Une petite fiction que j'ai pris plaisir à écrire. Pour une fois, il ne s'agira pas d'aider Katniss à se reconstruire après la révolte, mais bel et bien Peeta. Bonne lecture !

Ps : quelques éléments sont susceptibles de s'écarter de l'original. Ceci est une fiction.
Rated T je précise, et non M.


Chapitre 1 : Reviens-moi.

-Je te déteste, je te déteste! Crève sale mutation!

Ces mots sortis de la bouche de celui que j'aime me déchirent une fois de plus le cœur. La douleur est tellement intolérable que je me demande parfois si tout cela est réel, et pourtant, il faudra bien que je m'y habitue puisque la moindre de mes apparitions le révulse désormais et le met hors de lui. Il m'arrive de me replonger dans le passé et de rêver de cette époque révolue où il disait m'aimer et être prêt à mourir pour moi, mais je sais bien qu'il ne sera jamais plus le même. Que je suis bête de le faire souffrir chaque jour en lui imposant ma vue dans le vain espoir qu'il se souvienne de moi, non pas comme d'une monstruosité mais tel qu'il me connaissait. Parfois il m'arrive même de le croire, de rejoindre son point de vue et de me traiter moi-même de monstre quand je retrace le parcours que j'ai fait.

Je referme lentement la porte sur moi et me tourne vers Haymitch qui me lance un regard compatissant. Derrière, j'entends encore les cris de Peeta qui m'apostrophent. Soudain la colère m'emporte. Je suis si sotte de me raccrocher à une chimère. Si je n'avais fait exploser le champ de force, rien de tout cela ne serait arrivé et Peeta n'aurait pas eu l'esprit dérangé. Je me tourne vers Haymitch et déverse ma frustration:

-Tout ça ne rime à rien, aujourd'hui c'est le dernier jour où il me verra. Je m'en vais je quitte le capitole.

Mon mentor tente de me rattraper mais je me dégage de son étreinte.

-Voyons Katniss, tu ne peux pas le laisser en plan, pas après tout ce qu'il a fait pour toi.

- Tout ce à quoi j'arrive pour le moment, c'est de créer une souffrance mutuelle.

-Ce n'est pas une raison pour abandonner.

Je regarde Haymitch avec tristesse.

-ça fait deux semaines déjà. Deux semaines de trop. Peeta ne sera plus jamais le même. Peeta…je tremble et ose à peine le formuler, refusant d'y croire. Peeta est parti.

Je le laisse sur ces mots et descends l'escalier. Cette fois-ci il ne cherche pas à me retenir.

-Merci d'être venue Mademoiselle Katniss, à demain, disent les infirmières d'un ton souriant.

Je n'ai pas la force de leur répondre que je ne viendrai plus. Les passants du Capitol me saluent alors que je monte dans le taxi. Je claque la portière alors que Jacob, mon fidèle chauffeur remet ses gants, prêt à me reconduire à la maison où je séjourne depuis deux semaines, c'est-à-dire depuis notre victoire sur le Capitol.

-Jacob, pourriez-vous me conduire à la gare?

Mon chauffeur me regarde d'un air surpris.

-Vous nous quittez mademoiselle?

-Oui, mon séjour se termine aujourd'hui, dis-je sans pouvoir cacher une pointe d'émotion.

Arrivée à ma résidence, je monte rapidement chercher ma valise tandis que Jacob m'attend dans la voiture. Maintenant que la paix est revenue, je devrais me sentir mieux. Bizarrement, c'est tout le contraire. Jamais mon âme n'a été aussi tourmentée. Depuis la révolte je suis acclamée telle une héroïne. Les gens me regardent avec un respect exagéré que je ne mérite pas. J'ai tout ce que je veux et en même temps plus rien de ce à quoi je tenais. J'ai tant perdu à cause de cette guerre. J'ai vu mourir trop de gens. Et trop de gens sont morts à cause de moi.

