Ange ou démon

A l'université de Fuuka dans la salle de conseil des étudiants, une jeune femme et un jeune homme s'affairaient au travail qui leur incombait, alors que certains cours se donnaient encore et que d'autres élèves rêvassaient dehors dans l'herbe de la cour de l'université.

« Chéri, tu pourras penser à donner ces papiers concernant le festival de fin d'année à la responsable à l'accueil avant 16h s'il te plait ? »

« Oui, bien sûr. Mais ma curiosité m'impose de demander où ma chère beauté sera, si non au conseil ici-même ? »

« Toujours aussi curieux ou bien tête en l'air, j'hésite… Que crois-tu que la présidente du conseil doit faire ce lundi ? » Dit-elle avec taquinerie et voyant le regard pensant de Reito, elle rajouta. « Ara, Reito aurait-il vraiment oublié ? »

Puis, son regard changea, il venait d'enfin se souvenir.

« Ah, oui la réunion générale. Désolé, j'avais complètement zappé mais depuis qu'Haruka passe moins de temps au conseil, ma charge de travail a bizarrement augmenté... »

« M'en parle pas, moi de même. Est-ce que je déléguais autant mes tâches ? » Confia Shizuru tout en prenant sa sacoche en cuir pour la remplir de documents.

Un rire franc et grave résonna dans la pièce. Reito n'avait pu le retenir, mais Shizuru est vraiment quelqu'un quand elle parle de la sorte.

« Et bien oui et pas qu'un peu. Enfin, ça avait l'air de plaire à Haruka avant que Yukino… ne tombe malade. »

Shizuru ne prit pas mal le rire et la phrase de son petit ami, puisqu'il avait raison. Puis, un silence s'installa dans la pièce avant qu'elle ne dise dans un souffle, presque un murmure.

« J'espère qu'elle va vite aller mieux… Elle me manque. »

« Elle me manque aussi. »

Le silence était devenu plus pesant encore. Reito décida de le briser pour ne pas broyer davantage de noir.

« C'est quelqu'un de fort, de très fort. Elle va s'en remettre, j'en suis sûr. »

Shizuru lui fit un sourire triste mais sincère, reconnaissante qu'il réagisse de cette manière pour la réconforter.

« Tu as raison. C'est Yukino après tout. »

« Ouais. Euh… Donc tu vas avoir la chance de découvrir la nouvelle directrice, qui est je dois le dire et sans vouloir te rendre jalouse, très très mignonne. »

Shizuru releva la tête dans sa direction, le sourcil levé interrogateur, alors qu'elle était en train de ranger des formulaires d'inscription et d'autres feuilles dans une armoire à archives plutôt imposante.

« Ara, je suis bien d'accord pour dire que la nouvelle directrice est plutôt jolie mais comment dire, tu as 20 ans et elle en a surement 50… Je ne savais pas que les femmes mures te plaisaient autant. Mais à croire que je ne suis pas assez vieille et jolie pour toi… » Rétorqua Shizuru tout en faisant la moue et en croisant les bras sur sa poitrine, créant ainsi un décolleté des plus invitants.

Une moue enfantine plus que mignonne sur une fille sublime déjà si femme, faisant bien plus mature pour son âge aux vues de son corps délicieux et de son intellect plus que développé.

« Humm, crois-moi Shizuru, elle est jolie mais tu n'as pas à te faire de soucis. C'est toi qui me rends fou, littéralement. » Répondit-il avant de se rapprocher d'elle avec un regard plein d'amour.

« Arrête de me regarder de cette manière, c'est si indécent… si immoral… » Taquina Shizuru avec un sourire séducteur aux lèvres.

