Bonjour, bonsoir,
Les personnages et la saga gnagna, les chansons gnagna ne m'appartiennent pas.
TW : harcèlement, relation de domination/soumission (et p'têtre que la liste va se rallonger)
La suite devrait arriver entre fin mai et dans le mois de juin (oui, c'est très large) mais t'inquiètes pas, j'ai prévu plein de trucs, j'ai du temps pour écrire. Et puis t'as une surprise (mais bon, je te dis pas sinon je spoile) Et aussi : même si ça passe en M, y aura pas de sexe (bisous, au revoir le fan de lemon) et les "titres" des parties sont du groupe Placebo, tout comme le titre principal.
Bonne lecture et prépare ton cerveau
Bigmouth strickes again
Because I want you
Seigneur, qu'il était beau. Draco aurait pu le regarder des heures durant et ne tarir d'éloges sur ce jeune homme. La courbe de sa mâchoire, ses cheveux d'un noir corbeau, ses yeux ayant la même couleur que le ciel en été, sa peau légèrement hâlée, son nez droit et parfait, ses lèvres comme deux pétales de roses délicates, ses mains aux longs doigts, ses avant-bras à peine couvert de poils, à ses vêtements plus classes les uns que les autres. Ce jeune homme était d'une beauté à la fois juvénile et désarmante. Le monde de Draco prenait un peu de couleurs chaque fois qu'il apercevait son adonis à l'université, il était son Dorian Gray et lui, le peintre qui se repaissait et se nourrissait des traits délicats de son modèle.
Si seulement, il connaissait son prénom... ou quoi ce soit sur lui qui puisse l'éclairer sur son identité. Il traînait souvent avec une blonde au look déjanté et aux cheveux pleins de dreadlocks et d'atébas colorés, mais Draco n'avait aucune idée de son nom. Il les avait bien cherché sur le groupe facebook de leur licence, en vain.
Souvent, Draco se perdait dans ses pensées en cours, s'imaginant en William Shakespeare déclamant sa flamme en sonnet élisabéthain à son jeune amant, qui se moquait éperdument de lui.
Quand il ne se prenait pas pour un poète pétrarquiste, martyr d'amour pour sa dame – enfin jeune homme – qui ne lui accordait aucun égard, il harcelait les gens sur internet. C'est pas grave si c'est sur internet. Et puis, il ne s'acharnait jamais sur la même personne : il avait des principes. Il se contentait d'un message assassin par personne et par jour – histoire de faire durer le plaisir.
Ses examens finaux approchaient, et le stress montant, il n'avait trouvé comme seul remède de compulser les thrillers et polars, et d'insulter les personnes avec qui il matchait sur la célèbre application de rencontre. Il ne faisait pas de distinction de genre, tout le monde y passait et en prenait pour son grade. Il suffisait d'un minuscule détail pour qu'il dégoupille et crache son venin. Ne souhaitant pas gâcher sa haine pour son prochain, il déversait aussi sa hargne sur ses exs et autres connaissances. Après une dizaine d'amis en moins sur Facebook et bloqué par une vingtaine de personne sur le site de rencontre, il décida de changer de plate-forme.
Le site de fanfictions qu'il avait écumé de long en large durant son année sabbatique lui paraissait être le meilleur choix. Tout d'abord, il fit une liste de personne à abattre : ceux qui ne commentaient pas ses fanfictions. Il tapait le clavier de ses longs doigts nerveux, souhaitant que chaque lettre heurte sa victime jusqu'à la mettre en PLS, au sol, sonnée, KO. Généralement les intéressés ne lui répondaient pas, se contentant juste de le bloquer – ce qui le faisait enrager car il était ignoré comme un mal-propre. Il se fichait de perdre des lecteurs, ils étaient inutiles à ses yeux.
Ensuite, lassé, il s'attaqua à une nouvelle catégorie : les auteurs.
A son grand malheur, il faisait parti de la catégorie des écrivains minables et ratés, ne récoltant que peu de commentaires, sinon des dissertations en plan thématique avec grand 1) ses fautes et sa syntaxe horrible, grand 2) l'intrigue qui ne tenait pas la route, grand 3) ses références obscures que personne ne saisissait, et comme conclusion, comment s'améliorer. Connards. Il était un génie incompris, voilà tout.