J'entasse rapidement quelques affaires qui traînent, pressée de partir au plus vite lorsque le téléphone sonne d'un coup. Je me fige et une série d'images horribles défilent en flash-back. J'ai toujours détesté les coups de téléphone qui sont synonymes de mauvais augure. Je fixe encore le téléphone et hésite à répondre mais celui-ci se fait plus vibrant encore et c'est presque à contrecœur que ma main se tend pour atteindre le combiné.

-Oui? Fis-je d'une voix mal assurée.

-Katniss, c'est Haymitch.

Il a une voix grave et je sais tout de suite que quelque chose est arrivé. Je serre plus fortement le combiné.

-Les docteurs sont passés. Ils ont dit que cela ne servait plus à rien de garder Peeta. Il passe ses journées à délirer et rien ne semble pouvoir lui rendre sa raison. Je…je crois…

-Quoi ? Qu'est-ce que tu crois ? Le pressai-je, la respiration haletante.

-Je crois qu'ils vont l'euthanasier.

Je tombe littéralement au sol. Mes mains tremblent si fortement que le combiné m'échappe et je suis obligée de me mettre à tâtons pour le récupérer. Mon visage est mouillé et je suis entièrement crispée pour éviter qu'il ne m'entende pleurer. Un cri s'échappe malgré moi. Je me ressaisis et hurle au combiné :

-Non, ils ne peuvent pas faire ça ! Je leur interdis ! Dis-leur que je leur interdis de l'enlever à moi ! C'est tout ce qu'il me reste.

-Mais Katniss…je croyais que tu allais partir, dit-il d'un ton désolé.

-Qui a dit ça ? Je rugis. Bien sûr que non je ne pars pas ! J'arrive de suite ! Ne touchez pas à Peeta. J'arrive.

-Très bien Katniss, je vais les retenir, mais fais vite.

Je raccroche et descends en vitesse en essuyant mes larmes. Je monte dans le taxi comme une forcenée et demande à Jacob de prendre la direction de l'hôpital. Il me dévisage, mais ne me pose pas de question, alors même qu'il me voit sécher mes larmes. Il se contente de hocher la tête et démarre la voiture.

-Merci Jacob, j'aime votre tact. Ça ne fait pas longtemps que je vous connais, mais vous êtes quelqu'un de bon.

-Merci Mademoiselle.

Nous arrivons au Capitol qui s'est transformé depuis en hôpital pour accueillir les nombreuses victimes de la révolte. Je congédie Jacob et monte les marches quatre à quatre. Je traverse le couloir au pas de course, me dirigeant vers la chambre 22, chambre qu'Haymitch a choisi comme bastion pour veiller auprès de Peeta plus facilement. Il n'a plus de maison depuis. En fait, il n'y a même plus de district. On a décidé que les districts n'existeraient plus après la victoire. J'ai juste le temps d'apercevoir un sourire malicieux sur le visage d'Haymitch qui disparaît aussitôt.

-Tu viens de sourire ! M'indignai-je.

-Mais qu'est-ce que tu racontes ! S'emporte-t-il. Comment pourrai-je être d'humeur à rire alors qu'on s'apprête à condamner Peeta !

Devant mes soupçons, Haymitch enchaîne :

-Il faut trouver une solution, montrer que tout n'est pas perdu pour Peeta, qu'il ne faut pas baisser les bras !

-Je veux bien, mais comment ?

-Je ne sais pas, dit-il, prenant une pose pour réfléchir. Si seulement…

-Pas besoin de réfléchir, je m'en vais leur dire deux mots aux médecins moi ! Criai-je en levant mon poing.

-Who du calme Katniss ! Cela ne fera qu'accélérer les choses, il faudrait leur proposer une alternative. Ça y est, j'ai une idée, mais elle est risquée.

-Dis toujours.

-Et si Peeta se réhabituait lentement à la vie normale, il ne serait plus un danger pour la société.

-ça risque d'être dur, son état est instable.

-Peut-être pourrais-tu l'aider ?

A cette proposition je ne peux m'empêcher de rire. Mais pas d'un bon rire, comme quand Peeta réussissait à me faire rire, non. Un rire grotesque et vulgaire que je méprise moi-même.

