Titre : La pointe du glas
Raiting : T
Pairing : HP/SS
Disclamer : Rien ne m'appartient à part l'idée de l'histoire. (et l'histoire)
Statut : terminé
Résumé : Après la guerre, Ron revient de ses vacances d'Egypte avec de nombreuses potions. A partir de ce moment-là, une nouvelle amitié se forme entre lui, Harry et Drago. Une nouvelle alliance nécessaire à chacun d'eux pour se reconstruire et continuer à vivre.
Cover : Un grand merci à Epsilon Snape qui a bien voulu me faire l'image de mon histoire !
Bêta : Merci à Epsi qui a relu cette histoire et que je n'ai finalement pas tuée après avoir écrit 50 fois "répétition".
NdA : Bonjour à tous !
Je reviens avec un petit Snarry (je me suis rendue compte que ça faisait très longtemps que je n'en avais pas écrit !). Une trame que je gardais depuis un certain moment et l'histoire est enfin née ! Quatre jours, peu de sommeil, peu de sortie, juste de l'écriture quasi non-stop… j'espère vraiment que cette histoire va vous plaire !
Cette histoire, normalement OS, sera publié en 2 parties ! Elle est finie et il ne me reste qu'à corriger la deuxième partie.
Bonne lecture à tous !
Ron regarda le sac sans fond qu'il avait ramené d'Egypte, offert par Bill. Il y avait dedans une centaine, au moins, de flacons qu'il avait achetés là-bas. Dedans se trouvait une potion, un liquide qui apparemment, serait un anti-dépresseur et un énergisant à la fois. Enfin... c'était ce qu'il avait compris, mais il n'avait assimilé qu'un mot sur deux venant du vendeur, celui-ci parlant arabe et Ron le parlant très mal.
Il en avait pris un grand nombre car après avoir pu le tester gratuitement, il s'était rendu compte de son efficacité incroyable. Il avait alors pensé à son retour à Poudlard, aux ASPIC qu'il devait préparer cette année-là, ainsi qu'aux souvenirs de la guerre, de la bataille finale qui lui revenaient sans cesse en mémoire. Si une simple potion pouvait l'aider pendant sa septième année, il n'allait pas s'en priver.
Toutes ses économies y étaient passées. Il n'en avait même pas parlé à Bill, trop honteux de devoir avoir recours à de telles choses pour tenir le coup. Il avait alors utilisé ce sac pour cacher son secret.
Il le rangea près de sa valise, s'installa à côté de Hermione et regarda quelques secondes Harry qui lisait un livre de Potions. Quand il sentit le train démarrer, il ferma les yeux dans l'espoir de dormir quelques instants.
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Deux mois plus tard, Ron voyait son meilleur ami se décomposer de jour en jour. Harry ne dormait presque pas, n'avait pas beaucoup d'appétit et tentait désespérément de suivre les cours, en vain.
Le rouquin prenait sa potion tous les jours, parfois plusieurs fois, autant qu'il lui fallait pour tenir la journée et ses révisions. Son stock diminuait rapidement, mais ce fut un matin, où Harry avait des cernes affreuses autour des yeux, que Ron prit la décision de lui en donner.
- Harry ?
Celui-ci tourna sa tête vers Ron, essayant d'ignorer ses yeux qui voulaient se refermer et son cou qui était endolori.
Le fils Weasley alla jusqu'à sa valise, attrapa son sac sans fond et prit une de ses fioles encore pleines. Puis il s'assit à côté de son meilleur ami et mit la potion dans sa main.
- Tu as une pipette dedans. Tu mets deux gouttes sur ta langue, pas plus. Cela va t'aider à tenir tes journées.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Une potion que j'ai ramenée d'Égypte. C'est grâce à ça que je tiens depuis le début de l'année. Surtout, n'en parle à personne, je veux pas que ça se sache que je suis obligé de prendre une potion. En plus, Pomfresh pourrait me les confisquer si elle l'apprenait.
- Mais il y a quoi dedans ?
- Aucune idée... tout ce que je sais, c'est qu'elle fonctionne !
Ron se releva du lit, alla prendre son sac de cours et descendit du dortoir.
Harry hésita pendant quelques minutes puis finalement, lorsque ses yeux tentèrent de se refermer de nouveau, il mit deux gouttes sur sa langue avant de prendre ses affaires à son tour et de suivre le même chemin que son meilleur ami.
Une semaine plus tard, le Sauveur lui redemandait un flacon pour le plus grand plaisir de Ron. Ce dernier était content d'avoir réussi à aider Harry, mais encore plus que celui-ci aimait la potion. Il espérait en silence que son meilleur ami allait vouloir continuer à en prendre, ainsi, peut-être qu'il accepterait de participer aux frais car il allait devoir songer à en racheter, mais n'avait plus d'argent pour le faire.
Alors il envoya un hibou à Bill, pour lui demander s'il acceptait qu'il revienne en Egypte pendant les vacances de Noël. Prétextant avoir besoin de se changer les idées, de partir loin de l'Angleterre et des souvenirs qui s'y rattachaient. C'était jouer avec les sentiments de son frère mais il avait besoin de retourner là-bas pour récupérer de la potion. Il ne pouvait pas en parler au briseur de sorts, ne sachant pas comment il pourrait réagir. Il préférait que tout cela soit leur secret, à Harry et lui.
Quelques temps plus tard, Bill lui répondit favorablement et Ron se décida alors à demander de l'argent à son meilleur ami pour refaire le stock. Harry accepta et lui donna sa part, qui était bien plus importante que les économies de Ron.
Les semaines passèrent. Harry et Ron n'avaient jamais semblé aussi intéressés par leurs cours et n'avaient jamais eu d'aussi bonnes notes. Même Hermione était agréablement surprise de voir leur motivation à avoir leurs ASPIC. Les professeurs, qui au départ avaient été inquiets de remarquer que Harry était au plus mal, avaient été heureux de le voir se reprendre et se motiver, malgré tout, ils le surveillaient en espérant qu'il n'allait pas rechuter aussi vite.
Tout se passa alors pour le mieux jusqu'à un entraînement de Quidditch, une semaine avant les vacances de Noël. Harry et Ron retournaient à leur vestiaire et prirent leur douche heureux et épuisés par le sport. Ils se changeaient tranquillement quand Ron commença à s'énerver.
- Bordel. Non, non, non...
- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Harry en remettant son tee-shirt.
- Non... Ce n'est pas possible.
- Ron ?
- La potion ! Elle est plus là !
Harry s'approcha rapidement, attrapa le sac de son ami et vérifia à son tour.
- Je te dis que les flacons ne sont plus là ! cria Ron en récupérant ses affaires.
- Mais tu les avais sur toi ? commença à s'énerver Harry. Pourquoi ?
- Je n'avais plus que deux flacons, je voulais te les donner pour que tu les gardes pendant tes vacances.,
- Attends... tu veux dire que c'étaient les deux derniers ?
Le regard de Harry se changea, il était noir et dangereux.
- Pourquoi tu ne me les as pas donnés dans les dortoirs ? cria le brun en poussant violemment son ami.
- Parce que je ne sais pas si tu as remarqué, mais en ce moment, Seamus et Dean sont toujours collés ensemble dans les dortoirs justement ! Pas facile d'être seuls !
Leurs deux amis Gryffondors, Seamus et Dean, s'étaient mis ensemble depuis plus d'un mois et il y avait désormais de nombreuses situations gênantes dans leur dortoir. Neville, Ron ou Harry évitaient maintenant le plus possible leur pièce à eux, tant il leur était arrivé de rentrer au mauvais moment.
- Mais c'est pas possible d'être aussi idiot, hurla Harry en récupérant son sac. Tu te débrouilles, mais tu les retrouves !
Il se dirigea vers la sortie tout en ignorant les excuses de son meilleur ami. Il n'était pas d'humeur à l'écouter. Cette potion, il en avait besoin, il ne voulait pas se retrouver sans et malheureusement c'était ce qui allait arriver car il ne lui en restait pas assez pour tenir toutes les vacances.
Harry qui depuis la fin de la guerre, faisait de nombreux cauchemars et n'arrivait pas à trouver un sommeil réparateur. Son cerveau repassait les images de la batailles, du sang, des corps alignés dans la grande salle, de Voldemort lui lançant les doloris et le sort de mort. Il avait bien tenté de demander à Pomfresh et Snape de lui donner une potion de sommeil sans rêve, mais ils refusaient, arguant qu'il fallait traiter le mal à la racine et pas juste superficiellement.
