And death is at your doorstep and it will steal your innocence
But it will not steal your substance
You are not alone in this
You are not alone in this
As brothers we will stand
And we'll hold your hand
Hold your hand
Timshel, par Mumford & Sons
L'air est si lourd, autour de nous, si lourd. Lourd de peine, lourd de douleur, lourd de cris, lourd de peur, lourd de question et lourd de larmes. Lourd de ton absence, Fred. Elle pèse tous les jours un peu plus dans nos vies et dans nos cœurs, et nous écrase, nous écrase de toute sa force et de toute son horreur.
Cinq jours seulement depuis que tu es parti, et tu nous manques un peu plus tous les jours. Maman passe son temps à pleurer, et papa n'a pas dit un mot depuis qu'il t'a vu étendu dans la Grande Salle. Parmi les morts, loin, si loin de tes parents qui t'aiment encore.
Ces cinq derniers jours ont été les plus longs de nos vies, tu sais ? Le monde sorcier est occupé à célébrer la mort de Tu-Sais-Qui. Et vraiment, nous aimerions nous joindre à eux mais… Le cœur n'y est pas. Nous n'avons plus beaucoup de chose à cœur, de toute manière. Parce que tu les as emportés avec toi, vers cet au-delà dont on ignore tout.
Et bon sang, ça fait mal. Ca fait mal, ça fait mal, ça fait si mal que parfois on en viendrait presque à se demander si ça ne serait pas moins douloureux de juste mourir, à notre tour. Et puis de toute façon, nous sommes déjà un peu morts, non ? Parce que notre frère, c'est notre sang. Et notre frère qui disparait, c'est une part de nous que nous enterrons avec lui.
Nous ne voulons pas y aller, Fred. Tellement pas. C'est trop dur, tu sais, de se dire qu'une fois que nous aurons terminé cette lettre et que nous l'aurons glissée dans ton cercueil, ça sera fini, pour de bon, pour toujours.
Nous avons si peur pour toi. Nous n'arrêtons pas de nous poser des questions, tout le temps. Qu'est-ce qui va t'arriver, maintenant que tu n'es plus là ? Comment c'est, le paradis ? Tu crois que tu t'y plairas ? Et puis… est-ce qu'on te manquera ? Est-ce qu'on te manquera comme tu nous manques à nous, tes frères et ta petite sœur qui avons tellement de mal à se dire qu'on ne te verra plus jamais ?
Bill répète sans arrêt que même si la mort t'a arraché ton innocence, elle n'effacera pas celui que tu es, que tu as toujours été et que tu resteras à jamais. Il a surement raison, mais pour l'instant c'est impossible de calmer la douleur. La plaie est trop grande, et tous les jours la vie verse du sel dessus. Ce sont toutes ces petites choses qui te font toi, et qui sont toujours là, et qui nous blessent tant. Une pastille de gerbe retrouvée dans un tiroir, un dessin que tu avais fait à maman affiché sur un mur, un tee-shirt à toi rangé par erreur dans notre pile de linge propre… Un jour elles nous feront sourire, toutes ces choses, mais pour l'instant, c'est juste trop dur.
Et pourtant… Et pourtant nous allons être forts, tu sais. Oh bien sûr nous allons pleurer, nous ne faisons que ça en ce moment, de toute manière. Mais nous allons être forts, parce que tu es notre frère, et que c'est notre rôle, celui de rester là, fiers et droits, et de tenir ta main. Nous sommes tes frères, ta sœur, ta famille. Et nous dresserons ton échelle vers les étoiles, parce que nous t'aimons.
Bill, Charlie, Percy, George, Ron et Ginny
