Bonjour tout le monde! Petite explication avant d'entrer dans le vif du sujet: ceci est, comme le titre l'indique, un two-shot composé de deux omake. Ces omake se réfèrent à une fic que j'ai postée il y a bien longtemps dans le fandom, pour l'anniversaire de ChibiKitsu. Vous pouvez lire ce premier omake (la préquelle de "Don't go away") sans avoir lu la fic de base, mais ce serait plus difficile pour le second (qui est la séquelle).
Pour la petite histoire, des revieweuses m'avaient demandé un omake sur toutes les premières fois de Kurogané et Fye (premier baiser, premier rapport, etc), ce que j'ai fait avec plaisir... mais avec un gros délai xD (manque d'inspiration, c'est la vie^^")).
Je ne sais pas trop quoi raconter de plus, donc... bonne lecture xD
Ah, avant de commencer, je dois vous prévenir: il y a un lemon à la fin du chapitre. Il est assez long et détaillé (puisque la demande des revieweuses était explicitement le premier rapport sexuel entre Kuro et Fye), mais ce n'est pas pour autant un PWP. Celles qui me connaissent peuvent l'affirmer, je mets toujours un point d'honneur à ce que mes lemons ne soient pas du gros porno mais gardent une grande part de tendresse et de douceur. Donc, même les lectrices les plus pures n'auront pas de problèmes à le lire (du moins je pense^^").
My very first time
(Ma toute première fois)
Kurogané marchait à grands pas dans les couloirs blancs de l'hôpital, les doigts crispés sur son minuscule téléphone portable.
-Je ne vois pas ce que je devrais expliquer : je-ne-veux-plus-te-voir… N'en fais pas non plus un drame, c'est pas comme si on était ensemble depuis des années… Tu ne croyais quand même pas…
Voyant les regards que les infirmières lui jetaient, il baissa la voix pour continuer :
-Tu ne croyais quand même pas que je rêvais d'une « situation stable », comme tu dis, avec un type comme toi ? Oui, c'est ça, je te quitte pour un autre, si tu veux. Fous-moi la paix, j'ai du boulot moi… je sais, on a vécu des trucs bien, je sais, tu peux pas vivre sans moi, ça fait des mois que tu me ressors les mêmes trucs. Mais au final c'est moi qui m'investis et c'est toi qui disparais dans la nature et qui réapparais comme si rien ne s'était passé. J'ai fait des efforts, j'ai cru qu'on pourrait construire quelque chose, et je me suis trompé. Laisse-moi tranquille maintenant, et disparais de ma vie.
Il raccrocha sans laisser l'autre répondre.
Qu'est-ce qu'il lui avait pris de sortir avec un tel cinglé ? Que des ennuis… Il soupira d'exaspération et poussa une porte.
-Ce n'est que moi, s'annonça-t-il en entrant dans la chambre.
Sur le lit, Fye se coiffait, assis en tailleur.
-Bonjour, Kuro-Kuro !
-Kurogané, corrigea le médecin en souriant presque. Comment ça va, ce matin ?
Fye ne répondit pas, posa sa brosse sur la table de nuit.
-Et toi ?
-Pas terrible. Tu as bien pris tes médicaments ?
-Oui.
Fye souriait, assis sur les draps, dans ses vêtements trop grands et trop blancs. Un ange.
-Pourquoi tu dis que ça ne va pas terrible ?
-Problèmes personnels, grommela Kurogané en feuilletant le dossier du blond.
-C'est bizarre, tu me dis de parler comme si ça réglait tout et toi tu ne dis jamais rien.
Kurogané haussa un sourcil.
-D'accord, je te dis ce que j'ai et tu me dis ce que tu as.
Il tendit la paume et Fye lui serra la main, scellant leur pacte.
-J'ai rompu.
Fye voulut demander qui, quand, pourquoi, mais n'osa pas.
-Yui me dit des choses étranges.
Le bic de Kurogané émit un faible « clic » lorsqu'il l'ouvrit pour commencer à écrire.
Le blond prit une grande inspiration.
-D'habitude il me dit comment me comporter, il me calme quand je m'énerve, il me console quand je suis triste. Mais depuis quelques jours il me dit des choses…
-Quel genre ?
Fye ne répondit pas, les joues roses. Il ramena ses genoux sous son menton.
-Il te dit des choses agressives ? insista Kurogané. Il te fait du mal ?
-P-pas vraiment…
-Il te dit de faire de mauvaises choses ? suggéra le psychiatre avec une douceur qu'il adoptait lorsqu'il parlait à ses malades.
-…oui.
-Quel genre de mauvaises choses ?
