Après une longue absence, me revoilà avec une nouvelle fic.
L'idée, toute bête, m'est venue alors que je relisais d'anciens chapitres de Bleach en me demandant ce qui se serait passé si ce que nous pensons savoir n'était qu'un mensonge. Voilà la réponse.
J'espère que ça vous plaira.
Ni Bleach, ni ses personnages ne m'appartiennent, sinon vous pouvez être certains que les choses se seraient passées autrement. Je ne fais que les emprunter à Tite Kubo pour m'amuser et essayer de vous faire plaisir.
Bonne lecture.
Chapitre 1
Her last wish.
Le temps passe, il emporte avec lui tout ce que nous avons de plus cher, ne nous laissant que nos souvenirs comme seules preuves de leur existence. Mes souvenirs ne sont pas tous joyeux, mais ils ont fait de moi ce que je suis et je ne regrette rien. Hormis une chose: le peu de temps qui nous a été donné. Mon temps touche à sa fin, je le sais. J'ai toujours su que ça se terminerait comme ça et je sais que quoi que tu fasses, rien ne pourra l'éviter. Mon tendre amour, j'ai été si seule pendant si longtemps, perdue dans les ténèbres, et tellement peu de temps auprès de vous deux. Juste une seconde dans l'éternité d'un shinigami, mais si cette seule seconde a suffit à changer le Destin, j'en suis heureuse.
Je n'ai jamais eu la prétention de pouvoir changer les mondes mais je sais que tu en es capable. Si ma contribution si minime fut-elle peut t'aider à sauver la Soul Society, alors j'en serai heureuse. J'aurai aimé pouvoir te suivre plus loin, mais c'est ici que ma route s'arrête. Ces quelques années auprès de toi m'ont rendu heureuse. Plus heureuse que je l'ai jamais été. Pour ça je te remercie, de toute mon âme.
Je t'aime.
– Eiko!
Le cri déchira le silence de la nuit, mais seul l'écho vide de sa propre voix lui répondit. Le cœur battant, il accéléra l'allure, filant dans les hautes herbes avec la légèreté et la promptitude d'un coup de vent. Il n'arrivait pas à y croire. Ça ne pouvait pas être vrai. Ça ne pouvait pas arriver. Pas maintenant. Ils avaient tant de choses à faire, tant de plan à monter, tant de revanche à prendre. Ça ne pouvait pas se terminer ainsi. Il ne le permettrait pas.
– Eiko!
Bon sang, où était-elle? Il ne sentait pas son reiatsu ce qui ne l'aidait pas à calmer l'angoisse sourde qui s'emparait de lui. Elle était pourtant sensée être dans ce secteur. L'avaient-ils emmenée autre part? Si c'était le cas, il avait peu de chance de les retrouver. Comment avait-il peu se laisser berner de la sorte? C'était de sa faute. Il avait été trop confiant. Il n'avait pas vu la menace à temps. Et maintenant … Il risquait de la perdre.
Il ne savait plus depuis combien de temps il courrait. Il ne savait même plus où il était. Son esprit était dominé par une seule chose: la peur. Oh il n'avait pas peur pour lui, non. Il avait peur de ce qu'il allait trouver. Plus il mettait de temps à la retrouver, moins Eiko avait de chance de s'en sortir. Les assassins lancés à ses trousses n'étaient pas des enfants de cœur. Ils n'auraient aucune pité pour la jeune femme. Elle n'était pas de taille à leur faire face. Elle était forte, il le savait, mais les tueurs envoyés pour l'éliminer ne jouaient pas loyalement. Elle n'était pas préparée à se battre contre ça. Personne ne l'était.
Un cri s'étrangla dans sa gorge quand il la trouva enfin. Sa course s'interrompit au bord d'un cercle piétiné dans l'herbe haute. Au centre de ce cercle, le corps inanimé de son amante. Trop tard! Il arrivait trop tard. Il n'avait pas pu la sauver. Serrant les poings au point de se faire mal, il s'approcha lentement du corps de la jeune femme. Il eu peine à la reconnaître. Ses long cheveux roux, habituellement si soigneusement tressés, étaient emmêlés, poisseux de sang coagulé. Son corps svelte aux courbes généreuses semblait brisé, comme si un marteau géant l'avait fracassé. Du sang maculait sa peau pâle et son visage angélique.
Tandis qu'il avançait au centre du cercle, il nota machinalement quatre jeux d'empreintes. L'une était restée au bord du cercle comme si son propriétaire avait refusé de participer au massacre. Deux autres faisaient plusieurs fois le tours de la scène sans y pénétrer mais sans laisser à la victime le loisir de pouvoir s'échapper. Il semblait que Eiko n'avait même pas tenté de s'enfuir, elle était restée sur place pour faire face avec le courage qu'il lui connaissait. Et elle s'était battue avec le dernier membre du quatuor. Il connaissait parfaitement son identité. Se laissant tomber au sol près du corps de la jeune femme, il se jura de lui faire payer ce meurtre dès qu'il en aurait l'occasion.
