Je m'excuse d'avance auprès des puristes de Dir En Grey : j'aime beaucoup les fics sur ce groupe mais je ne suis absolument pas une spécialiste de leur histoire. Je me suis donc permise de prendre quelques libertés !
CHAPITRE 1/
Le groupe donnait un énorme concert au Budokan, point d'orgue de leur tournée au Japon à l'occasion de la sortie de Ryojuku No Ame. L'ambiance, ce soir-là, était littéralement survoltée et, galvanisés par leurs fans, les Dirus donnaient le meilleur d'eux-mêmes. Seul Kyo ne partageait pas l'enthousiasme de ses amis.
Comme d'habitude, il chantait, gémissait, hurlait, bondissait, excitait la foule de toutes les façons possibles mais tout ceci n'était pas qu'un jeu de scène ; c'était le seul moyen qu'il avait de cacher le profond désespoir qui le rongeait depuis des années.
Kyo ne s'était jamais aimé : trop petit, trop laid, insignifiant…même la célébrité n'avait pas réussi à lui donner une meilleure image de lui-même. Dir En Grey avait quand même l'avantage de justifier son existence.
Puisque je suis un monstre, autant jouer là-dessus…
C'est ce qui expliquait ces maquillages qui étaient comme autant de masques grotesques, cette gestuelle bestiale et ces paroles tourmentées. Kyo de Dir En Grey faisait exister au grand jour ce qu'était Tooru Niimura : un petit monstre à l'esprit torturé. Ce n'était pas une consolation, il s'en fallait de beaucoup mais Kyo avait appris à se résigner et à vivre avec. Au moins, il avait l'impression de servir à quelque chose grâce au groupe.
Ce fragile équilibre avait volé en éclat quelques mois plus tôt quand il avait réalisé qu'il avait osé développer un sentiment qui lui était interdit. Il était tombé amoureux. Et pas de n'importe qui : d'un jeune homme beau, intelligent, bourré de talent bref, trop bien pour lui, et qui plus est, son leader et ami : Kaoru. Comment était-ce arrivé ? Il n'aurait pas su le dire. Il ne s'était pas méfié.
Les membres de Dir en Grey étaient les seuls à qui il avait autorisé l'accès à son monde, les seuls qui avaient sa confiance et qui pouvaient- quelquefois- lui donner le sentiment d'être important pour eux. Sans eux, il serait sûrement déjà mort.
Parmi eux, Kaoru tenait une place spéciale. C'était lui le plus acharné à lui maintenir la tête hors de l'eau. Kaoru savait toujours si Kyo avait besoin d'un bon coup de pied aux fesses ou d'une épaule pour pleurer. Kyo avait souvent répondu agressivement à son aide mais Kaoru ne l'avait jamais laissé tomber pour autant. Ce fut un soir où, comme souvent, Kyo déprimait et pleurait son mal-être dans les bras de Kaoru qu'il s'était rendu compte qu'il avait envie de l'embrasser et que le guitariste était ce qu'il avait de plus précieux au monde. Depuis cette révélation, il dépérissait. Ce n'était pas assez d'être un monstre, il avait aussi fallu qu'il tombe amoureux de quelqu'un qu'il ne méritait pas. Comme il était doué pour cacher ses sentiments, il n'avait jamais rien dit à Kaoru, trop effrayé à l'idée de le dégoûter et de le perdre totalement. Mais ce fut à cette époque qu'il écrivit Mushi et commença à se scarifier sur scène. Ses amis, horrifiés, avaient d'abord tenté de l'arrêter mais le public avait si bien réagi à cette dose de sang gratuite que Kyo, en riant, leur avait dit qu'il serait dommage de se passer d'un si bon jeu de scène. Il put ainsi continuer à se « purger » en faisant passer ça pour une attitude très rock.