-J'ai jamais eu personne d'autre que lui, tu vois ? Alors quand il veut me faire croire qu'il pourrait y avoir quelqu'un d'autre…
-En quoi est-ce mauvais ? l'interrompit Kurogané.
Fye entrouvrit les lèvres, surpris. Comment pouvait-il ne pas comprendre quelque chose d'aussi évident ?
-Moi ? Comment quelqu'un pourrait ne pas avoir de problèmes en s'approchant de moi ?
-J'ai pas de problème, moi, dit Kurogané en haussant une épaule.
-« Pas de problème » ? répéta Fye en riant, acide. Ça fait pas deux semaines que tu me connais et ton couple est déjà en miettes. Laisser quelqu'un d'autre que Yui entrer dans ma vie, c'est condamner cette personne. Je porte la poisse.
Kurogané prenait note. Lorsqu'il eut fini, il releva la tête pour regarder le blond droit dans les yeux.
-Il est là, maintenant ?
-Non. Je viens de prendre mes médicaments.
-D'accord. Alors on va parler sérieusement.
Il s'appuya contre le rebord de la fenêtre scellée et croisa négligemment les jambes.
-Tu es amoureux ? demanda-t-il de but en blanc.
-Quoi ? s'écria Fye. Non !
-On réagit tous comme ça, au début. Tu ferais bien d'écouter Yui pour une fois. C'est… c'est important.
Fye avait caché son visage dans ses mains.
-Ça ne t'est jamais arrivé, hein ? dit le médecin en se décollant de la fenêtre.
Le blond secoua la tête sans dire un mot. Non, ça ne lui était jamais arrivé. Et alors ?
-Bon, je crois que c'est assez pour aujourd'hui. Je repasserai à midi. A tout à l'heure.
Il partit. Arrivé à la porte, il se retourna de nouveau vers le lit.
-Et c'est qui ? demanda-t-il, piqué par une curiosité qu'il ne pouvait ni ne voulait s'avouer.
-Aucune importance, dit Fye avec un sourire doux. Ce n'est pas comme s'il pouvait m'aimer ou même me supporter, de toute façon.
Pour une raison qu'il ne comprenait pas, Kurogané ne fut même pas étonné que Fye pût être amoureux d'un homme. Comme si, quelque part, il s'y attendait. Peut-être que les gens qui partagent une même particularité invisible peuvent d'instinct se reconnaître entre eux…
-A tout à l'heure, répéta Kurogané en retournant dans le couloir.
OoOoO
Quelques semaines passèrent. Au fil de leurs entrevues, Kurogané parvint peu à peu à retracer le portrait intérieur de Fye, à comprendre qui il était, d'où il venait, où étaient nées ses souffrances. Jamais il ne s'était autant pris à ce jeu de découverte. Ils ne parlèrent plus des « choses étranges » que Yui disait à Fye. Ils ne parlaient plus d'amour – qu'y aurait-il eu à dire ? Un jour, à midi, alors qu'il marchait vers la chambre du blond en remettant de l'ordre dans son agenda, le sachet contenant son repas coincé sous le bras, il entendit deux infirmières parler de Kobato, une de ses patientes qui avait quitté l'hôpital. Il eut un petit sourire en coin. C'était bien qu'elle s'en aille. Cet hôpital ne valait rien et il le savait. Le directeur n'avait comme doctrine que le gavage de médicaments. Heureusement, Ashura serait bientôt de retour de congé maladie et Kurogané pourrait quitter ce bâtiment morbide et retourner chez Daidôji.
En poussant la porte de la chambre de Fye, il soupira imperceptiblement. Ce petit blond allait lui manquer, une fois qu'il aurait quitté ce travail de remplacement.
Ils discutèrent quelques instants de sujets futiles, puis abordèrent la question du départ de Kobato. Fye eut une crise de délire aiguë, si violente que Kurogané n'y comprit rien. Il disait que seules les princesses étaient libérées des tours imprenables, jamais les garçons. Il disait qu'il s'enfuirait. Lorsqu'il s'écroula, tremblant d'énervement, Kurogané glissa un calmant entre ses lèvres blanches et le tint contre lui.
-Calme-toi, respire…
-Je veux partir…
-Tu vas… tu vas partir, chuchota Kurogané.
-Avec Yui…
-Oui.
-Je veux partir…
Lorsque le corps de Fye devint plus lourd, Kurogané comprit qu'il s'était évanoui. Il le coucha sur son lit et s'assit à ses côtés, le temps de se remettre du choc. Il n'avait jamais vu le blond entrer dans un tel état de transe. Jetant un regard à sa montre, il vit qu'il devait partir voir d'autres malades.
-Ne le répète pas, mais tu vas me manquer quand je serai parti… chuchota-t-il en repoussant une mèche blonde qui barrait le front de Fye.
