Disclaimer : Seule la présente histoire m'appartient. Les personnages servant à sa construction sont quant à eux la propriété de madame Rowling.
Note absolument inutile de l'auteur : Cette fic m'a été inspiré d'une phrase de JKR stipulant que la tragédie de Dumbledore était d'avoir aimé. J'ai trouvé cette phrase tellement juste que j'ai eu envie d'écrire quelque chose sur les tourments de l'amour, et le personnage de Percy m'est apparu automatiquement. Parce qu'à mon sens, la tragédie de sa vie lui est venue de l'amour qu'il portait à sa famille.
WARNING ! : Le style de cette fic est particulier dans la mesure où la présence des sujets devant les verbes ne se compte qu'en cas d'extrême nécessité. C'est une forme que j'ai découvert dans La Consolante de Gavalda, et que j'ai déjà repris dans une autre fic. Et c'est justement les critiques qu'on m'a fait dans celle-ci qui me poussent à vous prévenir ainsi qu'à vous demander d'éviter toutes reviews ne concernant que le style et la lourdeur de ce dernier (si jamais vous la ressentez, bien sûr). J'ai conscience qu'il ne plait pas à tout le monde. Toute autre critique est la bienvenue.
Comme d'hab', un grand merci à la charmante Jésus pour sa correction.
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HARMONIUM
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Première partie : De L'harmonium...
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Appartenait à une famille. Plus sa réflexion s'était arrêtée sur ce fait et plus ses conclusions avaient adopté les formes de chacun de ses membres. Son sang, ses cheveux, ses tâches de rousseur, sa légère myopie qui s'agrandissait avec l'âge, sa couleur d'yeux, sa manie du rangement et de l'ordre, sa soif de réussite… S'était aperçu que tout ce qui le caractérisait ne lui avait jamais véritablement appartenu, n'avait jamais été la conséquence directe d'un acte qu'il avait imaginé et accompli de son propre chef, ni de ce fait propre à ce qu'il en éprouve de la fierté.
Etait un Weasley. Percy Weasley, troisième frère d'une fratrie qui n'avait jamais semblé cesser la multiplication de ses membres, à une époque, et n'avait pu se détacher de cet image durant toute son enfance. N'avait pu éviter les préjugés des autres sur sa pauvresse, n'avait pu éviter leurs moqueries quant à sa couleur de cheveux, n'avait pu aller dans une autre maison, n'avait pu s'empêcher de se sentir responsable de ses petits frères et de sa petite sœur et d'ainsi passer pour le méchant grand frère alors qu'il n'avait jamais rien souhaité d'autre que leur protection..
N'en avait cependant guère éprouvé d'aversion vis-à-vis de ses parents. N'étaient pas responsable de la stupidité des gens et n'était pas assez stupide pour leur reprocher de lui avoir permis de vivre. N'était pas de ceux qui abandonnaient la possibilité de respirer devant l'absurdité de l'existence. N'était pas lâche à ce point.
N'avait été lâche qu'au moment d'affronter son devoir : l'amour aveugle qu'il devait à sa famille. Parce qu'il avait fui, parce qu'il avait occulté cet amour plutôt que d'en comprendre les fondements, plutôt que de chercher à en tirer avantage et à en estimer le prix en cas de trahison. Mais d'un autre côté, n'avait réussi à se séparer de cette idée. N'avait pas réussi à laisser un rêve, à laisser ce qu'il considérait être le pilier de son avenir lui échapper sous le prétexte qu'il le devait. Nul ne devrait devoir quoique ce soit dès lors qu'il s'agit de combler ses espoirs.
Vivre parmi cinq frères et une sœur, leur partager tous ses biens et se contenter de peu n'avaient aucunement autorisé son puissant désir d'indépendance. Rien de ce qui appartient dans le passé n'offre ce droit, il en facilite simplement l'illusion. Engouffré dans cette dernière, n'avait fait que travailler sans relâche pour s'échapper de la misère dans laquelle il avait vécu. Avait offert l'ambition à ce désir et avait de la sorte laissé celui-ci commanditer la plupart de ses actions ainsi que la plupart des autres désirs qui naquirent à sa suite. S'était pétri de volonté, s'était armé de sagesse et débarrassé de tout ce qui lui en ôter l'usage objectif : amusements, amours, amis…
Alors, forcément, fut empli d'une joie inégalée lorsqu'il obtint le statut d'assistant du ministre de la magie, et ne put contenir sa rage quand sa famille lui en retira le plein mérite (1) Une fois encore, n'appartenait qu'à sa famille, et ses efforts se voyaient réduits à néant, son rêve détruit et son avenir incertain. Avait crié, avait maudit et avait finalement fui, montrant ainsi toute sa lâcheté.
