Et bonjour/soir les amis !

Premier chapitre d'une fiction plutôt différente, elle ne suit pas le scénario de la série …

Ici la malédiction existe, mais elle est différente, comme vous pourrez le voir et Henry a bien été adopté mais n'est pas le fils d'Emma …

C'est tout ce que j'estime nécessaire de vous dire pour le moment ;)

J'espère qu'elle vous plaira autant que ma précédente fiction, si c'est le cas j'essaierai de faire des mises à jours régulières !

Bonne lecture ! xx

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Chapitre 1 .

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À vingt-huit ans et déjà plus de cinq ans passés à la poursuite de personnes en tout genre, du simple malfaiteur au père de famille en fuite en passant par le petit ami violent, Emma Swan, pouvait se venter d'avoir tout vu et presque tout vécu.

Sauf peut-être la traque d'un tueur en série.

Pourtant elle était certaine que personne ne croirait jamais ce dont elle avait été le témoin le matin même.

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La sonnerie stridente de son appartement la réveilla en sursaut. La veille elle s'était endormie sur le canapé pour ne pas changer et la télévision tournait toujours sur une chaîne d'informations en continu.

- C'est bon j'arrive ! s'entendit-elle crier quand le bruit recommença.

Pour une fois qu'elle n'avait pas à courir à travers tout l'appartement pour trouver quelque chose à enfiler avant d'ouvrir une porte ...

- Qu'est ce qu'il y a ?

Le livreur en face d'elle eut un moment d'absence, visiblement choqué par ce qu'il voyait, la forçant même à jeter un bref coup d'œil sur ses vêtements.

- Qu'est ce que tu as pour moi ? reprit-elle pour le faire sortir de sa transe.

- Un colis.

- J'avais deviné.

Elle vérifia à peine l'expéditeur avant de signer le reçu avec le stylo qu'il lui tendit.

- Bonne journée Madame.

Elle claqua la porte sans répondre. Elle détestait qu'on l'appelle Madame.

Le colis atterrit sur le canapé qu'elle venait juste de déserter, à en juger par le poids plume ça devait être la clef USB qu'on devait lui envoyer pour une affaire de trafics bancaires. Elle détestait ce genre d'affaires. Pas assez d'action.

Sans prendre la peine de l'ouvrir, elle se dirigea directement vers son frigo pour y boire à même le goulot la moitié d'une bouteille de jus de fruits avant d'aller faire un tour à la douche. Il était huit heures et elle remercia son ange gardien qui lui avait un jour fait tout plaquer pour être son propre patron. Elle était incapable de tenir des horaires convenables.

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Emma Swan ne passa le seuil de la porte de sa banque qu'à 10h37 soit exactement 52 minutes après l'heure de son rendez-vous. Typique. Mais elle avait eu du retard à cause de sa voiture qu'elle avait beau faire passer régulièrement chez le garagiste, mais qui refusait obstinément de rester en forme plus de quelques semaines.

Ce matin elle avait encore eu le droit au coup de la batterie à plat au moment où elle avait allumé son auto radio. Elle avait beau aimer la vieille Volkswagen de tout son coeur, elle envisageait de plus en plus de la changer.

Evidement quelqu'un avait pris sa place à son rendez-vous et elle dut aller s'asseoir sur l'un des canapés en simili cuir qui faisait fasse à une baie vitrée.

Dix minutes plus tard, le grondement d'une voiture la fit lever les yeux de son jeu de combat de super héros. Une paire de jambes juchées sur des talons aiguilles la firent même fermer l'application quand une femme accompagnée d'un afro-américain sortirent de la Mercedes immatriculée dans l'Ohio qui venait de se garer devant le building.

La robe bleue marine qui habillait le corps divin était tout juste professionnelle, recouverte d'un manteau qui semblait crier qu'il avait été fait sur mesure par un couturier. Les escarpins à talons aiguilles assorti au sac tapèrent sur le sol de marbre quand elle fit son entrée dans le hall docilement suivi par son chauffeur.

La femme releva la tête pour consulter l'immense horloge qui trônait au dessus des comptoirs et Emma fut étonnée de s'apercevoir qu'elle devait avoir une trentaine d'année.

Brune, les cheveux courts impeccablement coiffés et le regard dur, la chasseuse de prime reconnu immédiatement le genre de femmes d'affaire auxquelles il ne fallait surtout pas s'opposer.

Et le genre de femmes qui lui plaisait.

Elle s'étonna elle même de la violente réaction que la femme dont elle n'avait même pas croisé le regard provoquait chez elle. Quelque chose qui ne s'était pas produit depuis des années. Elle pouvait presque sentir les muscles de son ventre se contracter et elle dut changer de position pour calmer la sensation presque douloureuse qui s'était déclenchée entre ses jambes.

Les yeux fixés sur la fine silhouette – et tant pis si on la captait en train de déshabiller la femme du regard – elle observa l'intéressée se diriger à la suite de son homme de main vers le comptoir, semblant ignorer l'ordre de passage pré établi.

Emma la vit sortir quelque chose de son sac et se rendit compte qu'elle avait vraiment un problème quand un coup de feu retentit à l'entrée.

- Ceci est un braquage. Tout le monde à terre.