La potion que Ron lui avait donné avait été la solution. Il avait pu suivre les cours sans aucun problème et même s'il dormait toujours mal, après quelques gouttes, il se sentait plus réveillé que jamais.
Il était vraiment en colère contre son ami. Ces flacons étaient tellement importants et lui avait pris le risque de les sortir du dortoir !
Harry regagna le château, sans remarquer que plusieurs mètres devant lui, se trouvait Drago Malefoy.
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Harry ne parla pas une seule fois à Ron jusqu'aux vacances. Il essayait de garder le plus de potion possible mais avait constaté avec énervement, qu'il ne tiendrait jamais jusqu'à Noël. Sa colère contre son ami avait alors augmenté et ce dernier ne lui avait parlé qu'une seule fois avant son départ. Ils étaient tous les deux devant la porte de leur dernier cours, celui de potion. Ron avait attrapé le bras de son ami et lui avait promis de ramener plus de flacons que la première fois. Harry s'était alors détaché de lui et était parti, sans voir le regard envieux de Drago sur eux deux.
Les vacances commençaient bien. Harry était en froid avec son meilleur ami. Ron était parti le coeur lourd en Egypte. Hermione avait vu ses deux amis s'éloigner sans qu'aucun d'eux n'accepte d'expliquer les raisons de cette distance soudaine et était rentrée chez elle pour les vacances.
Hermione était retournée chercher ses parents en Australie durant les grandes vacances. Elle avait eu du mal à les retrouver mais sa patience avait porté ses fruits. Elle avait réussi à rendre la mémoire à sa famille et voulait désormais passer plus de temps avec eux. Elle avait besoin de ça pour se pardonner.
Harry se retrouvait alors seul à Poudlard. Seul avec un flacon presque vide. Il ne lui fallut que deux jours pour le finir entièrement. Deux jours où il en profita pour s'avancer le plus possible sur ses devoirs. Puis lorsqu'il n'eut plus de potion, sa fatigue le reprit en force. Elle semblait même insurmontable.
A peine quarante-huit heures sans potion et Harry se retrouva dans son lit à ne plus réussir à bouger. Tout son corps lui faisait mal, lever le petit doigt était impossible. C'était à peine s'il réussissait à ouvrir les paupières.
Il n'y avait plus aucun Gryffondor dans la tour, tous étaient partis. Après la guerre, tout le monde voulait profiter de sa famille autant que possible, Harry, lui, avait juste fait le choix d'être seul pour la première fois, car quand Voldemort était mort, il était resté chez les Weasley. Il avait été entouré pendant de nombreux mois et profitait désormais d'un calme relatif. Certes, il y avait les repas en comité réduit, dans la Grande Salle, mais il pouvait faire ce qu'il voulait à côté. Enfin… plus maintenant.
Il était là dans son lit, épuisé, ne pouvant bouger, se retourner ou juste regarder le plafond. Il avait envie de vomir et espérait que son corps allait accepter de bouger si son estomac s'y mettait.
Parfois, son esprit partait et Harry pouvait alors profiter d'un peu de sommeil, mais chaque réveil semblait encore plus difficile que le précédent.
Il ne sut combien de temps il resta là, dans son lit, mais il entendit du bruit venir des escaliers. Harry aurait voulu parler, les prévenir qu'il était là et que ça allait mal mais sa bouche ne voulait plus bouger.
- Potter ? Vous allez bien ?
Ca, c'était la voix de Madame Pomfresh, Harry aurait pu le parier.
Une main douce se posa sur son front, puis sa joue.
- Il faut le transporter à l'infirmerie Minerva.
McGonagall était là aussi ?
Harry essaya d'ouvrir ses yeux, de voir les personnes qui étaient présentes, mais ses paupières étaient si lourdes…
- On l'emmène.
Il sentit le sort de lévitation et alors qu'il aurait dû avoir l'impression que son corps devenait léger, il eut l'impression qu'on lui mettait une masse sur le ventre pour le mettre à terre. Ce poids faisait mal, extrêmement mal. Il ouvrit, ou plutôt essaya d'ouvrir, la bouche, mais seul un gémissement glissa hors de ses lèvres.
- Qu'est-ce qu'il a Poppy ? demanda la professeur de Métamorphose.
- Je ne sais pas, mais si un simple sort semble lui faire mal, ça peut être grave… je vais avoir besoin de l'aide de Severus pour découvrir ce qu'il se passe, je pense. Allez le chercher, je m'occupe de Harry.
Des pas s'éloignèrent, sûrement était-ce Minerva qui partait.
Pas Severus Snape. Avait envie de dire Harry. Depuis qu'il connaissait la véritable personne qui se cachait derrière ces robes noires et ce caractère cynique, il n'avait pas osé se retrouver seul avec lui dans une même pièce.
Harry l'avait sauvé en demandant à des membres de l'Ordre d'aller chercher son professeur dans la cabane hurlante. Suite à cela, il avait réussi à innocenter Severus, tout en évitant de montrer ses souvenirs au Magenmagot. Bien sûr, l'homme ne l'avait pas remercié, mais il était plus agréable avec lui et Harry prenait cela comme le témoignage de sa reconnaissance.
Snape avait alors repris son poste de Professeur de Potion après la guerre et Harry n'arrivait plus à le voir comme l'homme horrible que tout le monde dépeignait.
Pomfresh continua son chemin, accélérant son pas pour arriver plus vite à l'infirmerie. Le Gryffondor supportait de moins en moins le sort de lévitation et espérait être vite reposé sur un lit.
Quelques minutes plus tard, les souhaits de Harry étaient exaucés. La masse qu'il ressentait sur son ventre partit et même si son état n'était toujours pas correcte, c'était toujours ça de moins.
Sa paupière droite s'ouvrit, grâce au pouce de l'infirmière, et se referma.
- Monsieur Potter, vous pouvez parler ?
Harry voulut dire non, mais sa bouche ne bougea pas. Il voulut alors faire non de la tête, mais ses muscles refusèrent d'obéir.
Après quelques secondes et un soupir de Poppy, celle-ci murmura :
- Je prends ça pour un non…
Les nausées reprirent de plus belle et Harry voulait retomber dans l'inconscience, juste pour ne plus sentir son corps et ces envies de vomir.
Il entendit la porte s'ouvrir.
- Potter, Potter, Potter… décidément, même la guerre finie, vous voulez continuer d'être le centre de l'attention.
- Severus ! s'indigna l'infirmière.
Harry remercia mentalement Madame Pomfresh de prendre sa défense, vu qu'il ne pouvait pas le faire lui même.
- Il se passe quoi alors ?
Une main se posa sur son front. Celle-ci était moins féminine, elle était plus grande et la peau était dure, signe que ces mains avaient travaillé avec le temps.
- Une fièvre intense, il n'arrive pas à parler, encore moins bouger. Le simple sort de lévitation semblait le faire souffrir, je n'ose pas lancer celui de diagnostic s'il réagit comme ça.
Severus grogna.
Harry entendit le bruit de l'eau qui coulait et aussitôt après, un linge frais était sur son front. Cette sensation de fraîcheur lui fit un bien fou.
- Il faut malgré tout lui lancer ce sort Poppy, s'il semble mal réagir à la magie, il vaut mieux lui donner une seule potion, la bonne, qui saurait le guérir plutôt que plusieurs, au hasard, qui pourraient aggraver son état.
- Je comprends… oui.
- Potter, on va sûrement vous faire mal, mais on doit trouver ce que vous avez.
Oui, allez-y. Il voulait leur dire de faire ce qu'il fallait, mais il sentait son esprit retomber dans l'inconscience.
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- Rien, il n'y a rien ! Tout va bien ! s'énerva Pomfresh.
- Il y a forcément quelque chose. Vous avez vu comme moi la réaction de son corps au sort. Ces tremblements, ces spasmes ne pouvaient pas être feints !
- Je sais !
Harry revenait à lui alors qu'il entendait son professeur de potions et l'infirmière se disputer. Apparemment, son corps avait réagi un peu violemment au sort… Qu'est-ce qui lui arrivait ? Ce n'était pas que de la fatigue… ça ne pouvait pas être que ça. Est-ce qu'il était malade et la potion l'avait en quelque sorte soigné ?