Ce soir-là, au Budokan, sa tristesse atteignait un pic d'intensité parce que Kaoru s'était trouvé une nouvelle petite amie. Kyo ne l'avait jamais vue, ne savait rien d'elle et ne voulait rien savoir. Il devenait volontairement sourd quand Kaoru parlait d'elle. Heureusement que son leader était toujours assez discret sur sa vie sentimentale…Mais c'était suffisant pour que Kyo se sente encore plus mal qu'à l'accoutumée. Au moment de Mushi, ce ne fut pas avec ses ongles qu'il se griffa le bras mais avec un bout de verre soigneusement dissimulé dans sa main. Il avait envie de se faire mal et….Aaaaaah…comme ça faisait du bien. Avec un sourire de dément, il se lacéra la peau encore et encore sur le chant plaintif de la guitare de Kaoru. Il saisit son micro et s'en frappa violemment la poitrine, les coups s'entendant dans toute la salle. Si seulement il pouvait se tuer en faisant ça ! La lumière baissa progressivement jusqu'au noir complet…
- Kyo !!
Il se sentit agrippé sans ménagement par quelqu'un qui l'entraîna vers les coulisses. Il sentit du sang chaud lui couler dans la main. Pourquoi voyait-il flou tout à coup ? Sans même comprendre ce qui lui arrivait, il s'effondra.
Quinze minutes plus tard, les Dir En Grey, consternés et morts d'angoisse, attendaient le réveil de Kyo que l'on avait transporté sur le vieux canapé de leur loge. Encore heureux que le concert fût fini et que les fans n'y aient vu que du feu !
Shinya, bouleversé, était en train de nettoyer doucement les plaies de Kyo à l'aide d'un linge mouillé. Die, sombre et muet, était assis sur le bras du canapé, au-dessus de la tête de Kyo dont il effleurait parfois les mèches blondes. Toshiya improvisait des bandages en déchirant une chemise à lui et Kaoru, assis plus loin à une table, semblait perdu dans ses pensées.
Ils avaient dégagé de la pièce les gens empressés qui avaient voulu apporter leur aide. A chaque fois qu'un problème touchait l'un d'eux, les autres faisaient bloc autour de lui comme un anneau protecteur. Ils se suffisaient à eux-mêmes quand c'était possible et n'aimaient pas les intrusions extérieures dans leurs affaires. De plus, ils s'étaient dit que Kyo serait peut-être plus à même de se confier s'il n'y avait qu'eux à son réveil.
Kaoru brisa enfin le silence :
- Shinya, comment sont ses blessures ?
- Elles sont moins profondes que je le craignais. Je crois que son évanouissement est surtout dû à l'épuisement du concert.
Il prit un flacon de désinfectant pour en badigeonner le bras de Kyo.
- Il y est allé fort ce coup-ci, commenta Toshiya à voix basse. Je ne le sens pas bien ces derniers temps.
Die répliqua :
- Il ne va jamais vraiment bien. Je crois qu'il va falloir qu'on l'empêche de continuer sinon, il finira par s'ouvrir les veines pour de bon.
Cette crainte était partagée par ses amis. Toshiya, qui ne quittait pas des yeux le visage pâle de Kyo qu'il avait démaquillé, baissa la tête pour cacher les larmes qui lui venaient. Il adorait le chanteur chez lequel il avait vécu lors de son arrivée dans le groupe.
Kyo s'était efforcé de ne jamais gêner le jeune bassiste avec son humeur sombre et avait tout fait pour qu'il se sente bien dans le groupe. Il n'en avait pas fallu davantage au bassiste pour se rendre compte que Kyo était quelqu'un d'incroyablement fort et généreux. Le fait qu'il se sous-estime autant l'avait toujours terriblement attristé.
Die, qui observait Toshiya quand il ne guettait pas le réveil de Kyo, remarqua tout de suite que le bassiste était au bord des larmes. Peu de choses concernant le brun échappaient à l'attention de Die car il était fou amoureux de lui et passait le plus clair de son temps à admirer le moindre changement sur son visage. Toshiya savait tout cela depuis peu mais…la situation était au point mort au grand regret de Die…
Il se leva, fit le tour du canapé, et s'assit au sol derrière Toshiya qu'il serra tendrement dans ses bras. Ce dernier commença par se raidir avant de se laisser aller contre lui en disant d'une voix tremblante :
- C'est tellement affreux Die…Nous faisons tous ce que nous pouvons pour lui mais ce n'est jamais assez.
- Oui je sais, répondit le guitariste en posant un baiser léger sur les cheveux noirs de son amour. Mais il faut continuer. Il n'a que nous et je suis sûr qu'il finira par aller mieux un jour.
