Salut à vous ! J'ai décidé de publier pas mal cette semaine, comme c'est un week-end de trois jours, j'en profite ! Pour cette pseudo fiction là, je l'ai commencé il y a un bout de temps, mais je ne savais plus vraiment quoi en faire. Je l'ai terminé tout récemment, je ne suis absolument pas satisfaite du début et la fin me paraît un peu … je ne sais pas, mais pas comme j'aimerais qu'elle soit ! En espérant que vous allez aimer... :) Je tiens déjà à m'excuser pour ces chapitres assez courts, mais j'ai préféré publier ça comme ça plutôt qu'un très long OS. Je vous souhaite à tous une très bonne lecture, j'attends vos commentaires avec impatience. J'envoie toutes mes pensées à ma jumelle chérie; à Agathounette que j'aime fort fort; à mon adorable Juju; et à Kelly, ma schizophrène préférée !
Situation : fin de saison 4, avant la découverte de Castle (je veux dire par là avant qu'il sache qu'elle se souvient de tout)
POV : Kate
Genre : un peu dramatique et guimauve sur la fin, je dirais que c'est néanmoins du guimauve léger et que le thème n'est pas forcément très gai, mais j'ai tenté d'y insuffler le plus de joie possible ! Ou de douceur en tout cas.
Bonne lecture !
L'appartement était calme. Comme tous les soirs, en fin de compte. J'étais allongée, sur mon lit, à regarder le plafond et le luminaire. Le lustre que j'avais installé était éteint, et les couleurs chaudes qui l'agrémentaient semblaient un peu ternies par le manque de lumière. Mes yeux s'étaient habitués à la pénombre de ce début de soirée. Et ça ne me gênait pas de ne rien discerner, sauf les contours des meubles de ma chambre. La lumière de ce coucher de soleil était vraiment renversante, et pour la première fois depuis longtemps, j'y prêtais réellement attention : les nuages se coloraient de teintes pastel tandis que le soleil, d'un orangé roux, tombait lentement par-delà l'horizon. Je souris devant ce spectacle éphémère et si différent chaque jour. Les gratte-ciel se teintaient de belles harmonies violettes et rosées, ainsi que de couleurs éclatantes, rouge écarlate, orange vif.
Une petite sonnerie me tira de ma rêverie, et je me contorsionnai sur mon lit pour attraper mon téléphone.
-Beckett, lançai-je de ma voix habituelle, en attente d'une nouvelle victime qui aurait pu essayer d'égayer le désert qu'était ma vie actuellement.
Je ne le supportais plus, ce moment où, après avoir fermé la porte d'entrée derrière moi, j'essayais de trouver mille et une façons de ne pas mourir d'ennui. Quand j'avais de la chance, Castle venait me rendre visite avec un plat chinois tout prêt. Sinon, je sortais boire un coup avec eux pour ne pas rester seule chez moi à me morfondre et à avoir des pensées vraiment VRAIMENT obscures et terrifiantes. Je ne le supportais plus du tout.
-Kate … murmura une voix à l'autre bout du fil.
J'aurais pu la reconnaître entre mille, malgré le fait qu'elle semblait déformée par la souffrance, par une douleur qui paraissait insoutenable.
-Castle ? Le questionnai-je, étonnée par son appel improbable à 20h30.
Nous avions fini l'enquête en cours. Un psychopathe fétichiste des écrivains qui avait tué une jeune nouvelle dans le métier, à son appartement dans le Lower East Side. Une affaire plutôt vite réglée, puisqu'on avait arrêté le tueur le lendemain de la découverte de sa victime. Un fou furieux, encore un de plus, comme si ceux qui existaient déjà ne suffisaient pas !
-Aide-moi … supplia-t-il.
J'entendis un bruit, comme si le téléphone tombait au sol. Une sorte de secousse étrange me parcourut.
-Castle ? Castle ? Tu m'entends ? Demandai-je, désespérée par son silence.
Un nouveau frisson me traversa, encore plus désagréable et dérangeant que le précédent. Ça n'allait pas du tout.
-Castle ! Réponds-moi ! Qu'est-ce qui se passe ?! Me mis-je à hurler dans le combiné, comme une folle.
Je coupai la communication, j'enfilai mes chaussures, je pris les clés de ma voiture et je quittai mon appartement sans prendre le temps de refermer la porte à clé derrière moi.
Sa voix résonnait encore dans ma tête. Une supplication, une demande tellement pressante, un besoin vital, un vœu d'une valeur inestimable, un désir insoutenable. Voilà ce qu'il m'avait fait passer dans ces deux mots, pourtant si clairs. Une fois dans ma voiture, j'appelai une ambulance, avant de m'enfoncer dans la circulation dense du vendredi soir. Mais qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver ? Cela me perturbait : qu'est-ce qui pouvait arriver au sage et si gentil Richard Castle ? Il n'était ni casse-cou (quoique … ), ni mauvais au point de s'attirer les foudres de quelqu'un (mmm... cela restait à prouver !).
