Not to touch the Earth
Chapitre 1 : Et il tomba…Harry ! hurla Ginny.
Elle se précipita vers lui, affolée, sans se soucier des élèves autour d'elle, des Mangemorts ricanants et de leur maître, debout face à celui qu'elle aimait. Elle vit juste cette lumière aveuglante le frapper en pleine poitrine. Harry se plia en deux sous le choc et il tomba en arrière. Ginny sentait quelqu'un qui la retenait, qui la tirait en arrière. Elle résistait, se débattait, criait. Harry se redressa, les lèvres serrées et les sourcils froncés, le corps tremblant, et leva sa baguette. Voldemort, remarquant l'effort désespéré de l'adolescent à bout de forces, cessa de rire et leva à son tour sa baguette.
Avada Kedavra !
Ginny ferma les yeux, serrant ses paupières le plus fort possible. Quelqu'un la secouait violemment.
Ginny, regarde ! cria Hermione. Harry, il…
La jeune fille ouvrit les yeux. Harry était là, si près d'elle, mais il semblait être différent. Debout, les jambes écartées, le bras levé, il était entouré d'une puissante aura vert émeraude. L'Avada Kedavra qu'il avait lancé semblait se prolonger indéfiniment. Ginny se rendit compte qu'il ne s'agissait pas d'un sort ordinaire. L'essence même de ce sort semblait émaner de l'intérieur d'Harry pour venir frapper Voldemort en lui-même, lui arrachant son souffle, son âme, sa vie. Celui-ci, d'abord grimaçant de haine, paraissait maintenant terrifié. Plusieurs Mangemorts l'entouraient, essayaient de l'arracher à cette violente lumière qui le détruisait, mais rien n'y faisait. Il ne pouvait pas faire un geste. A mesure qu'il s'affaiblissait, l'aura entourant Harry diminuait. Lorsque Voldemort tomba, les bras en croix, la lumière verte disparut. Harry tomba, replié sur lui-même. Ginny se jeta sur lui. Plus personne ne la retenait désormais. Les Mangemorts étaient massés autour de Voldemort, tandis qu'un large cercle, composé d'élèves de Poudlard, se formait autour d'Harry. Ginny s'assit sur l'herbe, tout contre lui. Elle l'allongea sur le dos, posa sa tête sur ses genoux et caressa ses cheveux. C'est alors qu'elle remarqua à quel point ses yeux étaient sombres.
Harry, murmura-t-elle, la voix noyée au milieu de ses sanglots. Harry… s'il te plaît… ne meurs pas… s'il te plaît… réveille-toi…
Une main se posa sur son épaule. Elle leva un visage larmoyant. Dumbledore la regardait, les yeux étincelants de fureur et de tristesse.
Miss Weasley, vous allez l'amener à l'infirmerie. Il faut faire vite si vous voulez avoir ne serait-ce qu'une infime parcelle de chance de le sauver. Les Mangemorts nous attaquerons bientôt. Emmenez-le en sécurité.
La jeune fille hocha la tête et se releva lentement, posant doucement la tête d'Harry sur le tapis d'herbe verte. Elle leva sa baguette :
Mobili corpus.
Le corps sans vie d'Harry s'éleva à quelques dizaines de centimètres au-dessus du sol. Marchant aussi vite qu'elle l'osait, la jeune fille abandonna le parc de Poudlard et se rapprocha du château. A quelques mètres de la porte, elle s'aperçut que deux ou trois Mangemorts s'éloignaient de leur maître pour la suivre. Elle pressa le pas, mais ils se mirent à courir. La jeune fille s'arrêta et se retourna. Ils étaient encore loin, mais elle les vit ricaner. Pensaient-ils qu'elle n'était pas capable de les affronter ? Elle pointa le plus proche de sa baguette.
Stupefix !
Il y eut un éclair rougeoyant et il s'écroula, paralysé. Elle eut le temps de stupéfixier les deux autres avant qu'ils ne se rapprochent dangereusement. Elle se retourna alors vers Harry. Le sort grâce auquel Ginny le faisait flotter dans les airs avait été rompu et il gisait sur le sol.
Oh, par Merlin, Harry ! Je suis désolée. Mobili corpus.
Son corps inerte s'éleva de nouveau et la jeune fille reprit sa marche d'un pas rapide. Lorsqu'elle atteint les portes du château, elle jeta un regard inquiet autour d'elle. Un bruit sourd provenait de l'endroit où Voldemort était tombé. Elle frappa plusieurs coups.
Qui est là ? fit la voix désagréable de Rusard.
Ginny Weasley. Ouvrez, s'il vous plaît, Harry est avec moi. Je crois qu'il va mourir.
Elle entendit qu'il déverrouillait la porte. Elle entra. Il la regarda de haut en bas, puis son regard se tourna vers Harry.
Que s'est-il passé ? demanda-t-il en refermant les innombrables verrous magiques qui ornaient la porte.
