'' Une famille stable en trois leçons '', '' Un guide vers la parenté '', '' Etre heureux en famille ''... Kakashi Hatake, jeune libraire, range péniblement de nombreux livres ayant tous un titre plus ou moins similaire. Pourquoi est-ce que son patron s'obstine à commander ce genre de livres ? Il y a t-il vraiment des gens pour les acheter ? Il soupire, en prenant néanmoins bien soin de tout arranger, de façon à ce que le présentoir soit le plus joli possible. Puis, en dehors de la stupidité apparente que transpirait ces livres, Kakashi en avait assez d'entendre à tout bout de champs que à son âge canonique de 28 ans, il était temps de se trouver quelqu'un et de fonder une famille. La vérité était que ce dernier n'avait jamais été intéressé par ce genre de chose. En feuilletant un des ouvrages sur ce thème, il avait pu lire que : Une famille ordinaire est composée d'un homme, d'une femme, de quelques enfants et d'un animal de compagnie. Le pauvre homme avait refermé le livre aussi vite qu'il ne l'avait ouvert. Un homme et une femme hein ? Bon. Le libraire aux cheveux argentés était donc résigné à ne jamais connaître les joies de la petite famille idéale ! Quelle décéption ! Pensait-il ironiquement. Non, Kakashi trouvait que sa vie de célibataire lui allait bien comme ça. Il se sentait plus libre, avait le droit de coucher avec qui il voulait, quand l'envie lui prenait et sans avoir à se soucier de quelconques conséquences. Puis pour être tout à fait honnête, les femmes ne l'avaient jamais réellement attiré. Il l'avait découvert assez tôt, quand tous ses copains s'extasiaient sur la nouvelle de la classe alors que lui était plutôt du genre à s'extasier sur le grand frère de cette dernière. Ca n'avait pas toujours été facile. Les enfants sont rarement tendres entre eux. Kakashi, comme beaucoup d'autre n'avait donc pas pu échapper aux diverses moqueries et humiliations de la part de ses '' camarades ''. Ce genre de persécutions laissaient alors des traces. L'homme qu'il était devenu était donc solitaire, peu enclin à faire confiance aux autres et ne croyait pas vraiment en l'amour.

Les heures passent, marquent la fin de son service alors que le soleil se couche. Un sourire se dessine alors sur son visage, une lueur semble s'allumer dans ses yeux noirs, habituellement un peu éteins. Terminer sa journée de travail signifie également qu'il va avoir le droit d'emprunter un livre de son choix : un des avantages du métier. Ce n'était pas spécialement un métier ennuyeux, loin de là, mais Kakashi préférait largement lire '' Le paradis du batifolage '' plutôt que des livres d'auteurs classiques, de la poésie ou encore de la grande littérature... On lui demandait souvent conseil dans la boutique, toujours sous le regard inquiet de son patron qui se demandait ce que son grand nigot d'employé allait pouvoir suggérer, lui qui n'avait jamais lu autre chose que '' ces fichus bouquins pornos '' comme le vieux Fuku aimait les appeler. Il n'était bien évidemment pas imperméable à la culture et aux belles oeuvres, mais lire ce genre de littérature permettait de décompresser, de se laisser emporter par une histoire un peu simplette afin de contraster avec la difficultée de la vie. Fort heureusement, les réclamations venaient très souvent de jeunes femmes ou adolescentes qui désiraient toutes tenter leur chance auprès du beau libraire de cette rue. Alors au fond, Kakashi pouvait très bien leur proposer de lire le mode d'emploi de la machine à café que ces dernières en seraient ravies ! Son nouveau livre sous le bras, toujours ce même sourire accroché aux lèvres, il fait signe à son employeur et peut enfin rentrer chez lui. Il commence à faire nuit et il n'a pas vraiment envie de se faire à manger ce soir. Comme le monde est bien fait, juste à côté de son appartement se trouve un restaurant de ramen qui propose des plats à emporter. Son nouveau livre et sa nourriture sous le bras, Kakashi est maintenant certain qu'il va passer un très bonne soirée. Quand il pousse sa porte d'entrée, seul un petit chien, bien qu'à l'air assez vieux, l'accueille en remuant joyeusement de la queue. L'argenté caresse affectueusement sa tête. Au final, lui aussi avait quelqu'un pour l'attendre à son retour.

- Pakkun, pousse toi un peu.. Oui, je vais te donner à manger, viens.

L'appartement n'est pas très grand, mais bien suffisant pour une seule personne et son chien. Ce n'est pas très bien rangé non plus mais Kakashi s'en fiche un peu. Pour lui, ça suffit largement et tant pis si sur la chaise de la cuisine se trouve un t-shirt sale qui est là depuis au moins deux semaines. Peut-être qu'il le rangerait demain, si il y pense. En même temps que sa collection de livres, éparpillés un peu partout. Et le reste de sa soirée continue de la même manière. Il est seul, ou presque, son fidèle compagnon se tient sur ses genoux alors que l'argenté lit tranquillement, ses mains parcourent les pages, ses yeux font la même chose. Il s'imprègne petit à petit de l'histoire et ne manque pas de se poser milles questions sur le futur du héros, sur ses rencontres. Dans son esprit, les histoires de famille idéale et de foyer parfait sont déjà bien loin, remplacées au fil de sa lecture par des histoires d'amour un peu niaises et des parties de jambes en l'air torides.