En sortant, il comprit qu'il ne pourrait pas partir en le laissant dans cette prison blanche. Il était amoureux.
-Merde, pesta Kurogané.
Qui était assez idiot pour tomber amoureux d'un déséquilibré mental ? Lui. Evidemment.
Mais il revit en pensée le sourire lumineux de Fye et tout énervement s'évanouit. Il allait sauver ce gosse.
OoOoO
-Tu as dit quoi ? s'exclama Fye en écarquillant les yeux.
-J'ai introduit une demande pour te faire sortir de l'hôpital de Fei Wan et te transférer à celui de Tomoyo Daidôji, répéta Kurogané, les bras croisés.
-Mais… c'est un hôpital de jour, tu me l'as dit. Où je vais vivre ?
-Chez moi.
-Pourquoi ? rétorqua abruptement Fye, presque en colère.
Pendant quelques secondes, Kurogané ne put que rester muet. La réaction de Fye était désarmante.
-Parce que tu ne guériras pas ici, et que l'hôpital de Tomoyo propose des méthodes plus modernes et plus efficaces pour-
-Non, l'interrompit-il. Pourquoi chez toi ? Qu'est-ce que j'irais faire chez toi ?
Le médecin resta la bouche ouverte comme un poisson hors de l'eau, déstabilisé.
-Parce que c'est ce que j'ai décidé ! trancha-t-il finalement en balayant d'un revers de la main les protestations du jeune homme.
-Mais j'en veux pas de tes décisions ! répondit Fye en haussant le ton et en fusillant Kurogané du regard. Qu'est-ce qui te dit que j'ai envie de changer de vie ?
Le psychiatre préféra ne pas discuter avec lui. Les dialogues avec ses patients finissaient toujours de façon surréaliste. Il opta pour la solution la plus simple : sortir et le laisser seul.
-De toute façon, j'ai envoyé ma demande à Fei Wan. Si tout se passe bien, dans un mois tu seras transféré.
Fye hurla de rage et lança son oreiller vers Kurogané. Mais il était déjà parti et le coussin s'écrasa sur la porte close. Le blond s'assit au sol, boudeur.
-S'il croit qu'il peut décider pour moi, il se met le doigt dans l'œil ! grommela-t-il.
-Il fait ça pour te faire plaisir, murmura Yui en s'asseyant près de lui.
-Ça ne me fait pas plaisir !
-Dans deux semaines il quitte l'hôpital. Si tu n'es pas transféré, tu ne le reverras jamais.
-… Je sais.
-Et tu ne veux pas ne jamais le revoir.
Fye se prit la tête dans les mains.
-Tais-toi.
OoOoO
Le directeur Fei Wan accorda le transfert de Fye, d'autant plus vite que la personne qui se portait garante de lui était un psychiatre reconnu.
Un matin de début d'hiver, Kurogané ouvrit la porte de son appartement à Fye.
-Je vais t'installer dans le salon, d'accord ? Je n'ai pas eu le temps d'acheter un second lit, alors tu dormiras dans le divan pendant quelques semaines.
Le blond acquiesça en regardant Kurogané poser ses valises dans un coin du salon. Le Japonais fit visiter l'appartement.
-La cuisine. Je cuisine moi-même, donc pas de pizzas surgelées ni de lasagnes de supermarché.
Fye promena son regard sur les meubles blancs et les surfaces de travail en granit noir.
-Les toilettes sont là, dit Kurogané en fermant la porte de la cuisine et en ouvrant celle à côté de la porte d'entrée. Suis-moi.
Il ferma la porte et se dirigea vers le couloir.
-La salle de bain est là, à côté c'est mon bureau. N'y entre pas. Ma chambre.
Fye regarda la porte de la pièce en question avec une curiosité qu'il ne s'expliquait pas.
-Je ne peux pas y entrer non plus ? demanda-t-il timidement.
-Si tu as besoin de quelque chose pendant la nuit, oui.
-Et si… quelqu'un est avec toi ?
Kurogané sembla ne pas comprendre.
-Tu ne vas pas rester tout le temps célibataire ! expliqua Fye en écartant les mains.
-On verra à ce moment-là, éluda Kurogané.
Il retourna vers le salon. Immobile dans le couloir, Fye regardait son large dos.
-J'aurais préféré rester là-bas, plutôt que d'être ici quand il ramènera une fille, murmura-t-il, amer.
-Tu n'aurais pas aimé rester là-bas, chuchota Yui.
OoOoO
Fye posa une gélule jaune sur sa langue et but une gorgée d'eau.
-Je vais dans mon bureau, dit Kurogané en récupérant le verre. Dors vite.