- On pourrait peut-être tester un anti-douleur ? Peut-être que ça pourrait aider ? demanda Pomfresh.
- Pourquoi pas… de toute façon, nous n'avons aucune piste sur ce qu'il a.
Harry sentit un flacon être mis contre ses lèvres, puis un liquide couler dans sa bouche.
Il lui fallut de longues minutes mais le jeune homme réussit à ouvrir les yeux et à observer ce qui l'entourait. Bien sûr, tout était flou sans ses lunettes, mais il était heureux que son corps recommence à lui obéir.
- Potter ? appela Snape.
Harry tenta de lever sa main, mais il était encore trop tôt. La potion agissait doucement et son corps recommençait à peine à répondre. Membre après membre, il put faire fonctionner ses muscles. D'abord la tête, qu'il put tourner pour regarder l'infirmerie. Puis les mains et pieds. Ensuite les bras et les jambes et enfin, tout son corps bougea normalement.
Il ne se sentait plus lourd et n'avait plus mal partout. Il ouvrit la bouche et put enfin sortir son premier mot de la journée :
- Merci.
- Sérieusement Potter ? Une simple potion anti-douleur et ça va mieux ? Vous nous avez joué la comédie ou vous avez encore voulu faire quelque chose de peu ordinaire ?
- Severus ! Laissez-le tranquille.
Harry s'assit dans le lit et leva son regard vers son professeur. Aussitôt, la pièce tanga, ses nausées le reprirent et il n'eut que le temps de vomir à côté de son lit avant de sentir de nouveau une chape de plomb reprendre le contrôle de son corps.
- J'ai mal à la tête, murmura Harry.
C'était si soudain, il avait l'impression d'avoir un troupeau d'hippogriffes dans sa boîte crânienne qui s'amusait à écraser son cerveau à l'aide de leurs sabots.
- Allongez-vous, conseilla Poppy en le ramenant dans le fond du lit.
- J'ai mal, répéta Harry.
- On a compris Potter, s'énerva Severus.
- Mal…
Harry ferma les yeux et entendit des acouphènes. Bruits parasites qui s'intensifièrent au fil des minutes qui s'écoulaient. Il porta ses mains à ses oreilles.
Tout à coup, à côté de lui, Poppy hurla, mais pourquoi ?
Puis plus rien. Sa migraine était partie, les bruits parasites aussi. Il ouvrit les yeux et eut le temps de voir les bris de verre au sol avant de s'évanouir.
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Harry rouvrit les yeux et remarqua qu'il était seul. Depuis combien de temps s'était-il évanoui ? Il se redressa et remarqua que son corps recommençait doucement à lui faire mal partout. Pomfresh ne pouvait-elle pas lui redonner une potion anti-douleur ? Cela semblait avoir fonctionné l'instant d'avant. Bon… peut-être pas longtemps, mais peut-être qu'avec une dose plus forte, il irait mieux.
Il essaya de s'asseoir sur le bord du lit, mais ne put s'empêcher de gémir tant son corps redevenait lourd.
- Potter !
Harry leva les yeux vers l'infirmière qui se pressa à ses côtés.
- Rallongez-vous tout de suite, ordonna-t-elle.
- Je peux avoir une nouvelle potion anti-douleur ? demanda Harry en se remettant dans le fond de son lit.
- Vous rigolez ? Avec ce qu'il vous est arrivé, c'est hors de question !
- Arrivé ?
- Potter, vous vous êtes évanoui il y a vingt-quatre heures après avoir perdu le contrôle de votre magie, qui pour vous prévenir, a brisé toutes les fenêtres de l'infirmerie !
Harry tenta de regarder les vitres, mais sans ses lunettes, il ne savait dire si celles-ci étaient cassées ou pas.
- Elles ont été réparées depuis, heureusement avec la neige qui tombe ! expliqua Pomfresh qui avait suivi son regard. Est-ce que vous avez mal quelque part ?
- Je recommence à avoir mal dans tout le corps…
Harry regarda ses vêtements, il portait désormais un pyjama blanc que Pomfresh avait dans ses placards pour les patients. Il n'osait imaginer, mais sûrement s'était-il fait dessus pendant son inconscience et avait dû être lavé et changé. Il aurait peut-être dû se sentir gêné, mais il ne pouvait pas contrôler ça.
- On ne peut malheureusement rien faire pour ça… Par contre, je peux vous apporter à manger.
- Je veux une potion anti-douleur pas un morceau de pain ! hurla Harry en foudroyant du regard l'infirmière.
- Pardon ? fit-elle d'une voix basse et menaçante.
- Excusez-moi… je ne voulais pas vous parler comme ça.
Harry sentit des larmes poindre à ses yeux. Il s'en voulait d'avoir parlé comme ça.
- Monsieur Potter, vous êtes sûr que vous allez bien ?
- Je… je suis fatigué, désolé.
Effectivement, quelque chose n'allait pas, ses émotions étaient détraquées. Le manque de sommeil ne devait pas aider et Harry se dit qu'il était préférable qu'il dorme un petit peu, il pourrait toujours manger plus tard.
Les jours passèrent et rien ne changea. Harry ne se ré-évanouit pas, mais il avait mal dans le corps, vomissait de temps en temps et avait de brusques changements d'humeur. Un matin, il s'était même disputé avec son professeur de potions avant de fondre en larmes. Snape, qui n'avait pas su quoi faire sur le moment, avait juste tourné les talons et était parti sans un mot. Harry nota tout de même que son corps lui semblait toujours lourd, mais pas autant qu'au départ. Il pouvait au moins bouger et parler contrairement aux premiers jours.
Pomfresh le laissa sortir, mais il avait l'obligation de retourner à l'infirmerie le soir. Harry accepta les conditions. De toute façon, la seule chose qu'il voulait vraiment au plus au point, était la potion de Ron. Il dormait de plus en plus mal, reperdait l'appétit et il recommençait à faire des cauchemars sur la guerre.
Tout cela dura jusqu'à la rentrée.
Poppy lui donna l'autorisation de retourner en cours et bizarrement, vingt-quatre heures plus tard, Harry allait mieux. Elle le laissa partir pour qu'il retourne dans son dortoir, mais elle demanda aux professeurs de le surveiller. De son point de vue, soit la maladie d'Harry était psychologique, et alors peut-être que le retour de ses amis à la rentrée, arrangerait son état. Soit il s'agissait d'une vraie maladie, d'un symptôme de quelque chose de beaucoup plus grave dont ils ne connaissaient pas encore la cause.
Severus et Minerva, qui avaient été spectateurs de ses symptômes, étaient encore plus surpris de voir Harry aller mieux en si peu de temps.
L'amélioration de son état était en effet liée à la rentrée, plus particulièrement, au retour de Ron. Ce dernier avait pu ramener un stock très important d'Egypte, plus du double de la dernière fois. Il avait failli se faire prendre par son frère mais avait réussi à cacher une nouvelle fois ses achats.
Harry, qui avait alors repris de la potion, se sentait en forme. Il était sûr qu'elle l'aidait à aller mieux. Il se disait que l'infirmière n'avait juste pas trouvé sa maladie et que le liquide qu'il prenait quotidiennement, était une sorte de remède.
Par la même occasion, le brun s'était réconcilié avec son ami. Il lui avait pardonné et avait préféré taire ce qu'il s'était passé durant les vacances.
La routine recommença à s'installer. Harry et Ron prenaient leur potion, suivaient les cours, terminaient leurs devoir en avance, allaient à la bibliothèque pour continuer de s'instruire. Le tout encore plus intensément qu'avant les vacances.
Hermione les regardait faire avec suspicion. Si au départ, elle avait trouvé cela bien, désormais, elle trouvait ça louche. Ce qu'elle n'aimait pas surtout, c'était qu'elle avait l'impression que ses amis se mettaient à fond dans leur étude et le Quidditch et oubliaient le reste. Plus de sorties auprès du lac, aucune visite à Hagrid, il n'y avait plus de moment de détente…
Harry et Ron, sans le savoir, avaient Hermione qui les surveillait, en plus des professeurs.
Malgré ces surveillances, personne ne put empêcher l'altercation entre Drago et les deux Gryffondors.
C'était un après-midi, après un entraînement de Quidditch. Le Serpentard débarqua dans leur vestiaire, plaqua Ron contre le mur et hurla :
- Je veux un des flacons que tu avais dans ton sac avant les vacances !
