- Hermione depèche-toi ! Lança un jeune homme à la figure frêle qui se tenait quelques mètres devant lui, les pieds enfoncés dans la neige.
-J'arrive Ron...j'arrive ! Le rassura-t-elle.
Elle se retourna et lui sourit gentiment, pour qu'il ne s'inquiète pas de ses moments de rêveries. Ils avaient de quoi pourtant, lui et Harry, un seul moment d'inattention pouvait risquer leur vie. Les mangemorts n'étaient pas très loin. Ils ne pouvaient s'arrêter, surtout pas en plein de milieu d'après-midi, en plein hiver, sans vivres. Il leur fallait arriver au village le plus proche tout en ayant un maximum de temps sur leurs poursuivants. Ce n'était pas encore gagné, mais ils avaient confiance. En continuant à marcher à une bonne allure, ils arriveraient à les distancer d'une petite demie heure. De quoi acheter un peu de nourriture, une carte de la région, et envoyer un hibou postal au professeur Mcgonagald. C'était beaucoup, mais ces derniers mois de traques, biens qu'ils les aient épuisés, avaient renforcés leur caractères et affermis leurs capacités d'endurance. Fuir une troupe de mangemorts en plein hiver de Russie était un nouveau défi de taille, qui les épuisait, mais qui consolidait les liens déjà tissés entre eux.
Hermione qui n'était pas loin d'une falaise aperçue le petit groupe d'apprentis mages noirs qui les pourchassait. Ils prenaient de la vitesse. Il fallait vraiment qu'ils partent.
- Harry ! Ils arrivent...
- Combien sont-ils, demanda le jeune homme brun, imperturbable.
- Une petite dizaine, mais ils prennent de l'allure ! Rajouta-t-elle rapidement lorsqu'elle vit son meilleur ami regagner confiance.
Le survivant s'assombrit. S'ils continuaient à perdre autant de temps, ils leur faudraient encore une fois les affronter. Il regarda tour à tour ses amis. Ron était déjà bien amoché au niveau de la tête, et la marche rapide qu'il leur imposait avait fini de vider ses réserves d'énergies. Hermione quant à elle, bien qu'elle supporta beaucoup mieux que le rouquin les exercices physiques de ces derniers mois, n'avait absolument pas l'envie de se mesurer une nouvelle fois au mangemort. Ils savaient tous pourquoi. Ce n'était pas de la peur, mais tout simplement de l'appréhension. Harry sourit.
- Bien. Désolé Ron, mais il va falloir continuer de marcher, encore plus vite. Peut-être pourront nous courir lorsque nous auront finit de grimper cette pente...
- Courir ? Ne me dis pas que tu n'es pas fatigué Harry ? demanda un Ron livide.
Courir n'était pas son mot préféré...Surtout ce jour ci.
- Oh si Ron, mais vois tu, je préfère réserver mes forces pour courir que pour affronter un petit groupe de mangemorts...
Ron leva un sourcil, et commença un ronchonner. Il n'aimait pas quand Harry était plus logique que lui...
Harry et Hermione se regardèrent, et soupirèrent devant le visage boudeux de leur ami. Si seulement il n'était pas aussi susceptible...
Ils remirent leur cape comme il faut, et s'attelèrent de nouveau à grimper cette fichue falaise. Il avait fallu qu'ils tombent sur la seule falaise de cette immense plaine. Une malédiction planait sur eux, ils en étaient sûrs.
Un peu plus bas, un groupe d'homme encapuchonné de noir s'arrêta. Des protestations s'élevèrent contre le chef de cette expédition. Il ne dit rien et se contenta d'enlever son capuchon, l'air revigorant et froid le réveillant. Les cheveux noirs qui balayaient son visage flottaient. Ses deux yeux noirs, profonds comme l'abîme, ne regardaient que les trois silhouettes qui montaient péniblement mais rapidement le reste de la falaise. Il sourit.
Un homme, aux cheveux extrêmement blond, au regard gris comme l'acier, essaya de le déstabiliser.
- Lucius, rappelle moi, qui était le chef des mangemorts présents lors de l'attaque au ministère il y a un peu plus de trois ans ?
- Espèce de misérable sang-mêlé, comment oses tu me défier, moi, le meilleur et le plus fidèle mangemort du seigneur des ténèbres ?
