Bonjour,

Voici le début d'une nouvelle fanfiction. Le petit Adrian me tient beaucoup à cœur, j'espère qu'il saura vous charmer, vous aussi.

Ce premier chapitre est un peu long mais il présente l'environnement d'Adrian et il est un assez dur, mais la vie de notre petit bonhomme n'est pas forcément rose.

Bonne lecture !


Chapitre 1

Joyce avait toujours trouvé son beau-frère un peu bizarre. Oh, ce n'était pas du tout péjoratif ! Enfin, ça ne voulait pas dire qu'elle ne l'appréciait pas, bien au contraire. Pour tout dire, Darius Grimstone flirtait avec le concept de l'homme idéal. Il était cultivé, intelligent, responsable, aimant, sérieux avec un dosage équilibré de folie, bref un excellent père de famille. Précisons à ce stade-là que toutes ces qualités, Joyce les retrouvait également chez Calvin, son époux, mais en dix fois plus développées, cela va sans dire.

Non. Si Darius paraissait un peu étrange, c'était notamment dans ses instincts. Par exemple, quand quelque chose va de travers, les gens tendent les mains vers ce qui cloche, pour le rattraper, le redresser ou le retenir, selon la situation. Le tout premier instinct de Darius, celui qui ne durait pas plus d'un quart de seconde, c'était de plonger les mains dans les poches, comme s'il y cherchait quelque chose. Quand on vous tend une photo, vous la regardez. Darius, lui, avait le tic de toujours la secouer, un peu comme si cela remettait en ordre ce qui se trouvait sur la photo. Oh, c'était des détails, et personne ne les remarquait vraiment, sauf que cela n'avait pas échappé à Joyce.

Darius avait aussi une chance effarante. Il s'arrêtait quasiment toujours de pleuvoir quand il avait absolument besoin de sortir sans avoir le temps de prendre un imperméable. Et aussi, par exemple, une fois, à Noël, l'électricité avait sauté. Un instant, ils s'étaient retrouvés tous les quatre uniquement éclairés par les bougies du sapin et ils avaient tous éclaté de rire.

« On a disjoncté ! avait inutilement signalé Gillian.

- Vous avez forcé le four, avec votre dinde, les filles ! avait fait Calvin.

- C'est peut-être une panne de secteur. Ca va revenir ! » avait joyeusement lancé Darius.

Et il avait frappé dans ses mains avec entrain. A ce moment, la lumière était revenue, et cette heureuse coïncidence n'avait fait que renforcer le fou-rire des deux jeunes couples.

C'était l'année où Calvin avait été licencié. A cours d'argent, ils avaient été obligés de demander l'hébergement à Gillian, la sœur de Calvin, et son époux Darius. Ceux-ci avaient accepté en ayant l'air de se demander ce qui pouvait bien rendre Calvin et Joyce si gênés de leur demander cela. « Oh, pas longtemps, juste le temps de retomber sur nos pieds ! » Un an entier, au final.

C'était cette année-là, 1977, que Joyce avait repéré tous les petits tics et réflexes de Darius. Il faut dire que cette cohabitation avait beaucoup rapproché les quatre jeunes gens. Gillian et Calvin avaient toujours été très proches et cette année semblait les avoir rendus aussi inséparables que des jumeaux. Par conséquent, Joyce et Darius avaient tissé eux aussi des liens qui ressemblaient fort à des liens de fraternité. En fait, on aurait dit quatre étudiants colocataires, comme une bande de copains de fac.

Mis à part la présence de Sylvius.

Sylvius n'avait que quelques mois quand les Trell étaient venus s'installer chez les Grimstone, pourchassés par les créanciers.

« Pourquoi Sylvius ? avait un jour demandé Joyce tandis qu'elle avait pris le relais de sa belle-sœur pour bercer le bébé, pourquoi pas Sylvester ?

- On s'appelle en -ius de père en fils, chez les Grimstone. Mon père s'appelle Domitius. »

Ca aussi, c'était bizarre. Bizarre mais marrant. Un peu comme le fameux Domitius qu'on lui présenta d'ailleurs un jour.

Quelques mois plus tard, la vie des Trell connaissait un rebond. Calvin retrouvait un emploi dans un supermarché et Adrian était mis en marche. Ils purent reprendre un petit appartement à eux en centre-ville.