Kaoru observait son groupe, le cœur lourd. En tant que leader et aîné, il se sentait responsable de ses amis comme un père ou un grand frère. Entre Kyo qui dépérissait, Die et Toshiya qui s'aimaient sans se laisser aller et Shinya qui semblait également perturbé par un amour pour un mystérieux inconnu, il avait de quoi se faire du souci. Aucun de ces problèmes n'était de son ressort et pourtant, Kaoru aurait ardemment souhaité de pouvoir tout régler par lui-même pour que ses amis soient heureux.
Il y en a au moins un que je peux aider.
A ce moment-là, Kyo remua faiblement et ouvrit les yeux sur Shinya qui lui mettait des bandages. Le batteur eut un sourire soulagé :
- Kyo ! Tu nous as fait tellement peur ! Comment tu te sens ?
Kyo se mordit les lèvres et détourna la tête sans répondre. Là-dessus, Kaoru se leva et dit d'un ton brusque :
- OK les gars, le prochain concert n'est que la semaine prochaine. Vous avez tous quartier libre pendant trois jours. Ensuite, on reprendra les répèts.
Quatre paires d'yeux se fixèrent sur lui avec incrédulité. En effet, Kaoru n'était pas du genre à accorder des congés comme ça en pleine tournée. Le leader comprit leur pensée et haussa les épaules :
- Nous sommes suffisamment rodés pour nous le permettre. Et c'est surtout pour toi que je fais ça Kyo.
- Non ! s'écria le chanteur. Kao, je vais bien !
Kaoru s'approcha du canapé et Shinya s'écarta pour le laisser s'asseoir à sa place. Kaoru regarda Kyo jusqu'au fond des yeux et dit d'un ton qui n'admettait pas de réplique :
- Non, tu ne vas pas bien et ça ne peut plus durer comme ça. Je vais m'installer chez toi pendant ces trois jours et je ferai tout ce que je pourrai pour te sortir de ta déprime. Je te préviens que plus jamais, je ne te laisserai te blesser comme tu l'as fait ce soir.
Kyo déglutit :
- Et Ayumi ?
C'était la petite amie de Kaoru. Mais ce dernier balaya le faux problème d'un geste de la main et sourit :
- On vit pas ensemble et elle peut bien se passer de moi pendant quelques jours ! Je serai tout à toi mon warumono !
La façon dont Kaoru avait dit cela fit penser à Kyo qu'il n'avait pas l'air très amoureux et cela lui réchauffa un peu le cœur. Shinya, Die et Toshiya paraissaient approuver complètement le projet de leur leader mais Kyo, lui, dut cacher sa peur : vivre avec Kaoru pendant trois jours allait être un véritable supplice de Tantale.
Le lendemain, Toshiya débarqua chez Shinya avec deux repas tout faits. Il trouva le batteur absorbé par le visionnage du Dahlia Tour Final de X-Japan, concert qu'il avait déjà regardé une bonne centaine de fois. Les benjamins du groupe, qui habitaient à deux pas l'un de l'autre, avaient l'habitude de se rendre visite sous n'importe quel prétexte. Shinya avait en plus la manie de ne jamais fermer sa porte à clef pendant la journée et maintenant qu'ils étaient devenus si intimes, Toshiya n'hésitait plus à venir n'importe quand en étant sûr d'être bien accueilli.
- Ohayo Shin-chan ! Un shop-suey ça te dit ?
Le batteur lui sourit :
- Tu tombes à pic, je mourais de faim !
Ils s'installèrent sans façon devant la télé. Yoshiki, les yeux bandés, se laissait voluptueusement malmener par deux superbes créatures sur White Poem.
- Ca fait bizarre de regarder ça maintenant qu'on le connaît, commenta Toshiya. T'en a pas marre de ce concert ?
- Jamais…lâcha Shinya qui ne quittait pas Yoshiki des yeux.
Toshiya le fixa avec insistance en souriant ce qui finit par attirer l'attention de Shinya. Ses joues rosirent légèrement :
- Totchi…ne me regarde pas comme ça ! J'aurais jamais dû t'en parler !
- Au contraire, tu as bien fait. Je comprends mieux ton attitude maintenant et ça doit te faire du bien d'avoir quelqu'un avec qui parler de lui.
