Alternative au chapitre trois de New Moon. Bella refuse de croire Edward lorsqu'il souhaite la quitter dans la forêt. Une Bella plus sûre de l'amour que lui porte son vampire. OS, découlant de ma frustration de ce chapitre.


Quand Bella est sûre des sentiments d'Edward

Les trois jours suivant mon anniversaire furent troublants. J'étais pétrie de culpabilité d'avoir encore semée la zizanie dans le clan Cullen. Ma maladresse avait tenté sept vampires et le pauvre Jasper n'avait pas su y résister. Evidemment, mon ange gardien avait bondi pour me protéger de son frère et je n'avais ainsi récolté qu'une vilaine blessure au bras. En somme, rien de pire que ce que ma malchance provoquait avant l'arrivée d'Edward dans ma vie. Cependant, mon vampire agissait bizarrement et plus les heures s'écoulaient, plus mon malaise se renforçait. Là où je m'étais attendu à une montagne d'excuses, de regrets, de malédictions sur sa "vile personne", il n'y avait rien eu. Edward s'éteignait d'heure en heure.

Lui si doux et attentif à ma personne était de plus en plus froid et lointain. La chaleur de ses prunelles topazes laissaient place à un regard qu'il ne m'avait plus attribuée depuis nos débuts. Son dernier baiser me rappelait des souvenirs désagréables et la distance physique et mentale qu'il maintenait entre nous, me rendait graduellement folle. Je ne comprenais pas ce masque qu'il s'imposait en ma compagnie. Depuis la traque de James, Edward et moi étions restés des heures, à nous parler et à consolider le lien qui nous unissait déjà. En quelques mois, je connaissais tous de mon vampire. Ses yeux rubis qui le hantait, son amour pour sa famille, sa passion pour la musique, son dégoût de lui même. Edward était l'élément le plus important de ma vie désormais.

Si j'avais été fasciné par sa prestance vampirique, j'étais tombée sous le charme du combat qu'il menait chaque jour pour renier ses instincts bestiaux. Six mois plus tard, Edward était une partie de mon âme, il était la pièce manquante à l'entité Bella Swan. Je ressentais une complétude totale quand je me perdais dans son regard, son odeur, ses étreintes. Toutes les barrières s'étaient abaissées et pas un jour ne passait, sans que son amour ne me réchauffe par son intensité.

J'étais aussi tombée amoureuse de la famille Cullen. Ces êtres surnaturels qui avait chacun une identité forte mais qui formait un tout. J'aimais voir le sourire heureux d'Edward, lorsqu'il s'amusait allègrement avec ses frères et sœurs. J'adorais par dessus tout les regarder et essayer de comprendre l'affection qui liait ces prédateurs, normalement solitaires. Des centaines d'images défilaient dans mon esprit, toutes reliées à mon vampire. Les frères Cullen chahutant et plaisantant dans la forêt qui bordait la villa. La connexion qu'il partageait avec Alice et la tendresse qu'il portait à Esmée. Le respect et l'admiration qu'il accordait à Carlisle. J'étais déterminée à un jour faire partit de cette famille. Pourtant, malgré l'amour d'Edward pour les siens, il était toujours sur le qui-vive avec eux. Écumant leurs esprits sans cesse, afin de déceler la moindre sensation de soif face à mon odeur. En dépit de son attachement à sa famille, il ne faisait confiance à personne pour ma sécurité. Même au lycée, il était en alerte, constamment à l'affût du moindre danger. Edward avait une peur viscéral de me perdre.

Néanmoins, mon vampire se métamorphosait en un homme doux, câlin et possessif lorsque nous étions dans l'intimité de ma chambre ou de notre clairière. Devant un public -qu'il soit humain ou non- Edward était pudique et me traitait la plupart du temps comme une lady. J'aimais l'héritage de son éducation du siècle dernier, même si parfois je souhaitais m'enrouler autour de lui devant toutes ses filles qui bavaient devant sa beauté. Quoiqu'il en soit, mon amoureux me traitait comme la chose la plus précieuse et la plus fragile du monde et avait toujours le mot pour me dérider et me faire rire. J'aimais ce vampire plus que tout et je souffrais de la brusque distance qu'il avait instauré depuis la nuit de mon anniversaire.