-Il va me sauter dessus à la moindre occasion. Tu proposes peut-être que je le laisse me trucider ?

-Dans l'état des choses, c'est vrai que c'est ce qui se passerait à coup sûr. Mais, imagine que…je ne sais pas moi, qu'il ne te reconnaisse pas par exemple. Est-ce que tu serais prête à l'aider ?

-Mais bien entendu, pour qui me prends-tu ? Je serais prête à tout pour que Peeta puisse se reconstruire ! Même à ce qu'il ne me reconnaisse pas.

-Parfait, alors l'affaire est dans le sac. L'idée est risquée, mais le jeu en vaut la chandelle, surtout depuis que j'ai ton soutien.

-Que… ? Mon soutien ?

-Oui oui. Les docteurs m'avaient proposé une autre alternative. Celle d'effacer le passé de Peeta afin qu'il puisse repartir sur de bonnes bases. C'est bien entendu une opération risquée, mais c'est toujours mieux que de le laisser errer pour toujours entre le réel et l'imaginaire construit de toute pièce par le Capitol.

Il ouvre la porte et se dirige vers la salle des médecins. Je le suis à pas pressés.

-Et je t'ai donné mon soutien ?

-A l'instant ma chère, et je t'en remercie. Je me voyais mal aider un Peeta amnésique à refaire sa vie tout seul. Heureusement que tu veux bien t'occuper de Peeta avec moi.

Il vire vers la gauche et je m'apprête à protester mais nous arrivons à destination.

-Attends-moi ici, je n'en ai pas pour longtemps.

Avant que je ne puisse dire le moindre mot, il referme la porte sur moi. Je reste dans le couloir froid les bras ballants. Après avoir vainement essayé d'entendre quelque chose, je m'assois, résignée, les mains soutenant ma tête. Je pense à Peeta. C'est vrai, j'avais moi-même souhaité ne plus voir Peeta souffrir. C'était aussi pour cela que je ne voulais plus le voir. Pour ne plus lui causer de souffrance, car moi j'en aurai toujours, même loin de lui. L'idée de ne plus le voir rouvrir les yeux me glace. Après un long moment la porte s'ouvre enfin. Les docteurs sortent, suivis de mon mentor.

-Mademoiselle Everdeen, merci de votre accord.

-Alors, il ne sera pas euthanasié ? M'empressai-je.

Les docteurs me regardent bizarrement, et c'est Haymitch qui intervient :

-Ha, bien sûr que non Katniss voyons, haha. Pourquoi parles-tu d'euthanasie? Peeta va subir son opération demain matin, et si tout se passe bien, il devrait se réveiller le lendemain, n'est-ce pas docteurs ?

-Si tout se passe bien ? M'étranglai-je. Combien de pourcentages de réussite docteurs ? Est-ce que c'est une opération lourde ? Est-ce que Peeta aura mal ?

-Calmez-vous Mademoiselle, dit un vieux docteur à la moustache blanche. Une opération comporte toujours des risques, mais celle-là n'est pas une opération lourde, il n'y a donc pas lieu de vous inquiéter. Nous allons essayer de déblayer les pensées qui ont été « implantées » en Peeta, mais cela effacera sûrement ses autres souvenirs. Vous incluse malheureusement.

-Moi incluse, répétai-je bêtement. Peeta ne me connaîtra plus. Je n'aurai donc jamais existé pour lui.

-Tu préfères ça plutôt qu'il ait une mauvaise image de toi, non ?

Je hoche de la tête mécaniquement, mais j'ai dû mal à saisir tout ce que cela représente. Moi envolée de sa mémoire.

-Et il ne se souviendra vraiment plus de rien ?

-C'est ce que nous espérons, acquiesce le moustachu. Mais nous nous devrons de surveiller son comportement de près afin d'anticiper les éventuels effets secondaires. Ce sera notre première opération de ce type.

-Bien, dis-je le cœur serré. C'est sans doute ce qu'il y a de mieux.

Autant l'avouer de suite, je n'ai pu fermer l'œil de la nuit. J'ai planté mes ongles dans le matelas et ne les ai retiré que tôt dans le matin.