D'un bref coup d'œil elle repéra un camion qui s'était garé devant l'immeuble. Cette femme avait réussi à la désorienter suffisamment pour qu'elle ne se rende pas compte de ce qui allait se passait ?

L'espace d'un instant alors qu'elle obéissait calmement à l'ordre qui venait d'être donné, elle eut l'idée folle de penser que l'inconnue faisait partie de la bande de braqueurs et servait justement de distraction. Idée qui fut renforcée quand elle put constater que l'intéressée continuait de parler au banquier au comptoir.

Emma la vit même claquer des doigts devant le regard choqué de ce dernier pour le ramener à la réalité de cette conversation.

Pourtant il était impossible qu'elle n'ait pas entendu le coup de feu et d'ailleurs l'afro-américain à côté d'elle avait les yeux rivés sur les braqueurs. Les quatre nouveaux arrivants s'éparpillaient déjà dans la pièce, des habitués, ne put-elle s'empêcher de penser. Deux s'occupant de surveiller les otages, les deux autres désarmant les vigiles avant de menacer ce qui semblait être le responsable.

Seule la voix tranquille de la brune continuait de ronronner dans un coin.

- Hey ! Vous là bas ! Vous avez pas compris, à terre !

L'intéressée se retourna brièvement, parcourant le braqueur d'un regard froid avant d'adresser un bref signe de tête à son partenaire et de retourner son attention au banquier.

- Nous n'avons aucune intention de vous causer du tort Messieurs, continuez ce que vous êtes en train de faire, nous continuons ce que nous sommes en train de faire, annonça-t-il d'une voix calme.

La réplique lui valut un rire de la part de l'homme armé.

- Tu te fous de ma gueule ? À terre j'ai dit !

- J'ai bien peur que ce ne soit pas possible.

- Tu veux que je te…

Le bruit sec d'une main tapée sur le comptoir sembla indiquer que l'inconnue en était arrivée au point de l'exaspération.

- Faites donc ce qu'on vous dit jeune homme, menaça la voix qui liquéfia littéralement Emma qui sentit son string devenir inconfortable.

- Toi la pétasse de fille à papa tu vas la fermer …

Cette fois l'intéressée se retourna pour de bon et l'homme eut un moment de flottement, certainement quand il prit conscience de ce que la chasseuse de prime avait tout de suite remarqué. Le braqueur renifla bruyamment avant de lâcher un sifflement admiratif qui donna à la blonde l'envie de l'étriper. L'objet de cette attention n'en sembla pas plus ravi à en juger par le haussement de sourcil et le regard glacial qui lui fut adressé.

- Vous ne devriez vraiment pas Monsieur.

L'afro Américain s'était rapproché de la femme, une épaule la couvrant du braqueur.

- Mais de quoi je me mêle connard.

Emma dut froncer les sourcils pour entendre la réponse de la brune qui venait de poser une main rassurante sur le bras de son protecteur.

- Laissez-le Sidney.

- Sidney il s'appelle le clown ? À terre connard, immédiatement et ensuite je vais m'occuper de la dame.

- Vous n'êtes vraim…

- Oh et ta gueule !

La détonation en fit crier plus d'un, mais la blonde était restée de marbre. Elle n'en était pas à son premier braquage et depuis toute à l'heure la posture de l'homme criait qu'il allait tirer.

Mais ce qui aurait put la faire crier, tenait plus du fait que l'homme qui s'était reçu une balle en plein torse n'avait pas bronché.

Elle entendit distinctement l'étonnement de l'agresseur avant de distinguer l'éclat de métal figé devant le costume toujours impeccable de la victime. Comme si la balle avait été arrêtée par une force invisible.

- Voilà qui était très bête.

Cette fois c'était la femme qui avait parlé et d'un mouvement presque félin attrapa son acolyte pour l'éloigner de la balle toujours suspendue en l'air.

Par réflexe plus qu'autre chose devina Emma, l'homme à l'arme vida son chargeur sur la brune qui se contenta de pencher la tête, presque désolée pour lui.

La chasseuse de prime se surprit une nouvelle fois à devoir avaler de la salive pour soulager sa gorge sèche. Elle éprouvait une attirance presque animale pour cette inconnue.

Des chuchotements autour d'elle indiquèrent que cette fois elle n'était pas la seule à avoir osé regarder la scène et constaté qu'aucune balle n'avait atteint la femme.

- C'est tout ce que tu as pour moi ?

La voix rauque alluma un feu dans le ventre de la blonde. Elle devenait folle, ça ne pouvait être que ça.

- Alec !

L'interpellé qui menaçait toujours de son fusil à pompe le banquier sembla réfléchir quelques secondes avant de lui donner un coup de canon pour pouvoir se retourner vers la femme.

Pourtant il n'avait pas l'air de vouloir tirer. Certainement ne devait-il pas croire ce qu'il venait de voir.

- On a peur ?

L'homme renforça sa prise sur l'arme, ajustant sa visée. Au même instant les balles du 9mm qui étaient restées suspendues en l'air retombèrent sur le sol de marbre en un vacarme assourdissant dans le silence qui pesait sur la pièce.

- Qu'est-ce que tu attends ?

Le braqueur fit ce qu'Emma aurait fait à sa place, baissant lentement mais sûrement son arme, provocant un rire moqueur qui la fit trembler.