Les auteurs qui récoltaient des commentaires élogieux le rendaient fou de rage. Alors que lui se tuait pour instruire ses demeurés de lecteurs, tout ce qui les intéressait se résumait à une chose : le sexe. Bon, ok, ça l'intéressait lui aussi. Il adorait lire les PWP mais pour se demander dans quel monde idyllique le sexe marchait comme cela. Il avait essayé d'en écrire mais son niveau dégringolait et chutait dans des abysses de médiocrité. Ce qui le faisait enrager. C'est pourquoi sa cible préféré était peu à peu devenu ce genre d'auteurs.
Cependant, Draco dérogeait à la seule règle qu'il s'était fixé concernant ses attaques en ligne : il se concentrait sur un écrivain en herbe en particulier. Ses PWP étaient magnifiques, aucune faute de grammaire, une syntaxe plus que correcte, quant à l'histoire (du moins, le peu qu'ils contenaient) tenait la route un très bon auteur, Draco devait l'admettre. C'est peut-être pour cela qu'il le détestait autant : car ce jeune homme réussissait là où il échouait lamentablement.
Pourtant Draco faisait des efforts pour s'améliorer : il avalait recueils de poésie surréaliste, thrillers, sagas fantastiques afin de s'imprégner de ces genres particuliers et avait visionné des tutos sur Youtube dans le but d'améliorer son vocabulaire et de corriger sa grammaire. De temps en temps, il lisait de la romance, parfois sensuelle, parfois naïve, le plus souvent tragique. Parce qu'avant tout, c'était ça qu'il écrivait : des histoires d'amour. Des récits où un-e prince-sse charmant-e venait chercher son aimé-e sur son grand cheval blanc, des récits où l'amour surpassait toutes les épreuves et triomphait du Mal. Et d'autres où le-a sauveur-se se révélait être un sociopathe manipulateur qui, pour garder sa victime près de lui, la maintenant prisonnière dans une pièce de sa maison et obtenait son amour et sa reconnaissance éternelle grâce à un joli syndrome de Stockholm.
Il soupira. Tous des cons.
A la fin de la pause, le-garçon-dont-il-ne-connaissait-pas-le-prénom passerait à l'oral, pour présenter son exposé, devant ses camarades et Draco pourrait alors s'abreuver de son image de tout son saoul sans passer pour un pervers dérangé.
Avec l'arrivée des beaux jours, les étudiants préféraient maintenant user leurs jeans sur le gazon des espaces verts de l'université plutôt que sur les chaises des salles de cours : alors qu'au début du premier semestre, la salle était pleine à craquer, ils se retrouvaient tout juste à quinze à une semaine du début des examens finaux. Mais tant mieux. Draco n'aimait pas ses camarades, ce n'était pas de la méchanceté gratuite, c'est juste qu'ils étaient... inutiles.
Son adonis tapait sur l'écran de son smartphone de ses pouces et par réflexe, Draco sortit le sien. Ses recherches investigées [oui ça existe pas, je sais] sur la célèbre application de rencontre, qui fonctionnait avec la géolocalisation, afin de le trouver, n'avaient rien donné (en vérité, il en avait même testé deux). Rien, nada. Percerait-il un jour le mystère de son identité ?
Draco consulta sa boite mail et vit découvrit un nouveau message de « Call me master » en provenance de datant d'il y a quelques minutes.
« Cher Slackerbitch,
Avant tout, je te remercie grandement pour ton commentaire plein de bon sens et ton analyse pertinente. Pourtant, j'éprouve quelques difficultés à te croire, vu que t'es le seul à avoir cet avis. Non pas que je pense que l'avis majoritaire est le bon, mais je suis sûr de ce que j'écris, je sais que c'est bien, je sais que les gens aiment - »
Ce gars avait un ego surdimensionné, pensa Draco.
« Tu sais, je suis allé faire un tour sur ton profil... 5 ffs dont une abandonnée, une vingtaine de commentaires en tout et pour toi. Tu te fous de moi ? Je vais lire ce que t'as écris, mais je sais déjà que t'es un écrivain raté.
Arrêtes tes conneries, ça pourrait mal finir pour toi.