Reito se rapprocha, la prit dans ses bras contre son corps et l'embrassa chastement. Ce qui laissa Shizuru un peu sur sa fin, elle s'attendait à un baiser d'un autre style, un baiser plus enflammé que celui-ci malgré qu'il avait été parfait. Parfois, elle préférerait que son petit ami soit plus ardent, plus sauvage mais il n'était pas à l'aise pour faire ce genre de choses lorsque n'importe qui pouvait frapper et entrer dans la pièce et les surprendre. Plus le temps passait et plus Shizuru se découvrait un côté d'elle plus demandeur de folies ardentes, mais malheureusement pour elle son copain était plus du genre classique. Ils étaient ensemble depuis plus d'un an maintenant et ils s'étaient déjà donné l'un à l'autre. Toutefois, elle se mettait au défi de le décoincer un peu, histoire de mettre un peu de piment dans leur vie sexuelle notamment.

Shizuru s'éloigna de Reito. Elle prit sa sacoche qu'elle referma et la plaça sur son épaule avant de lancer à son copain.

« Bon, c'est pas le tout mais je dois aller à la réunion. Et puis, je dois voir de plus près ce que tu aimes tant chez cette nouvelle directrice que je trouve trop vieille pour toi… »

« Mais la remplaçante de Saeko Kruger n'est pas si vieille que ça. J'aurais dit 25 ans ou 30 ans tout au plus. Elle a juste l'air un peu moins conciliante et plus froide que sa mère. »

Shizuru se retourna, le regard froissé, ne comprenant pas la phrase que Reito venait de prononcer.

« Attends, de quoi est-ce que tu parles ? La nouvelle directrice a une remplaçante ? Mais pourquoi ? » Demanda-t-elle surprise.

« Oui, sa fille. Natsuki Kruger. Tu sais bien que Saeko Kruger a eu un accident et qu'elle est à l'hôpital entre la vie et la mort, non ? A voir ta tête, je dirais que tu ne sais pas du tout de quoi je parle… »

Le visage de la présidente du conseil des étudiants changea, devenant soudainement plus sérieux et dangereux. Reito voyant le changement dans la posture et les yeux rubis de sa petite amie qu'il connaissait bien, rajouta rapidement.

« Ne t'énerve pas, Shizuru. Je croyais qu'Haruka t'en avait parlé, et puis la fille Kruger n'est là que depuis vendredi matin. »

« Tu ne crois pas qu'Haruka a autre chose à penser, son amie d'enfance est allongée dans un lit à cause d'un foutu cancer. Tu es le vice-président, tu devais me le dire. Est-ce que je suis la seule dans cet établissement à ne pas être au courant ? Tu sais qu'avec les examens, les réunions, l'arrivée de mes parents dans la villa familiale, enfin bon sang tu sais que je reste la plupart de mon temps dans la salle de conseil et hors de l'école. Je ne suis que très peu en contact avec les autres élèves… » Elle souffla après sa tirade, le stress de ces derniers temps venait de ressortir dans ses mots.

Reito comprenait sa perte de sang-froid et il ne lui en tenait pas rigueur.

« C'est vrai, je suis désolé. J'aurais dû te le dire moi-même. Tu ne m'en veux pas trop ? »

Shizuru le fixa, son regard se détendit et elle se massa les tempes avant de parler plus doucement.

« Excuse-moi je n'aurais pas dû te parler de la sorte. Je suis un peu sur les nerfs et… »

« Je le sais, chérie. Ne t'inquiète dont pas, allez va à ta réunion sinon tu vas être en retard et une Viola en retard ça ne passera pas inaperçu. Bon courage. » Il lui fit un clin d'œil complice et lui souffla un baiser avec sa paume.

« Merci. A plus tard. »

Cet homme savait vraiment comment la détendre et lui remonter le moral. Elle lui rendit son sourire et partit en lui renvoyant son baiser.

.

Shizuru descendit les escaliers et rejoignit un long couloir dans lequel tous les casiers des élèves étaient alignés l'un à côté de l'autre. Elle se dirigea instinctivement vers son casier à codes et y prit quelques dossiers avant de les jeter à la hâte dans sa sacoche. Elle referma son casier métallique en le claquant et se retourna rapidement sans vraiment regarder devant elle, lorsqu'elle rentra dans quelque chose, enfin plutôt dans quelqu'un.