Ce n'était pas mon Edward, l'homme froid qui m'adressait difficilement cinq phrases complètes en une journée. L'homme qui évitait de me toucher et me fuyais la nuit. Les Cullen brillaient aussi par leurs absences. Je n'avais vu aucun d'eux, même pas Alice qui avait séché le lycée et j'étais malade d'inquiétude des conséquences de ma stupide maladresse. Edward s'était-il disputé avec Jasper ? Mon vampire était tellement intransigeant avec ma sécurité, qu'il aurait très bien pu brûler vif son frère, pour m'avoir bousculée. Alice s'était sûrement rangée aux côtés de sa moitié et elle m'en voulait peut être de la colère d'Edward. Seigneur, j'avais peut être perdue ma meilleure amie et Edward qui refusait de me parler...

J'étais si perdue et craintive de l'attitude des Cullen que j'acceptais avec soulagement la proposition d'Edward, de venir me promener avec lui. Il avait à peine noté ma présence au lycée et j'espérais bien mettre les choses à plat durant cette balade. J'allais tout faire pour détruire cette barrière qu'il avait instauré et retrouver le Edward aimant et chaleureux que j'avais côtoyé les six derniers mois. Il me prit la main pour me guider vers la partie du jardin sur laquelle empiétait la forêt. Mon affolement s'accrut, quand au lieu d'entrelacer nos doigts comme d'habitude, il détacha nos mains et marcha à deux mètres de moi. Qu'est-ce-qui se passait ? Qu'est-ce-que j'avais fait ? Nous n'avions parcouru que quelques pas sous le couvert des arbres quand il s'arrêta. Nous étions tout près du sentier, je distinguais encore la maison. Il s'adossa à un tronc et me dévisagea, impassible.

- Allons-y, discutons, décrétai-je, désireuse de faire disparaître ce masque.

Edward prit une longue inspiration, il évitait toujours mon regard.

- Nous partons, Bella.

J'inhalai moi aussi. C'était donc cela, ce qui le tracassait. Il s'était renfermé sur lui même car il avait peur de ma réaction devant cette nouvelle. J'étais rassurée, Charlie allait me manquer mais c'était une option plus qu'acceptable à laquelle je m'étais préparée. N'empêche, je devais négocier du temps pour rendre la transition facile à mon père.

- Pourquoi maintenant ? Encore un an, et...

- Il est grand temps, Bella. Nous ne nous sommes déjà que trop attardés à Forks. Carlisle a beau prétendre avoir trente-trois ans, il a l'air d'un gamin. C'était inéluctable, alors aujourd'hui ou demain...

Je perdis pied. Demain ? Je l'interrogeais du regard, le cerveau en ébullition. Comment pourrais-je organiser mon départ en un si court laps de temps ? Il me toisa froidement et un doute viscéral m'envahit. Soudain, je compris ma méprise, et la nausée me monta à la gorge.

- Quand tu dis nous..., chuchotai-je

- Il s'agit de moi et des miens.

Chacun des mots avait été martelé avec soin. J'agitais la tête de haut en bas, mécanique destinée à m'éclaircir les idées. Il attendit sereinement. Il me fallut quelques minutes pour retrouver la parole. Je devais le convaincre, le ramener à la raison et plus que tout, abattre le mur qu'il avait érigé entre nous.

- D'accord. Je viens aussi.

- Impossible, Bella. Notre destination... ce n'est pas un endroit pour toi.

- Quel que soit le lieu où tu es, j'y ai ma place.

- Je ne t'apporte rien de bon, Bella.

- Ne sois pas idiot.