Harry sortit aussitôt sa baguette et la pointa sur son ennemi.
- Lâche-le, Malefoy.
- Non ! Pas avant d'avoir au moins un flacon !
Le brun attrapa le col du blond, et tira dessus pour le forcer à lâcher son ami. Puis il lui colla son poing sur son nez, celui-ci se mit à saigner aussitôt.
- C'était toi ! Salopard ! C'est toi qui avait volé la potion, hurla Harry en enfonçant sa baguette sous le menton de Drago.
- D'accord, obtempéra ce dernier. J'avoue, c'est moi. Je voulais surtout vous emmerder mais… bordel, j'en ai besoin !
Harry attrapa le vêtement de son ennemi et le colla contre le mur. Pendant de longues secondes, il le secoua violemment, puis il leva de nouveau son poing. Drago, instinctivement, mit ses mains devant son visage, mais le poing ne s'abattit jamais. Ron avait attrapé le poignet de son ami avant qu'il ne commence à le tabasser.
- On se calme Harry, fit-il d'une voix dure.
- Mais merde ! C'est à cause de lui que j'étais… que je n'en avais plu !
- Je sais, mais si tu l'amoches, on va avoir des problèmes.
Harry regarda Drago, puis son poing levé, et enfin son meilleur ami. Il grogna un coup et lâcha brusquement le blond.
- C'est hors de question qu'il en ait ! hurla le brun.
- Non, je dirais rien, je mettrai la main à la poche, je peux avoir de l'argent quand vous voulez, supplia Drago.
Ce n'était pas du style du Serpentard de venir quémander ainsi. Harry se rappela soudain de ses vacances où son caractère avait beaucoup changé et se demandait si Drago n'était pas malade également.
- Harry, murmura Ron en s'approchant de son ami. On pourrait avoir un plus gros stock si on acceptait.
- Tu rigoles ?
- Non ! Réfléchis, on ne va peut-être pas se revoir pendant les grandes vacances et il faudra bien que tu en aies d'avance. Moi aussi, et… lui aussi, termina-t-il en faisant un geste vers Drago. Et puis je ne pourrais pas retourner indéfiniment en Egypte.
Harry devait admettre qu'il avait raison et que l'argent de Malefoy était la bienvenue. Alors il accepta, mais pas de gaieté de coeur et il partit sans attendre son ami.
Ron resta quelques instants de plus. Drago, qui essuya le sang qui coulait de son nez, regarda le rouquin et d'une voix faible, lui dit :
- Merci… si tu n'avais pas été là, je serais dans un sale état.
- Rappelle-toi bien que ce n'est pas pour toi que je fais ça, grogna Ron en donnant un mouchoir au blond pour son nez.
- Merci quand même.
Ron soupira et ajouta :
- Bon, je te donnerai un flacon demain matin, au cours de Sortilèges.
- Demain ? Ce soir se n'est pas possible ou-
- Demain !
Drago accepta, et partit, sans insister. En effet, sa façon d'être n'était pas la même que d'habitude. Il était vraiment mou et suppliant, pas du tout le Malefoy que tout le monde connaissait.
Le lendemain, Harry et Ron donnèrent le flacon à Drago et ce dernier leur annonça qu'il avait contacté son père et aurait de l'argent assez rapidement. Les trois hommes se promirent que tout ceci serait un secret entre eux. Ils ne devaient en parler à personne.
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Janvier passa, Février également. Tout semblait aller mieux. Harry réussissait à suivre les cours, à travailler malgré ses insomnies et à oublier la guerre. Il ne demandait pas plus que ça.
Mais alors que tout semblait aller bien, Harry commençait à se rendre compte que quelque chose n'allait pas. La potion ne devait pas assez l'aider car il avait l'impression que sa magie lui échappait. Ce n'était pas grand chose, mais lorsqu'il se réveillait le matin par exemple, les rideaux de son lit étaient ouverts, alors qu'il les avait fermés la veille. Si au début, il avait cru à une farce de ses amis, il avait vite compris que ce n'était pas le cas. Puis il arrivait que des objets tombent près de lui, un tableau, une tenture… Là aussi, Harry avait cru que les Serpentards, ou ses amis, étaient dans le coup, mais il avait dû se faire à l'idée que ce n'était pas le cas, quand plusieurs tableaux étaient tombés un jour, alors qu'il était seul dans un couloir. Il avait dû s'excuser auprès des peintures et les avait raccrochés.
Alors Harry augmentait sa dose de potion, il ne devait pas perdre le contrôle sur lui. Pendant un temps, cela sembla fonctionner, puis un vendredi soir du mois de mars, en cours de potion, le feu sous son chaudron s'était anormalement intensifié. Il avait tenté de résoudre le problème avant que son professeur n'arrive, en vain.
- Potter ! Vous savez lire je crois ? Ou alors votre vue a tellement diminué que vos lunettes ne sont plus adaptées et que vous ne pouvez pas lire la phrase affichée au tableau ! "Toute la préparation se fera à feu doux !". Diminuez-moi ce feu !
Harry attrapa sa baguette et tenta de diminuer le feu, mais la flamme sembla même prendre de l'ampleur.
- Potter !
- J'y… j'y arrive pas !
La potion commençait à changer de couleur de plus en plus rapidement, elle bouillait et semblait vouloir déborder du chaudron.
- Incapable !
Le professeur sortit sa propre baguette et diminua le feu. Il fit aussi disparaître la potion, qui était bonne à être recommencée.
- Reprenez tout depuis le début.
Snape n'eut même pas le temps de finir sa phrase que toutes les fioles et flacons qui se trouvaient sur la paillasse de Harry, explosèrent. Ce dernier s'éloigna de la table et regarda les autres élèves pour savoir qui lui faisait ça, mais tous semblaient inquiets de voir les bris de verre partout. Le Gryffondor devait se faire une raison, sa magie recommençait à dysfonctionner. Il tourna son regard vers son meilleur ami, qui ne semblait pas rassuré également, puis vers Hermione, qui avait les yeux plissés, comme si elle essayait de comprendre.
Et enfin, il regarda de nouveau son professeur.
- Sortez tous ! ordonna Snape qui ne lâchait pas du regard le jeune homme.
Tout le monde s'exécuta. Il ne fallait pas discuter ses ordres.
Quand le dernier élève claqua la porte, Snape fit un geste à Harry pour lui demander de le suivre.
Les deux hommes allèrent dans le laboratoire privé du professeur. Le Gryffondor le connaissait pour avoir déjà eu des cours d'Occlumencie dans cet endroit.
- Asseyez-vous Potter.
Harry s'installa sur le seul siège présent dans la pièce et se prit la tête entre ses mains. Une nausée commençait à le prendre et il essayait de penser à autre chose avant de vider le contenu de son estomac sur le sol du laboratoire. Son instinct lui disait que son professeur ne verrait pas ça d'un bon oeil.
Il sentit, plus qu'il ne vit, un sort lui arriver dessus, quand il leva les yeux vers Snape, il remarqua qu'il s'agissait d'un sort de diagnostic. Le professeur avait les yeux rivés sur un parchemin qui détaillait l'état de santé du jeune homme.
- Rien… pourtant votre magie est instable ! s'énerva Snape en brûlant le parchemin. Qu'est-ce qu'il s'est passé Potter ?
- Je… je ne sais pas.
- Ca vous est déjà arrivé avant aujourd'hui ?
Harry ouvrit la bouche et se demanda pendant un quart de seconde s'il devait dire la vérité ou pas.
- Non.
- Vous êtes sûr ? insista Snape, les yeux plissés, comme s'il décelait son mensonge.
- Oui, je l'aurais remarqué.
Le professeur ferma les yeux et se massa les tempes. Il avait l'impression que quelque chose lui échappait alors qu'il l'avait sous les yeux.
- Potter, cet incident fait étrangement écho à ce qu'il vous est arrivé pendant les vacances. Il se passe quelque cho-
- C'est faux, je n'ai pas mal partout, je peux bouger et je n'ai pas de migraine.
- Il se passe quelque chose ! s'énerva Snape en se rapprochant de son élève. Parlez-moi, rajouta-t-il d'une voix plus calme, presque… douce ?