« Aïe ! »

Shizuru se retrouva plaquée au sol, l'arrière de sa tête cogna légèrement sur le sol mais rien de très grave. Cependant sous le choc, elle ne put s'empêcher de fermer les yeux. Elle décida de les rouvrir alors que la douleur à sa tête s'était dissipée et qu'elle sentit quelque chose d'étrange qui n'avait rien à faire sur son sein droit. Elle tomba sur des yeux d'un vert profond, ronds comme des billes. De la honte, de la gêne et de la colère se mélangèrent sur le visage et dans le regard de la jeune femme affalée sur elle, une main au sol non loin de l'oreille gauche de Shizuru et l'autre… positionnée sur une zone moelleuse et rembourrée plus que sensible et intime que seul Reito avait pu toucher. La présidente du conseil pu voir les joues de la personne la surplombant devenir de plus en plus rouge, alors que sous le regard désolé et amusé de Shizuru, la jeune femme aux cheveux couleur corbeau détourna les yeux avant de se relever rapidement avec dextérité en un mouvement athlétique.

« Vous allez bien ? » Demanda gênée la brune l'ayant plaquée abruptement.

Elle lui tendit la main pour la mettre sur pieds, Shizuru accepta avec plaisir la main forte qu'on lui tendait. Le rouge n'avait pas l'air de vouloir disparaître des joues de la jeune femme ce qui fit sourire légèrement la châtain avant qu'elle ne parle plus sérieusement.

« Oui, merci. Désolée, je ne regardais pas devant moi. »

« Ces élèves… » Murmura exaspérée entre ses lèvres la brune tout en détournant le regard.

« Euh.. » Shizuru ne savait pas quoi dire aux mots bizarrement utilisés de son interlocuteur.

Ce n'est pas une élève, une prof peut-être… Enfin c'est ce que pourrait dire un professeur.

« Faites attention la prochaine fois, s'il vous plait. » Lui lança-t-elle sèchement avant de tracer son chemin.

« Oui, bien sûr. »

Une personne bien énigmatique et plutôt antipathique... Bon, Shizuru concentre-toi sur cette réunion.

Plusieurs élèves ayant vu la scène se dirigèrent vers la présidente, inquiets de son état.

« Viola-sama ! Vous allez bien ? »

« Vous avez mal quelque part ? »

« Elle est folle cette directrice, elle aurait pu vous amener jusqu'à l'infirmerie au moins ! Pfft ! »

« Mais oui, quel manque de respect ! Après tout, elle doit montrer l'exemple. Vraiment… »

« Ara, ara, ne vous inquiétez pas tant. Je vais bien, rien de grave. Merci pour votre considération à tous et à toutes. Je vous souhaite une bonne journée, je dois y aller. »

Shizuru leur fit un sourire envoûtant et laissa là les élèves inquiets et plus que subjugués devant l'aura qu'elle émettait sans même s'en rendre compte.

Alors c'est toi la remplaçante de la directrice, celle que Reito trouve très mignonne et qui est apparemment très jeune… Je devrais faire attention, je pourrais être jalouse, c'est vrai qu'elle est attirante. Reito, je t'ai à l'œil mon cher !

.

Maman, pourquoi est-ce qu'il a fallu que tu me désignes pour s'occuper de cette école. Nao, c'est sûr que non mais Mai aurait été parfaite dans ce rôle… Ces élèves sont vraiment têtes en l'air et inutiles ! Ils me tapent déjà sur les nerfs alors que je ne suis là que depuis quelques jours. Arff… Mais bon, s'ils sont tous aussi belles que celle que j'ai violemment renversée, la pilule devrait passer plus facilement. Quand je pense que j'avais la main sur son…, sur la… Enfin, bref. Occupe-toi plutôt de cette réunion qui va être longue et fastidieuse.

Natsuki souffla en repensant à sa mère, de la tristesse sombre passa dans son regard normalement si clair.