Le blond s'emmitoufla dans sa couverture, se roula en boule sur le divan. Le médecin regarda le visage d'ange de Fye posé sur l'oreiller. Il repensa à cette sculpture de Brancusi qu'il avait vue lors d'un voyage à Paris, une tête de cuivre poli, d'un ovale parfait, les yeux clos et inclinée sur le côté.
-A demain.
Il quitta le salon et Fye rouvrit les yeux.
-Yui… chuchota-t-il. Yui, pourquoi j'ai peur ?
Le silence lui répondit.
Il avait pris ses médicaments et Yui avait disparu.
OoOoO
-Bien dormi ? demanda Kurogané lorsque Fye entra dans la cuisine, traînant ses pieds nus sur le carrelage.
-Oui, et toi, Kuro-chan ? s'exclama le blond en s'asseyant à table.
-Oui. Tu as fait du bruit. Cauchemars ?
Fye ne répondit pas, le nez dans son verre de jus d'orange.
-Café ?
-Non merci.
Quand ils eurent fini de manger, ils partirent pour l'hôpital de Tomoyo. Dans la voiture, Fye ressentit comme une légère brûlure sur les lèvres et la langue. Une démangeaison. Il crut qu'il avait mangé quelque chose de mauvais et qu'il allait mourir. Tellement stressé par la perspective de mourir empoisonné dans la voiture de son psychiatre, il ne se rendit pas compte que la brûlure s'intensifiait quand son regard croisait celui de Kurogané dans le rétroviseur.
OoOoO
-Il s'adapte bien à la vie chez toi ?
-Assez bien, oui.
-Ça fait deux semaines, c'est ça ?
-Oui.
-Des problèmes particuliers ?
-Non. Je m'adapte.
-Il s'adapte et tu t'adaptes. Qui s'adapte le plus ?
-… lui, sans doute.
-Tu as l'air mieux depuis quelques jours.
-Mieux ?
-Qui soigne l'autre ?
-J'ai du travail. Au revoir, Tomoyo.
OoOoO
Allongé sur le dos dans le divan, Fye regardait le plafond comme on regarde le ciel en rêvant de s'évader. Par la fenêtre entrouverte, la nuit entrait, froide et humide. Il aimait mieux quand les fenêtres étaient ouvertes. C'était moins oppressant.
-Yui…
Depuis quelques jours, Yui ne répondait plus. Kurogané avait modifié sa prescription et les nouveaux médicaments l'avaient chassé.
-Yui… tu sais, j'ai peur sans toi. Parce que quand tu n'es pas là pour me dire des choses bizarres… je me les dis moi-même… s'il te plaît, Yui…
Alors qu'il appelait dans le noir ce fantôme né de son mal, des larmes comme des étoiles brillaient sur ses joues blanches. Sans bruit, il se leva. Sans plus l'ombre d'une hésitation, il marcha silencieusement jusqu'à la chambre de Kurogané. Il ouvrit la porte sans frapper.
Fye ne savait pas à quoi il s'attendait. Peut-être à le trouver nu, comme dans les films américains, où les hommes dorment dévêtus quelle que soit l'époque de l'année. Il était emmitouflé dans un gros pull en laine rouge, empêtré dans sa couette. Il avait les sourcils froncés même quand il dormait. Fye était attendri. Il semblait être un petit enfant. C'était mignon. La porte se referma derrière lui avait un petit claquement sec et Kurogané se réveilla instantanément.
-Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il en se redressant.
-… j'ai froid.
-Tu m'étonnes, on est en plein décembre, grommela Kurogané.
Considérant sans doute que Fye n'avait rien à ajouter, il se recoucha. Après avoir hésité quelques secondes, le blond se glissa à ses côtés.
-Qu'est-ce que tu fous ? grogna le Japonais que l'état de demi-sommeil rendait peu aimable.
-Juste cette nuit, supplia Fye sans se rendre compte vraiment de ce qu'il disait.
Kurogané fut comme figé sur place, foudroyé. Dans son lit, ce gosse qui se blottissait contre lui en quête de chaleur. Sans réfléchir, il se retourna face au blond et ouvrit les bras pour qu'il s'y réfugie, ce qu'il fit. Le nez enfoui dans la laine épaisse, bercé de l'odeur chaude de Kurogané, Fye ferma les yeux.
Tout doucement, parce qu'il était encore à moitié endormi et qu'il ne savait plus trop où se trouvait la limite entre correct et incorrect, Kurogané glissa sa large main sur la joue blanche du jeune homme et guida son visage vers le sien. Leurs lèvres se touchèrent sans que ni l'un ni l'autre ne comprenne quelle était cette force qui les tenait si serrés.