Harry déglutit un peu en voyant son aîné si proche de lui. Il était penché sur sa chaise et son visage était à plusieurs centimètres du sien. Si à une époque, il aurait eu peur de se retrouver ainsi, désormais, il n'en était rien. Il se surprit même à vouloir poser sa main sur la joue pâle de son professeur, à vouloir caresser la cicatrice qu'il voyait sur son cou. Son regard dériva même sur ces lèvres claires, légèrement entrouvertes.
Le Gryffondor, paniqua légèrement en comprenant le fil de ses pensées et bouscula l'homme pour fuir. Snape le laissa faire, surpris de ce départ précipité.
Le jeune homme courut jusqu'aux toilettes et s'enferma dans une cabine.
Il posa ses paumes sur la porte ainsi que son front. Il avait besoin de calmer les battements de son coeur. Il n'avait pas compris ce qu'il avait ressenti pendant un instant. Harry ne voulait même pas savoir ce que c'était.
Il savait depuis longtemps qu'il n'était pas attiré par les femmes. C'était pour cela qu'il avait arrêté sa relation avec Ginny, il ne ressentait rien pour elle. Il s'était vite rendu compte qu'il était attiré par les muscles des hommes, par leur virilité et la force qui se dégageait d'eux.
Si ce que ressentait Harry, vis à vis de Snape, avait changé avec la guerre, il ne pensait pas que cela avait tant évolué. Après, peut-être que ce n'était qu'une envie passagère, comme une sorte de curiosité. Le Gryffondor ne pouvait pas être attiré par cet homme. Il était plus âgé que lui, bien trop sombre, bien trop… bien trop ce qui l'avait attiré plus d'une fois. Oui. Snape était attirant.
Harry tapa sa tête par petits coups sur la porte de la cabine. Il devait faire partir ces pensées bien trop gênantes pour lui. Il avait d'autres choses auxquelles penser comme la réussite de ses études, ses problèmes de santé. Il n'avait pas le temps de commencer à rêvasser sur un homme qui, certes l'attirait, mais qui était inaccessible.
Il sortit des toilettes et se dirigea directement vers la bibliothèque. Travailler lui ferait du bien. Il avait encore un peu de temps avant d'aller manger.
Pendant un peu plus d'une heure, le Gryffondor travailla sur son devoir de Métamorphose, même si parfois, ses pensées dérivaient sur son professeur de potions, il n'en laissa rien paraître. C'était brutal ce qui venait de lui arriver et il ne pouvait pas l'admettre aussi facilement.
Le soir même, au repas, Harry sentait le regard de Snape sur son dos.
Ce dernier sentait que quelque chose n'allait pas avec son élève, il ne comprenait pas vraiment sa réaction et son départ précipité et ne savait pas si c'était lié avec ses problèmes de santé. Severus était allé voir Madame Pomfresh pour lui parler de ce qu'il s'était passé et elle lui avait demandé de garder un oeil encore plus vigilant sur lui.
Mais le jeune homme ne semblait pas vouloir se laisser approcher et semblait encore moins disposé à parler.
Severus soupira et regarda à sa gauche, Sibylle Trelawney semblait en plein débat sur la signification des astres avec Aurora Sinistra. A sa droite, Pomona Chourave parlait à Filius Flitwick d'une nouvelle plante découverte en Egypte qui semblait être dangereuse si on ne savait pas la travailler. Puis ses yeux dérivèrent une nouvelle fois vers son élève. Celui-ci le l'observait également et pendant quelques secondes, leurs regards s'accrochèrent.
Que cache-t-il ? Mais Severus était à mille lieux de connaître tous ses secrets.
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Jusqu'aux vacances, Severus garda un oeil sur Harry. Il remarqua que sa magie lui faisait défaut parfois, et s'il tenta encore quelques fois de lui parler, il semblait toujours poser ses questions à un mur.
Hermione aussi surveillait Harry. L'anicroche en cours de potions, lui avait fait ouvrir un peu les yeux. Elle voyait désormais les petits incidents quand il était là. Elle remarquait aussi ses changements d'humeur. C'étaient de petites choses et pas vraiment perceptibles, mais la jeune femme qui n'y avait pas fait attention à une époque, les remarquait.
Ron de son côté, si parfois il était irritable, sa magie n'avait pas de problème et se disait que les ennuis de son ami n'étaient pas liés à cette potion. Dans un sens, cela le rassura.
Harry voyait sa magie dysfonctionner, mais cela ne semblait pas avoir empiré, dans un sens, cela le rassura. Il prenait plus de potion qu'en début d'année mais ne pouvait pas faire autrement. Pour lui, cela était nécessaire pour éviter que sa santé se dégrade. En plus de ces problèmes, il avait désormais son professeur de potions sur le dos. Ce dernier lui posait de plus en plus de questions, semblait toujours l'observer. Harry avait du mal à le supporter, car plus il faisait toutes ces choses, plus il sentait son attirance le tirailler de l'intérieur. Si au départ, il avait essayé de se persuader qu'elle n'existait pas, que ce n'était qu'une passade, il avait dû s'avouer plus tard que c'était plus que ça.
Alors le Gryffondor abordait les vacances avec angoisse. Harry était avec ses amis sur le quai de la gare de Pré-au-Lard et essayait d'ignorer le fait qu'il serait seul pendant deux semaines et que Snape allait sûrement tenter de le voir ou de le faire parler.
Hermione annonça qu'elle allait chercher un compartiment pour eux. Laissant les deux amis seuls. Ron regarda le quai qui se vidait et tendit un sac de toile à son ami.
- C'est tout ce qu'il me reste mais ça devrait le faire pour les deux semaines.
Harry allait attraper le sac quand une main l'harponna avant lui.
- Et moi ? Moi aussi j'en ai presque plus, dit Drago, énervé. J'ai tout aussi le droit d'en avoir pour les vacances ! On avait passé un deal.
Harry attrapa le Serpentard par son col et lui donna un coup de poing. Surpris, celui-là tomba à terre où Harry le suivit pour continuer à le frapper. Ron tentait bien de retenir son ami, mais celui-ci était rentré dans une rage folle. Finalement, Harry fut écarté par une poigne beaucoup plus forte, celle de Severus Snape.
- Potter !
- Lâchez-moi ! hurla Harry en essayant de se débattre.
- Potter, calmez-vous !
Hagrid arriva et releva Drago qui éloigna aussitôt les mains du géant, une grimace de dégoût sur le visage. Minerva, qui surveillait les départs également, soigna rapidement l'élève de Serpentard, dont le nez était déjà gonflé et saignant. Puis elle se tourna vers Harry et le dévisagea. Jamais il n'avait été aussi violent envers quelqu'un d'autre.
- Vous deux, allez dans le train, ordonna Snape à Drago et Ron.
- Non ! hurla Harry qui commença à paniquer.
Il n'avait plus qu'un flacon, il devait récupérer le sac. Il en avait besoin.
Mais déjà, les deux élèves entraient dans un wagon. Harry n'eut que le temps de voir Ron arracher le sac des mains de Drago et la porte se referma derrière eux.
- Non ! hurla Harry à pleins poumons.
Il faillit tomber au sol, tant la détresse le brûlait de l'intérieur. Ce ne fut que grâce à son professeur de potions qu'il put tenir debout. Il voulait pleurer, crier, taper tout ce qui bougeait…
Il n'avait pas assez de potion.
- Merlin, Potter, calmez-vous, dit Severus d'une voix plus calme.
- Monsieur Potter ! Reprenez-vous ! fit Minerva à son tour.
- Harry, ça ne va pas ? demanda Hagrid qui voyait le Gryffondor rouge de colère.
Harry se défit de l'emprise de Snape et courut jusqu'au château, loin du train qui emportait ses flacons, loin de ses professeurs qui tenteraient de le faire parler.
Il aurait une retenue, il en était sûr, mais à ce moment-là, il n'en avait rien à faire. Ses amis étaient partis, la potion avec eux.
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Le flacon de Harry dura quatre jours, puis l'angoisse le tirailla lorsqu'il prit les deux dernières gouttes. Il était malade, il le savait, mais il ne voulait pas que la maladie refasse surface comme la dernière fois. Malheureusement, il ne pouvait rien faire.
Il arrivait à éviter les repas, où il savait qu'il croiserait ses professeurs et à la place, allait manger dans la cuisine où les elfes étaient toujours heureux de le nourrir.