- Sage décision.

La blonde assista comme dans un rêve à ce qu'elle ne pouvait que qualifier de tour de magie, les trois braqueurs éparpillés dans la banque attirés comme des aimants au centre du hall avant d'être attachés par des cordes sorties de nulle part.

- Que personne ne bouge ! cria celui qui se tenait toujours devant elle.

La femme désobéit immédiatement, faisant claquer les talons de ses escarpins noirs sur le sol. Son regard balaya l'ensemble de la pièce comme pour vérifier si l'ordre de son adversaire était pris au sérieux ou non.

L'espace d'une seconde ou certainement moins, deux yeux d'ébène se posèrent sur elle avant de ricocher sur un groupe d'autres personnes où un enfant d'une dizaine d'années était fermement tenu par sa mère. Emma crut que son cœur allait lâcher, ses jambes tremblaient littéralement et si n'importe qui aurait pu penser qu'elle avait peur, ce n'était pas du tout le cas.

Elle était en plein milieu d'une prise d'otage et elle avait envie de se jeter sur une femme pour la déshabiller.

- Personne ne bouge, constata l'intéressée.

- Qu'est-ce que t'es bordel ?

Elle l'observa nerveusement recharger son arme, toujours pas stoppé par la brune et elle ne put s'empêcher de penser que c'était un très mauvais signe pour lui.

- Sidney, récupérez mon dossier s'il vous plaît.

- Oui.

Elle n'accorda pas un seul regard à l'afro-américain qui se redirigeait vers les comptoirs.

- Tu es en train de te dire que tu n'as pas de chance, n'est-ce pas ? Quelles étaient les chances pour que ton petit braquage tout bien ficelé tombe sur quelqu'un comme moi ?

Elle ne sembla pas attendre de réponse, recommençant à avancer vers l'homme qui la visait à nouveau. Jusqu'à ce que le canon de l'arme n'entre en contact avec sa poitrine.

Emma faillit gémir, se mordant l'intérieur de la joue au dernier moment.

- Tire.

L'homme obéit, la détonation à peine étouffée par le contact avec le corps de la femme, mais la seconde d'après le braqueur recula en titubant et la blonde n'étouffa pas son hoquet de surprise en voyant le sang tacher son polo.

- Pathétique.

L'insulte soufflée à voix basse fut accompagnée d'un brusque mouvement qui arracha quelques cris aux témoins toujours pétrifiés par la peur dans le hall.

Par réflexe la chasseuse de prime passa une main énergique sur ses yeux, tant pis si elle s'arrachait un cil, il fallait qu'elle s'assure de ne pas être en train de rêver.

Ou de cauchemarder.

Parce qu'en face d'elle la femme venait de plonger sa main dans le torse du malfaiteur comme s'il s'était agi d'une paroi en mousse. Théorie réfutée par le bruit d'os se cassant qui raisonna dans la pièce quand la main remonta le long du torse pour arriver jusqu'à la gorge qu'elle arracha.

- Oh mon dieu ! entendit-elle à ses côtés avant que l'homme en question ne vomisse à quelques centimètres de sa compagne

- Tout est prêt Sidney ?

- Oui.

- Partons.

Comme si elle reposait un produit qui ne l'intéressait plus en rayon, la femme retira sa main de la carcasse sans vie de l'homme qu'elle venait de tuer, le laissant tomber à terre avant de l'enjamber. Emma l'observa secouer sa main pour en faire apparemment disparaître toute trace de sang.

Elle était presque sortie, son garde du corps sur les talons quand elle sembla décider de se retourner. Comme si elle avait oublié quelque chose.

Son regard fit un arc de cercle sur la pièce et elle le vit s'arrêter à nouveau sur le jeune garçon recroquevillé dans les bras de sa mère.

Visiblement personne ne semblait vouloir bouger et pour cause, cette femme avait l'air bien plus dangereuse que les braqueurs auxquels ils avaient tous été confrontés quelques minutes plus tôt.

La brune fouilla dans son sac pour en sortir une paire de lunettes noires qui lui allaient à la perfection et l'espace d'un instant elle fut persuadée qu'elle allait en sortir un objet à la Men In Black pour leur faire oublier ce qu'il venait de se passer. Et comme pour confirmer ses doutes …

- Il ne faudrait pas qu'ils s'en souviennent.

- Je sais.

L'inconnue leva une main et Emma manqua se lever, elle éprouvait le désir fou de lui parler et une peur atroce à l'idée de l'avoir oubliée la seconde d'après.

Mais elle n'eut pas le temps de mettre un pied devant l'autre, une onde de choc parcourut la pièce, endormant tout le monde sur son passage.

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Assise dans la salle d'attente de l'hôpital, la jeune femme regarda une nouvelle fois sa montre. Le médecin avait dit qu'il reviendrait dans moins de dix minutes

Elle n'était pas folle.

Elle ne pouvait pas se résoudre à cette éventualité. Alors peut-être les malfaiteurs avaient ils utilisé un gaz hallucinogène ? Le genre de truc qu'elle avait vu dans Batman ? Pourtant l'impression générale qui lui restait à chaque fois qu'elle osait repenser à ce dont elle avait été le témoin le matin même n'avait rien d'un sentiment de peur et tendait plus à la faire rougir.

