Disclaimer : Le film ne m'appartient pas, les personnages ne m'appartiennent pas, l'histoire ne m'appartient pas, les acteurs non plus (ça, j'peux vous dire que j'aimerai !). Cependant, il est bon de préciser aussi que ce qui suit m'appartient.
Rating : M, parce que. Je préviendrai en début de chapitres, ce ne sera pas tout le temps non plus (j'ai d'autres choses très intéressantes à vous raconter).
Donc, une petite intro : Me voici partie pour une assez longue fic à chapitres (je dirai entre 10 et 20) se basant sur le film X-Men : First Class. Il reprend tout le film dans l'ordre chronologique. Cependant, je ne fais pas la réécriture des scènes, je me charge d'en rajouter plutôt (Il est donc assez conseillé d'avoir vu le film auparavant, sinon ça risque de paraitre décousu). Bref, bonne lecture, merci d'avance ! Une review, un favori, c'est toujours bien.
Et (j'ai failli oublier, honte à moi !) un ENORME merci à la beta-lectrice Shibeez qui s'est très gentiment portée volontaire pour me corriger !
Je me suis toujours dit qu'il y en avait d'autres. Le fait que je sois différent, je l'avais accepté depuis le début, presque. Il ne faut pas longtemps, même à un jeune enfant, pour se rendre compte qu'il est le seul à pouvoir lire dans les pensées. J'ai bien vite mis un nom sur ce phénomène, dès que j'en ai pris conscience. De la télépathie. De même, j'ai vite appris que je pouvais aller au-delà de cette capacité à s'introduire dans l'esprit d'autrui. Je peux le contrôler, lui dicter faits et gestes, voir à travers lui, l'influencer et même lui parler. Je me suis « amusé » à tout tester. Il s'agissait plutôt d'une sorte de plongée vers l'inconnu. Je découvrais mes propres limites. Il n'est pas rare que cela m'ait déjà échappé. Sans le vouloir, je pouvais lire dans les pensées des gens, à tout moment. Une simple horreur, qui me procurait un mal de crâne infect, ainsi que l'envie subite de vomir. Tous ces esprits entrecroisés qui divergeaient m'agaçaient, me distrayaient. Pourtant, en entendant ces inlassables chuchotements, je ne pouvais que devenir fasciné par la complexité du cerveau humain. Comprendre l'autre était une entreprise démesurée et impossible à atteindre. Ce fut pourtant mon but, je m'en contentai juste, jusqu'à trouver quelque chose à faire d'encore plus grand, et qui aurait toujours un rapport avec le don surnaturel dont j'étais le possesseur.
« Don surnaturel » est une notion qui a bien vite disparu de mon esprit. Je n'ai jamais cru un seul instant à une quelconque magie, cadeau du ciel ou autre. Les dessins animés, les histoires, j'aimais bien, parce que ça faisait travailler l'imaginaire. Au delà, je n'ai jamais pensé un seul instant que cela puisse exister. C'est peut-être parce que je n'ai jamais été bercé par des contes; après tout, mes parents n'avaient pas tant de temps que ça à m'accorder. Alors, au lieu de rester devant la télévision à voir des animaux parler, ou de « regarder » des livres (ceux avec peu de textes et beaucoup d'images, que je n'ai jamais eu, d'ailleurs), je me suis mis en quête d'activités développant de manière plus rapide mon cerveau. Il était le précurseur de ce pouvoir, c'est donc en le stimulant que j'arriverai à en obtenir plus. J'ai rapidement appris à lire, et dès lors j'ai dévoré la bibliothèque familiale. Mes géniteurs étant chercheurs, je me suis focalisé sur des ouvrages sur la génétique. Cela m'a tout de suite fasciné. C'est grâce à ça que j'ai pu commencer à élaborer une ébauche de théorie, même si j'étais loin de tout comprendre. Je n'avais même pas une dizaine d'années. En parallèle, j'appris à jouer aux échecs. D'abord avec ma nourrice, mais je la dépassais en moins d'un an. Je continuai donc seul à me perfectionner.
