Je n'étais pas très sure de moi. Pour ainsi dire, vraiment pas. Je savais pourtant qu'il n'y avait aucun danger. Je regardais nonchalamment le poignard sur mon lit. C'était peut-être le bon moment, qui sait ? Ce dont moi j'étais sure, c'était de mon amour pour une personne qui lui, était amoureux d'une autre. Une sorte de triangle amoureux sans fin. Et pour y mettre fin justement, il faut que l'un des membres arrête sa fixation sur la personne concernée ou bien… Qu'elle se retire complètement du monde.

Et c'était exactement ce que je comptais faire. Du moins, ça me semblait une bonne idée jusqu'à ce que je vole un grand couteau en cuisine aux domestiques. Il était là, posé. Il pensait que j'étais qu'une dégonflée, une moins que rien. C'est alors que, résignée, j'empoignais la lame froide. Je la fis d'abord parcourir lentement mon avant-bras, appuyant parfois plus fort jusqu'à faire couler une fine goutte. Je montais doucement. Ma peau d'albâtre réagissait à ce contact inhabituel. Jusqu'à enfin retrouver ma gorge. Haletante. Je sentais mes artères, veines, capillaires et autres vaisseaux sanguins palpiter nerveusement sous la lame. Pourtant, c'était le moment. Avant d'y mettre fin, je pensais très fortement à la pauvre dame de compagnie que j'étais. La pauvre chose. La simple femme aux yeux de tous… Pâle, à côté de Katherine. Beaucoup moins jolie à côté de Katherine. Tellement moins rigolote à côté de Katherine.

Quand je me suis enfin décidée à entamer la chaire, quelqu'un ouvra la porte. Je fis face à ma plus grande faiblesse dans ce monde. Il planta son regard dans le mien. Puis descendit lentement vers le geste que je m'apprêtais à faire. Ses yeux se grandirent d'effroi, et pour une fois, je me sentais importante pour lui. J'appuyais alors d'un coup sec, mes yeux ne le quittaient pas. Il accouru vers moi, et c'est à ce moment seulement que je murmurais à son attention…

- Je t'aime Stefan.