Pour la première fois depuis des lustres elle avait eu envie de sauter sur une femme.

Une femme qu'elle venait de voir tuer quelqu'un de sang froid.

- Emma Swan ?

- Là, répondit-elle en se levant d'un bond.

- Les résultats sont là.

Suivant l'invitation silencieuse, la chasseuse de primes s'engouffra dans un bureau désigné.

Quand elle s'était réveillée entourée de tous les clients de la banque elle avait ressenti une folle poussée d'adrénaline. Elle se souvenait de tout.

Sauf qu'elle était la seule.

- Pourquoi avoir tant insisté à faire ces examens ? demanda la voix du médecin qu'elle avait eu au téléphone ce matin.

Elle prit le temps de localiser sa position - dans une pièce annexe à la salle de consultation - avant de répondre.

- J'étais en retard pour un contrôle de routine, mentit-elle.

- J'ignorais qu'on demandait ça à la police.

- Je ne travaille pas à la police.

- Je vois ...

Il était sorti de la pièce à présent, les yeux encore baissés sur un fichier contenant certainement les résultats de ses examens.

- Tout va bien Miss Swan, mais ...

- Mais ? pressa-t-elle.

Il consentit enfin à lever les yeux au dessus de la monture de ses lunettes.

- Si vous avez besoin de parl...

- Non, c'est bon. Bonne soirée professeur.

Elle n'attendit pas qu'il s'insurge, attrapant son dossier avant de sortir de la pièce.

Dans le dédale de couloirs elle fit glisser son téléphone personnel de la poche intérieure de son blouson en cuir.

- Ted ?

- Ouais, c'est moi que t'appelle Swan.

- T'en es où avec ces caméras ?

- Les enregistrements sont sur ton ordi. Je peux savoir qu'est-ce qu'il s'est passé à ce cambriolage ?

- Non.

- Les flics ont appelé.

- Ah ouais ? Pourquoi ?

- Pour ta déposition et ils voulaient savoir si tu étais prête à leur filer un coup de main.

- Non. Qu'ils m'envoient un double des photos, c'est tout.

- Ok.

- Ted ?

- Ouais ?

- Merci.

Elle raccrocha avant qu'il ne lui demande plus de détails et sortit les clefs de son éternelle coccinelle qui la ramènerait chez elle.

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Dans l'appartement, elle n'attendit même pas d'avoir retiré ses chaussures pour allumer l'ordinateur et la machine à café qui trônait à ses côtés.

Elle avait une centaine de mails non lus, mais elle ne s'intéressa qu'au dernier arrivé qui contenait un simple lien.

La machine à expresso émit un bip strident au moment même où la fenêtre d'un logiciel qu'elle ne connaissait pas s'ouvrit.

Elle eut un sourire en constatant le contenu. L'accès aux enregistrements de dizaines de caméras aux alentours de la banque où elle était le matin même ainsi que celles de l'établissement. ll faudrait qu'elle pense à lui offrir une prime un de ces quatre.

Par acquis de conscience elle visionna d'abord celles de l'intérieur de l'immeuble qui s'éteignirent une dizaine de minutes avant que les malfaiteurs n'y rentrent, puis elle s'attaqua à celles de la rue qui en firent de même.

Elle ne cherchait pas les malfaiteurs qui avaient été retrouvés par la police les mains liées pour trois d'entre eux, mort pour le quatrième. Non. Elle cherchait une femme.

Ou du moins sa voiture. Une preuve que ce qu'elle avait vu n'était pas une pure hallucination.

Emma sentit son cœur s'emballer avant de l'apercevoir, son index tapant violemment la touche pause, manquant renverser la tasse de café toujours chaud à ses côtés.

- Ah ah ! s'entendit-elle crier à son ordinateur.

Là, dans une rue perpendiculaire à celle de la banque, la berline de luxe s'éloignait tranquillement des lieux du crime.

Elle vérifia à nouveau la plaque d'immatriculation, constatant qu'elle n'était pas folle : c'était bien celle qu'elle avait donné à Ted le matin même et qui s'était avérée appartenir à un pick up bon pour la casse dans l'Ohio.

La jeune femme sentit une bouffée de chaleur l'envahir.

Elle n'était pas folle.

Et elle avait une nouvelle affaire.

Les caméras ne lui apporteraient rien de plus, elle n'était pas assez douée pour pouvoir retracer le trajet d'une voiture dans la circulation de Boston. Elle ferma le programme et revint en arrière sur sa boite mail, cherchant celui que son acolyte devait lui avoir envoyé plus tôt dans la journée.

Elle tomba dessus entre deux messages d'un client qui la harcelait pour avoir des nouvelles de sa femme, sûrement partie dans les bras d'un autre.

Le programme annonçait 48 619 fichiers clients différents et elle regretta un instant de ne pas avoir accepté d'être employée par le FBI. Elle aurait certainement eu des logiciels qui savaient faire en cinq minutes ce qu'elle s'apprêtait à faire pendant le reste de la journée et la nuit.

Vers quatre heures du matin elle faillit renverser tout son bureau quand elle fit un bond en voyant un visage familier s'afficher. Pas celui auquel elle s'était attendue, mais c'était déjà ça.