– Eiko!
Sa voix, habituellement si forte et assurée, se résumait à un murmure rauque à peine reconnaissable. Tendant une main vers la tignasse rousse poisseuse de sang, il souleva délicatement la tête de la jeune femme. Un gémissement lui échappa, le faisant sursauter. Les beaux yeux verts d'Eiko s'ouvrir, mais un voile opaque obscurcissait ses pupilles. Un instant elle fixa le vide avant de faire un effort pour se focaliser sur son sauveur. Un faible sourire orna son visage ensanglanté.
– Sôsuke …
Un murmure à peine audible. Il dû retenir sa respiration pour l'entendre.
– Contente que tu sois là … Tellement peur de mourir toute seule.
– Ne dis rien. Je vais te soigner.
Elle secoua faiblement la tête.
– Trop tard… Plus de force… Tellement fatiguée… Si froid.
Il la souleva pour la caler contre son torse, comme quand il la serrait dans ses bras lors de leurs rendez-vous secrets.
– Kyoko?
– Je veillerai sur elle, ne t'inquiète pas. Personne ne lui fera de mal tant que je serai vivant.
Le sourire de la jeune femme se figea un instant et un long filet de sang s'échappa de ses lèvres.
– J'ai tous … préparé.
Sôsuke se demanda ce que ça voulait dire.
– Je t'aime.
Il ne répondit pas. Non parce qu'il ne le voulait pas mais parce qu'il en fut incapable. Un froid glacial semblait l'avoir entièrement figé. Il venait de comprendre que c'était terminé. Ces mots seraient les derniers de la jeune femme. Un instant plus tard son souffle se figea et les dernières trace de son reiatsu s'estompèrent progressivement.
Il resta un long moment immobile, à genoux, serrant le corps sans vie contre le sien. Quand il parvint à se convaincre qu'il devait bouger, la peau d'Eiko était déjà froide sous ses doigts. Il l'allongea sur l'herbe gorgée de sang et resta un instant à l'observer avant de tourner les talons. Il ne voulait pas la laisser comme ça mais c'était nécessaire. Il savait qu'il devait s'en aller avant d'être découvert sur les lieux de l'exécution. Il se demandait à quoi ressemblerait la version officielle. Certainement un beau gros mensonge bien dégoulinant que tout le Sereitei avalerait sans se poser de question. Ça le dégoûtait. Il serra les poings. Une violente envie de détruire tout ce qui l'entourait le saisit mais il s'en abstint. Il savait qu'il ne devait laisser aucune trace de son passage sur les lieux, pas même un vague soupçon de reaitsu. Il se contenta de mettre toute sa rage dans le shunpô qui le ramena vers le Seireitei.
Entrer dans la ville ne lui posa pas le moindre problème. Il était un shinigami, un officier qui plus est, il avait le droit d'entrer et sortir sans provoquer le moindre incident. Toutefois, dès qu'il arriva à hauteur des premiers bâtiments, il prit soin de s'envelopper dans ses illusions afin de ne pas attirer l'attention. Il n'était pas sensé être dehors à cette heure dans un shihakushô imbibé du sang d'une de ses subordonnée qui venait d'être secrètement exécutée par les fidèles chiens-chiens du Central 46.
Il sauta de toits en toits jusqu'à la caserne de la cinquième division mais ce n'est pas chez lui qu'il rentra. Parcourant les couloirs qu'il connaissait par cœur, il se dirigea vers l'appartement qu'occupait encore Eiko quelques heures auparavant. Il s'introduisit dans le petit logement en prenant garde de ne pas réveiller la nounou qui dormait dans la salle principale, et se dirigea vers la chambre. Faisant coulisser les shoji, il découvrit un futon dans lequel une petite fille dormait paisiblement, inconsciente du drame qui venait de se produire. Il s'agenouilla près d'elle sans se soucier du piètre spectacle qu'il aurait offert à la gamine si elle se réveillait.
– Kyoko-chan!
Il tendit une main encore souillée du sang de Eiko vers le petit visage innocent de la fillette et balaya une mèche de cheveux châtain tombé sur son front.
– Je te promets qu'il paieront pour tous ce qu'il nous ont fait subir. Je les détruirai tous.
Les petites lèvre de la fillette s'ouvrirent un instant avant de s'étirer en un sourire béat, probablement devait elle faire un rêve agréable. Un rêve plein de Chappi et de nuages roses, dépourvu de sang et de souffrance. Sôsuke la regarda un instant avant de se lever et de quitter l'appartement en jurant à sa défunte amante que personne ne toucherai jamais à la fillette.