Dans le noir, Fye retint sa respiration. Quelle était cette boule dans son ventre ? Puis la bouche de Kurogané quitta la sienne et sa main dans son dos le garda dans la chaleur de son corps.
-Dors bien, chuchota Kurogané, gêné.
-Oui. Toi aussi.
Lorsque le Japonais se fut endormi, Fye se permit de sourire.
-Kuro-sama embrasse très bien.
Considérant qu'il n'avait jamais été embrassé par qui que ce soit d'autre, il ne pouvait comparer. Il glissa lentement ses mains sous le pull, sur la peau brûlante.
-Kuro-sama a toujours chaud…
Kurogané gigota un peu et le blond en conclut qu'il devait retirer ses mains. Après de longs instants, blotti entre ses bras, il finit par s'endormir.
OoOoO
-Ça va toujours, la vie avec lui ?
-Oui, oui.
-Tu as l'air bizarre. Un problème ?
-Non.
-C'est un des patients de mon hôpital, il est aussi sous ma responsabilité. Dis-moi ce qu'il se passe.
-On a dormi ensemble, c'est tout.
-Dormi ? Dans le sens chaste « dormi dans le même lit », ou dans le-
-Le sens chaste. Normal.
-Je te rappelle que pour une personne « normale », tu as déjà fait suffisamment de choses « anormales » avec des garçons qui d'aventures passaient la nuit dans ton lit.
-Jamais avec un patient.
-Il ne faut jamais dire jamais !
-J'ai du travail. Bonne journée, Tomoyo.
OoOoO
Lorsqu'il sortit de la salle de bain, Fye trouva Kurogané en train de déplacer ses valises.
-Tu fais quoi, Kuro-rin ? demanda-t-il gaiment.
Il ne répondit pas. Le blond le suivit alors qu'il allait dans sa chambre. Le Japonais ouvrit les valises et plaça les vêtements qu'elles contenaient dans sa garde-robe.
-Ce sera plus simple comme ça. Pas besoin d'acheter un nouveau lit, et en plus je pourrai te surveiller la nuit, dit simplement Kurogané en rangeant les valises au-dessus du meuble.
-Je vais dormir avec toi ? Tout le temps ?
De nouveau, sa question resta sans réponse.
-J'ai encore deux ou trois trucs à finir, regarde la télé et je te dirai quand on se couche.
Fye acquiesça docilement et retourna au salon tandis que Kurogané regagnait son bureau. Les yeux rivés à l'écran brillant, Fye avait le ventre tordu d'inquiétude. Dormir avec Kuro-sama ? Tout le temps ? Il aurait dû être joyeux mais la peur restait là, aux aguets, prête à le submerger. Après trois quarts d'heure, la voix de Kurogané l'appela.
-Viens dormir !
Les jambes tremblantes, il se leva.
OoOoO
Accoudé à son bureau, le front dans les mains, Kurogané réfléchissait.
Il lui faisait trop d'effet. Ce n'était ni bon pour lui, personnellement, ni déontologique, du point de vue de sa profession.
Il repensa à la chair tiède de Fye entre ses mains. Il la sentait palpiter même à travers la barrière salvatrice de ses vêtements de nuit. Que se serait-il passé s'il avait faibli et cédé à la tentation, s'il l'avait déshabillé et…
Pourquoi le mot de souillure lui venait-il à l'esprit ? Peut-être parce qu'il était un gosse de dix-neuf ans avec pour lui la pureté des fous, et que lui n'était qu'un homme sali de perversité, dont la trentaine pesait comme un fardeau. S'il l'avait touché, s'il avait cessé de résister, s'il l'avait fait sien et avait fait de son corps un temple à l'amour qui brûlait insidieusement en lui depuis trop longtemps…
Qui sait, peut-être que cela n'aurait pas déplu à Fye. Peut-être que se sentir aimé l'aurait guéri.
Kurogané essayait de se trouver des excuses, des raisons pour lesquelles son désir pourrait passer pour de la compassion.
Il prit son téléphone pour demander à Tomoyo de trouver un autre psy pour Fye D. Flowright.
OoOoO
-Pourquoi j'ai un nouveau psy ? s'écria Fye lorsqu'ils furent de retour dans l'appartement.
Une fois de plus, sa colère laissa Kurogané sans voix.
-Parce que comme tu vis avec moi, on pourrait croire que mon jugement est faussé. On ne peut pas, par exemple, soigner les membres de notre famille. Question d'implication émotionnelle.
Fye resta silencieux. Implication émotionnelle ? Lui ? Ha !
-Seïshirô est un excellent psychiatre et-
-Je lui dirai rien. Ça servira à rien, je lui dirai rien du tout ! exclama Fye en frappant du pied comme un enfant capricieux.
