Ça fait bien longtemps que Kevin n'est plus là. Il est parti vivre avec ce Tiago de malheur. En attendant c'est moi qui est malheureux.
Il m'a tout laissé, il est parti sans rien ,sans moi. Je sais que je n'y suis pas pour rien, je l'ai laissé s'échapper, s'échapper de moi. J'aurais peut être dû le retenir par la force. J'aurais peut être dû être ferme avec lui quand il m'a annoncer qu'un client avait son numéro perso. Il m'avait assuré qu'il ne se passait rien entre eux peut être qu'à cet époque c'était le cas ,mais à présent ils s'envoient en l'air au brésil. J'aurais peut être dû réagir lorsque je sentais qu'il fuyait mais je n'ai rien fait ou du moins trop tard.
Au boulot rien ne va, je m'en prend a tout le monde, j'en veux à la terre entière, à Tiago, à Kevin, à moi. J'essaye de maintenir la tête hors de l'eau, mais c'est pas facile. Je ne peux parler de Kevin a personne, je ne veux parler de Kevin a personne. Les gens ne comprendraient pas que je suis un homme qui en aime un autre, même à des milliers de kilomètre de moi.
Il y a quelques personnes en qui je peux faire confiance, ceux qui connaissent Kevin, mais hélas, je n'ai pas beaucoup d'affinités avec les derniers collègues restant... si il y a Alex , mais il est trop occuper avec sa copine. Beloumi, lui c'est compliqué de parler d'homosexualité avec lui. Laura n'est plus là, Nadia non plus. Voilà j'ai fais le tour des personnes qui le connaissent. Ah non il y a le commandant Franchard, quand on se croise, il ne me parles pas trop de Kevin, de peur de me faire du mal je présume. Il reste encore une personne qui connaît bien Kevin Laporte, c'est Brigitte, sa maman. La personne qui le connaît le mieux, enfin après moi. Elles est son portrait craché. Du point de vue caractériel je parle.
Je suis sur une affaire brûlante en ce moment. Ma patronne m'a ordonné de me rapprocher du 13 ème. Je bosse avec eux depuis mois. Je vois de nouvelles têtes, ça change.
Depuis que Kevin est parti, je suis redevenu l'ours insociable que j'étais avant de le rencontrer. Ça fait un an qu'il est parti. Aujourd'hui je suis avec des collègues du 13 ème, personne ne sait que je suis homosexuel. J'évite de mêler vie privée et vie professionnelle. Je l'ai déjà fais une fois, une fois de trop.
Parfois au commissariat du 13 ème, je marche dans les couloirs en pensant à lui, parfois je croise des visages familiers, comme aujourd'hui. Mon commissaire, elle me demande si je vais bien et me paye même un café. C'est marrant comme au 7 ème on se calculer jamais et maintenant qu'on ne bosse plus vraiment dans le même service, on s'apprécie. Elle débrief de l'affaire avec le commissaire de la PJ du 13 ème.
Elle m'informe que Franchard est dans les parages, je sent que je vais y avoir droit . Ma patronne s'en va puis la Brigade Anti-Criminalité du 13 ème revient. On se boit un café tout de même avant de braver le froid. Franchard arrive.
- Hey ! Yann ! Comment cava ?
- Ça va …. et toi ?
- Ça va... t'as des nouvelles de Kevin ? Non parce que sa mère s 'inquiète là ! Ça fait 3 semaines qu'elle n'a pas eut de nouvelle, tu l'a connaît elle s'en fait pour rien !
- 3 semaines ! ça va, moi ça va faire quatre mois que j'en ait pas eu de nouvelles... et encore c'est par ton biais que j'en ai !
- Ouais je sais Yann... c'est pas sympa de sa part
- Je t'en veux pas louais
- Et puis j'en ai pas non plus, c'est Brigitte qui m'informe
- Ah ! Bon ?
- Ben ouais... c'est con se qui vous arrive...
- C'est la vie... bon c'est pas tout çà louis mais on a du pain sur la planche
- OK pas de problème, passe à la maison a l'occaz.. a plus Yann
je laisse Franchard seul. Accompagné d'un collègue, je rejoins le reste de la brigade. Je repense à lui. Je pense à Kevin. On part sur notre affaire . A notre retour, je pars immédiatement dans un bureau et écris mon rapport. J'ai envie d'être seul.
Mathieu passe me saluer, il devait voir Éric, le chef de la BAC 13 ème, puis s'en va. Je n'ai pas envie de rentrer chez moi de suite. J'ai envie de continuer à rédiger mes rapports. Mon boulot même médiocre me maintiens en vie. Je relis quelques notes, mais le bruit me dérange. ? La BAC 13 se croit en cours de récré. Je souffle et me motive à descendre fumer une clope. Je longe le couloir, passe devant la salle de pause, il me voient.