Était-il fou de penser ça ? Je croyais entendre l'Edward torturé après la traque de James. Il avait le même air tourmenté que lors de mon séjour à l'hôpital. Qu'est-ce-qui lui prenait ? Où était passé l'Edward qui acceptait notre amour pour ce qu'il était ? Quelque chose de fort, puissant, unique, éternel.

- Tu es ce qu'il y a de mieux dans ma vie, ajoutai-je pour faire bonne mesure.

- Mon univers n'est pas fait pour toi.

Je levais les yeux au ciel. Vraiment Edward ? Encore cette conversation sur ma sécurité et les méfaits d'avoir pour amoureux un vampire ? Malgré mon exaspération, j'étais satisfaite qu'il exprime enfin sa rancœur par rapport à mon anniversaire. Même si étrangement, le ton était froid et pas fougueux et emplis de rage comme d'accoutumé. Je pris ma voix la plus apaisante pour répondre.

- Ce qui s'est passé avec Jasper, ce n'était rien, Edward, rien du tout.

- En effet. Il est juste arrivé ce qui devait tôt ou tard arriver.

Oh, mon doux vampire préoccupé par ma protection, songeai-je affectueusement. Je comprenais sincèrement son ressentiment et à vrai dire, j'étais d'accord avec lui. J'étais tellement empotée, que j'étais surprise que mon sang n'ait pas coulé avant. Cependant, j'avais une confiance absolue en Edward pour assurer ma protection auprès des vampires qui peuplaient ce monde. Je ne voyais pas où il voulait en venir avec cette déclaration. Oui, j'étais en danger, mais c'était le prix de notre amour et je l'acceptais sereinement. Après tout, ma vie appartenait à Edward, sans lui, quel était l'intérêt ? Pour moi cet événement ne changeait rien, je n'allais pas laisser mon vampire partir sans moi.

- Tu as juré. À Phoenix, tu as promis que tu resterais...

- Tant que c'était ce qu'il y avait de mieux pour toi, me rappela-t-il d'un ton brusque.

Hein ? Et toutes les autres promesses ? Celles murmurées dans le creux de mon oreille, couchés dans notre clairière. Tous ses mots doux et ses déclarations d'amour éternel, les oubliait-il ? Je toisais Edward, me demandant pour la énième fois quelle mouche l'avait piqué ? Une qui devait être radioactive si elle avait pu percer sa peau de marbre. Son impassibilité me laissait incrédule. Je cherchai une explication à son attitude et tentai la seule chose qui me vint à l'esprit.

- C'est à cause de mon âme, hein ? Carlisle m'en a parlé. Je m'en moque, Edward, si tu savais comme je m'en moque. Prends-moi mon âme. Je n'en veux pas, sans toi. Je te l'ai déjà donnée.

Il poussa un long soupir et resta quelques instants à regarder le sol sans le voir. Sa bouche frémit et j'eu l'espoir de voir l'un de ces sourires tordus. Lorsqu'il releva enfin la tête, ses yeux étaient différents, plus durs, comme si leur or liquide s'était figé.

- Je ne veux pas que tu viennes, Bella, m'assena-t-il lentement, distinctement.

Ses prunelles glaciales me scrutaient. Il attendait que je comprenne enfin ce qu'il m'annonçait. Je me répétai plusieurs fois la phrase, en isolant chaque composant pour tâcher d'en saisir le sens réel. Sauf que ça n'avait aucun sens ! Toutes cette conversation était si irréelle, à des kilomètres de ce que nous partagions lui et moi. Je continuais à le fixer, longtemps, assimilant ses paroles et une certitude m'envahit.

- Tu mens. Je ne te crois pas, affirmai-je.

L'expression d'Edward ne changea pas, il laissa même transparaître un sentiment de dégoût.

- Je ne veux plus de toi, Bella.

Menteur, s'insurgea ma conscience. Ses prunelles topazes étaient trop métalliques, trop calculatrices pour que je crois à son affirmation vindicative. Pourtant, ça n'empêcha pas un pique glacé de se loger dans ma poitrine. Je ne laissais rien paraître, adoptant une attitude nonchalante que je ne ressentais pas. La panique -qu'il s'enfuit loin de moi- rampait sournoisement de mon bas ventre à mon cœur.