NB »
NB (1) pour Nancy Boy. Draco ne comprenait pas son délire de signer avec un pseudo et d'écrire avec un autre mais peu importe. Quel enfoiré ! De quel droit se permettait-il de lui parler sur ce ton ? Et en plus, il le menaçait. Mais Draco, caché et protégé derrière son écran, rigolait : Nancy boy ne pourrait jamais l'atteindre ni le retrouver. La pire chose qu'il pourrait faire, ce serait de fermer le compte de Draco mais il n'aurait qu'à s'en recréer un autre – ses fanfictions ne constituaient pas une grande perte. Oui, il était protégé.
Fin de la pause. Draco rangea son téléphone, Nancy Boy pouvait bien attendre.
Son adonis se leva, pris son livre, ainsi que ses fiches avant de rejoindre le bureau du professeur. Il signa la feuille de présence et prit place face à la classe. Son profil était déjà parfait, mais de face... une vue enchanteresse ! Il se racla la gorge puis commença :
« Louise Labé, née Louise Charlie, née à Lyon vers 1524 et s'éteint en 1566. Poétesse pétrarquiste Française, elle était surnommée « La belle cordière » et faisait partie de l'école lyonnaise, comme Du Bellay, Maurice Scène, Ronsard pour ne citer que les plus connus. Elle écrit des poèmes à une époque où la production poétique est intense. La poésie française se donne alors des bases théoriques avec Du Bellay... »
Quelle voix ! Quelle aisance ! Quelle éloquence ! Tout était parfait chez lui, nom de Dieu. Sa bouche rose hypnotisait Draco, il rêvait d'y poser ses lèvres ses grandes mains posées à plat sur la table, Draco les imaginait sur son corps il rêvait de s'asseoir sur ses cuisses fines et de déposer une myriade de baiser dans son cou et son torse.
Comment attirer son attention ? Draco décida que le fixer jusqu'à ce que leurs regards se croisent serait le meilleur moyen. Et cela arriva : leurs iris bleus se rencontrèrent, le jeune homme se figea quelques secondes, il sembla à Draco que le temps se figea aussi durant leur échange. Puis le jeune homme retourna à ses fiches et reprit son développement. Voilà ! Il l'avait remarqué. Le cœur de Draco papillonnait dans sa poitrine tandis qu'un sourire niais étirait ses lèvres.
Sa chemise lui seyait parfaitement, sa veste de costume épousait ses épaules et lui conférait de la carrure, son jean sombre ajoutait une certaine classe. Draco n'était pas un expert en matière de mode, à vrai dire il s'habillait n'importe comment mais il pouvait dire sans hésiter que son dieu vivant était encore plus en beauté aujourd'hui que d'habitude.
Draco s'interrogeait ce qu'il ressentirait s'il passait ses mains dans les cheveux de son étudiant sans nom, s'il parcourait son torse du bout de ses doigts, s'il effleurait du bout de ses lèvres sa mâchoire lisse, il se demandait quelle odeur avait sa peau, si ses cuisses étaient musclées et à quelle point ses mains étaient chaudes. Contrairement à ses amis, mater les fesses de ses crushs ne lui apportait rien. Il n'arrivait pas à saisir ce qu'il y avait de plaisant dans un renflement de chair, ce qui pouvait provoquer le désir. De même que les poitrines. La vue du corps nu d'un partenaire ne lui procurait aucune sensation, ne rendait pas sa libido incontrôlable. Lui tenir la main, poser sa tête contre son épaule était pour lui des activités bien plus enrichissantes (et moins fatigante) que de pénétrer ou d'être pénétré par un corps sale en sueur et débordant d'hormones.
Enfin ! Aussi beau que soit son crush, il devait être aussi con que ses précédentes relations. Il avait arrêté de croire à la gentille personne qui viendrait le sauver sur son grand cheval blanc et l'inonder d'amour éternel et passionnel pour toute sa vie. Ou bien si cette personne là existait réellement, elle devait être morte.
Le regard de son crush croisa à nouveau celui de Draco, interrogateur cette fois-ci. Mais le moment de magie était brisé, il ne se sentait plus d'humeur à s'amouracher. Son humeur changeait aussi vite que Blaise et Pansy faisant l'amour : beaucoup trop de fois pour un esprit sain. (2)
Something rotten / Eyesight to the blind
De retour chez lui, son humeur n'était pas totalement remontée, mais la vue de ses enfants baptisés respectivement Riri et Loulou l'égaya quelque peu. Son chat tenta de grimper sur son jean, accrochant sa peau au passage, tandis que l'autre eut la bonne idée de ses caler dans son sac entre ses cours de littérature et ses livres. Plus jeune, il avait eut un serpent, nommé Fifi, mais celui-ci avait décidé que vivre dans le jardin serait une expérience plus instructive que de vivre à l'abri dans son vivarium. Stupide bête. Elle était sensée l'aimer jusqu'à la mort et ne jamais l'abandonner, non ?
