Chapitre 1

Rentrant à peine du lycée je décide de tenter de me détendre quelque peu avant de remplir mon labeur quotidien à base de corvée ménagère et de devoir scolaire. Je décide donc d'allumer la télévision histoire d'abrutir mon cerveau sur quelques télé-réalités quelconques. Malheureusement pour moi, à la place d'une sitcom bon marché, un présentateur bien peigné, type gendre idéal, un air grave -surjoué- sur le visage, annonce une nouvelle catastrophe.

"Flash info : Aux États-Unis dans l'état du Maine une nouvelle école à été victime d'un attentat entraînant la mort d'une classe entière. Cependant les terroristes ne s'en sont pas arrêtés là et ont procédés à l'enlèvement de deux autres enfants, afin de demander une rançon."

Mais dans quel monde vit-on... Les conflits ne cessent de se renouveler ne trouvant jamais de paix durable. La famine dans les pays du tiers-monde ne cesse de s'aggraver et commence à toucher même certains pays autrefois sans difficultés. J'ai la chance d'être née dans un pays dit riche, ce qui sous-entend qu'on aurait une vie facile et qu'on est censé ne pas avoir le droit de se plaindre. Or la réalité des faits est que la dureté de la vie est présente partout, les injustices et différences sociales se faisant de plus en plus grande et les pays développés sont la meilleur façon de percevoir clairement ces inégalités. Pour achever de compléter ce sinistre tableau, ces pays riches, devenant des lieux d'exode des peuples y voyant un espoir de vie meilleure, deviennent surpeuplés et se crée alors des problèmes sanitaires liés à la pollution déversée par les villes.

Là je ne fais qu'évoquer le cadre général de l'époque dans laquelle je vis. Pour ce qui est de mes propres problèmes, j'oscille entre l'absence d'un père ayant fui ma mère à ma naissance et une mère alcoolique n'ayant pour objet de dépense que l'alcool qu'elle consomme. Justement la voilà, interrompant mon flux de pensés négatives.

« Alex, t'as rien d'autres à foutre que de traîner devant la télé ! Va me servir à boire, j'ai soif ! »

Mais elle a toujours soif de toute façon... Je vais à la cuisine, lui servir un verre de Whisky, comme tout les soirs.

« Demain on est invité chez Mamie pour son anniversaire je te rappel. Y aura tout le monde alors t'essayeras de te rendre présentable! »

Je serais toujours plus présentable que toi, ivrogne, et puis je déteste les repas de famille elle le sait bien. Je me sens pas à ma place dans cette famille, personne ne partage mes passions et je ne m'intéresse absolument pas à leurs discussions. Résultat je passe pour un asocial qui vit dans son monde ce qui fait de moi la cinquième roue du carrosse familial. Celui à qui on ne propose jamais aucune activités, qu'on invite jamais en vacance et dont les cadeaux de Noël sont toujours les plus dénués d'intérêts.

Je lui donne son verre ainsi que la bouteille qui va avec puis je pars me réfugier dans ma chambre, seul endroit sur cette planète où je me sens bien, serein. J'entre ainsi dans mon sanctuaire aux murs tapissés de différents poster au sol jonché de peluches et aux étagères remplie de jeux vidéo ayant pour thème ma principal passion, les pokémon. Je suis totalement fou de ces centaines de petites bestioles à collectionner. Cette passion m'est venu suite à l'unique signe de vie que j'ai reçu de mon père depuis ma naissance. C'était un soir de Noël je n'avais alors que 8 ans et j'ai entendu ma mère hurler de rage dans le salon. Je suis alors allé voir ce qu'il se passait et je l'ai vu jeté un paquet dans la poubelle en criant :

« Tu m'as abandonné et maintenant tu espères te racheter ! C'est trop facile ! »

Ma curiosité l'avait emporté sur la peur de me faire prendre et je décidait d'aller repêcher le colis dans la poubelle. Je l'emmenais dans ma chambre et y vit « Pour Alexandre ». La curiosité s'amplifiait de plus belle et j'ouvris le paquet. Celui-ci contenait une version Rouge de pokémon sur Game Boy, le jeu que ma mère à toujours refusée de m'acheter sous prétexte que je passais déjà bien trop de temps enfermé dans ma chambre à "m'abrutir" avec les jeux vidéos. Il y avait également une lettre où était écrit « Un tout nouveau monde de rêves, d'aventures et de pokemon t'attend » signé « Papa ».