- Pourquoi ? questionnai-je, voulant connaître les raisons qui le conduisait à cette décision absurde de me quitter.

- Je ne t'aime plus, claqua-t-il de son ténor sentencieux

Quoi ? Il aurait pu jouer sur sa famille, me dire qu'avoir une humaine parmi eux leurs pesaient. Il aurait pu me faire culpabiliser avec une dispute entre lui, Alice et Jasper. Il aurait pu me dire que c'était une décision de son chef de clan. Il aurait pu insinuer qu'il était las de mon désir de devenir un vampire. Il aurait pu inventer une centaine d'excuses plausibles pour quitter Forks mais il avait choisi la seule chose inenvisageable pour moi, la force de notre amour. Allait-il me faire l'affront de me dire qu'il ne m'avait jamais aimé ? C'était donc pour ça son attitude distante, il planifiait de rompre avec moi !

- Non Edward, je secouai la tête, butée. Je te connais. Tu peux partir, tu peux m'abandonner, mais tu ne me feras jamais croire que tu ne m'aimes plus. Tu peux nous faire souffrir tout les deux pour ma sécurité, tu peux m'asséner les pires horreurs, mais tu ne m'enlèvera jamais cette certitude. Tu. M'aimes. Tu m'aimes tellement que tu préfères partir, que de me mettre en danger, tu te rappelles ? Ce sont tes mots, pas les miens.

Incapable de continuer à fixer sa mine impassible, je supprimais les deux mètres qui nous séparaient et pris son visage en coupe.

- Bella.. exhala-t-il, sa délicieuse haleine heurtant ma peau.

Son masque se fissura une seconde, ses yeux dorés à nouveau liquides et emplis d'un mélange d'amour et de souffrance indicible. Je me mis sur la pointe des pieds, mes mots soufflés contre sa bouche. Je savais qu'il ne pouvait pas résister à mon odeur. J'étais comme une drogue pour lui et j'allais le rendre si dépendant qu'il oublierait sa lubie de partir loin de moi.

- Ces trois derniers jours, c'était du vent. La barrière que tu as creusé entre nous, tes regards froids, ton absence la nuit dans mon lit. Tout cela était un rôle pour pouvoir me quitter. Tu as sûrement aussi demandé à toute ta famille de m'éviter. Je te connais Edward. Tu as peut être un siècle d'existence, mais combien de fois m'as-tu répété que ta vie n'avait commencé qu'avec moi ? Ne me mens pas, mon ange..

Un gémissement rauque quitta ses lèvres quand la pluie rendit mon parfum encore plus fort. Je bénis le climat humide de Forks. Son flegme avait volé en éclat, ses bras étaient enroulés à l'arbre derrière lui, afin d'éviter de me saisir. Ma respiration était saccadée et j'effleurais ses lèvres satinées après chaque phrase. J'étais collée de tout mon long à la statue qu'était devenue mon vampire. J'essayai de transmettre toute la force de ma conviction.

- Tu m'aimes, parce que même alors que ta gorge te brûle en ce moment, tu ne feras jamais rien pour me blesser, ni pour m'éloigner. Tu ne peux pas partir et me laisser loin de toi et de ta famille, attaquai-je, la gorge nouée, retenant difficilement mes larmes. C'est aussi devenue la mienne. Me feras-tu souffrir ainsi ? questionnai-je, accusatrice. Me priveras-tu de mon amitié avec Alice et Emmett ? De ma complicité avec Esmée ? M'empêcheras-tu de faire changer d'avis Rosalie à mon sujet ? Laisseras-tu Jasper se sentir coupable de ta douleur d'être loin de moi ? Réussiras-tu à regarder Carlisle en l'obligeant à quitter son travail qu'il peut exercer en plein jour ? M'arracheras-tu mon âme en te séparant de moi ? Me laisseras-tu toute seule en proie à une douleur si inimaginable que je ne pourrais plus bouger de mon lit ? J'ai déjà mal Edward...