Maman, j'espère que tu vas vite te remettre et te réveiller… C'est trop dur sans toi, cette vie…

Puis, elle se reconcentra sur son travail à la vue d'un écriteau sur une porte « Amphi des conférences ». Elle ouvra la porte et arriva dans une salle pouvant contenir plus d'une centaine de personnes sans problème. Plusieurs personnes étaient présentes et déjà assises, d'autres personnes debout discutaient et quelques chaises étaient encore vides. Elle salua tout le monde en entrant et alla s'asseoir dans la chaise qui lui était réservée, sur la table un papier plié indiqué « Directrice Saeko Kruger ». De la peine passa encore sur son visage avant qu'elle prenne un visage plus sérieux, la réunion pouvait enfin commencer. Une jeune femme entra rapidement et alla s'asseoir. Du coin de l'œil, elle remarqua la jeune femme qu'elle avait récemment renversée.

Est-ce un professeur ? Elle parait un peu jeune pour ça… Et tout ce monde qui a les yeux braqués sur moi. Je déteste ça, vite que cette réunion se termine.

« Bonjour, la réunion va maintenant commencer, je pense que tout le monde est présent. Je vous prie de bien vouloir rejoindre vos sièges prestement si cela n'est pas déjà fait. »

Natsuki prit entre ses mains la feuille indiquant les différents sujets à aborder et parla d'une voix assurée mais elle ne put cacher une certaine gêne.

« Tout d'abord, comme vous le savez je vais remplacer Saeko Kruger à partir de maintenant et pour une période indéterminée. Je suis Natsuki Kruger. J'espère que cette année se déroulera sans encombre à Fuuka. Très bien, commençons cette réunion. Alors le premier sujet concerne les clubs étudiants qui doivent être supprimés. Un sujet qui sera vite clôt, j'en suis sûre. »

Elle énuméra les différentes appellations des clubs à supprimer et demanda si quelqu'un avait quelque chose à rajouter. Pour son plus grand déplaisir alors qu'elle allait passer à un autre sujet, Shizuru demanda à prendre la parole. Natsuki porta son regard sur celui qu'elle savait d'une couleur rare et lui accorda le droit à la parole d'un signe de tête las.

Shizuru parla d'une voix assurée et défendit avec ferveur deux clubs que certains élèves mettaient toutes leurs âmes à faire exister.

« En tant que présidente du conseil des étudiants et selon les requêtes qui m'ont été faites, je me dois de les défendre également. J'ai pu voir que ces clubs étaient très importants pour eux à un point que vous ne pouvez pas imaginer. S'il vous plait, je vous demande un délai de plusieurs mois pour qu'ils trouvent le nombre d'étudiants nécessaire à la validation de ces deux clubs. »

« Mais vous pensez vraiment qu'ils trouveront des élèves ? » Fit Natsuki plus que sceptique.

« Oui, et puis je veux leur donner cette chance. Après tout, le club de cérémonie du thé était mon club pendant ma première année et j'y tiens énormément. Cet art ne doit pas disparaître mais persister. »

Natsuki souffla face à la détermination que mettez cette jeune femme à défendre ce club plus que superflu à ses yeux et elle se demandait même ce qu'elle faisait à l'écouter mais sa détermination eut raison d'elle.

« Très bien, mais je laisse seulement un mois de délai pour valider ces clubs sinon ils seront tout simplement supprimés. »

« Seulement ? » Répondit Shizuru avec surprise.

« Oui, un mois sera amplement suffisant. » Claqua Nastuki simplement.

Shizuru était agacée par cette réponse mais s'écria défaite :

« Merci tout de même, directrice. »

Je ne sais même pas pourquoi j'ai accepté de laisser un délai, elle a un pouvoir de persuasion apparemment… ou peut-être que j'ai juste envie que cette assemblée se termine le plus rapidement possible.