Pas parce qu'il était parti physiquement, loin de là. Simplement parce qu'il aurait dû leur faire comprendre que c'était à eux de partir, à eux de comprendre, à eux de savoir que son ambition n'était que la résultante directe de la condition à laquelle ils l'avaient contraint, et non d'un quelconque orgueil mal placé. Aurait dû leur rappeler que l'amour n'est pas aveugle, que son appartenance à la famille n'était pas un argument valable, ni un motif de devoir pour quiconque. Aurait dû leur rappeler que Weasley était un nom qui le caractérisait, et pas qui le définissait dans son ensemble, mais n'avait pas eu le courage de leur faire comprendre. C'aurait été leur faire croire involontairement qu'il ne les avait jamais aimé.
Etait donc parti et avait accepté le job. L'avait exercé avec la justesse et la minutie qui le caractérisaient, y avait ressenti difficultés et joie à la fois. N'avait pas une fois écris à ses parents ni ne leur avait donné un signe de vie quoique son père avait lancé ses espions pour l'épier au ministère. S'était trouvé un appartement où il avait refusé l'entrée à sa mère. Avait accepté les critiques de ses frères, avait enduré leurs reproches. Le tout pendant deux ans.
Puis Voldemort revint. Le monde avait basculé dans la terreur mais il n'avait pas eu la force de revenir chez ses parents. N'avait pas eu la force d'entendre leurs hypothèses quant à son retour en sachant pertinemment qu'ils n'avaient jamais réellement compris les raisons de son départ. N'avait en revanche pu contenir ses pas en direction de Poudlard alors qu'il avait entendu parler de l'arrivée imminente du mage noir, comme il n'avait pu s'empêcher de présenter des excuses aux membres de sa famille, car quoiqu'un certain nombre de celles-ci n'étaient pas complètement sincères, c'était mieux que de ne rien faire à son sens, et c'était sans doute rendre la bataille plus facile pour tout le monde.
Fred mort, était rentré. A défaut de pouvoir le ramener à la vie, s'était dit que sa présence rassurerait sa mère du fait que plus aucun de ses enfants ne manqueraient, tout en se disant que cela lui ferait du bien.
S'était trompé.
La tragédie de sa mère était d'avoir permis à sa vulnérabilité d'atteindre un niveau de fragilité proportionnel au nombre d'enfant qu'elle avait mis au monde, et d'avoir par là eu l'impression de tous les perdre en n'en perdant qu'un seul. La tragédie de son frère George était d'avoir avec ce même mort établi et entretenu un lien inégalable, allant au-delà de l'amour si c'était possible, et d'avoir en conséquence éprouvé sa disparition avec plus de peine encore que sa mère.
Sa tragédie était d'avoir assisté à cette déchéance et d'en avoir été tenu pour fautif, du moins par George. Bien sûr, la responsabilité de cette perte n'incombait qu'aux sadiques ayant suivi un être maléfique, et son frère l'avait toujours su. Seulement, il est généralement plus soutenable d'endurer la peine quand on peut déverser la colère qu'elle nous inspire sur un tiers, et les mangemorts n'étant pas à portée de main, s'était vu attribué ce rôle, et n'avait pas une fois protesté contre. Non pas parce qu'il avait partagé cette culpabilité, mais parce qu'il aimait son frère.
Leur tragédie était d'être Weasley, car la famille étant ce qu'il y a de plus fantastique dans certains cas, sa destruction est par transitivité ce qu'il y a de plus douloureux.
N'était néanmoins pas resté inerte face aux accusations silencieuses. Tentant de prendre une place nouvelle dans le cœur de son frère, avait tenté en quelque sorte d'apporter le soutient dont ce dernier manquait et dont le reste des Weasley avaient jouis. Car Ginny avait eu Harry, Ron avait eu Hermione, Molly avait eu Arthur, Bill avait eu Fleur et Charlie ses dragons. Eux n'avaient eu personne, et pendant plus d'une année, s'était cru capable de l'être pour George.