C'était trois ans avant la tragédie.

Adrian Trell naquit en Juin 1978 et Gillian Grimstone fut sa marraine. Les trois ans filèrent à une allure hallucinante. En tout cas, c'est ce que Joyce, Calvin et Gillian penseront pendant le reste de leurs vies, qu'ils passeront à regretter de n'avoir pas su profiter de la vie tant qu'elle était belle.

Pendant ces trois ans, entre la naissance d'Adrian, et la mort de Darius, ce dernier eut l'air passablement préoccupé, maintenant qu'ils y repensaient. Sur le coup, c'était si insidieux qu'ils n'y portèrent pas une grande attention. Il n'avait pas l'air moins joyeux ni enthousiaste que d'habitude. Mais seulement, il semblait être préoccupé par des problèmes que les autres ne percevaient pas. Il rentrait plus tard le soir. Travailler à la Bourse de Londres, ça ne semblait vraiment pas être une sinécure. Plutôt stressant comme boulot, c'était normal.

Le lendemain d'Halloween, cependant, deux mois avant qu'il ne meure, il avait couru chez les Trell, excité comme une puce. C'était Calvin qui lui avait ouvert, Joyce était occupée avec le bain d'Adrian. Elle avait juste entendu les éclats de voix de Darius qui semblait fou de joie et dans un état d'excitation proche de la démence.

« Euh, on est invité chez ma sœur pour faire la fête. était venu annoncer Calvin, l'air un peu abasourdi.

- Quand ? Pourquoi ? demanda Joyce, à genoux devant la baignoire, en regardant son époux dans l'encadrement de la porte de la salle de bain.

- Maintenant, enfin, ce soir, mais je ne sais pas pourquoi précisément. Il a juste dit qu'il fallait faire la fête et vider au moins deux packs de bière pour fêter l'événement ! C'est lui qui l'a dit, pas moi ! se défendit-il aussitôt en voyant le regard de sa femme.

- Papa ! Papa ! Rega'de ! » s'écria Adrian.

Le petit garçon glissa à plat ventre dans son bain, jusqu'à avoir la bouche dans l'eau. Là, il souffla très fort, provoquant de grosses bulles dans l'eau de son bain et un gros fou-rire qui faillit le noyer lui-même.

Le soir même, devant deux packs de bières, les Trell et les Grimstone fêtaient un événement assez flou, et Sylvius poursuivait son petit cousin à travers la maison en poussant des cris de sioux. Gillian soupira d'aise. La vie était belle. Le bonheur serait éternel.

Aujourd'hui, Gillian n'avait même plus la force de soupirer du tout. Sa vie était un enfer, un cauchemar, et elle ne désirait qu'une chose, qu'elle se finisse au plus vite. Son frère lui serrait le bras doucement et fermement à la fois tandis qu'on rejetait des mottes de terre sur le cercueil de son époux.

Joyce n'avait pas eu la force de venir à la mise en terre de Darius. L'ingrate. Ce qui arrivait à Joyce n'était rien comparé à ce qu'elle devait endurer, elle. Gillian secoua la tête. C'était elle l'ingrate, de penser de telles choses. Il n'était pas question de savoir qui souffrait le plus : tout le monde souffrait.

On passa devant eux pour leur présenter des condoléances à la fin de l'enterrement de Darius. C'était des gens en capes et chapeaux pointus que ni elle ni son frère ne connaissaient. Une célébration civile ordinaire serait organisée dans quelques jours, pour les connaissances normales de Darius

La communauté des sorciers… Son existence avait été si violemment révélé à Gillian et les époux Trell, dans des circonstances si tragiques que jamais ils ne pourraient véritablement le considérer comme le monde merveilleux que Domitius s'acharnait pourtant à décrire, comme un avocat plaidant le romantisme de son violeur de client. C'est vrai, son fils n'avait jamais mis Gillian et Sylvius au courant il disait que ça ne les empêchait pas d'être une famille heureuse et unie. Et ben voilà, c'était réussi ! pensait amèrement la jeune veuve.

Il y avait cinq jours à peine…

« Joyeux Noël, Gillian ! »

« Merci beaucoup, Joyce, toi aussi ! » répondit Gillian en se penchant pour lui faire la bise.

