Prologue
POV BELLA
Je me réveillais en sursaut et cherchais immédiatement la cause d'un réveil si brutal. Je n'arrivais pas à ouvrir les yeux à cause du soleil qui perçait déjà à travers les rideaux et inondait mon lit de fortune mais j'entendais parfaitement la petite voix rendue perçante par les sanglots de ma sœur qui piquait de nouveau sa crise en claquant toutes les portes et en en rajoutant dans l'expression de son mécontentement. Mais aujourd'hui, personne ne lui en voudrait. Lorsqu'on a passé tout le début de sa petite vie à Phoenix, il y avait de quoi être en colère de déménager, surtout à Forks. En effet, à 7 ans, Suzy était forcée de quitter ses amis d'enfance, sa maison d'enfance, sa ville natale et notre beau soleil, pour s'exiler sous l'épaisse couche nuageuse qui recouvrait la Péninsule d'Olympic en moyenne 360 jours par ans. Emmett et moi dramatisions moins car nous avions déjà vécu deux déménagements avant elle donc nous savions à peu près ce qui nous attendait. Il semblerait que j'étais la moins régissante à partir. Hormis le soleil, rien ne me poussait vraiment à rester. Je n'avais quasiment pas d'amis ni d'engagements comme Emmett avec sa popularité et son équipe de football. Mais je ne l'enviais pas pour autant. Le sport et ma coordination déficiente n'étaient pas compatibles. On avait essayé pourtant, de la danse au soccer tout y était passé mais rien ne marchait. En même temps, qu'elle idée de me demander de courir avec des crampons et un ballon entre les pieds sur de l'herbe alors que même mon père me disait que sur un sol lisse et plat, j'étais incapable de faire plus de trois pas sans trébucher. Je vous laisse imaginer comment a pu se passer le seul entrainement auquel j'avais assisté. Mais je crois que le pire à été le tennis. Après m'être cogné la tête une demi-douzaine de fois avec ma propre raquette et l'avoir lâchée sur le filet, j'avais enfin réussi à toucher la balle et elle était allée droit dans la tête de mon entraineur qui ne s'était pas dégonflé pour autant et avait insisté pour que je revienne une deuxième fois qui avait malheureusement été loin d'être meilleure que la première.
En résumé, aujourd'hui, c'était le grand déménagement. Je me redressais sur mes coudes et contemplais ma chambre, vide de décoration, pleine de cartons. Toutes mes étagères semblaient se fondre dans le mur sans mes dizaines de livres dessus. J'avais dormi dans mon duvet sur le sol, les couettes étant déjà dans les cartons et les lits dans le camion. Il y eût un silence soudain, puis un objet lancé contre le mur derrière mois et Suzy décida qu'on en avait pris assez dans les oreilles mais je me disais que si elle ne s'arrêtait pas maintenant la journée serait infernale. Depuis 3 jours elle poussait tout le monde à bout et nos journées se passaient dans une mauvaise ambiance très pesante. Mais aujourd'hui, pas question qu'elle ajoute la colère à la mélancolie qui nous habitait tous. 7 ans dans cette maison c'était pas rien quand même. Je me dégageais de mon duvet et passais dans la chambre voisine. Après avoir essuyé ses larmes je la prenais dans mes bras. Nous ne parlions pas, nous l'avions assez sermonnée les jours précédents. Mais c'était quelque chose qu'Emmett n'avait pas compris. Notre grand frère surgit dans la chambre.
« -C'est quoi ce bordel hurla-t-il, hors de lui. »
Suzy et moi relevâmes la tête et nous ne pûmes contenir notre fou rire quand nous le vîmes, le duvet descendu jusqu'aux hanches où il s'était retrouvé coincé. A cette image, se rajoutait la marque que le planché avait laissé sur sa joue. Emmett quitta très vite (dans la mesure du possible, en sautillant dans son duvet) la chambre, furieux d'avoir déclenché notre hilarité à son insu et pas au notre pour une fois. Et oui Emmett était très moqueur mais ne supportait pas que la moquerie soit portée sur lui.
La suite de la journée se passa plus calmement mais pas joyeusement pour autant (faut pas exagérer). Le dernier carton dans le camion, nous fîmes nos adieux à la maison. Je me rappelle que quand nous étions petits avec Emmett, nous avions dit au revoir à chacune des pièces sans aucune exception. Et j'imagine que ce serait pareil pour notre petite sœur. Mais en parlant de Suzy, où était-elle ?
Elle avait profité de l'effervescence du déménagement pour partir ;
Nous nous organisâmes vite. Maman resta près du téléphone tandis que papa faisait le tour du quartier, de son école et de son studio de danse et que j'assistais Emmett dans la tournée des amies de la fugueuse. Mais une heure plus tard, nous n'avions toujours aucune nouvelle et nous étions rentrés bredouille. Tous assis sur le sol du salon, nous n'osions dire un mot de peur de ne pas entendre le téléphone ou la sonnette.
Au bout d'un quat d'heure comme ça, Emmett et moi n'en pouvions plus, il fallait que nous bougions. Tous les deux, nous fouillâmes la cave, les placards,… Toute la maison y passa. Et malheureusement pour Suzy, nous étions à bout de nerfs lorsque nous arrivâmes à fouiller sa chambre et quand nous la découvrîmes dans son placard. Elle passa un sale quart d'heure. Après s'être pris une claque et s'être fait crier dessus, plus personne ne lui parla de tout le trajet, du moins jusqu'à notre arrivée à l'hôtel. Car par sa faute, au lieu de faire un après-midi puis une matinée de route et d'arriver en début d'après-midi à Forks, nous n'avions fait que 7 heures de route avant de faire notre escale et nous serions cloitrés 11 heures de suite dans la voiture le lendemain. Nous dormîmes tous les trois dans la même chambre d'hôtel : Emmett dans le lit simple et Suzy et moi dans le double. Cette nuit ne fut pas de tout repos. Entre les pleurs de ma petite sœur et mon frère qui se faisait harceler par des pompom girls sur son portable, je ne pus dormir que 3 heures en tout. Mon portable à moi ne sonna que deux fois de tout le voyage. La première fois pour m'indiquer que la batterie commençait à faiblir et l'autre était un message de mon meilleur ami Vincent qui me souhaitait bonne chance et me disait qu'il pensait à moi. Pur message d'encouragement et de soutient que mon frère pris de travers comme à sa grande habitude.