Snape tentait de le coincer dans un couloir depuis le début des vacances et le Gryffondor réussissait à l'éviter à chaque fois. McGonagall lui avait aussi envoyé des courriers et il ne les avait pas ouverts. Sûrement allaient-ils lui coller une retenue dès la rentrée pour sa bagarre, mais Harry ne voulait pas le voir, il savait que ses professeurs tenteraient de le faire parler. Sauf que le manque de potion allait sûrement le renvoyer à l'infirmerie et Snape serait alors là, Minerva aussi.
Les craintes de Harry se réalisèrent. Vingt-quatre heures après les dernières gouttes, le Gryffondor fut de nouveau très mal. Néanmoins cette fois-ci, il n'était pas dans son lit. Il s'écroula dans un couloir du troisième étage. Son corps était devenu tout à coup lourd et impossible à lever. Il avait mal partout et avait envie de vomir.
Il ne sut combien de temps il resta au sol. Tout ce qu'il vit, fut son professeur de potions courir vers lui et tenter de le faire parler. Malheureusement, plus aucun son ne sortait de sa bouche. Snape l'avait alors soulevé et porté à l'infirmerie. Cette fois-ci, il n'utilisa pas de sort, sachant très bien la réaction que Harry avait eu la dernière fois. Ce dernier voulait lui dire de le lâcher, qu'il n'avait pas besoin d'aide, même s'il savait que c'était faux, mais il ne voulait pas sentir la douce odeur de menthe et d'herbe fraîche de sa robe.
Quand Harry sentit un matelas sous lui, ses yeux se fermèrent et refusèrent de se rouvrir. Il était à l'infirmerie, au moins, ils allaient l'aider.
Malade. Il était malade. Il voulait leur dire, mais même eux ne trouvaient pas ce qu'il avait. Harry avait besoin de sa potion et ça, personne ne le comprenait.
- La même chose que la dernière fois ? demanda Pomfresh auprès de son lit.
- Je pense.
- Mais qu'est-ce qu'il a ! s'énerva l'infirmière en posant sa main sur son front. Il a de la fièvre, comme la dernière fois.
- Je l'ai retrouvé dans un couloir, j'ai l'impression que c'est fulgurant.
Oui, ça l'avait été. Si Harry commençait à avoir mal dans ses muscles quelques heures plus tôt, la lourdeur de son corps avait été soudaine.
- Je ne comprends pas, continua la femme. Je ne sais même pas quoi faire.
- Ce que je ne comprends pas, c'est que Lucius Malefoy nous a envoyé un message hier pour nous dire que son fils était au plus mal. Les symptômes sont sensiblement les mêmes.
Drago était mal aussi. Lui aussi était malade ?
- Ca ne peut pas être une épidémie Severus, sinon, nous aurions eu des cas bien plus tôt.
- C'est ce que je me suis dit aussi.
- Il faudrait peut-être faire revenir Drago Malefoy ici ? proposa Poppy. Nous pourrions peut-être avoir des réponses avec eux deux.
Non. Ils ne parleraient pas. Il en était hors de question.
- Je vais demander à Lucius.
Des pas s'éloignèrent et Harry supposa qu'il n'y avait plus que Pomfresh à ses côtés.
- Monsieur Potter, dit-elle d'une voix calme. Il va falloir que vous nous disiez ce qui ne va pas. J'ai peur que votre santé soit en jeu…
Non. Il n'allait rien dire. Quand Ron allait revenir avec la potion, tout irait mieux. Tout irait mieux…
Pourquoi avait-il si mal à la tête ? Les acouphènes étaient également de retour. Harry voulait juste une potion anti-douleur et ce fut sa dernière pensée. Il sombra dans l'inconscience en même temps qu'il entendit du verre se briser.
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- Monsieur Malefoy, votre fils ne va pas aussi mal que Monsieur Potter, mais nous faisons tout notre possible pour découvrir quel est l'élément déclencheur, fit la voix de Pomfresh.
- Lucius, on a peut-être une piste, enfin… nous n'en sommes pas encore sûrs, mais on essaye de faire ce qu'on peut ! dit Snape.
- Severus, tu sais que je ne m'inquiète pas facilement, mais je pense qu'il se passe quelque chose depuis quelques temps. Il y a quatre mois, Drago m'a demandé de l'argent et suite à cela, je n'ai eu aucune nouvelle ! Puis là, il rentre, il passe de crise de nerf en crise de larmes et tu sais qu'il n'a jamais fait ça ! Ensuite, il a commencé à avoir mal partout et il ne bougeait presque plus ! Alors vous faites peut-être de votre mieux ici, mais vous avez intérêt à faire plus parce que votre mieux n'est pas en train de soigner mon fils. Si vous n'arrangez pas les choses, je le ramènerai avec moi et je ferai de vos vies un enfer !
Drago devait être ici, pour que Lucius Malefoy en personne vienne s'énerver contre eux. Etait-il aussi mal que Harry ?
Des pas s'éloignèrent et pendant un instant, le Gryffondor se demanda qui partait. Il eut sa réponse que lorsqu'il entendit la conversation suivante.
- Vous pensez que les Weasley peuvent savoir quelque chose ? demanda Poppy.
- Bill Weasley trouve le comportement de son frère étrange. Il parle de sautes d'humeur, de violences et d'un renfermement. Peut-être que cela n'a aucun rapport, mais je lui ai demandé de venir avec lui. J'ai comme le pressentiment que tout cela est lié, grogna Severus.
- Il n'en a pas parlé à Molly ?
- Il préférait d'abord nous demander si c'était normal. Je crois qu'il ne veut pas inquiéter sa mère.
Ron était malade aussi ? Existait-il une maladie inconnue dont seule la potion pouvait les soigner ? C'était en tout cas ce que Harry supposait.
Ce dernier tenta d'ouvrir les yeux, il remarqua avec stupéfaction, que son corps lui répondait. Il ouvrit les yeux et observa le plafond de l'infirmerie.
- Potter ! s'exclamèrent les deux adultes en même temps.
- Moins fort, chuchota Harry.
Sa tête recommençait à lui faire extrêmement mal et les nausées revenaient en force.
- Monsieur Potter ! Vous nous avez fait très peur, dit l'infirmière en posant un linge humide et frais sur son front.
- Ah bon ? grogna l'élève.
- Et bien après avoir brisé toutes les vitres une nouvelle fois, vous vous êtes évanoui, expliqua Snape. Cela, il y a quarante-huit heures ! Décidément, vous n'aimez pas faire les choses comme les autres.
- Deux jours ? s'étonna Harry, sans relever la pique de son professeur.
- Oui !
Il était malade et ça s'aggravait. Ron devait revenir avec de la potion, sinon il ne voulait imaginer ce qu'il pouvait se passer. Allait-il s'évanouir encore plus longtemps, ou son coeur allait-il finir par arrêter de battre tout simplement ?
- Vous devez nous parler maintenant Monsieur Potter, fit Pomfresh d'une voix ferme.
Harry ouvrit la bouche et la referma. Il ne regarda ni l'infirmière, ni son professeur. Il n'allait pas parler.
- Quel crétin obstiné ! s'écria Snape.
- Severus !
- Non ! Potter, vous mettez votre vie en danger, s'énerva-t-il en attrapant les épaules de son élève pour qu'il le regarde. Vous devez tout nous dire avant que votre état n'empire. Je vous signale qu'on ne peut plus aider un homme mort !
Harry plongea son regard dans celui onyx de son professeur. Il avait tout à coup envie de lui dire, de lui parler de cette potion qui l'aidait, car l'homme semblait très inquiet pour lui. Au fond de lui, Harry se disait qu'on ne pouvait pas s'inquiéter pour une personne que l'on détestait, alors… Snape ne le haïssait peut-être pas ?
- Mais parle ! Harry, parle !
Severus le secoua et cela sembla débloquer quelque chose en Harry. Ce dernier ne savait pas si c'était le tutoiement soudain, l'entente de son prénom par sa bouche, ou tout simplement ses sautes d'humeur, mais il pleura et murmura :
- Je suis désolé.
Parce qu'il voulait lui dire, lui expliquer, mais qu'il ne pouvait pas. Parce qu'il avait fait une promesse.
Sa migraine reprit de plus belle et Severus n'eut que le temps de le lâcher avant que Harry ne vomisse par terre. Les acouphènes reprirent et Harry s'évanouit après avoir entendu Snape râler :
- Ces gamins vont me rendre dingue !