Les larmes s'étaient échappées depuis bien longtemps quand mon vampire tomba à genoux, dévasté. Il m'engloutit dans une étreinte écrasante, son torse secoué par des sanglots secs. C'était la deuxième fois que j'entendais cette complainte et j'étais désolée de le voir souffrir ainsi.

- Pardonne moi.. pardonne moi.. pardonne moi, douce Bella. Je t'aime. Tu as raison, je t'aime. Comment ai-je pu cherché à t'abandonner ? Pardonne moi, mon amour, pardonne moi... supplia-t-il, sa bouche parcourant toute la surface de mon visage.

Sous le couvert des arbres, la pluie augmenta, finissant de nous tremper entièrement. Edward avait envoyé sa sacro-sainte prudence aux oubliettes. Nous étions accrochés l'un à l'autre, nos lèvres se dévorant passionnément, nos mains enlevant nos lourd manteau pour sentir nos corps nécessiteux. Je pleurais toujours, en proie au soulagement d'avoir démoli la barrière, tout en étant anéantie par le fait qu'il ait caressé l'idée de me quitter. Pourquoi ? Pourquoi cette décision de nous torturer ainsi ?

- Ne pars pas Edward, ne me quitte pas... sanglotai-je, toute ma bravache envolée, maintenant que j'avais réussi à ramener mon vampire.

J'étais frigorifiée, mes membres tremblants autour de son torse de marbre, sa chemise tout autant inondée que la mienne. La bouche d'Edward était partout sur moi, buvant la pluie qui dégoulinait de mes cheveux. Dans un mouvement trop rapide pour que je le perçoive, il nous remit debout, mes jambes enroulées à sa taille, mes mains agrippées à sa tignasse détrempée, ma langue dans sa bouche. Sans cesser de s'embrasser, Edward me ramena à vitesse vampirique dans ma salle de bain. Toujours dans un état presque hystérique, j'entendis à peine la baignoire se remplir.

- Je t'aime, ne pars pas... Je t'en prie, ne me laisse pas Edward...

- Chut amour, je suis là. Je suis là Bella... murmura-t-il.

Nos baisers ralentirent d'eux même, la frénésie diminuant progressivement. Mon vampire me déposa sur le rebord de la baignoire et commença à déboutonner soigneusement mon haut. Mes doigts étaient accrochées à son jeans, mes yeux ne quittant pas son visage. J'étais rassurée, Edward avait cette lueur d'adoration alors qu'il contemplait ma poitrine dissimulée derrière mon soutien-gorge. Il était à nouveau lui même, quand, délicatement, il fit glisser mon pantalon par terre. J'oubliais ma gêne et, en sous-vêtement, il m'aida sans un mot à monter dans la baignoire. Je désirais désespérément qu'il s'installe avec moi, mais je savais -pour avoir essayée- que l'eau se refroidirait en une minute. Or l'intérêt de ce bain était de calmer mes frissons et apaiser ma tension. Mon amoureux, s'assit par terre, ses bras adossés aux rebords, ses prunelles dorées accablées de tristesse. Je fermais les yeux, et expirais longuement le souffle que j'avais retenu depuis mon désastreux anniversaire.

- Explique moi, soupirai-je.

Edward resta immobile quelques minutes et je reconnu un mélange de honte et de désespoir dans les plis de sa bouche et le rapprochement de ses sourcils. Il plongea sa main droite dans mon bain et esquiva mon regard, se focalisant sur les remous qu'il créaient.