-Arrête de me faire chier, lâcha finalement Kurogané.
Fye alla s'enfermer dans les toilettes sans un mot. Le Japonais savait qu'il en ressortirait environ une demi-heure plus tard. Tout juste le temps de cuisiner. Il alluma le récepteur du dispositif de surveillance qu'il avait installé dans tout l'appartement. Ainsi, il pouvait entendre ce que faisait Fye et s'assurer que tout se passait bien.
« Je dirai rien à ce crétin. Kuro-sama, c'est le premier qui a réussi à me faire parler. »
Un long silence suivit et Kurogané quitta ses fourneaux pour vérifier que le récepteur fonctionnait toujours. La voix de Fye s'éleva, pure et déformée comme par la tristesse.
« Et ce sera le dernier. »
Vaguement perturbé d'être « le seul » en quelque chose pour Fye, Kurogané retourna à ses casseroles avec un petit sourire. Il n'y a pas que l'exclusivité en matière d'amour et de sexe qui puisse rendre un homme heureux. L'exclusivité de la confiance, ça compte aussi.
Lorsque Kurogané eut fini de préparer ses ramen, il mit la table et alla frapper à la porte des toilettes.
-C'est servi.
-Je mangerai pas tant que tu seras pas de nouveau mon psy ! dit la voix de Fye.
-Ça va être froid, répondit Kurogané sans se laisser démonter.
Dans les toilettes, Fye pleurait silencieusement. Il ne voulait pas d'un autre que Kuro-Kuro. Mais il ne pouvait pas se permettre ce genre de caprice. Que ferait-il s'il le remettait là-bas ?
-Je veux juste Kuro, chuchota Fye en essuyant ses joues.
Perché sur la gouttière de l'autre côté de la fenêtre, Yui le regardait en silence.
-Viens manger, dit Kurogané.
Fye se leva et ouvrit la porte.
OoOoO
Une fois dans l'obscurité du lit de Kurogané, Fye se tendit vers lui. Lentement, avec ce courage ridicule des petits enfants, il embrassa ses lèvres. Kurogané répondit à son baiser avec une infinie douceur. Sans un mot, il chercha les yeux bleus de l'être frêle entre ses bras. Les ayant trouvés, il s'y accrocha avec comme du désespoir. Avec avidité.
Désir brûlant qui lui dévorait les entrailles depuis de trop longues semaines.
Le regard de Fye était inexpressif, lointain. Comme s'il avait à peine conscience de son corps. Kurogané le déshabilla lentement, pour lui laisser le temps de protester. Il se laissa faire, poupée désarticulée entre ses mains.
Voir ce corps si blanc dévoilé à son regard lui fit l'effet d'un coup de poing. Il était juste beau.
Fye frissonna et Kurogané se colla à lui pour le réchauffer. Il chercha quelque chose à lui dire mais ne trouva rien. Et soudain il se sentit bien con, à serrer dans ses bras un gosse froid comme la Mort en personne, et à en concevoir du désir. Pathétique.
Il remonta la couette sur eux deux et ferma les yeux en soupirant. Fye le regarda faire, empli d'incompréhension. Frigorifié, il se blottit contre lui, inconscient du désir et de la frustration de Kurogané.
-Bonne nuit, Kuro-Kuro, murmura-t-il.
Il ne vit pas la tristesse du visage du Japonais.
OoOoO
-Ce psy est un idiot ! se plaignit Fye le lendemain soir.
-Faudra t'y faire.
-Pourquoi tu veux plus t'occuper de moi ? pleurnicha Fye.
-Qu'est-ce que tu crois que je fais, là ? s'exclama Kurogané en désignant les légumes qu'il épluchait. Je m'occupe de toi toute la journée et qu'est-ce que j'ai en échange ? Un débile qui boude parce que je respecte les règlements !
Fye eut une mine outrée. Il frappa la table du poing et se leva pour se précipiter dans les toilettes.
-Kuro-rin, je te déteste !
Kurogané était tellement sur les nerfs qu'il ne voulut même pas écouter les soliloques du blond. Lorsqu'il eut fini tous les légumes, il reposa son économe et resta quelques minutes à réfléchir. Il lâcha un « tss » énervé puis se leva. Il alla frapper à la porte des toilettes.
-Excuse-moi, articula-t-il doucement.
La porte s'ouvrit.
-Qu'est-ce que tu voudrais en échange ? demanda le blond. Qu'est-ce que tu veux que je te donne pour compenser le fait que tu t'occupes de moi ?
-Je veux que tu couches avec moi, répondit Kurogané sans réfléchir et sans se rendre compte de la vulgarité de ses mots.
Fye sembla peser le pour et le contre.
-D'accord, dit-il finalement. Mais je l'ai jamais fait avant.
