*Cette fiction contient des Spoilers du TOME 3*

Cette fiction n'est pas à lire si vous n'avez pas lu Allegiant ! (qui sort le 15 mai) Je l'ai lu en Anglais, il va de soit que je sache donc ce qui s'y passe ! Vous aurez été prévenu !

Les personnages appartiennent à Veronica Roth !


Reality is a prison


TRIS

On aurait dit, qu'on m'arrachait le cœur. L'impact de la balle qui m'avait tué n'était pas ce qui me tuait. Devoir quitter Tobias était de loin la chose la plus difficile que j'eus à faire. Je ne pouvais pas m'imaginer la tête qu'il ferait quand il me découvrirait morte. Il n'est pas du genre à pleurer, mais plutôt à s'énerver. Je ne peux pas lui en vouloir. J'aurai moi-même été en colère si les rôles avaient été inversés. Mais ils ne le sont pas.

La réalité est tout autre. J'ai toujours la sensation de m'être fait tiré dessus quand je me réveille. Je suis dans un hôpital qui résonne du bip des monitoring. Il y a l'écho des voix de plusieurs personnes alors que je tourne la tête pour observer ce qui se trouve tout autour. Du blanc. Mon esprit fonctionne au ralenti, mais je sais que je me trouve dans une chambre individuelle, car personne n'est avec moi à agoniser sur un autre lit.

J'essaie de me redresser mais mon corps est lourd. Alors je me contente de ramener ma main pour retirer le tube qui encombre mes narines. En plus de ça, je retire la pince qui compresse mon index ainsi que les aiguilles et les patchs parsemés sur ma peau. Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Je devrais être morte. Et pourtant, je n'ai aucune blessure. Rien. Comme si j'avais été dans une simulation, comme si tout n'avait été qu'un... rêve.

Soudain, alors que je tente de me relever et de comprendre, j'ai le sentiment d'halluciner. Deux garçons se tiennent face à moi. Je les connais. Ils me connaissent. Mais tous deux sont morts. L'odeur de citron atteint mes narines et le regard amical de l'autre me transperce. Al et Will. Juste devant moi, bien vivant, sourient d'un air désolé. La seule chose à laquelle je peux penser et que c'est tout bonnement impossible de ressusciter d'entre les morts. Je veux pouvoir rejoindre l'autre porte qui mène probablement à l'extérieur, mais alors que mes pieds rencontrent le sol, je deviens consciente du peu de force qui réside en moi.

Will court vers moi et me rattrape in extremis. Il enroule ses bras autour de ma taille et me repose sur mon lit alors que je suis toujours plongée dans un mutisme qui me paraît sans fin.

- Tu devrais rester allongé.

Will, ce gentil garçon, cet ami qui est censé être mort d'une balle dans la tête me conseille de m'allonger. Je ne parviens pas à garder l'expression stoïque que je pouvais imiter lors des situations nécessaires. J'ai l'impression d'être plongé dans une simulation qui m'oblige à revivre les regrets de ma vie.

- Vous êtes mort, je parviens à articuler

- Tu t'es vu ? Blague Will

- Will, c'est pas le moment, le réprimande Al. Tris, écoute, je sais que c'est troublant mais...

- Toi, ne m'adresse pas la parole. Je n'ai rien oublié de ce que tu as fait.

Will nous regarde tout les deux en passant de Al à moi tour à tour. Ce dernier s'enferme dans le silence et détourne les yeux, honteux.

Je ne peux pas croire ce que je vois alors je ramène mes genoux contre ma poitrine et ferme les yeux aussi fort qu'il est possible. Je tente de me concentrer pour sortir de la simulation, comme je l'ai déjà fait plusieurs fois. Will veut me retenir dans cette illusion, en lançant des affirmations.

-Tris, c'est la réalité. Nous ne sommes pas dans une simulation.

-Non, ce n'est pas réel. Ce n'est pas réel. Je t'ai tué. C'est moi qui t'ai tué. Tu étais sous l'effet de la simulation, tu es mort d'une balle dans la tête. J'ai tiré, j'étais là. Et il a sauté dans le gouffre par lâcheté, je dis en désignant Al.

-Tout ça n'était qu'un rêve, Tris. Regarde.

Il me prend la main et la pose sur son cœur. Son corps est chaud, bien vivant, et son cœur tambourine contre sa cage thoracique. Il respire de joie, et sourit.