- Après que tu te sois endormies, je suis devenue fou Bella. Carlisle a exigé un conseil de famille et j'étais obligé d'y assister, alors que je ne désirais rien d'autre que continuer à veiller sur ton sommeil. Loin de ton influence, j'ai dis des choses horribles à Jasper, Alice et Rosalie. C'était le chaos à la maison, le conseil s'est transformé en pugilat, et j'ai presque entièrement détruit la cuisine tant je ne me maîtrisais plus. J'étais horrifié par ce qui s'était passé, en colère contre tout le monde, mais surtout en colère contre moi même. Je m'étais promis après James que plus jamais tu ne serais blessée par un vampire et c'est moi qui t'ai précipitée sur cette table.

Son expression était celle d'un crucifié et mon ventre se noua douloureusement. Je devinais que si cela lui était possible, des larmes auraient maculées ses joues d'albâtre. Je désirais tant faire disparaître cette culpabilité qui le rongeait. J'étais une idiote d'avoir minimisée l'importance de la soirée du 13 septembre. Mon amoureux se lapidait et j'avais été complètement sourde à tout ça. J'étais une petite-amie déplorable...

- Je me sens si indigne, misérable, monstrueux d'avoir ajouté une autre cicatrice à ton corps. C'est mon plus grand cauchemar qui s'est réalisé. Malgré mon amour, je resterais toujours plus fort que toi, capable de te briser d'une seule pression. Toutes les peurs que j'avais refoulées ces derniers mois ont resurgis et toutes me désignaient comme l'unique responsable. Le danger est constant et je t'expose sans cesse aux risques que ma famille craque.

Ses poings étaient si serrés que je craignais qu'il brise ma baignoire.

- Je ne me pardonnerais jamais ce qui t'est arrivé il y a trois jours.. certifia-t-il, solennel.

Oh Edward, si intransigeant envers lui même. Je déplaçai mes doigts jusqu'aux siens et les entrelaçai dans l'eau chaude. Je mordis ma lèvre inférieur, me forçant à écouter jusqu'au bout ses explications, alors que je souhaitais plus que tout le décharger de ses tourments.

- Carlisle a exigé que je prenne une décision. Je n'avais pas le droit de houspiller ma famille pour quelque chose qui aurait pu se passer. J'étais perdu, je ne voulais que ta sécurité et je savais que nous étions le danger absolu pour toi. J'étais aveuglé par mon amour dévorant et le besoin de te protéger... Puis Rosalie a encore exigé que je.. que je te quitte pour te laisser en paix. J'avais si mal d'envisager cette éventualité, surtout qu'Alice, Emmett et Esmée étaient contre, te considérant comme un membre à part entière de notre famille. Je ne savais pas quoi faire, alors j'ai demandé à Carlisle du temps et je suis retourné dans ta chambre.

Il m'adressa ce regard adulateur qu'il me décernait seulement dans l'intimité. Son index réchauffé par le bain, voyagea le long de mon bras, couvrant ma peau de chaire de poule.

- Quand je t'ai vu, ange endormie, paisible, loin de toutes les disputes d'immortels, j'ai su que je devais te préserver, quitte à en souffrir jusqu'à la fin de mon existence. Je devais te laisser retourner à ta vie d'humaine, sans vampires. Je devais te protéger de mon monde et partir loin de toi, pour que tu puisses m'oublier et construire une vie saine, où tu vieillirais et aurais des enfants. J'entendais les battements de ton cœur et percevais la chaleur qui irradiait autour de toi. J'observais ensuite mon bras d'acier, sa froideur, sa funeste perfection, son intemporalité et c'était trop pour moi. Je n'avais pas ma place aux côtés d'un être céleste, moi créature des ténèbres. Tout cela n'était qu'une utopie dans laquelle je m'étais complu que trop longtemps. J'avais déjoué le destin en refusant d'étancher ma soif, comment pourrais-tu continuer à m'aimer alors que j'étais si néfaste pour toi ? Je ne mérite pas ton amour...

D'autres larmes s'écoulèrent et mon vampire les essuya tendrement, continuant son récit. Comment pouvait-il penser que j'allais un jour cesser de l'aimer ?

