Tu t'es opposé à lui, à ton père. Tu as changé de camps.
Tu avais ignoré ton père, ses lettres, ses demandes. Tu le fuyais. Cette marque qu'on voulait te faire te dégoûtait, ces idées t'écoeuraient. Tu rêvais de fuir. A part tes amis qui partageaient tes idées, personne ne savait. Sauf moi.
Je t'ai vu pleuré ce soir-là, ce soir de février froid où la lune pleine et ronde, si blanche qu'elle illuminait presque comme en plein jour. Elle illuminait tes larmes. Tu m'as touché, je t'ai vu la première fois cette nuit-là. Tu sanglotais, te plaignant, et sous ma cape d'invisibilité, je ne savais que faire, mais tu as sorti une lettre de ta mère et tu l'as lu. Et à travers tes larmes, je vis naître un vrai sourire, un sourire paisible. Ce soir-là j'ai souhaité te voir toujours sourire ainsi. Ce soir-là je me suis juré que je ne te laisserais pas tomber entre leurs mains. Ton visage en pleurs m'avait bouleversé.
Je suis tombé amoureux.
Alors quand, pendant cette ultime bataille, je t'ai vu stupéfixier plus d'un mangemort, quand je t'ai vu te battre contre ton père, quand je l'ai vu te blesser et te renier, quand je t'ai vu t'effondrer, j'ai eu peur. Peur pour toi. Plus rien à mes yeux n'existait, il n'y avait que toi. Et ton corps qui chutait.
Parce que je n'aime que toi.
Alors je me suis interposé. Et je l'ai tué. Une formule et c'est tout. Je m'étais résigné à devenir un meurtrier, alors autant sauver la personne que j'aime. Le faire par amour ne me donne pas plus de grandeur, c'est toujours écoeurant. Mais voir ton sourire me rassénère.
Déjà tous les regards que l'on échangeait n'étaient plus de haine. Je ne voulais plus me battre contre toi mais ça semblait te soulager, tu pouvais te défouler. J'acceptais cela, tes coups ne me faisaient pas mal, ton regard était trop souvent trop doux pour que je puisse croire à ces bagarres.
Nos regards se croisaient. Notre relation changeait.
Pendant cette bataille, le regard que tu lanças était surpris, mais il était si doux, si tendre… Tu ressemblais – tu ressembles – à un ange.
Pour moi, il n'y avait que nous. Parce que je n'aime que toi.
« On dirait un ange… » murmurais-je sans m'en rendre compte.
Tu parus surpris. Tu étais allongé sur le côté, des mèches blondes s'échappant devant tes yeux, essoufflé.
« Oui… Tu n'as rien à faire ici, parmi cette violence. »
« Potter, je ne suis pas une frêle poupée de porcelaine ! »
Je me mis à rire devant ton air courroucé. Je t'aidais à te relever. Tout en tenant ta main, je te dis :
« C'est vrai… Mais ne tues pas… Et… Ne te fais pas tuer. »
Je t'avais dit cette dernière phrase dans un murmure. Et tu m'avais entendu, tu avais un si beau sourire. Sans un mot, tu m'embrassas. Sans un mot, tu lâchas ma main. Sans un mot, tu continuais à me sourire. Je devais affronter Voldemort. Je devais le tuer. Tu m'avais donner une raison, une raison personnelle, de l'affronter : celle de te garder en vie.
Ses sorts m'avaient blessé mais je l'ai tué. La bataille prit fin. Je t'ai cherché, espérant que tu ne sois pas tombé pendant que je l'affronter. Je fus soulagé lorsque je te vis courir vers moi, tu étais nettement moins amoché.
Ce fût le début de quelque chose de nouveau dans notre relation.
Tu as pansé mes blessures, tu as versé du baume sur mon cœur. Tes baisers et tes mains étaient le meilleur remède. Tu m'as alors avoué cet amour que l'on se portait sans mots. Et le fait de le dire l'a officialisé. Et depuis nous construisons notre bonheur.
Parce que je n'aime que toi comme ça.