-Personne n'est mort. On s'est tous réveillé ici.

Personne n'est mort. Cette phrase résonne dans ma tête. Si personne n'est mort, alors les gens de ma factions, ceux tués lors de la simulation sont toujours en vie ainsi que tout les amis morts par la suite. C'est là que je me rends compte que si tout le monde est en vie, mes parents aussi. Les larmes me montent, et je me surprends à espérer très fort que ce ne soit pas une ruse, que tout ça soit vrai.

- Mes parents...

- Ils sont là, Tris. Bien en vie.

- Ça fait longtemps qu'on t'attend, déclare Al

Je sèche mes yeux. Je regarde Al qui a pris un visage concerné face à ce qu'il vient de dire. Will le réprimande du regard. Puis il souffle quand il voit que j'ai prit de l'intérêt pour ce qui vient d'être dit.

- Comment ça, « longtemps » ?

- On nous a dit de ne rien te dire pour l'instant, affirme Will

- Et je m'en contre-fiche de vos ordres.

Dans la colère, je trouve la force de me lever. Je me rapproche d'Al qui tente de faire un pas en arrière pour éviter la confrontation. Mais je l'accule contre le mur pour qu'il révèle les secrets qu'il tient caché. Il n'est pas du genre à résister longtemps face à l'affront. J'en en ai été témoin avec Eric.

- Toi, tu vas me le dire.

- Al, non.

- Elle mérite de savoir.

- Savoir quoi ?! Je hurle

Après un regard vers Will, Al lâche la bombe.

- Ça fait deux ans et demie que tu dors, Tris.

- Je suis « morte », il y a deux ans et demie ?

- C'est ça.

- Alors ce que tu me dis, c'est que tout le monde, dans ce « rêve » croit que je suis morte.

- Oui.

- Mais alors, ceux qui ne sont pas morts, enfin ceux qui dorment encore, ils sont là ?

- Pour la plupart, oui.

- Réveillez les alors !

- On ne peut pas, Tris, dit Will

La colère m'envahit, et je la relâche sur lui. C'est une frustration accumulée durant toutes ses années.

- Elle te croit mort !

Will reçoit un choc en comprenant de qui je parle. Christina. La fille qu'il aimait. Ma meilleure amie. Je croyais avoir tué son petit ami, et il est juste en face de moi, alors que je commence à douter de son existence à elle.

- Alors vous allez les réveiller, ou je vous jure que je vous tue tous jusqu'au dernier ! Et pour de vrai cette fois.

- Ils ne peuvent pas, parce que ça ne marche pas comme ça, Beatrice Prior.

Je reconnais la voix qui vient de s'élever. La personne que j'ai voulu tuer tant de fois dans la réalité comme dans mes rêves - bien qu'il s'agisse d'une notion bien incertaine maintenant - se tient juste devant moi. Jeanine Matthews. Elle est habillé d'un tailleur noir. Elle a abandonné la couleur bleue qui la caractérisait autrefois. Même ses cheveux sont maintenant plus long, et on perdu de leur éclat.

- Vous !

Je n'ai pas réfléchi à deux fois avant de tendre les bras et d'enfermer mais doigts autour de sa gorge. Elle a déjà pris une teinte rougeâtre quand Will et Al se jettent sur moi pour me faire lâcher prise. Je ne comprend pas pourquoi. Elle est la raison de leur mort, spécialement pour Will. Quand je la relâche, elle tousse en prenant des bouffés d'air et s'étale par terre en s'adossant au mur. Quant à moi, je bats des pieds alors que Will me fait décoller du sol. Il essaie d'immobiliser mes bras. Je me souviens qu'il a les bras longs et forts. Retrouver l'ami que je pensais avoir tué me calme et m'apaise. Finalement, la tension accumulé dans tout mes muscles se relâche, et je me laisse porter par Will. Il me pose sur mon lit avant de m'embrasser sur le front.

- Nous parlerons demain. Dors.

J'ai envie de lui dire que je n'ai pas sommeil, que je veux les réponses maintenant. Mais ce ne serait que lui mentir. La vérité c'est que j'ai peur à en crever, que je suis fatigué après avoir dormi pendant plus de deux ans, que la vérité je ne veux pas l'entendre, et que toute la force qu'il me reste, je veux l'utiliser pour pleurer.