Mais je n'avais pas le temps de me faire un petit cours sur les ennemis potentiels de Rick, il fallait juste que j'arrive chez lui avant que … je ne savais quoi d'irrévocable arrive. S'il lui arrivait malheur par MA faute, je ne m'en remettrais certainement jamais.
Mais d'ailleurs, que faisait-il encore à mes côtés, alors que j'étais la femme la plus cruelle que la Terre n'ait jamais portée ? Il était masochiste, ou quoi ? Il avait peut-être juste confiance en moi … ce qui était pire, parce que je lui mentais ouvertement depuis près d'un an … Ah ! Comme j'avais honte de moi ! J'aurais tellement aimé pouvoir revenir à ce jour, ce fameux jour, celui qui m'avait littéralement transformée. A moins que je ne fus cette femme depuis le tout début …
~ Un an auparavant ~
Le coffre du corbillard s'ouvrit sur un cercueil harmonieusement verni, d'un bois tendre et clair. Mes genoux fléchirent lorsque je vis le drapeau sur la dernière demeure de Roy Montgomery.
Il ne fallait pas que je lâche prise, pas maintenant, je ne pouvais pas, pensai-je, alors que je m'approchais pour me saisir de la poignée qui m'était destinée sur le côté du cercueil.
Roy avait été le meilleur capitaine que je n'avais jamais connu, l'homme le plus humble, le plus dévoué et le plus doux qui fut. Il m'avait sauvé tellement de fois, je lui devais d'ailleurs toute ma vie. Tout le bien qu'il m'avait fait, sans que jamais je ne m'en rende compte. Toutes ses attentions, tous ces moments où il avait été le seul à avoir la force de lire en moi, de regarder droit dans les yeux ma fureur, de voir la haine et la rage déformer mes traits, le seul capable de me faire ouvrir les yeux et de voir la réalité.
Une balle dans la poitrine. Voilà ce que ces belles années lui avaient offert. Autant de prouesses, et de réussites envoyées en l'air en une seconde par un morceau de métal.
Pourquoi s'en prenait-on toujours à ceux qui en demandaient le moins ?
C'était vrai, il avait été un bandit, mais il avait fait amende honorable tout au long de sa vie bien rangée, celle qu'il avait vécu après ça.
Personne n'avait le droit de le tuer. PERSONNE.
Avancer. Aller jusqu'au podium. Voilà quel était mon but ce jour-là. Il ne fallait pas que je m'effondre, il fallait que je sois forte pour mon capitaine. Forte, comme il l'avait été pour moi, ce soir-là, dans ce hangar.
Comment aurais-je pu le remercier ? Comment aurais-je pu lui rendre tout ce qu'il m'avait donné ? «Kate, ne regrette rien; je devais mourir pour ce que j'ai fait, à cette époque-là. N'aie aucun regret, ce n'est pas ta faute ...»
Sa voix, qui était encore nette dans ma tête, douce et posée, m'avait toujours épaulée quand j'en avais eu le plus besoin. Et aujourd'hui encore, elle était avec moi.
Je lâchai la poignée. C'était le dernier contact que je partageai avec lui, la dernière fois que je pouvais l'aider.
Il aurait été fier de ce qu'on avait fait pour lui, la cérémonie, les gens qui étaient là, les fleurs par milliers.
Son remerciement planait au dessus de nous, nous recouvrait gentiment pour nous donner le courage et la force de continuer sans lui.
Je devais parler. Je devais dire quelques mots à son sujet, ce que j'avais pu retenir de toutes les leçons qu'il m'avait apprises.
Mais le temps était trop court. Comment pouvais-je exprimer tout ce que nous avions vécu, tout ce que j'avais découvert, expérimenté avec lui, avec son aide. Je ne pouvais pas lui rendre hommage comme il le méritait. Je n'aurai jamais eu les mots ni le temps nécessaire à cela.
Je m'appuyais sur la tablette où était fixé le micro. Et je me lançais. Je racontai ce qu'il m'avait appris de plus crucial, les choses primordiales, de se battre pour vivre, mais de savoir que la vie était une guerre que l'on finissait toujours par perdre, quoi que nous fassions. Pour lui, rien n'était plus important que de vivre heureux, que de vivre amoureux.
Castle se tenait à côté de moi. En prononçant ces mots, je me tournais vers lui, j'avais envie de lui dire tout ce que j'avais sur le cœur, à quel point Montgomery me manquait, à quel point je tenais à mon supérieur, et à quel point je tenais à lui. Comme j'avais envie de le voir à mes côtés pour m'aider à surmonter tous les obstacles de la vie … Il avait un air grave et sinistre, mais je trouvais ça extrêmement romantique. Je me ressaisis, ce n'était définitivement pas le moment de réfléchir aux sentiments que j'éprouvais pour mon partenaire, alors que je devais terminer mon discours. Je me tournais à nouveau vers l'assemblée pour finir sur ma dernière phrase, avec laquelle je m'étais battue pour qu'elle paraisse la plus douce et la plus sereine possible, la plus paisible, et non la plus triste et la plus macabre.