Shinya tripota nerveusement ses mains. Deux jours plus tôt, il avait confié à Toshiya un très grand secret qui était devenu trop lourd à porter pour lui seul. Depuis son plus jeune âge, il avait toujours voué une admiration sans borne à Yoshiki mais la situation s'était compliquée lorsqu'il l'avait rencontré pour de vrai et que le leader de X-Japan était devenu leur producteur. La fan-attitude de Shinya s'était muée en un profond amour. Timide et discret, le jeune homme avait gardé ses sentiments entre cuir et chair, persuadé qu'il n'avait pas la moindre chance avec un homme plus âgé que lui et qu'il voyait comme un demi-dieu. Le problème était que ses sentiments sans retour empêchaient Shinya d'avancer et de vivre d'autres histoires. Ses amis ne l'avaient jamais vu sortir avec quelqu'un et se posaient beaucoup de questions. Enfin, un soir, Shinya s'était confié à Toshiya en lui faisant jurer de ne rien dire à personne. Les autres avaient plus ou moins deviné qu'il aimait quelqu'un mais sans savoir qui. Les deux amis n'avaient pas eu l'occasion d'en reparler depuis.
Toshiya n'avait pas beaucoup d'espoir. Il lui semblait peu probable que Yoshiki tombe amoureux de Shinya car il croyait que leur ancien producteur était un hétéro pur et dur. La tâche était d'autant plus ardue que Yoshiki devait déjà avoir assez à faire avec les milliers de filles qui étaient prêtes à se damner pour lui.
- Shinya, ça ne te fait pas du bien de t'enfermer dans ce genre de rêve. Je te le dis avec toute mon amitié, il faudrait vraiment que tu essaies de passer à autre chose et que tu trouves quelqu'un d'autre.
Le batteur ramena ses genoux contre sa poitrine, son profil dissimulé par un fin rideau de cheveux blonds. Sa voix était lasse et tendue :
- C'est ce que je me dis tous les jours. Mais j'y arrive pas. J'ai l'impression que si j'essayais avec quelqu'un d'autre, je ne pourrais pas m'empêcher de faire des comparaisons. Et là, tu penses bien que l'autre personne n'aurait aucune chance !
- Il y a d'autres gens bien en dehors de Yoshiki ! Heureusement d'ailleurs ! Je sais pas moi…au lieu de te focaliser sur ses qualités, regarde ses défauts !
Shinya lui jeta une œillade mi-défiante, mi-curieuse :
- Cite-m'en un !
Toshiya dut réfléchir mais comme il avait plus d'objectivité que son ami, il finit par trouver :
- Alors…il est lunatique, autoritaire, impatient, borné, il pique de grosses crises de colère- on en a bavé des fois !- il n'est jamais à l'heure et c'est un maniaque de la propreté !
Shinya se mit à rire :
- Tu ne m'apprends rien, ces défauts-là, je les ai toujours su et je les accepte. Je trouve que ce n'est pas grand-chose comparé à tout ce qu'il y a de bien chez lui.
Il cessa de rire et ajouta en rentrant la tête dans les genoux :
- Je suis un cas désespéré Totchi. Je ne veux que lui.
Son voisin soupira :
- Ouais…on n'est pas dans la merde…
Shinya préféra changer de sujet :
- Et toi avec Die ?
Cette fois, ce fut au tour du bassiste de sentir mal à l'aise :
- Pas de changements depuis qu'il m'a embrassé. Mais c'est à cause de moi. J'ai si peur qu'une relation entre nous soit néfaste au groupe que je ne suis pas sûr de vouloir tenter le coup.
- Mais tu l'aimes ?
- Bien sûr.
- Et lui aussi. Tu te rends compte du gâchis que t'es en train de faire ? En plus, tu rends Die malheureux ! Qui te dit que votre relation causera des problèmes au groupe ? Je n'hésiterais pas à ta place.
- Mais et si on se dispute et que ça met une mauvaise ambiance ? objecta Totchi.
Shinya ouvrit de grands yeux :
- On peut dire que t'es confiant toi ! Pourquoi envisager tout de suite les mauvaises choses ? Depuis le temps que vous vous tournez autour, moi je peux te dire que vous êtes faits l'un pour l'autre. Arrête de réfléchir et fonce ! Si près du bonheur, ne fiche pas tout par terre !
- Tu m'as presque convaincu tu sais ? dit Totchi en souriant. C'est vrai que je l'aime et que je ne veux pas laisser passer cette occasion. Mais j'ai besoin de temps, je suis comme ça.