Calvin arrivait derrière.

« Euuuh, Gilly, on fait quoi des… -Calvin baissa la voix- de ce que le père Noël a mis dans la voiture pour ce soir ? »

- Laisse-les là-bas pour l'instant. » chuchota sa sœur en surveillant Sylvius du regard.

Mais celui-ci, trop heureux d'être le 24 décembre, trop heureux de ne pas déjà être au lit, et trop heureux de retrouver son cousin Adrian, ne pensait pas du tout à écouter les grands.

« Bien. Joyeux Noël !

- Joyeux Noël ! lui répondit Gillian en souriant.

- Darius n'est pas là ?

- Il n'est pas encore rentré du travail. Mais il ne devrait plus tarder maintenant.

- Il travaille trop, ton Darius. Et sinon, est-ce que tu vas faire disjoncter la maison, cette année, avec ta dinde ?

- On verra ! répondit gaiement Gillian.

- Maman ! Maman ! Maman ! Maman !

- Oui, Sylvius, calme-toi, je suis juste là. Qu'est-ce que tu veux ?

- On peut aller jouer dans le jardin, avec Adrian ?

- Non, mais, ça ne va pas ? Il fait nuit noire ! Et avec ce froid !

- S'il te plaiiiiit !

- Non, Sylvius, ça suffit. »

Le petit garçon de cinq ans jugea sa mère du regard, et comprenant qu'il ne la ferait pas changer d'avis, il lui tira la langue. Gillian poussa un glapissement et se jeta en avant pour l'attraper. Mais le petit démon avait déjà détalé.

« Oh, je suis désolée que vous ayez vu ça ! soupira sa mère à l'intention de l'oncle et de la tante.

- Ce n'est rien, on le connaît bien, le petit Sylvius. assura Joyce en se jurant que jamais Adrian ne se montrerait si insolent.

- Allez, c'est Noël ! Les enfants sont les rois, aujourd'hui ! déclara Calvin en pendant sa veste au porte-manteau.

Et de fait, Sylvius et Adrian avaient déjà disparus dans la chambre de ce dernier. Les Trell aidèrent activement Gillian pour préparer la soirée. Et finalement, vers dix-neuf heures, Darius revint. Il entra en jetant un coup d'œil à la lumineuse pleine Lune qui veillait sur la nuit de Noël et déclara en se frottant les mains.

« Pas une nuit à mettre un enfant dehors. Il fait un froid de canard !

- Ah, voilà ! Je suis du même avis que toi ! Va donc le dire à ton fils ! Il voulait aller jouer dehors ! répliqua Gillian en l'embrassant distraitement.

- Déjà là, les copains ? s'écria Darius en tapant sur l'épaule de Calvin et en faisant la bise à Joyce.

- Joyeux Noël à toi aussi ! » répondirent les Trell en souriant.

Jusque là, la soirée et le reste de la vie s'annonçaient sous les meilleurs hospices. Pourtant, sans qu'aucun des quatre ne le sache, le bonheur brûlait ses derniers instants et tout allait basculer en moins d'un quart d'heure. Comme dans un mauvais film d'horreur.

Car Darius demanda :

« Où est ce petit chenapan ?

- Dans sa chambre, avec Adrian ! » répondit sa femme en retournant dans la cuisine.

Darius se dirigea vers le couloir menant aux chambres. Joyce rejoignit Gillian dans la cuisine et Calvin alla vérifier la stabilité du sapin pour ne pas revivre la pagaille de la dernière fois. Calvin avait rarement vu son beau-frère inquiet, mais Darius l'était sans nulle doute en revenant dans le salon.

« Vous êtes surs qu'ils sont allés dans la chambre de Sylvius ?

- Oui, pourquoi ?

- Parce qu'ils n'y sont plus !

- Ils ont dû se glisser quelque part !

- La fenêtre de la chambre est ouverte ! Gillian !

- Qu'est-ce qui se passe ? » demanda celle-ci en revenant dans le salon avec Joyce.

Darius était maintenant absolument pâle. Il se précipita vers sa femme en s'écriant.

« Les petits ne sont pas dans la chambre ! J'ai l'impression qu'ils sont sortis !