Elle griffonna l'adresse sur un bloc note qui ne la quittait jamais et s'empara d'un sac de voyage toujours prêt. Son gps annonça un long voyage quand elle l'enclencha, mais tant pis, rien n'aurait pu l'empêcher de le faire.

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Dans la matinée, elle dut se résigner à faire une pause dans une station essence perdue au milieu d'une route interminable. Elle n'avait presque plus d'essence et absolument besoin d'avaler et quelque chose avant de tomber dans les pommes. Ou de sommeil.

- Où est-ce que vous allez ?

- Storybrook.

- Connais pas.

- Moi non plus, répondit-elle au commerçant en essayant d'être polie.

Elle s'assura pour la dixième fois que son Beretta était bien accroché à son holster avant de remonter derrière le volant.

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Sa montre affichait presque quinze heures quand elle passa le panneau indiquant qu'elle rentrait dans le village et son portable mourut quelques minutes plus tard alors que les premières habitations étaient en vue.

La ville ressemblait à ces villages où se déroulaient de sombres meurtres dans les séries télévisées qu'elle regardait parfois le soir tard avant de trouver le sommeil.

- Ça devrait suffire, observa-t-elle à haute voix en s'arrêtant devant la seule enseigne qui lui semblait plus accueillante que les autres.

Un regard ébahi l'attendit quand elle sortit de la voiture et elle se demanda si elle n'était pas tombée dans un de ses villages où personne ne réussissait à s'intégrer et où le moindre nouvel arrivant était regardé comme un extra-terrestre.

- Waw ! Une nouvelle tête !

La voix chaleureuse la conforta malheureusement dans sa dernière impression.

- Bonjour ! Vous servez encore des repas ?

- Vingt-Quatre sur Vingt-Quatre. Je vous laisse vous asseoir et j'arrive avec une carte !

La brune habillée aussi légèrement que dans des célèbres chaines de fast-food était la seule bonne surprise que semblait receler le village.

Elle n'attendit même pas un quart d'heure avant d'être servie, manquant froncer les sourcils lorsque la serveuse s'assit en face d'elle sans un mot.

- Qu'est-ce que je peux pour vous ? demanda-t-elle au bout d'un moment.

- Personne ne vient jamais ici, que voulez-vous ?

- Je cherche quelqu'un qui vit ici, l'informa-t-elle, fidèle au plan qu'elle avait imaginé.

- Quelqu'un qui ?

- Monsieur Glass.

- Sidney Glass ?

- C'est c'la.

- Qu'est-ce que vous lui voulez ? Il est à peu près intouchable ici.

- Je ne lui veux aucun mal. Pourquoi intouchable ?

- C'est le rédacteur en chef du journal et il est très ami avec le Maire.

- Je vois …

- Qu'est-ce que vous lui voulez ?

- Je travaille chez un notaire, je suis à sa recherche, je crois qu'il a hérité d'une grosse somme d'argent.

Elle fut étonnée de ne pas voir le moindre éclat d'intérêt dans les yeux de la serveuse qu'elle aurait pourtant prise pour quelqu'un d'intéressé par des rumeurs.

- Je ne pense pas que vous ayez le bon Sidney Glass …

- Pourquoi ?

- Personne n'a de famille ici.

Ok. C'était définitivement le genre de phrase qu'elle aurait pu entendre dans ces films d'horreur du mercredi soir. Encore heureux que la jeune femme qui venait de la lui délivrer n'avait pas soixante-dix ans de plus et des yeux blancs.

- Tout le monde a de la famille Ruby, répondit-elle en se rendant immédiatement compte que sa phrase était nulle de sens, surtout venant de quelqu'un comme elle.

- Comment est-ce que vous connaissez mon nom ?

- Il était sur votre carnet de bord derrière le comptoir.

- Vous êtes sûre que vous travaillez chez un notaire ?

- J'ai travaillé pour la police avant, je suis une bonne enquêtrice, se justifia-t-elle.

- Le maire ne va pas aimer ça…

- Vous avez des choses à cacher ?

Elle avait demandé ça sur le ton de la plaisanterie, mais visiblement, la remarque fit mouche, la jeune femme se relevant soudain.

A moins que ce ne soit l'arrivée d'un jeune gaçon qui l'ait poussé à reprendre du service.

- Bonjour Ruby. Je vais prendre une tarte à la cerise s'il te plait.

- Tu es sûr que tu as le droit à ça ?

- Certain. J'ai eu un quinze à mon devoir de maths.

- C'est tout ?

L'enfant semblait sur le point de répondre quand il remarqua la présence d'Emma qui le fixait sans gêne tout en mangeant ses frites.

- Qui est-ce ?

La jeune femme ne put s'empêcher de relever la façon dont la question avait été posée. Impérieuse. Comme si une réponse lui été due de droit. Et sans la moindre marque de politesse. Sois le gamin était rudement impoli malgré l'éducation que tout son être transpirait, soit il avait des parents qui possédaient la moitié de la ville.

- Je ne sais pas. Elle vient d'arriver.

- Est-ce que ma mère est au courant ?

Bingo. C'était forcément les parents.

- Ta mère sait tout ce qu'il se passe dans cette ville Henry, elle doit probablement l'avoir senti depuis qu'elle a passé la frontière.