Mais quand, au bout de cette même année, Charlie revint, avait su qu'il tiendrait ce rôle d'une meilleure manière que lui. S'était admirablement débrouillé pour atténuer à certains moments la douleur de son frère, mais n'avait apporté son aide qu'au travers de discours longs et rationnels, quand seul le rire pouvait décemment lui redonner le moral, puisqu'il s'agissait d'une part importante de son indenté. N'y était pas parvenu, et comprit que si Charlie prétendait à ce rôle, sa présence devait s'effacer pour un temps variable.
De nouveau, était donc parti.
Partait.
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Ne respirait plus. Là, caché derrière l'énorme poutre d'un café dans lequel il avait déjeuné, sentait les mouvements de sa poitrine se stopper, sentait son cœur se mettre néanmoins à battre, à battre si fort qu'il eut peur un instant que cela puisse s'entendre partout dans le monde et de ce fait plus particulièrement dans les oreilles de la personne qui le poussait à se cacher. Etait foutu, maintenant, dans la merde jusqu'au cou et incapable de s'en extirper car incapable de sortir de ce lieux sans qu'elle ne le remarque, sans qu'elle ne vienne ajouter une couche supplémentaire de merde en lui parlant.
Oliver Wood, son ancien camarade de classe et probablement le seul ami qu'il n'ait jamais eu, s'était assis derrière une table située au fond de la pièce, recherchant inévitablement un semblant de discrétion. Cela faisait une éternité que leur chemin ne s'étaient pas croisés, et pourtant, eut l'impression qu'ils ne s'étaient jamais séparés. Non pas que ses pensées s'étaient vus hantées par la figure du gardien durant toutes ces années, mais parce que ledit gardien n'avait pas changé d'un pouce… Les mêmes cheveux châtains, la même carrure imposante utile à sa profession, le même aspect lunaire qui laissait sous-entendre que le monde du Quidditch l'attirait hors du présent. Le même.
Ne s'était pas caché de lui, s'était caché d'un visage familier qui risquait de le reconnaitre malgré les années. Voilà deux mois qu'il fuyait, qu'il voyageait et qu'il découvrait de nouveaux paysage sans que rien ne le ramène vers son point de départ, sans que rien ne vienne enrayer les rouages de sa nouvelle aventure forcée. N'était pas préparé à rentrer, tout comme il supposait son frère encore inapte à lui accorder cette chance, et Oliver demeurait un risque, premièrement de par son amitié avec Charlie, et deuxièmement de par la leur, quoique peu actuelle.
N'imaginait certes pas le gardien transmettre la moindre information le concernant s'il en faisait l'expresse demande, néanmoins, n'était pas aveugle au point de ne pas remarquer comment ce dernier fixait la porte des toilettes et pour comprendre qu'il était l'objet d'une recherche. Oliver l'avait sans doute aperçu entrer, et, ne le voyant pas assis à une table, l'avait cru parti soulager sa vessie. Le voyait attendre tranquillement que son visage apparaisse à travers une ouverture lente de porte et distinguait sur son visage un espoir, puis de l'impatience tandis que les minutes défilaient et qu'il devait surement penser que ce n'était pas sa vessie qu'il soulageait.
Parmi un grand nombre de choses, détestait par-dessus tout attendre autrui et plonger celui-ci dans l'attente. Toutefois, n'était à cet instant précis ni préparé à exhausser la demande de son ami, ni capable de le faire. Etait parti pour le bien de son frère et avait de ce fait tiré un trait sur le reste de sa famille alors ne se sentait pas le cœur d'entendre que cette dernière le réclamait. Ne se sentait pas le cœur de devenir fragile, vulnérable et d'amorcer un retour qu'il ignorait propice ou non vu qu'il n'avait obtenu aucune nouvelle sur l'état de George. Et bien qu'il présumait Oliver apte à lui en fournir, supposait aussi qu'il était trop tôt pour qu'une nette amélioration n'ait vu le jour.
Aussi n'attendit-il pas. Prenant soin de cacher ses cheveux, maudits attributs génétiques qui le rendait repérables à des kilomètres, sauta sur l'occasion de voir une personne assez large pour le cacher passer à côté de lui et sortit, capuche sur la tête et col remonté au maximum. Sortis, accéléra le pas vers une rue qu'il trouva suffisamment large et suffisamment bondé pour qu'Oliver ne puisse le suivre s'il venait à sortir du café, impatient. Puis marcha, marcha pendant plus d'une demi-heure en ne s'accordant aucune pause pour reprendre son souffle malgré les plaintes hurlantes que vociféraient ses poumons, fuir étant devenu l'objectif unique auquel son esprit pouvait songer.
