Si l'on pouvait se promener dans la forêt près de la petite île des Bien-Aimés, on aurait pu voir douze silhouettes qui progressaient lentement et péniblement à travers les bois pour se rendre au bord de l'eau. De plus près, on pouvait voir que presque chacune de ces silhouettes avaient un air grognon, excepté celle d'une jeune fille aux cheveux blonds qui arborait, au contraire, une mine réjouie. Quelques jours plus tôt, cette fille nommée Luna Lovegood les avait invité tous les onze sur son île pour y passer les deux semaines qui suivaient, au début des vacances d'été.

-Allez, je vous le promets, ce sera super, avait-elle insisté pour convaincre Ron et Ginny Weasley.

Les deux rouquins s'échangèrent un regard douteux. Ils avaient du mal à croire qu'ils pourraient avoir du plaisir avec Luna Lovegood.

-Et il y a d'autres invités sur ton île ? demanda Ginny.

-Bien sûr, neuf personnes !

-Wow, ce sera merveilleux, la méga fête, lança ironiquement Ron.

Ginny lui donna un coup de coude dans les côtes pour le faire taire.

-Maman ne voudra jamais, s'excusa-t-elle.

Mrs Weasley, qui s'était tenue en arrière de ses enfants pendant un long moment et qui avait tout entendu, s'exclama :

-C'est faux ! Au contraire, je suis tout à fait d'accord ! Amusez-vous bien là-bas ! Au fait, qui sera là ?

-C'est toute une surprise, Mrs Weasley, répondit Luna avec un grand sourire. Personne ne connaîtra l'identité des autres pensionnaires jusqu'à la date fixée.

-Très bien, dit Mrs Weasley, aussi ravie que Ron et Ginny. Vous allez avoir un plaisir fou à cette île…

-Cette île qui porte le nom des « Bien-Aimés » ? dit dédaigneusement Ron en se retenant de préciser « le stupide et affreux nom ».

-Mon père l'a baptisée ainsi à l'honneur de notre nom de famille, renchérit joyeusement Luna en ne se rendant pas compte du ton sarcastique de Ron. C'est chouette, non ?

Ginny essayait visiblement de ne pas rire.

-Oui, super, dit-elle. Bon, c'est d'accord, on viendra... n'est-ce pas, hein, Ron ? ajouta-t-elle en s'apercevant que son frère restait silencieux.

-Ouais, c'est ça, marmonna Ron malgré lui.

-D'accord ! Alors, dans deux jours ! Rejoignez-moi chez moi vers environ dix heures du matin, il faut marcher un certain moment avant de se rendre à l'île des Bien-Aimés…

-Combien de temps ? s'enquit Ginny.

-À peu près tout l'après-midi…

-Car en plus on perd un après-midi seulement pour marcher ? s'exclama Ron en ne pouvant se retenir.

-Bien sûr, que croyais-tu ? lui répondit Luna en le fixant de ses yeux au regard rêveur. Bon, j'y vais. Dans deux jours !

Elle avait fait de même pour inviter Harry Potter, mais par le courrier :

Salut Harry !

Je t'invite officiellement sur l'île des Bien-Aimés dans deux jours, soit le 3 juillet. Il y aura toi, moi et dix autres élèves de Poudlard, mais je ne te révèle pas qui ils sont ! Le jour J, je te demanderais de venir chez moi vers dix heures. Mon adresse est au bas du parchemin. Si tu ne peux venir par toi-même, renvoie-moi une lettre pour m'informer le plus tôt possible, et mon père viendra te chercher.

Nous resterons deux semaines sur mon île sans aucun moyen pour que nous puissions partir de là, et lorsque le séjour sera achevé, mon père nous enverra des bateaux. C'est un moyen de sécurité.

Au plaisir de te voir à l'île des Bien-Aimés,

Luna Lovegood.

P.S. J'ai oublié de te demander : comment vas-tu ?