Puis, elle est arrivée. Un soir. Je l'avais attendu, ce moment. Je l'avais tant espéré, ce moment. Jamais je ne me suis dit: « Non, je suis bien seul », et jamaisje n'ai désespéré, je n'ai déprimé à cause de cette différence. Cela a fini par payer. J'ai tout de suite compris que ce n'était pas ma mère. Ma mère, entrer dans une cuisine ? Me faire un chocolat chaud ? Je n'aurais jamais pu y croire. Je lui ai dit. Elle a compris. Et j'ai assisté à la transformation de la plus belle créature de l'univers, dotée d'une peau bleutée magnifique et d'une tignasse rousse fauve. Il s'agissait bien d'un minuscule fauve, de mon âge, apeuré, seul, que j'avais en face de moi. Mais je l'ai rassuré. Je lui ai dit, que plus jamais elle ne serait seule. Maintenant, elle m'avait moi, je l'avais elle. Et bientôt, bientôt nous ne serions plus seuls. J'en étais intimement persuadé.
Je n'étais pas un surdoué d'origine. Je ne cherchais pas à en être un. Attirer l'attention ne m'intéressait pas le moins du monde. Pour çela, il aurait suffit que je leur montre que je pouvais lire dans les pensées. Mais je ne me sentais pas prêt à accepter cela, pas tout seul. Alors je fis des études comme tout le monde. Brillantes oui, mais rien qu'on ne puisse qualifier d'anormal. J'ai du sortir diplômé avec un an d'avance, ce qui n'était pas rare. Raven suivait ses études à côté. Elle était devenue avec le temps ma sœur, ma meilleure confidente, et la personne en qui j'avais le plus confiance. Je lui avais juré dès notre première rencontre que plus jamais je ne la sonderai. Raven s'était dotée d'une apparence de jeune fille belle et distinguée, et suivait des études normales. Elle ne fut pas le moins du monde surprise quand je décidai de me spécialiser dans la génétique. Mon envie de découvrir nos origines, de les affirmer et de les faire partager aux autres lui étaient bien connus.
De cette envie est venue celle d'être professeur. Bien sur, cela signifiait attirer l'attention, qu'on se focalise sur ma personne. Mais ce bémol me semblait minime comparé à ce que j'allais bientôt pouvoir apprendre au monde sur notre génétique, sur notre existence, et sur l'évolution de la race humaine. Ma thèse avançait bien, je menais une vie normale. Je sortais souvent le soir, je faisais le fêtard et le buveur, je me complaisais dans mes histoires sans lendemains. Les relations humaines de ce niveau, c'était loin d'être mon fort. Raven était facilement jalouse, je ne comprenais pas pourquoi. Et un jour, une jeune femme, mignonne, m'a abordée. Elle s'est intéressée à ce que je faisais. Je n'ai pas compris tout de suite où elle voulait en venir. Mais, en entendant sa question, je l'ai sondée, et j'ai découvert, enfin, leur existence. J'ai bondi sur l'occasion. Je me suis retrouvé à la CIA du jour en lendemain, avec Raven, sans me rendre compte de ce qu'il m'arrivait. J'ai du convaincre tous ces vieux dirigeants de la véracité de mes propos, j'ai du me justifier devant eux en utilisant mes pouvoirs, bien que cela ne me posât pas problème. Et finalement, j'ai pu interagir avec eux, pendant une nuit, un court assaut qui s'est révélé être un échec. J'ai appris qu'il y avait une autre télépathe, j'ai vu la nature de mes semblables. Et, plus que tout, je l'ai vu lui.
Jamais je ne pourrai oublier cet instant, dont je garde encore tous les détails et sensations en mémoire. Ce fut le début d'une bien longue aventure.
Je me suis toujours dit que je les haïssais. Et je les hais encore. Ma vie est tombée en morceaux, par leur faute. Pourquoi, bordel ? Toujours ce même pourquoi auquel personne ne peut répondre. Je me moque éperdument de toutes les belles théories des historiens, ou du premier passant, ou encore même de ce livre dégoutant écrit par ce fou aliéné de Nazi. Personne ne saura jamais ce qui s'est passé dans la tête d'Hitler. Pourquoi notre peuple, ce peuple qui n'avait rien fait de mal ? Je les hais tous. Je trouve ça dommage que celui-là soit déjà mort, parce que j'aurais éprouvé un certain plaisir à lui faire subir tous les supplices que nous avons du endurer pendant toutes ces années. Mais, à défaut de l'avoir lui, responsable de tout ce qui s'est produit, il m'en restait un autre à trouver.