Les jambes subitement bien lourdes, finit par s'asseoir sur un banc public qui eut connu de meilleurs jours mais qui n'était heureusement pas recouvert de fientes. Vérifia ensuite l'absence de volatile risquant de lui accorder ce sort au dessus de sa tête, et s'autorisa à engager une réflexion qu'il devinait déjà longue dès lors que l'absence fut confirmée. Ne supportait déjà pas qu'on vienne interrompre ses pensées, alors quand cette interruption s'effectuait par des déjections contrastant fort mal avec sa couleur de cheveux, n'espérait plus pouvoir y retourner.
Commença de ce fait à réfléchir sur le premier point : pourquoi Oliver le cherchait-il ? Doutait que son absence ait rendu heureux qui que ce soit hormis son frère cadet, mais avait avec son précédent départ et la guerre perdu quasiment tout contact avec le gardien. Et voyait bien que l'attitude de ce dernier n'était pas celle d'une rencontre hasardeuse, ce qui expliquait le doute dans lequel il se trouvait. N'imaginait pas le gardien soudainement hanté par la nostalgie de leurs jeunes années au point d'engager une poursuite à l'autre bout du monde, tout comme il n'imaginait guère cette poursuite se rendre effrénée.
Oui, avait possédé avec Oliver un lien particulier, une amitié peu conventionnelle. Quand la plupart des liens amicaux s'établissent entre des personnes vis-à-vis de leurs ressemblances, des leurs conversations communes et de leurs activités, la leur n'avait jamais possédé pareilles convenances. Abhorrait le Quidditch, le simple fait de voler et la jalousie qui l'étreignait dès qu'il voyait d'autres personnes s'y exercer alors que lui n'y arrivait pas. Son ami vomissait la lecture, les études et tout sujet se rapprochant de la politique. Plus d'un n'aurait jamais pu croire qu'une amitié ait pu naitre de ces différences, et plus d'un se serait trompé.
C'était en effet dans le silence qu'ils avaient trouvé leur complicité, dans cet amour commun du calme et de l'harmonie, dans son exécution la plus strict. Se rappelait encore des heures passées ensembles, devant la cheminée de la salle commune rouge et or, lui dans un livre et l'autre dans un magazine, ou bien de celles vécues devant une partie d'échec. Chacun d'eux avait également su apporter à l'autre son savoir dans sa discipline, et ainsi, avait usé de sa logique pour parfaire les tactiques de Quidditch quand Oliver l'avait détendu par ses pitreries et plans machiavéliques à l'encontre de Flint lorsque le travail l'accablait trop.
Mais là, de par sa presque situation de fugitif, doutait que le silence viennent s'installer de nouveau dans l'atmosphère, ce qui l'amenait automatiquement à la deuxième question : comment le gardien l'avait-il retrouvé ? Ne pouvait prétendre au titre de maitre du camouflage, mais n'avait pas non plus négligé sur la prudence et la discrétion lors de son départ, si bien qu'il n'avait laissé d'indices à personne, ni même la possibilité d'en découvrir. S'était saisi de sa valise et avait transplané à un point, puis à un autre, et ensuite vers un dernier dont il avait lui-même découvert l'existence, ce qui incluait qu'il n'avait précédemment pu en parler au cours d'une conversation.
Soupira. Devinait déjà que son esprit se trouverait trop dérangé à l'idée de rester dans cette ville, car même si son ami ne l'avait pas vu, savait qu'il ne lui faudrait pas longtemps avant de trouver l'endroit où il créchait. Cependant, avant qu'il n'ait pu se lever afin de rejoindre ce même lieu et y prendre toutes ses affaires avant de déguerpir, sentit plus qu'il ne remarqua une silhouette large prendre place à ses côtés, sur le banc.
Esquissa un sourire.
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« C'est Charlie qui m'envoie. »
S'étaient installés autour d'une table appartenant au café qu'ils avaient précédemment quittés, ce qui avait pour le moins perturbé le serveur, persuadé que la fatigue lui faisait confondre les visages passant.