- Oh les coquins ! Je lui avais interdit ! Il a du entraîner Adrian !

- Sans manteaux ! ajouta Joyce.

- Non, mais vous ne comprenez pas ! C'est affreux ! s'écria Darius.

- Eh bien ? Qu'est-ce qui te prend ? Ils reviendront quand ils auront trop froid et quand ils auront faim ! Ce n'est pas si grave que ça… répondit Gillian, déconcertée.

- Si ! Si, ça l'est ! J'ai eu un… petit désaccord avec… un collègue et… je vais les chercher immédiatement ! » s'écria-t-il.

La panique irraisonnée de Darius, d'habitude si posé, avait gagné tout le monde. Calvin attrapa sa veste.

« Je viens avec toi !

- Non ! Non, tu restes là, Calvin ! imposa fermement Darius.

Il mit la main dans la poche intérieure de son manteau jeté sur le dossier du canapé, en sortit un bâton de bois et sortit en claquant la porte.

« Et il n'a pas encore bu ! signala Calvin comme pour détendre l'atmosphère.

- Je ne sais pas ce qui lui prend… murmura Gillian sur un ton d'excuse.

- Tout ce qui peut leur arriver, c'est un gros rhume !

- Avec la taille du jardin, ils vont être de retour dans une seconde !

Mais ce n'est que cinq minutes après que Darius revint. Les Trell et Gillian étaient dans le salon.

« Ah ! Eh bien dis donc, ils t'ont fait courir, les … »

La remarque de Gillian se termina en hurlement. Joyce se leva d'un bond. Dans l'entrée, tombé à genoux, Darius, couvert de sang, le visage hagard et épouvanté, serrait contre lui une petite chose sanguinolente.

Et cette petite chose, c'était Adrian.

Le cri de Gillian mourut, celui de Joyce prit le relais. La terreur et l'horreur avaient envahi son esprit, l'empêchant de réfléchir. C'était son instinct de maternité et son instinct animal qui prirent le contrôle de son être. Son bébé, ce sang. C'était un cauchemar. Calvin avait déjà fait un bond et arraché le corps de son fils à Darius.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qui s'est passé ? » hurla-t-il.

Où était passée la douceur d'une soirée de Noël ?

Darius se releva, chancelant, tandis que Joyce atterrissait à genoux à côté de son mari. Son enfant, son si beau bébé était ruisselant de sang, au milieu du flot duquel elle distinguait d'horribles lacérations, partout où ses vêtements en lambeaux laissaient voir sa peau. Elle comprit qu'elle ne faisait pas de cauchemar. Même en rêve, elle ne pourrait jamais imaginer une telle horreur. Elle pleurait, elle criait, elle ne savait plus ni ce qui se passait, ni comment elle s'appelait. Son bébé ! Son Adrian ! Son bébé !

Gillian était effondrée contre le mur, silencieuse, les yeux exorbités sur le corps mutilé de son neveu. Darius apparut soudain dans son champ de vision, la saisissant par les épaules.

« Gillian ! Gillian ! Ecoute-moi ! Ecoute-moi, c'est important ! Il a été attaqué par un Loup-Garou. C'est la pleine lune.

- Un Loup-Garou, mais… mais…non !

- Si ! Si, écoute-moi ! Fenrir Greyback ! Il faut absolument que tu retiennes ce nom ! Répète ! Fenrir Greyback ! ordonna-t-il en la secouant.

- Fenrir Greyback…

- Souviens-t-en. Dis-le à Papa ! Un Loup-Garou ! Je retourne chercher Sylvius. Je ne sais pas où il est. J'ai retrouvé Adrian à temps… Greyback allait le… Je retourne chercher Sylvius. »

Il dressa son bâton de bois comme si cela pouvait représenter une menace et ressortit dehors. Gillian et les Trell ne devaient plus jamais le revoir vivant.

En sanglots, Joyce nettoyait avec des gestes empressés le visage ensanglanté de son fils à l'aide de son foulard. La tâche était rendue difficile par les tremblements incontrôlés de Calvin qui tenait le petit dans les bras, effondré par terre.