-Je sais.
Ils parlaient d'un ton calme, détaché.
-Je vais finir de cuisiner, dit Kurogané en faisant volte-face.
Fye le suivit et s'assit à table pour le regarder s'affairer. Ils mangèrent en silence, Kurogané disparut dans son bureau pendant deux heures durant lesquelles Fye regarda la télévision, puis il l'appela pour se coucher.
Lorsqu'il arriva dans la chambre, il vit le Japonais debout au centre de la pièce. Il ferma la porte derrière lui. Kurogané s'approcha à grands pas de lui. Il posa sa large main sur sa joue blanche et le blond frissonna. Il se pencha sur ses lèvres pour l'embrasser.
-C'est pour ça que je ne peux plus être ton médecin, expliqua-t-il à mi-voix. Anti-déontologique.
-Je le dirai à personne, répondit Fye dans un murmure. Alors s'il te plaît, reprends la place de Seïshirô.
Kurogané le regarda droit dans les yeux et il sut qu'il ne pourrait pas résister, qu'il ne pourrait pas ne pas obéir au vœu de cette voix à peine chuchotée.
Fye ferma les yeux, le ventre torturé de peur. Il sentit les mains de Kurogané le déshabiller. L'appréhension exacerbait ses sens. Il entendit un accroc dans la respiration du Japonais lorsqu'il fut nu. Le cœur battant à tout rompre, il se laissa guider vers le lit. La main qui serrait la sienne était si puissante qu'elle aurait pu lui briser les doigts. Il frémit à cette pensée.
-Installe-toi, chuchota Kurogané.
Les yeux grands ouverts, dévoré de curiosité, Fye le regardait se dévêtir. Les muscles roulaient sous sa peau hâlée, et sans bien comprendre pourquoi, le blond trouva cela beau. Kurogané rejoignit Fye dans le lit. Ses mouvements étaient un peu gauches, il était maladroit et gêné. Comme si son érection était un honteux fardeau de chair. Le blond la regardait en rougissant.
-C'est… gros… dit-il simplement.
Le Japonais ne lui répondit pas, le couchant sur le dos d'une pression à la poitrine. Sous ses doigts, le cœur de Fye palpitait comme un oiseau en cage. « Ne pas lui faire mal, ne pas lui faire mal » se répétait-il inlassablement en explorant de ses mains aveugles le corps vierge contre lui.
Fye ne disait rien, n'émettait pas un son, mais se tordait sans même s'en apercevoir, cherchant le contact de ses mains tout en plissant les draps dans son dos. Kurogané voulut lui demander si c'était bon, mais cela aurait brisé la fragile harmonie qu'ils avaient enfin trouvée. Sous ses caresses, Fye semblait avoir perdu toute sa tristesse et toute sa folie. Kurogané approcha ses lèvres du cou du blond. Ce dernier tressaillit mais la bouche continua son voyage sur son corps. A mesure qu'elle descendait et que le souffle de Kurogané caressait son ventre, le sien se fit plus erratique. Attentif à ce changement, le Japonais s'y attarda, embrassant sa peau fraîche. Ses cinq sens entièrement déployés pour pouvoir percevoir toutes les facettes du plaisir de Fye, Kurogané observait ses doigts blancs qui se crispaient sur les draps, sa respiration imperceptiblement hachée, sa peau qui tiédissait et rosissait adorablement.
Le sommier grinça lorsque le Japonais se redressa. Il prit un oreiller et le cala sous les reins de Fye, relevant son bassin. Le blond le laissa faire et écarta de lui-même ses jambes fines. Les doigts de Kurogané passèrent sur le ventre du jeune homme, le faisant frissonner. Ils glissèrent vers son pubis blond, se faufilèrent entre son érection rose et sa cuisse, le taquinant et l'excitant. Le faisant attendre. Ce fut le Japonais qui craqua le premier. Les mains toujours impudiquement posées entre les jambes blanches, il pencha son visage vers cette part de Fye qu'il n'avait encore jamais touchée. Un soupir s'échappa des lèvres du blond lorsque la bouche de Kurogané entra en contact avec sa peau ultra-sensible. Sans interrompre ses caresses, le Japonais attrapa la bouteille de lubrifiant qu'il avait jetée sur le lit. Il la déboucha sans même que Fye ne l'entende, trop absorbé par son plaisir. Ses doigts froids de gel se glissèrent entre les jambes du blond, tandis que sa bouche libérait son membre pour être remplacée par sa main. Kurogané embrassa Fye avec douceur, tentant de le distraire de ces doigts qui se frayaient lentement un chemin en lui. Le blond grimaça inconfortablement.