Draco eut juste le temps de se préparer du thé et de s'affaler dans on canapé, clope au bec et le chat sur les genoux, que son téléphone sonna. Il fixa l'écran d'un œil morne avant de décrocher à la dernière sonnerie : il détestait les appels.
« Allô Draco ?
- Salut Blaise. »
Prendre un ton enjoué lui donnait déjà mal à la tête.
« Dis, tu voudrais pas passer à la maison ? »
La réponse à son interrogation n'incluait pas le refus.
« Pourquoi ?
- Ça fait longtemps qu'on s'est pas vu et j'aimerais bien qu'on parle. »
Alerte danger.
« Euh je sais pas, faut que je commence à réviser pour...
- Je viens te chercher et je te ramène demain matin si tu veux. »
Son ton s'était fait suppliant. Draco soupira.
« Ouais ça marche. Faut juste que je me douche et je suis prêt.
- Yas ! J'arrive dans un quart d'heure.
- Hm hm. »
Où était Blaise quand lui, Draco, avait besoin de lui, de parler ? Où était-il quand ils finissaient par se voir et que sa copine restait collée à lui et accaparait son attention ?
Sans entrain, il enleva Loulou de ses genoux en s'excusant et partit à la salle de bain. Quinze minutes plus tard, propre, prêt, toujours maussade, il allumait sa septième clope de la journée devant sa résidence.
Le stress de ses examens dominait sur tout le reste de ses sentiments, il était soit nervosité soit apathie, entrecoupé ça et là d'un moment d'émerveillement quand il voyait celui qui lui plaisait. Jouer l'être humain normal, constitué d'une palette multicolore de sentiment et non monochrome, afin d'éviter les « ça va ? » inquiets, l'épuisait déjà.
Blaise lui fit un appel de phare et Draco se dirigea vers lui. Ce dernier meubla la conversation durant le trajet à coup du prix exorbitants de la contravention qu'il avait reçu, de son désir de devenir musicothérapeuthe – Draco n'avait aucune putain d'idée de ce en quoi ce métier consistait –, ses problèmes personnels, de ses disputes avec Pansy au sujet de leur futur achat de maison – Draco leva les yeux au ciel à ce moment-là, parfois il avait l'impression d'être toujours un gamin face à son ami de deux ans son aîné, en couple avec des projets plein la tête – et enfin, de son super-méga projet : partir faire de l'humanitaire mais avant de visiter le monde en camion, avec Pansy bien sûr.
Draco décrocha ses yeux du plafond, il ne voyait plus la route devant lui.
Il ne sortit de son état léthargique qu'une fois dans le salon, en face de Pansy, grâce à un haut-le-cœur.
Bien que deux ans avaient passé, la brûlure amère de s'être fait voler son meilleur ami demeurait toujours aussi vive. Sa gentillesse et sa perpétuelle bonne humeur suffirait-elles un jour à lui mettre du baume au cœur et atténuer la douleur de sa plaie ? Serait-ce suffisant pour acheter son pardon, ainsi que celui de Blaise, à qui Draco ne pardonnait pas de l'avoir l'abandonné durant quatre mois après sa mise en couple avec Pansy. Plus un appel, plus de message, plus de sorties, plus de rendez-vous, silence radio pendant quatre long mois. Sa copine avait primé sur son meilleur ami. Devrait-il menotter son autre meilleur ami, Théo, à son bras afin qu'il reste pour toujours avec lui ?
Sous ses airs froids et distants, Draco était bourré de phobies improbables, de peurs incongrues, de Tocs curieux, qui l'aidait à calmer sa personnalité déséquilibrée. Sa peur de l'abandon et sa phobie des microbes dominaient sa vie.
Une fois que Blaise eut finit de lui exposer sa vie en plan thématique en trois parties, il conclut avec comme fin ouverte ses interrogations par rapport à la vie de son ami, « et toi alors ? »
« Oh... dans quatre jours, je commence mes exams...