« Il pense que je peux te convaincre de rentrer au Terrier. »
Charlie. Avait premièrement pensé que sa mère était à l'origine de l'investigation menée par le gardien, mais maintenant que le nom de son frère apparaissait, réalisa qu'il aurait dû s'en douter. Parce que des quinze mille personnes qui composaient sa famille, son grand frère était celui qui lui ressemblait le plus. Parce que son frère était lui aussi parti pour réaliser son rêve, quitte à causer aux autres Weasley des inquiétudes et d'autres sentiments moins nobles.
« Tu en penses quoi, toi ? » avait-il rétorqué.
Après tout, accomplir un service n'inclut pas forcément qu'on s'accorde à la pensée de celui qui le formule. Il n'était pas impossible que la présence d'Oliver s'explique par la volonté de celui-ci à ne pas décevoir les intentions de son capitaine. Il n'était pas impossible que celui-ci oublie sa mission première face aux arguments qu'il lui présenterait en cas d'insistance. Il n'était pas impossible qu'obéissant premièrement à son devoir, le gardien réalise ensuite que ce dont il avait besoin, ce n'était pas de lui prouver que son choix manquait de justesse, mais au contraire de le pousser à le réaliser lui-même.
Imaginait de toute manière plus son ami lui agripper le bras et transplaner sans lui demander son avis si son esprit s'accorder vraiment à celui de son frère, ce qui lui fut confirmé quelques secondes après.
« Moi, je pense que pour convaincre une personne de rentrer, il faut d'abord comprendre pourquoi il est parti, et aviser ensuite. »
Sourit. Reconnaissait là comme une pointe de logique sportive, comme une sorte de « pour réussir à attraper le souaffle avec un pivot, il faut toujours prendre compte de la vitesse de ce dernier et du vent qui influe sur elle. »
Reprit toutefois son air le plus sérieux avec célérité, car ce que demandait là son invité, c'était une confession sincère qu'on ne peut offrir qu'à un ami, et qu'il n'était pas encore prêt à fournir. Ne craignait pas qu'Oliver puisse y trouver des éléments qu'il pourrait démonter facilement, ni qu'il ne partage des informations sur George rendant son départ obsolète – avait de toute façon préparé un discours bien rationnel sur le chemin silencieux qu'ils avaient parcouru pour revenir au café, dans cette éventualité.
Ne trouvait simplement pas les mots. Et quand bien même ces derniers lui étaient parvenues, doutait d'avoir la moindre envie de les partager, principalement parce qu'il s'interrogeait toujours un peu lui-même sur cette raison. Sur le papier, elle se présentait comme le devoir de permettre à son frère cadet de retrouver un semblant de joie invisible en sa présence. Mais officieusement, depuis son départ, ne pouvait s'empêcher de croire que son cœur n'avait enduré le poids de ces accusassions silencieuses, et qu'il avait préféré la fuite une fois de plus.
Détestait parler de choses dont il ne possédait pas une certitude absolue, alors il se tut.
Oliver s'occupa en conséquence de combler les trous, comprenant en partie le mutisme de son ami, en parlant de la reprise lente du Quidditch après la guerre, de la remise en place des différents tournois autour de ce sport, de sa difficulté à pouvoir maintenir son statut de titulaire vu l'énergie que possédaient les nouveaux arrivant, des préparatifs monstrueux organisés par chaque joueurs en vue de la prochaine coupe du monde, de son espoir d'appartenir à la sélection nationale pour cette année… Le tout jusqu'à ce que la nuit tombe, jusqu'à ce que la fatigue ait raison d'eux, et quoique cela ne l'enchanta pas de n'entendre que du Quidditch, fut forcé de reconnaitre que cela lui avait manqué.
« Je ne te laisserai pas filer, Percy, » ajouta ensuite le gardien alors qu'il se dirigeait vers la foule arpentant le trottoir d'en face, après avoir déposé un billet sur la table.
Sentit alors son cœur manquer un battement.
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Grogna. Ouvrit lentement les yeux, tourna sa tête à la même vitesse en direction de la table de nuit, observa le réveil et grogna avec plus de souffle. Se mit sur ses coudes, s'essuya le visage, se frotta les yeux, tendit la main pour saisir les lunettes disposées à quelques centimètres du réveil, les plaça sur son nez, alluma la lumière, ferma les yeux suite à cette action, enfila un caleçon, soupira, enfila un t-shirt, soupira, retînt le juron légitime suivant la rencontre entre son pied et celui du lit, marcha vers la porte d'entrée qui souffrait des coups d'une personne désormais morte à son esprit, s'éleva sur la pointe des pieds, regarda à travers le judas et soupira de nouveau.
