Disclaimer : Albator appartient à son créateur M. Leiji Matsmuoto.

Les autres personnages sont à bibi

1.

Le territoire de Quelgann était aussi noir et tordu que l'était le corps décharné du Thanatos.

Le sol de l'environnement désertique semblait de métal et ce qui pouvait s'apparenter à des arbres sans feuillage surgissait à divers endroits, semblant évoquer les tourments des âmes du lieu.

Fantomatiques, informes, comme encapuchonnées des silhouettes se déplaçaient sans vraiment donner l'impression de toucher le sol.

« J'espère que tu ne t'es pas encore transformé ainsi, papa, sinon je ne te retrouverai jamais ! ».

Alguérande tendit les mains devant ses yeux.

« J'ai toujours mon apparence normale. Cela semble signifier que ce n'est qu'au fil de l'éternité que l'on se change en spectre… ».

- Faux ! siffla Quelgann en se matérialisant à côté du jeune homme qui eut un sursaut. Si ton père et toi avez encore forme Humaine c'est parce que vous êtes sur la faille.

- Quelle faille ?

- Le point exact entre la vie et la mort. Vous êtes encore en équilibre.

- Tu veux dire que notre destin peut encore changer ? souffla Alguérande, avec espoir.

- Il peut basculer, serait plus précis, répondit le papillon noir. Dans un monde ou dans l'autre.

- Et, qui décide ?

- Moi, jeta le Thanatos sur le ton de l'évidence absolue. Mais bien trop peu d'êtres ont en eux la volonté d'influer sur leur destinée. Presque tous arrivent ici, et se laissent couler, acceptant leur sort. Je me disais bien qu'avec vous deux ce serait différent !

- Tu m'as donc parlé de façon parfaitement intentionnelle, juste avant d'emporter mon père.

- Oui. Il me restait ensuite juste à savoir si tu aurais le cran d'aller au bout de ta détermination. Je n'en doutais pas. Mais même les plus courageux peuvent hésiter et renoncer face à une mort inéluctable !

- Oh, je ne suis plus à une fin près, grommela le jeune homme.

Alguérande fronça les sourcils.

- Tu nous permettrais vraiment de repartir vers la vie, encore une fois ?

- En réalité, je n'ai déjà plus rien à décider. Tu as gagné un nouveau sursis en acceptant de te vider de ton sang jusqu'à la mort. Tu as un cœur de dragon !

Quelgann battit légèrement des ailes.

- Je te reconduits au Sanctuaire sous-marin d'Umielron ?

- Non, je n'ai plus très envie d'en découdre immédiatement avec ce poulpe rose, grinça Alguérande. Je m'en suis pris assez plein la tête en peu de temps… Sa route et la mienne se recroiseront bien assez tôt ! J'ai envie de retrouver mon monde, mon corps, même s'il est bien mal en point !

- Je peux faire quelque chose pour ça. Tu le découvriras à ton réveil. A un de ces jours, Alguérande, et sans nul doute bien plus tôt que tu ne saurais l'imaginer !

- Même pas surpris…


Madaryne et Salmanille sortirent ensemble des chambres, tombant nez à nez dans le couloir.

- Ils viennent de prononcer le décès d'Albator.

- Et à l'instant celui d'Alguérande.

Des portes claquant, les deux femmes sursautèrent, réalisant que les unités médicales n'étaient toujours pas revenues des chambres alors que c'était normalement à une toute autre équipe de venir finir de débrancher leurs maris, une équipe d'ailleurs non arrivée pour sa part !

- Que signifie… ? soufflèrent-elles sans plus trop oser se regarder.

Les médecins dirigeant chacun une des unités franchit enfin le seuil des chambres.

- Il y a des papillons à l'intérieur !

- Des papillons ?

- Un papillon de lumière auprès de votre époux, Madaryne, un papillon très ressemblant à celui de son tatouage. Et un papillon de ténèbres auprès du vôtre, Salmanille. Ils ont, comment dire, régénéré nos patients, refermé leurs blessures et fait disparaître les traumatismes de leur organisme. Avez-vous idée de ce qu'ils sont et comment ils ont pu accomplir ce miracle ?

- Un miracle, c'est bien le mot, fit Madaryne dont la main avait machinalement serré celle de sa belle-mère.

- Vous voulez dire que nos époux sont sauvés ? ajouta cette dernière.

- Oui. Nous allons procéder à quelques examens une fois qu'ils auront repris connaissance. Mais ils devraient pouvoir quitter l'hôpital dès demain !