C'est ainsi que commençât cette passion dévorante qui, loin d'être une lubie enfantine, n'a fait que se renforcer au fil des années. Cet univers me sert en réalité d'échappatoire au monde dans lequel je vis qui ne cesse d'aller de mal en pis. En effet, comparé à notre monde celui des pokémon est bien plus joyeux. On y parle jamais de meurtre ou d'attentat, la plupart des gens sont très gentil avec vous quand vous leur parlez au lieu de soit vous ignorer soit vous insulter. Bon d'accord il y a aussi des voyous mais il finissent toujours par se faire battre et tout se termine bien. On a également un objectif qui est de réunir tout les badges d'arènes afin de pouvoir affronter le conseil des 4 et devenir maître de la ligue pokémon. Ça fait quand même beaucoup plus rêver que de faire des études pour pouvoir exercer un métier qu'on est même pas sur d'avoir non ? Puis surtout, il y a les pokémon ! Il y en a de tout les types, de tout les formes et de toutes les tailles, donc pour tout les goûts. Du mignon Rondoudou au puissant Dracaufeu il est impossible de ne pas aimer au moins l'une de ses bestioles.

« Alex ! Va me chercher une autre bouteille ! »

« D'accord M'man! »

Me voilà à nouveau de corvée pour chercher la boisson de ma mère qui ne cesse de sombrer dans l'alcool. N'étant toujours pas majeur la plupart des boutiques du coin rechignent à m'en vendre, je dois alors me rendre dans une rue malfamée où un vendeur peu scrupuleux et peu regardant sur l'âge de ses clients n'hésite pas à me vendre tout et n'importe quoi pourvu qu'il gagne de l'argent. J'arrive donc dans cette boutique et achète la bouteille de whisky dont j'ai besoin pour ma mère puis ressort en pensant au temps que j'aurais à jouer ce soir avant d'aller me coucher. Alors que je suis perdu dans mes pensés, mon chemin est tout à coup stoppé par un des loubards traînant régulièrement dans ce quartier. Je relève la tête et je le vois lorgner sur la bouteille de whisky que je tient dans les mains. J'avoue ne pas avoir été très prudent, perdu que j'étais dans mes pensées.

« Tu va me donner cette bouteille sans faire d'histoire, ok ? »

Mon esprit sentant le danger je me met à réfléchir deux fois plus vite qu'à la normal. Je sais que si je rentre les mains vide ma mère risque de me passer un savon comme elle seule en a le secret mais je ne souhaite pas me faire cogner pour autant. Je regarde l'environnement qui m'entoure, cherchant une solution pour échapper à cet homme. Je remarque alors une ruelle sur ma gauche qui passe pas l'arrière du restaurant où j'allais souvent avec ma mère avant qu'elle ne devienne ce qu'elle est désormais. J'ai de bonnes jambes et l'effet de surprise de mon coté, je peux y arriver. Seul bémol, une ruelle où une voiture passe une fois par an si j'ose dire. Mais bon, il n'y a pas de raison qu'il y ait comme par hasard une voiture qui me bloque le chemin et je n'ai pas vraiment le choix. C'est parti. Je prend mes jambes a mon cou et file droit en direction de la ruelle, qui comme d'habitude est inoccupée, et bifurque à droite afin de retourner sur la rue principal. J'ose un rapide regard en arrière, je ne suis pas suivi. Je reprend alors mon calme et, d'un pas rapide, reprend le chemin du retour. L'esprit encore sous l'effet de l'adrénaline je ne prête pas attention à la circulation et traverse la route. Un grand coup de klaxon me désenbrume l'esprit. Je tourne la tête et vois un énorme camion de marchandise se diriger droit sur moi. Il est bien trop près pour pouvoir l'éviter et semble rouler trop vite pour pouvoir freiner à temps. Je me dis que ça y est... c'est la fin. Ma dernière action est de lâcher la bouteille de Whisky que je n'aurais même pas le temps de voir se briser au sol car un flash aveuglant m'éblouit d'un coup et puis... plus rien. Je me sens soudain bien plus léger, comme si je flottais dans les airs, la blancheur du flash disparaissant à mesure que je perd connaissance.

N'hésitez pas à poster vos reviews, j'y répond toujours.