Résurrection
Chapitre 1 : Résurrection
C'était toujours le même rêve, mais pour lui, il s'agissait plutôt d'un cauchemar. Il se trouvait sur la grande place devant l'Opéra Garnier, semblant chercher des yeux une connaissance. Tout à coup, il aperçu une jeune femme qui se tenait debout, le dos tourné, à quelques mètres de lui, comme si elle l'attendait. Il s'approcha d'elle, mais à chaque fois qu'il allait presque la toucher, elle disparaissait. Mais cette fois-ci, le rêve était différent. Il couru vers elle à en perdre haleine, tendit une énième fois le bras et réussi enfin à attraper l'objet de ses désirs. La jeune femme se retourna et le regarda droit dans les yeux. Mais ce n'était pas ce à quoi il s'attendait. Devant lui se tenait le visage grimaçant de la mort.
Il poussa un hurlement et se réveilla en sursaut. Assis dans un lit, tentant peu à peu de calmer sa respiration haletante et les battements saccadés de son cœur, il regarda autour de lui. Il se trouvait dans une grande chambre richement décorée, baignée par les rayons du soleil qui traversaient la porte vitrée qui lui faisait face. Des plantes fleurissaient la terrasse. Il repoussa les draps de soie et tenta de se mettre debout. Ce geste anodin lui arracha un nouveau cri, de douleur cette fois-ci. Il s'examina et s'aperçu qu'il ne portait qu'un bas de pyjama, dans lequel son maigre corps semblait flotter. Un bandage entourait son torse et il réalisa soudain qu'il avait mal un peu partout, mais c'était sa jambe droite qui le faisait le plus souffrir. Il avisa une béquille posée à côté de lui et s'en servit pour se mettre debout. Péniblement, il trotta jusqu'à la porte vitrée. Il contempla le magnifique paysage qui s'offrait à ses yeux. Et soudain, tout lui revint en mémoire.
Il se rappelait de tout. Les tragiques évènements des derniers jours défilèrent dans sa tête. De l'enlèvement de Christine dans son antre souterraine dans les profondeurs de l'Opéra Garnier, de la foule grondante et menaçante qui se rapprochait de plus en plus, de sa tentative de fuite éperdue dans les rues de Paris, jusqu'à ce qu'il finisse encerclé, acculé contre un mur au bord de la Seine. A ce moment-là, quelques hommes et femmes courageux s'approchèrent du monstre, de la créature apeurée, et ils déversèrent sur lui toute leur haine, leur rancoeur, leurs frustrations accumulées au fil de leur existence. Après en avoir fini avec lui, la foule jeta son corps dans la Seine. Mais tout cela n'avait servi à rien. La mort elle-même n'avait pas voulu de lui.
Comment donc était-il arrivé jusqu'en ces lieux ? Quelle était l'identité de son mystérieux sauveur ? Tant de questions sans réponses se bousculèrent dans sa tête.
Mais en cet instant même, une seule et unique chose l'importait. Vivant, il était VIVANT !!!