L'étrange tournure de la phrase lui fit plisser les yeux, sa pensée se focalisant immédiatement sur la femme qu'elle était venue chercher ici et dont la description minimaliste semblait correspondre. Pourtant, s'il était brun, l'enfant n'avait aucun trait en commun avec l'inconnue de la banque.

- Sans doute.

Sans autre préambule, ce fut au tour du nouvel arrivant de s'approcher de sa table pour lui tendre une main.

- Henry Mills. Je vous souhaite la bien venue à Storybrook.

- Emma Swan, répondit-elle en essayant de garder son sérieux. Je te remercie.

- Qu'est-ce qui vous amène ici ?

- Sidney Glass.

Le nom provoqua un froncement de sourcil suivi d'une grimace.

- Tu ne l'aimes pas ?

- Pas plus que ça. Comment avez vous entendu parler de notre ville ?

- Une adresse est sortie au cours de mes recherches.

- Bizarre.

Elle l'observa mordre à pleines dents dans la pâtisserie qui venait de lui être amenée.

Elle n'avait pas fait attention au tintement de la cloche de la porte d'entrée et fronça les sourcils quand un homme s'approcha de leur table.

- Henry, qui t'a donné la permission de parler à une inconnue ?

- Qui vous a donné la permission d'être ici en plein service ? rétorqua-t-il.

Emma ne put s'empêcher de sourire. Le gamin avait la répartie de quelqu'un qui avait appris des meilleurs.

- Graham, se présenta le nouveau venu qu'elle regarda pour la première fois.

- Emma, se contenta-t-elle de répondre. Le gamin est venu me parler, je n'ai fais que répondre à ses questions.

Elle avait tout de même senti le besoin de se justifier. Peut-être parce qu'il portait le badge d'un office de police à la ceinture et qu'elle n'avait pas la moindre envie d'avoir des problèmes aussi tôt.

- C'est compréhensible. Vous êtes ici pour un séjour de combien ?

- Je ne sais pas, je dois voir quelqu'un.

Ce fut au tour du Shérif d'avoir l'air étonné.

- Quelqu'un que vous connaissez ?

- Pas vraiment.

En attendant elle n'avait aucune envie de rester plus longtemps et répondre aux questions qui risquaient de la pousser vers une erreur. La jeune femme reposa ses couverts, finissant son verre d'eau avant de se lever.

- Ce fut un plaisir Henry. Merci pour ton accueil.

L'intéressé la salua d'un signe de la main, le regard toujours intensément fixé sur elle, comme en pleine réflexion.

- Graham, salua-t-elle le dernier venu.

Elle avait à peine fait quelques pas vers le comptoir qu'elle sentit ses pas la rattraper.

- Emma ?

- Oui ? répondit-elle au bord de l'agacement.

- Ma carte. Si vous avez besoin d'un tour de la ville ou ... de quoi que ce soit d'autre.

- Ok, accepta-t-elle en s'emparant du morceau de carton entre deux doigts avant de le glisser dans une poche de son blouson. Ruby ! combien je vous dois ?

- Douze cinquante.

Elle sortit un billet, sentant toujours le regard du Shérif sur elle et remarqua le roulement des yeux que cela provoqua chez la serveuse.

- Est-ce qu'il y a un hôtel dans lequel je puisse rester ce soir ?

- Oui, le notre.

- Super. Vous avez une chambre ?

- Plutôt deux fois qu'une !

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Pour la faible caution qu'elle avait donnée, la jeune femme ne s'était pas attendue à une chambre de première classe, pourtant elle dut reconnaître que la pièce n'avait rien de miteux.

Le grand lit deux places semblait déjà l'appeler et elle décida que rien ne l'empêchait de faire une sieste une fois son sac de voyage posé dans l'une des armoires qui ornaient la pièce.

Elle fut réveillée en sursaut par une sensation qu'elle n'aurait su expliquer, un coup d'oeil à son téléphone l'informant que les volets fermés n'avait aucun lien avec le fait qu'il fasse noir dans la pièce.

Il était vingt-trois heure trente. Elle avait certainement rattrapé les heures de sommeil qu'elle avait raté les derniers jours.

En bas de l'immeuble une portière claqua et elle entendit distinctement le bruit d'une voix qu'elle reconnu.

Graham, le shérif qui devait certainement être en train de draguer quelqu'un d'autre.

- Ou pas, remarqua-t-elle à haute voix en entendant son ton désolé.

Une curiosité maladive la poussa à ouvrir la fenêtre, son estomac se tordant quand elle aperçut un coupé Mercedes brillant sous l'éclat d'un lampadaire.

Elle savait que c'était Elle. Avant même d'avoir vu sa silhouette habillée d'une robe assez courte pour en révéler un peu trop et assez longue pour pouvoir passer pour une femme d'affaire.

L'intéressée était à quelques centimètres du Shérif, une main tenant fermement son menton. Elle n'aurait pas su distinguer le moindre mot mais sa prestance ne laissait rien présager de bon.

Quoi qu'il ait fait, il était en train de se faire passer un savon.

Apparemment elle en eut assez de lui, crachant une dernière menace avant de le repousser, laissant l'homme tomber à terre.