– Vous avez entendu la nouvelle?
– Oui, le lieutenant Tsukishima.
– Quel malheur, elle était si gentille.
– Et la pauvre petite qui se retrouve toute seule à son âge!
– Surtout qu'elle n'a pas de père!
– Oh! Bonjour, vice-capitaine.
Le groupe de pipelettes, occupés à discuter la disparition soudaine et tragique du troisième siège de leur division, se tourna vers le nouveau venu. Aizen Sôsuke les salua d'un geste de la main en s'efforçant d'afficher un air aimable sur son visage. Il venait de passer la pire nuit de sa vie et enrageait de devoir faire comme si de rien n'était face à tous ces imbéciles de shinigami. Mais il avait une image à préserver et une couverture à maintenir. Il devait être prudent.
– Hé bien, hé bien, vous n'avez pas de travail à faire? Demanda-t-il d'une voix douce sans perdre son sourire bienveillant.
Un instant, les pipelettes se regardèrent d'un air gêné avant de s'excuser et de se hâter de regagner leurs postes. Sôsuke les regarda s'éloigner, un froncement de sourcil remplaçant le sourire sur son visage. Alors comme ça toute la division était déjà au courant? Les nouvelles voyageaient drôlement vite. Plus vite que lui.
Cachant son agacement derrière son sourire de façade, Sosuke entra dans le bâtiment principal de la caserne. La nouvelle semblait avoir envahit tous les couloirs et tous les shinigami qu'il croisa ne parlaient que de ça. Ça n'arrangea pas son humeur. Il n'y avait donc pas d'autres sujets plus intéressants que la mort d'un troisième siège? Il fallait croire que non! Heureusement, il parvint à éviter les groupes de bavards et n'eut pas à donner son avis sur le sujet. Tout du moins jusqu'à ce qu'il entre dans le bureau qu'il partageait avec Hirako Shinji, son supérieur. Le blond était assis derrière son bureau, son menton planté sur ses mains jointes, un air sérieux placardé sur son visage de crétin. Sôsuke comprit qu'il n'allait pas échapper plus longtemps à la réalité. S'efforçant d'accrocher son habituel air aimable et souriant sur son visage, il salua son capitaine.
– Tu es au courant, Sôsuke?
Droit au but, ça ne ressemblait pas à Hirako.
– Ce serait difficile de ne pas l'être, répondit Aizen en se plantant face à son supérieur. Toute la division ne parle que de ça.
Et il le regrettait amèrement.
– Si je peux me permettre capitaine, savez vous ce qui c'est passé?
Hirako prit une longue et lente inspiration et se redressa pour appuyer sa tête contre le dossier de son siège.
– Je l'ignore. Il semblerait que le lieutenant Tsukishima ait perdu la vie au cours de sa mission au Rukongai, mais les circonstances exactes de sa mort restent incertaines. Il est probable qu'elle ait été tué par un hollow. L'un de ceux qu'elle était chargée d'éliminer.
Sosuke resta muet un instant. Il aurait presque admiré le sang froid de son supérieur. Presque. Hélas Hirako ne faisait pas le poids face à un manipulateur aussi expérimenté de lui. Si Sôsuke n'avait pas déjà connu la vérité sur la mort de Tsukishima Eiko, il aurait pu facilement deviner que Hirako en savait plus qu'il le prétendait juste en voyant son sourire crispé.
– Je voulais te demander, Sôsuke, repris Hirako après un court silence. Tu connaissais bien Tsukishima, vous étiez amis, non?
– Oui, j'ai eu cette chance.
– En tant qu'ami, elle ne t'aurait jamais confié le nom du père de sa gamine.
C'était donc pour ça.
– Je crains que non capitaine. Qui que soit cet homme, Tsukishima-chan ne voulait pas qu'il soit découvert.
Le regard du blond s'accrocha à celui de son subordonné. Sôsuke savait parfaitement que Hirako ne croyait pas un mot de ce qu'il disait, mais ça n'avait pas d'importance pour le moment.
– Voilà qui ne nous arrange pas, soupira le capitaine.
Il pianota nerveusement le bord de son bureau du bout des doigts.
– Que va-t-il arriver à la petite, capitaine?
– En l'absence de père, nous n'aurons probablement pas d'autre choix que de la confier à la famille de Tsukishima.
Sôsuke haussa un sourcil. Pas tant qu'il serait envie!
– Je crains que ce ne soit pas une bonne idée, objecta-t-il d'une voix douce. Tsukishima-chan n'a jamais caché la haine qu'elle vouait à sa famille, et ces gens ne faisaient pas un secret du mépris qu'elles leur inspiraient, sa fille et elle.