Harry avait lu la lettre avec dégoût, fixant l'adresse de Luna au bas du parchemin. Deux semaines avec cette lunatique ? Décidément, la compassion qu'il éprouvait à son égard s'était envolée comme par magie à la fin des vacances ! Résigné, Harry lui répondit qu'il ne pouvait venir par quelconque moyen tout seul, et que son père devrait venir le chercher.

Chez elle, Hermione Granger avait reçu la même lettre portant son nom.

-Quoi ? s'était-elle exclamée à haute voix dans sa chambre, laissant échapper volontairement la lettre par terre. Passer deux semaines avec cette folle ? Plutôt mourir !

Elle ne répondit pas à la lettre, mais le lendemain, Hermione reçut une autre lettre de Luna.

Salut Hermione !

Puisque tu n'as pas répondu à la lettre que je t'aie envoyée hier exactement, j'ai décidé de t'en renvoyer une autre pour être sûre que tu la reçoives. La copie est dans l'enveloppe avec cette lettre-ci. Alors, viendras-tu ? Je tiens absolument à ce que tu sois là. Comme je te l'ai déjà dit, il y aura neuf autres personnes, et il y a bon nombre de tes amis dans ce petit groupe !

Au plaisir de te voir à l'île des Bien-Aimés,

Luna Lovegood.

P.S. J'ai oublié de te demander : comment vas-tu ?

En soupirant, Hermione se sentit obligée de lui envoyer une réponse positive et d'y aller finalement.

Les sept autres personnes avaient reçu les mêmes et exaspérantes lettres de Luna, et c'est ainsi que les douze élèves se retrouvèrent dans la petite forêt menant à l'île.

Harry, Hermione et les deux cadets Weasley s'étaient donnés rendez-vous au Terrier pour s'y rendre ensemble. Quel soulagement avait été d'apprendre que tous les quatre seraient du voyage. Rendus chez les Lovegood, avant de rentrer dans la forêt, ils eurent une surprise des plus désastreuses!

-Ne me dis pas que Lavande est ici! J'ai eu assez de peine pour me débarrasser d'elle, se lamenta Ron à demi caché derrière Harry.

Malheureusement il le dépassait de plusieurs centimètres et son ex-petite copine le perçut tout de même.

-Oh Wow-Won! C'est génial que tu sois ici! Dit Lavande tout plein d'entrain. On pourra entretenir notre relation. Pourquoi ne m'as-tu pas répondu aux dix lettres que je t'ai écrites la semaine passée? Tu sais très bien qu'il faut qu'on reste ami. C'est important qu'on reste en bon terme pour survivre à notre peine d'amour et…

-Euh désolée de t'interrompre Lav-Lav avec ton beau discours, mais est-ce que tu sais qui sont les autres? Parce que si c'est juste du monde comme toi, je préfère rester chez moi! Dit Hermione avec dédain.

-Ouin, je peux bien de te le dire. Mais sache que je ne le fais qu'à contrecoeur car tu es la raison pour laquelle Ronnie et moi avons cassés!

-C'est TOI qui as tout inventé! Dit Ron avec colère. Et puis si tu ne me l'avais pas empêcher j'aurais cassé bien avant! Vas-tu nous le dire qui vient avec nous sur cette fichue île qu'on en finisse.

-Ok, ok, calme toi Ronnie! Les autres ne sont pas très loin dans la forêt. Tout d'abord, il y a vous quatre. Commença t-elle en comptant sur ses doigts. McLaggen...

-Pas lui! Il va encore venir vanter son ego auprès de moi. Se plaignit Hermione la tête baissée.

-…Michael Corner…

-Au moins celui-là fait partie de mon cercle d'amis! S'exclama Ginny tout sourire.

-…Cho Chang…

-Chouette alors, ironisa Harry.

-…Neville…

-OH NON! POURQUOI M'A-T-ELLE FAIT ÇA! Mon séjour est anéanti. Pas lui! Ce pot de colle! Cet imbécile…

Hermione continua d'exprimer son opinion a mi-voix.