A peine penché sur mes dossiers, sylvain Kowalsky, un gars de la BAC 13 m'interromps
- Capitaine Berthier !
- Oui monsieur Kowalsky ?
- On va se faire un bowling demain ça vous dis ?
- Euh... non... c'est pas mon truc... et pur tout vous dire, je supporte pas le monde.
- Venez capitaine ça vous changera.
- Non vraiment merci brigadier
- C'est dommage... bonne soirée capitaine
- Bonne soirée.
- Ah euh.. et un dîner ? Juste vous et moi ?
- Un dîner ?
- Oui... dites moi oui ou non mais par pitié ne me faites pas miroiter
- Euh... je... quand çà ?
- Demain ?
- Demain... je sais pas...
- Et pourquoi pas ce soir ? Il est déjà 18h et je suis sur que vous avez faim. Vous n'avez rien mangé a midi.
- J'avoue oui... on dit quel heure ?
- 20h ça vous va ?
- Parfais, on se retrouve où ?
- Ici ?
- Je passe vous prendre chez vous, je dois avoir votre adresse quelque part...
- OK a toute a l'heure capitaine
- Oui...
j'ai les mains moites, je tremble, j'ai conscience que ce n'est pas un dîner professionnel. Il a dû deviner... ou il s'est renseigné ? Mathieu peut être ? Quoiqu'il en soit, ça fait bien longtemps que je n'avais pas eut de rencard, le dernier etant sûrement avec Kevin, avec qui d'autre sinon ? Je n'ai toujours aimé que lui.
Je me sorts de mes pensées et rentre aussitôt chez moi me changer .20 minutes de route, une douche et me voilà prêt a 19h15... et merde ! son adresse ! Me revoilà reparti en direction du commissariat. Je monte quatre à quatre les escaliers, cherche son adresse dans le bloc note de la brigade. Je redescends les escaliers et reprend la voiture, il est déjà 19h45, je vais être en retard.
Il est 20h10 lorsque j'arrive chez lui, il est a la porte. Je descend de la voiture l'air confus de ce retard. Je lui demande juste de m'excuser. On s'engouffre dans l'habitacle.
- je voulais vous dire... si je suis en retard, c'est parce que j'ai oublier votre adresse au commissariat.
- c'est balaud
- ben oui
le silence revient, mais il le coupe rapidement
- vous devriez pas vous enfermez !
- m'enfermez de quoi ?
- vous êtes homosexuel n'est ce pas ?
- brigadier...je …...c'est que...
- je le sais ….ne vous inquiétez pas, je vais pas le crier sur les toits...je vous i entendu parler avec le commandant Franchard malgré moi.
- j'aime pas trop parler de çà...c'est pas ma meilleure année...c'est compliqué...enfin... je sais pas si vous comprenez
- je comprends oui...
- enfin voilà
- Kevin ?...c'est comme çà qu'il s'appelle ? Votre ami
- Kevin oui...il est parti...il y a un an...avec un autre...à l'autre bout de la terre.
- je suis désolé capitaine...ça doit être dur, mais il faut continuer à se battre.
- j'essaye.
- heureusement qu'au boulot ça va... vous êtes un bon chef
- merci du compliment, même si je ne le mérite pas.
- arrêtez de dire çà, si on vous a affecté sur ce dossier , c'est que vous êtes le meilleur dans votre domaine... et puis vous avez l'air d'être un gars bien... et sexy !
- c'est marrant que vous soyez plutôt du genre à rentrer dedans !
- je vous fais sourire au moins !
- c'est déjà çà ,moi les sourires c'est pas mon fort.
- oui j'ai remarqué çà ! Moi je suis toujours souriant
- j'ai remarqué oui
- vous avez remarqué ?
- bien sure que je l'ai remarqué
- je vous plaît ?
- vous y aller direct vous !
- faut pas tourner autour du pot!- ouais vous êtes pas du genre à être bon dans les préliminaires !
- exactement ! Comment vous avez deviné ?
- vous me rappelez moi il y a quelques années
- un point commun !
- ouais un point commun
- vous avez quelque chose de prévu après ?
- non et vous ?
- non plus
- mais il se fait tard et demain on a la perquisition d'Adyle à 6h
- vous oubliez jamais le boulot vous !
- c'est la seule chose qui me reste
- je comprends oui...bon ben on y va alors ?
- ouais je vous raccompagne.
Arriver devant chez lui, je sent qu'il a envie de m'embrasser, je ne lui en laisse pas l'occasion, c'est trop tôt pour ma part. Je descends de la voiture ,en fait le tour, lui ouvre la portière. Au moins il s'en ira. Je devrais simplement lui serrer la main, nous sommes que de simples collègues, mais je me sent proche de lui. Je lui la bise. Il me sourit, puis s'en va.