– Je sais bien, mais nos lois sont claires, soupira le blond. En l'absence de père, la gamine ira à la famille de sa mère. A moins que quelqu'un se propose pour la prendre en charge et que la famille accepte.
Hirako lança un regard perçant vers son subordonné. Sôsuke, cependant, fit semblant de ne pas comprendre. Il savait que le blond l'avait toujours soupçonné d'en savoir plus qu'il le prétendait sur l'identité du géniteur de la petite. Mais il se fourrait le zanpakutô dans l'œil s'il imaginait qu'il allait lui cracher la vérité.
– Hum, fit-il en faisant mine de réfléchir. Tsukishima était très appréciée mais elle avait peu de véritables amis. Elle était très secrète et ne dévoilait jamais plus que ce qu'elle voulait montrer.
Hirako lança un regard vers Aizen qui semblait dire "elle n'est pas la seule!" mais le châtain, encore une fois, fit semblant de ne pas comprendre les accusations camouflée de son supérieur.
– Tu la prendrais, toi, Sôsuke?
Aizen cligna des yeux derrière ses lunettes, se donnant un air surpris et stupide criant de vérité.
– A vrai dire, je n'ai jamais songé à l'éventualité d'avoir des enfants un jour.
Il laissa échapper un petit rire gêné en se frottant la nuque d'une main, d'un air contrit. Hirako le fixa d'un regard sévère.
– Cette conversation n'a rien d'anodin, n'est-ce pas, capitaine?
Le blond poussa un profond soupir avant de s'emparer d'une liasse de papiers posée sur son bureau.
– Ce matin, les affaires personnelles de Tsukishima ont été rassemblées et placées sous séquestre pour le temps de l'enquête, comme le veulent nos lois. Parmi elles, il y avait ça.
Il tendit les papiers à Sôsuke qui les parcouru rapidement. Il se sentit pâlir et eu du mal à empêcher ses mains de se mettre à trembler.
– Un testament?
– Ouaip, celui de Tsukishima. Rédigé comme tu le vois peu de temps après la naissance de la gamine. Et comme tu peux le constater, c'est toi qu'elle a désigné pour la prendre en charge.
Sôsuke resta un instant silencieux, achevant sa lecture des dernières volontés de son amante secrète.
– Ce n'est pas étonnant, réussit-il à dire d'une voix neutre. Je suis son parrain.
Hirako ne montra aucune surprise à cette annonce. Il avait probablement vérifier les registres dès qu'il avait lu ce testament. S'il ne le savait pas déjà.
– Accepte-tu cette responsabilité?
– Ai-je le choix?
Le blond laissa passer un instant pour scruter l'expression soigneusement neutre de son vice-capitaine. Aizen était encore plus difficile à lire qu'un bouquin en braye.
– La famille s'est résignée à la prendre, annonça-t-il. Mais ils ont fait savoir que si quelqu'un d'autre la voulait, il la lui laisserait volontiers.
Comme un vulgaire paquet, songea Sôsuke, amer.
– Non, soupira-t-il. Je vais la prendre. Elle me connaît. Elle s'habituera certainement plus vite à moi qu'à des étrangers dont elle n'a entendu que du mal toute sa vie. Et si c'est la volonté de Tsukishima-chan, je ne vais pas aller contre.
Il marqua un temps d'arrêt pour se passer une main sur le front.
– Ça va faire un sacré changement.
Sans un mot, Hirako se leva et se dirigea vers la porte de son bureau qu'il ouvrit en grand. L'un des shinigami qui attendait dans le couloir s'approcha de lui et le blond lui adressa un signe de tête. Un instant plus tard, le shinigami revenait en compagnie d'une femme en civile tenant une petite fille par la main. Dès qu'elle le vit, la gamine se rua vers Aizen.
– Dada!
Elle agrippa le hakama du vice-capitaine de ses petit poing et plongea son visage dans le tissu rugueux. Un hoquet sonore se fit entendre.
– Mama est partie, fit la gamine d'une voix entrecoupée de sanglots. Je veux voir mama.
Il fallut tout le self-control dont Sôsuke était capable pour ne pas aussitôt serrer la petite dans ses bras. Il s'accroupit devant elle et posa ses mains sur ses épaules, la détachant de son hakama. D'immenses yeux d'un bleu tirant sur le vert se posèrent sur lui, débordant de larmes. Les yeux de sa mère. Le cœur du vice-capitaine sembla vouloir s'arrêter.
– Oui, maman est partie, fit-il d'une voix douce en regardant la gamine dans les yeux. Mais je vais m'occuper de toi. Tu n'es pas seule, Kyoko-chan. Je suis là.
Et je ne t'abandonnerai jamais.