- Finals are coming ! s'exclama Pansy en enflammant le bout de son pétard.
Draco jeta un œil dégoûté vers le joint.
« En effet, soupira t-il. J'ai plus de vie sociale, je sors plus, je fais plus d'urbex, mais y a un gars méga mignon dans ma promo, alors je suppose que je devrais être heureux.
Quand Draco ne s'amusait pas à harceler des personnes innocentes, il faisait de l'urbex. Découvrir des endroits sombres et délabrés lui procurait un sentiment d'excitation qu'il adorait. Explorer des demeures abandonnées, les entrepôts désaffectés, les cabanes en ruines étaient une sorte de sexe pour lui, après une séance, il supposait ressentir ce que des personnes pouvaient ressentir après une partie de jambes en l'air.
« Ooooh. Et il s'appelle comment ? demanda Blaise ? Et il est comment ? Puis pour tes partiels, moi, je crois en toi, t'as les capacités pour le faire et au pire, t'as les rattrapages, et au pire, y a pas que les études dans la vie, regardes : moi ! J'ai pu m'en sortir avec juste le bac.
- Ouais. Je sais pas comment il s'appelle, mais il est brun, les yeux bleu, assez féminin et assez jeune de visage.
- Ton style de gars, quoi. T'as une catégorie porno qui s'appelle Just legal ou Nubile ou un truc dans le genre, tu devrais aller voir, c'est ton genre. Et qui sait, c'est peut-être ton âme sœur, hein. »
Cette histoire d'âme sœur le faisait bien rire. Son double, sa moitié, son partenaire parfait serait juste la personne qui lui arracherait son cœur palpitant et encore chaud hors de sa poitrine, pas un rigolo qui rendrait sa vie géniale juste par sa présence. Un rictus étira les lèvres de Draco, il ricana, Blaise avait espéré le gêner connaissant le dégoût de son ami pour le sexe mais il ne s'attendait certainement pas à un :
« Je préfère Punished teens. J'ai besoin de quelque chose de plus violent. »
Blaise resta coi quelques secondes, Pansy se marrait dans un coussin. Il était assez fier de lui pour le coup. On le prenait pour un saint nitouche quand il disait qu'il était asexuel, (3) mais comme chaque être humain, il avait des besoins et certaines préférences.
La conversation dévia sur un autre sujet, et Draco rêva d'être chez lui, sans personne, au calme. La soirée s'étira en longueur, les minutes passèrent comme des heures et il songea une nouvelle fois à partir quand le couple commença l'apéritif sur les coups de vingt-deux heures. Et s'il les faisaient boire jusqu'à de qu'ils soient trop torchés pour remarquer son absence ? Non, mauvaise idée.
Deux heures du matin arriva comme un coureur asthmatique et amputé des deux jambes. (2 bis) Draco allait se coucher quand Pansy l'interpella :
« Tu sais, je connais un gars en lettres qui ressembles à ton crush. Enfin de ce que t'as dit, physiquement, ils se ressemblent. »
L'intérêt clignota dans son cerveau.
« Ah ?
- Je pourrais vous faire rencontrer si tu veux.
- Hm hm. »
C'est une fois dans son lit qu'il se rendit compte, que l'esprit abruti par leur fumée cannabique, il n'avait même pas demandé son prénom.
Battle for the sun
Son appartement lui apparut comme le plus agréable des endroits quand il rentra chez lui – il l'était déjà en temps normal, mais aujourd'hui encore plus. Plus que trois jours avant ses partiels finaux lui rappela son calendrier. Malgré son désir intense de passer une journée folle en compagnie de Netflix, son côté maniaque reprit le dessus : il se savonna plusieurs fois, mit les habits qu'il portait la veille à la fac et chez Blaise dans sa panière de linge sale puis s'attaqua à son appartement. Son entreprise terminée, la Javel et le désinfectant embaumant les pièces, il s'autorisa une pause puis se lança dans des révisions de dernières minutes.
Enfin, la veille de son premier examen, Draco prit le temps de répondre à Nancy Boy.
« Nancy Boy,
Tu es un pervers à l'ego démesuré et aux fantasmes malsains. Tu me traites d'écrivain raté, mais t'es un manique sexuel frustré qui trouve son plaisir dans le BDSM.