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- Bonjour à tous, fit Minerva en se levant de son siège.
Devant elle, se trouvait tous les enseignants de Poudlard, ainsi que Bill Weasley et Lucius Malefoy. Ils étaient tous installés autour d'une grande table de réunion.
- Je vous ai convoqué aujourd'hui pour parler de Harry Potter, Drago Malefoy et Ron Weasley. Cette réunion a pour but de trouver une solution à ce qui leur arrive et espérer que cela ne se propage pas. Poppy, vous pouvez expliquer ?
L'infirmière acquiesça, se leva à son tour et commença son monologue :
- Durant les vacances de Noël, comme vous tous vous savez, nous avons retrouvé Harry dans son lit avec une fièvre intense, une immobilisation complète avec impossibilité de nous parler. Nous l'avons emmené à l'infirmerie et avons constaté que le simple sort de lévitation était douloureux pour lui. Il avait en effet mal dans tout le corps et celui-ci ne supportait plus la magie. Il est tombé plusieurs fois dans des phases d'inconscience, dont l'une des plus longues, vingt-quatre heures, est survenue après une migraine foudroyante, des vomissements, des acouphènes et surtout une violente explosion de magie. Suite à cela, ce n'est plus arrivé et même si Monsieur Potter semblait aller mieux, il continuait d'avoir mal dans son corps, avait des poussées de fièvre ainsi que des changements d'humeur. On a pu remarquer également des insomnies, une perte d'appétit et une baisse de moral. A la rentrée, au mois de janvier, on ne sait pas pourquoi, mais tout est revenu subitement dans l'ordre. Malgré tout, les professeurs ont remarqué des sautes d'humeur. Deux mois plus tard, il y a eu un incident en cours de potions.
Severus, qui était adossé sur le mur, près de la porte de sortie, prit la suite :
- En effet, au mois de mars, Monsieur Potter ne semblait pas réussir à gérer le feu sous son chaudron. Il avait pourtant sa baguette mais n'a pas réussi à faire ce que j'attendais de lui. Juste après que j'ai arrangé les choses, les fioles de sa paillasse ont explosé.
- Monsieur Potter a donc, continua Pomfresh, depuis plusieurs mois, une magie un peu… défaillante. Il est régulier qu'il fasse de la magie accidentelle. Que ce soit au cours de métamorphose où il a été incapable de lancer un simple sort d'Accio ou en cours de sortilèges où plusieurs objets, accrochés au mur sont subitement tombés. Minerva avait placé ça sous le coup de la fatigue et Filius s'était dit que Peeves était peut-être dans le coup. Sauf que nous savions inconsciemment que ce n'était pas le cas.
Poppy s'arrêta quelques secondes pour regarder ses collègues, qui l'observaient attentivement, et continua :
- Le jour du départ des vacances, Severus est intervenu lors d'une bagarre entre Drago et Harry. Harry qui a été anormalement violent et qui semblait paniqué. Cinq jours plus tard, Severus retrouvait Harry, au sol, dans l'incapacité de bouger et me l'amenait à l'infirmerie. Tous les symptômes étaient là. Il y a eu de nouveau une explosion de magie, Monsieur Potter est resté inconscient pendant quarante-huit heures et à peine a-t-il été réveillé que cela a recommencé. Il n'est toujours pas réveillé à ce jour.
- Cela fait donc combien de temps qu'il est évanoui ? demanda Filius, un air inquiet sur le visage.
- Trois.
Les voix s'élevèrent, tous voulaient savoir comment Pomfresh pouvait s'y prendre pour aider Harry. Minerva les regarda parler en se massant les tempes. Parfois, elle se faisait la réflexion qu'elle devrait arrêter les cours pour se concentrer exclusivement sur la direction, mais elle aimait trop enseigner. Elle se racla la gorge et reprit la parole pour les faire taire.
- Comme vous le voyez, dit la directrice. Nous sommes avec un cas à part. Nous cherchons encore ce qu'il a car le sort de diagnostic n'a rien révélé. Monsieur Malefoy, ici présent, est venu avec son fils car il se retrouve dans le même cas. Des sautes d'humeur semblerait-il, puis des douleurs dans le corps et enfin, l'immobilisation. Drago Malefoy est actuellement à l'infirmerie et ne semble pas avoir de dysfonctionnement avec sa magie, mais nous le surveillons de très près. Nous avons aussi fait appel, il y a deux jours, à un médicomage de Sainte-Mangouste qui malheureusement, n'a rien trouvé également. Nous sommes dans une impasse les concernant.
Minerva se tourna désormais vers Bill et continua :
- Bill, vous êtes ici car vous êtes revenus avec votre frère, Ronald Weasley.
- En effet. Il est venu en Egypte l'été dernier, il est revenu pendant les vacances de Noël et une nouvelle fois pendant ces vacances-ci. Il prétexte le fait de vouloir s'éloigner de la famille et des souvenirs de la guerre, mais depuis qu'il est avec moi, je ne l'ai jamais connu comme ça. Il s'énerve constamment, puis redevient calme, puis déprimé, puis mou. Dis comme ça, on pourrait me dire que ce n'est rien, mais je peux vous le dire, mon frère n'a jamais été comme ça et il y a quelque chose qui ne va pas derrière tout ça. Je veux savoir quoi !
Il y eut un silence avant que Pomona prenne la parole :
- Vous venez d'où vous avez dit ? demanda-t-elle à l'attention de Bill.
- Egypte.
Le visage de la professeur de Botanique s'éclaira, elle se tourna vers Minerva et l'infirmière pour s'expliquer :
- Je pense avoir une idée ! Il y a un an, une plante a été découverte là-bas. Elle est très toxique pour les sorciers, mais elle a des vertus. Elle peut notamment servir d'énergisant et de calmant. Je ne sais pas si cela peut aider mais peut-être que Monsieur Weasley a réussi à s'en procurer ?
- Quelle est cette plante ? demanda Severus en se rapprochant.
- Je crois qu'ils appellent ça "La pointe du glas".
- Vous pensez que vous pourriez en ramener ? dit le professeur de Potions en regardant Bill.
- Je peux toujours essayer.
- Messieurs, j'aimerais amener une autre question sur le tapis, fit Lucius d'une voix froide. Comment Potter et surtout mon fils, ont été en possession d'une telle plante sans que vous le sachiez ?!
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Quand Harry se réveilla après quatre jours d'inconscience, il se sentait vaseux. Il espérait que Ron était revenu et avec la potion. Il n'était pas sûr de supporter de nouveau une migraine. Il ouvrit les yeux et tâtonna sur sa table de chevet pour trouver ses lunettes. Il les posa sur son nez en même temps qu'il s'asseyait.
- Severus, il est réveillé, fit Pomfresh en partant.
Les rideaux étaient tirés autour de son lit. Il se retrouvait seul avec… Severus Snape.
- La pointe du glas. J'imagine que vous connaissez son nom ? fit celui-ci en s'approchant.
- Non… qu'est-ce que c'est ?
Le professeur tenait entre ses mains une plante, plus particulièrement, une fleur. La tige était couverte d'épines blanches, ses pétales pouvaient sembler être les mêmes que celles d'un Lys, malgré leur petite taille, mais elles étaient toutes reliées ensemble, comme le Muguet. Elles étaient blanches, avec de longs traits rouges dessus, qui semblaient presque former des nervures, comme sur une feuille d'arbre. La base des - du - pétals, était noire. La fleur était belle et effrayante à la fois.
Snape s'approcha et s'assit sur le rebord du lit. Il la posa calmement sur les genoux de Harry et lui dit :
- Ceci. Vous devez la connaître non ?
La tête de Harry montrait bien qu'il était perdu.
- Non… je ne savais même pas que ça existait.
- Impossible… c'est la seule explication qu'on aurait sur votre état et celui de Drago ! commença à s'énerver le professeur en se relevant.
Une plante l'aurait rendu malade ? Harry ne comprenait pas comment il aurait pu être ainsi alors qu'il n'avait jamais vu cette fleur de sa vie.
- Vous avez dû l'ingérer d'une façon ou d'une autre, dit Severus à lui-même.
Snape était dos à lui et se creusait les méninges pour essayer de comprendre ce qui leur échappait. Il était vraiment inquiet et avait déjà commencé à chercher un remède pour cette plante, sauf que si elle n'était pas impliquée dans leur état de santé, tout ce qu'il avait fait ne servait à rien. Au final, aucun des trois élèves ne la connaissait. Il leur avait posé la question à tous les trois et leur ignorance sur la fleur était réelle.