A l'autre bout de la rue, un homme du nom de Yamato est en train de préparer le repas. Pas question de commander ou de faire livrer quoi que ce soit, le jeune père de famille fait en sorte de préparer lui même les plats qu'il compte donner à son petit garçon. Ce dernier répond au nom de Yui et observe avec attention son papa qui cuisine pour lui et sa chère maman. Au même moment, la porte s'ouvre et une jolie jeune femme à la chevelure brune et aux yeux bleus entre dans la pièce, s'empressant d'embrasser l'enfant qui se jette sur elle. Hikari a les joues roses, le teint frais, un rire cristallin qui retentit alors que son époux arrive pour la saluer. Respectivement âgés de 30 et 29 ans, le petit couple est joyeusement marié depuis 6 ans, au même moment où la parenté s'offrait à eux. A les voir comme ça, il ne fallait pas chercher plus loin l'exemple de la parfaite petite famille heureuse et unie. La jeune femme rentre du travail un peu fatiguée et se contente de s'asseoir à table alors que Yamato lui apporte une assiette. Un délicieux bouillon garni de divers légumes s'offre à elle. Elle prend le temps d'humer la délicate odeur, puis ses yeux se pose sur son mari. Hikari est vraiment heureuse et songe au fait que jamais elle ne serait capable de trouver un homme, un père, aussi parfait que le brun aux yeux noirs qui se tient devant elle. Dès le départ, les deux avaient été de vrais inséparables. C'était aussi vrai pour aujourd'hui. Le couple s'aime tendrement. Yamato sourit et s'occupe de mettre son fils au lit. Aussi étrange que cela puisse paraître à beaucoup de monde, Yamato est père au foyer. Il reste à la maison pour s'occuper de la plupart des tâches ménagères, des repas et bien sûr, de Yui. D'ailleurs, ce dernier n'a pas vraiment envie de dormir ce soir et s'amuse à échapper méthodiquement à son père qui fait mine de ne pas voir le petit bras qui dépasse de derrière la porte.

- Mh... Yui ? Où est-ce que tu te caches ? Rah.. C'est dommage moi qui allait spécialement te lire une histoire...

Entendre ces mots fut comme une véritable explosion de joie pour le bambin. Comme une flèche, il se jette dans son lit, déjà attentif. Le moment de l'histoire est celui qu'il préfère. Yamato est doué pour les inventer, et encore plus pour les lire. C'est à lui aussi, son instant favoris à partager avec son fils. Mais ce soir, l'enfant de six ans veut une histoire bien précise.

- Raconte quand tu as rencontré maman !

Le jeune père soupire un peu. Il lui a déjà raconté des milliers de fois mais ce dernier ne semble pas s'en lasser. Après s'être éclairci la voix, installé sur le bord du lit et gentiment ébouriffé les cheveux de l'enfant, il commence.

- J'ai rencontré ta maman quand j'avais ton âge. Au début, on était pas encore amoureux, juste des amis. Nos parents se connaissaient très bien et elle venait souvent jouer chez moi. On a grandi ensemble. Puis quand on est devenu assez grand..

- Grand comment ? Interrompt une petite voix. Amusé, le brun se lève et fait mine de réfléchir avant de poser sa main sur le mur, beaucoup plus au dessus de la marque où il est écrit la taille de Yui.

- Grand comme ça. Donc une fois qu'on était tous les deux grands comme ça, on a finit par tomber amoureux. Tu sais ta maman était très jolie, comme aujourd'hui d'ailleurs. Et moi je faisais des tas de bêtises pour qu'elle fasse attention à moi. Au final ça a marché... Puis on est devenu encore plus amoureux quand on a pu faire la connaissance de notre cher Yui.

Le concerné affiche un grand sourire, terriblement heureux à l'idée de se dire qu'il fait le bonheur de ses deux parents. ll se met à penser, à imaginer quand il sera grand lui aussi et rapidement, le sommeil l'emporte. Yamato reste alors un petit instant à le regarder. Un bonheur immense l'envahit rien qu'à le regarder dormir. Son fils est la chose la plus importante à ses yeux. Il voudrait le protéger de tous les aléas de la vie, des malheurs et des chagrins qu'il connaîtra un jour. Il voudrait le voir toujours aussi heureux et insouciant que ce soir. Le jeune homme se lève alors pour retrouver sa compagne et passer le reste de sa soirée à ses côtés. Ca n'avait pas toujours été facile. Avant d'avoir Yui il avait été très inquiet. Etre père était compliqué, surtout quand on est très jeune. Il n'était pas sûr de savoir comment faire, ni de vouloir un petit être humain sur lequel veiller. Mais quand ce dernier était arrivé, toutes ses angoisses furent balayées d'un seul coup, à la vue du joli visage de son fils. Pour lui, cette vie est la meilleure et rien au monde ne viendrait la tourmenter.

Le sort, le destin, ou autre chose en veut cependant parfois autrement et ni Kakashi, ni Yamato, ne sont capables de deviner que leur rencontre risque de tout bouleverser. Kakashi qui déteste cette vision bien trop lisse d'une famille ordinaire et Yamato qui chéri chaque instant passé avec sa précieuse et ordinaire famille. Rien n'est jamais vraiment acquis et les deux pensent déjà connaître par coeur leur vie respective, leur propre personnalité. A trente ans et presque trente ans, les deux hommes pensent que la vie n'a plus rien à leur apprendre et que, ancrés depuis si longtemps dans leur propre perception de leur existence, rien ne serait capable de la faire changer. A tort.