« Oliver, est-ce qu'il t'arrive de regarder l'heure avant de frapper chez des gens ! » hurla-t-il presque en ouvrant la porte.
Ne reçut pour réponse qu'un vague geste de main traduisant de maladroites excuses et l'entrée un peu brusque du gardien chez lui.
« Je t'en prie, fais comme chez toi ! »
Ne comprit pas trop ce qu'il se passa ensuite, l'esprit encore trop embrumé par la proximité de son réveil. Vit juste son ami sortir sa baguette, l'agiter en prononçant une formule qu'il n'entendit qu'à moitié et ses affaires s'animer, se plier d'elles-mêmes et se ranger au millimètre près dans l'unique valise qu'il possédait. Vit juste le balais, la pelle, la serpillère et autres outils utiles au nettoyage sortir du placard où ils étaient rangés et s'activer à chasser tout ce que son habitat contenait de tâches, poussières et saletés. Vit juste que sa baguette était désormais rangée dans sa valise et qu'il ne pouvait en conséquence plus stopper l'inexplicable manœuvre qui s'effectuait sous son nez.
« Putain, mais qu'est-ce que tu fous ? »
N'avait pas prévu que sa voix atteindrait pareilles tonalités, ni qu'il tenterait dans un bond d'arracher sa baguette à Oliver. Mais ce qu'il avait encore moins prévu, ce à quoi il aurait jamais laissé son imagination s'accorder, c'était à voir le gardien se retourner brusquement vers lui, se dégageant ainsi de sa poigne, et à lui placer ladite baguette sous la gorge, en exerçant contre cette dernière une pression suffisante pour le faire reculer de plusieurs pas vers le mur.
« Tu te tais et tu attends, compris ? »
Et le ton ne laissait pas de place à la moindre réponse.
Ainsi, resta, yeux écarquillés sous ses lunettes, à contempler ses armoires se vider – non sans une certaine rougeur aux joues lorsque ses sous vêtements passèrent bien en face de son ami – et son logement se ranger. Et quand, enfin, le tout s'acheva par le bruit, d'ordinaire si discret mais dans ce cas si libérateur et donc si fort, de sa valise se fermant, accompagné par celui de la porte du placard ou se rangeait ce qui en avait été sorti, fut persuadé que le gardien l'avait dupé pour qu'il ne précipite pas son départ, et que les sentiers menant au Terrier ne tarderait pas à lui apparaître.
« On y va, maintenant. »
Découvrit combien son ami pouvait être terrifiant quand il le voulait.
Transplanèrent.
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« C'est une idée stupide… »
« Perce… »
« C'est une idée complètement stupide !»
N'ignorait pas que la persévérance appartenait aux nombreuses qualités de son ami, et qu'en conséquence, le nombre de répétition auxquelles il pourrait se livrer n'aurait pas d'utilité particulière. Le savait, mais n'arrivait néanmoins pas à restreindre les mouvements effectués par ses lèvres. Sa colère n'étant pas encore redescendu, et n'aimant guère l'éprouver, supposait que son esprit n'avait trouvé d'autres alternatives que de l'extérioriser.
« Percy, on est à Hawaï par Merlin ! Tu ne pourrais pas te taire trois secondes et apprécier le soleil ? »
Oui, Hawaï. Au moment de transplaner, s'était tellement attendu à retrouver le Terrier qu'il avait fermé ses yeux avec pour intention de ne plus jamais les rouvrir. Mais quand la sensation d'un sol sous ses pieds était réapparue et qu'une soudaine chaleur lui avait parcouru le corps, n'avait pu restreindre sa curiosité et avait ainsi découvert, devant lui, un cliché parfait de carte postale contenant une plage s'étendant à perte de vue, divers végétaux typiques des tropiques et une eau claire, presque translucide.
S'interrogeant légitimement sur le pourquoi de leur présence devant un tel panorama, avait ensuite appris que son ami, de par sa notoriété certaine et les revenus financiers que cela apportait, avait sans peine réussi à réserver deux chambres dans un hôtel quatre étoiles moldus afin de leur offrir des vacances dont ils avaient tous deux besoin. Le gardien parce que sa carrière n'était pas de tout repos, et lui parce que sa fuite détenait les mêmes propriétés. Loin d'une civilisation trop abondante puisque la date ne correspondait à aucune période de vacances, et loin d'un rythme de vie stressant.