« Alors très bien, passons au deuxième sujet. La date des examens du deuxième trimestre. »

La réunion dura plus d'une heure, et cette présidente du conseil tapait doucement mais surement sur les nerfs de la directrice. A croire que Shizuru était toujours en désaccord avec Natsuki et ne pouvait s'empêcher de donner son avis, histoire de rallonger la réunion déjà bien longue.

Lorsque celle-ci fut terminée, elle souffla de soulagement. Enfin. Tranquillement toutes les personnes présentes se levèrent et se dirigèrent vers la sortie. Natsuki se leva de son siège et alors qu'elle rangea son stylo dans sa poche et prit la feuille présente sur la table comprenant plein d'annotations en vrac ici et là, une voix s'éleva. Une personne lui parlait, une voix qu'elle avait entendue un certain nombre de fois en peu de temps, mais c'était déjà trop.

Son accent est plus qu'agréable à entendre mais mon dieu, sait-elle se taire ? La réunion est terminée alors rentre chez toi…

« Je ne veux pas paraître condescendante mais vous savez si vous fermez trop de portes aux élèves, cela ne les aidera pas. » Fit Shizuru très sincèrement.

La directrice se retourna et voyant la jeune femme aux rubis qui allait surement encore parler et parler, elle se détourna et répondit tout en se dirigeant vers la porte de sortie.

« Vous avez la langue bien pendue, je trouve mademoiselle... »

Elle ne finit pas sa phrase attendant que son interlocutrice lui indique son nom complet.

« Viola, Shizuru Viola. »

Ah c'est elle, la fameuse fille des Viola, grande richesse de la ville, pour ne pas dire de la région toute entière. Voilà pourquoi elle veut avoir le dernier mot, elle a surement l'habitude qu'on lui dise oui continuellement et bien pas cette fois ma chère.

« Je suis la directrice de cette université donc il faudra que les élèves se fassent à ma façon de voir et de faire les choses. Je suis peut-être plus stricte que ma mère mais bon, c'est parfois la seule façon de faire comprendre aux élèves qu'il y a des règles à suivre. Sinon ils n'auront plus de limites et ce sera pire, bien pire. »

Il suffisait qu'elle repense à sa jeune sœur, Nao. Elle avait été adoptée par sa mère alors que plus personne ne croyait en elle. Elle était une vraie délinquante et le jour où sa mère lui a montré un peu d'autorité histoire de la remettre sur le droit chemin, celle-ci avait changé petit à petit. Aujourd'hui Nao était une fille bien, mais toujours avec son caractère de chien.

« C'est une manière bien réduite de voir des humains ayant choisi par eux-mêmes de prendre des cours dans une école renommée, de bons et respectueux élèves dans la majorité. Je vous assure que cette université ne comprend que très peu de personnes punissables comme vous avez l'air de le penser. Les heures de colle ne sont pas aussi conséquentes que dans les autres universités de la ville, vous savez. Il n'y a pas eu de gestes et de paroles déplacées à déplorer depuis le début de cette année, alors pourquoi les punir de cette manière sans raison. »

« Je ne les punis pas, je les guide. »

« Mais ils n'ont pas tous besoin d'être guidés de cette manière. Il est parfois bon de se perdre et de faire des erreurs pour apprendre, vous ne croyez pas ? »

« Vous me paraissez très intelligente mademoiselle Viola, mais je ne peux malheureusement pas prendre en compte l'avis d'une seule personne pour prendre des décisions. Ma foi, vous êtes une présidente du conseil des étudiants bien concernée par vos camarades et c'est tout à votre honneur mais ces choses sont à moi d'être appréciées avant de rendre une décision finale quelle quelle soit. Je vous ai entendu et comprends votre point de vue mais je suis désolée de vous dire que je suis attendue et que je dois vous laisser. Sur ce, bonne journée. »

Natsuki avait mis légèrement d'animosité dans ses mots dans le but de lui faire comprendre qu'on ne céderait pas toujours à ses volontés et qu'elle n'avait pas plus de pouvoir que les autres membres de direction ou du conseil.