Tu me fais des menaces ? C'est plutôt toi qui devrait faire gaffe à tes fesses. »
Il faillit rajouter « Petit con » mais se ravisa.
Le lendemain, c'est en moonwalk qu'il se rendit à l'université et d'une galipette arrière qu'il prit place sur sa chaise. (2 encore bis)
« Pensez-vous que l'expression des sentiments, dans la littérature pétrarquiste, soit sincère ? » l'interrogea son sujet. Fuck that shit. Trois heures plus tard, il franchit le seuil de l'amphithéâtre, lessivé et les neurones en miettes, il campait devant le distributeur, en attente de son thé à la menthe, et lorsqu'il se retourna son précieux en main, il faillit le lâcher : son crush se tenait devant lui, un sourire timide aux lèvres.
« Hé, euh, on est en cours ensemble. Et on se connaît pas mais il me manque cinq centimes pour mon café et je me demandais si... »
Devait-il lui donner son numéro, les clefs de son appartement et son cœur un par un ou tout en même temps ?
Draco farfouilla dans son porte-monnaie et lui tendit ce que son camarade lui demandait.
« Merci beaucoup. »
Son sourire, mon Dieu son sourire.
« De... de rien. »
Il essaya de lui rendre la pareille, mais son visage demeura figé.
« Eh bien, bon courage pour tes partiels.
- O-ouais. Ouais, toi aussi. »
Alors que l'autre s'éloignait, Draco se frappa le front du plat de sa main libre. Quel abruti. Il ne lui avait pas demandé son prénom.
Lady of the flowers
En sortant de la salle de cours, Draco s'autorisa à desserrer son nœud de cravate et à déboutonner les premiers boutons de sa chemise. Trempée de sueur à cause de sa panique face au professeur ainsi qu'à la salle surchauffée, elle collait à son dos comme une seconde peau et il lui tardait de s'en débarrasser.
Son oral de littéarture française partie XIXe siècle clôturait ses examens. Ses deux semaines de partiels étaient passées plus vite qu'il ne l'avait pensé, bien que constituées de journée épuisantes pour ses méninges et de nuit peuplées de cauchemars où il était recalé.
Brian Molko dans les oreilles, il quittait le bâtiment de lettres quand il croisa le-jeune-homme-sans-prénom.
« C'est bien au troisième étage, salle 96 l'oral ? » l'apostropha t-il.
Draco resta béat devant tant de beauté candide. Ses grands yeux bleu le fixaient, le col de sa chemise légèrement ouvert appelait les doigts de Draco et ses joues lisses, des baisers. Un dieu vivant. Dorian Gray du XXIe siècle.
« Oui.
- Super merci ! »
Il fila sans que Draco ait pu rajouter autre chose. Mince, ce type était pire qu'une anguille !
Son téléphone vibra juste avant qu'il ne rentre dans le métro :
Théo : apéro posé pour fêter la fin des partiels ?
Avec un grand sourire, Draco lui répondit que oui.
Julien
Ce qu'il y avait de bien avec Théo, même si celui-ci avait la fâcheuse manie d'arriver en retard où qu'il se rende, c'est qu'il n'avait pas de copine et que Draco n'avait pas à se forcer à rire fort, à parler sans discontinuer, à afficher un visage bienveillant en permanence. Draco adorait Blaise mais jouer l'être humain bien dans sa tête devenait parfois fatiguant lorsqu'ils se voyaient, alors que Théo s'en foutait.
Lavé et son appartement rangé, Draco s'autorisa une pause sur le canapé et parcourut le profil de Nancy Boy à la recherche de lecture. Sucker love. Bingo !
Il se plongea dans une sombre histoire où une sale con de PDG d'une entreprise super importante tombait amoureux de sa nouvelle stagiaire, du coup il décidait de la martyriser pour attirer son attention et ils finissaient par faire du sexe dans tous les locaux de l'entreprise avec des objets tous plus what the fuck les uns que les autre. Un putain de gingembre dans le cul, sérieusement ? Quelle merde venait-il de lire ?
« T'es complètement tordu et vicieux. » écrit simplement Draco en commentaire.
Quelques secondes plus tard, Théo toqua et, plongé dans ses pensées, Draco sursauta.
« Entre c'est ouvert ! »
Il accueillit son ami avec un grand sourire et une cigarette déjà roulée.