Se retrouvait donc là, en maillot de bain et immonde chemise hawaïenne ouverte, avachis sur un transat, lunette de soleil sur le nez, à se demander pour quelle raison il n'avait pas encore transplané alors que son ami, dans une position plus suggestive du confort que la sienne, avait enfin endormis sa constante vigilance.
« Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, Oliver, la couleur de mes cheveux inclut que le soleil n'est pas un de mes plus fidèles alliés. »
Reçut pour sa remarque un tube de crème solaire indice cinquante en pleine tête.
Soupira. Oh, ne doutait pas qu'un peu de confort et de repos pouvaient lui faire le plus grand bien – n'avait il fallait dire pas pris un temps où ne se consacrer qu'à lui depuis deux ans -, mais n'arrivait pas à s'ôter de l'esprit qu'en laissant ces derniers survenir, laisserait à Oliver l'occasion de pénétrer son cocon, d'en extirper les informations nécessaires pour finalement les retourner contre lui et en tirer un retour immédiat au Terrier. Hawaï n'était-elle pas après tout une île paradisiaque où, comme bien des pays et villes possédant le même statut, tout était possible ?
N'imaginait certes pas son ancien camarade faire preuve d'une telle sournoiserie, ou encore préméditer avec une étonnante clairvoyance chaque instant du voyage pour qu'il réagisse selon son bon vouloir, mais ne pouvait à l'inverse se permettre de le sous-estimer. Avait après tout été le mieux placer, puisque partageant son dortoir pendant sept ans, afin de constater que le venue d'une idée dans la tête du châtain incluait forcément la mise en place par ce dernier de tous les moyens possibles et inimaginables pour l'accomplir, quitte à parfois s'entrainer vers de dangereux chemins…
Ignorait quoi penser, et le soleil n'aidant pas de par sa lourdeur, finit par lâcher l'affaire. Le gardien ne semblait de toute façon pas dans un état propice à l'extirpation d'aveu, et lui, préjugeait-il, ne devait probablement pas renvoyer une meilleure image non plus. Clamant une dernière fois la stupidité de leur présence sur cette plage, ouvrit toutefois le tube et étala la crème le long de son torse, de son visage, de ses bras et de ses jambes. Retourna ensuite le tube à son propriétaire et se cala plus confortablement sur le transat en fermant les yeux, soudain bien fatigué.
« Retourne-toi. »
« Hein ? » répondit-il, craignant d'avoir mal entendu.
Soulevant ses lunettes, s'aperçut en ouvrant les yeux qu'Oliver s'était levé et approché de lui.
« Retourne-toi, » répéta-t-il d'un ton calme. « Vu la tête que tu tires, tu ne vas pas tarder à t'endormir, alors retourne-toi que je te passe de la crème solaire sur le dos. On bouge quand on dort, et je pense que tu n'apprécierais pas d'avoir le dos aussi rouge qu'hypersensible pendant le reste du séjour. »
Déglutit. N'était déjà pas habitué à ce qu'on le voit avec si peu de vêtement sur le corps, alors que quelqu'un le touche avec des mains grasses et froides en traçant le contour de ses formes…
« Arrête de faire ta sainte, Weasley ! » s'exclama-t-il après un ricanement moqueur. « Je ne vais pas te tripoter ! »
L'idée le fit rougir, et il comprit vite qu'Oliver l'avait volontairement suggérée afin de le pousser à cacher ces mêmes rougeurs en se retournant – non sans oublier d'affubler son ami d'un geste peu amical incluant un majeur qui s'élève et les autres doigts qui s'abaissent.
Entendit ensuite le son caractérisant l'ouverture du tube, et tressaillit lorsque les grandes mains enduites de sa substance de son ami atteignirent ses omoplates, en épousant les formes, puis s'étalant sur toute la surface de son dos avec une douceur qui décupla l'intensité de ses rougeurs.
Et, contre toute attente, sans que cela ne soit causé par la gêne ou la fraicheur du contact, sentit son cœur rater quelques battements, de nouveau.
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O(+PWOW+)O
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« J'ai peur. »
« N'ais pas peur. »
« Tu te rends bien compte que ton conseil n'affectera en rien cette peur ? »
« Oui, mais je le dis quand même. »
Epargna le gardien d'un « c'est une idée stupide » supplémentaire et se concentra plus à calmer l'affolement subi par son cœur.