Ce qui s'est passé, ce jour là, je m'en souviens très bien. La foule, la grande foule pressante qui nous bousculait, moi et ma mère. Les hurlements, les troubles. Les langues étrangères qui s'entrechoquaient sans que je comprenne pourquoi nous étions ici, et même qui nous avait amenés là. L'armée omniprésente qui nous forçait à avancer, le chaos qui s'installait dans mon esprit. Puis, quelqu'un me poussa, plus fort. Je me retrouvai détaché du cortège, comme quelques autres. Une barrière humaine se referma derrière moi. J'entendis distinctement l'appel strident de ma mère. Je me retournai, je la vis en larmes. Elle s'accrochait aux militaires, passait ses bras par-dessus pour tenter de m'atteindre. J'ai voulu me raccrocher à elle. Ils me retinrent. De toutes mes forces, je poussais en hurlant, en espérant que mes cris retentissant de désespoir changent quelque chose. Il n'en fut rien. Je voyais la vague humaine de ces adultes à qui on venait d'arracher leur progéniture s'éloigner, repoussée par des gens qui n'étaient pourtant pas si différents de nous.
De quel droit me privaient-ils ainsi de ma mère, moi comme tous les autres ? Je résistais, encore et encore. Les grilles se refermaient, leur son claquant résonnant à mes oreilles comme la fin de tout espoir. Puis ils mettaient encore une autre barrière, pour s'assurer de nous maintenir en cage. Non, ce n'était pas fini. Je luttai toujours. Mes bras tendus vers l'horizon de liberté, de l'autre côté, là où ils m'attendaient tous. Je ne pouvais me résoudre à cela. A cette envie de liberté se mélangeaient bientôt la colère, la haine, la peur contre ces gens qui venaient de me dicter ma conduite de manière arbitraire. Ces sentiments m'envahissaient peu à peu et finirent par prendre le dessus. Mon corps ainsi tendu vers l'extérieur, les portes recommencèrent à claquer, lourdement. Les chaines s'entrechoquaient, le bout de bois massif semblait se fissurer légèrement. Je ne me préoccupai pas de comprendre pourquoi, je voulais retrouver ma putain de vie qu'on était sur le point de me voler. Je la sentais me revenir entre les doigts, je l'ai peut-être même effleurée à un moment, quand les grilles entrouvertes se sont tordues et que la planche a cédé. Puis, plus rien.
Là-bas, c'était l'Enfer. Enfer avec un grand E, oui. Même avec la meilleure façon d'écrire, les souvenirs les plus précis et les témoignages les plus poignants, personne ne pourra jamais comprendre ce qu'on a vécu s'il n'y a pas été. Le tatouage inscrit sur notre bras, un numéro comme si nous étions un simple troupeau de bêtes suffisait à nous faire comprendre que nous ne valions rien, et que nous serions traités comme tel. Mais j'ai eu le droit à une faveur. J'ai eu le droit à quelque chose en plus. J'aurais du m'en sentir gratifié, honoré. Avoir quelque chose en plus, ici, c'était la meilleure chose qu'il puisse arriver. L'évasion et la vie au dehors étaient des notions que nous ne connaissions plus. Ils nous avaient lobotomisés, et l'espoir s'en était allé. Nous ne pensions plus jamais revoir nos familles. Nous allions tous mourir ici, d'épuisement, de maltraitance, ou d'une exécution arbitraire pour pas grand-chose.
Mon traitement de faveur fut ma visite chez le « médecin » de l'établissement. Ici, le médecin était un véritable tortionnaire. C'était un polonais qui s'était mis au service de l'armée allemande même s'il n'approuvait pas forcément leur idéologie sur la race aryenne. Son bureau était bien meublé et éclairé. Mais, de l'autre côté de la baie vitrée, c'était un bloc opératoire qui s'affichait. D'une blancheur effrayante, les murs comptaient de multiples instruments dont je ne reconnaissais pas la moitié, avec, en outre, quelques couteaux de cuisine bien aiguisés. Les tables de métal froides ne laissaient rien présager de bon quant à l'utilisation de cette pièce pour leurs « expériences ». Je frissonnai rien qu'à la pensée de ce qu'ils pouvaient entreprendre ici.