« Merde, il a mal… » songea Kurogané en se mordant la lèvre. C'était la première fois qu'il couchait avec un vierge… La première fois qu'il était aussi attentif à ne pas être trop brusque.
Finalement, Fye sembla s'habituer à l'intrusion. Il écarta plus largement les cuisses, son corps engloutissant presque les doigts de Kurogané. L'image était d'un érotisme étourdissant, le Japonais en était bouleversé.
Après quelques instants, il se retira du jeune homme qui émit un gémissement très léger. Il déchira l'emballage d'un préservatif et se prépara à pénétrer Fye… qui le scrutait avec de grands yeux brumeux. Son regard était si... C'était un appel au viol !
Kurogané se plaça contre lui, maintenant ses hanches d'une poigne ferme. Il entra le plus doucement qu'il put, vaguement halluciné de voir le corps de Fye s'ouvrir à ce point pour lui. Jamais cela ne lui avait fait cet effet étrange… l'impression d'accomplir un rituel millénaire, de célébrer la vie qui courait dans ses veines… il se sentait comme un puceau qui découvre l'amour. Comme si tous ses amants précédents n'étaient rien, comme s'ils n'avaient jamais existé, comme s'il était né pour cet instant précis où il pénétrait Fye. Ce dernier semblait penser à peu près la même chose. Il avait l'air crucifié de plaisir, les bras écartés et la tête paresseusement penchée sur le côté. Il n'y eut aucun mot. Presque aucun bruit. Aspiré par l'antre brûlant du blond, Kurogané se laissait guider en silence dans son corps.
Et soudain Fye jouit. Ce ne fut qu'un petit gémissement soupiré dans un froncement de sourcils. Mais Kurogané, qui n'avait pourtant ressenti aucun signe avant-coureur, le suivit dans la jouissance. Appuyé sur les coudes, son front frôlant celui du blond, il reprenait son souffle, ébloui.
« Merde… aussi vite ? » songea-t-il.
C'était la première fois que le simple fait de voir son partenaire avoir du plaisir le mettait dans cet état. Il se recula, ôta le préservatif et se laissa tomber à côté de Fye. Il remonta la couette sur leurs corps et enveloppa le jeune homme de ses bras, l'embrassant sur les tempes, sur les joues. Ses grandes mains passaient sur son dos en de douces caresses.
Mais malgré tout, un voile de tristesse restait accroché dans le fond de ses yeux rubis. A quoi bon ? se disait-il. A quoi bon avoir fait l'amour à ce garçon à moitié fou, puisque de toute façon il n'y avait que lui qui avait conscience de cet amour ? Il savait déjà qu'il avait eu tort, que s'il lui avait donné momentanément une étincelle de plaisir, il ne l'avait pas pour autant soigné des ombres qui le dévoraient. Il savait que dès le lendemain ses crises reprendraient. Que cet acte n'avait pour Fye aucune signification, que cela ne représentait aucun changement pour lui. Que cette seconde sublime, où la frontière entre leurs corps n'existait plus, n'avait d'importance que pour lui-même, et pas pour le blond. Que seul lui garderait à jamais un souvenir de cette nuit. Il savait tout cela, et sans doute le savait-il déjà avant, une seconde avant d'avoir demandé à Fye de coucher avec lui. Mais il l'avait fait quand même. Même si cela ne servait à rien, ne menait nulle part, ne voulait rien dire.
Et pourtant, cela lui avait semblé si magique… A présent il n'en restait rien.
-Si tu n'en parles à personne, je te reprends dans mes patients, dit-il finalement en s'asseyant sur le bord du lit, lui tournant le dos.
-D'accord, chuchota faiblement Fye.
-Je vais pisser, marmonna le Japonais en se levant et en sortant de la chambre.
Le blond le regarda s'éloigner. Il semblait énervé… Il attendit un peu, que Kurogané revienne. Puis, voyant les minutes de silence se muer en heures, il songea qu'il était peut-être retourné dans son bureau. Il était trop fatigué pour se lever. Il se retourna dans les draps et ferma les yeux, prêt à dormir.
Fye aimait être allongé dans le lit de Kurogané. Il aimait la texture de ses draps. La façon qu'ils avaient de se plisser délicatement au moindre mouvement.
La fin paraît bizarre, mais la dernière ligne de cet omake est la première de la fic de base. Ceci explique cela, je voulais simplement faire la jonction entre les deux fics^^ Qu'avez-vous pensé de cette histoire? Je vous encourage vivement à lire "Don't go away", cela vous permettra de mieux comprendre certains petits détails de cette fic, et d'autres choses plus importantes, comme "pourquoi Fye est-il dans un hôpital psychiatrique?", ce genre de choses^^
Merci d'avoir lu :D