-…Pansy Parkinson…

-Si le chien de poche est là, réfléchit Ron à voix haute en devenant de plus en plus désespéré, il y aura logiquement…

-…et puis Malefoy. Je crois que c'est tout, dit fièrement Lavande.

Harry qui avait tenu a resté silencieux, n'en put plus et explosa d'un coup.

-Je ne mettrai certainement pas les pieds dans un endroit où ce blondinet pourrait avoir eu l'obligeance d'avoir respirer. Comment ose-t-elle inviter un Mangemort? Vous ne semblez pas vous rendre compte que Malefoy était pour devenir meurtrier. C'est juste par le fait qu'il était une mauviette qu'il n'a pas pu avoir le titre d'assassin en plus. IL A VOULU TUER DUMBLEDORE! C'est un Mangemort!

-Je me suis juste dit qu'il faudrait inviter des élèves de toutes sortes.

Luna venait d'arriver. Elle était vêtue à son habitude, mais jamais personne ne s'habituait à son look. Il faut dire qu'elle était très originale. Elle portait un kilt écossais et un pull gris avec une face de loup imprimée devant. Ses cheveux blonds étaient toujours aussi sales mais elle y avait ajouté des dés à coudre. Enfin, elle portait des chaussures du genre de Ronald MacDonald.

-Luna! Justement la personne que je voulais voir! Te rends-tu compte que nous pourrions tous être assassinés dans ta petite maison sur l'île? Pourquoi? Tu as invité Malefoy! Lui qui vient tout juste d'apprendre les sortilèges impardonnables avec ses amis qui eux sont les amis de Voldemort!

-De toute façon, nous n'aurons pas besoin de nos baguettes. Comme tu le disais si bien quand tu nous faisais ton petit discours, Malefoy n'est qu'une mauviette! Alors imagine-le sans sa seule arme. Je crois que le sujet est dorénavant clos, répondit Luna, les yeux fixés sur un champignon.

-Ouais, si tu veux, consentit Harry.

-Quoi? S'écria Ron. Ça fait juste un an que je suis majeur et que je peux faire de la magie vingt-quatre heures sur vingt-quatre et il faudrait que je m'en sépare?

- On n'a pas le choix! Un Moldu, M. Lajoie, et ami de mon père, habite sur cette île tout l'été. En revanche, il s'occupe de tout, jardinage, entretient ménager, repas... C'est une coutume qu'on a, de rester comme de parfaits Moldus, en vacances, leur expliqua Luna.

- Quelle coutume formidable! Dit Ron d'un ton sarcastique. N'empêche que j'aimerais tout de même lui donner un bon coup de pied dans le c…

-Ron! Un peu de civisme! Si on regarde le « problème » sous un autre angle, il peut être tout à fait enrichissant pour nous, commença Hermione, nous allons développer un esprit d'équipe et on sera obligés de s'entraider et puis…

-Bla, bla, bla, coupa Ginny, si on y allait. Les autres doivent nous attendre.

Elle entama le pas et les autres se résignèrent à la joindre pour affronter les instants qui allaient suivre. En résumé, la rencontre fut des plus catastrophique. Cris, insultes, pleurs (Pansy accusait « Dragounichet » de trop observer Cho) et plaintes furent au rendez-vous. Pourtant personne ne décida de retourner chez lui. C'est dans cette ambiance que partirent, à bord d'une chaloupe agrandie magiquement, douze élèves de Poudlard, ainsi que M. Lovegood, dans un immense lac d'où on ne voyait pas l'autre rive ni d'île pour l'instant. La troupe était déjà fatiguée après avoir marcher dans la forêt plus de deux heures. Certains avaient le mal de mer et quelle satisfaction eurent-ils lorsqu'ils virent qu'un amas de terre et de verdure apparut droit devant eux.