Ce mec, il m'avait vu bouger les grillages métalliques. Il voulait à tout prix se servir de mon pouvoir, le développer. Je ne comprenais pas vraiment à quoi cela pourrait lui servir, mais je ne voulais pas faire d'histoires. Il me présenta sa pièce, je tentai de la faire bouger, mon attention et mes forces fixées dessus. Rien ne se passa. Je réessayai, sans succès. Il soupira, j'eus l'espoir qu'il se résignait. Il sonna sa petite cloche. Ce raisonnement, cinglant dans mon esprit, me rappelait les cris perçants de ce jour maudit où j'avais été amené ici. La porte s'ouvrit, je me retournai, et deux officiers allemands entrèrent, encadrant ma mère. Ma mère, le visage creusé par la fatigue, la faim et la misère, que je n'avais pas revu depuis que nous avions été séparés. Je n'attendis pas pour la serrer dans mes bras. Cette chaleur qui m'avait tant manqué apaisait mon esprit. Ce fut de bien courte durée. Ils me la reprirent. Le « médecin », Schmidt, sortit de son tiroir un pistolet, et m'ordonna de faire bouger la pièce, sans quoi il tirait sur ma mère. Je paniquai. Je n'arrivais pas à bouger cette pièce, je n'allais pas y arriver maintenant. Le compte à rebours commença. Je fis tous les efforts possibles pour décaler ce minuscule bout de métal. De un, on passa à deux. Ma mère me rassurait derrière, me disait que j'allais y arriver, que ce n'était pas grave. Mes yeux fixaient intensément cette putain de pièce avec le sigle Nazi apposé dessus, mes bras braqués devant ne semblaient se diriger vers qu'elle. Et de deux, on passa à trois. Il y eut un coup de feu. J'hésitai à me retourner. Je me retournai. Elle gisait, sans vie. Et ce qui me restait d'agréable dans ma vie disparut.
Ce sentiment d'impuissance se transforma en colère, d'abord dirigée contre moi puis contre le reste du monde. Puis de cette colère en découla une haine féroce. La cloche se tordit. Je me tournai vers les deux nazis et leur broyai le crâne avec leurs casques. Schmidt semblait content, mais je ne l'apercevais pas. Je faisais trembler la pièce entière. Derrière la baie vitrée, les objets de torture s'animaient comme d'une vie nouvelle. Les outils cloués aux murs se détachèrent et vinrent s'éclater contre la vitre. Puis ce fut la même chose avec les lourdes tables. Je semblai incapable de m'arrêter, ravagé par la haine et le désespoir de cette perte. Pourquoi encore, pourquoi toujours ? Etait-ce de ma faute, pour n'avoir pas su bouger cette pièce, pour avoir eu le malheur d'être doté de ces pouvoirs dont l'origine m'était inconnue ? Non, c'était à cause d'eux, juste d'eux. Je me promettais de tous les tuer un jour. J'allais tous les tuer un jour, leur faire comprendre, leur faire ressentir cette douleur aigue dans la poitrine. Schmidt m'attrapa la main, je me calmais immédiatement, sans comprendre pourquoi. Il ne me restait alors plus que mes yeux pour pleurer. Et tandis que je sanglotais, cet enfoiré me susurrait des mots mielleux à l'oreille. Qu'il m'apprenne à me servir de mes pouvoirs; je le tuerai un jour avec.
Les années ont passées, Schmidt a disparu après l'effondrement du nazisme. Et dès lors, je n'ai cessé de le poursuivre. Faisant cavalier seul, je pris résidence en Suisse pour me permettre d'établir des contacts, et de pouvoir ainsi le retrouver. J'allais lui faire allègrement payer, et j'étais prêt à tout. Des gens, j'en ai tué oui. Combien, je n'en sais rien. S'ils ne me donnaient pas les informations du premier coup, je considérai qu'ils étaient du côté de cet enfoiré, et je les torturai afin qu'ils crachent le morceau. Je n'avais aucune pitié, ni aucun remord. A la sortie de l'Enfer, on ne m'avait rien laissé de tel, juste mon pouvoir, et l'anéantissement d'une vie. J'ai parcouru le monde pour le retrouver, passant par l'URSS, les Etats-Unis et l'Argentine pour le retrouver. Finalement, je recueillis assez d'informations, et je décidai de passer à l'action.
Et c'est cette nuit, où j'étais bien décidé à accomplir ma vengeance, que je le rencontrai. Il était le début d'une bien longue aventure.
