Auteur : psychedelic aya

Traductrice : Hermi-kô


Au matin


Elle ne rate jamais leur train.

Il l'attend tous les matins. Il a toujours trente minutes d'avance, au moins toujours avant les bouchons du matin, toujours avant elle. Quand il arrive, il s'assoit toujours sur le banc, croise ses jambes et soupire.

Elle est en retard.

Mais elle ne rate jamais leur train.

La première fois qu'ils sont arrivés à cet arrangement, il était sûr qu'elle n'allait pas venir. Il était sûr qu'il allait prendre le train tout seul encore une fois, son train, le train qui est deux trains plus tôt que le sien, le train qu'elle rate toujours. Avant ça, il avait toujours pensé à l'attendre, à prendre son train à elle, le train qui est deux trains plus tard que le sien, le train qu'il évite de prendre. Mais il s'est toujours décidé contre ça. Il ne pourrait jamais être aussi possessif : il avait peur que s'il commençait, il ne pourrait plus s'arrêter.

Il soupire.

Il a raté son train désormais, le train qui est deux trains avant elle, le train qu'elle rate toujours. Le train qu'il a l'habitude de prendre. Le prochain train va bientôt arriver, dans neuf minutes. Il se lève, résigné, et marche vers le quai.

Elle n'est pas encore là mais elle ne rate jamais leur train.

Sept minutes ont passés : attendant, il se rappela le premier jour où ils avaient tenté ça. Il y avait beaucoup de doute dans son esprit. Elle n'y arrivera pas, pas même sur ce train qui est juste avant le sien, pas même sur ce train qui est juste après le sien.

Elle n'y arrivera pas.

Mais elle y arrive toujours.

« Taichi ! » S'écrit une jeune fille, et il doit lâcher un soupir : doit-elle être aussi embarrassante dès le matin ? Il ne regarde pas par-dessus son épaule, ne fait pas attention à elle, pas même lorsque le train est là et que la porte s'ouvre.

« J'ai réussi, » alète-t-elle, se glissant à ses côtés.

Il ne peut pas résister de faire une remarque. « Tout juste. »

Elle fait la moue. « Est-ce que tu allais partir ? »

« Oui. »

« Je ne pige pas, pourquoi tu ne peux pas prendre mon train ? Je ne suis jamais en retard pour l'école. Nous pourrions nous lever plus tard et … »

Ses complaintes sont interrompues par le bip qui indique que les portes du train vont se fermer.

Taichi monte le premier. Il se tourne et s'attend à moitié à ce qu'elle ne monte pas, attende son train, oublie leur arrangement et reprenne les choses comme elles étaient …

… mais au milieu de son mouvement il rentre dans Chihaya, à quelques centimètres derrière lui, le suivant.

« Tu m'as tapé le nez, Taichi ! » S'offusque-t-elle.

Le moment est si simple et son visage rouge est si précieux qu'il ne peut pas s'empêcher d'éclater de rire.

« Désolé, » grommèle-t-il en ricanant. Il lui tapote la tête.

Les portes du train se ferment et le matin commence.