écriture :) ).

Sur papier, je suis presque au bout... Je sais que ce premier chapitre est assez court, mais il fallait bien mettre l'histoire en place d'une manière ou d'une autre, et j'ai coupé mon texte là où ça me semblait adéquat :)

Bonne lecture! :)

Ah oui, j'ai oublié de dire que je ne détiens aucun droit sur la série Sherlock ni sur les personnages qu'elle met en scène :)


Londres.

Les ruelles sombres et froides ruisselaient des filets d'eau créés par la pluie battante, et la valse des parapluies devenait une danse plus sombre, extatique, saccadée.

Ce soir-là, Londres était couverte d'un manteau de peur. Depuis plusieurs jours déjà rôdait dans les rues de la ville un homme qui se faisait appeler L'Implacable, se désignant lui-même comme celui qui ferait perdurer le rôle des Moires grecques, des Parques latines. Il avait dû, pour cela, s'associer avec deux autres personnes, Le Fileur, qui dévidait pour lui le fil de la vie, et Le Réparateur, qui mesurait le fil et le tenait à l'endroit où il devait être coupé.

Plusieurs jours de morts lentes et douloureuses dans les ruelles les plus sordides de Londres avant que l'inspecteur Lestrade finisse par faire appel au célèbre détective du 221B Baker Street. Il fut, naturellement, très mal reçu : Sherlock Holmes n'appréciait pas que plusieurs cadavres aient eu le temps de refroidir sans être passés au fil de son bistouri. Mais l'irritation se transforma rapidement en allégresse.

"Alors, quelle a été son erreur, cette fois?", susurra malicieusement le détective.

Sur le canapé, Lestrade sursauta légèrement. Appuyé contre le chambranle de la porte de la cuisine, John Watson observait la scène d'un œil amusé : Greg devrait être immunisé contre les déductions de Sherlock, depuis le temps.

L'inspecteur se racla la gorge.

"Il a laissé une carte, cette fois-ci", finit-il par dire.

Il sortit de sa poche un sac plastique contenant un morceau de papier de la taille d'une carte de visite. Sherlock, les yeux brillants, s'empara de la pochette transparente pour analyser la carte, mais, très vite, son visage se transforma en un magma d'émotions, passant de la surprise à l'indécision.

"John?", appela-t-il.

Dans la seconde, l'ancien soldat fut debout aux côtés de son colocataire, les yeux fixés sur le petit rectangle entre ses mains.

Au centre de la carte se dessinait un œil, rond, grand ouvert, qui avait l'air de vous regarder jusqu'au fond de l'âme. L'œil lui-même était au centre d'un triangle équilatéral dont chaque sommet était entouré d'un cercle plus petit. Auprès de chacun d'entre eux se tenait un symbole : une quenouille au sommet, une pelote de laine sur la droite, une paire de ciseaux sur la gauche. Les formes semblaient avoir été tracées à la plume, à la main, à l'encre noire. Au dos de la carte, la même main, sans doute, avait calligraphié quelques mots, d'une écriture délicate et légèrement italique :

"Avec les compliments du Destin"

Remis de sa surprise initiale, Sherlock laissa la carte à John et se mit à faire les cent pas en bombardant Lestrade de questions.

"Empreintes?"

"Aucune. Ni sur la carte, ni sur aucun des corps."

"Cheveux, ongles, salive, liquides séminaux?"

"Rien, aucune trace d'aucune sorte, aucun ADN, si ce n'est celui des victimes."

"Lien entre les victimes?"

"Rien de concret pour le moment, mais toutes sont originaires de Londres."

"Mode opératoire?"

"Toutes les victimes avaient annoncé à leurs proches qu'elles partaient pour un ou deux jours. À chaque fois, la personne a pris un taxi jusque King's Cross, est entrée dans la gare, et a été retrouvée morte sur le pas de sa porte deux jours plus tard, sans qu'on sache ce qu'il s'est passé entretemps."

"Sur le pas de sa porte?"

"Tous les corps ont été retrouvés sur leur palier, oui. Le dos appuyé contre la porte, la tête penchée sur la poitrine, les jambes tendues, les mains sur les cuisses. Pieds et poings liés. Les analyses ont démontré que la mort avait été causée par l'ingestion d'une grande quantité de belladone."

"John?", appela à nouveau le détective.

"Sherlock, tu en sais autant, sinon plus que moi sur les poisons et leurs effets", s'étonna le docteur.

"J'ai besoin de te l'entendre dire, j'ai besoin de toi pour alimenter ma réflexion."

Sherlock faisait toujours les cent pas dans le petit espace qui allait du canapé à la cheminée. John prit une grande inspiration.

"La belladone", commença-t-il, "est une plante hautement toxique. Elle sert en ophtalmologie à provoquer la dilatation des pupilles, et l'atropine qu'elle contient est utilisée en médecine pour l'inhibition du système nerveux parasympathique. L'ingestion d'une grande quantité des baies de cette plante provoque la paralysie des voies respiratoires."

"Mort par asphyxie, c'est exact", confirma Lestrade.