L'insulte siffla comme une lame en plein coeur. Lucius Malefoy ne vit pas le coup venir. L'homme aux cheveux noirs qu'il venait de provoquer se tenait devant lui, impérieux, puissant, dangereux, baguette levée et pointée vers gorge, que l'homme blond tenait d'une main. Une force invisible s'appliquait à lui bloquer la respiration, le faisant suffoquer. Il dut se mettre à genoux, devant l'homme au sang impur. Il n'avait pas d'autre choix, c'était lui qui dirigeait, lui qui avait le plus de pouvoir. A côté, Lucius Malefoy n'était plus rien, et il le savait.
La pression diminua soudainement, et l'aristocrate recommença à respirer difficilement et bruyamment, heureux de sentir de l'air dans ses poumons.
Severus Rogue répondit à la question impertinente de son meilleur ami d'une voix doucereuse :
- Mais voyons Lucius, tu le sais bien, j'ose te défier depuis que le seigneur des ténèbres m'a voulu à ses côtés en tant que bras droit.
Il regarda le reste de l'équipe qu'ils formaient. Tous avaient compris son message. Quiconque osait le défier mourait. Ultime avertissement.
Severus se retourna, et continua de regarder les trois jeunes adultes qui disparaissaient peu à peu de leur vue.
- Nous nous arrêtons car tout le monde à besoin de repos, expliqua-t-il d'une voix froide. Nous ne craignons pas de les perdre. Ils sont trop faibles pour continuer de monter à cette allure. Nous repartiront dans trois heures, le temps de manger et de dormir un peu.
Il se retourna, et alla s'asseoir sur une roche couverte de glace et neige. D'un regard perdu, il contempla la scène qui s'offrait à lui. Une étendue plate, froide et déserte s'offrait à lui, les rayons du soleil se réfléchissant sur la couche épaisse de flocons blancs. L'air glacial revint lui fouetter le visage. L'homme sourit.
Le jeune trio mangeait rapidement à la taverne du village. Ils avaient demandé quelque chose en apport énergétique important, et un verre de vodka chacun. Cette boisson les réchauffait, et ils appréciaient grandement en boire un verre à chaque villages qui croisaient leur route. Le repas était silencieux et légèrement tendu, à l'image même du survivant. Harry leva la tête énergiquement vers Hermione, et lui fit part de ses préoccupations.
- Hermione, comment peux-tu être sûre qu'il est de notre côté ? Es tu vraiment certaine de ce que tu dis ? N'y-a-t-il pas quelque chose qui pourrait te mettre en doute ?
- C'est vrai, renchérit Ron, c'est un très bon comédien, du moins je le devine vu jusqu'où il est arrivé...Il aurait très bien pu tromper ta vigilance.
Hermione soupira. Ils n'avaient pas reparlé de ce sujet depuis qu'elle l'avait abordé. Elle s'attendait à ce qu'ils lui demandent des explications, surtout Ron qui était celui qui l'avait le plus mal pris, mais pas en pleine course poursuite.
- Non les garçons, il n'a trompé personne, et encore moins ma vigilance. Les propos du professeur Dumbledore et ce que j'ai vécu m'ont suffit à me faire mon opinion. Il est de notre côté, j'en suis absolument certaine, et rien ne pourra me faire douter.
Les garçons hochèrent la tête. Ils n'avaient pas compris ce que signifiait " ce que j'ai vécu ", mais si Hermione était sûre de ce qu'elle disait, alors ils la croyaient.
Ils lui demanderaient de plus amples explications une fois qu'ils auraient atteint Moscou. C'est à dire dans à peine trois jours, d'après ce qu'avait dit à Hermione le tavernier. Ils n'avaient pas longtemps à attendre. Dans tous les cas, ils avaient compris une chose, Hermione et cet allié étaient beaucoup plus proche que de simples amis. Ron baissa la tête vers son assiette de potage. Il faudrait qu'il s'y fasse. Hermione était heureuse avec lui, c'était le principal.
4 jours plus tard...
Ils étaient dans un hôtel de la capitale Russe, et avaient réussis à échapper à leurs poursuivants. Ils étaient sains et sauf, et étaient parvenus à rentrer en contact avec un groupe de rebel. Les souffleurs de glace, tel était le nom qu'ils s'étaient donnés, s'opposaient aux idées extrémistes de leur gouvernement sorcier, et se battaient pour qu'un maximum de personnes les rejoignent et abandonnent leurs croyances, soeurs aux convictions du seigneur des ténèbres. Ce n'était pas facile, mais leur rang grossissait de mois en mois, et une étroite collaboration avec l'ordre du phénix était une chose bénéfique pour eux.