- Qu'il lui arrive la moindre chose chasseur, et je vous fais manger vos propres intestins.

Venant de la part de n'importe qui d'autre, la phrase n'aurait pas eu le même impact, mais Emma était persuadée que l'inconnue en était capable.

Elle fut à nouveau surprise par le mélange de peur et désir presque animal que provoquait la femme chez elle, son regard retraçant la ligne des jambes élancées sur de hauts talons aiguilles quand elle se dirigea vers sa voiture.

Elle comprit après coup que le grognement qu'elle avait entendu raisonner dans sa tête avait franchi la barrière de ses lèvres. En bas, le corps svelte de l'inconnue se figea une main posée sur le toit de sa voiture.

Le regard perçant cilla pour aller directement se planter sur les volets derrière lesquels elle se cachait et l'espace d'un instant la jeune femme craignit qu'elle ne puisse voir au travers. Après tout pour quelqu'un qui effaçait des mémoires et arrachait des cœurs à main nue, ce ne devait pas être impossible ...

Emma sentit son cœur battre à la chamade, observant l'inconnue prendre une grande inspiration qui attira son regard sur son décolleté avant qu'il ne retombe sur le reste de son corps quand elle se décida à rentrer dans le coupé noir.

La voiture démarra au quart de tour, déchirant le silence relatif de la petite ville et elle se rendit compte qu'elle avait retenu sa respiration quand les feux de la Mercedes disparurent à l'angle d'une rue.

En bas Graham se releva en marmonnant quelque chose et elle se décida qu'elle avait besoin de faire un tour pour se dégourdir les jambes. Retourner dans un lit était inenvisageable et elle avait besoin d'une douche froide.

Il fallait qu'elle se reprenne en main. Comment allait-elle réagir le jour où elle réussirai à l'approcher ou pire, à lui parler ?

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Après une brève douche pendant laquelle elle avait du lutter pour ne pas succomber à ses pulsions, la jeune femme enfila un jean noir et le premier haut qu'elle trouva, rechaussant ses bottes pour descendre à l'accueil.

- Bonsoir. Bien dormi ?

- Comment est-ce que vous savez que j'ai dormi ?

- J'ai tapé à votre porte pour savoir si vous vouliez manger quelque chose.

- Ah ...Oui, je dormais, j'en avais bien besoin. Est-ce qu'il y a un bar ici ?

- Oui. Si vous pouvez attendre quelques petites minutes je finis de mettre à jour mon carnet de notes et j'y vais justement.

- Ok, je vais attendre dehors.

Dans l'allée arborée elle ne trouva aucun signe du Shérif et tant mieux, avec ses sourires en coin et son regard clair elle n'avait aucune envie de devoir lui remettre les idées en place.

Elle jouait avec quelques galets quand le bruit de talons aiguilles la fit lever les yeux.

Si elle avait estimé que la serveuse ne portait déjà pas assez pour travailler, apparemment, ses tenues de soirées étaient encore pire.

- Vous avez oublié votre jupe non ? plaisanta-t-elle.

Un instant elle eut peur que sa remarque ne soit mal prise, mais un large sourire fendit le visage sympathique de la jeune femme.

- Vous pouvez me tutoyer !

- Fais en de même alors.

- Okay Emma. Est-ce que tu aimes les shooters ?

- Oui, mais je préférerais rester lucide.

- On t'arrêtera à temps.

"On" consistait apparemment à trois autres jeunes femmes qu'elle rejoignit au " Rabbit Hole " et qui s'étonnèrent toutes de voir une nouvelle arrivante dans la ville. Elle dut affronter une série de questions sur sa vie privée et les raisons de sa venue, de la part de "Belle" surtout qui semblait la plus vive d'entre elles.

- Est-ce que tu crois à la magie ? demanda-t-elle au bout d'un moment.

Elle avait peut-être bu, mais il était hors de question qu'elle dévoile ses cartes tout de suite. Et surtout si la question lui permettait de retourner la situation.

- Tu vas me proposer une séance de spiritisme ?

Pour la première fois de la soirée elle vit Mary-Margaret - que tout le monde appelait Snow ( certainement à cause de la blancheur de sa peau ) - se tendre et réagir un peu plus à ce qu'il se passait autour d'elle.

- Non c'est pas mon genre, répondit-elle.

- Tu as raison Emma, invoquer les esprits n'a jamais rien apporté de bon.

- Vous avez déjà essayé ? conclut-elle.

Pour toute réponse elle eut le droit à un faible sourire et un nouveau verre de tequila.

- Moi j'ai essayé une fois, relança-t-elle.

Elle n'avait aucune envie de laisser tomber le sujet.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda Aurore.

- Portes qui claquent, lampe qui vacille, j'étais jeune et ça nous a fiché une trouille pas possible.

- Petite nature ...

L'espace d'un instant elle contempla l'idée que tous les habitants de la ville étaient peut être des gens dotés de pouvoirs surnaturels et que tous avaient du voir bien que dans leur vie qu'une porte qui claque. Peut-être même étaient-elles habituées à voir des meurtres de sang froid comme celui dont elle avait été témoin à la banque.

- Il ne faut pas prendre ce genre de choses à la lég...

Aurore fut manifestement interrompue par un coup de pieds qu'on lui donna par dessous la table et elle ne put s'empêcher de penser qu'on lui cachait bien quelque chose.