Shizuru pouvait voir et sentir que la femme lui faisant face était sur ses gardes et avait été vite éreintée par une simple petite réunion comme il y en aura bien d'autres. Elle n'avait pas l'air de prendre son travail aussi au sérieux que les précédentes directrices et cela ne lui plaisait guère. Pourquoi devait-elle être si catégorique ? Sa façon de diriger l'université était pour elle radicale et trop stricte. Surtout que cette femme avait l'air constamment sur la défensive comme si on allait l'attaquer.

.

Il était 18h30 et Reito avait invité Shizuru à boire un thé dans son café préféré pour l'aider à se détendre un peu car il la trouvait un peu tendue mais cela n'avait pas l'air de marcher. Elle regardait dans sa tasse de thé alors que le liquide tant convoité avait déjà été consommé.

« Shizuru, allô Shizuru ? Euh, tu m'entends ? »

« Oui désolée, j'étais ailleurs. C'est cette directrice qui m'embête. »

« Ah chérie, ne sois pas jalouse. C'est toi que j'aime. » Dit-il en souriant.

« Ce n'est pas ça, je n'aime pas sa façon de voir les choses et elle m'a… comment dire… presque rembarrée quand j'ai exposé mon avis concernant sa vision trop fermée. »

« Pardon ? Tu lui as dit ça ? »

« Quoi ? Je n'aurais pas dû ? »

« Shizuru voyons, l'honnêteté c'est une bonne chose mais là c'est un peu déplacée. C'est elle la directrice, tu n'as pas vraiment de pouvoir à part sur les élèves, enfin certains. Malgré ton avis, elle agira comme elle l'aura décidée et tu le sais. Tu ne prends pas tout ça un peu trop personnellement ? »

« Si tu as raison mais je ne sais pas, elle m'agace. J'ai senti qu'elle avait envie de me rabaisser. »

« Tu n'interprètes pas un peu trop là. Ou alors tu dis ça car elle t'a écrasée sur le sol devant les casiers ? » Reito se mit à rire.

« Heureusement que ce n'était pas si affreux que ça et que je n'ai rien eu. Tout se sait ici, c'est affolant. »

« Ce sont tes fans affolés qui sont venus me raconter ta mésaventure. Ils n'ont pas trop aimé la façon trop légère avec laquelle la directrice a pris la situation sans trop se préoccuper de leur Shizuru-sama adorée. »

« Arrête de te moquer, t'es pas possible quand tu t'y mets. »

« J'arrête. Elle a l'air de ne pas plaire à tout le monde cette Natsuki Kruger, enfin à part aux hommes à ce que j'ai pu entendre. »

« Les hommes ! Pouvez-vous prendre en compte autre chose que son physique ? »

« Ouhla, Shizuru, calme-toi. Je suis de ton côté, je ne faisais que répéter ce qui se dit. Ne me réduit pas qu'à ça, s'il te plait. »

« Excuse-moi, je ne sais pas ce qui me prends. Mais durant cette réunion, j'ai eu l'impression qu'elle faisait exprès de rejeter mes idées à part peut-être une. Cette année va être dure avec cette Kruger avec qui je vais devoir me battre constamment apparemment. »

« Mais non, tu vas surmonter ça j'en suis sûr. Tu sais, ce qui te perturbe c'est peut-être parce que tu as enfin trouvé une personne qui émane un aura tel que le tien, enfin je veux dire elle attire beaucoup les regards et tu as peut-être peur qu'on te vole la vedette. Enfin je dis ça, je ne dis rien. Mais pour moi t'es la meilleure et la plus belle. » Lui répondit-il en lui faisant un bisou sur la tempe.

« Je ne vois pas vraiment le rapport et je ne recherche pas à être une vedette, au fond je ne l'ai jamais vraiment voulu. La plupart des gens sont si superficiels avec moi… Donc non, je pense que Reito se trompe. Mais merci pour le compliment… » Rétorqua-t-elle avec un sourire tout en lui caressant la main affectueusement.