Tout allait pour le mieux, et Hermione dormait légèrement, courbée sur le grand lit qui leur avait était prêté. Dans un peu moins d'un quart, le portoloin, une bouteille de vodka remplie (un cadeau de leurs nouveaux alliés) s'activeraient et les renverraient en Angleterre, dans le bureau du professeur Mcgonagald, à Poudlard. Là bas, ils auraient tous le temps de parler de ce qu'avait vécu Hermione et cet allié, autrefois ennemi.
De leur côté, les mangemorts avaient battu en retraite. Chacun recevait sa punition. Plus particulièrement un homme aux cheveux noirs, qui avait fortement déçu son maître en ne ramenant pas Harry Potter, ou l'un de ses deux amis, dans l'ancienne bâtisse de la famille Jedusor. Un homme blond, au regard haineux prononça d'une voix pleine de puissance " Endoloris ". L'homme aux cheveux noirs, à terre, le visage en sang, serra les dents, ferma les yeux le plus fort possible, et s'empêcha de crier. Question d'honneur, surtout devant le maître. Le seigneur des ténèbres, une entité maléfique, mi-homme, mi-serpent, se leva et remercia d'une voix douce le patriarche de la famille Malefoy. D'un geste, il demanda à deux autres mangemorts de s'emparer de l'homme blond, et de lui réserver une surprise dans une cellule des cachots. " C'est cela la récompense à ceux qui osent défier et blesser mon bras droit " siffla terriblement Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Il intima à ses autres fidèles de partir, il voulait rester seul avec son maître des potions.
Il se baissa, et murmura à l'oreille de l'homme torturé : " Tu m'as déçu Severus, moi qui pensait que tu voulais me faire plaisir, plus que tout autre mangemort ".
Dans un effort quasi inhumain, l'homme souffla du bout des lèvres :
- Je le souhaite réellement...maître...Je...suis honteux...de...vous...vous avoir...déçu.
Lord Voldemort sourit à cette démonstration de fidélité. Il claqua des doigts, et une dizaine d'elfes sales, habillée avec des vieux torchons rapiécés, les visages fermés et menaçants apparurent.
- Occupez vous de lui, je veux qu'il soit remis sur pied dès demain.
Les elfes firent léviter le corps, et disparurent avec dans un pop assourdissant.
Lord Voldemort caressa du bout des doigts sa baguette. La puissance qui vibrait en lui était enivrante, inquiétante peut-être. Il ricana doucement, provoquant le couinement apeuré d'une jeune moldue détenue prisonnière depuis quelques jours. Il s'avança vers elle, et d'un geste sec, envoya un éclair vers son corps de jeune fille. Elle mourut avant de tomber par terre. Le sort était efficace, maîtrisé à la perfection, terrible.
Au loin on entendit un homme rire d'un rire sans joie, assoiffé de pouvoir, assoiffé de vengeance.
Prenant le thé avec la nouvelle directrice de Poudlard, l'école de sorcellerie la plus réputée dans le monde, Hermione, Harry et Ron racontaient leur escapade en Russie.
Écoutant avec attention, la directrice ne posait qu'un minimum de question, toujours fixée sur un objectif : Avaient-ils réussis à se rallier avec les souffleurs de glaces ?
- Après être arrivés à Moscou, nous sommes directement allés sur le lieu de notre rendez-vous. C'était un immeuble tout à fait banal, nous étions attendus dans un des appartements.
- Bien, vous n'avez pas eu de problèmes pour vous faire accepter ?
- Aucun professeur, tout c'est bien passé, les membres de ce groupe sont très à l'écoute et suivent avec attention tout ce qui peut se passer en Europe, surtout en France et en Angleterre.
- Ils sont donc bien informés et prêts à nous accorder leur confiance ?
- En effet, nous avons mis au point un dispositif d'échange d'informations, entre trois hauts membres de cette organisation, et nous professeur, précisa Hermione après avoir pris une gorgée de son thé à la framboise.
La directrice se leva et alla farfouiller dans son armoire. Elle en revint avec une enveloppe. Elle la tendit à Hermione. Sans faire aucun commentaire, restant impassible aux coups d'oeil curieux de ses meilleurs amis, la jeune femme mit son courrier dans une poche intérieure de sa cape.
- Vous avez bien travaillé, vous méritez de vous reposez un peu. Miss Granger ? Vous resterez avec moi quelques instants...