Je pris ma respiration pour commencer, quand Castle cria mon prénom.
-KATE !
Sa voix perça l'air, s'arrêta un instant, resta figée dans le présent. Mais quelque chose vint s'encrer au plus profond de moi. Quelque chose vint me transpercer. Et je ne savais absolument pas ce qui se passait, à part que je ressentais une immense douleur dans la poitrine. Rick se jeta sur moi, et me plaqua au sol. Mon âme se déchirait, commençait à me quitter, s'envolait loin. J'avais envie de crier pour demander de l'aide, j'avais envie de questionner Castle sur ce qui était en train de se passer, même si je le savais déjà. Pourtant, aucun son n'accepta de traverser mes lèvres. J'avais l'affreuse sensation d'être paralysée.
Richard était couché à côté de moi, m'observait, faisait un examen complet de la situation, et j'avais juste envie qu'il me regarde dans les yeux parce que je connaissais déjà la fin de l'histoire. Ces derniers instants, ceux pour lesquels je m'accrochais, pourquoi étaient-ils si longs à venir ? CASTLE, POURQUOI NE PLONGES-TU PAS TON REGARD DANS LE MIEN ? Ne voyais-tu pas que c'était la seule chose dont j'avais besoin ?
Ses pupilles avaient dû entendre ma requête criante, parce qu'elles vinrent rencontrer les miennes. Et j'eus l'impression que tout passa par ce regard. C'était mon dernier, peut-être le seul qu'il me restait, alors j'y allai, je jetai tout dedans, en pagaille, et c'était tellement le fouillis que même moi je ne savais même plus ce que je voulais qu'il comprenne. Que je l'aimais ? Je l'avais toujours aimé. Que je ne voulais pas partir ? Chaque parcelle de mon être était en train de le crier. Alors je lui dis tout le reste. A quel point il allait me manquer, à quel point TOUT allait me manquer, ses sourires, ses cafés, ses théories, son humour de gamin, ses livres passionnants, ses yeux irrésistibles, notre relation, notre travail, nos repas, nos sorties, nos taquineries. Et puis tout ce qui nous entourait, Lanie, Espo, Ryan, mon père, mon travail, mon poste, mon badge, mon arme, - qui l'aurait cru – mes menottes, mon appartement et mes souvenirs, la bague, la montre, les photos, les éclats de rire, les guirlandes de noël, les rues éclairées, la neige fraîche, les bains moussants, les nuages de vapeur dans le froid, les fleurs au printemps,la douce chaleur du soleil en été,les feuilles roussies en automne.
Je n'avais jamais autant fait partager à quelqu'un de toute ma vie. Je le laissais même voir mes peurs, ma vulnérabilité. Et malgré ça, il restait à côté de moi.
J'aurais aimé lui dire de ne pas regretter mon départ, de continuer sa vie, d'être heureux. Mais je ne pouvais pas. Je n'avais plus de voix, juste ce regard qui devait être un immense bordel.
Je t'aime, Kate, … Reste je t'en supplie, … je t'aime Kate, … s'il te plaît, reste avec moi … Kate ...
Sa voix. Elle était la plus mélodieuse que je connaisse. Et ses mots. Comment aurais-je pu partir après cette déclaration ? Je ne pouvais pas.
Mais, contre mon gré, mes paupières se fermèrent, alors que j'avais encore des millions de choses à lui dire. NON, Non, non, je ne veux pas partir …
~ Quelques jours plus tard ~
Mes paupières s'ouvrirent, j'étais dans une chambre d'hôpital. Le lit n'était pas très confortable, les néons me piquaient les yeux, tout sentait le désinfectant et la mort, même moi.
Une sensation, un frisson me parcourut. Et un sentiment de peur m'envahit. Qu'est-ce que c'était que ça ? Je n'étais même pas sûre de comprendre. Castle était avec moi, et et … Il m'avait dit qu'il m'aimait. C'était ce que je voulais, ce que j'attendais, depuis longtemps, pas vrai ? Hein ? NON ?
Pourtant, même si je savais que c'était ce que je voulais, quelque chose me bloquait. La peur, peut-être, ou le fait qu'il ait pu lire dans mes yeux toutes mes fautes, tous ces défauts qui m'appartenaient.
Je pensais ne jamais savoir ce qui m'avait poussé à lui mentir de la sorte. Mais cette sensation d'être sur le point de mourir encore et encore, de sentir la cicatrice qu'avait laissée la balle me donnait juste envie de disparaître. La marque qu'elle avait laissé sur ma peau, à l'intérieur de mon corps et de mon esprit, ce trou béant semblait être impossible à refermer. Il m'empêchait de voir la vérité en face, de me regarder en face, de lire en moi, comme j'avais été capable de le faire, avant.