« Regarde comment je suis gentil : je t'ai préparé une clope.
- Trop adorable, ricana Théo.
Ils s'installèrent sur le canapé, Riri accourut et vint se lover dans les bras de Théo. Pour une raison que Draco ignorait, son chat semblait avoir une affinité particulière avec son ami. Sale bête. C'était Draco qu'elle devait aimer inconditionnellement, pas les autres personnes. Il demanda :
« Alors, ces exams ? »
Théo leva les yeux au ciel.
« Mec, je vais devenir cam-boy si je rate mon année.
- A ce point ?
- Putain, j'ai craqué en voyant les sujets. J'espère ne pas trop mettre chié sinon je peux dire adieu à mon voyage en Autriche.
Théo était en langues étranges appliqués, spécial autrichien. Il avait comme un projet de partir faire un de ses deux semestres de troisième année au pays de Sisi l'impératrice. Ses notes devaient être à la limite de l'excellence pour partir, c'était la condition sine qua none.
« Tu vas réussir, je crois en toi.
- Ouais, fit Théo d'un ton qui indiquait le contraire. Parce que moi j'y crois pas. Et toi ?
- J'vais devenir cam-boy aussi.
- Génial ! On montera une start-up et on fera pleuvoir les billets !
- Ça me semble être un bon projet. Non mais plus sérieusement, je ferais à coup sûr mon premier semestre au rattrapages mais sur le deuxième, je pense que j'ai géré, je suis confiant. Inchallah comme on dit.
- Inchallah, » répéta Théo, soufflant sa fumée par le nez.
Les yeux perdus dans le vague et sa cigarette se consumant entre ses doigts, Draco sut à quoi son ami pensait. Ses souvenirs le ramenèrent quelques mois en arrière. Une époque où ils se défonçaient deux fois par mois, enchaînaient les soirées, multipliaient les joints, flambaient leurs salaires en alcool et se gavaient de fast-food les week-end. Sombre époque. Ils avaient stoppé leur rythme de vie destructeur lorsque Draco avait été incapable de se souvenir de sa date de naissance et quand les parents de Théo s'étaient pointés devant chez lui, totalement vénères, alors qu'ils rentraient de soirées, sous l'emprise de psychotropes.
« On est trop vieux pour ce genre de conneries..., soupira Draco en sachant que Théo comprendrait de quoi il parlait.
- Carrément.
- Au fait, ça te dit un apéro sur le site dont je t'avais parlé ? Un truc calme et sympa, hein. Ça fait un moment que je suis pas sorti, ça me manque, ça, lâcha le blond en songeant à l'urbex.
- Oui ! Oui, pourquoi pas !
- Tu peux même amener tes potes de licence si tu veux, mais pas trop hein, je veux rencontrer de nouvelles têtes. Et je vais brancher Blaise et sa Pansy-chouquette-damour. D'ailleurs ! T'sais que Pansy m'a dit qu'elle connaissait un gars qui ressemblait à mon crush !
- Double raison pour les faire venir.
- Ouais, pour une fois qu'elle me servira à quelque chose. »
Il roula des yeux.
« Et ce gars que tu harcèles sur ton site là ? demanda Théo en gloussant.
- On s'est un peu calmé niveau messages, on a arrêté de s'en envoyer tout le temps mais on continue, tu vois.
- Fais gaffe, c'est puni par la loi ce genre de truc. Et imagine le gars il a ton adresse IP et il te stalke ?
- Dégueu, t'as trop regardé Esprits criminels. »
Ils soufflèrent sur leurs thés fumants en même temps dans l'espoir de les refroidir. Voilà, leur genre de soirée à présent : du thé, des cigarettes, tantôt un livre, tantôt la télé et des discussions autour de nourriture saine et végé. Parfois, il semblait à Draco qu'ils avaient pris dix années en à peine six mois. Ce que les autres appelaient communément grandir se traduisait pour Draco par un déchirement de son âme. Certains soufflaient des bougies, lui abandonnait son ancien corps pour en reformer un nouveau, un vierge. Souvent, il se regardait dans le miroir en se demandant qui il était, ce qui était sincère ou joué, quelle créature se cachait en son sein.