- Bien professeur.
Embrassant Harry et Ron, elle leur promit de revenir vite les voir. Elle n'avait qu'à les attendre dans la salle sur demande.
Une fois que la porte fut refermée, Minerva Mcgonagald tourna des yeux fatiguée vers son ancienne élève. Inquiète, celle-ci demanda des explications.
- Notre allié vint de m'envoyer une missive. Apparemment, même si le seigneur des ténèbres a confiance en lui, il lui transmet de moins en moins d'informations.
- Avez vous peur qu'un mangemort ait eu des doutes et qu'il en ait fait part à son maître ? demanda Hermione, les sourcils froncés, le visage grave.
- C'est une hypothèse tout à fait valable, admit la directrice. Toutefois, notre espion pense plutôt qu'il ne dit qu'à un nombre limité de personne ce qu'il prépare, et ce, pour une raison terrible...
Hermione ne comprit pas, et lança un regard interrogatoire à son ancienne directrice de maison.
D'un air las, celle ci l'éclaira : " C'est pour bientôt".
Ne disant plus un mot, Hermione baissa la tête, et finalement, prit congé.
Il ne fallait rien dire à Harry et Ron. Comme d'habitude. Pour le bien de tous. Elle le savait. Elle mentait donc. Elle souffrait.
- Rien de grave avec la vieille ? demanda d'un air grave le rouquin, alors que la jeune brunette refermait la porte de la salle sur demande.
- Non rien de grave, juste de nouvelles informations pour une mission que j'effectuerais seule...Mais rien de grave, rassurez-vous, se dépêcha-t-elle de rajouter devant leur mine inquiète.
Harry hocha la tête, et se laissa tomber dans le fauteuil rouge brodé d'or que la salle avait créé pour lui. Il soupira d'aise.
- Je suis content que cela soit fini. Ce qui est bien, c'est que nous ne sommes pas seuls au moins à devoir se battre contre Voldemort, commença-t-il, pensif.
- C'est sûr, approuva Hermione.
Quelques minutes passèrent où ils ne regardèrent que les flammes qui dansaient dans l'âtre de la cheminée, sans parler, se reposant après un si long périple dans le froid, la crainte, la faim. Ron se remémorait doucement tout ce qu'ils avaient vécus en Russie, quand il se souvint de cette conversation dans l'auberge. Hermione devait leur raconter ce qu'elle savait...Sinon, comment pourrait-il être aussi sûrs qu'elle que cet homme était vraiment de leur côté ?
Harry semblait penser à la même chose, car quand Ron s'apprêta à ouvrir la bouche, Harry demanda :
- Au fait Hermione...
- Oui ? demanda-t-elle en le regardant.
- Tu te rappelles quand nous étions dans l'auberge ? Tu nous as dit que ce que tu avais vécu te donnait la certitude qu'il était de notre côté.
- Euh oui, en effet.
- Simple petite question, qu'as tu vécu ?
Sa curiosité piquée au vif, Ron se releva doucement dans son siège, sans quitter des yeux Hermione, attendant sa réponse. Cela lui ferait sûrement mal, mais il en avait besoin pour oublier son amour pour elle, et ne voir en cette jeune femme que sa meilleure amie.
Elle soupira.
- Faut-il toujours tout expliquer ? S'énerva-t-elle. Vous ne pouvez jamais vous contenter de ce que disent les autres ? Vos amis ?
Harry ne répondit rien, et plongea son regard de nouveau dans les flammes...C'était mal partit.
Hermione se leva d'un coup, et commença à faire les cents pas. Pouvait-elle tout leur dire ? Est-ce que ce qu'elle avait vécu les ferait changer d'avis ?
Elle pouvait toujours essayer...
Elle se rassit dans son fauteuil, et regarda sérieusement ses deux amis.
- Écoutez, je vais vous raconter, mais à deux conditions...
- Lesquelles ?
- Ne pas me couper la parole, siffla-t-elle contre Ron, et ne pas tirer de conclusions hâtives. Certains passages pourront vous mettre dans le doute, mais le futur m'a toujours donné une explication...Si vous m'écoutez jusqu'au bout, alors tout ira pour le mieux...
Attentifs, Harry et Ron regardèrent leur amie se plonger dans ses souvenirs...C'était il y a environ trois ans, durant l'été qui séparait leur cinquième et leur sixième année, après l'attaque au ministère.