Je ne sais pas exactement. Je crois que Vou… Voldemort est mort. Et Harry… il est tombé…
C'est bon allez-y !
Ginny se précipita à l'infirmerie. Mrs Pomfresh l'accueillit avec un air inquiet.
Que s'est-il passé, Miss Weasley ? Je veux dire : racontez-moi ce que vous avez vu.
Il est vivant ? fit la jeune fille alors que l'infirmière allongeait Harry sur un lit.
Bien sûr qu'il est vivant ! Son pouls est très faible, mais il bat encore. Donnez-moi ce flacon rouge, là-bas, et dites-moi ce que vous avez vu.
Ginny attrapa le flacon et lui tendit tout en rassemblant ses souvenirs malmenés par les émotions fortes.
Il y avait… une aura verte autour de Harry…
Petit à petit, tout lui revint à l'esprit. L'air soucieux de l'infirmière s'aggrava un peu plus. Elle ouvrit la bouche de Harry et y déversa une grande quantité du liquide contenu dans le flacon rouge.
Si ceci ne le réveille pas… C'est un énergisant puissant qui sert généralement pour les comas profonds. Après la première gorgée, le patient commence à s'agiter et il s'éveille après plusieurs heures.
Et si ça ne marche pas ?
Il faudra le transférer à Ste Mangouste.
Oh !
Vous savez, Miss Weasley, commença l'infirmière d'une voix étonnamment douce, le sort qu'il a jeté a puisé profondément dans ses réserves les plus secrètes. Si ça ne marche pas, il est possible qu'il ne se réveille jamais. Une âme endommagée est très longue à reconstruire. Regardez comme il est pâle. C'est son corps tout entier qui a fourni l'essence de ce sort.
Les yeux emplis de larmes naissantes, Ginny fixait le sol. L'infirmière posa sa main sur son épaule et dit d'une voix plus forte :
Maintenant, Miss Weasley, vous pouvez toujours vous battre pour lui. Vous allez me refaire de cette potion. Venez avec moi.
Elle la mena à son bureau où elle lui donna un protocole expérimental et tous les ingrédients nécessaires à la confection de la potion.
Je sais que cette potion est difficile. J'ai moi même le plus grand mal à la préparer. Mais je sais qu'avec de la concentration et de la volonté, vous y arriverez. Je vais retourner auprès de notre malade pour lui administrer d'autres rations de potion.
Lorsqu'elle fut sortie, Ginny laissa couler ses larmes. Il ne se réveillerait probablement jamais. Il vivrait seul, allongé dans un lit à Ste Mangouste, sans avoir conscience du monde autour de lui, sans jamais avoir conscience qu'elle l'aimait. Elle l'aimait à en mourir. Non. Elle se battrait. Elle allait faire cette potion. Elle allait le ramener à la vie.
Quatre ans plus tard
Je viens voir Mr Harry Potter.
Bien sûr. Je crois qu'ils l'ont changé de chambre. Laissez-moi regarder.
Oui.
C'est cela. Il est toujours au quatrième étage, mais à la chambre douze. C'est ce nouveau médecin qui s'occupe de lui maintenant. Je ne me souviens pas de son nom ! En tous cas, il est très séduisant, vous savez.
Merci beaucoup, Mademoiselle.
De rien. C'était un plaisir.
Ginny laissa la jeune hôtesse d'accueil et monta au quatrième étage, en faisant attention à ne pas abîmer le bouquet de fleurs qu'elle portait. C'était l'anniversaire de Harry aujourd'hui, et cela faisait plus de quatre ans qu'il était à la clinique Ste Mangouste. Elle salua un vieux malade qui était soigné depuis de nombreuses années. Rien ne changeait vraiment. Toujours les mêmes patients, les mêmes maladies, et les mêmes médecins incapables de ramener Harry à la vie. Au Ministère, dans le Département de la Santé où elle travaillait depuis qu'elle était sortie de Poudlard, elle faisait tout pour que la recherche progresse, mais son supérieur hiérarchique ne lui laissait pas beaucoup de liberté financière, ce qui empêchait bon nombre de ses projets de voir le jour.
Quelle chambre avait dit cette hôtesse ? Chambre quatorze ? Non, douze. Ginny poussa la porte.
Ginny !
Hermione ! Ca fait plaisir de te voir. Qu'est-ce que tu fais ici ?
Je suis venue voir Harry pour son anniversaire. Je lui ai apporté des fleurs.
Oh ! Toi aussi ? Alors, comment va-t-il ?
Je ne sais pas exactement. Je ne suis ici que depuis dix minutes. J'espérai voir ce nouveau médecin dont les infirmières parlent tant, mais tant pis ! J'ai un énorme dossier qui m'attend.
Pauvre Hermione ! J'espère qu'on se reverra bientôt.
Moi aussi. Passe le bonjour à Ron pour moi, ajouta-t-elle avec un sourire malicieux.
