Note : Texte écrit dans le cadre des Nuits Insolites d'HPF, le 04/05/2019
Titre : La lâcheté d'Horace
Défi : scénaristique : le personnage a reçu une lettre qu'il n'ouvre pas
Fandom : HP
Nombre de mots :
Personnages : Horace Slughorn / (Minerva McGonagall)
Rating : TP
Aujourd'hui, il fait beau. C'est tragique, en un sens. Horace aimerait bien qu'il pleuve. Cela lui donnerait l'impression que le ciel pleure avec lui. Mais non. L'éther reste hermétique à son état d'esprit. Il est plus bleu qu'il ne l'a jamais été depuis la fin de la guerre. Le soleil s'y est niché, resplendissant. L'été éclot tout doucement.
Cela fait deux semaines que Minerva est morte. Horace n'a pas pleuré lorsqu'il l'a su. Non, il est simplement resté là, le cœur béant, la bouche ouverte, les yeux éteints. C'est un membre quelconque du Ministère de la Magie qui est venu l'en informer. Il n'a même pas dit son prénom.
« La Directrice de Poudlard est morte. »
Horace, s'il avait été plus courageux, aurait crié sur tous les toits qu'elle n'était pas seulement la Directrice de Poudlard. Qu'elle était avant tout Minerva. Oui, avant toute chose, Minerva. Minerva son élève brillante. Minerva sa collègue flamboyante. Minerva la superbe combattante. Minerva l'Animagus éblouissante. Mais avant toute chose, Minerva.
Depuis, Horace oscille dangereusement. Minerva est morte et plus rien n'a de sens. Il a l'impression d'avoir perdu une partie de lui en chemin, une parcelle de son âme qui s'est égarée dans le cercueil de sa défunte amie.
Horace tombe en miettes, mais aujourd'hui c'est pire. Car aujourd'hui, il a reçu la lettre. Celle qu'il l'a vue écrire sur son lit de mort à l'hôpital. Celle qui comprend ses dernières volontés.
Le hibou ulule férocement à ses oreilles mais Horace n'écoute pas. Il vacille. Son monde doré part en lambeaux. Minerva est morte, sa lettre est arrivée et plus rien n'a de sens.
Alors Horace ferme les yeux. Il ne pleure pas. Il sait que si on le secouait, pourtant, il le ferait. Horace est plein de larmes jamais versées. Horace est plein de désarroi.
Horace contemple la lettre qui gît là, sur la table de sa petite cuisine, près des miettes de pain et des photos signées de ses anciens élèves. Minerva y figure, près de Tom. Elle semble heureuse. Un peu. C'était avant les guerres tout ça. Avant que Tom ne ravage tout sur son passage.
Bref, Horace reste là, immobile. Il se sent stupide, et vieux, et lent, et mou. Il se sent lâche et faible. Si Horace était courageux, il aurait ouvert la lettre. Mais Horace est un homme vieux, et lent, et affaibli par le temps, un homme qui n'a que trop vécu. Alors Horace contemple la lettre mais ne l'ouvrira pas. Jamais.
Les derniers mots de Minerva périront dans les décombres d'un incendie qu'une pluie estivale arrosera. Et tout sera fini.