Sherlock avait arrêté de faire les cent pas, et, les yeux fermés, parcourait les couloirs de son palais mental, fouillant pièce par pièce, à la recherche des liens, de pistes. Au bout de longues minutes de silence, il ouvrit brusquement les yeux et se dirigea à grandes enjambées vers la bibliothèque de sa chambre.

Lestrade jeta à John un regard interrogateur, mais celui-ci se contenta de hausser les épaules avant de se diriger vers la cuisine pour préparer du thé.

"J'ai trouvé!"

Le cri de victoire du détective fit sursauter John, qui manqua de laisser tomber le plateau sur lequel se dressaient les trois tasses de liquide brulant. Sherlock revint dans la pièce avec un énorme ouvrage à la reliure de cuir. Le titre, Dictionnaire des Mythologies, se détachait en lettres d'or sur la couverture.

"Qu'as-tu trouvé, Sherlock?", demanda John.

Il déposa sur la table basse le thé fumant, avant d'en tendre une tasse à Lestrade.

"Les Parques latines, dont se réclame notre trio, étaient au départ une seule et même unité incarnant le destin et née de Nyx, la Nuit. Après la rencontre des mythologies grecque et romaine, l'entité s'est divisée en trois, sur le modèle des Moires grecques."

"Rien de nouveau", grogna l'inspecteur. "Et on m'a déjà briefé sur les fariboles des Romains, merci."

"Chacune d'entre elles", continua Sherlock, comme si de rien n'était, "a un rôle bien particulier, et des attributs qui lui sont propres. Nona (Clotho, chez les Grecs) tient la quenouille, Decima (Lachésis) est entourée de pelotes et tend à Morta (Atropos) le fil de la vie, que cette dernière coupe."

Dans les méandres des méninges watsoniennes, un déclic se fit entendre.

"Atropos? Tu veux dire que la belladone est liée à une déité grecque?"

Un sourire empli de fierté illumina le visage de Sherlock.

"Tout à fait, John. Tes capacités de déduction ne cessent de me surprendre."

"Une minute!", intervint Lestrade. "Qu'est-ce que ça nous apprend sur l'identité de nos meurtriers?"

"Sur leur identité, rien", répondit Sherlock. "Mais ça nous donne de nombreux indices sur leur profil psychologique."

Le détective se saisit de sa tasse de thé en replongeant dans ses pensées.

De son côté, John Watson se débattait avec le papillon qui voletait dans son estomac depuis le compliment de Sherlock. Étant donné la rareté de la chose au 221B Baker Street, le docteur était au comble à la fois de l'étonnement et du ravissement, maintenant avec difficulté la neutralité de son expression.

Son thé terminé, le détective se mit à examiner la carte.

"Mmm… Ils ont commis une erreur."

"Laquelle?", s'enquit Lestrade, soudain attentif.

"L'œil unique, présent sur la carte, n'est pas un attribut des Parques, mais des Grées, un autre trio antique. Soit c'est une erreur, soit c'est œil à une autre signification, auquel cas c'est un indice."

Sherlock se remit à faire les cent pas, se murmurant à lui-même des éléments de réponse, de faibles non et quelques oui prometteurs. Une fois son brainstorming terminé, le détective, satisfait, se tourna vers Lestrade.

"L'œil", commença-t-il, "est un symbole lié à la connaissance, à la perception intellectuelle. Au temps des Pharaons, en Egypte, on le considérait comme un symbole solaire, une source de vie."

"L'œil-qui-voit-tout…", murmura John.

Pour la seconde fois de la soirée, Sherlock fut ébloui par son colocataire et se retrouva, pour une raison qu'il ignorait, empli de fierté.

"Exact, John. Un symbole maçonnique si je ne m'abuse?"

Sentant une invitation à poursuivre dans la voix de son ami, l'ancien soldat continua :

"Le symbole a deux interprétations possibles : sur le plan physique, il représente le soleil, source de vie et de lumière sur le plan spirituel, il symbolise le Verbe, le Principe Créateur, le Grand Architecte de l'Univers."

"Mais où diable as-tu appris ça, John?", s'exclama Lestrade.

Un sourire illumina le visage de l'ancien soldat.

"En Afghanistan, j'ai eu à soigner toutes sortes de patients, de toutes les confessions. Et un patient alité, ça s'ennuie vite, et ça finit par parler."

"Donc", reprit Lestrade, "nos suspects seraient des Francs Maçons?"

"Ils pourraient l'être en tout cas", répondit Sherlock. "Laissez-moi les dossiers, Lestrade, je vais analyser ça ce soir."

Sentant dans le ton du détective qu'il est temps pour lui de prendre congé, l'inspecteur se leva, adressa à John un léger signe de tête, et s'en alla.

Dehors, il pleuvait toujours sur Londres, et la ville était grise de peur.

Le Destin rôdait.


Oui, oui, la suite est en cours de remise au propre :)

Laissez-moi vos dé- ou encouragements! :)

Et merci de m'avoir lue :)

~Layla