Adrian n'était pas mort. Mais cela ne consolait en rien Joyce et Calvin. La situation était déjà trop terrible pour qu'ils puissent imaginer que cela aurait pu être pire. Leur fils était blessé. C'était déjà la fin du monde pour les parents qu'ils étaient.

« On l'emmène à l'hôpital ! décréta Calvin en se relevant.

- Oui, mais pas celui auquel vous pensez. »

Gillian poussa un cri et Joyce fit volte-face. Derrière eux, trois personnes étaient soudain apparues dans l'entrée de la petite résidence. Deux vieux hommes en capes et avec des chapeaux pointus et une femme un peu plus jeune, en costume d'infirmière de l'ancien temps.

L'un d'eux était Domitius Grimstone. A ses côtés, se tenait un vénérable vieillard, avec une longue barbe et un costume-cape violet, le regard bleu et vif. C'était lui qui avait parlé, d'une voix apaisante et déterminée.

« Qu'est-ce que vous faites ici ? Comment êtes-vous rentrés ? hoqueta Gillian.

- Nous sommes désolés ! Je n'aime pas ainsi faire irruption chez les gens. Surtout chez les moldus, mais la situation l'exigeait. Nous avons bien réceptionné le patronus renard de Darius, Madame, et sommes venus le plus vite possible.

- Fenrir Greyback…Domitius… Fenrir Greyback. répéta Gillian d'une voix blanche selon la volonté de son mari.

- C'est hélas bien ce que nous craignions. répondit le vieil homme aux lunettes en demi-lune.

Les deux vieillards étaient déjà sortis en courant, à la suite de Darius. L'infirmière, elle, se pencha, un bol d'onguent vert à la main, vers le corps du petit Trell, dans les bras de son père.

« Je suis Pompom Pomfresh, infirmière magique. Vous connaissez Domitius Grimstone, l'autre personne était Albus Dumbledore, le plus grand sorcier du monde.

- Quoi, sorcier ? balbutia Gillian.

- Sorcier, oui, comme Darius et comme Domitius Grimstone. C'est vrai, Domitius m'a prévenu que son fils ne vous avait jamais rien dit.

- Rien dit pour quoi ?

- Voyons ce petit. Je ne vous cacherai pas que ce genre de plaies magiques n'est pas facile à refermer. Mais si vous le posiez, monsieur, cela serait déjà plus facile. Il faudrait qu'il soit immobile. »

Pour seule réponse, Calvin resserra sa prise autour de son jeune fils en fixant l'infirmière comme s'il s'agissait du démon.

Domitius Grimstone et Albus Dumbledore rentrèrent à ce moment-là. Ils portaient un Darius aussi ensanglanté et mutilé que le petit Adrian. Des larmes coulaient sur les joues de Domitius tandis qu'ils allongeaient son fils par terre. Contrairement à l'enfant, il ne faisait aucun doute que Darius était…

« Il est mort ! Il est mort ! » hurla Gillian, hystérique.

Elle se jeta sur le corps de son époux, qui ne semblait plus être que plaies et blessures, comme s'il était passé sous une moissonneuse-batteuse. Il avait été si beau ! Si beau ! C'était incroyable, inconcevable. Il y a quinze minutes encore, il rentrait gaiement du travail pour fêter Noël en famille. Il y a quinze minutes encore, il l'embrassait. Non, non, il ne pouvait pas avoir été si sauvagement attaqué, il ne pouvait pas être mort ! Elle ne le voulait pas.

« Je suis terriblement désolé, Madame, Domitius. » déclara le dénommé Dumbledore.

Il n'y avait plus rien autour d'eux. Pour les Trell, plus rien n'existait à part leur bébé mutilé. Et pour Gillian, il n'y avait plus que le corps de son époux. Et l'absence de son fils.

« Aucun trace de Sylvius. Je vais appeler une brigade d'Aurors et on va le rechercher. »

Ce fut la dernière chose que Gillian Grimstone entendit et comprit avant de s'évanouir.

Et aujourd'hui, cinq jours plus tard, balayés par le vent qui charriait des flocons de neige, le frère et la sœur assistaient à l'enterrement de Darius Grimstone. Joyce restait cloîtrée à Sainte-Mangouste aux côtés de son fils, immergés dans un univers qui n'étaient pas le leur.

Et Sylvius demeurait absolument introuvable.