Harry attrapa la fleur et la sentit. L'odeur était agréable et il lui semblait la connaître. Il releva les yeux sur son professeur qui s'était de nouveau retourné. Son visage montrait une inquiétude que Harry ne lui connaissait pas.
- Est-ce que Weasley t'as ramené quelque chose d'Egypte ? demanda Severus en ne remarquant pas qu'il le tutoyait de nouveau.
Mais Harry lui, le remarqua.
- Je… oui… peut-être bien.
Cette fois-ci, Harry ne put se résoudre à se taire ou à nier. Il doutait que la potion puisse être responsable de son état mais peut-être que cela pouvait aider son professeur à le soigner. Ce dernier se rapprocha et se réinstalla sur le bord du lit.
- Il faut tout me dire, dit-il d'une voix calme et posée.
- Il… il y a cette potion, mais elle n'est pas nocive ! rajouta rapidement Harry en voyant le regard noir de Severus. Elle nous aide, elle nous permet d'oublier un peu les souvenirs de… de la guerre et je sais que sans cette potion, je n'aurais pas réussi à tenir en cours et réussi à faire mes devoirs. Elle n'est pas nocive, je le jure !
- Tu… Vous avez pris une potion pendant des mois sans prévenir qui que ce soit ? dit Severus d'une voix basse et menaçante, le tout avec un regard noir.
Harry venait de perdre le tutoiement en une seconde. Cela le blessa sans qu'il le veuille.
- Je… Ron avait ramené ça et on en avait tellement besoin… on ne voulait pas qu'on nous refuse d'en prendre.
- Vous êtes des inconscients ou quoi ! Bande de crétins sans cervelle !
Severus se releva. Il était vraiment en colère maintenant. Les trois élèves avaient pris une potion, ne sachant pas ce qu'il y avait dedans.
- Vous avez encore de la potion ? demanda-t-il brusquement.
Harry commençait à trembler. Cette fois-ci, ce n'était pas la maladie. Il s'en voulait d'avoir déçu son professeur.
Ce dernier se rapprocha et l'attrapa par les épaules.
- Est-ce que vous en avez encore ?
- Je… non… Ron devait en ramener.
Severus ferma les yeux et se rassit durement sur le lit.
- Je sais que je suis brusque mais il faut qu'on sache et je dois récupérer cette potion pour en faire un antidote.
- Elle n'est pas nocive ! Je le jure !
- Elle l'est… tous les symptômes que vous avez, toi et Drago, proviennent de cette plante et je peux le jurer, elle est dans cette potion.
Le tutoiement était de retour, Harry avait envie de s'énerver et de pleurer à la fois. Etait-ce parce que Snape ne pouvait pas se décider s'il le vouvoyait ou pas, ou parce qu'il ne le croyait pas pour la potion, Harry n'en avait aucune idée. Aussi, préféra-t-il fermer les yeux et attendre que ça passe. Ses émotions changeaient beaucoup trop brusquement et il n'arrivait pas à les contrôler.
- Elle n'est pas nocive… murmura le jeune homme.
Une main douce se posa sur son épaule. Elle était hésitante mais réconfortante.
- Vous ne comprenez pas ? demanda Harry en rouvrant les yeux et en plongeant son regard dans le sien. J'en ai besoin de cette potion ! C'est la seule chose qui me fait tenir ! J'en ai besoin.
Severus garda le silence quelques instants et expliqua :
- Il semblerait que cette fleur ait un effet addictif si on en prend sur du long terme. C'est… une sorte de drogue sorcière.
Une drogue ? Harry n'était pas drogué. Il le saurait, non ? Evidemment qu'il avait besoin de cette potion, mais pas comme une addiction… non ?
La main de Severus se serra sur son épaule.
- On reparlera des conséquences de la fleur plus tard. Je dois trouver Weasley et savoir s'il a une potion.
Severus se leva et commença à s'éloigner, mais fut arrêté par une main sur son poignet. Harry était à moitié levé de son lit, ses doigts autour de lui. Le professeur fronça les sourcils et regarda son élève.
- Je suis désolé… vraiment…
Snape hocha la tête, retira la main de Harry, puis s'éloigna, il était bien trop énervé. Peu de temps après, Pomfresh arriva avec un plateau repas.
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- Je refuse que mon fils reste ici ! vociféra Lucius. Je ferai des recherches et je sortirai Drago de ses problèmes moi-même.
- Lucius, ne fait pas l'imbécile, dit Severus en levant les yeux au ciel.
- Severus ! s'offusqua le blond.
- Tu sais bien que tu ne pourras pas y arriver seul, continua le potionniste en ignorant son ami. Je suis en train de chercher le remède et si tu veux nous aider, tu es le bienvenu mais Potter, Weasley et Drago doivent rester ensemble ! Je veux voir l'évolution de tous leurs symptômes parce qu'il va falloir les gérer les uns après les autres.
- Je refuse qu'il reste à Poudlard ! Je veux pouvoir le voir quand je le souhaite, sans demander l'autorisation. De plus, rester enfermé tous les jours à l'infirmerie est insupportable.
Harry et Drago étaient assis sur deux lits séparés. Le Gryffondor était sur celui de Ron. Ce dernier s'était évanoui la veille et ne s'était toujours pas réveillé. Alors Harry attendait et parlait avec le Serpentard. Ces deux-là commençaient à s'entendre et c'était tout naturellement qu'ils s'étaient tus pour écouter attentivement Lucius se disputer avec Severus et Pomfresh.
- Nous pouvons peut-être voir avec Minerva pour vous donner un accès permanent au château, tenta Poppy. Mais on tient à ce qu'ils restent tous les trois, et pas qu'ils aillent où ils veulent. Le château est trop grand pour que l'on puisse avoir toujours un oeil sur eux.
- Alors ils viennent tous au manoir ! s'écria le Lord.
Il y eut un long silence, où même les deux élèves se regardèrent, se demandant qui aurait le dernier mot sur cette discussion.
- Tu n'y penses pas sérieusement Lucius ? demanda le potionniste.
- Et pourquoi pas ?
- Qui va les surveiller ? Qui va s'occuper des soins quand ils seront mal ? En plus, ton manoir reste trop grand également pour avoir un oeil sur eux.
- Et bien on les mets dans ma maison secondaire, au nord de l'Ecosse ! Elle est de plain pied, bien plus petite que le manoir, il y a assez de chambres et assez d'elfes pour les aider.
- Enfin Lucius, il ne faut pas laisser leur santé entre les mains des elfes ! s'énerva le potionniste.
- Severus. Tu trouves une solution. Tu fais ce que tu veux, mais demain je ramène mon fils, que tu le veuilles ou non !
La porte de l'infirmerie s'ouvrit puis claqua.
Les deux élèves étaient toujours silencieux et attendaient des réponses. Qu'est-ce qui allait se passer maintenant ? Harry attrapa la main de Ron et la serra dans la sienne.
Quelques secondes plus tard, la porte de l'infirmerie claqua de nouveau et Drago vit Madame Pomfresh s'approcher.
- Bon, dit-elle le visage fermé. Il va peut-être y avoir du changement. Je ne sais pas… comment vous vous sentez tous les deux ? demanda-t-elle, se rappelant soudainement son travail.
- Je commence à avoir des nausées et avoir mal à la tête, dit Harry qui devenait pâle au fil des minutes.
- J'ai un peu mal partout, mais ça peut aller, continua Drago.
- D'accord… D'accord, soupira Madame Pomfresh. Harry, allez vous rallonger.
L'infirmière commençait à prendre l'habitude de les appeler par leur prénom. Ils se côtoyaient désormais tous les jours, elle était toujours à leur chevet et elle en avait marre des "Monsieur" alors ils avaient convenu qu'elle les appellerait ainsi et que eux pouvaient l'appeler "Poppy".
Le brun acquiesça et partit vers son lit.
Deux heures plus tard, les fenêtres de l'infirmerie avaient explosé et Harry était retourné dans l'inconscience.
J'espère que vous avez aimé cette première partie. Je dois désormais corriger la suite (j'espère la corriger rapidement !), envoyez-moi de la motivation pendant que Epsi me bottera les fesses pour que je me bouge ! Et prenez soin de vous.
A bientôt