N'avait pas le vertige d'ordinaire, cependant l'éventualité d'être suspendu à il ne savait trop combien de mètres du sol, sans magie, et seulement à l'aide d'un triangle en toile immense auquel se rattachait une barre ne le rassurait pas trop. Et cela ne s'appliquait pas qu'au deltaplane, mais à tous les objets moldus dont il ne comprenait pas l'utilité et le fonctionnement.
« On ne pourrait pas prendre nos baguettes, au moins ? Ca me rassurerait… »
Ignorait si la patience du gardien avait atteint sa limite, ou s'il avait de nouveau comprit quel était le fond de sa pensée - à savoir retourner en transplanant à l'hôtel et ne jamais revenir – mais, suite à ca remarque, se vit entrainé de force à courir en direction du vide. Son ami avait hélas plus de force dans les jambes, et étant accroché au deltaplane, n'osa pas stopper sa course de peur de ne pas donner à l'objet un élan suffisant et nécessaire pour décoller.
Décolla, donc. Sentit son cœur s'arracher de sa poitrine. Ferma les yeux, aussi bien par peur de ne plus pouvoir récupérer son cœur que par celle de ne plus être capable de les utiliser vu la force du vent. N'entendit rien des cris joviaux d'Oliver. Ressentit un étrange plaisir à voir son cœur aussi maltraité. Ouvrit finalement les yeux, supposant son plaisir décuplé par la beauté des paysages défilant plus bas. Eut raison. Observa avec fascination les volcans qui l'entouraient. Rigola devant la facilité avec laquelle ses craintes s'étaient envolées. Rigola encore plus, mais de manière nerveuse, quand il les revit à la suite d'un virage un peu brusque.
Et rougit. Encore. Et sentit son cœur s'apaiser, rater un battement, s'affoler. Encore.
Parce que le gardien avait posé sa main sur la sienne, afin de rétablir l'aéronef et de le rassurer, le tout accompagné d'un sourire magnifique.
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Passèrent une semaine entière ainsi.
Firent du ski nautique, s'essayèrent au surf, faillirent se briser quelque chose contre les vagues, goûtèrent les spécialités de l'île, eurent la diarrhée et autres maladies provoqués par la nourriture, sortirent en boite de nuit, détestèrent, prirent le bateau pour visiter les différentes îles de l'archipel, se fatiguèrent, découvrirent la beauté des paysages autrement que par voie aérienne, se firent des cloques et des crampes aux pieds, attrapèrent des coups de soleil, tentèrent d'accorder un ukulélé qu'ils avaient acheté sans grand succès, conclurent qu'ils n'avaient aucun talent pour la musique, et se reposèrent de nouveau.
Mais ne parlèrent pas de ce qui les avait amené ici, durant cette semaine. Ni l'un ni l'autre n'en avait pour l'instant le courage. Le premier parce qu'il le redoutait, le second parce qu'il redoutait que son camarade le redoute et ne se braque en conséquence.
Continuèrent donc à s'amuser, ou plutôt à le feindre puisque la confrontation seule hantait leurs pensées. Qu'importait les cuites qu'ils prenaient au bar et qu'importait la chaleur qui les détendait, n'arrivaient pas à échanger autre choses que des décisions vis-à-vis des activités auxquelles ils allaient se livrer une fois le déjeuner et la digestion l'accompagnant achevés. Rien d'autre que des discussions banales, des sourires à la fois hypocrites et sincères, des familiarités qui se voulaient amicales mais qui ne faisaient qu'accentuer ce statut et ramener la conversation inévitable au maintient de celui-ci.
Une autre semaine défila alors.
…
TBC
…
Je ne peux hélas pas vous donner de date précise quant à la parution de la deuxième et dernière partie, mais peux en revanche vous promettre de faire au plus vite. Merci beaucoup d'avoir pris le temps de lire !
(1) J'ai toujours possédé cette vision de Percy, et fut plus qu'heureux de constater que je n'étais pas le seul. Je vous conseille donc d'aller lire la fic Ou tout simplement d'y revenir d'Owlie Wood, dans le recueil Perfect, Perfect. Elle y décrit parfaitement la dispute à laquelle je fais référence et que j'ai toujours imaginé se dérouler ainsi.