Bien sûr, murmura Ginny avec un air triste lorsque Hermione eut refermé la porte.
Elle posa les fleurs sur une petite commode et tira une chaise près du lit de Harry. Elle ne l'avait pas vu depuis plus de trois semaines à cause d'un important dossier de financement qu'elle avait eu à monter. L'argent… Tout se résume toujours au même problème. Les joues de son ami avaient repris quelques couleurs. Elles s'étaient aussi ornés de quelques poils. Il n'avait visiblement pas été rasé depuis plusieurs jours. La jeune femme trouvait que cette légère barbe le rendait plus séduisant encore. Elle prit la main qui reposait sur la couverture entre les siennes et fixa les yeux verts aux reflets encore sombres, comme elle le faisait chaque fois.
Bonjour, Harry, murmura-t-elle. Bon anniversaire. Ça fait longtemps que je ne suis pas venue. Je suis désolée. J'ai eu beaucoup de travail. Hermione vient juste de partir. Tu aurais beaucoup ri si… si tu avais pu la voir. Ron et elle, c'est toujours en formation et…
La porte s'ouvrit doucement. Ginny leva la tête. Un jeune homme blond se tenait sur le seuil, vêtu d'une blouse blanche où était épinglée une étiquette. On pouvait y lire son nom. « Dr Draco Malfoy. » Elle laissa retomber la main d'Harry.
Toi ! s'exclama Ginny. Qu'est-ce que tu fais ici ?
Je travaille ici. Mr Potter est mon patient.
Oh, Merlin, non, ce n'est pas possible, fit la jeune femme dans un souffle.
Ma foi, si. Qu'est-ce que tu as contre moi ?
Ils n'ont pas pu te laisser t'occuper de lui ! C'est… c'est…
Oui ?
C'est absurde !
Et pourquoi ?
Il te déteste !
Pour l'instant, il n'est pas en mesure de détester qui que ce soit, il est dans le coma.
Ginny baissa la tête. Draco s'approcha et jeta un œil à son patient, avant de reporter son regard sur la jeune femme.
Je suppose que ça t'intéresserait de savoir comment il va.
Elle ne réagit pas. Il n'était pas capable de détester. Il était dans le coma. Il ne pouvait pas l'aimer. Se souvenait-il seulement de son nom ?
Ginny ?
Elle sursauta.
Ca te dérange que je t'appelle par ton prénom ? Comme tu veux. Je trouve ça ridicule.
Tu as changé.
Non. J'ai grandi.
Peut-être.
Alors, veux-tu savoir comment il va ?
A quoi bon ? Il est dans le coma. Rien n'a changé.
Au contraire. Ton travail pour faire progresser la recherche a permis de mettre au point une nouvelle potion. J'ai travaillé à son élaboration l'an passé, après avoir passé un diplôme de Médicomage. Quoiqu'il en soit, elle a été administrée à Mr Potter.
Il parlait maintenant d'un ton très professionnel et Ginny se surprit à l'écouter passionnément.
Comme tu peux le voir, il a retrouvé quelques couleurs. C'est simplement un effet physiologique. Il y a trois jours, nous avons pu faire des enregistrements de l'activité de son cerveau qui prouvent qu'il rêve. Rien n'est donc perdu ! Lorsqu'il a jeté le sort qui a vaincu Lord Voldemort, il a du puiser dans ses réserves, comme tu le sais, mais pas uniquement dans ses réserves énergétiques ou graisseuses. L'essence même du sort provient du fait qu'il y a mis une partie de son âme. Il a donc été touché très profondément et il aurait pu mourir, car quand l'âme faiblit, c'est le corps qui prend le relais. Or, dans ce cas, ces deux parties étaient profondément touchées. La potion que nous avons mis au point, contrairement à tout ce qui a été fait précédemment, ne soigne pas uniquement le corps. Il soigne aussi l'âme et la conscience du malade. C'est ce qui manquait jusqu'à présent. Néanmoins, il est possible que ce ne soit pas suffisant pour le ramener. Je sais que des laboratoires travaillent sur quelque chose de beaucoup plus efficace, mais ça ne sera pas disponible avant de nombreux mois. Voilà tout. Tu veux peut-être un vase pour tes fleurs ?
Hébétée, Ginny cligna des paupières.
Euh… oui… bien sûr.
Il sortit et revint quelques minutes plus tard, portant un vase rempli d'eau. Il y plaça les fleurs qu'elle avait apportées et les arrangea avec beaucoup de soin. Ginny l'observait.
Quoi ? fit-il abruptement lorsqu'il s'en aperçut.
Elle eut un air déçu.
Je croyais que tu avais changé. Mais au fond, tu es toujours le même. Tu as juste grandi.
Elle se pencha au-dessus d'Harry et déposa un baiser sur son front.
Au revoir, fit-elle avant de sortir.
Not to touch the Earth, Fin du Chapitre 1 : Et il tomba…
puis il sombra
Merci Axoo !!!!!