- Oui ben méfie-toi parce que Die n'est pas du genre à réfléchir lui. Si tu tardes trop, il va finir par croire que tu ne veux pas de lui et tu vas le perdre.
- T'inquiète, je ne le laisserai pas filer.
Un moment de silence passa mais le concert en lui-même avait perdu de son intérêt tellement ils furent absorbés dans leurs pensées respectives. Quand ce fut fini, ils jetèrent les résidus de leur repas et Toshiya demanda tout d'un coup :
- Au fait Shin, comment va Yoshiki ?
Ce dernier le regarda sans comprendre :
- Comment veux-tu que je le sache ?
- Ben tu as son email perso non ? Amoureux comme tu l'es, je pensais que tu lui écrivais !
Shinya rougit et répondit avec embarras :
- Je n'ai jamais osé lui écrire.
Toshiya en resta coi pendant deux secondes puis laissa échapper un léger rire :
- Mon Shin-chan, t'es désespérant !
Le jeune homme faillit se vexer :
- Si tu crois que c'est facile Totchi ! C'est à peine si j'ose lui parler quand je suis devant lui alors comment est-ce que j'aurais pu entretenir une correspondance ? Pour lui raconter quoi ? Il n'en a rien à foutre de mes histoires !
- Dis-moi, si tu étais lui, tu trouverais ça bizarre si Shinya t'écrivait ?
Le batteur hésita puis répondit de mauvaise grâce :
- Non, pas spécialement. Je suppose que ça me ferait plaisir d'avoir des nouvelles.
- Eh ben voilà ! Alors viens !
Totchi entraîna Shinya dans sa chambre et pointa du doigt le bureau et l'ordinateur de son ami :
- Tu poses tes fesses ici et tu lui écris un mot ! Sinon, je me charge de lui envoyer de ta part un message tel que ses draps vont le brûler cette nuit !
Shinya piqua un fard monstrueux et bredouilla :
- Tu n'oserais pas ?!
Toshiya mit les mains sur les hanches :
- Tu veux parier ?
Shinya poussa un soupir et se laissa tomber sur la chaise de son bureau. Mais devant la page blanche de son mail, le découragement l'envahit :
- Je ne sais pas quoi lui dire…
- Raconte-lui la tournée, des trucs comme ça !
- Et pour Kyo ?
Yoshiki était l'un des rares à savoir que Kyo était en proie à un profond mal-être. S'il lui arrivait de se tenir au courant de l'actualité de ses anciens protégés, il saurait bientôt ce qui s'était passé lors du dernier concert. Toshiya déclara :
- Pas la peine de l'inquiéter. Dis-lui, juste que Kyo a fait un malaise dû à la fatigue et que nous faisons un break de trois jours pour qu'il se repose.
Il leur fallut trois quarts d'heure pour écrire le mail. Shinya hésitait sur chaque phrase : « C'est pas trop familier ça ? », « Mais il s'en fout ! », « Il va se demander pourquoi je donne autant de détails ! » et Totchi lui compliquait la tâche en se moquant de lui. Au bout du compte, le bassiste qui avait la plume facile se mit au clavier et écrivit lui-même un message que Shinya surveilla de près.
- Bon ça te va ça ?
- Ouais, marmonna le batteur.
- Fais la conclusion toi-même…
Shinya se pencha et écrivit :
J'espère que tout va bien pour vous et je serai heureux d'avoir de vos nouvelles.
- T'as pas plus formel ? bouda Totchi.
- Tu préfèrerais « Vous me manquez, je rêve de vous toutes les nuits, dépêchez-vous de venir au Japon sinon c'est moi qui viens ?! »s'écria Shinya.
Toshiya se retourna avec un sourire jusqu'aux oreilles.
- C'est mieux ça ! En plus, je suis sûr que c'est ce que tu penses !
Shinya rougit et bougonna :
- Arrête avec ce sourire, t'as l'air d'un abruti…
Il expédia son ami hilare hors de sa chaise pour s'asseoir à nouveau et envoyer le mail. Son cœur battait fortement. En dépit du bon sens, il imaginait que Yoshiki trouverait sa démarche importune.
T'es ridicule mon pauvre…
C'était si dur d'être timide et de n'avoir aucune confiance en soi…