La bonne nouvelle c'est qu'elle n'était définitivement pas folle. Mais sa conception du monde semblait sur le point d'être ébranlée. Comme celle de ces héros de romans fantastiques qu'elle achetait parfois pour lire dans un avion où l'aventurier été forcé de réaliser que tout un monde parallèle au sien avait toujours existé.

Elle secoua l'idée avant de s'enfoncer dans les méandres de ses pensées et se leva. Il fallait qu'elle soit en forme pour demain et de toute manière elle ne tirerait rien de ces trois là un premier soir. Leur rituel semblait rodé.

- Je vous laisse, je vais essayer de ne pas me lever trop tard demain, j'aimerais finir ce dossier avant la fin de la semaine.

Le mensonge était éhonté, elle se sentait prête à rester une année ici s'il le fallait pour découvrir le mystère qu'elle sentait tapis dans l'ombre de la ville, mais apparemment elles semblèrent mordre à l'hameçon, levant un dernier verre en son honneur.

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Le lendemain matin elle manqua injurier son téléphone en l'entendant hurler à l'autre bout de la pièce où elle l'avait laissé la veille dans la poche de son pantalon. En plus sa montre n'affichait même pas l'heure à laquelle elle avait programmé.

Avec difficulté, elle s'arracha du lit pour rejoindre la chaise sur laquelle son pantalon avait été posé en vitesse, atteignant l'objet au moment même où la sonnerie s'arrêta.

- Bordel de ...

Et en plus c'était un numéro inconnu ! Il était sept-heure et demi, elle aurait encore pu dormir une heure, mais se connaissant elle n'allait pas pouvoir retrouver le sommeil.

La jeune femme prit une douche éclair, décidant de tenter un petit déjeuner au restaurant. Avec un peu de chance, il serait aussi bon que le dernier repas qu'elle y avait fait la veille.

- Bonjour Princesse ! s'exclama Ruby quand elle la vit passer le pas de porte.

- Déjà debout ?

- J'ai besoin de très peu de sommeil.

Ou alors c'est un être surnaturel qui n'a pas besoin de dormir, lui souffla une petite voix paranoïaque dans un coin de son cerveau.

- Moi j'ai besoin d'un grand café s'il te plaît et qu'est-ce que vous avez en petit déjeuner ?

- Demande et tu auras.

- Pan-cakes aux fruits rouges, œufs brouillés et bacon s'il te plaît.

- Choisis une table, ça arrive dans dix minutes.

Il devait également y avoir une sorte de magicienne qui s'afférait aux fourneaux parce qu'en dix minutes sa requête fut apportée dans deux grandes assiettes qui lui donnèrent l'eau à la bouche.

- Ton homme est là, glissa la serveuse en lui apportant une carafe d'eau supplémentaire alors qu'elle dévorait déjà ses œufs.

- Mon homme ?

- Sidney Glass.

Elle n'avait pas fait attention aux vas et viens des clients qui avait peu à peu rempli la salle, mais en effet, l'homme qu'elle avait vu à Boston se tenait au comptoir, un journal glissé sous le bras, attendant visiblement une commande à emporter.

- Monsieur Glass !

L'intéressé se retourna vers elle et elle fut étonnée de voir que son air suffisant restait dénué de toute puissance. Elle avait déjà croisé des gens importants, dont le regard reflétait les responsabilités et le pouvoir, mais le sien était vide et elle comprit immédiatement qu'elle avait affaire à un homme de paille. Un homme qui tirait uniquement sa prestance des gens qu'ils servaient et qui serait prêt à tout pour garder sa position.

Un moins que rien.

- A qui ai-je l'honneur ?

- Emma Swan, répondit-elle en tendant la main.

- Ah oui, on m'a parlé de vous, sembla-t-il se souvenir en observant sa main tendue sans pour autant la saisir.

Ok, c'était pas la première fois qu'elle prenait un vent.

- Je travaille dans une étude notariale, j'ai des papiers que j'aimerais vous montrer.

- Prenez un rendez-vous avec ma secrétaire, je dois me rendre à un conseil municipal et le Maire déteste souverainement qu'on soit en retard.

- Ok, où est-ce que je peux trouver vos bureaux ?

- Demandez, je suis sûr qu'on vous indiquera la direction.

Ruby lui tendit un immense gobelet de café et l'espace d'un instant elle eut envie de compatir avec l'homme qui allait certainement s'ennuyer à mourir pendant la réunion à laquelle il se rendait.

L'intéressé sembla sur le point de rajouter quelque chose, mais se tut soudainement alors même qu'un frisson parcourut sa colonne vertébrale pour aller mourir entre ses jambes.

En face d'elle Ruby adressa un sourire poli à quelqu'un et elle sut.

Elle était là.

Emma aurait put en mettre sa main au feu.

Elle dut prendre une longue inspiration avant de se retourner tout sourire.

- Miss Swan.

La voix aurait put la faire rougir quand elle était plus jeune. L'espace d'un instant elle regarda la femme comme dans une scène tournée au ralenti, avancer vers elle et lui tendre une main qu'elle serra sans même en avoir conscience.

Son corps était en feu.

- Regina Mills, se présenta l'inconnue.