Slakerbitch
Draco fixa un rendez-vous à ses amis en fin de mois et leur fit parvenir l'adresse ainsi que les indications pour se rendre sur le site. C'était un vieux hôtel abandonnée se trouvant en banlieue, autrefois appelé l'hôtel Cortez, construit en 1925 par un certain John March. (4) C'était tout ce qu'il avait pu trouver sur internet.
Le jeune homme avait réussi à convaincre Blaise de venir avec Pansy et que celle-ci amène des amis en elle, en insistant lourdement sur les mots. En espérant qu'elle comprenne, en espérant que ce soit lui, en espérant qu'il vienne. Théo lui avait confirmé sa présence, ainsi que celle d'un camarade de licence.
Le jour J arriva et Draco eut l'impression d'emporter sa maison sur son dos quand il sortit de chez lui. Le trajet en métro fut insupportable : être pressé contre des inconnus – sales – faisait partie des choses qui le rendait malade de dégoût, celui en bus lui parut moins intolérable bien que les sièges et les barres pour maintenir son équilibre lui donnaient envie d'y foutre le feu.
Il arriva le premier et disposa ses couvertures sur le sol ainsi que de la nourriture sous une véranda où la nature avait repris ses droits, à l'abri du soleil. Il chaussa ses lunettes de soleil, s'allongea sur le ventre et reprit la lecture de son thriller tout en grignotant son brownie sans produits d'origines animales et à la farine complète.
« Bouh ! »
Draco sursauta plus que de raison, il en lâcha même son livre, et se retourna, furieux, vers Blaise pour lui dire le fond de sa pensée puis il découvrit Pansy accompagnée de deux autres personnes, Théo et un inconnu.
« Oh... salut. »
Le soleil l'éblouissait, il était obligé de mettre un main devant ses yeux.
«Asseyez-vous, non ? J'y vois tchi avec le soleil »
Tour à tour, Draco vit leurs visages s'aligner à sa hauteur, sauf un, et il dût retenir sa mâchoire de tomber lorsqu'il vit son crush en face de lui. Ainsi que la blonde aux dreadlocks.
« Je te présente Colin Crivey, » dit Pansy avec une grand sourire désignant le jeune homme d'un mouvement de tête, le cœur de Draco rata un battement, « et Loufoca, rajouta-t-elle en montrant la blonde.
- Et Harry Potter, » continua Théo en tapant sur la Dr Martens de la seule personne encore debout.
L'autre s'accroupit, les mains pendants entre les jambes, un sourire plein de dents étira ses lèvres.
« Salut Draco. »
Son crush et le gars qu'il avait harcelé au collège réunis au même endroit. Merde. Cette fois-ci, son cœur s'arrêta de battre, il en était certain.
1/ C'est aussi l'abréviation de non-binaire et pour résumé en très gros, c'est un genre qui sort de la catégorie homme ou femme. Par exemple, t'as les agenre (ceux qui n'ont pas de genre), les genderluid (ceux qui oscillent entre homme ou femme ou neutre), et plein d'autres. La binarité, c'est pour les ordis, ma gueule. J'explique mal mais si ça t'intéresse t'as pleins de sites qui en parlent
2/ Oui c'est dégueulasse, oui c'est douteux, et oui j'assume cette comparaison
3/ Une personne qui ne ressent pas de désir sexuel
4/ C'est le thème de la saison 5 de American Horror Story.
Avoue que t'étais pas prêt.e ! Ça finira en drarry t'inquiètes pas, mais j'ai trouvé ça sympa d'écrire mon truc en mettant tout en oeuvre pour qu'on pense que c'est Harry, que c'est évident que le garçon sans nom c'est lui, alors que non. Je suis plutôt fière de moi, je te le concède, et si t'es choqué.e, alors je suis encore plus fière de moi !
On se retrouve dans quelques temps pour la suite et souhaite-moi bonne chance pour mes rattrapages (d'ailleurs, ça me fait "rire" (jaune, hein) parce qu'à la même période j'écrivais 50 nuisances de Draco Malfoy et je parlais aussi de rattrapages #abonnéeauxratrapages)
Au fait, j'ai fais un perso détestable qui aime pas ses lecteurs mais t'inquiètes pas, je t'aime bien. Même si tu laisses pas de reviews et que j'ai envie de te cracher dessus, je t'aime quand même (je déconne pour l'histoire de crachat. Quoique...) Allez, à plus !
Des bisous, Mello