- Le problème, c'est que je ne savais pas comment te persuader de me laisser partir. Moi même, j'ignorais si j'avais la force de te laisser derrière. Rosalie m'a convaincu que la seule manière pour toi de m'oublier était de te faire croire que je ne t'aimais plus. Alors, j'ai commencé le comédie de t'éviter, tandis que ma famille pliait bagage. Tu ne peux pas savoir à quel point ça été difficile de rester froid et impassible alors que je voulais hurler et t'emprisonner dans mon étreinte jusqu'à la fin des temps. Te dire que je partais sans toi, regarder ton visage incrédule et blessé, écouter tes convictions et ta certitude de mon amour, m'ont mis à genoux. Comment avais-je imaginé une seule seconde être capable de t'abandonner, toi femme têtue et obstinée. Dans quel monde ne plierai-je pas face à tes larmes ?

Edward déposa de doux baisers sur mon front, mon nez, mes joues, mes paupières.

- Je t'appartiens Bella Swan. Tu me possèdes totalement et je t'aimerais jusqu'à ce que la dernière étoile dans le ciel s'éteigne. Pardonne moi, mon amour, d'avoir proféré de tels blasphèmes. Pardonne moi d'avoir été aveuglé par la peur et la colère. Je t'aime Bella et je ne peux pas rester loin de toi. Pardonne moi d'être si égoïste, si lâche, pardonne moi...

Je pris son visage en coupe -l'eau dégoulinant sur le sol ne me perturbait pas une seule seconde- et me plongeai dans ses prunelles dorées.

- Arrête, intimai-je, ne supportant plus ses excuses. Je suis tienne et rien de ce que tu feras, diras, ne changeras ce fait. Tu es mon vampire tourmenté et je suis ton humaine maladroite. Ton venin brûle ta gorge lorsque tu es près de moi et ma vie est en danger lorsque je suis près des tiens. C'est notre amour Edward, il faut que tu l'acceptes. Quelqu'un nous a fait le don de ce cadeau et je suis certaine que c'est le prix à payer pour que nous soyons ensemble. Ne renie plus cela Edward. Cette meurtrissure sur mon bras, n'est rien comparé à la félicité que j'éprouve à tes côtés. Tu es mon tout, Edward. Tout mon être te reconnais et te revendiques comme mon âme-sœur, jamais mes sentiments ne s'éteindront. Ils évolueront, grandiront, mais ils resteront. Ne remets plus en doute la force de mon amour pour toi. Dans quelle dimension as-tu songé que je t'oublierais ?

Ses yeux étaient écarquillés, ses mains beaucoup plus grandes encerclaient les miennes.

- Bella... souffla-t-il, tendrement.

Je frissonnais, son ténor m'envoûtait aussi sûrement que son parfum et ses prunelles. Avec la plus grande attention, il me releva et m'enveloppa dans ma serviette. Il se délesta de ses vêtements boueux, se sécha sommairement et m'attira contre lui. Edward me porta jusqu'à ma chambre et mon vampire nous blottit sous les couvertures. Nous étions face à face, ses jambes froides entremêlées aux miennes, ses doigts naviguant délicieusement sur ma peau, son nez caché dans mon cou. Mon vampire câlin était de retour.

- Qu'allons nous faire ? chuchotai-je, désireuse de ne pas briser ce moment de tendresse.

Je n'oubliais pas l'imminence du départ des Cullen et je ne savais toujours pas quoi dire à ma famille. Edward ne me répondit pas, sa bouche collée à mes épaules. Ses mains se firent de plus en plus entreprenantes et ma capacité à réfléchir s'envola. Je me laissais envahir par toutes les sensations qu'il me procurait. C'était la deuxième fois que nous nous retrouvions en sous-vêtements l'un devant l'autre et Edward était comme drogué par ma senteur.

- Tu sens si bon, gémit-il d'une voix rauque.

Sa langue franchit la barrière de ses lèvres et je laissais échapper un glapissement quand il lécha la totalité de mon cou. Un grondement féroce fit vibrer son torse d'albâtre et je me consumais dans le besoin et la luxure.

- Tu es si chaude... Ta peau est si douce... ton sang est si tentant.

Mes mains se promenaient avidement sur son dos, essayant de le rapprocher encore plus et de créer une friction. J'étais en feu. Il bascula au dessus de moi, ses mains enfouies dans ma chevelure mouillée.

- Déesse Isabella, susurra-t-il, ses prunelles me harponnant par leurs intensités. Ma déesse.

Je ne pus contenir le gémissement bruyant qui quitta ma gorge. L'Edward affectueux me rendait dingue, mais l'Edward possessif et charnel m'incendiait au delà de toute mesure. Pour la première fois, je sentis sa virilité presser contre ma cuisse et je me cambrais, en quête de plus de sensation.

- Personne ne réussira à m'éloigner de toi, même pas moi, jura-t-il, fougueux.

- Edward.. geignis-je, telle une prière.

Sa langue fraîche et soyeuse goûta le contour de ma bouche. Ses prunelles s'étaient assombries et je reconnu le besoin viscéral dans ses deux onyx. Noyée par l'excitation, je ne su, si c'était mon corps ou bien mon sang qui l'appelait.

- Dis moi, ma précieuse. Dis moi ce que tu souhaites et je te le donnerais.

Friction entre nos deux peaux, la mienne si chaude et souple, la sienne si dure et froide. Contraste. Plaisir. Besoin.

- Je veux t'appartenir corps et âme, conjurai-je dans un râle passionné.

Un feulement sourd lui échappa et son torse frôla mes pointes durcies par le désir.

- Bientôt mon amour, bientôt...

Nous roulâmes au dessus de mon petit lit, et je me retrouvais allongée de tout mon long sur lui, ses bras me serrant avidement. Edward ralentit ses baisers, me caressant avec plus de tendresse que de passion, je soupirais, revenant à la raison. Il avait repoussé ses limites plus loin en une seule fois que lors de ces six derniers mois. Comme chaque aspect de notre relation, j'étais prête à y aller progressivement et je me complu donc dans l'étreinte protectrice de mon vampire.

Une demie heure plus tard, mes yeux se fermèrent d'eux même. Sans mon vampire pour me tenir, les dernières nuits avaient été agitées. Je sombrais dans un sommeil réparateur, mon amoureux fredonnant la berceuse qu'il avait composé pour moi.

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A mon réveil, il faisait nuit et j'étais seule dans mon lit. J'entendais les bruits de la télévision, Charlie devait être rentré. Je soulevais le coussin qu'Edward utilisait et trouvai comme prévu un petit mot plié. C'était quelque chose qu'il avait prit l'habitude de faire lorsqu'il ne restait pas jusqu'à mon réveil. Je caressais les lettres manuscrites avec amour.

Ma douce Isabella,

Je suis parti corriger mes erreurs et réparer mes torts. Je te promet de ramener notre famille et ne plus jamais tenter de nous séparer.

Je serais là avant l'aube, en attendant, veille sur mon cœur, il est près du tien.

Éternellement tien,

Edward

Voilà pourquoi j'étais amoureuse de l'être le plus aimant qui soit. Vampire ou non, Edward était mon âme-sœur et j'allais me battre jusqu'à la fin des temps pour l'avoir à mes côtés.


Et voilà, j'ai assouvi la frustration qui me tenaillait à chaque fois que je lisais la scène de rupture entre Edward et Bella. Ça me sidérait, elle si intelligente et perspicace, n'ait à aucun moment doutée de la sincérité d'Edward. Je veux dire, il n'y a même pas trois jours, il lui avouait qu'il préférait mourir plutôt que de vivre dans un monde où elle n'existait pas ! Bien sûre, j'ai arrangé le tout à ma sauce et voilà ce que ça donne u_u

En ce qui concerne une suite, je dirais, qui sait ? J'ai quelques idées, mais je ne suis pas certaine d'avoir l'envie de me lancer dans ce projet, sachant que j'écris déjà une autre histoire.

Merci d'avoir lu !

Soundousse